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Saison 6, Episode 12

Deuxième partie

Écrit par Phil Atcliffe

Édité par Peace Everett

Version française de

Episode 12 : Labyrinth

Traduction Chantal Martineau

"Voilà, M. Luthor. Vérifié, testé, documenté, il dépasse les attentes de plus de 10 pour cent et est prêt à être expédié. Les gars au Pentagone vont avoir une sacrée journée quand ils vont mettre la main sur ce bébé !"

"J'en suis certain," répondit froidement Luthor. 'Bien sûr, qu'ils en auraient une en voyant cela. Et qui sait, peut-être qu'ils l'auront -- *après* véritable travail accompli.' "Très bien, Wright. J'en déduis d'après ce que vous me dites que les précédents... problèmes ont été rectifiés."

"Oh, oui, monsieur. Le nouveau noyau plus puissant était la réponse; nous avons à peine touché à autre chose, une fois que nous avons arrangé cela, tout fonctionnait. La meilleure performance vient du noyau et pas d'autre chose; tout ce dont avons dû nous assurer était que le système de concentration pouvait supporter un flux d'énergie important. Et il n'y a aucune raison pour que se répète ce qui s'est passé en décembre dernier. Ça ne peut pas arriver, pas maintenant."

"C'est bon à entendre. Peut-être que le délai, sans parler de l'investissement, vont nous rapporter ?" Le "court-circuit" dont Wright parlait était le plus gros problème au développement de la machine reposant sur un socle face à son propriétaire. Ce qui devait être un simple test dans un vieil entrepôt habité seulement par des rats et quelques sans-abri, pour des besoins de sécurité, avait tourné au cauchemar quand la source d'alimentation avait eu une défaillance, provoquant un incendie. Le feu avait été rapidement éteint et la perte de l'édifice n'était pas très grande de toute manière, mais le besoin de redessiner le noyau avait retardé le projet de plusieurs mois et avait coûté plusieurs dizaines de millions de dollars. Cependant, maintenant tout fonctionnait et c'était ce qui comptait.

"Emballez-le et mettez-le dans un entrepôt à sécurité maximale jusqu'à ce que les militaires viennent le chercher. Surveillez-le; c'est une caisse que personne ne veut perdre. En fait, envoyez les détails à mon bureau personnel. On a trop investi dans ce projet pour prendre des risques."

"Oui, monsieur !" Et sur ce, les hommes qui se tenaient autour d'eux, observant silencieusement l'échange entre les gros bonnets, se mirent au travail. Ils étaient bien payés et efficaces, alors l'emballage se fit dans un temps assez court. Luthor les observa un moment, puis, une fois la caisse scellée, les quitta et se dirigea vers son appartement. 'Enfin !' pensa-t-il, triomphalement. 'Monsieur Kent, votre Adversaire vous attend.' Ou, plutôt, *allait attendre*, une fois que lui-même, Lex Luthor, aurait décidé de l'endroit et du moment où son ennemi allait rencontrer son ultime et implacable destin.

La route avait été longue et difficile pour en arriver là, mais ça en valait la peine. Les difficultés financières que la LexCorp rencontrait à ce moment étaient exacerbantes, c'était le cas de le dire, à cause des montants énormes pompés pour financer ce projet depuis un an et demi, mais cela ne serait bientôt plus un problème. Avec des réserves internes plus normales, Luthor était certain que *sa* compagnie était assez robuste pour résister aux coups que lui portait leur mystérieux attaquant, jusqu'à ce qu'il le trouve et l'élimine -- ou, tout simplement, le recrute -- lui ou elle, même si la chasse n'allait pas commencer avant son triomphe sur l'extra-terrestre fouineur.

Non, pour le moment, la grande question qui prenait toute la place dans la tête de Luthor était ce qu'il devait faire des membres de l'équipe de ce projet ; devait-il les tuer immédiatement ou devait-il attendre que Kent soit mort , pour être certain que leurs services ne soient plus requis ? Il avait déjà fait assassiner certaines personnes liées au projet -- deux membres de l'équipe préliminaire de conception et un scientifique, de même qu'un entrepreneur trop curieux qui avaient tous été éliminés pour leur bien.

Pour une fois, le problème était facile à résoudre, du moins, pour le moment. Mlle Barrows était déjà sur la piste de Preece, il allait donc attendre qu'elle revienne -- victorieuse, il lui faisait confiance -- avant de faire quoi que ce soit, par respect pour les membres de son équipe. Et, maintenant qu'il y songeait, il était logique d'attendre pour retarder les "risques" *jusqu'à* la preuve du potentiel de création de l'équipe; c'était improbable, mais il allait peut-être avoir encore besoin d'eux pour augmenter la puissance du noyau et un homme sage savait penser à de telles possibilités, même si elles étaient improbables.

La pensée de Lindy Barrows lui rappela quelque chose : il devait contacter l'avocat d'Enrico et vérifier l'état actuel de son assistant d'autrefois. Enrico en savait trop pour que l'on ne s'occupe pas de lui.

Pour un observateur extérieur, cela aurait pu sembler un peu étrange. Pour une personne travaillant dans la salle de rédaction du Daily Planet, ce n'était pas inhabituel -- du moins, pour Lane et Kent. Une Lois surprise leva les yeux de son écran d'ordinateur, juste à temps pour croiser les yeux de son mari, qui avait levé la tête et jetait vers elle un regard étonné dans une synchronisation presque parfaite.

Lois était presque certaine que son expression était la même que la sienne, elle n'avait donc pas besoin de savoir pourquoi il avait l'air surpris. Elle tourna la tête, indiquant la salle de conférence; il acquiesça, passa quelques secondes à fermer quelque chose sur son écran d'ordinateur -- et Lois pouvait deviner ce que c'était -- puis il se leva et se dirigea vers la salle; elle était derrière lui, s'arrêtant juste pour fermer son écran et transférer sa connexion vers l'ordinateur de la salle de conférence.

Une fois qu'ils se trouvèrent à l'intérieur et que la porte fut soigneusement fermée, ils se contentèrent de rester là à se regarder pendant quelques instants. Aucun d'eux ne parlait, parce que les seuls mots auxquels ils parvenaient à penser étaient des choses comme : "As-tu lu ce que j'ai lu ?" Finalement, alors que le silence commençait à devenir pesant, Lois s'assit devant l'ordinateur, l'alluma et fit apparaître le surprenant message électronique. "Comment *diable* Alex a-t-il réussi à mettre la main là-dessus ?" demanda-t-elle doucement, sans y croire, posant la question plus pour elle que pour Clark.

"Je n'en ai *aucune* idée, chérie," répondit Clark, aussi doucement, se rapprochant pour se pencher par-dessus son épaule. "A moins que sa réputation de pirate informatique -- et son séjour en prison -- n'aient été bien mérités. Il semble qu'il est parvenu à entrer dans le système de courrier électronique privé de Luthor... et tous les tours de passe-passe qu'il avait dû employer, pour faire *ça* et s'en tirer ! Et moi qui pensais que Jimmy était bon..."

Lois ne dit rien, mais commença à travailler sur l'ordinateur, entrant une demande de recherche standard sur Lindy Barrows. Il ne fallut pas longtemps avant que la réponse n'arrive, mais il n'y avait pas grand-chose d'intéressant à voir -- excepté pour la photo.

"Bien, bien..." dit amèrement Clark. "'Lindsey Bailey', je présume."

Lois regarda Clark avec de grands yeux troublés. "Clark, on doit faire quelque chose pour aider Owen Preece. Bailey-- Barrows-- *peu importe* son nom, cette femme sait exactement où il est et je ne crois *pas* qu'elle est en route vers l'Illinois pour lui demander gentiment de rendre l'argent !"

Il n'y avait aucune réponse à cela, alors Clark n'en formula pas. Au lieu de cela, il se leva, regarda dans le vague, perdu dans ses pensées. Lois, l'observant, remarqua qu'il commençait à serrer les lèvres -- un signe porteur de mauvaises nouvelles. "Qu'est-ce qu'il y a, chéri ?" murmura-t-elle doucement.

Clark se tourna vers elle avec une expression troublée. "Tu as raison," dit-il. "Nous devons aider Preece. Ce qui veut dire que nous devons aller à Decatur aussi vite que possible. Excepté que je ne vois pas comment... *nous* pouvons y aller. Qu'est-ce qu'on fait de Laura ? On ne peut pas partir et la laisser, mais je ne veux pas m'envoler tout seul et te laisser… le bébé -- si tu me permets cette expression…"

Lois réprima un sourire devant le jeu de mots involontaire, ce qui n'était pas difficile. Elle avait redouté ce moment. Depuis la naissance de Laura -- il y avait presque un an -- les nouveaux parents avaient dû faire face à de grands changements dans leur vie que l'arrivée d'un enfant apportait. Ils avaient dû affronter pas mal de choses durant cette année -- tout, des réveils au milieu de la nuit jusqu'à la bataille pour la garde de leur enfant, ils avaient dû faire des compromis concernant leurs sentiments (*et* leurs corps !) quand on avait besoin de Superman -- mais la seule chose qu'être parents *n'avait pas* brisé était "Lane & Kent". Bien sûr, ils travaillaient séparément quand l'un d'eux restait à la maison pour surveiller Laura, mais quand ils étaient tous les deux au travail, ils formaient une équipe.

Jusqu'à maintenant, visiblement. Quelqu'un devait retrouver Preece, mais ils ne pouvaient pas tous les deux atterrir en Illinois alors qu'ils devaient s'occuper d'une petite fille -- ce qui voulait dire que Clark serait celui qui irait pendant qu'elle resterait à la maison. Le stéréotype sexuel de la situation aurait rendu Lois furieuse, mis à part qu'elle avait balayé ce genre d'idée de son système quand elle avait travaillé sur le cas Trifyllis; si Clark partait à la recherche de Preece et Barrows pendant qu'elle restait derrière pour s'occuper de leur enfant, c'était pour des raisons purement pratiques. Ce qu'elle détestait était que ça créait un précédent : si ça arrivait une fois, ça pouvait arriver encore et encore. Et ni Lois ni Clark ne voulaient d'un futur où ce serait le cas.

Toutefois, Lois n'était pas du genre à laisser des problèmes sans se débattre. 'Ce dont nous avons besoin ici est un peu de pensée latérale... Peut-être que nous pourrions emmener Laura avec nous ? Non... à moins d'emprunter le camping-car de Martha et Jonathan ? Non, nous devrions quand même la laisser seule de longs moments. A moins que...'

"Clark..." roucoula-t-elle, un petit sourire sur le visage : "Crois-tu que tes parents aimeraient visiter Decatur ?"

Il fallut quelques minutes à Lois pour convaincre Clark qu'il serait possible de transformer une chasse à l'article en une sortie familiale, demandant simplement la coopération des grands-parents paternels de Laura, mais il accepta enfin que ça valait la peine de faire un essai -- mais sous certaines *strictes* conditions, destinées à éloigner les Kent senior et leur petite-fille de tout danger possible et éventuel. Heureusement, Lois répondit que le "Superman Express" pouvait énormément simplifier cette tâche.

Clark suggéra, que dans ce cas, ce n'était peut-être pas nécessaire que ses parents fassent le voyage; il pourrait emmener Lois là-bas et revenir aussi vite, que ce soit du camping-car de ses parents ou de Métropolis, mais Lois n'était pas d'accord : s'il était appelé pour une raison ou une autre, comme pour les inondations en Inde, elle devait pouvoir se déplacer en ville ou même encore se rendre dans la ville voisine et, s'il insistait pour garder sa famille à distance, ce serait *beaucoup* plus facile pour elle de retourner chez eux à New Troy depuis les terres de l'Illinois !

Encore une fois, Clark fut obligé de lui donner raison. Il savait quand il devait capituler; il était certain que ses parents seraient trop heureux de se joindre à la partie de plaisir -- 'Plaisir ? Oh, bon sang...' -- et l'idée de Lois, à la classique façon de penser Lane, allait leur permettre de travailler ensemble... et allait peut-être permettre que Luthor soit mis en prison pour de bon. Alors, il n'y avait qu'une seule chose à faire : "Ferme les stores, chérie."

Le soudain changement de sujet dérouta Lois, mais elle se leva et fit ce qu'il disait... et Clark se pressa encore davantage. Le temps qu'elle en ait fermé un, il avait fait le reste et il était assis devant l'ordinateur, tapant furieusement. Heureusement que l'ordinateur de la salle de conférence avait été récemment modernisé, car Clark le poussait au bout de ses limites en raison de sa vitesse d'opération. Les fenêtres s'ouvraient et se fermaient à une vitesse folle et des lignes de texte parcouraient l'écran sans arrêt. Même avec la mise à jour, l'ordinateur émettait de temps en temps un bip pathétique comme si sa mémoire débordait.

