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Saison 6, Episode 13

Deuxième partie

Écrit par Phil Atcliffe

Édité par Kathy Brown

Version française de

Episode 13 : Preparation

Traduction Chantal Martineau

A peu près au même moment, la lumière de l'aube pointait dans la chambre principale du 348 Hypérion Avenue. Les yeux de Lois papillonnèrent et elle tenta tant bien que mal de se réveiller. Sa première inquiétude, presque instinctive fut sa fille, qui était assez lève-tôt ces derniers temps, mais il n'y avait aucun bruit venant de la chambre de Laura, pas même les petits gazouillements joyeux silencieux avec lesquels la petite fille commençait souvent la journée -- jusqu'à ce qu'elle réalise qu'elle avait faim ou/et qu'elle était mouillée et qu'elle appelait ses parents.

Ses anxiétés maternelles allégées, Lois se détendit et se tourna pour se coller contre son mari. Si elle avait été mieux réveillée, elle aurait été agréablement surprise de voir que le monde avait été remarquablement silencieux pendant la nuit; Clark n'avait pas eu à aider *qui que ce soit*, ce qui valait la peine d'être noté dans la vie trépidante de la famille Lane-Kent. Se retourner dans son lit et y découvrir son mari, en sachant que, pour une fois, il était resté là *toute la nuit*, était un sentiment merveilleux -- presque aussi merveilleux que de le trouver là, de se coller tout contre lui et d'être dans ses bras...

Lois *aurait* adoré cela, si elle avait été mieux réveillée. Mais en fait, elle sourit à peine quand Clark, tout aussi heureux, posa un doux baiser sur sa tête, et tous deux se rendormirent d'un sommeil bienheureux.

"Au revoir, mon poussin. Au revoir, Ruth." Lois fit un petit signe à Laura et au personnel du centre de la garderie en s'en allant pour attaquer sa journée de travail. Avec l'aide de Mme Wilson, la petite fille fit elle aussi un petit geste de la main, mais il était évident aux yeux de tous que son attention était plus concentrée sur ce qui l'entourait que sur la silhouette de sa mère qui disparaissait. Lois soupira en se dirigeant vers l'ascenseur, heureuse de voir l'indépendance grandissante de sa fille; c'était un vrai soulagement, surtout pour Clark, de ne plus avoir à s'inquiéter de l'anxiété de la séparation, mais voir Laura distraite par des jouets et les autres enfants provoquait un inévitable déchirement intérieur.

C'était le premier d'une longue série, elle le savait. Sa petite fille n'allait pas rester un bébé plus qu'elle-même ne l'avait été, elle allait grandir, à travers les étapes de l'enfance et de l'adolescence, puis deviendrait la femme exceptionnelle, que ses parents étaient certains qu'elle serait et le processus ferait, par la nature des choses, qu'elle laisserait sa mère et son père derrière elle pour découvrir la grande aventure qu'était la vie.

Lois n'était pas pressée de "perdre" Laura ou n'importe quel autre enfant qu'elle et Clark pourraient avoir, mais l'histoire d'Hypergirl, qui s'était déroulée quelques mois plus tôt, l'avait impressionnée, mais comme le disait la Bible : "Il y a une saison pour chaque chose et les voies du Seigneur sont impénétrables." Quoiqu'elle n'avait *aucune* idée du rapport que pouvait avoir le petit lutin et ses horribles plans avec le Ciel.

En fait, tous ces problèmes avec ce lutin de Malheur n'avaient pas été une perte totale; la Bible avait raison et Lois était prête à accepter, quand le moment viendrait de laisser ses enfants quitter le nid familial, elle les laisserait partir avec fierté et joie. Peu importe ce qui arriverait, elle ne serait *pas* une des ces mères qui s'accrochent. Elle connaissait l'héritage que lui avait légué sa propre enfance troublée, sans parler des cicatrices émotionnelles qui étaient restées, ce qui l'avait laissée plus que vulnérable à la peur de l'abandon, ce qui pouvait être pour elle un élément primordial -- mais le même héritage et les mêmes cicatrices lui serraient la gorge à la pensée de cette sorte de chantage émotionnel.

'Oh non ! Pas question !' pensa-t-elle. 'Pas *ce* vilain petit canard...'

Lois était perdue dans ses pensées et ne remarqua pas sa mâchoire se serrer, tandis qu'elle réaffirmait sa détermination de faire les bons choix pour ses enfants. Toutefois, ses collègues de travail le remarquèrent, la regardant avec inquiétude tandis qu'elle quittait l'ascenseur et se dirigeait vers son bureau. Un grand nombre d'entre eux choisissaient de s'en aller ou de fermer les yeux : quand Lane avait *cet* air-là... il valait mieux faire attention !

Une personne qui venait de rejoindre le groupe regarda avec un soulagement camouflé les signes de la tempête s'évaporer, lorsque Clark tendit une tasse de café à sa femme, avec son minutage habituel parfait. Lois prit la tasse et but avidement. Ses yeux croisèrent ceux de son mari, souriant malgré elle, lui indiquant que oui, il était juste comme elle l'aimait -- comme toujours -- puis elle grimaça d'un air moqueur devant son expression suffisante, tandis qu'elle allumait son ordinateur et entamait sa journée de travail.

Maintenant que Lois était de meilleure humeur -- et la façon dont Clark réussissait à la charmer instantanément avec rien de plus qu'une tasse de café devait être un des grands mystères du monde moderne -- l'observatrice se sentit plus à l'aise pour l'approcher. Elle devait le faire, de toute façon, mais elle pouvait maintenant le faire avec plus de confiance pour survivre à cette rencontre.

"Bonjour, Lois. Vous avez une minute ?"

"Oh, bonjour, Donna. Bien sûr -- asseyez-vous. Quoi de neuf ?"

Donna McIntyre était un membre relativement nouveau de l'équipe du Planet, mais elle avait déjà la réputation grandissante d'être une journaliste financière qui avait du flair. Son travail ne l'amenait habituellement pas à croiser le chemin de Lane et Kent, même s'ils s'étaient quelques fois retrouvés lors d'une enquête avec des ramifications financières ou vice versa. En ce qui concernait Lois, aucune des histoires sur lesquelles elle travaillait n'impliquait l'expertise de Donna, alors elle fut intriguée quand elle vit s'approcher cette femme. Donna connaissait son travail, cela voulait dire qu'elle avait déjà bien enquêté -- et *cela* ouvrait plein de possibilités intéressantes...

"Je ne sais pas vraiment ce qui se passe, Lois... mais il se passe *quelque chose*, j'en suis certaine. Je suis arrivée ici... il y a quoi ? Vingt minutes ? J'ai été accueillie par une *énorme* pile de messages auxquels je dois répondre -- écrits *et* vocaux -- de gens que je connais et de gens que je ne connais pas, du monde entier; et puis, il y a tous ces e.mails qui m'attendent et mon téléphone n'a pas arrêté de sonner.

"La chose la plus étrange est que tous ces messages me demandent, me supplient ou dans certains cas, m'*ordonnent* de les rappeler, mais aucun des expéditeurs ne dit *pourquoi* il veut me parler. C'est ce qui est étrange..."

Lois acquiesça inconsciemment. Donna le remarqua, vit qu'elle était sur le qui-vive et soupira de soulagement en son for intérieur. Elle avait pensé qu'il serait peut-être difficile d'intéresser sa collègue à quelque chose d'aussi... vague que l'activité furieuse de ce matin-là, d'autant qu'elle devait admettre ne pas vraiment savoir ce qui se passait. Mais peu importe ce qui se passait, c'était plus que suffisant pour réveiller ses instincts journalistiques et elle était plutôt rassurée de voir qu'une journaliste ayant la réputation et l'expérience de Lois ressentait la même chose devant ces événements.

Touchée par ce geste, elle poursuivit, "Donc, j'ai commencé à me pencher sur la liste, mais je n'ai pas pu terminer car la moitié des gens que je voulais appeler m'ont contactée en premier ! Et c'est là que ça commence à être intéressant...

