
Saison 6, Episode 7
Deuxième partie
Écrit par Kathy Brown
Version française de

Traduction Hypérion

ACTE TROIS

Le jeudi matin à 11 heures, Lois Lane était allongée par terre dans la salle de séjour sur le tapis d'éveil, les yeux levés vers sa fille.
"Alors c'est comme ça qu'on voit les choses d'ici, hein ?" dit-elle. Laura éclata de rire de voir Lois jouer avec elle. Ce n'était pas tous les jours que Maman s'allongeait sur le tapis d'éveil !
Lois et Clark s'étaient inquiétés toute la nuit de ramener Laura à la garderie le lendemain matin. Ils faisaient confiance à Ruth Wilson et au reste du personnel -- s'ils ne leur avaient pas fait pas confiance, ils n'auraient jamais laissé Laura là-bas -- mais cette dernière rencontre avec leur 'désaxée' les avait vraiment effrayés.
Lois et Clark étaient rentrés chez eux la veille, après toute cette affaire, dès que Laura s'était réveillée de sa sieste et après avoir terminé de boucler les articles de dernière heure. La seule façon que Lois avait accepté de retourner dans la salle de rédaction était que Clark l'avait assurée qu'il gardait sa super oreille à l'écoute du centre pour le reste de l'après-midi.
Laura, heureusement, était la seule à ne pas être bouleversée par cette expérience. Le personnel était tendu, Lois et Clark étaient tendus -- et bon sang, la désaxée était, elle aussi, probablement tendue de ne pas avoir pu prendre le bébé -- mais Laura était gaie comme un pinson.
Clark avait convaincu Ruth et Susan de monter le rejoindre pour rencontrer un portraitiste du Daily Planet pour faire un portrait-robot, mais le dessin final n'avait pas été d'une grande utilité. Pas assez exercées pour se souvenir des détails -- et étant toujours contrariées de cet incident -- la seule chose sur quoi Ruth et Susan étaient d'accord était que la femme avait un poids moyen et une carrure moyenne, qu'elle avait entre 20 et 35 ans, les cheveux et les sourcils foncés. Pas grand-chose pour continuer.
Au bout du compte, Lois avait décidé de prendre sa journée de congé. Clark avait voulu rester à la maison, lui aussi, mais ils avaient décidé que l'un d'entre eux devait travailler au cas où les choses se développeraient. Le lendemain, tout dépendrait comment les événements de la journée se dérouleraient, Clark resterait à la maison pendant que Lois irait travailler. Ils n'avaient pas encore averti Perry, ni qui que ce soit d'autre au journal, de l'incident -- il semblait que la moitié de la salle de rédaction était malade ce jour-là à cause de la grippe qui sévissait, Perry inclus. De plus, ils savaient que la nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre une fois que la Garderie aurait alerté les parents qu'une personne suspecte avait essayé de prendre l'un des enfants.
Comme Laura commençait à ronchonner, finissant par se lasser des mobiles colorés qui pendaient au-dessus d'elle, Lois éloigna le tapis d'éveil et assit Laura au milieu de la salle. "Tiens, mon trésor, "dit-elle en posant les jouets préférés de Laura à côté d'elle. "Maintenant tu joues pendant que Maman travaille."
Laura protesta un peu de voir sa mère la laisser, mais elle se concentra très vite sur l'oreille d'un ours en plastique.
Lois saisit cette occasion pour ranger un peu la pièce, puis elle s'installa à la table basse avec les dossiers qu'elle avait apportés. Clark lui avait laissé les registres qu'il avait obtenus et elle avait fait quelques progrès en comparant la liste des victimes à celle des adjudicataires de la vente aux enchères. Elle avait déjà trouvé deux noms se trouvant sur les deux listes et était ravie de pouvoir enfin avoir quelque chose.
Le travail était fastidieux -- des centaines et des centaines de personnes étaient présentes en 1994 et n'avaient pas toutes rempli le registre avec leur nom et adresse complets. On ne pouvait pas imaginer que certaines d'entre elles allaient être victimes d'une violence aveugle, mais Lois pensait qu'on pouvait en apprendre davantage. Bien sûr, il y avait encore de nombreuses victimes qui ne se trouvaient pas à la vente Luthor en 1994, ce qui contredisait sa théorie qu'il y ait un lien, mais Lois savait qu'elle devait poursuivre ses recherches.
Le téléphone sonna sur le bureau et Lois se tendit en le regardant. Ils avaient déjà éteint la sonnerie dans leur chambre pour éviter les appels nocturnes des plaisantins, mais cela devenait tellement fréquent quand le téléphone sonnait qu'elle redoutait de le décrocher. "Et si on laissait la machine répondre, d'accord ?" demanda-t-elle à Laura avec un sourire moqueur.
Laura n'était pas contre.
Après avoir attendu la série de clics signalant que la machine allait répondre, Lois se leva très vite en entendant la voix de Clark. "Salut chérie, c'est moi. J'appelle juste pour voir comment vont mes deux filles… tu es là ?"
"C'est Papa, Laura !" Lois décrocha le téléphone. "Hé, Clark, je suis là."
"Tu étais occupée ?"
"Non," soupira Lois. "Je m'assurais juste de savoir qui c'était avant de décrocher, c'est tout."
"Eh bien, c'est une bonne idée," répondit Clark. "Alors, comment ça se passe. Pas de problèmes ?"
"Non," dit Lois, cette fois vraiment enjouée. "J'ai passé une agréable matinée. Laura a fait un petit somme, et nous avons beaucoup joué. Elle est de bonne humeur." Soudain Lois se mit à rire aux éclats. "Oh, Clark ! J'aimerais que tu la voies à cet instant. Elle s'est mise à quatre pattes et elle essaie d'avancer. Mais elle n'arrive pas à faire marcher ses jambes et ses bras en même temps. Oh, c'est tellement drôle !"