Environ 30 secondes plus tard, il avait terminé. "Bien," dit-il, se calant dans sa chaise : "Tous nos articles en cours sont terminés ou mis à jour. Maintenant, allons voir Perry pour lui dire que nous ne lui ferons pas dresser les cheveux sur la tête pendant quelques jours."

'Dresser les cheveux… ' Lois se figea, sa mémoire travaillant furieusement. Qu'y *avait-il* dans cette phrase ? Elle essayait de se rappeler quelque chose qui s'était passé quelques jours plus tôt; elle ne savait pas quoi, mais seulement que c'était important et qu'elle avait été constamment dérangée avant de pouvoir réellement se concentrer. Cette fois, cependant, elle était déterminée à se remémorer ce souvenir indéfinissable. Elle ferma ses yeux et commença des exercices de respiration conçus pour l'aider à se couper du monde, et laissa ses pensées flotter librement.

'Oh, mon Dieu... *Bien sûr* !' Ses yeux s'ouvrirent et elle balaya la pièce du regard à la recherche de Clark. Le trouvant, elle tendit la main et le saisit par les épaules puis elle dit frénétiquement, "Clark, il faut qu'on rentre à la maison. Tout de suite !"

"Quoi ? Chérie, qu'y a-t-il ? Et Preece ?"

"Peu importe Preece -- c'est important !" siffla Lois; elle faillit dire cela d'un ton furieux, mais essaya de baisser la voix. Clark eut l'air choqué et elle s'adoucit en réalisant pourquoi. "Oh, je ne voulais pas dire ça comme ça, Clark, mais c'est encore *plus* important ! Je te le jure. Si j'ai raison, on tient peut-être ce que l'on cherche depuis longtemps --" Elle réfléchit et Clark pouvait presque voir tourner ses méninges. "--*et* ceci va aider Preece; tout ce que nous devons faire est de s'occuper de cette tueuse et il sera sauvé. Un escroc, certes, mais sain et sauf..."

Lois traîna un Clark soumis, quoiqu'un peu désorienté, hors de la salle de conférence, de la salle de rédaction et hors du bâtiment. Le voyage jusqu'à Hyperion Avenue fut l'un des plus courts de l'histoire, même en comptant ceux qu'ils avaient faits quand ils étaient super pressés, et Lois avait à peine garé la Jeep qu'elle se précipitait vers la maison et grimpait l'escalier. Clark, qui avait été "emporté" par le Tourbillon Lane -- verrouilla les portes de la voiture, ferma la porte d'entrée de la maison, enfin ce genre de choses -- juste à temps pour voir sa femme disparaître en haut de l'échelle menant au grenier.

Il la suivit intrigué, s'arrêtant à la porte du grenier et la vit fouiller frénétiquement dans une vieille boîte en carton qu'il reconnut comme étant celle qu'elle avait amenée de son appartement quand ils avaient emménagé, juste après leur mariage. A en juger par le ruban adhésif fraîchement déchiré et les bords retournés, la boîte n'avait pas été ouverte depuis qu'elle avait été fermée, presque trois ans plus tôt. Que pouvait-il y avoir là-dedans pour mettre Lois dans cet état ?

Peu importe ce que c'était, elle ne semblait pas parvenir à le trouver. Il l'entendait marmonner, "Où est-elle passée, où est-elle..." tandis qu'elle éparpillait le contenu de la boîte aux quatre coins de la pièce. Clark baissa ses lunettes et regarda à travers la boîte. Lois l'avait déjà à moitié vidée, mais il ne devinait toujours pas ce qu'elle cherchait, rien de ce qu'il voyait ne sortait de l'ordinaire.

Mais tout à coup elle poussa un "OUI !" satisfait et attrapa quelque chose se trouvant à l'intérieur de la boîte. Mais toutefois pas avec la main; quelle que soit cette chose, elle ne la toucha pas directement, mais la saisit avec un mouchoir propre. Une fois le mystérieux objet hors de la boîte, elle agita le mouchoir avec un visage triomphant -- et remarqua enfin l'expression amusée de son mari, appuyé contre une poutre, le regard interrogateur.

Il n'eut pas à demander de quoi il s'agissait -- ou du moins en parlant; la question était évidente par son attitude -- car Lois se mit à lui expliquer avec enthousiasme et à toute vitesse : "Je l'ai trouvée, Clark, je l'ai *trouvée* ! C'était juste ce qu'il nous fallait, on va montrer au monde ce qu'il est réellement, une fois pour toutes -- regarde --" Elle lui tendit l'objet, mais elle le reprit avant qu'il ne puisse le prendre. "Non, attends, il vaut mieux que tu n'y touches pas -- *je* ne devrais pas y toucher, non plus; c'est pour cette raison que j'ai pris ce mouchoir -- mais ça va être difficile de l'ouvrir de cette manière. Clark, sais-tu où sont les gants de soie -- ou encore mieux, si on prenait ces gants chirurgicaux que Papa nous a donnés quand Laura est née -- comme si je ne pouvais pas toucher ma propre fille, même quand elle a besoin qu'on lui change sa couche --" "Arrête, Lois, arrête …" l'interrompit Clark en riant. "'Ton prénom est Babillage Lane,' pensa-t-il, en se disant, 'et j'espère que ça va le rester encore longtemps.' Il recula, descendit un barreau de l'échelle et elle entendit le *whoosh* familier. Pour Lois, il eut juste l'air de... *vaciller* -- mais quand le vacillement s'arrêta, il tenait une fine paire de gants en caoutchouc et en avait mis lui aussi une paire.

"Oh, merci, Clark," dit-elle, posant avec précaution le mouchoir. Mais avant de prendre ce qu'elle avait demandé, elle retourna à la boîte et fouilla son contenu pendant quelques secondes et en sortit enfin une vieille enveloppe ouverte. Ce n'est qu'après l'avoir posée près du mouchoir qu'elle enfila les gants.

Maintenant convenablement gantée, elle prit le mouchoir et l'enveloppe puis suivit Clark en bas de l'escalier jusqu'au salon. En arrivant, elle s'assit à côté de son mari sur le canapé et posa le mouchoir sur la table basse puis l'ouvrit pour révéler...

...une autre boîte. Une boite de velours rouge, pour être exact.

Clark regarda sa femme. "Lois, pourquoi fais-tu tant de simagrées pour *cela* ?"

Il lui fallut quelques instants pour répondre, tant elle était captivée par la boîte. "Quoi ?" cria-t-elle. "Oh -- je suis seulement prudente, chéri. Tu vois, si j'ai raison, ce que contient cette boîte est la solution à tous nos problèmes avec Lex et je veux juste être certaine que personne ne puisse dire que nous l'avons trafiquée..."

"Continue," répondit Clark, d'une voix grave et sérieuse.

Elle avait l'air de vouloir ouvrir la boîte, mais sans parvenir à le faire -- ou était-ce qu'elle ne *voulait* pas le faire ? Ils ne parlaient ni l'un ni l'autre, jusqu'à ce que le regard de Lois rencontre celui de Clark et elle lui dit, quelque peu embarrassée, "Clark, peux-tu utiliser ta vision trucmuche sur cette boîte ? Je -- je -- tu vas penser que je suis folle, mais j'ai peur de l'ouvrir; ce qu'elle contient est trop important et je veux être *certaine* que les avocats de Lex ne pourront pas dire que nous avons truqué tout ça."

Clark tendit la main pour caresser son visage comme il avait l'habitude de le faire. La sensation de sa main gantée était étrange, mais sa caresse et les sensations qu'elle transmettaient étaient ce qu'elles avaient toujours été -- et c'est juste ce dont Lois avait besoin à cet instant. "Non, Lois," dit-il, leurs regards toujours posés l'un sur l'autre, "Je ne crois pas que tu sois folle. Je ne vais pas te dire ce que je *crois* que tu es, parce que ça pourrait nous distraire -- et, pour autant que je les aime, le moment n'est pas à ce genre de distractions. Je sais que tu es sensible et attentionnée -- et, te connaissant, probablement brillante ! D'accord, tu vas la tenir et la tourner pour que je puisse voir sous tous les angles ce qu'il y a à l'intérieur -- faut-il que je le fasse ?"

Lois n'était pas certaine de savoir s'il devait ou non le faire, alors elle tourna la boîte sur la paume de sa main après que Clark ait enlevé ses lunettes et ait commencé à regarder. Après quelques instants, il lui demanda de retourner la boîte, ce qu'elle fit. Finalement, il siffla de... était-ce de la stupéfaction ? Et il croisa à nouveau son regard.

Dans la boîte se trouvait un médaillon, et à l'intérieur de *ce médaillon*... mais ce n'était pas ce qui avait attiré l'attention de Clark ou provoqué son sifflement. Le médaillon en lui-même paraissait très ancien -- environ 130 ans, si Clark avait raison -- mais son style était étonnamment simple. Il était de forme ovale, avec un dos plat en or massif, sans motifs, sans traits caractéristiques sauf pour ce qui était de la gravure et le devant avait la forme d'un œuf formé d'une pierre semi-précieuse, un jais noir. 'Carrément un jais noir,' pensa Clark; il n'était pas minéralogiste, mais ça paraissait bien être un jais.

"Tu veux me dire ce que c'est ?" demanda-t-il, sa phrase étant mi-question et mi-commentaire.

"Eh bien, tu vois, Lex m'a donné ceci comme 'cadeau prénuptial'. C'est censé être très vieux et *très* rare --"

"C'est le cas de le dire," l'interrompit Clark. "Lois, sais-tu ce que c'est ?"

"C'est un médaillon," répondit-elle, étonnée par son intérêt. "C'est une pièce ancienne que Lex a trouvée dans un catalogue de vente aux enchères. Je ne l'aimais pas beaucoup, mais c'était très cher et c'est tout ce qui comptait pour lui. Ce qui est important est ce qu'il y a *dedans* --"

"Lois...." Clark l'arrêta à nouveau. "Ce n'est pas un médaillon ordinaire. Luthor ne plaisantait pas quand il disait qu'il était rare : je doute qu'il y ait été fabriqué plus de deux pièces comme celle-là et je serais surpris qu'elles se ressemblent. Si tu regardes le dos, tu vois quelque chose de gravé, c'est assez effacé, mais c'est encore clair. Il n'y a que deux lettres : 'RV'."

Lois ne comprenait pas. "Comme pour Réalité Virtuelle ?"

Clark se mit à rire. "Non, chérie. 'Regina Victoria.' Je crois que ce médaillon a pu appartenir à la Reine Victoria."

Lois dressa les sourcils et elle regarda la boîte avec un nouveau respect. Clark tendit la main et tourna la boîte vers lui, un rapide coup d'œil confirma ses soupçons. "Oui," dit-il pensivement, "si tu regardes à l'intérieur du médaillon, il y a une autre gravure : un autre 'RV', mais celui-ci est entrelacé avec la lettre 'A'."

"A pour Albert ?"

"Oui," répéta Clark. "Je me souviens qu'on appelait cela un médaillon de deuil, il a été fait pour la Reine après la mort de son mari. J'en ai déjà vu un comme ça au British Museum." Puis, il s'arrêta et grimaça de dégoût. "C'est typique de Luthor. C'est une pièce unique et d'une immense valeur -- elle n'a pas de prix -- et pour lui peu importe ce à quoi elle était destinée. Quel genre d'homme donne à sa..." Sa voix se serra; même après cinq ans et presque trois ans de mariage, il détestait encore penser que Lois avait été fiancée à Luthor. "...future épouse un médaillon de *deuil* ?"

"Un homme avec un ego gigantesque," répondit sèchement Lois. Elle savait que ces souvenirs blessaient encore Clark -- elle ne les aimait pas trop elle-même -- mais ils *devaient* y penser maintenant, parce que dans la petite boîte qu'elle tenait dans sa main, reposait la clé de la chute de l'homme qui *avait rendu* leur vie si horrible.

"Un homme avec un ego si immense qu'une chose créée pour une reine siérait à *sa* femme," continua-t-elle d'un ton sarcastique, "et un homme qui penserait que lui-- *et* elle -- sont tellement meilleurs que les autres, que la 'simple royauté' peut être honorée d'être remplacée par eux ! C'est la raison pour laquelle il a ôté la mèche de cheveux dans le médaillon quand il l'a acheté et qu'il l'a remplacé par la sienne -- pour que je le *chérisse*." Ce dernier mot était si sarcastique que le ton sur lequel elle l'avait dit aurait pu écailler la peinture.