"C'était toujours la même chose, quel que soit l'endroit d'où ils appelaient. Inhabituel -- en fait, il y avait des histoires étranges à propos de compagnies américaines ou de leurs agents locaux, parlant de grosses pertes sur le marché ou encore d'autres sortes de transactions. Et des pertes *énormes* -- le genre de pertes qui peuvent avoir un effet majeur sur les indices et le prix des matières premières. L'indice FTSE, le Hang Seng, le CAC 40 et les autres ont tous chuté; il en va de même pour le Dow Jones et il s'est produit la même chose presque sur tous les marchés -- le cacao, le blé, le marché du porc, tout ! Le dollar aurait pu en prendre un sacré coup, mais le Trésor est intervenu et a amorti sa chute -- pas beaucoup, cependant."

Lois écarquilla les yeux devant ce charabia de technicités financières, mais Donna s'y attendait et arriva au cœur de sa réflexion, de plus en plus excitée et animée en poursuivant, "Le fait est, Lois, je crois que je tiens quelque chose que personne n'a encore détecté -- pas encore, du moins -- parce que tous ces gens qui veulent *me* parler, vont bien vite comparer leurs résultats -- l'Europe, l'Asie, l'Australie, ils planchent tous là-dessus -- mais pour le moment, je crois que j'ai une longueur d'avance sur eux !"

Elle s'interrompit un instant pour reprendre son souffle, puis poursuivit, "Tout le monde veut me parler -- eh bien, soyons honnêtes, pour me *mettre au courant* -- parce que ces énormes pertes ont été faites par des firmes ou des courtiers employés par des multinationales dont le siège est ici, à Métropolis ! Mais, jusqu'à présent, personne ne connaît le fond de l'histoire, toutes ces pertes se sont produites au sein de la *même* compagnie ! Et elle doit être dans un sacré pétrin !

"Ce que je veux vous dire est que--"

"Ne me dites rien," l'interrompit Lois. "De grandes compagnies multinationales, ayant leur siège ici à Métropolis, et vous vouliez *me* mettre au courant... Donna, vous parlez de la LexCorp ?"

Donna sourit; essayant de laisser Lois deviner où elle voulait en venir. "Vous avez raison, Lois. Je sais que vous avez l'œil sur Lex Luthor et ses agissements, alors je me demandais si vous pouviez connaître certaines choses qui pourraient être liées à cela. A-t-il besoin rapidement d'argent pour une raison particulière ? Ou ses affaires sont-elles si bonnes qu'il essayait de faire baisser les taxes -- parce que si j'ai raison, *cette* histoire va l'achever ! En ce qui me concerne, je dirais que la LexCorp a pris un drôle de coup au cours des dernières 36 heures et ça va faire mal..."

Lois était silencieuse, mais Donna voyait qu'elle réfléchissait très vite. Ce que l'autre femme ne pouvait cependant pas deviner, était ce à quoi Lois réfléchissait. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Henderson allait recevoir les résultats des tests d'ADN d'un jour à l'autre; deux des "assistants" de Lex étaient en prison, accusés de meurtre ou de tentative de meurtre et l'un d'entre eux était impliqué dans une série de plusieurs autres assassinats, et maintenant, la LexCorp avait aussi des problèmes financiers ?

'Il n'y a pas de fumée sans feu', pensa-t-elle. 'C'est presque comme si quelqu'un avait décidé de s'en prendre à lui...' Mais elle rejeta cette idée, même si cette pensée la faisait sourire; il était évident qu'il existait plein de gens caressant l'idée de voir détrôner Lex, elle et Clark étaient au sommet de la liste, mais qui serait capable de planifier simultanément tant d'embûches? Non, elle ne pensait pas qu'il puisse s'agir du complot terroriste d'un cerveau tordu, il était plus logique de croire que, parce que Lex avait tellement abusé de ses pouvoirs, financièrement et avec les mensonges qu'il inventait pour préserver sa précieuse réputation, tous ses châteaux de cartes commençaient à tomber à peu près au même moment. Justice poétique...

Mais encore, si la LexCorp avait des problèmes financiers, Lex et ses avocats allaient être très occupés, ce qui voulait dire qu'il n'allait pas s'attendre à ce qu'Henderson ait découvert le pot aux roses sur l'histoire du clone inventée de toutes pièces. Et *cela* n'allait pas tarder.

Lois se dit qu'elle devait en discuter avec Clark; cela affecterait peut-être la façon dont ils traitaient l'histoire sur la chute de l'empire de Lex. Elle regarda vers son bureau, mais il n'y était pas, elle se leva donc et le chercha dans la salle de rédaction... et elle se souvint de Donna.

Elle se rassit lourdement et s'excusa auprès de la femme surprise : "Désolée, Donna. Je cherchais Clark; je crois qu'il aimerait entendre ce que vous dites. J'ai peur de ne pas pouvoir vous aider -- je ne sais pas pourquoi Lex aurait besoin de tant d'argent ('Sauf, peut-être, pour payer ses avocats', se dit-elle avec dérision), et je ne l'imagine pas vouloir en *perdre* -- mais j'apprécierais vraiment que vous nous teniez au courant; peut-être que l'on pourrait trouver un lien avec l'article sur lequel nous travaillons."

"Bien sûr, Lois, j'en serais ravie. Et vous m'avez aidée; si M. Luthor n'a pas à ce point besoin d'argent -- ou plutôt, étant donné qu'il n'en a *pas* besoin -- et qu'il ne cherche pas à avoir de déduction fiscale, alors cela veut dire que je ne me trompe pas, la LexCorp pourrait bien avoir de sérieux problèmes. Maintenant, tout ce que j'ai à faire est de confirmer tout cela et d'essayer d'obtenir les déclarations de quelqu'un de la compagnie. Oh, quel scoop si j'ai raison !"

Lois fut obligée de sourire quand Donna retourna à son bureau; son enthousiasme était contagieux... et si familier. Lois savait ce qu'elle ressentait -- et elle espérait ressentir la même chose, dans très peu de temps. 'Allez, Dr Klein,' demanda-t-elle vivement à leur ami, 'Nous avons besoin des résultats de ces tests d'ADN...'

Elle n'obtint pas de réponse à cet appel, naturellement. Mais Clark sortit du bureau de Perry et Lois lui fit signe de venir pour lui raconter les énormes problèmes qui assaillaient leur adversaire -- ou, pensa-t-elle gaiement, avec la façon dont les événements s'enchaînaient, le terme *cible* n'était-il pas plus approprié ?

Luthor recula à la vue de l'arme et la contempla avec un mélange d'émotions. Il n'y avait pas grand-chose à regarder, à vrai dire, pas dans sa boîte de protection spécialement conçue qui cachait sa véritable nature aux regards trop curieux -- surtout ceux de la victime à qui elle était destinée. Un télescope portable, très gros et extrêmement précis, n'était pas une chose inhabituelle sur le balcon d'un gratte-ciel et *ce* balcon, le plus haut de la ville, était l'endroit parfait pour poser un tel objet; il avait même eu un vrai télescope quelques années plus tôt, quand l'astéroïde Nightfall avait menacé le monde...

Il hocha brusquement la tête, le regard triste. Il ne voulait pas repenser à cette époque. Il avait offert à Lois la chance de survivre à la fin du monde, mais elle avait refusé son offre. Et pourquoi donc ? Parce qu'elle "devait voir ce qui allait arriver" ! Elle avait rejeté la chance d'être l'une des deux cents personnes qui auraient pu construire un nouveau et meilleur monde des ruines du précédent -- d'être la *Reine* du monde des survivants, comme il en aurait été le Roi. Elle avait rejeté la chance de *vivre* ! Elle l'avait rejeté, *lui* ! Et tout ça pour le torchon pour lequel elle travaillait et pour son stupide, insignifiant et médiocre travail -- pas même pour Kent, il en était certain, mais parce qu'elle ne pouvait pas contrôler sa curiosité !