Clark se mit à rire de bon cœur. "Elle a fait ça aussi ce week-end. Elle y arrive presque. Un de ces jours elle va démarrer, je le sais !" Ils bavardèrent encore quelques minutes sur la matinée de Laura, puis Clark devint plus sérieux. "Alors, tout s'est bien passé ? Pas de lettres ou de livraisons ?"
Lois devint, elle aussi, plus grave. "Non, pas que je sache. J'ai vérifié le courrier il y a un petit moment mais il n'était pas encore là. Je n'ai pas vu de paquets ou d'autres choses."
"Mais tu laisses les portes fermées, n'est-ce pas ?"
La façon dont il posait la question attira l'attention de Lois. "Oui, bien sûr. Que se passe-t-il, Clark ? Tu as eu quelque chose ?" Devant l'hésitation de Clark, le cœur de Lois se serra. "Oh non, quoi maintenant ?"
Clark baissa la voix et Lois l'imagina à son bureau, essayant le garder leur conversation privée. "Il y avait une cassette dans la Jeep ce matin."
La voix de Lois, à l'inverse, monta. Qu'entends-tu par, *dans* la Jeep ??"
"Bon, du calme, chérie. J'ai dû oublier de verrouiller la portière quand je suis rentré à la maison hier. Il n'y a pas de dégâts. Mais il y avait une cassette de chansons d'amour qui m'attendait. Elle était déjà dans l'appareil et enclenchée quand j'ai démarré la voiture."
"Lois grogna. "Quel genre de chansons d'amour ?"
"Tout un éventail… au moins dix. J'ai noté les titres et les artistes et j'essaie de trouver un rapport, si toutefois il y a un rapport. Certaines chansons sont nouvelles, d'autres sont anciennes. J'ai même cherché des anagrammes basées sur les lettres en espérant qu'il y aurait peut-être un indice sur l'identité de cette femme. Rien," termina-t-il, un peu découragé.
"Y a-t-il des empreintes sur la cassette ?"
"Oui, et je l'ai apportée tout à l'heure à Henderson. Il va l'ajouter à la plainte que nous avons déposée hier après qu'elle ait essayé de prendre Laura, mais il a dit que ses empreintes n'étaient pas fichées sur leur ordinateur. Qui que soit cette femme, elle n'a pas de dossier criminel."
"Oh, quel soulagement," dit Lois sur un ton sarcastique. "Une désaxée débutante; je me sens vraiment mieux."
Clark se mit à rire malgré lui. "Hé, au moins on peut rayer cette Mlle Bailey des Services Sociaux. D'après ce que j'ai vérifié, elle a plus de 30 ans et ne ressemble pas à la description."
"Oui," dit Lois à contrecœur, "Je pense que c'est déjà quelque chose. Mais ça ne nous rapproche pas de la personne qui fait ça." Elle pensa soudain à autre chose. "Clark, es-tu *sûr* d'avoir laissé les portes de la Jeep ouvertes hier soir ?"
"Non, d'habitude je les ferme quand je me gare dans la rue. Mais il n'y a pas de signe d'effraction, alors de quelle autre façon a-t-elle pu entrer ?"
Lois réprima un petit frisson -- c'était déjà assez mauvais que cette femme sache où ils vivaient et se soit visiblement trouvée là la veille au soir -- mais cette dernière possibilité la terrifiait. "Et si elle a un double de nos clés ? Elle sait apparemment où nous travaillons. Peut-être qu'elle a volé nos clés quand nous n'étions pas là ? Elle a pu fouiller dans mon sac ou dans la poche de ta veste, en faire des doubles et les remettre avant que nous nous soyons aperçus qu'elles avaient disparu." La gorge de Lois se serra et elle regarda sa fille qui jouait joyeusement par terre. Garder Laura à la maison n'était peut-être pas une bonne idée, après tout…
Clark poussa un profond soupir "Ou peut-être que j'ai laissé la portière de la voiture ouverte… mais tu as raison, mieux vaut prévenir que guérir. Je pense que quelqu'un au journal a pu remarquer une personne étrangère fouiller dans ton sac, et il m'arrive parfois de laisser mes clés dans ma poche quand ma veste est sur le dos de ma chaise--" Clark s'interrompit tout à coup, puis poursuivit d'une voix pressée. "Ecoute, chérie, je dois y aller… mets la chaîne à la porte dès que tu auras raccroché, d'accord ? Et si tu as besoin d'aide, appelle Superman. Nous serons là tous les deux sur-le-champ. Je t'aime ! Au revoir !"
Lois sourit faiblement dans le téléphone. "Je t'aime aussi. Sois prudent." En raccrochant, elle se tourna vers sa fille. "Eh bien, Laura, il ne reste encore plus que toi et moi. Papa a dû partir sauver le monde." Elle porta son attention vers la porte d'entrée. "Bon, maintenant occupons-nous de cette chaîne…"
Lois se dirigea vers la porte et regarda presque craintivement par le judas avant d'accrocher la chaîne. Ce n'était pas une grosse chaîne -- juste un modèle standard. Pourrait-elle empêcher quelqu'un voulant entrer de le faire ? Probablement pas, mais cela laisserait assez de temps à Lois pour appeler Superman. Ceci dit, si cette femme était violente… elle ne l'avait pas été jusqu'à maintenant. Bien sûr elle avait essayé de prendre Laura, mais peut-être voulait-elle vraiment l'amener à Clark….
Lois grogna. "Oui, très bien," se dit-elle.
Elle traversa la pièce avec l'intention de retourner à ses dossiers, quand elle entendit soudain un bruit dans le vestibule. Elle se figea.