"Quoi ?" hurla Clark. Il savait que la mèche de cheveux placée dans le médaillon, serrée derrière un morceau de cristal, devait être importante, mais il ne s'attendait pas à *ça*. "Tu veux dire que --"

"Je veux dire que j'ai vu Lex -- ou son clone, parce que c'est arrivé bien après qu'il ait été censé être remplacé par son clone -- couper une mèche de ses cheveux et la placer dans ce médaillon, la sceller ensuite avec un cristal spécialement taillé à cet effet... et qu'elle est là depuis tout ce temps ! J'ai porté cette chose une seule fois, quand il me l'a donnée et après le suicide de Lex, je l'ai fourrée dans le fond d'un tiroir et je l'ai oubliée ! Je crois que c'est la première fois que je la *vois* depuis tout ce temps -- est-ce que c'est ma mère qui a mis le contenu de ce bureau dans un carton ? Ou bien est-ce que c'est Martha ?"

Maintenant, c'était au tour de Clark de dresser les sourcils. Etait-ce possible ? Est-ce que la preuve dont ils avaient besoin pour confondre Luthor se trouvait vraiment dans cette petite boîte ? Il hocha la tête pour lutter contre l'espoir qui surgissait en lui et qui le forçait à le penser, rationnellement et (avec un peu de chance) objectivement. Lois avait eu cette bonne idée : ils tenaient peut-être La Réponse, mais elle ne valait rien si on ne pouvait pas le prouver devant un tribunal.

"D'accord, chérie," dit-il lentement, "avançons pas à pas -- comme s'il agissait d'un article." 'Oh, ça va faire un article, c'est vrai... je l'espère.' "Est-ce que quelqu'un d'autre l'a vue ?"

"Non," répondit Lois, avec la même force et détermination. "Non, cela s'est passé dans ses appartements privés, même Asabi et Nigel n'étaient pas là -- et ils ne peuvent pas servir de témoins. Mais, Clark, nous *pouvons* prouver qu'il pouvait s'agir du clone. L'enchère n'a eu lieu qu'*après* que le clone ait soi-disant pris le contrôle." Elle posa la boîte et prit les papiers se trouvant dans l'enveloppe qu'elle avait trouvée plus tôt. "Regarde, voici le certificat d'authenticité du médaillon. Je n'ai pas daigné le regarder, mais je me rappelle que Lex m'a dit de le garder pour que... comment a-t-il dit ça ? -- 'que la valeur et l'authenticité' du médaillon soient préservées -- c'est bien ça. Je l'ai gardé avec le médaillon, mais sans plus."

Clark prit rapidement connaissance du contenu des papiers et Lois avait raison -- non qu'il en doutait, mais il possédait la preuve écrite. Le 'clone' était l'homme qui avait acheté le médaillon et il avait depuis été remisé et oublié dans la commode de Lois et dans la boîte avec le reste -- ce qui voulait dire que, si l'analyse d'ADN montrait que les cheveux étaient ceux de Lex Luthor...

'Non, attends un peu, Kent. "Un pas à la fois," tu te souviens ? Je crois que l'on connaît l'origine exacte des cheveux; maintenant, que peuvent faire les avocats pour réfuter la preuve et comment pouvons- nous les contrer ? Hmmm...'

Clark prit la boîte à bijoux et la regarda encore, avec et sans super vision -- et quelque chose le frappa. "Oh, mon Dieu..." murmura-t-il.

Il tourna la tête pour regarder sa femme qui était aussi plongée dans ses pensées. "Lois, il faut qu'on apporte ça tout de suite à un laboratoire."

Maintenant, c'était au tour de Clark d'avoir un soudain besoin de *bouger*. Il sauta sur ses jambes, attrapa la main de Lois et la remit doucement, mais indubitablement, sur ses pieds.

"On va voir le Dr Klein ?" demanda Lois, et, comprenant l'urgence de la situation, elle prit son sac, qu'elle avait jeté sur le canapé quand elle s'était précipitée dans le grenier, et le ferma.

"Non. Je crois que nous devrions d'abord voir l'Inspecteur Henderson , il voudra probablement que ce soit le laboratoire de la police qui l'examine. On pourrait peut-être lui demander d'aller chercher le Dr Klein pour qu'il supervise, juste pour être sûrs que ce soit bien fait…"

"Peut-être. Maintenant, pourrais-tu me dire à quoi ça rime?"

"Oh, bien sûr, ma chérie," dit Clark, alors qu'ils passaient la porte, l'air presque surpris de pas l'avoir encore fait. "C'est vraiment très simple..."

En fin de compte, ce fut le Dr Klein qui pratiqua les examens, avec un scientifique attaché à la police (un ami de confiance d'Henderson), en tant qu'assistant et observateur. Ce n'était pas inhabituel; le département de la Police de Métropolis n'avait pas l'équipement de pointe de STAR Labs à sa disposition, aussi il s'agissait d'une procédure normale pour du travail sortant de l'ordinaire. Les policiers trouvaient insensé que la municipalité soit prête à payer des tiers pour s'occuper d'un travail au lieu de dépenser l'argent à équiper convenablement un laboratoire au quartier général, mais essayez donc d'expliquer ça aux gros bonnets...

Les tests particuliers qui devaient être faits dans ce cas précis ne prirent pas beaucoup de temps, même si cela parut durer des siècles à Lois et Clark. A l'inverse, Henderson, habitué à la lenteur du personnel débordé de la police de Métropolis, fut agréablement surpris que les résultats arrivent si "rapidement".

"Eh bien, voilà," dit Bernard Klein, de son ton habituel. "C'est assez concluant. En se basant dendro-chronologiquement sur les tests au carbone 14, confirmés par une identification de pollen, de l'âge des échantillons d'enveloppes cellulaires et d'un compteur d'ozone isotope, je peux certifier que cette boîte n'a pas été ouverte depuis le milieu de l'année 1994. Et le sceau hermétique sous le cristal n'a pas été brisé depuis plus longtemps encore."

"C'est exact, George?" demanda Henderson, tandis que Lois et Clark retenaient leur souffle.

"Soyez en sûr, Bill," fut la réponse du scientifique embauché par la police. "Bernie, ici présent, n'a rien laissé passer. N'importe lequel de ces tests pourrait constituer une preuve au tribunal de la manière dont il les a faits, mais *quatre* ?* Solide comme un roc ! Je serais prêt à jurer à propos de leur précision sur une montagne de Bibles que même Superman aurait de la difficulté à lever."

"Est-ce bien ce que vous vouliez ?" demanda le Dr Klein. Puis, il regarda Lois et Clark, qui étaient en extase. "Je suppose que oui."

"Revenez sur terre, vous deux !" grogna Henderson, après quelques instants. "Nous n'avons pas encore terminé !" Comme les deux journalistes refaisaient surface, l'inspecteur se tourna vers les scientifiques. "Combien de temps prendra le test d'ADN ?"

"Ça ne sera pas rapide, Bill," répondit George, "Pas au niveau de précision dont nous aurons besoin, nous allons mettre dessus le plus puissant séquenceur/analyseur que STAR Labs possède -- et c'est une *sacrée* machine, je vous le dis ! Il ne s'agit pas d'une vérification bâclée et minable; on pourrait faire *ça* et avoir les résultats demain matin avec ce que nous avons là ! Ce qu'il nous faut, c'est un profil détaillé de la séquence d'ADN que nous puissions comparer avec de l'ADN de grenouille et ensuite l'utiliser comme référence quand nous mettrons la main sur un échantillon... du suspect. Et c'est ce qui prendra du temps -- moins de temps qu'auparavant, mais disons à peu près... euh, à peu près une semaine, Bernie ?"

Le Dr Klein acquiesça. Henderson semblait impressionné. "C'est bien," dit-il, comme s'il le pensait réellement. Un bruit étouffé se fit entendre de l'autre côté de la pièce et il jeta un œil vers une Lois abasourdie. "C'est *très* bien, Lane. Ce genre de truc prenait plus d'un mois, si on le faisait correctement, si on voulait que ça tienne devant un tribunal. Et c'est toujours pareil, à peu près n'importe où dans le monde; on a de la chance d'avoir STAR Labs."

Il jeta un oeil à sa montre, puis se retourna vers Klein. "Faites-moi connaître les résultats dès que vous les aurez. Peu importe quand -- le jour comme la nuit, j'ai besoin de le savoir le plus tôt possible."

Les scientifiques se mirent d'accord et partirent, se mettant à parler dans un langage qui leur était propre. L'inspecteur se tourna vers Lois et Clark. "Jusqu'à maintenant, tout va bien. Je vais retourner au quartier général et commencer à compiler la liste des charges, donc si le test d'ADN revient concluant --"

"Vous voulez dire *quand*," commença positivement Lois.

"*Si* il est positif," répéta Henderson, "je serai prêt à aller m'asseoir sur le pas de la porte de la maison du Juge Black cinq minutes plus tard pour avoir un mandat et un ordre de la Cour lui demandant de fournir un échantillon d'ADN. Dans l'immédiat, étouffez cela ! Ça ne me dérangera pas de vous donner l'exclusivité une fois que Luthor sera derrière les barreaux, la moindre fuite pourrait faire échouer toute l'affaire."

"Ne vous en faites pas," le rassura Clark. "Nous sommes tout aussi intéressés que vous pour que tout se passe en douceur. De quoi allez-vous l'accuser ?"

"Ça ne va pas être simple, hein, Kent ? Cette affaire va faire tourner en bourrique le bureau du Procureur ! Définir le statut légal d'un criminel reconnu coupable et réhabilité, alors que ce n'est pas *lui* qui a été condamné, mais quelqu'un se faisant passer pour lui -- seulement à l'époque il ne prétendait pas être quelqu'un d'autre, il l'a fait après avoir été réhabilité-- !Ne me le demandez pas; je suis juste un flic.

"De toute manière, ça importe peu, du moins pas pour commencer. Il y a plusieurs charges dont je peux l'accuser sans avoir à me soucier d'un vice de procédure -- une fois que j'aurai les preuves, bien sûr. Obstruction à la justice; parjure -- et il y a toutes les accusations qui n'ont jamais été portées contre le 'clone', parce qu'on croyait tous qu'il était mort ! Enlèvement -- le vôtre, Lane ; complot pour usurpation d'identité d'un personnage de l'Etat -- d'enlèvement, le Président des Etats-Unis; coups et blessures; tentative de meurtre; incendie criminel... Ce sera suffisant pour occuper monsieur Luthor et ses avocats pendant que les tribunaux définiront si la peine à laquelle il sera condamné pour *ces* accusations sera supérieure à celle qu'il a déjà obtenue il y a quatre ans !"

Sur cette note, ils se préparèrent à partir. Henderson se recula un peu pendant que Lois ne le voyait pas, et fit signe à Clark de faire de même. Lois ne remarqua rien et se dirigea vers l'entrée, pour rejoindre la Jeep.

Quand elle fut sortie, l'Inspecteur prit Clark à part et lui murmura, "Faites-moi une faveur, Kent -- gardez l'œil sur votre femme. Je ne sais pas si elle le réalise, mais elle est la clé de toute cette affaire de clone. Lane est le *seul* témoin qui puisse déclarer que les cheveux se trouvant dans le médaillon venaient du prétendu clone. Sans elle, les avocats de Luthor diront que le clone a mis une mèche de cheveux du vrai Luthor dans le médaillon -- pour couvrir ses arrières, peut-être. Je sais que ça a l'air dingue, mais des choses plus étranges sont arrivées devant les tribunaux.

"Alors, restez près de Lane et gardez-la hors de danger -- si c'est possible. Et si vous voyez Superman, peut-être pourriez-vous lui demander de garder lui aussi un oeil sur elle."

"Ne vous inquiétez pas, Inspecteur," répondit Clark. "Superman et moi allons faire de notre mieux pour protéger Lois. Je vais vous dire, on doit partir quelques jours pour un article lié à cette affaire, ça devrait nous aider à nous faire oublier un moment. Vous avez nos numéros de portables, alors appelez-nous si vous avez besoin de nous -- et quoi qu'il en soit, faites-le quand vous aurez obtenu le mandat. Lois vous *tuera* si vous ne nous donnez pas l'exclusivité sur l'arrestation de Luthor !"