Eh bien, elle et le Daily Planet n'avaient plus beaucoup de temps devant eux, grâce au "télescope", qui avait fait remonter ces souvenirs à la surface. Bientôt -- pas assez tôt, mais bientôt -- sa puissance, puissance qui ne pouvait pas être vue, juste ressentie, allait les exterminer *de même que* l'extra-terrestre fouineur sur lequel ils comptaient. Et une fois ses ennemis éliminés, lui, Lex Luthor, allait reconstruire son empire avec encore plus de splendeur. Personne ne pourrait se mettre sur son chemin; avec Superman hors de combat, rien de pourrait plus l'arrêter !

Malheureusement, avant que ce glorieux futur ne devienne réalité, il y avait, comme toujours, des difficultés techniques qui devaient être résolues. Si le génie consistait en une capacité infinie à supporter les maux, alors la grandeur devait être l'habileté à surmonter les obstacles, petits et grands, qui se trouvaient sur votre route, peu importe la frustration qu'ils traînaient avec eux. Et c'était incroyablement frustrant d'avoir à reporter son attaque -- son *triomphe* ! -- pour quelque chose d'aussi simple que de recharger une pile !

Les piles qui fournissaient l'énergie à cette arme ne ressemblaient pas à des piles ordinaires, d'usage domestique ou industriel. Non, leur création avait fait l'objet d'une recherche et d'un développement très élaboré et l'énergie moyenne qu'elles pouvaient emmagasiner avait même épaté les scientifiques et les ingénieurs qui les avaient construites. Toutefois, le point faible de cette capacité était que, tout comme une piscine, il fallait beaucoup de temps pour les remplir -- surtout quand, au lieu d'utiliser des générateurs de type industriel -- ou même des générateurs de standard militaire, ceux-ci étaient limités à une prise de courant électrique !

Mais c'était nécessaire, tout aussi nécessaire que l'était le déguisement que constituait le télescope. L'arme -- il devait *réellement* trouver un nom décent pour cette dernière; le nom "Project LD9875" n'avait pas du tout de style -- ferait très bien son travail, mais cela devait être hors des regards du public. Cela ne fonctionnerait pas si la populace apprenait qu'il avait tué son précieux super héros, après tout. Les gens ne l'apprendraient pas; le faisceau était invisible et après avoir détruit le Daily Planet et tué Kent, l'arme était programmée pour se consumer, ne laissant aucune trace de son existence. Les seuls effets qui demeureraient et resteraient visibles seraient les effets de sa suprême puissance -- et de sa victoire.

Cette victoire allait aussi démontrer l'habileté de Lex Luthor à s'adapter aux circonstances. Au départ, il avait prévu de recharger l'arme dans l'un des générateurs de la centrale nucléaire de la LexPower et de tendre une embuscade à Superman à un moment et un endroit qui seraient déterminés par lui, mais le coup donné par Kent à la LexCorp avait ruiné cette idée; il était trop risqué de bouger l'arme, et de plus, tout ce qui pouvait sortir de l'ordinaire en provenance d'un site *quelconque* de la LexCorp alors que la compagnie était dans le pétrin pourrait attirer l'attention. Le temps était un facteur important, mais le secret l'était aussi et il était confiné à la situation absurde de brancher les recharges des piles dans une banale prise de courant ! Et d'attendre...

D'une certaine manière, c'était presque ironique que la puissance pour détruire son ennemi vienne de la ville, cette ville qu'il allait commencer à dominer comme il l'avait fait avant que l'extra-terrestre n'arrive. S'il avait suivi son plan original, il aurait été obligé d'emmener son arme hors de la ville pour pouvoir la charger -- après le fiasco de la centrale nucléaire il y avait de cela cinq ans, LexPower ne pouvait plus produire d'énergie en pleine ville. Elle fournissait l'électricité à la plupart de Métropolis, mais depuis des endroits éloignés. Le Conseil Municipal avait décidé, en plus d'ordonner à la LexCorp de réparer les dégâts de la centrale nucléaire -- un *milliard de dollars* de débris métalliques et de déchets radioactifs, merci à Kent ! -- *et* il avait dû payer un dédommagement pour le changement "imprévu" du micro-climat de Métropolis -- que les centrales nucléaires (surtout les réacteurs nucléaires) n'étaient pas les bienvenues dans les limites de la ville. Eh bien, ceci allait être très vite corrigé...

De telles réflexions étaient assez plaisantes, mais elles ne servaient en fait qu'à meubler une petite partie du temps que prenaient les piles pour se charger, un procédé qui ne pourrait être accompli que le matin suivant, d'après son estimation. Il était temps de reporter son attention vers des inquiétudes plus immédiates, sinon moins importantes.

'C'est ça,' se dit Nick en raccrochant le téléphone. La nouvelle identité de Beth Luthor était prête, les informations et les documents établissant cette identité l'attendaient au bureau de poste local pour être récupérés et Beth elle-même venait juste d'être avertie où et comment aller les chercher. Il était maintenant grand temps de quitter cet endroit et de commencer une nouvelle vie en Europe.

Alex serait surpris d'apprendre qu'il avait déjà téléphoné à Mme Luthor, mais il était plus logique de la contacter *avant* d'aller à l'aéroport. Appeler de là-bas risquait de les trahir, et on saurait qu'ils avaient pris la voie des airs; de cette façon, quiconque tenterait de les retrouver ne pourrait même pas s'assurer qu'ils avaient quitté la ville !

Il était étrange que quelque chose d'aussi simple puisse rendre quelqu'un si léger, mais Nick se sentait mieux qu'il ne l'avait été depuis des semaines. Peut-être était-ce parce qu'il avait quelque chose à *faire*, plutôt que d'essayer de s'occuper pendant qu'Alex faisait du piratage. A force de ne rien faire et ne pouvant pas aider son frère, il avait passé trop de temps assis à lire des magazines et des tabloïds en déprimant à cause de la mort de Chris et des caprices d'Alex... et il faisait toute la cuisine et le ménage -- c'était soit ça soit remplir l'appartement de boîtes de pizzas vides !

Au moins, il n'aurait bientôt plus à faire *cela*, Dieu merci. Alex leur avait ouvert à tous deux *d'énormes* comptes bancaires en Suisse, siphonnant l'argent de la LexCorp, en même temps qu'il l'attaquait et Nick s'était juré qu'une partie de *son* argent lui servirait à se payer un cuisinier et une bonne pour le restant de ses jours !

Il commença à réfléchir à d'autres manières avec lesquelles son argent pouvait être utilisé. Une chose était certaine, il n'aurait plus jamais à s'inquiéter de trouver des fonds pour ses recherches. Bien sûr, publier les résultats de ses travaux poserait un problème; il allait lui falloir un nom d'emprunt et il ne pourrait pas se rendre aux conférences sans être reconnu. Hmmm... peut-être qu'il pourrait recourir à la chirurgie plastique. Ça lui ferait bizarre de ne plus avoir la même tête, mais ça en valait peut-être la peine, pour faire partie de la communauté scientifique et de ne pas avoir à s'en faire.

Et il y avait les trucs de tous les jours qu'il pouvait maintenant s'offrir : un appartement décent -- peut-être même une maison; une voiture; hé, il allait *finalement* pouvoir apprendre à voler... Il tourna au coin de la rue où il avait laissé Alex dans leur voiture de location et s'apprêta à traverser. Comme toujours, il vérifia s'il y avait des voitures dans chaque direction, mais, préoccupé par l'avenir souriant qui s'offrait à lui, ses coups d'œil à gauche et à droite furent plutôt furtifs. Et il lui manqua cette fraction de seconde pour voir arriver le camion de livraison d'une ruelle voisine, tourner à droite avec un crissement de pneus et accélérer, moteur grondant... juste à temps pour lui foncer dessus, au moment où il descendait du trottoir.