Elle regarda la porte d'entrée et écouta. Silence. Curieuse et pleine d'appréhension, Lois se dirigea prudemment vers la baie vitrée. Elle écarta doucement les rideaux et jeta un œil dehors. Le facteur était en train de s'éloigner de la maison et Lois se rendit compte que le bruit qu'elle avait entendu était celui du courrier déposé dans leur boîte aux lettres.
Elle respira enfin et sourit. "Laura, ta maman est plus qu'à cran. J'ai vraiment besoin de me détendre."
Maintenant bien sûr, Lois était en plein dilemme. Avec la livraison des fleurs et la lettre déposée dans la boîte cette semaine, elle n'était pas exactement pressée de voir s'il y en avait d'autres. Sans parler qu'elle devait retirer la chaîne de la porte pour prendre le courrier.
Finalement, la curiosité de Lois-- et son refus de laisser cette femme gagner -- lui fit reprendre ses esprits. Elle décrocha prudemment la chaîne de la porte et regarda dans le vestibule. Satisfaite de ne voir personne aux alentours, elle prit le courrier que le facteur avait déposé et retourna en courant dans la maison. Une fois à l'intérieur, elle claqua la porte, la verrouilla à toute vitesse et accrocha la chaîne. Son cœur battait comme si elle avait couru un marathon et Laura la regardait, vraiment amusée par les singeries de sa mère.
"Oh, tu trouves ça drôle, n'est-ce pas ?" gloussa-t-elle en regardant son bébé. Devant les gazouillis de Laura, Lois sourit aussi, bien qu'un peu nerveusement. "Je sais, je sais… je deviens folle… mais t'avoir me rend plus prudente. Une chance que Papa ne le sache pas -- il aurait probablement insisté pour qu'on essaie de te faire pendant notre lune de miel !" Lois se mit à rire vraiment cette fois, l'esprit submergé par les souvenirs du nombre de bébés qu'ils auraient pu faire dans les premiers mois, s'ils n'avaient pas pris de contraceptifs !
Toujours en riant, Lois regarda le courrier. Elle fut soulagée de ne voir aucune enveloppe tapée à la machine comme celles qu'ils avaient déjà reçues. Juste des factures, des magazines et des publicités. Elle n'aurait jamais pensé être un jour si heureuse de voir des publicités !
Toutefois, un bruit inattendu dans la rue attira son attention, et elle se sentit à nouveau mal à l'aise. Elle regarda la chaîne, s'assurant qu'elle était toujours en place, mais toujours pas convaincue qu'elle soit assez solide.
Considérant toutes les options, Lois commença à avancer le banc le plus proche devant la porte d'entrée. Mais, pensant à quelque chose de mieux, elle se précipita dans la salle à manger et en ressortit avec une solide chaise à haut dossier. "C'est pour faire une blague !" expliqua-t-elle à Laura.
Laura se retourna sur le dos, retira ses chaussettes et essaya de mettre ses orteils dans sa bouche. "Ravie que tu soies d'accord," répondit Lois.
Elle bascula une chaise devant la porte d'entrée pour essayer de coincer le dossier sous la poignée. Elle ne savait pas si ça allait marcher, mais elle avait vu ça dans les films de nombreuses fois ! Toutefois, c'était plus difficile à faire que ça n'en avait l'air et elle batailla un bon moment avant de parvenir à mettre la chaise en place.
Elle était en train de faire les derniers ajustements quand un grand coup frappé à la porte lui résonna aux oreilles. Elle cria -- très fort.
"Lois ? Lois, c'est toi ?! Est-ce que tout va bien ?
Avec un air incrédule, Lois se reprit et regarda par le judas. "MAMAN ??"
Elle se battit encore avec la chaise -- cette fois pour l'enlever -- puis décrocha maladroitement la chaîne et ouvrit le verrou, tout en murmurant. "Dommage que cette cinglée ne soit pas bouclée là-dedans -- c'est plus difficile de sortir que d'entrer !"
Elle finit enfin par ouvrir la porte, essayant de rester calme en s'appuyant sur la chaise de la salle à manger. "Maman ! Qu'est-ce que tu fais là ?" demanda-t-elle faiblement.
Ellen Lane passa devant sa fille et pénétra dans l'entrée. "Que veux-tu dire par 'qu'est-ce que je fais là' ?" demanda-t-elle, d'un air fâché. "Je ne peux pas passer voir ma petite-fille ?" Elle posa un rapide baiser sur la joue de Lois en enlevant son manteau et le jeta dans les bras de Lois. "Lois, ma chérie, ce n'est pas mon genre de critiquer, mais pourquoi as-tu une chaise de salle à manger dans ton entrée ?"
Lois ouvrit la bouche pour répondre, mais Ellen s'était déjà précipitée dans la salle de séjour. D'un ton soudain théâtral, elle commença à parler gaiement à sa petite-fille en la prenant dans ses bras.
Lois ferma la porte, remit le verrou et attacha la chaîne. Puis elle murmura silencieusement, "Au secours, Superman !"

Lois allait et venait dans la cuisine, faisant des sandwichs pour elle et sa mère. Ellen, pour sa part, essayait de mettre une cuillère remplie de céréales dans la bouche de Laura. "Ouvre la bouche pour Grand-Mère, mon petit cœur," gazouillait-elle en ramassant les céréales sur le menton de Laura avec la cuillère.
Ellen essuya une énième fois les joues de Laura et posa la cuillère en disant, "Je te jure, Lois, à huit mois, tu avalais tout ce qui se présentait ! Tu es sûre que Laura n'est pas malade ? Elle réagit comme si elle n'avait jamais mangé de nourriture solide."