Henderson acquiesça, souriant bien malgré lui, et Clark s'en alla pour aller rejoindre le sujet de leur discussion. Le détective le regarda partir en soupirant. Beaucoup de choses allaient dépendre de la déposition de Lois Lane et il était inquiet. "Superman *et* Kent... J'espère seulement que ce sera suffisant pour garder Lane en un seul morceau," murmura-t-il.

Alex, fatigué, cligna des yeux en fermant la fenêtre contenant le code de ASSASSINLC. Ça tournait bien, mais il avait besoin d'une pause. Malheureusement, on était au beau milieu de la nuit et Nick dormait, ce qui limitait ses options dans sa façon de se relaxer. Il en avait probablement assez fait pour ce soir, mais n'avait pas envie de dormir; que pouvait-il faire pour se détendre ?

'Que fait un bon pirate informatique pour se détendre ?' pensa-t-il. 'Il pirate !' "Allons jeter un oeil à Mon Assassin Préféré..."

Il appela le fichier médical d'Enrico O'Reilly dans la base de données de la Prison de Métropolis pour les fichiers. "Oh, pauvre petit chéri..." murmura-t-il sournoisement en parcourant la liste de médicaments donnés à Enrico. "Le Pauvre Petit a de la difficulté à dormir. Sans doute une conscience coupable... je peux t'aider, bâtard !

"Juste une petite dose du Remède Miracle Contre les Remords du Dr Trifyllis et tous ces terribles secrets qui te tiennent éveillé toute la nuit vont s'évaporer -- ils ne seront plus secrets du tout ! Les policiers vont savoir tout ce que tu as fait pour ton patron... et notre méchant Lex va vraiment être questionné à ce propos ! Je ne crois pas qu'ils pourront l'arrêter pour ça -- pas encore du moins, mais les choses vont changer... une fois qu'il ne possédera plus rien, pas même les vêtements qu'il porte !"

Souriant d'un air vindicatif, Alex commença à travailler sur la liste de médicaments, faisant de temps en temps référence à un article qu'il avait trouvé sur le site Web du "Journal Pharmaceutique de New Troy", en surfant au hasard un jour sur Internet. Il ajouta une nouvelle prescription ici, changea là légèrement la formule d'une autre.... Le résultat final donna une liste remarquablement semblable à l'originale, mais les drogues qu'elle contenait ne feraient pas grand-chose pour aider Enrico à dormir; ce qu'elles *feraient* étaient qu'elles allaient réagir entre elles dans son système sanguin pour créer une espèce d'écran d'inhibition -- un sérum de vérité, en fait. Une fois qu'il ferait effet, dans les jours suivants, Enrico O'Reilly allait répondre à *toutes* les questions qu'on poserait, avec de menus détails. Le gros problème serait celui qui allait l'interroger, comment parviendrait-il à le faire taire ?

Lindy Barrows gara sa voiture sur le côté de la route et tendit la main vers l'arrière pour transférer son sac de voyage sur le siège passager avant. Elle avait été stupide de le mettre derrière, mais la force de l'habitude pouvait faire faire beaucoup de choses stupides.

Maintenant qu'elle était loin de l'aéroport, elle sortit son ordinateur et son téléphone cellulaire et les brancha ensemble, comme elle l'avait fait lorsqu'elle était à Métropolis. En quelques instants, elle se trouva connectée à son serveur de courrier, mais aucun nouveau message ne l'attendait. C'était une bonne nouvelle; cela voulait dire que Preece -- d'accord l'argent, mais Lindy ne l'imaginait pas filer sans l'argent -- n'était pas sorti de la petite ville. Elle en était étonnée : avec tout cet argent, elle aurait volé hors du pays comme un faucon pèlerin avec la queue en feu. Au lieu de cela, Preece avait voyagé jusqu'à cette petite ville, apparemment pour rester sous le couvert de l'anonymat jusqu'à ce que la chaleur soit retombée.

Il était vraiment naïf de sa part de penser que l'atmosphère allait *un jour* se détendre. On ne peut pas voler *quelque chose* à Lex Luthor et espérer qu'il l'oublie, surtout s'il s'agit de 300 000 dollars, au moment où la LexCorp manquait d'argent. En y repensant, il était étrange que Preece n'ait pris que si peu, peut-être n'aimait-il pas à ce point l'argent, ou alors il avait seulement volé le montant avec lequel il pensait pouvoir s'en sortir. Peut-être croyait-il qu'une somme aussi petite passe inaperçue... Manque de chance.

D'accord, elle devait localiser sa cible en peu de temps; une fois arrivée, il serait temps de rétrécir ses recherches-- et c'était là le travail du petit gadget qui se trouvait dans son sac. Encore une des autres merveilles de haute technologie des plus récentes produites à LexLabs, elle avait été nommée Tricorder et sa fonction consistait à localiser les fuites et les émissions non désirées de toute substance détectable en provenance de l'extérieur. Ce procédé combinait un ou plusieurs détecteurs, ceux qui étaient appropriés n'avaient qu'à être branchés convenablement et, avec un système de navigation par satellite extrêmement fiable, cela permettait au lecteur une localisation d'une très grande précision.

Ce Tricorder particulier, le premier d'une production spéciale pour la Division de la Sécurité de la LexCorp, avait été conçu pour détecter la teinture utilisée par LexTrace. Il possédait le tout dernier programme assisté par GPS de la Division des Communications, qui était, selon les rumeurs, si précis que le Pentagone avait mis sur pied un projet clandestin pour étudier les moyens de le défier. Cela ne dérangeait pas Lindy; ce qui lui importait était que cette petite boîte noire pouvait lui permettre de traquer l'argent volé et, à l'endroit où se trouvait cet argent, elle allait aussi trouver Owen Preece.

Malheureusement, le détecteur de teinture, qu'importe sa manière de fonctionner, n'avait qu'une courte portée, elle devrait alors tourner dans Hickburg jusqu'à ce qu'elle trouve une piste. Cela ne lui prendrait pas trop de temps -- la ville n'était pas vraiment grande -- et une fois qu'elle l'aurait repéré, ce serait un problème de moins à se soucier pour le patron.

Lindy démarra la voiture et se dirigea vers la ville, le Tricorder posé sur le siège à ses côtés. Dans quelques heures, elle allait pouvoir commencer sa chasse.

Le camping-car arriva en ville à une vitesse assez lente, trois de ses occupants regardaient un environnement qui leur était familier, alors que le quatrième passager fronçait les sourcils en regardant une carte routière... et le cinquième dormait confortablement dans son siège de bébé. Pour Martha, Jonathan et Clark, c'était aussi confortable qu'à la maison; c'était l'Illinois, pas le Kansas, mais certaines choses dans une petite ville restaient universelles. Pour Lois, bien sûr, cela signifiait qu'elle se retrouvait encore à explorer des territoires inconnus, mais au moins cette fois, elle avait trois interprètes pour l'aider à comprendre les autochtones.

"Territoires inconnus" semblait être aussi le terme approprié à la situation, étant donné qu'elle avait du mal à trouver identique ce qu'elle voyait à travers les vitres du camping-car à ce qui était censé s'y trouver d'après la carte. C'était frustrant; ils étaient ici, à peine à une demi-heure de route de (si c'était bien cela) Decatur -- un patelin si petit, isolé de toute civilisation -- et cette maudite carte lui était aussi utile que si elle naviguait sur le Zambèze !

'Pourquoi les gens de ces petites villes essaient-ils de tout *cacher* ?' pensa-t-elle, exaspérée, en cherchant un panneau de signalisation, un repère familier comme un hôtel de ville -- *n'importe quoi* qui lui donnerait une idée de sa situation géographique, pour pouvoir savoir où était situé le terrain de camping qu'ils allaient utiliser comme base.

"Tu as des problèmes, chérie ?" lui demanda Clark, reconnaissant les signes.

"Non, non, bien sûr que non-- *oui !*" répondit Lois, tout d'abord déterminée à prouver, comme toujours, qu'elle pouvait faire face à toutes les situations et décidant ensuite que ça n'en valait peut-être pas la peine, alors qu'elle avait ses "guides indigènes" pour lui donner un coup de pouce. "Tiens," dit-elle, lui donnant la carte, "Tu es l'expert des petites villes, cow-boy; *tu* te débrouilles pour savoir où on est !"

"D'accord," dit-il, ravi de le faire. Il regarda quelques instants la carte, puis jeta un œil à l'extérieur. Lois l'observait, légèrement agacée, avec la ferme conviction qu'il allait immédiatement découvrir la réponse et donner à Martha, qui conduisait, la direction à prendre... mais rien n'arriva. Clark dressa les sourcils et jeta un autre coup d'œil à la carte, puis leva sa tête et regarda autour de lui, se retournant sur son siège pour regarder derrière lui.

"Je comprends pourquoi tu as eu des problèmes," dit-il d'un ton pince-sans-rire. "Je crois que je vais devoir tricher un petit peu." Il baissa légèrement ses lunettes et jeta un autre coup d'œil aux alentours; pour un observateur extérieur, son geste n'aurait pas paru différent du précédent, mais les passagers du camping-car avaient compris.

"Nous y voilà..." dit Clark, après quelques instants. "Maman, tourne à droite à l'église."

'Remercions le Ciel pour la super-vision,' pensa Lois. Une fois qu'ils parvinrent à se situer sur la carte -- ou plutôt, une fois qu'ils eurent réalisé que la carte ne valait que le prix du papier sur lequel elle était imprimée et que Clark ait dit à Martha comment se rendre à l'endroit où ils voulaient aller -- il ne leur fallut que quelques minutes pour arriver au terrain de camping.

Le propriétaire était très gentil, surtout après avoir découvert que les Kent étaient originaires du Kansas (Lois n'ouvrit pas la bouche et personne ne corrigea l'impression erronée de l'homme). Il rit quand Jonathan lui fit part de leurs problèmes de carte routière, disant que la compagnie qui éditait ces cartes était connue dans la région pour ce genre de choses; il semblait qu'ils avaient mis la main sur un vieux relevé mal fait et qu'ils avaient élaboré leurs cartes en se basant dessus. Les erreurs leur avaient été signalées des douzaines de fois, mais la compagnie ne voulait pas faire les frais de réimprimer de nouvelles cartes -- du moins pas avant d'avoir vendu les anciennes. Ils s'en sortaient parce qu'il n'y avait pas beaucoup de passage dans les environs-- les gens qui traversaient la région ne quittaient presque jamais les grandes routes -- et, de toute façon, les gens du coin savaient où ils habitaient.

Ses explications irritèrent Lois et elle commença à marmonner qu'il faudrait enquêter sur les escrocs de province. Clark acquiesça discrètement, mais dans l'immédiat, il fallait remettre cela à plus tard; à cet instant, il vit une opportunité d'amener la conversation vers un sujet précis. "Si c'est le cas, quelqu'un que nous connaissons a peut-être rencontré récemment le même problème," dit-il en passant. "Auriez-vous, par hasard, rencontré Owen Preece ?"

Clark se tourna vers Lois. "Tu te rappelles d'Owen, chérie ? Il travaillait dans l'informatique, jusqu'à ce qu'il fasse… une dépression et décide de prendre sa retraite."

Lois joua le jeu. "Oh, bien sûr que je me rappelle d'Owen. Un jour, il a annoncé qu'il partait, et aux dernières nouvelles, il faisait le tour du monde. Mais il a toujours voulu voir cette région avant toute autre. La dernière fois que nous avons entendu parler de lui, il était dans le coin," dit-elle au propriétaire du camping. "C'est une des raisons pour lesquelles *nous* sommes venus ici, il a dit que la région était si paisible que nous avons voulu venir nous aussi y jeter un coup d'œil. A vrai dire, il semblait tellement l'aimer que nous nous sommes demandés s'il s'était arrêté ici quelques temps. L'avez-vous déjà rencontré ?"

Le propriétaire ne le pensait pas, mais il faut dire que le camping le tenait très occupé. S'ils voulaient savoir ce genre de choses, ils devaient interroger Verity Marshall; non seulement c'était elle qui dirigeait la seule agence immobilière de la ville, mais elle était aussi la plus grande fouineuse et la plus grande commère de tout le comté. Si *quelqu'un* de la région savait où était ce type Preece, ce devait être Verity.

Lois et Clark échangèrent des regards pleins de sous-entendus. Martha remercia leur interlocuteur intarissable et gara le camping-car à l'endroit qui leur avait été assigné. Clark était satisfait de voir que leur place se trouvait non seulement proche des commerces mais que de plus elle était située en retrait sur une pente qui constituerait une excellente couverture pour des supers départs et arrivées.