Alex regarda la scène avec horreur, tandis que Nick était projeté en l'air et allait s'écraser sur le sol quelques mètres plus loin. Le chauffeur du camion freina, mais trop sèchement et il dérapa; l'arrière du camion tangua d'un côté et de l'autre poursuivant sa course dans la rue, et les roues avant et arrière passèrent sur le corps inanimé de Nick avant de s'arrêter.

"*NICKY !!*" cria Alex, depuis la voiture. Il saisit la poignée de la portière -- et s'arrêta, pris d'une peur soudaine. La façon dont ce chauffeur de camion avait conduit -- était-ce délibéré ? Luthor les avait-ils retrouvés ? Etaient-ils les "cibles" d'un tueur de la LexCorp voulant camoufler son geste en accident ? Est-ce que le conducteur, maintenant agenouillé aux côtés de Nick avec une expression accablée, souriait secrètement au succès de son attaque ? Cherchait-il une personne qui aurait pu accompagner sa victime ? Avait-il entendu le cri d'Alex ?

Pour la première fois de sa vie, Alex était paralysé par le doute. Il voulait courir retrouver son frère, mais il n'osait pas. Il savait qu'il devait soit prendre ce risque et aider Nick ou s'enfuir tout de suite, mais il ne pouvait pas se décider à faire quoi que ce soit. Il se détestait de faire un tel geste, mais il ne savait pas ce qu'il devait faire...

Des sirènes le firent sortir de sa torpeur. 'Les services d'urgence -- une ambulance ! Dieu merci ! Nick va s'en tirer !' Son cœur bondit quand les véhicules d'urgence se garèrent près du camion et que les ambulanciers se regroupèrent autour de la silhouette sans vie de son frère, lui cachant la vue comme ils se mettaient au travail.

Il se sentait mieux à présent. Il lui semblait que rester caché était, pour le moment, la meilleure chose à faire, après tout. Nick était en de bonnes mains et il allait pouvoir suivre l'ambulance et voir où ils l'emmenaient; il pourrait accéder aux archives de l'hôpital et les pirater, et ensuite créer une nouvelle identité pour Nick; il pourrait trouver un endroit où se cacher et s'arranger pour que Nick soit transféré dans un autre hôpital, un plus près de chez lui, une fois qu'il serait suffisamment remis de ses blessures; il pourrait embaucher des gardes privés pour surveiller Nick tant qu'il resterait à l'hôpital; il pourrait...

Les plans d'Alex prirent une fin brutale tandis qu'il regardait les équipes d'ambulanciers mettre Nick sur une civière... et tirer doucement un drap blanc sur son visage.

'*NOOOOOOOOOOOOOOON !*'

Alex regarda incrédule les ambulanciers ramasser leur matériel et l'ambulance quitter la scène -- lentement, presque imperceptiblement; il n'y avait pas de raison de se dépêcher, n'est-ce pas ? Pour la seconde fois en quelques minutes, Alex ne savait plus ce qu'il devait faire, alors il ne fit rien; tout ce à quoi il parvenait à penser était, 'D'abord Chris et maintenant Nicky...' Même après que la police ait emmené le conducteur du camion et que la foule se soit dispersée, il resta là, assis, le regard fixe, coupé du monde qui l'entourait et du possible danger qu'il courait avec les assassins de Luthor...

*Luthor !* *Tout* est de sa faute ! C'était un des salauds de Luthor qui avait tué Chris; c'était Luthor qui avait envoyé le même tueur pour régler le cas de Nick, c'était Luthor qui avait forcé les deux frères à se cacher; Nick n'aurait *pas* été là s'il n'avait pas essayé d'aider la femme de Luthor ! L'aider à échapper à son assassin de mari!

*Maintenant*, il savait ce qu'il devait faire. Alex sentit tout son être se remplir de rage et de vengeance. Il grimpa sur le siège conducteur, démarra et se dirigea vers l'aéroport, où il allait échanger son billet pour Zurich contre un vol pour Métropolis.

"OU-*OUI* !*"

Il n'était pas inhabituel d'entendre un cri de jubilation traverser la salle de rédaction du Daily Planet. Il n'était pas plus inhabituel de savoir que ce cri venait d'une femme -- Lois Lane, tous le savaient, elle avait toujours été la reine pour faire connaître son succès haut et fort à son entourage. Ce cri, toutefois, avait fait tourner tous les visages car ce n'était *pas* la voix de Lois -- et, pour être honnête, personne ne se rappelait avoir un jour entendu un cri comme celui-là et, par conséquent, personne ne savait qui l'avait poussé.

En fait, à la surprise de nombreuses personnes, il s'agissait de Donna McIntyre. Donna venait juste de raccrocher son téléphone et avait une expression triomphante qui criait "SCOOP !" à ses collègues journalistes -- *et* à ceux de l'administration qui avaient la même expérience que ceux de la salle de rédaction. Leurs soupçons se renforcèrent quand Donna se leva et se dirigea très vite vers le bureau de Perry White, passant sans s'arrêter devant son supérieur immédiat, le rédacteur financier; il fallait que ce soit très important...

Pour jeter encore un peu d'huile sur le feu, Perry n'était pas seul; Lois, Clark et Jimmy se trouvaient dans son bureau, parlant d'on ne sait quoi -- ce qui fait qu'il était encore plus étonnant que Donna ne soit pas renvoyée immédiatement. Elle ne le fut pas, cependant, et, les curieux eurent le souhait d'être une mouche, pouvant se trouver dans la pièce, perchée sur un mur, quand ils entendirent Lois et Clark crier simultanément, "*Quoi ?*" après que Donna ait expliqué sans reprendre son souffle pourquoi elle avait interrompu leur conversation.

Ils n'entendirent rien d'autre pendant un certain temps, mais les quelques personnes qui parvenaient à voir dans le bureau, plus chanceux que leurs infortunés collègues, arrivèrent à la conclusion que la conversation était très animée. Puis, tout le monde se regroupa autour du bureau du rédacteur en chef , ce qui était le signe évident qu'une discussion stratégique avait fait place à toute cette animation.

L'un des pigistes, profitant d'une de ses rares pauses-café, regarda sa montre; si cela voulait dire qu'un gros titre venait tout juste de percer, le patron allait interrompre sa pause : le bouclage pour l'édition du soir était dans vingt minutes. Malgré cela, il avala ce qui restait de son café et se prépara en vue d'un après-midi très chargé. Son sentiment prémonitoire grandit quand il vit Lois, Clark et Donna sortir en vitesse du bureau de Perry et courir vers leurs bureaux; Jimmy était derrière eux et courait vers les archives photographiques. Oui, ça allait être une *sacrée* journée...

Ce jour-là, l'édition du soir du Planet fut mise sous presse à une heure tardive habituelle, le bouclage ayant été repoussé d'une demi-heure, ce qui ne s'était jamais vu, mais le rédacteur en chef croyait que ce retard en valait la peine. S'il connaissait son travail, la Une de cette édition allait se retrouver encadrée et exposée sur un mur, juste à côté des titres commémorant les triomphes du journalisme d'investigation pour lequel ce journal était si célèbre; oui, cet article allait se retrouver là, tout comme les classiques des dernières années, comme la première interview de Superman, le sabotage du système de défense côtier Onde de Choc et le coup monté du "Président" John Doe.

Ce qui lui plaisait encore davantage était que cet article *n'était pas* écrit par Lane & Kent. Lois et Clark étaient les meilleurs, cela ne faisait aucun doute, mais le Daily Planet avait toujours été, et *devait* être, plus que deux journalistes, aussi excellents soient-ils. Donna avait prouvé qu'elle était un complément important dans cette équipe.

De toute façon, se dit-il en souriant, Lois allait être si contrariée à la pensée que quelqu'un d'autre qu'elle puisse gagner un Kerth, qu'elle allait retomber sur ses jambes et dénicher un article encore *meilleur* !