Lois étala la moutarde sur le pain plus vivement. Pourquoi Martha pouvait-elle formuler quelque chose qui paraisse juste alimenter la conversation, alors que lorsque sa mère tenait les mêmes propos cela ressemblait à une critique de ses aptitudes maternelles ? "C'est parce qu'il y a 30 ans les médecins ont commencé à nourrir les bébés avec des céréales à quatre semaines, Maman ! Maintenant ils conseillent d'attendre jusqu'à six mois. Laura reçoit de moi tout ce dont elle a besoin. Nous n'avons commencé à lui donner de la nourriture solide qu'il y a un mois et demi et elle n'est pas rébarbative à ces céréales quand il y a des fruits dedans. Je pense que Clark a acheté des petits pots aux carottes ce week-end… tu veux que j'aille t'en chercher ?"
Ellen leva la main. "Non, non, n'attache aucune importance à ce que j'ai dit. Bonté divine, je ne te critiquais pas, Lois ! Pourquoi es-tu toujours sur la défensive ? Je commence à penser que tu ne me crois plus capable de m'occuper de Laura. Dieu sait pourquoi tu ne m'as pas invitée depuis des semaines !"
Lois ferma les yeux et compta jusqu'à dix. Elle se fendit d'un sourire et posa la nourriture sur la table. "Maman," expliqua-t-elle, rassemblant toute la patience qu'elle avait. "ce n'est pas que nous n'ayons pas confiance en toi pour t'occuper de Laura. C'est juste que nous nous sommes démenés pour obtenir l'ouverture de la garderie du Planet. Ils s'occupent très bien d'elle et c'est juste à l'étage en dessous, on peut aller la voir quand on a un moment." Lois se souvint de l'incident de la veille, mais elle savait que ce n'était vraiment pas le moment d'en parler. Il n'y avait aucune raison de contrarier sa mère qui l'était déjà suffisamment. Elle décida de changer de sujet. "Alors, quoi de neuf ?"
C'était justement l'encouragement dont sa mère avait besoin. "Tu devrais peut-être demander ça à ton père," rétorqua Ellen, la voix pleine de sarcasmes. "Ou peut-être que la bonne question à lui poser est 'Qui' est la nouvelle ? Avec toutes les heures qu'il passe à travailler si tard, je suis sûre que c'est sur sa nouvelle secrétaire qu'il travaille."
"Eh bien, en as-tu parlé à Papa ? Que dit-il ?"
"Oh, il nie, il dit que je suis paranoïaque. Mais il n'appelle pas alors qu'il dit qu'il va le faire ou il me pose un lapin. Et ensuite il dit qu'il était 'pris par son travail". Comme si j'allais croire ça !"
Lois soupira. "Il travaille peut-être tard. Cela ne veut pas dire nécessairement--"
"Eh bien, qu'est-ce que ça veut dire d'autre ?" l'interrompit Ellen. "C'est ce que ça voulait dire dans ton enfance." Elle leva les mains, exaspérée. "J'étais folle de penser qu'on pouvait se remettre ensemble. Les hommes sont tous les mêmes."
"S'il te plaît, Maman, ne recommence pas," ronchonna Lois.
Ellen fit comme si elle ne l'avait pas entendue. "Tu devrais tenir la bride à ton mari, Lois. Clark a peut-être l'air d'un saint maintenant, mais je te le dis, ils ne restent pas certainement comme ça. Un jour une jeune femme le flattera alors que toi tu lui demanderas de sortir la poubelle. C'est lorsque le feu s'éteint que l'on voit vraiment comment est fait un homme !"

Lex Luthor était assis à son bureau, l'air songeur. Des feuilles de papier remplies de colonnes de chiffres étaient posées devant lui et il les regardait, son front plissé reflétant son évidente désapprobation.
Un léger coup à la porte annonça l'arrivée de sa femme dans la pièce. "Bonjour, chéri," dit doucement Beth. Voyant Lex penché sur son bureau, elle se plaça derrière lui et entoura son cou de ses bras. Sa joue pressée contre la sienne, elle pouvait voir clairement les chiffres en caractère gras au bas de chaque colonne. Ils ne paraissaient pas bons.
"Lex tu es resté là pratiquement toute la journée. Je sais que tu es contrarié, mais rester assis tout seul ne va pas t'aider. Quelques fois s'éloigner un peu de la maison éclaircit les idées. Et si on sortait tous les deux ?"
Lex balaya sa proposition d'un geste de la main. "Impossible. J'ai bien trop de travail à faire."
"Eh bien, peut-être que je pourrais t'aider. Parfois soumettre un problème à une autre personne peut amener de nouvelles perspectives."
Lex plissa les yeux. "Chérie, ne le prend pas mal," dit-il caustique. "mais tu es une littéraire. Quelles perspectives pourrais-tu apporter à mon travail ?" Lex leva la main d'un air moqueur en direction de la porte. "Pourquoi ne vas-tu pas… lire un livre ou autre chose."
Beth se raidit à cette pique cruelle. Elle se rappela pour la millionième fois qu'elle savait où elle mettait les pieds en l'épousant. Les moments heureux qu'elle avait avec Lex étaient d'une certaine manière les plus dangereux -- ils la conduisaient à baisser sa garde, à la faire rêver d'une union sûre et affectueuse. Mais plus elle en apprenait sur lui, plus elle savait que cela n'arriverait jamais.
Elle serra les mâchoires. "Lex au sujet de cette nuit…" Beth laissa traîner sa voix, comme si elle n'était pas sûre de vouloir poursuivre. "Tu ne devrais pas te sentir mal à l'aise. Ça arrive parfois à beaucoup d'hommes."
Beth s'apprêtait à en dire davantage, mais l'expression de Lex lui dit qu'elle s'était déjà engagée sur un terrain dangereux. Elle se recula instantanément et retira très vite ses bras de son cou. Elle se redressa et se dirigea vers la porte. "Si tu as besoin de moi, je serai dans la chambre… en train de lire un livre."