Pendant ce temps, Martha réfléchissait. "Eh bien, on dirait que vous avez votre premier indice," dit-elle, en se garant. "Voulez-vous aller en ville voir cette Mme Marshall pendant que Jonathan et moi dressons le camp avec Laura ? Oh, attendez -- comment allez-vous aller en ville si on reste ici avec le camping-car ? On devrait peut-être y aller avec vous ?" "Ne t'inquiète pas, Maman. On n'envisageait pas de prendre le camping-car. On ne veut pas abuser et l'important est de vous avoir ici avec nous et d'avoir un endroit éloigné du lieu de notre enquête où nous savons que Laura sera en sécurité et qu'elle pourra être surveillée. Nous allons..." Il fit le petit signe d'envol. "...en ville et s'il s'avère que nous devons rester ici un certain temps, nous irons à Decatur et nous louerons une voiture. De toute façon, nous passerons davantage inaperçus si nous devons nous déplacer."

"Oh. D'accord, chéri." Martha semblait déçue -- et elle l'était probablement, si Clark connaissait bien sa mère. Cependant, il ne voulait pas que ses parents soient impliqués dans cette histoire. Il aurait préféré que *Lois* ne soit pas impliquée non plus, étant donné qu'elle était vitale pour confondre Luthor sur son histoire de clone, mais il se gardait bien de suggérer qu'elle reste ici pendant qu'il irait voir ce qu'il pourrait tirer de Mme Marshall. La *vraie* raison pour laquelle ses parents étaient ici, la raison derrière la raison qu'il venait juste de donner, était que Lane et Kent puissent travailler ensemble et voilà tout.

Naturellement, avec cette idée en tête, le Destin intervint sous la forme d'un appel sur son téléphone cellulaire quelques minutes plus tard. Surpris malgré tout, il le sortit de la poche de son veston et répondit : "Ici Clark Kent."

"Kent, c'est Henderson. Est-ce que votre 'histoire' aurait un rapport avec cette série de meurtres sur lesquels vous et Lane enquêtez et pour lesquels vous n'arrêtez pas de harceler les Homicides depuis des mois ?"

"Eh bien... oui. Nous pensons savoir qui sera le prochain sur la liste et nous essayons d'empêcher qu'il devienne la victime numéro 27."

Henderson grogna. Pendant un instant, il pensa suggérer aux deux journalistes d'alerter la police locale (peu importe où ils étaient), mais il se rappela à qui il parlait -- ou plutôt, qui était la partenaire de Clark -- et décida de ne pas gaspiller sa salive. "Est-ce que ça va prendre beaucoup de temps ?"

"On ne sait pas -- pourquoi ?"

"Parce que j'aurais besoin de vous tout de suite -- *vous*, Kent ! Je veux que Lane se tienne le plus tranquille possible. Vous rappelez-vous d'Enrico O'Reilly ?"

'Trop bien,' pensa Clark. 'Il nous a presque tués Lois et moi. Si Nick Trifyllis ne nous avait pas remis dans nos corps...' "Que se passe-t-il avec lui ?"

"Quelqu'un l'a drogué à l'hôpital de la prison et il a confessé presque tous les meurtres, de plus il dit qu'il a fait cela sur les ordres de Luthor. Ce ne sont pas des preuves admissibles, mais ça nous donne un foutu indice ! Le truc est que, comme personne de la section des Homicides ne pensait que *tous* ces meurtres étaient liés, les faits étaient éparpillés dans deux douzaines de dossiers et il va nous falloir des jours, voire des semaines, pour tout reconstituer -- mais vous avez travaillé tous les deux dessus, alors j'ai pensé que vous aviez peut-être ce dont j'ai besoin. Est-ce que par hasard vous pourriez venir au quartier général et me laisser regarder ce que vous avez ?"

Clark s'arrêta et réfléchit. Il lui était facile de retourner à Métropolis pour donner à Henderson une copie de leurs dossiers, mais cela voulait dire qu'il allait devoir quitter Lois. D'un autre côté, c'était peut-être la chance de parvenir à relier Luthor à ces meurtres et Clark voulait qu'il paie pour le plus de crimes possibles pouvant être prouvés au tribunal. En outre, le grand nombre de charges auxquelles il allait être confronté allait garder Luthor et ses avocats très occupés, et il y aurait moins de risques qu'ils puissent contester les tests d'ADN.

"Attendez une seconde, Inspecteur," dit-il, en pressant sur le bouton pour parler en privé. Lois était, naturellement, en train de le contempler avec une curiosité sans bornes. "Chérie, c'est Henderson -- *non*, les tests d'ADN ne sont pas encore terminés," dit-il, devançant la question évidente qu'elle brûlait de poser. "Rien de concret -- pour l'instant. C'est O'Reilly -- il est encore à l'infirmerie de la prison, mais il a été drogué par quelqu'un et il est en train de confesser tous les meurtres ! Et il les a commis sur les ordres de Luthor ! Henderson veut que je lui donne une copie de nos dossiers pour gagner du temps."

Différentes émotions passèrent sur le visage de Lois : la joie, l'étonnement, le rire, le triomphe, la confusion -- elles y étaient toutes, et même quelques-unes en plus. Elle comprenait aussi ce que ça voulait dire pour leur situation immédiate. "Vas-y," dit-elle fermement. Quand il hésita, elle le chassa d'un geste. "Va ! Et tu me laisseras en ville sur ton chemin."

Cela le fit *vraiment* hésiter, mais Lois s'y attendait. "S'il te plaît, Clark. Tu *dois* retourner à Métropolis; Henderson a *besoin* de nos dossiers. Réfléchis un peu, ça pourrait être l'issue que nous attendions. C'est peut-être la meilleure chance de mettre Lex en prison -- et une fois enfermé, on pourra travailler sur cette histoire de clonage à notre guise -- ou à celle du Dr Klein.

"Ne t'en fais pas pour moi. Je sais qu'Henderson t'a inquiété à mon sujet et je sais pourquoi, mais je *vais* faire attention. Je vais simplement aller chez Mme Marshall et je reviendrai tout de suite et je t'attendrai -- je *le ferai*, même si elle sait où se trouve Preece. Mais je dois y aller, tout de suite, et toi aussi."

Clark n'était pas ravi, mais il ne pouvait pas discuter. D'une certaine manière, il n'était pas surpris que Lois ait deviné ce qu'Henderson lui avait dit à son sujet; il ne pouvait qu'espérer que ceci allait lui permettre de faire plus attention -- mais il en doutait. Toutefois, il ne pouvait rien faire; elle avait raison et ils avaient tous deux besoin d'y aller.

En soupirant, il dit à Henderson qu'il serait là aussitôt que possible -- ce qui lui prendrait moins d'une heure s'il pouvait… "trouver le moyen de s'y rendre." Henderson lui dit qu'il l'attendrait.

Clark se dirigea à l'arrière du camping-car et tourbillonna pour revêtir son costume. Lois était prête et il la souleva, puis ils s'envolèrent dans le ciel.

"Ahhhhhh...."

Nick leva les yeux du magazine qu'il lisait, au long et satisfaisant soupir d'Alex, qui remplit la pièce. "Regarde ça..." murmura Alex, ses yeux rivés sur le code de son écran. "Quelle vue enivrante. La voilà... la fin de la LexCorp, qui attend que j'appuie sur une touche."

En entendant cela, Nick, se plaça derrière lui. "Alors, c'est fait ?"

"Oh, oui, Nicky. C'est fait. Écrit, testé, vérifié -- c'est prêt à partir. Et tout ce que je dois faire --" Alex s'interrompit en pensant à quelque chose et il pivota sur son siège pour regarder son frère. Il tendit la main et saisit le bras de Nick. "Non, j'ai une meilleure idée. Tout ce que *tu* dois faire est d'appuyer sur 'Retour'."

"Moi ?"

"Oui, toi. Je sais que tu t'es ennuyé ferme pendant que je travaillais là-dessus, alors c'est à ton tour de t'amuser. Tu n'as qu'à appuyer sur Retour et tout sera lancé.

"Allez, Nicky," le pressa Alex, quand Nick sembla hésiter. "C'est notre chance de nous venger du type qui a tué Chris -- et beaucoup d'autres gens. C'est ce que Beth Luthor nous a demandé de faire -- de couper Luthor de son argent et de son pouvoir, de le détruire pour qu'il puisse aller en prison comme l'escroc qu'il est en réalité ! Eh bien, *ça*, c'est la façon de le faire.

"Et je veux que *nous* le fassions, ensemble, parce que c'est *notre* frère qu'il a assassiné. J'ai écrit le code, alors je veux que tu sois celui qui le rende opérationnel."

Nick n'était pas certain de cela; il était encore moins certain de ce qu'Alex avait fait pour soi-disant aider Beth Luthor, mais malgré tout, ça ne semblait pas le déranger. Alex avait raison, et il se dit que Luthor devait payer pour les crimes qu'il avait commis, c'était ça... ou le tuer ! Et cette dernière option n'était pas une solution; Nick ne voulait pas se rabaisser au niveau de Luthor et il ne voulait pas voir Alex se rabaisser non plus. Alors...

Lentement et avec réticence, il tendit la main et appuya sur Retour. La touche, de la grandeur d'un bout de doigt au bout de son bras, était si légère qu'il pensait presque qu'il ne l'avait pas enfoncée assez fort pour la déclencher. L'ordinateur le contredit toutefois, et une série de caractères incompréhensibles commença à défiler sur l'écran... jusqu'à ce qu'il se ferme de lui-même, laissant uniquement le message crypté :

COMMANDE A DISTANCE ACTIVÉE. Programme téléchargé à 15 destinations. Première phase enclenchée pour SINGAPOUR. L'échange sera ouvert dans 05:38:27.

Tandis que Nick regardait la scène, les 15 destinations passèrent à 16 et le "27" passa à "26" et ensuite à "25"... puis le message disparut et l'écran reprit son apparence normale. "Dis, Alex, qu'est-ce que c'est ? Un compte à rebours ?"

"Tu as raison de le croire. C'est le compte à rebours d'Armageddon pour la LexCorp, de notre part et de la part du monde capitaliste. Et l'horloge fait tic-tac..."

Lindy se promenait en ville au hasard -- ou pas; il n'y avait pas tellement de routes à choisir -- suivant le même chemin que le camping-car avait précédemment emprunté. Elle avait aussi la même carte et avait des problèmes similaires pour savoir exactement où elle se trouvait. Cela se révélait particulièrement frustrant, parce que a) elle avait besoin de trouver un endroit où loger, et b) comment pouvait-elle faire une recherche minutieuse et complète de la ville pour trouver Preece si elle ne pouvait pas se fier à sa carte ?

La solution au premier de ses problèmes apparut un pâté de maisons après l'église, sous la forme du Shady Rest Motel. L'endroit ne l'impressionna pas au premier coup d'œil et cela ne s'améliora pas avec un peu plus d'attention; toutefois, le motel était (raisonnablement) propre et se trouvait *sur place*, alors elle devait tirer le meilleur de la situation.

Tandis qu'elle signait son entrée (sous le pseudonyme de "Lorna Barnes"), elle apprit la supercherie des éditeurs de la carte et elle fut informée qu'elle pouvait se procurer une carte locale fiable au magasin général. Après avoir déposé son sac dans la chambre du motel et fait une autre vérification pour savoir où se trouvait Preece (pas de changement), elle retourna en ville pour acheter une carte.

Elle avait les indications pour se rendre au magasin général, qui était, comme on pouvait s'en douter, situé au centre ville avec les autres services "essentiels" comme la banque locale et l'agence immobilière. Cela tombait particulièrement bien que la banque ait été si proche, car ça lui permettait de pointer le Tricorder vers le bâtiment et donc de confirmer que Preece n'y avait pas déposé son magot.

C'était la chose qu'elle redoutait le plus depuis qu'elle avait appris où Preece se cachait. Il était peu probable qu'il ait déposé l'argent dans une banque -- la vitesse et l'étendue des communications modernes signifiaient que même des endroits reculés comme celui-ci pouvaient avoir été avertis de surveiller les dépôts importants d'argent -- mais s'il l'avait *fait*, cela ne lui aurait pas facilité la tâche car elle allait, soit devoir surveiller la banque et attendre son arrivée, soit essayer de le retracer avec les petites quantités de teinture LexTrace ayant pu tomber des billets et qui se seraient retrouvées sur ses vêtements, ses bagages et sa peau. Elle allait peut-être devoir le faire si Preece avait caché l'argent quelque part loin de lui -- comme, disons, en l'enterrant -- mais il serait temps de s'occuper de cela une fois qu'elle aurait trouvé l'argent. Dans un premier temps, par contre, elle avait besoin de cette carte...