L'édition du soir du Daily Planet se retrouva tout de même dans les rues de Métropolis à son heure habituelle, le délai pris par la rédaction étant rattrapé par les efforts héroïques du personnel de l'imprimerie et de la distribution -- et la marge de sécurité avait été bien camouflée, si bien que Perry avait réussi, comme à l'ordinaire, à la respecter à cette occasion. Comme toujours, les journaux étaient livrés dans les magasins, les kiosques à journaux, les résidences et les commerces de toute la ville... y compris à plusieurs journaux livrés à la Prison de Métropolis.

La plupart des journaux étaient lus par les membres du personnel de la prison qui passaient peu de temps à lire la Une, si toutefois ils le faisaient, ils feuilletaient immédiatement les parties du journal qu'ils pensaient intéressantes -- la rubrique des sports, les annonces classées, même les bandes dessinées. Très peu d'entre eux portaient attention aux véritables informations, plus particulièrement aujourd'hui; qui se préoccupait qu'un requin de la finance ait des problèmes financiers ? Ça lui servirait de leçon...

Toutefois, l'un d'entre eux lut un exemplaire -- un policier, à l'infirmerie de la prison -- qui avait un intérêt prononcé pour la première page et son titre accrocheur. Cela ferait peut-être parler O'Reilly -- en supposant que ça aboutirait à quelque chose, si le Planet avait raison. Le jeu en valait probablement la chandelle et il fallait au moins essayer -- qui pouvait savoir ce que ce type connaissait sur son ancien employeur ? -- mais sa tentative devait se faire sur le champ s'il voulait qu'elle fonctionne, il aurait bien aimé attraper O'Reilly avant que quiconque ne puisse s'approcher de lui et le rassurer. Il accepterait sans doute de collaborer s'il se sentait vulnérable parce que son "patron" venait de perdre sa chemise.

Il ramassa le journal et se dirigea vers la cuisine. Il ne lui serait pas difficile d'apporter lui-même à O'Reilly son dîner ainsi que la Une du Planet -- "La LexCorp En Faillite ?" -- cela va sans doute avoir l'effet d'une bombe. 'Voyons si Eeyore se comporte en idiot quand il aura *cela* sous le nez...'

Il avait raison; il n'eut aucune difficulté à se porter volontaire pour apporter le plateau dans la cellule d'O'Reilly, mais ce fut une perte de temps -- même si, la vie est ce qu'elle est, ce ne fut que lorsqu'il entra avec le plat (au dernier moment, pour avoir le temps de lui poser quelques questions) qu'il s'aperçut que l'objet de sa cible n'était pas là.

Le maudissant, mais essayant de ne pas trop en faire, il sortit de l'infirmerie et arrêta un infirmier qui passait là. "Hé, qu'est-ce qui est arrivé à Eeyore ?"

"Oh, vous ne savez pas ?" lui dit-il. Avant que le policier ne puisse lui répondre, l'infirmier poursuivit : "Il a été emmené pour interrogatoire par un policier, il y a environ dix minutes. Je ne sais pas quand il reviendra -- ça peut prendre des heures; vous connaissez les policiers. Je suppose que vous feriez mieux de lui garder ça au chaud..."

Il continuait de parler, mais l'autre ne l'écoutait plus. Il vociférait en son for intérieur avec vigueur. Quelle poisse ! J'ai finalement la chance de convaincre Eeyore de se confier à moi et les flics y pensent aussi !' Car il n'y avait pour lui aucun doute que l'intérêt soudain de la police pour O'Reilly devait avoir un lien avec l'article publié par le Daily Planet et si le bonhomme décidait de jouer le jeu des policiers... eh bien, ce serait la fin de tout espoir de promotion. 'Bon sang ! Intergang n'allait *pas* être content.'

Henderson était assis à son bureau, perdu dans ses pensées. Il était tard -- à vrai dire, il était *tôt* -- mais il avait encore beaucoup à faire. Le matin venu, il allait devoir se préparer pour ce qui serait sans doute le plus gros coup de sa carrière. Il avait raté sa chance quand son suspect s'était jeté d'un balcon et il ne voulait pas que cela se répète, alors son plan devait être sans faille. Etanche, à l'épreuve des idiots et immunisé contre les circonstances hasardeuses. *Très planifié.*

La sécurité était le vrai problème. Le suspect ne devait *pas* avoir vent de ce qui allait lui arriver ou il disparaîtrait comme une fumée par journée de grand vent; c'est pourquoi personne d'autre -- ni le bureau du Commissaire, ni le bureau du Procureur Général, pas même les policiers en uniforme qui avaient été appelés pour l'opération -- ne savaient ce qui allait se passer ce matin-là. C'est pour cela qu'il était ici, à jongler avec ce qui allait se faire ou devrait être fait le moment venu, et de la manière exacte dont cela devrait être fait. Toute l'opération se ferait sans avertissement, ce qui voulait dire qu'il devrait rencontrer tous les gens concernés pour les informer des détails et il fallait qu'il le fasse comme il aurait dû le faire la première fois; il n'y aurait pas de temps à perdre pour expliquer la situation, si le département de la police de Métropolis voulait capturer *cette* canaille.

Et une fois qu'ils l'auraient attrapé, ils allaient devoir le retenir. Henderson jeta un oeil aux notes et aux dossiers sur son bureau et révisa pour la dixième fois les preuves qu'il avait accumulées depuis son départ de la Prison de Métropolis ce soir-là. La toute première chose à faire était de réussir à convaincre un juge de délivrer plusieurs mandats, y compris le mandat d'arrestation du suspect. Cela ne devrait pas poser de problème, pas avec le Juge Black, une femme raisonnable et scrupuleuse, mais il voyait cela comme un piège tellement énorme qu'il s'inquiétait malgré tout que les choses soient plus compliquées qu'elles ne l'étaient en réalité. Il était *certain* que Madame le juge serait d'accord avec lui, mais il était tout de même nerveux.

Il venait à peine de se convaincre qu'il s'inquiétait pour rien, qu'il avait *réellement* un bon dossier contre son suspect, quand son téléphona sonna. Il décrocha le combiné, en espérant que ce ne soit pas un appel pour une autre enquête; il ne lui fallait pas de distraction dans l'immédiat.

"Henderson."

"Bill ? George. Vous avez dit : 'n'importe quand, que ce soit le jour ou la nuit' et ça y est, mon ami ! Bernard et moi venons juste de terminer cette analyse d'ADN. Et le résultat est négatif. Blanc comme neige. L-- votre *suspect*... est peut-être un criminel, c'est peut-être un serpent ou même un rat à vos yeux, mais ce n'est pas une grenouille ! Et c'est définitif. Cette mèche de cheveux vient d'un être humain normal, créé de la bonne vieille manière et les grenouilles ne font *pas* partie du processus !"

Henderson ne répondit pas, mais laissa échapper un profond soupir. "George, vous m'appelez au bon moment. Pourriez-vous rédiger ce rapport pour demain matin -- dans un format que je puisse montrer à un juge ?"

"C'est déjà fait, mon ami. Je sais que vous êtes quelque peu sur le qui-vive dans cette affaire, alors je l'ai rédigé pendant que nous attendions et j'ai rempli les espaces vides quand les résultats nous sont parvenus. Voulez-vous que je me rende au quartier général en rentrant chez moi ?"

"Ce serait formidable. Merci, George. Je vous remercie. Et remerciez Klein de ma part, s'il vous plaît. Oh, pendant que j'y pense, ne le laissez *pas* parler à la presse, d'accord -- même pas à vous-savez-qui. Je les avertirai comme promis, mais je veux tout garder secret jusqu'à ce que j'obtienne le mandat."

"Ce n'est pas un problème, Bill. Bernard est ici et il a surtout hâte de retourner chez lui et de se reposer -- tout comme moi. Je vous vois plus tard. A tout de suite."

"Au revoir." Henderson raccrocha le téléphone et se rassit. Eh bien, voilà qui réglait le problème; il était certain qu'il n'avait maintenant plus besoin de s'inquiéter de s'entretenir avec un juge. Maintenant, tout ce qu'il avait à faire était de préparer l'attaque, de piéger son suspect et de protéger ses deux témoins. Oh, oui... et il fallait qu'il se repose. Il devrait être en forme, physiquement et mentalement le lendemain -- ou plutôt, plus tard ce jour-là.