Beth ferma rapidement la porte derrière elle, le cœur battant. Elle savait que sa dernière remarque était sortie sur un ton un peu trop sarcastique pour sa sécurité, mais maintenant elle ne pouvait plus revenir en arrière. En passant devant la bibliothèque, elle décida de prendre le livre qu'elle avait commencé quelques semaines auparavant. Il était en dehors de ses centres d'intérêt habituels, mais il s'avérait fascinant. "Ah, voilà," murmura-t-elle en tournant les pages. "L'Art de la Guerre…"

Lois Lane était assise sur le canapé se réjouissant de quelques instants de paix et de silence. Après déjeuner, sa mère avait insisté pour aller coucher Laura pour sa sieste et Lois n'avait pas protesté. Les meilleurs côtés d'Ellen Lane ressortaient quand elle était avec sa petite-fille et Lois était bien trop contente d'encourager cette Ellen quand sa mère lui rendait visite.
Lois se retourna en entendant les pas de sa mère dans l'escalier. "Est-ce qu'elle s'est endormie facilement ?" demanda doucement Lois.
"Oh, oui," répondit Ellen avec un tendre sourire. "Comme un ange. Elle te ressemble tellement quand tu étais bébé, Lois. Avec ses cheveux noirs et ses yeux brillants et curieux. C'est bien ta fille."
Lois sourit. "Martha dit qu'elle ressemble à Clark. Je crois que les grands-parents aiment trouver des ressemblances plus encore que les parents."
"Eh bien, Laura est une petite-fille qui a la chance que ses grands-parents s'intéressent à sa vie. J'espère que tu gardes de bonnes relations avec les Kent. Je sais qu'après que ton père et moi nous soyons séparés, il vous a été difficile de voir tes grands-parents paternels. Les choses étaient un peu pénibles."
Lois soupira exaspérée. "Maman, pour la dernière fois, Clark et moi n'allons pas nous séparer !"
Lois regarda sa fille d'un air choqué. "Je n'ai jamais dit que vous alliez le faire ! Tout ce que je dis c'est--"
"Je sais ce que tu dis. C'est seulement que je ne partage pas tes opinions. Les hommes ne trompent pas tous leur femme." Lois remplit les deux tasses de thé qui attendaient sur la table basse. "Je sais que certains hommes sont infidèles, mais Clark n'est pas comme ça. Il ne le sera jamais."
Sa mère soupira. "Je l'espère, Lois. J'espère que ce que tu dis est vrai. C'est juste que je détesterais que ce qui s'est passé entre ton père et moi vous arrive à Clark et à toi."
Pendant un court instant, la vision de Clark plaisantant avec Kate Martin dans le hall du Daily Planet revint à l'esprit de Lois. Toutefois, aussi vite qu'elles étaient apparues, les images se dissipèrent. En souriant d'un air rassurant, Lois tendit une tasse de thé à sa mère.
"Maman, avec tous les problèmes que nous avons eu -- quand nous nous fréquentions, quand j'ai été kidnappée le jour de mon mariage, quand j'ai été emprisonnée pour meurtre -- la plupart des gens n'auraient pas blâmé Clark de courir dans la direction opposée. Mais il m'a toujours soutenue. Et il le fera toujours. Je pense que si tu te penchais sur cette perspective, tu le saurais chaque fois que Clark et moi nous regardons. J'ai totalement confiance en Clark. Jamais il ne pourrait me trahir."

Lex raccrocha brutalement le téléphone de son bureau. La compagnie d'assurances ouvrait une enquête' sur son dossier, mais les avocats déclaraient que tout au plus, leur compagnie était à peine responsable de n'avoir pas remarqué que les documents étaient incomplets quand ils les avaient reçus. La compagnie d'assurance trouverait un accord pour éviter d'aller au tribunal, mais l'offre était une infime partie de ce que Lex perdait dans cette affaire.
Bien sûr, il pouvait la refuser, et il allait le faire, mais cela prendrait des mois, voire des années avant qu'il ne touche le moindre argent.
"Dix millions de dollars." marmonna-t-il écœuré. "Dix millions de dollars."

"Lois ?" appela Clark dès qu'il fut rentré à la maison. "Tu es là ?"
"Je suis dans la chambre de Laura ." répondit Lois. "Je ne t'ai pas entendu rentrer."
Un vrombissement attira son attention et, en moins d'une seconde, son mari se tenait à la porte. "Je suis arrivé par la fenêtre," dit-il en souriant. "Tu avais mis la chaîne à la porte."
Lois lui envoya un baiser tout en continuant à maintenir un bébé remuant sur la table à langer. "Tu as de la chance de ne pas avoir été là plus tôt -- je réfléchissais à la façon de dresser une barricade avec les meubles devant la porte."
Clark se pencha pour embrasser le front de Laura, la distrayant suffisamment pour permettre à Lois de finir de boutonner sa barboteuse. Quand il leva la tête, il avait l'air inquiet. "Il s'est passé quelque chose ? Pourquoi n'as-tu pas appelé--"
Lois hocha la tête et l'arrêta. "Non, il ne s'est rien passé… je suis juste devenue un peu paranoïaque après que tu m'aies parlé de la cassette, c'est tout. Tu en as appris un peu plus de la police ?"
Clark prit Laura et lui souffla sur le ventre. Tout en jouant avec elle, Clark mit Lois au courant. "Non, mais j'ai parlé aux employés de la garderie. Ils sont toujours très contrariés, mais je suis impressionné de voir à quel point ils sont vigilants. Je suppose que Ruth est inquiète que certains parents puissent retirer leurs enfants du centre, alors elle a mis en place ce matin tout ce qu'il fallait pour intensifier la sécurité de la garderie. Ils ont resserré leur contrôle d'accès et ont parlé avec le service de sécurité de l'immeuble pour qu'une caméra soit installée devant la porte d'entrée."