"Désolée, madame, mais je ne trouve pas de traces de M-Monsieur Preece dans nos dossiers," dit le jeune homme en bégayant, tandis qu'il revenait de l'arrière-boutique. "Ma-Madame Marshall devrait être de retour dans environ une heure. D-dois-je lui demander de vous appeler ?"

"Oh, *non*," dit Lois, comme si cette idée était tout à fait ridicule. "Ce n'est pas tellement important," mentit-elle. "C'est simplement une vieille connaissance que nous pensions voir, *s'il* était ici. Nous ne savons même pas s'il est resté ici plus de quelques jours, mais le propriétaire du camping nous a dit que Madame Marshall saurait s'il était ici."

"Eh bien, c'est tout à fait vrai," répondit-il, se sentant un peu moins paniqué, maintenant que cette belle étrangère lui avait assuré qu'il ne s'agissait pas d'une question de vie ou de mort. Il allait prolonger sa visite -- et son occasion de se rincer l'œil -- en l'engageant dans une conversation n'ayant franchement rien à voir avec le travail, et il donna les détails suivants : "Verity-- Mme Marshall -- est en quelque sorte le porte-parole non officiel de la ville. Et l'officiel également, quand le gouvernement en prend un. Elle dit que c'est pour cela qu'elle passe tant de temps à chercher ce qui se passe en ville -- ça et parce que c'est bon pour les affaires, mais tout le monde sait que c'est parce qu'elle adore cancaner.

"Vous devriez faire attention, madame ! Verity saura si M. Preece vit dans le coin, je vous le dis, mais elle se mettra en quatre pour savoir qui *vous* êtes et si vous allez rester longtemps dans les parages."

"Oh, c'est très bien," dit Lois, "J'enverrai simplement mon mari la prochaine fois. Il sait s'y prendre avec les gens comme ça." 'Et il s'arrangera pour que tu gardes tes yeux ailleurs, mon garçon.'

Parler de son mari parut momentanément décourager le jeune homme, quoique Lois soit certaine qu'il avait dû voir ses bagues et elle saisit cette occasion pour prendre congé et s'en alla. Elle ferma la porte de l'agence derrière elle et se cacha derrière un mur en voyant Lindy Barrows sortir d'une voiture et entrer dans le magasin général qui se trouvait juste à côté.

Une fois certaine que la femme était entrée dans la boutique, Lois se dirigea prudemment vers la voiture. Elle jeta un œil à l'intérieur et aperçut le Tricorder sur le siège avant.

'Qu'est-ce que c'est, ce truc ?' pensa-t-elle, ses yeux parcourant l'entrée du magasin général, puis revenant à la voiture. Toutefois, il n'y avait rien d'autre d'intéressant, elle battit donc en retraite vers un coin de la rue où elle pourrait surveiller sans se faire remarquer -- du moins l'endroit où était la voiture -- et elle commença à réfléchir sans s'affoler.

Que devait-elle faire ? Clark n'était pas là et elle ne savait pas quand il serait de retour. Lindy Barrows *était* ici et le truc dans sa voiture, ce... quoi ? Lois ne savait pas ce que c'était, mais elle était prête à parier que ça avait quelque chose à voir avec le fait de retrouver Preece. Ce qui voulait dire que la manière la plus facile et, par-dessus tout, la plus *rapide* de trouver ce type en l'absence de Clark était probablement de suivre Barrows -- mais comment allait-elle le faire ? Elle n'avait pas de voiture et elle ne pouvait pas en avoir une dans les prochaines minutes, avant que la femme ne sorte de ce magasin et s'en aille. Même si elle avait une voiture prête qui l'attendait, il lui serait difficile de suivre quelqu'un sur les routes tranquilles sans que cela paraisse louche.

Lois leva les yeux au ciel, espérant contre toute attente de voir une silhouette familière vêtue d'une cape, mais elle n'y était pas -- ce qui n'était pas surprenant. Et à vrai dire, *personne* n'était là, elle n'avait jamais vu de ville, petite ou grande, aussi déserte que l'était cet endroit. D'accord, cela voulait dire qu'elle ne pouvait compter que sur elle-même. Le moment était venu d'avoir recours aux méthodes qui avaient fait de Mad Dog Lane le fléau du milieu de Métropolis.

Ses yeux encore fermement fixés sur le magasin général, Lois se pencha et alla près de l'arrière de la voiture, remerciant le ciel que Lindy ait garé l'avant vers le trottoir et commença à travailler la serrure de la valise avec une épingle à cheveux. Il lui fallut quelques essais, mais son habileté ne l'avait pas désertée et elle put rapidement l'ouvrir. Comme elle l'avait espéré, le coffre spacieux était à peu près vide -- mais pas pour longtemps. Elle grimpa à l'intérieur et elle ferma le capot, entourant l'anse de son sac à main autour de la poignée du capot pour empêcher la serrure de s'enclencher, cela permettant également au capot d'avoir l'air bien fermé. S'allongeant dans le coffre du mieux qu'elle le put, Lois attendit.

Son attente ne fut pas longue. Elle sut par les sons étouffés qu'elle entendait en provenance de l'extérieur que Lindy était sortie du magasin et qu'elle était remontée dans la voiture, jetant un sac de courses sur la banquette arrière. Lois s'attendait à ce que la voiture se mette en route presque tout de suite, mais au lieu de cela, il y eut une attente qui s'éternisa, rien de concret ne semblait arriver et elle se demandait ce que faisait la femme sur le siège du conducteur. Des bruits de frottement et de crépitement se faisaient entendre de l'intérieur de la voiture, ce qui semblait indiquer qu'elle faisait quelque chose avec du papier; cela dura un moment et Lois se demanda avec un sourire si Lindy essayait de trouver un sens à une de ces cartes mal fichues.

Si oui, il semblait qu'elle avait plus de chance que Lois et Clark n'en avaient eu -- ou peut-être n'avait-elle pas encore réalisé que c'était sans espoir -- car elle fit démarrer le moteur peu de temps après, puis remonta la rue, se dirigeant vers la sortie de la ville.

Pour ce qui devait être la centième fois -- quoique, à la façon dont elle se sentait d'avoir fait cela aussi longtemps, la *millième* fois semblait plus juste -- Lindy se gara sur le côté de la route, arrêta la voiture et prit le Tricorder. L'activant, elle le déplaça dans la voiture pour qu'il balaie les environs à la recherche de l'argent marqué... et cria de joie quand il s'alluma *enfin* et sonna pour confirmer sa lecture positive.

'Enfin !' pensa-t-elle, 'Il était temps.' Elle avait espéré que ses recherches soient relativement rapides -- jusqu'à ce qu'elle se procure une carte convenable de la ville. Elle avait été surprise de voir comment cet endroit était disposé et son optimisme avait quelque peu disparu quand elle s'était mise à chercher le nombre de points à scanner nécessaires pour couvrir *toute* la surface avec le Tricorder.

Naturellement, elle n'avait pas eu la chance de détecter quoi que ce soit -- du moins pas de l'ampleur qu'il fallait pour localiser le butin, même s'il y avait beaucoup d'endroits indiquant où Preece avait dépensé quelques dollars -- jusqu'à ce qu'elle passe des heures frustrantes ne la menant nulle part, qui lui firent balayer quelque chose comme 95 % de la ville. C'était seulement maintenant, alors que le crépuscule commençait à tomber, qu'elle trouvait ce qu'elle voulait.

En fait, ce serait une vraie corvée de traîner le Tricorder avec elle dans le noir; mais cela lui permettrait de s'approcher de la cachette de Preece, sans parler de la confrontation ultime -- ou, pour être plus exact, son assassinat -- c'était aussi simple que ça. Cependant, elle devait tout d'abord trouver l'argent -- et sa victime.

Elle passa quelques instants à localiser l'argent de manière plus précise et elle tira une ligne grossière indiquant sa position sur la carte. Puis, elle se dirigea vers le point suivant et fit un autre scan -- qui, à son grand soulagement, fut encore positif. Encore une fois, elle prit son temps pour trouver la direction précise de la "cible" et l'inscrivit sur la carte. L'intersection des deux lignes devait indiquer la position précise de l'argent de Preece, peut-être que si les repères avaient été dessinés avec les outils appropriés sur une surface plane décente, ça aurait été exact; toutefois, Lindy n'était pas si stupide de croire que sa technique de dessin - rapide et floue - pouvait produire quelque chose de plus qu'un point de repère pour commencer une recherche plus approfondie.

Heureusement pour elle, elle ne s'était pas limitée uniquement à deux scans et plus elle en prenait, plus elle avait de chances de bien amorcer sa recherche. Toutefois, elle ne parvint à tracer qu'une troisième ligne sur la carte avant de s'éloigner de l'argent et que le Tricorder ne redevienne inactif. Les choses n'allaient pas si mal, par contre, car les trois lignes qu'elle avait tracées convergeaient toutes vers un petit secteur de la carte, qui représentait une maison entourée de bâtiments de ferme, probablement assez vieille, car elle était proche de la ville.

Lindy lut la carte sous une lumière de plus en plus faible, mais elle ne trouva rien ressemblant à une entrée menant vers la ferme, elle pensa alors qu'elle allait devoir rouler un peu plus pour trouver un moyen d'entrer. Elle fit demi-tour et revint lentement sur la route, cherchant le chemin que la carte lui indiquait, qui allait la mener plus loin que les bâtiments de ferme.

Quelques minutes plus tard, elle glissa la voiture, tous feux éteints, sous un bouquet d'arbres près de la clôture de la ferme. Elle voyait la maison et les autres bâtiments, même s'ils ressemblaient plus à des ombres noires sans formes, dans le pourpre de la nuit. La seule lumière visible venait de la maison-même, elle supposa donc que l'endroit devait être tranquille pour le reste de la nuit -- ce qui lui convenait tout à fait.

Elle leva à nouveau le Tricorder, mais cette fois, avec un sentiment d'anticipation au lieu de l'ennui qui avait accompagné ses efforts précédents. Elle le pointa vers la maison et obtint une lecture positive, mais assez faible. Mais en se déplaçant en direction de la grange, le scan lecture fut beaucoup plus fort. 'Bon d'accord, l'argent est dans la grange -- Décidément, que peut-il exister de plus banal? -- et il y a quelque chose dans la maison; soit quelques dollars du magot, soit Preece s'est imprégné de teinture,' pensa-t-elle.

La question était maintenant de savoir ce qu'elle allait faire ? S'en prendre à Preece, avec la présence possible d'autres personnes dans la maison, ou bien chercher l'argent, en sachant que Preece serait susceptible de venir -- mais pas nécessairement ce soir ? Eh bien, peu importe son geste, elle allait sortir de cette voiture et fouiller l'endroit à pied; elle avait vraiment besoin de se détendre d'avoir conduit.

Dans le coffre, Lois ressentait la même chose. Elle avait bougé et s'était étirée autant qu'elle avait pu le faire dans sa cachette, mais elle avait dû faire attention de ne pas faire de bruit et aussi se méfier que le coffre ne s'ouvre pas. Les limites qu'elle s'était imposée l'avaient engourdie, elle était donc très heureuse d'entendre la portière de la voiture se fermer ainsi que le cliquetis du système de verrouillage central.

Lindy avait dépassé les barrières de la ferme avant de s'arrêter, pour trouver la meilleure façon de s'enfuir après avoir terminé sa mission, et donc Lois parvint à la voir se déplacer furtivement le long de la clôture puis dans la cour. Une fois hors de vue, Lois sortit du coffre et passa quelques instants à faire travailler ses muscles endoloris; puis, se sentant redevenir humaine, elle prit conscience de sa situation.

Elle n'avait pas d'idée précise de l'endroit où elle se trouvait, mis à part que c'était à la périphérie de la ville. Barrows était venue ici pour traquer Preece, utilisant comme guide un truc électronique et s'infiltrant maintenant dans la ferme pour des raisons inconnues, mais probablement pour une raison abominable et qui devait avoir un rapport avec Preece et son argent. Elle devait aussi certainement être, comme le soulignait l'expression utilisée par les forces de l'ordre, armée et dangereuse.

'Hmmm...' pensa Lois, 'Si j'étais flic, là, tout de suite, j'appellerais les renforts.' Ce qu'elle allait faire, maintenant qu'elle avait un peu d'intimité. Elle fouilla dans son sac et y trouva, avec beaucoup de soulagement, son téléphone cellulaire. Le sortant, elle allait appuyer sur une des touches directes et rapides, mais s'abstint de le faire. Elle ne savait pas encore si Clark était revenu et ce n'était peut-être pas une bonne idée de l'appeler; s'il était dans son costume, il n'allait pas pouvoir répondre. Il valait mieux appeler les Kent; de cette manière, si Clark était revenu, elle pourrait lui parler. De plus Martha et Jonathan s'inquiétaient peut-être.