Le réveil matin est probablement l'invention la plus rébarbative et la plus maudite de l'humanité. Mais pas toujours, comme le démontrait le matin suivant dans diverses familles liées au Daily Planet -- et dans deux autres qui ne l'étaient pas.

Lois et Clark étaient déjà réveillés quand le réveil sonna. Laura s'était réveillée tôt ce jour-là et Clark s'était levé en même temps que Lois; ainsi, ils avaient pu passer plus de temps ensemble avant de s'occuper de leur exceptionnelle petite fille. Ce n'était pas aussi plaisant que de paresser au lit, mais il y avait beaucoup à dire sur un petit déjeuner pris tranquillement ou pendant que Laura jouait dans sa chambre tandis que ses parents prenaient leur douche ou alors... bon, il y avait plusieurs façons amusantes de passer le temps.

Plus loin dans Kingston, Jimmy leva la tête de son oreiller, ce qui était difficile -- et il se ragaillardit ensuite en se rappelant quel jour on était. Penny devait le retrouver pour déjeuner, c'était quelque chose qui n'arrivait pas souvent, parce qu'ils avaient tous deux des emplois qui les tenaient très occupés. Penny avait pu se libérer parce que son patron venait de partir à une conférence qui avait lieu à l'extérieur de la ville et Jimmy avait espéré pouvoir faire la même chose. Le problème était qu'il avait le pressentiment -- rien de défini; une sorte de pointe d'anticipation mal placée, ce qu'il appréciait parce que ça lui rappelait les nombreuses descriptions de Lois sur ses "instincts de reporter" -- que quelque chose de gros allait arriver, encore plus gros que l'histoire de Donna sur la LexCorp, et si c'était vrai, Jimmy était prêt à parier son dernier dollar que le premier mot qui sortirait de la bouche de Perry serait : "Olsen !"

Le déjeuner occupait aussi les pensées d'Alice White quand elle se leva, un peu plus tard dans la matinée. Elle s'était réveillée à son heure habituelle, mais n'avait pas à se dépêcher pour se lever tout de suite; et elle s'installa confortablement et passa un peu de temps au lit à réfléchir, pensant à certains des mystères de la vie -- plus spécialement ce qu'elle allait faire de Perry.

Trois ans plus tôt, fatiguée d'être seule pendant qu'il creusait prématurément sa tombe, fatiguée d'être reléguée au second plan derrière les journalistes, les photographes, les articles, les scoops, le marketing, la publicité, la circulation et les patrons de son mari -- en résumé, le Daily Planet -- elle avait décidé de le quitter. Le divorce avait suivi, avec ses désagréments inévitables et ensuite était arrivée une période pendant laquelle elle avait essayé de vivre seule et de se construire une vie nouvelle. Elle y était parvenue, sauf en ce qui concernait sa vie sociale; fréquenter des gens n'était pas facile pour quelqu'un de son âge -- et, pour être honnête, aucun des hommes qu'elle avait rencontrés n'arrivait à la cheville de son ex-mari et Alice n'avait pas l'intention de "régresser".

Mais, environ 18 mois après avoir quitté Perry, elle avait vu une annonce dans un journal -- dans le Planet, naturellement; elle avait peut-être divorcé de son rédacteur en chef, mais elle n'allait pas se mettre à lire d'autres journaux pour autant -- d'une personne se surnommant "Chien Fou." Ce nom aurait dû lui dire de qui il s'agissait, mais elle n'avait pas remarqué la référence à Elvis (comment, elle n'avait jamais compris pourquoi) et il semblait gentil -- intéressé par le même genre de choses qu'elle (tout comme Perry) et quelques autres qui semblaient fascinantes ou, du moins, qui valaient la peine d'être regardées -- alors elle avait trouvé le courage d'essayer une nouvelle fois et elle avait écrit à la boîte postale donnée dans l'annonce classée. "Chien Fou" avait répondu à sa lettre et ils s'étaient arrangés pour se rencontrer. Et il lui avait dit *où* il voulait la rencontrer -- à l'endroit où il travaillait...

Bref, Alice ne pouvait pas repenser à cette période sans hocher la tête avec étonnement, tous deux étaient donc revenus ensemble -- après s'être fréquentés quelques temps. Il semblait qu'aucun d'eux ne s'était vraiment trouvé bien avec les personnes qu'ils avaient rencontrées pendant leur séparation, mais Alice n'était pas prête à ce que les choses redeviennent comme avant leur divorce. Et, pour être juste, Perry semblait avoir appris quelque chose de leur séparation; il serait toujours un bourreau de travail, mais il avait appris qu'il existait d'autres choses dans la vie que le travail et qu'une personne qui désirait faire ces choses *devait* prendre le temps de les faire. Et il avait essayé -- pas toujours avec succès, mais il *avait* essayé.

Elle avait tendance à penser qu'ils devaient tous deux quelques petits (peut-être pas si petits que ça) remerciements aux journalistes de Perry, Lane & Kent; avant de rencontrer Clark, Lois était un bourreau de travail encore pire que Perry, mais maintenant qu'elle était mariée et mère de famille (et tout à fait contente de l'être, si les rares occasions qu'elle avait eues d'observer Lois étaient une indication) elle et son partenaire de mari étaient *encore* "la meilleure équipe de journalistes de la ville". Alice avait parfois pensé que Lois avait trop copié l'attitude de Perry de travailler jusqu'à l'épuisement, mais maintenant, il semblait que c'était lui qui adoptait *son* nouveau mode de vie. Ça le rendait plus facile à vivre -- la plupart du temps.

Ce qui était en réalité le cœur du problème. Ce vieux chien était aussi charmant qu'il l'avait toujours été -- quand il faisait l'effort de l'être -- et l'idée de vivre avec lui sur une base plus permanente lui plaisait vraiment. Leur relation amoureuse des deux dernières années avait été plaisante, mais d'une certaine manière, le simple fait de se "fréquenter" n'était plus suffisant, pas après avoir passé tant d'années avec quelque chose de si profond et de si agréable... jusqu'à ce qu'il oublie qu'elle existait...

'Rends-toi compte, Alice,' se dit-elle, 'tu es amoureuse de cet homme, mais peux-tu supporter de le partager avec le Daily Planet ? Tu n'as jamais eu à t'inquiéter des autres femmes, mais ton vrai rival est installé dans le centre-ville et tâche les vêtements de ton mari avec de l'encre, au lieu de le faire avec du rouge à lèvres...

Es-tu sûre qu'il ne reprendra pas ses vieilles habitudes, s'il sait que tu es toujours là pour lui ? Peux-tu te faire à l'idée qu'il appelle parfois pour dire qu'il sera en retard -- s'il pense à t'appeler ? Crois-tu qu'il a appris sa leçon ?'

Ces questions étaient bonnes, sans exception; elle espérait également en détenir les réponses.

Alice grimaça et ses yeux se posèrent sur le journal qu'elle avait lu la veille. C'était, bien sûr, l'édition du soir du Planet et elle sourit aux souvenirs que le journal évoquait. Si elle connaissait bien son Perry, il serait aujourd'hui d'une humeur de chien. Une histoire comme celle-ci avait le besoin criant d'une suite, alors le personnel de la salle de rédaction était probablement en train de s'affoler, pendant que le patron aboyait pour avoir quelque chose de plus, pour trouver d'autres articles... pour trouver le grand titre de l'édition d'*aujourd'hui* et faire qu'il soit aussi bon que celui de la veille !

'Hmmm... ça me fait penser à quelque chose...' Quand il était au beau milieu d'une de ces batailles, Perry était enclin à oublier de manger, se contentant de café, de beignets et d'enthousiasme à profusion. Ce qui n'était pas vraiment bon pour lui... Il lui semblait que ce serait gentil (du moins pour le pauvre personnel de la salle de rédaction) de l'emmener manger quelque part; et de plus, elle pourrait trouver une réponse à son dilemme -- si Perry voulait bien s'arrêter et déjeuner avec elle de manière civilisée, alors il y aurait encore de l'espoir pour eux deux. Sinon... eh bien, il faudrait qu'elle réfléchisse.