Lois parut à son tour contrariée. "Les parents sont-ils inquiets au point d'enlever leurs enfants ? Clark, après tout ce que j'ai fait pour faire ouvrir ce centre, je ne peux pas croire qu'il puisse fermer !"
"Je pense que tout va bien se passer," la rassura-t-il. "J'ai parlé aujourd'hui à quelques-uns des parents, et ils m'ont dit qu'ils continuaient à défendre la garderie et qu'ils ne comptaient pas partir. Tu sais, je voulais prendre ma journée de demain, mais maintenant je me demande si nous ne devrions pas la ramener, juste pour montrer que nous avons toute confiance en la garderie. Comprends-moi bien, -- je ne laisserais pas Laura là-bas une seule seconde si je pensais qu'elle était en danger -- mais avec la sécurité augmentée et le personnel en état d'alerte, je suis plutôt sûr que Laura y sera en sécurité."
"Je suis heureuse de t'entendre dire ça. Je pense que demain nous devrions aller là-bas tous les deux. Je veux vraiment découvrir qui fait cela pour que nous puissions l'arrêter. Et, bien que j'adore rester à la maison avec Laura, je ne peux pas faire énormément de recherches dans la journée pendant que je suis là."
"Alors, c'est entendu. Nous irons tous les trois au Planet demain."
"J'aime l'idée de nous savoir tous dans le même immeuble." reconnut Lois. "Mais je vais quand même garder un œil attentif sur elle au cas où."
Clark lui prit la main et la caressa. "On sera deux."

"Hé, Chef, on peut vous parler ?" Clark frappa à la porte de son rédacteur en chef le vendredi matin, annonçant sa présence.
Perry leva les yeux. "Oui, Clark, Lois, entrez. Je suis en train de me tenir au courant de ce qui s'est passé cette semaine. Je vous jure, je n'arrive pas à me souvenir de la dernière fois où j'étais assez malade pour prendre deux jours d'affilée."
"Comment vous sentez-vous, Perry ?" s'enquit Lois en s'asseyant sur le canapé.
"J'ai eu de meilleurs jours, ma chérie… J'ai trois reporters de la rubrique locale sur la touche avec cette grippe et les rédacteurs des autres services ont le même problème." Il soupira. "Alors, je suppose que vous êtes là pour me parler de vos articles ?"
Clark hocha la tête. "En vérité, non. Il s'est passé quelque chose cette semaine dont nous devons vous avertir."
Perry dressa les sourcils et s'assit dans sa chaise, attentif. "Je suis tout ouïe …"
Juste à cet instant Jimmy Olsen passa précipitamment la porte. "Hé, Chef, vous ne devinerez jamais ce que--"
"Jimmy !" gronda son aîné. "Tu ne vois pas que je suis en train de parler avec Lois et Clark ?"
Jimmy se tortilla embarrassé. "Je suis désolé, les gars. Je reviendrai."
Clark leva la main pour l'arrêter. "Non, Jimmy, j'aimerais que tu écoutes aussi."
Lois prit la parole, dirigeant ses mots vers Perry et Jimmy. "Il s'est passé certaines choses troublantes ces derniers jours. Dans un premier temps, nous avons pensé qu'il s'agissait d'une farce, mais il est devenu clair que quelqu'un nous visait directement. Ou plus exactement, visait Clark."
"Tout d'abord c'était juste des appels téléphoniques raccrochés, mais pendant le week-end nous avons commencé à recevoir des colis," poursuivit Clark.
"Un des types que vous avez mis en prison vous harcèle encore ?" demanda Jimmy.
Clark hésita et regarda Lois. "Je n'avais pas pensé à ça… tu penses que quelqu'un a monté tout ça juste pour nous harceler ?"
Lois parut peu convaincue. "Tout est possible, mais ça n'en a pas l'air." Elle se tourna à nouveau vers Perry. "Ça a commencé ce week-end. Clark a reçu des fleurs qui lui ont été livrées à la maison, accompagnées d'un petit mot doux. Puis j'ai reçu une lettre anonyme me disant que Clark ne m'aimait pas et qu'il comptait me quitter. Et hier matin, quelqu'un a laissé une cassette de chansons d'amour dans notre voiture pour que Clark la trouve quand il irait travailler. Mais la chose la plus troublante s'est passée mercredi après-midi. Une femme a essayé de prendre Laura à la garderie en disant au personnel qu'elle était la future Mme Kent et que Clark voulait qu'elle vienne chercher le bébé."
Perry et Jimmy restèrent la bouche ouverte pendant que Lois leur résumait la situation. "Vous plaisantez ! C'est terrible !" s'exclama Jimmy.
Perry fronça les sourcils. "Avez-vous une idée de la personne qui fait ça ?"
Clark hocha la tête. "Non, j'aimerais bien. Jusqu'à mercredi, nous pensions que quelqu'un nous harcelait en essayant de faire croire que j'avais une liaison. Mais après qu'elle -- qui qu'elle soit -- ait essayé de prendre Laura, nous avons fait un rapport à la police. C'est visiblement plus sérieux qu'un simple petit jeu psychologique."
"Où est Laura maintenant ?" demanda Perry inquiet.
"Elle est en bas au Centre," reconnut Lois. "Vous étiez malade, Perry, sinon vous en auriez entendu parler. Hier, je suis restée à la maison avec Laura, mais Clark a parlé avec Ruth Wilson et nous sommes sûrs qu'ils seront en alerte au moindre problème. La sécurité surveille attentivement l'entrée et le Centre en particulier."