Et ils étaient inquiets. "Lois, chérie, où *êtes-vous* ?" lui demanda une Martha inquiète. "Ça fait des *heures*..."

"Je sais, Martha, je sais. Clark est-il là ?" murmura Lois.

Tout comme Lois, Martha baissa la voix. "Non, il n'est pas là. Pourquoi ? Avez-vous des problèmes ? Avez-vous besoin d'aide ? Où êtes-vous ?"

'Bonne question...' "Écoutez, Martha, je vais bien. Je ne *sais* pas où je suis, par contre, j'ai rencontré cette Barrows en ville et je me suis cachée dans le coffre de sa voiture et elle a traversé la ville. Nous sommes à la périphérie, quelque part en bordure de la ville et elle s'est faufilée dans une maison; je crois qu'elle a trouvé Preece, je vais la suivre. Quand Clark reviendra, dites-lui de chercher une voiture garée sur le bas-côté de la route juste devant les barrières d'une ferme. Je vais essayer de laisser un signe pour qu'il comprenne..."

Un grand bruit l'interrompit, mais il ne s'agissait pas d'un revolver, c'était seulement une porte grillagée qui avait été ouverte trop énergiquement. Quoi qu'il en soit, cela laissait penser à Lois qu'un tueur traquait sa victime et elle avait le devoir de le poursuivre pour qu'Owen Preece ait une chance de survivre. Elle dit rapidement à Martha qu'elle devait y aller, coupa son téléphone et le fourra dans son sac.

Elle voulait poursuivre Lindy, mais elle s'efforça de s'arrêter et de réfléchir : elle avait dit qu'elle essaierait de laisser une sorte de signal à Clark, mais quoi ? Elle regarda autour d'elle, mais rien d'évident ne lui vint à l'esprit; elle ne pouvait même pas écrire quelque chose dans la poussière, car les routes étaient pavées, il n'y avait pas assez de poussière pour écrire quoi que ce soit !

Pendant un instant, elle eut à l'esprit de dessiner des cercles dans le champ d'à côté, mais abandonna cette idée -- cela prendrait trop de temps et elle n'avait pas le matériel dont se servaient les mauvais plaisants. Mais elle eut néanmoins une idée et elle plongea à nouveau la main dans son sac à la recherche de quelque chose.

Et cette chose était là ! Elle grimpa sur le coffre pour faire son signal, puis sauta rapidement par terre et suivit silencieusement Lindy vers la ferme.

Le compteur interne des 28 copies du programme qu'Alex avait emmagasiné dans les ordinateurs du monde entier (sans que leurs propriétaires ne le sachent) avait atteint le chiffre zéro et la scène allait offrir un des jours les moins ordinaires dans la mémoire collective du monde des affaires.

En s'approchant des bâtiments de la ferme, tout en prenant soin de demeurer dans l'ombre, Lois commençait à regretter de ne pas avoir suivi immédiatement son gibier. Appeler des renforts aurait été une très bonne idée, mais elle n'en avait *pas* dans le cas présent, et maintenant elle en avait besoin, car Barrows avait disparu et pouvait être n'importe où -- observant, attendant avec un fusil qu'elle se montre et devienne, elle aussi, une cible.

'De toute façon, c'est une ferme -- le genre d'endroit de *Clark*, pas le mien. Je traque les tueurs dans les rues de Métropolis, pas dans des granges et des étables !' Surtout pas dans des granges et des étables comme *celles-ci*; elle était habituée à la ferme des Kent et à celles autour de Smallville, qui étaient bien entretenues par les personnes qui y travaillaient pour gagner leur vie, Lois n'était pas impressionnée par l'apparence piteuse de cette ferme. 'Jonathan aurait une attaque s'il voyait cet endroit...'

Ses pensées furent vite interrompues par des voix venant de la grange délabrée. Elle entendait deux voix, une voix de femme et une autre d'homme -- et la voix de la femme lui était familière. D'après ce qu'elle pouvait comprendre, Barrows avait attendu que Preece se montre, l'avait suivi et lui avait tendu un piège. Lois ne comprenait pas pourquoi Lindy ne lui avait pas simplement tiré dessus, jusqu'à ce que la femme commence à harceler Preece avec des questions sur l'argent qu'il avait volé; il semblait qu'elle savait qu'il était dans la grange, mais elle voulait savoir exactement où il se trouvait -- pour éviter de le chercher, disait-elle.

Preece, qui semblait remarquablement résigné à faire face à son destin par son comportement, n'était pas particulièrement intéressé à coopérer, ce qui ennuyait Lindy. Elle était fatiguée et impatiente après ses recherches et son attitude à attendre la mort la rendait furieuse au point de perdre le contrôle des paroles qu'elle tenait d'ordinaire. Lois put à peine en croire ses oreilles quand elle entendit la femme faire à la fois attention à ce qu'elle disait et harceler Preece pour qu'il lui révèle l'emplacement où était l'argent, et elle sortit précipitamment son magnétophone pour enregistrer ce que Lindy disait à des fins ultérieures -- surtout les passages parlant de Lex qui lui avait ordonné de traquer Preece et de le tuer !

Pendant que la "conversation" se poursuivait, Lois posa le magnétophone et son sac près de la porte de la grange. La patience de Lindy s'était envolée, et si elle devait faire quelque chose, c'était maintenant. Elle se glissa silencieusement dans la grange, bénissant pour une fois son état de décrépitude, qui lui permit d'entrer sans avoir à se soucier de barrières à bétail ou autres obstacles gênants.

L'intérieur de la grange était un labyrinthe d'ombres, et la seule lumière venait d'une grande lampe de tempête posée sur une botte de foin. Elle ne vit pas Preece immédiatement, mais Barrows se trouvait seulement quelques mètres plus loin, le dos tourné, son pistolet automatique -- un *gros*, tout équipé, avec un silencieux -- pointé directement vers la source de la voix de l'homme. De l'endroit où elle se tenait, Lindy était sur le point de craquer et se mit à tirer, et Lois comprit que c'était maintenant ou jamais.

N'ayant pas d'arme et à défaut d'avoir le temps d'en trouver une, Lois fonça. Des gestes élaborés n'étaient pas une option dans cette situation, alors elle se jeta simplement sur Lindy, dans un mouvement qui aurait fait la fierté d'un joueur de football, s'écrasant contre le dos de la femme avant même que sa cible ne remarque sa présence et ait le temps de réagir.

L'impact violent fit perdre l'équilibre à Lindy et elle tomba lourdement, Lois directement sur elle. Le choc la fit crier en tombant... et elle appuya sur la gâchette. Il y eut un *ffuttt* et un cri de douleur, suivi d'une bagarre musclée dans la pénombre, mais aucune des deux femmes n'y prêta attention, elles étaient trop occupées l'une avec l'autre !

La première priorité de Lois était claire -- mettre le pistolet hors de sa portée ! Quand elle tomba sur Lindy, elle tendit le bras pour attraper la main tenant le pistolet; quand elles avaient touché le sol, elle s'était dépêchée de se mettre en position afin de pouvoir frapper le pistolet et la main, jusqu'à ce que Lindy lâche prise.

L'autre bras de Lindy se trouvait sous son corps, et, une fois qu'elle eut lâché le pistolet, elle put se relever à l'aide de ses deux mains, en tentant de déséquilibrer Lois. Toutefois, Lois conserva sa prise sur l'arme et elle la traîna avec elle en se battant avec Lindy. Lindy, maintenant sur le dos, continuait de rouler sur elle-même pour tenter de prendre le dessus sur son adversaire; mais Lois anticipa son mouvement et frappa Lindy d'un coup explosif. Sa tête fut projetée en arrière et frappa le sol avec un *pouf* qui fit grimacer Lois. Sa grimace se transforma en un soupir de soulagement (et de satisfaction), tandis que le corps de Lindy gisait; elle était hors de combat.

Inspirant profondément, Lois se leva et se dirigea d'un pas vacillant vers la lampe et s'en saisit, elle dirigea ses rayons vers le corps étendu de Preece. A son grand soulagement, il était encore en vie, mais était inconscient et saignait d'une blessure à l'épaule. Elle regarda autour d'elle pour trouver quelque chose pouvant diminuer le flot de sang, mais sans surprise d'ailleurs, elle ne trouva rien.

"Ne vous en faites pas," dit une voix, venant de l'embrasure de la porte. Étonnée, Lois pivota sur elle-même et dirigea la lumière dans cette direction, prenant toutefois une attitude de défense -- ou du moins, aussi défensive qu'elle le pouvait sans laisser tomber la lampe. C'est seulement après avoir eu ce réflexe qu'elle reconnut la voix -- *et ensuite* le costume lumineux se révéla dans la lumière. "Le shérif et une ambulance sont en route," dit Superman, en entrant dans la grange.

A cet instant, Lois laissa tomber la lampe, courut vers lui et se jeta dans ses bras. "Oh... il était temps," dit-elle, "*Où* étais-tu ?" Elle ne lui laissa pas une réelle chance de répondre, tirant sa tête vers elle pour lui donner un baiser enthousiaste.

"Tu sais bien où j'étais," dit-il, quelques instants après. "Du moins il y a de ça quelques minutes."

Il se détacha de Lois et se dirigea vers Preece et le regarda; il ne lui fallut qu'un instant pour ouvrir les vêtements de l'homme autour de sa blessure et appliquer sa vision à infrarouge sur sa blessure pour résorber l'hémorragie. Puis, il regarda autour de lui, s'éleva jusqu'au second étage de la grange et redescendit avec un fil de fer de clôture, servant de menottes aux poignets et aux chevilles de Lindy Barrows, encore dans un état comateux.

Avec la meurtrière et la victime en sécurité, le couple sortit de la grange pour attendre les autorités. Après un balayage rapide de sa vision à rayons X pour s'assurer que personne d'autre ne se trouvait dans les parages, Clark poursuivit ce qu'il avait commencé à dire quelques instants plus tôt. "Henderson m'a gardé à l'hôpital de la prison pendant des heures, regardant encore et encore les dossiers sur les meurtres. Les confessions d'O'Reilly ne seront pas acceptées au Tribunal, donc il va devoir enquêter au hasard sur tous les meurtres -- comme s'il venait de trouver un indice à vérifier. Je n'envie pas son travail, après tout ce que nous avons traversé au cours des derniers mois.

"Quand je suis parti, je suis tout de suite revenu ici et Maman m'a donné ton message. J'ai fouillé le secteur jusqu'à ce que je trouve la voiture -- joli signal en passant."

Lois se mit à rire. "Eh bien, il fallait que je pense à quelque chose que tu saches qui viendrait de moi..."

"Oui, eh bien, je crois que tu as très bien fait. Toi seule, Lois, pouvait oser dessiner l'emblème des El avec une flèche sur le capot d'une voiture !"

"Hé, ça a marché, n'est-ce pas ?"

"Oui, ça a marché," s'esclaffa-t-il. "Je l'ai vu juste au moment où tu t'élançais sur Mlle Barrows. Oooh -- sacré placage ! Ça m'a rappelé le football au collège; le coach aurait donné son bras droit pour que notre équipe défensive soit capable de faire ça..."

Lois était satisfaite de cette éloge, mais aussi surprise -- et un peu fâchée. "Si tu étais ici, alors, pourquoi ne m'as-tu pas aidée ?"

Il soupira. "Chérie, j'ai dit que je t'ai *vue* te jeter sur elle -- la vision télescopique, tu te rappelles ? Je n'ai pu arriver qu'une ou deux secondes plus tard. De toute manière, tu semblais te débrouiller très bien toute seule; ce coup me rappelle le type qui domptait le cheval dans 'Blazing Saddles' !

"Si c'est le pistolet qui t'inquiétait... c'est-à-dire, si Mlle Barrows était parvenue à le reprendre ou encore à s'en approcher, sois assurée qu'elle aurait pris une trempe avant d'y toucher !"

Clark se tourna vers Lois et prit doucement son visage dans ses mains. "Lois, tu me dis toujours de te laisser faire ton travail et de ne pas te surprotéger, et j'*essaie* de faire ce que tu me demandes..."