'Je me demande si je peux attraper Clark sans que Perry le sache. Lois dit qu'il connaît les *meilleurs* endroits qui font des plats à emporter...'

Bill Henderson avait réussi à dormir quelques heures. Pas beaucoup et pas autant qu'il ne l'aurait voulu, mais un peu, et il faudrait que cela suffise. Au moins, il était assez réveillé pour se lever et se diriger vers la salle de bains sans trébucher sur la pile de rapports et de transcriptions qu'il avait déposés à côté de son lit -- il était peut-être paranoïaque, mais il ne pensait pas qu'il aurait pu dormir sans savoir exactement où se trouvaient ces documents essentiels auxquels personne ne pouvait accéder sans passer d'abord par lui. De plus, avoir les preuves avec lui rendait les choses plus faciles, pour des raisons pratiques et sûres : une fois qu'il serait prêt à partir, tout ce qu'il aurait à faire serait de tout mettre dans sa voiture et de se rendre au bureau du juge -- il n'y aurait ni retard ni fuites ! Et *alors*...

Pourtant il devait tout d'abord se préparer, ce qui signifiait qu'il devait prendre une douche, se raser, déjeuner et par-dessus tout, prendre un *café*...

Lex Luthor fut réveillé d'un sommeil agité par une plainte des plus aiguës. Tout d'abord, il vociféra, maudissant le lit inconfortable sur lequel il dormait, son pyjama qui, lui aussi, était inconfortable, le fait que sa femme avait pris toutes les couvertures... puis il réalisa où il se trouvait et ce qu'était cette plainte, il leva la tête et contempla avidement la source du bruit -- il s'agissait de l'indicateur de charge de son "télescope". Il était complètement rechargé.

'Enfin !' s'écria-t-il. L'attente était terminée. Il avait campé dans son bureau pendant les dernières 36 heures, ne voulant pas quitter la pièce pendant que les piles se rechargeaient. C'était... étrange, il le savait et il imaginait que Beth serait plutôt contrariée de sa "disparition", mais il sentait qu'il devait être là pendant que l'instrument de son ultime triomphe reprenait des forces. Tant de fois par le passé il avait laissé seuls ou dans d'autres mains des appareils ou des plans comme ceux-ci et s'était éloigné... et ils avaient échoué. Pas cette fois, cependant; ce serait sa dernière bataille contre cet extra-terrestre et il était déterminé à ce que *tout* soit prêt et si cela voulait dire qu'il lui fallait superviser personnellement tous les aspects de la préparation, jusqu'au moindre détail, alors il en serait ainsi.

Cette solitude qu'il proclamait haut et fort lui avait été fort utile. Pendant que ses subalternes étaient parvenus à garder le navire dans la bonne direction (ce qui n'avait pas été facile, surtout après que le Daily Planet ait appris au monde entier l'échelle des pertes dont souffrait la LexCorp. Il n'y avait aucun doute que Kent avait partagé des informations avec sa collègue pour envenimer le chaos afin de distraire la direction de la compagnie...), *il* avait prévu ce qui allait se passer dans le futur. Tuer Superman, même si c'était réjouissant, n'allait pas résoudre le problème de la vulnérabilité actuelle de la LexCorp. Pourtant, une fois Kent mort, il ne serait pas difficile de montrer qu'il était responsable des transactions frauduleuses qui avaient amené la compagnie à sa situation présente; la plus grande difficulté serait d'amener les autorités à suivre le même chemin informatique qu'il avait lui-même emprunté sans leur révéler qu'il était là avant eux. Et, une fois son ennemi exposé comme un voleur et un tricheur, et la LexCorp montrée comme sa victime innocente, il lui serait possible de garder les requins de la finance à distance assez longtemps pour refaire surface !

Il allait falloir tout reconstruire. La compagnie allait en souffrir, mais avec du temps et de la patience et sans Kryptoniens aux alentours, la compagnie s'étendrait comme à ses débuts et sa prospérité future serait assurée.

Mais avant, par contre... Il se dirigea vers la cheminée et décrocha le Sabre. Pendant un instant, il le tint, admirant les jeux de lumière sur la surface de la lame... et sur son tranchant. Ce sabre avait été l'arme personnelle du plus grand homme que la Terre ait jamais porté; ses intentions étaient de se battre quand son armée n'avait pas été assez forte pour vaincre l'ennemi sans l'aide de cette arme ou quand il se faisait un plaisir de s'occuper d'eux personnellement. Comme ce serait un plaisir pour Luthor de s'occuper de Kent et de ses amis, de les détruire une fois pour toutes en utilisant son arme personnelle. Une arme dont même Alexandre n'aurait pu rêver, qui par sa suprême puissance, aurait été pour lui un signe des dieux.

Mais lui, Lex Luthor, avait rêvé de cette puissance et avait transformé ce rêve en réalité. Et maintenant la réalité allait impressionner ses adversaires et frapper jusque dans leur demeure leur fierté présomptueuse qui les amenait à le défier, *lui* ! Et ils allaient regretter le jour où ils avaient pensé réussir...

Il s'apprêtait à remettre le sabre à sa place sur son support mais passa encore quelques instants à le regarder. Puis il le posa sur son bureau et lui tourna le dos. Il faisait partie du passé; ce qui importait maintenant était le futur et pour *cela*, *son* arme était requise.

Il enleva les "caches des lentilles" des bouts du "télescope" et du "tube de vision" (qui était, en réalité, un repérage de cible sophistiqué) et tourna son regard vers sa première cible. 'Et maintenant, mettons les pièces en ordre. Tout d'abord, M Kent, je dois vous demander de quitter le bâtiment du Planet pendant un petit moment...'

Le bâtiment abandonné était en vue et il tira -- juste un rayon de faible puissance, mais bien suffisant pour ce qu'il avait à l'esprit.

Clark était au milieu de la rédaction d'un court article sur la LexCorp -- un parallèle à celui de Donna sur la réaction du marché mondial après les révélations de la veille -- quand il entendit des sirènes. Un rapide coup d'œil à rayons X lui révéla qu'un entrepôt abandonné qu'il connaissait était en flammes et que l'incendie était vraiment important.

'Je ferais bien d'aller les aider', pensa-t-il. 'Je n'ai pas entendu dire que quelqu'un dormait dans ce quartier ces derniers temps, mais je ne voudrais pas me tromper.' Il se leva et croisa, comme il l'espérait, le regard de sa femme. Il se dirigea vers elle et se pencha pour lui murmurer à l'oreille : "Chérie, pourrais-tu terminer l'article pour Donna ? Il y a le feu dans un entrepôt..."

"Bien sûr," murmura-t-elle. Il allait se redresser quand elle attrapa soudain son visage et le tira vers elle pour lui donner un baiser très rapide, mais *très* intense.

"Whoa..." soupira-t-il quand elle le laissa partir. "C'était pour quoi ?"

Elle lui sourit malicieusement. "Quoi, j'ai besoin d'une raison, maintenant ?"

"Non... non, mais si j'ai fait quelque chose de bien, j'aimerais savoir ce que c'est, pour le refaire..."

"Ce n'est pas un problème..." répondit-elle, lui jetant un regard sulfureux. "Maintenant, sors d'ici avant que je ne décide de te l'expliquer... très *clairement*."

"Oh. Hmm... d'accord. Je reviens bientôt."

Dressant les sourcils de surprise à la manière significative que mettait sa femme dans un simple mot, Clark, heureux, quitta la salle de rédaction en dénouant sa cravate. Il avait déjà hâte de revenir...