"Et nous gardons aussi un œil dessus," ajouta Clark, posant une main sympathisante sur l'épaule de Lois. "Mais malheureusement, nous n'avons pas réussi à trouver qui peut faire ça. Il y a des empreintes sur la cassette, mais aucune ne correspond à celles du fichier de la police. Et tout ce que nous avons c'est une vague description de la personne qui a essayé de prendre Laura."
"Et qui que soit cette personne, elle sait où nous habitons et où nous travaillons," ajouta Lois.
Jimmy écarquilla les yeux. "Vous pensez que c'est quelqu'un d'ici ?" demanda-t-il, regardant derrière lui pour examiner la salle de rédaction.
Clark hocha la tête. "Non, je ne pense pas que--"
"Eh bien, en vérité…" commença Lois.
A cet instant Jimmy se retourna vers la salle. "Hé, j'ai presque oublié que je suis entré ici pour vous dire quelque chose !" s'exclama-t-il. "Si c'est quelqu'un d'ici, ça peut tenir debout !"
"Jimmy, tu parles par énigmes," dit Perry d'un ton bourru. "Alors, dis-le."
"J'étais descendu à la recherche pour sortir des dossiers quand Dick Cooper est sorti à toute vitesse de la salle où sont conservés les documents archivés. Il s'apprêtait à venir lui-même vous parler mais étant donné que c'était sur mon chemin, je lui ai dit que j'allais le faire. Quelqu'un est entré aux archives la nuit dernière et détruit un tas de vieux journaux. Les articles ont été découpés et dispersés dans tous les coins."
Clark, Lois et Perry se regardèrent. "Eum, et qu'est-ce que ça a à voir exactement avec nous ?" lui demanda Lois un peu impatiente.
Jimmy la regarda à son tour. "J'y viens ! Quand Dick et ses collègues ont commencé à inventorier ceux qui manquaient, ils ont découvert quelque chose." Jimmy s'interrompit pour accentuer son effet, sachant qu'il avait maintenant l'attention de tous. "Ce sont presque tous les articles que Clark a écrits."
"Que j'ai écrits ?" s'exclama Clark, incrédule. "Cette personne a découpé chaque article que j'ai écrit depuis six ans ?!?"
"Non, pas tous," répondit Jimmy. "On dirait qu'il s'agit des articles les plus importants. Elle a pris également les articles des autres journalistes vous concernant, comme lorsque vous vous êtes fait tirer dessus par ces gangsters et que Superman vous a ramené à la vie ou quand Lex Luthor a kidnappé Lois quand vous deviez vous marier."
"Mon Dieu !" s'exclama Lois. "Qui que soit cette personne, son obsession pour toi est vraiment sérieuse, Clark !"
Clark regarda par terre un long moment, perdu dans ses pensées. Il leva finalement les yeux, le visage déterminé. "Jimmy, est-ce que tu peux appeler les bibliothèques et les autres journaux en ville et leur demander s'ils ont eu des problèmes similaires ? Essayons de nous faire une meilleure idée de la personne à qui nous avons affaire."

Jimmy revint faire son rapport à Lois et à Clark un peu plus tard dans la matinée. Il les trouva à leur place dans la salle de rédaction. "Bon, j'ai des nouvelles," dit-il en se penchant sur le coin du bureau de Clark, un bloc-notes dans la main. "J'ai parlé au Métropolis Star et au New Troy Herald et même au Métropolis County Weekly Journal. Aucun d'eux n'a eu vent de tels problèmes. Toutefois, trois des six annexes de la Bibliothèque Municipale de Métropolis en ont eu. Ils ont été très surpris quand j'ai appelé. Il s'avère qu'ils n'avaient même pas cherché une raison à la disparition des articles quand je les ai contactés, mais ils y ont regardé de plus près et ont comparé avec les copies sur microfilms, et effectivement, ils concernent tous Lois ou Clark."
"Clark eut l'air inquiet. "Lois ? Pourquoi Lois ?"
Jimmy regarda de l'un à l'autre, soudain mal à l'aise. "Eum, concernant Lois ce sont les articles des tabloïds qui manquent. Toutes ces histoires sur Lois quand elle était amnésique, quand elle était avec Lex Luthor et puis avec ce Docteur Deter."
"Oh, merveilleux," lança Lois sur un ton sarcastique. "Elle essaie probablement de ramasser assez de preuves que je ne suis pas assez bien pour toi."
"Eh bien, elle n'arrivera jamais à prouver cela," répliqua Clark sympathisant.
Lois se tourna vers Jimmy. "Par curiosité, quelles annexes de la bibliothèque ont été touchées ?"
Jimmy ébaucha un petit sourire. "Les trois plus proches du Daily Planet."
"Pourquoi ça ne me surprend pas ?" Lois hocha la tête d'un air dégoûté, puis parut songeuse.
Clark se redressa sur sa chaise. "On dirait que, tout comme Jimmy, tu soupçonnes toi aussi quelqu'un d'ici."
Lois regarda son mari. "Eh bien, il y a une personne à laquelle tu n'as pas pensé. Elle est arrivée en ville la semaine dernière, juste quand tout cela a commencé. Et elle correspond à la description que nous a donné Ruth."
"Qui ?"
Lois baissa le ton en regardant autour d'elle pour voir qui se trouvait à portée de voix. "Kate."
"Kate Martin ?" Clark eut l'air étonné. "Je ne peux pas croire ça. C'est juste une gamine."
Jimmy dressa les sourcils en regardant son ami. "Ce n'est pas exactement l'impression que j'ai eue."
"Pourquoi, elle t'a dit quelque chose ?"
"Non, non… c'est juste, vous savez, regardez-la !" Jimmy fit quelques gestes explicites. "Ce n'est pas une gamine."