Ses mots firent réfléchir Lois. Pourquoi *était-elle* si énervée ? Ce qui venait d'arriver était ce qu'elle avait toujours voulu qui arrive : elle avait mené son enquête, elle s'était occupée des méchants et Clark ne s'était pas interposé et n'avait pas tenté de s'accaparer l'action; au lieu de cela, il s'était trouvé là pour l'assister et la protéger *si* elle en avait besoin -- ce qui n'avait pas été le cas. Les circonstances les avaient séparés, ce qui n'était pas aussi bien que lorsqu'ils travaillaient ensemble, mais ils avaient tous les deux fait leur travail et tout s'était bien terminé, c'était ce qui devait arriver.

Elle réalisa que le plus gros de sa colère provenait de vieilles peurs, qu'elle aurait dû être morte et enterrée depuis longtemps, mais ces peurs avaient resurgi quand Clark avait partagé son inquiétude qu'elle se joigne à la chasse de Preece. Il avait simplement voulu la garder en sécurité -- et ce n'était pas parce qu'il la croyait incapable, mais pour des raisons sensées et importantes -- mais une partie d'elle, toujours prête à s'offusquer, avait attendu qu'il soit autocratique et la laisse en arrière-plan. Ce qui était fou, car Clark n'avait *jamais* fait cela; s'il voulait qu'elle se tienne tranquille, c'est parce qu'elle avait besoin le faire -- c'est tout.

Elle regarda ses yeux, pleins d'amour et de compréhension et remercia Dieu de lui avoir donné cet homme. "Oh, je suis désolée," dit-elle en l'enlaçant. "J'ai été... surprise, c'est tout. C'est juste les nerfs -- tu sais, une réaction au stress."

"Oh, je sais, Lois. Je sais..." Sur ce, le couple se tut, restant enlacé jusqu'à ce que des lumières scintillantes annoncent l'arrivée du shérif et d'une ambulance.

Preece reprit connaissance pendant qu'il était transporté dans l'ambulance et commença à murmurer. Sa voix n'était pas forte, elle était tantôt audible et tantôt non -- du moins, à une oreille ordinaire -- et il était difficile de comprendre ce qu'il disait, surtout pour les gens occupés à soigner sa blessure. Donc, seules deux personnes entendaient et prêtaient attention à ce qu'il disait. Cela consistait en quatre mots, les deux premiers étaient si doux qu'il fallait avoir une super oreille pour les comprendre : "Madame Luthor... m'avait averti..."

Clark entendit tous les mots, et il fut intrigué. Il s'en remplit l'esprit, la meilleure façon de réfléchir à tout ce qu'ils impliquaient et il prit note de les répéter à Lois. Toutefois, pour le moment, il devait discuter avec le shérif, qui avait besoin de témoignages pour connaître le déroulement exact des événements de la soirée, obtenir le plus d'informations possibles. Oh, et Superman accepterait-il de l'argent qui avait déclenché cette affaire ?

Superman n'y voyait aucun inconvénient -- il avait déjà trouvé le coffre-fort contenant l'argent, il ne lui faudrait pas longtemps avant de le déterrer de sa cachette -- mais il aurait bien aimé que ce soit Rachel Harris qui soit là plutôt que ce type. Il aurait pu demander que Rachel vienne sur place si cela pouvait attendre jusqu'au lendemain matin et elle aurait été d'accord; avec le pistolet et ce qu'il y avait sur la bande que Lois avait enregistrée, il y avait plus qu'assez de preuves pour coincer Lindy Barrows et Preece ne pouvait aller nulle part. Mais le shérif local n'était pas son ami et ne faisait pas trop confiance aux étrangers (même les Kryptoniens) qui venaient causer des problèmes et il voulait tout résoudre de suite. Ce qui voulait dire que la nuit allait être *longue*.

L'autre personne qui avait entendu et remarqué les mots de Preece était Lindy, qui était conduite vers la voiture du shérif alors que la civière était conduite vers l'ambulance. Elle ne comprit pas le nom, mais elle comprit l'avertissement -- et se mit à réfléchir. Qui avait bien pu avertir Preece? L'avertir de quoi exactement ? Et quand ? Et comment cette personne pouvait-elle savoir qu'il fallait l'avertir de quelque chose ?

Après avoir réfléchi aux possibilités, en route vers la prison, elle prit note, elle aussi, de prévenir quelqu'un -- Lex Luthor. Elle était dans le pétrin, mais il était encore possible pour un avocat de la faire sortir et son employeur serait encore plus enclin à faire un effort si elle pouvait lui présenter des résultats positifs : même si Preece n'était pas mort, son butin avait été retrouvé et il y avait aussi peut-être une fuite quelque part. Quelqu'un de très haut placé.

"Laissez-moi voir si je comprends bien la situation, Mlle Barrows. Vous avez réussi à localiser Preece et ses biens mal acquis -- tous deux sont maintenant entre les mains du shérif local -- mais, bien sûr, en faisant cela, vous lui avez accidentellement tiré dessus, vous avez été arrêtée et êtes accusée de tentative de meurtre. C'est bien ça ?" La voix de Lex Luthor était aussi froide et nonchalante qu'à l'habitude. Et pourtant, sa voix traînait avec un ton de dédain profond, par la faute d'une employée qui avait été tellement incompétente qu'elle gâchait une tâche aussi *simple*.

"Oui, monsieur."

"C'est ce que je pensais. Très bien; un avocat sera près de vous dès que possible." Ce que Luthor ne disait pas, c'était que la tâche principale de l'avocat allait être de récupérer l'argent, arranger l'extradition de Preece pour s'assurer qu'aucune question embarrassante ne soit posée sur le système LexTrace et celui du Tricorder; et si , après avoir tout arrangé, il y avait un moyen quelconque que Lindy Barrows soit libérée, on pourrait alors arranger cela -- mais *seulement* si cela n'interférait pas avec les autres choses *importantes*.

"Je vous remercie, monsieur," répondit très humblement Lindy. "Une dernière chose, monsieur..."

Elle relata les mots de Preece à Luthor et se mit à décrire ce que peut-être ils signifiaient -- simplement pour lui montrer que, malgré sa situation précaire, elle était une employée intelligente et loyale. Elle devait faire attention de ne pas exagérer, cependant; le vieil adage qui circulait parmi les gens travaillant pour Luthor était que la grand-mère du patron avait la manie de tout diriger... et que son petit-fils était connu pour ne pas apprécier qu'on discute ses ordres.

"Je vous remercie, Mlle Barrows. Je vais... y réfléchir." Le ton de Luthor alors qu'il terminait son appel téléphonique était totalement différent. Maintenant, c'était à son tour de réfléchir sérieusement. Pendant une fraction de seconde, il se demanda s'il devait ou non faire de la libération de Lindy une priorité... mais, non.

Ce qui était plus important était la signification de ce qu'elle venait de lui dire. Quelqu'un avait averti Preece -- mais qui et contre quoi ? Ordinairement, il aurait soupçonné Kent, ou bien Lois, mais puisqu'ils avaient été impliqués dans la capture de Preece (et celle de Lindy), cela semblait improbable. Alors, qui d'autre en savait assez pour avertir Preece et en ce cas (sans doute) lui faire assez peur pour qu'il coupe tous les ponts et se sauve, s'arrêtant uniquement pour emporter avec lui une somme relativement minime ? Qui ?

Il pressa l'un des boutons de l'interphone. "Suspendez tous mes appels." Cette énigme allait demander, il s'en doutait, une attention immédiate et prolongée. Si quelqu'un de l'extérieur se mêlait de ses affaires, il, elle ou ils devaient être identifiés et éliminés -- ou du moins, surveillés. Cela demandait de l'organisation, mais son sens de l'organisation faisait sa fierté.

Dans la pièce à côté, une Beth Luthor tremblante tentait à tout prix de contrôler la panique qui menaçait de s'emparer d'elle. 'Oh, mon Dieu; oh, mon Dieu...' implorait-elle à demi. Lex a trouvé Preece! *Et* il sait que quelqu'un a averti l'ancien Directeur de l'informatique qu'il risquait d'être assassiné. Cela ne changeait rien pour le moment, Lex ne savait pas ce *de quoi* Preece avait été prévenu; il savait simplement que l'homme avait été averti et ce n'était qu'une question de temps pour qu'il le découvre. Et il allait découvrir qui c'était; Beth connaissait assez son mari pour savoir qu'il le *saurait*, d'une manière ou d'une autre.

'Je dois sortir d'ici ! Mais où vais-je aller ?' Où la femme de Lex Luthor *pourrait-elle* aller ? Où y avait-il un endroit assez reculé et sûr pour la protéger du pouvoir et de la furie d'un Lex enragé ? Elle n'était pas certaine qu'un tel endroit *existe*.

Il n'y avait qu'une seule chose qu'elle savait. Elle avait prévu cette cachette en dernier recours pour les cas d'urgence seulement, il était maintenant temps de l'utiliser. Mais tout d'abord, elle devait sortir d'ici et sans tomber sur Lex...

Luthor se cala dans son fauteuil et examina les résultats de sa journée de travail. Il avait maintenant un plan détaillé pour éliminer l'allié de Preece, si, par un quelconque miracle, il parvenait à résister... disons, aux *encouragements* qui lui seraient faits pour identifier son "bienfaiteur". Des mesures de sécurité supplémentaires, faisant partie de son plan, devaient être mises en place pour détecter, localiser et traquer quiconque interférerait dans ses affaires ou celles de la LexCorp sans autorisation appropriée -- et les moyens de *les* obtenir étaient sur le point de complètement changer -- cela aurait pour objet d'attraper la ou les personnes qui attaquaient la compagnie, si, bien entendu, il ne s'agit pas de la même personne. Tout ce qui lui restait à faire était de mettre son plan à exécution.

Ses pensées satisfaites furent interrompues par un brouhaha venant de l'extérieur de son bureau. Les voix fortes qui parvenaient à traverser le coûteux système d'insonorisation du bureau n'étaient pas quelque chose à quoi il était habitué, pas plus que les cris presque désespérés de son personnel qui disait, "Vous ne pouvez *pas* entrer là ! Monsieur Luthor ne veut pas être dérangé !"

L'insonorisation étouffa la réponse, du moins jusqu'à ce que les portes s'ouvrent en grand pour révéler Michael Van Allen et deux hommes en complets; des employés plus ou moins haut placés du gouvernement fédéral, d'après ce que Luthor connaissait du métier de tailleur -- ce qui était le cas. Les hommes du gouvernement ouvraient la marche, Van Allen se traînait derrière avec réticence et l'une des secrétaires tentait une dernière fois de protéger son patron.

"Tout va bien, Mlle Stafford," assura Luthor, en regardant la femme affligée. "Je m'en occupe." Il attendit qu'elle sorte, fermant la porte derrière elle avec un air soulagé, avant de jeter un œil aux visiteurs impromptus. "Michael. Messieurs. Puis-je vous demander la raison de cette intrusion ?"

"C'est ce que nous aimerions vous demander, *monsieur* Luthor," commença le plus grand des deux inconnus, furieux et sarcastique. "Nous ne savons pas ce que vous essayez de *faire*, mais cela a un effet inverse et beaucoup de gens vont souffrir à cause de vous !"

"Calmez-vous, Joe," murmura son compagnon. "Excusez-nous, monsieur. Je suis Martin O'Toole de la COB et voici Joseph Rogers, du Département de la Justice. Nous sommes ici pour vous poser quelques questions concernant... les activités inhabituelles dans lesquelles la LexCorp a été impliquée et les échanges de devises étrangères depuis les 24 dernières heures."

Le visage de Luthor, toujours de marbre en pareilles circonstances, pâlit davantage que d'habitude. "Messieurs... Je ne suis pas au courant de ces ''activités inhabituelles'. Vous seriez assez aimables de croire à ma plus complète ignorance à ce sujet, et de commencer par le début."

Les hommes du gouvernement échangèrent des regards interrogateurs. "Si c'est le cas," dit Rogers, "alors nous avons de très mauvaises nouvelles à vous apprendre, monsieur. Plusieurs filiales de la LexCorp ont fait de très grosses transactions dans les places financières du monde entier, toutes, sans exception, ces transactions ont provoqué des pertes importantes -- des pertes *très* importantes!"

"Des pertes de combien ?"

Il y eut un silence, qui s'étira encore et encore. Finalement, Van Allen, qui était resté silencieux depuis son entrée dans le bureau, ne put se retenir. "Monsieur, les dettes accumulées se chiffrent à un total... total de..."

Le banquier semblait incapable de dire le montant, jusqu'à ce que Luthor lui lance un regard furieux. "...plus de *dix milliards de dollars* ! Monsieur, la LexCorp est *en faillite* !"

A SUIVRE...

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1999.