Henderson descendit les marches du Palais de Justice avec un sourire sévère et se dirigea vers sa voiture. Il tenait une pile de documents qui correspondaient à ce qu'il avait demandé et il allait maintenant les utiliser -- il les avait eus plus tard qu'il ne l'aurait souhaité, à cause des délais juridiques, mais il avait encore beaucoup de temps devant lui ce matin-là; avec de la chance, tout serait terminé avec un léger retard pour le déjeuner. Cependant, il avait d'abord une dette, qui n'était pas si petite que ça, à rembourser.

Il grimpa dans la voiture et roula. Environ dix minutes plus tard, il se gara dans le parking d'un supermarché. Son trajet depuis le tribunal n'avait pas été des plus simples, il avait fait plusieurs manœuvres compliquées pour s'éloigner et/ou perdre les gens susceptibles de le suivre. Il n'avait remarqué personne, donc ses chances d'être suivi étaient dérisoires, mais il ne voulait prendre aucun risque. Pour la même raison, il sortit de sa voiture et se dirigea vers une cabine téléphonique pour téléphoner. Personne n'aurait pu savoir qu'il allait utiliser ce téléphone-là -- *il* ne le savait pas lui-même avant de passer devant quelques minutes plus tôt -- et personne n'était assez proche de lui pour l'entendre. Si Luthor parvenait tout de même à savoir ce qui se passait, malgré toutes ses précautions... eh bien, de toute façon, il perdrait son temps à essayer de l'arrêter.

Il mit une pièce dans le téléphone et composa un numéro familier. La chance était avec lui car quelqu'un décrocha presque immédiatement -- et il s'agissait justement de la personne à qui il voulait parler.

"Daily Planet. Lois Lane à l'appareil."

"Lane, c'est Henderson. On le tient. STAR Labs a fait les analyses et j'ai les mandats. Si Kent et vous voulez l'exclusivité, retrouvez-moi où-vous-savez dans une heure. Et si l'un d'entre vous peut contacter notre Grand Ami, il sera le bienvenu. Il faut que j'y aille, je dois organiser cette opération. Dans une heure, d'accord ?"

Il raccrocha, entendant à peine la réponse enthousiaste de Lois -- "Très bien !" -- et se dirigea vers sa voiture.

Lois jeta un œil à sa montre. Il était presque temps de partir et Clark n'était toujours pas revenu de cet incendie. Qu'est-ce qui pouvait bien le retenir ? Ce feu devait être éteint depuis longtemps -- à moins qu'il ne soit vraiment gigantesque. Ou bien était-il encore sur place parce que quelque chose clochait ? Ou...

Elle grimaça et hocha la tête. Il était trop facile d'inventer toutes sortes de raisons pour lesquelles il était en retard; le fait est qu'il n'était pas là et il serait bientôt l'heure de retrouver Henderson. Elle savait que Clark voudrait être là pour coffrer Luthor et, connaissant Lex, sa présence serait peut-être nécessaire.

Existait-il une façon d'entrer en contact avec lui ? Pour la millième fois, elle espérait qu'ils puissent enfin * trouver* un moyen pour qu'elle le contacte quand il portait son costume... mais ils n'avaient pas encore trouvé une idée valable et c'était maintenant qu'elle en avait besoin.

Elle balaya la pièce du regard en cherchant Jimmy -- cette montre qu'il possédait pourrait peut-être faire l'affaire... *s'il* l'avait encore (elle ne parvenait pas à s'en souvenir) *et* s'il la portait aujourd'hui -- mais, pour une fois, elle ne le trouvait nulle part.

'C'est typique !' grommela Lois, en son for intérieur. Voilà l'une des rares fois où je puis bénéficier de Jimmy Interruptus, mais il n'est pas là !' Et il *n'était pas* là, alors elle devait trouver autre chose.

Elle regarda encore sa montre et fit quelques calculs. Clark avait dit qu'il y avait un incendie dans un bâtiment désaffecté, ce qui signifiait que c'était probablement dans la zone industrielle ('Duh !' pensa-t-elle), ce qui n'était pas très loin... alors, il y avait de grandes chances qu'elle parvienne à s'y rendre en voiture, à le trouver et lui dire ce qui se passait et ils pourraient tous les deux se rendre à la Tour de la LexCorp, soit avec la Jeep soit par les airs, juste à temps pour retrouver Henderson. Et si elle ne le trouvait pas à temps, elle pourrait toujours se rendre à la Tour toute seule.

Le jeu en valait la chandelle, et elle attrapa donc son sac à main et son manteau et se précipita vers l'ascenseur.

Luthor baissa les jumelles hyper puissantes avec lesquelles il avait regardé brûler le bâtiment désaffecté, savourant sa destruction. Malgré les efforts des Pompiers de Métropolis et, bien sûr, de Superman, le bâtiment était presque complètement brûlé, ses restes allaient devoir être démolis et un terrain vacant de cette superficie, à cet endroit, allait prendre énormément de valeur.

Il termina le cigare qu'il avait apprécié en attendant que le toit du bâtiment ne s'effondre -- et aussi que les piles de son arme puissante se rechargent à leur capacité maximale. Ce qui maintenant était fait, à l'annonce du même bruit aigu qui l'avait réveillé le matin même. C'était un son mélodieux, en quelque sorte, pensa-t-il, en le fermant; pas l'appareil, mais plutôt ce qu'il contenait -- la destruction ultime de Superman. Et il pensait qu'il s'en souviendrait le reste de sa vie.

'C'est maintenant que ça commence', se dit-il en se dirigeant vers le "télescope". 'Votre mort vous attend, M. Kent. Mais tout d'abord, vous devez souffrir autant que j'ai souffert pendant ces derniers jours... et pour cela, je me permets de vous piéger, ce qui scellera votre destin, en éliminant la source de vos pouvoirs et ces idiots qui ont l'esprit assez tordu pour se considérer comme vos amis. Et qui sait, peut-être aurai-je le tact de tuer votre épouse et votre enfant et de vous envoyer les rejoindre dans l'oubli.'

Les jumelles étaient alignées depuis longtemps sur le bâtiment du Daily Planet, bloquées avec une précision micrométrique au niveau de l'étage de la salle de rédaction. Luthor s'arrêta un instant, réfléchissant au geste à faire, puis il ajusta le faisceau à la même intensité dont il s'était précédemment servi pour tirer. 'Oui, il n'y a pas de meilleur moyen pour les détruire tous. Ça ira très vite. De cette manière, Kent viendra quand il entendra les cris de détresse de ses amis et je pourrai ensuite le frapper avec le rayon de haute intensité. Une fois qu'il sera mort, il me restera suffisamment de temps pour terminer la destruction du bâtiment.'

Quand l'ascenseur eut emmené Lois au garage, il chargea Penny et Alice, qui venaient d'arriver presque en même temps pour leurs "rendez-vous" respectifs du déjeuner. Il semblait que les grands esprits se rencontraient, puisque Penny avait également eu l'idée d'emmener déjeuner Jimmy afin qu'ils passent un agréable moment ensemble. Elle allait lui demander s'il y avait quelque chose qu'il préférait en particulier, mais elle crut que l'idée d'Alice de le surprendre avec une chose inhabituelle serait aussi plaisante. Elle fut surprise quand Alice suggéra de demander à *Clark* où ils devaient aller, mais elle se conforma à cette idée quand elle entendit le témoignage de son aînée insistant sur le fait que le journaliste était expert en la matière. Jimmy lui avait dit que "CK" avait parcouru le monde avant de venir à Métropolis, alors il connaissait peut-être des endroits typiques.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le chaos presque habituel de la salle de rédaction et les deux femmes sortirent.

Luthor posa son doigt sur le bouton de l'arme et savoura son triomphe imminent. Il jeta un dernier coup d'œil au système de repérage qui visait les grandes fenêtres laissant passer la lumière, l'air et, parfois, Superman dans la salle de rédaction.

'Adieu, Daily Planet. Peut-être que tes successeurs -- s'il y en a -- apprendront à ne pas défier la *véritable* puissance de cette ville.'

Il tira.

A SUIVRE...

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1999.