Clark se défendit. "Ce n'est pas exactement ce que je voulais dire, mais elle et moi sommes amis. Elle était un peu comme ma petite sœur."
Lois se tourna vers Clark. "Crois-moi Clark. J'ai vu la façon dont elle te regarde. Ses pensées sont loin de l'adoration que l'on porte à un frère ."
Clark s'assit au fond de sa chaise, laissant vagabonder ses pensées. Kate pouvait correspondre à la description que le personnel de la garderie avait donnée. Mais Lois aussi et un bon nombre d'autres femmes dans le bâtiment. "Kate est-elle là aujourd'hui ? On pourrait peut-être faire monter Ruth Wilson pour voir si elle la reconnaît."
Jimmy tira une feuille du bloc-notes qu'il tenait. "J'ai la liste des personnes de tous les services qui ont appelé pour dire qu'ils étaient malades. Il faut que je la donne à Perry." Il la consulta, puis la montra à ses deux collègues. "Kate Martin… partie à 2 heures mercredi après-midi déclarant qu'elle ne se sentait pas bien, a ensuite appelé ses deux derniers jours pour dire qu'elle était malade.

Kate Martin était assise par terre au milieu de sa salle de séjour entourée de grands albums surchargés. Ses yeux étaient injectés de sang et son visage était pâle. Elle avait travaillé dur ces deux derniers jours pour mettre à jour ses coupures de journaux et le manque de sommeil était évident dans son apparence et ses mouvements.
Avec un soupir fatigué mais satisfait, Kate s'appuya contre le canapé et prit l'album se trouvant le plus près d'elle. Elle caressa le motif doré sur la couverture avant de l'ouvrir. Un sourire se dessina au coin de ses lèvres et elle poussa un profond soupir. Ça valait le coup d'avoir passé autant d'heures… Et maintenant, les choses ne seraient plus aussi difficiles… Elle allait s'abonner au journal et elle n'aurait plus à chercher les vieux numéros déjà publiés.
Kate tendit la main et passa son index le long de la joue de l'homme sur la photographie se trouvant à la première page. Il avait l'air si séduisant sur la photo, vêtu d'un smoking noir, tenant son Prix Kerth. Il était si talentueux, mais elle le savait depuis longtemps. D'autres en avaient peut-être douté -- il doutait parfois de lui-même -- mais elle l'avait toujours su.
Avec un doux sourire, Kate regarda la photo posée par terre à côté d'elle. Ils étaient ensemble sur cette photographie. Presque neuf ans s'étaient écoulés, mais il était alors aussi séduisant et aussi talentueux. Ils souriaient tous les deux sur la photo, lui à son bureau, elle assise sur la chaise face à lui. Ils étaient visiblement amoureux. Elle pouvait le voir dans ses yeux.
Kate feuilleta les pages de l'album qu'elle avait fait et étudia les articles. Elle espérait qu'il lui pardonnerait d'avoir tant gâché sa vie, mais elle savait au fond de son cœur qu'il ne pourrait pas vraiment être en colère après elle. Il l'aimait ! C'était dans sa voix et dans cette étreinte qu'il lui avait donnée quand elle l'avait revu dans la salle de rédaction. Il lui avait offert un café et lui avait dit qu'elle était gentille avec sa fille.
Il savait quelle bonne épouse et mère elle ferait.
Son visage s'assombrissant quelque peu, Kate prit un autre album. Elle l'ouvrit et passa en revue les articles jusqu'à ce qu'elle trouve celui qu'elle cherchait. Elle poussa un profond soupir et les larmes lui brouillèrent les yeux. Son visage sur cette photographie était en colère et blessé. Le titre de l'article expliquait pourquoi -- la femme qu'il avait épousée était partie avec un autre homme.
Kate tourna les pages, le visage mouillé de larmes. Des noms d'hommes, de nombreux hommes, bondissaient des pages. Lex Luthor, Maxwell Deter, Superman… elle était avec tous ces hommes, tous alors qu'elle était supposée lui être fidèle. Elle ne l'aimait pas, pas de la façon dont il méritait d'être aimé. Tout ce qu'elle faisait n'était que lui faire du mal.
Un sanglot s'échappa de ses lèvres. Son pauvre chéri. Il avait épousé une autre femme parce que Kate l'avait laissé. C'était une terrible erreur. Comme sa vie avait dû être horrible ces dernières années sans elle. Elle savait que sa propre vie était incroyablement malheureuse sans lui. C'est ça l'amour.
Et maintenant il était là, piégé dans une union avec une femme qui ne le méritait pas, ne le respectait pas de sa fidélité. Oh, il pouvait déclarer être fidèle à son mariage. Il avait tellement d'honneur et il voulait faire ce qui était bien. Mais Kate savait ce qu'il avait dans le cœur.
Elle sourit à travers ses larmes. En fin de compte, il ferait ce qu'il fallait, il ferait ce qu'il fallait pour leur amour. Le lien qui les unissait était sacré, même après toutes ces années. Elle savait qu'il avait pensé à elle, qu'il s'était demandé comment elle allait. Elle le sentait.
Cela prendrait peut-être un peu de temps, le temps qu'il rompe avec sa femme, le temps qu'il obtienne le divorce. Qu'ils obtiennent tous deux la garde de sa fille pourrait s'avérer difficile, mais ils devraient persévérer, aussi longtemps qu'ils seraient unis. Et elle pourrait lui donner un autre enfant.
C'était si difficile de ne pas décrocher le téléphone pour l'appeler. Elle avait essayé plusieurs fois, mais sa femme répondait toujours. Les premières fois, Kate avait raccroché car elle avait eu peur. Plus tard, elle avait décidé qu'il serait cruel de dire à sa femme que son mari aimait quelqu'un d'autre. En définitive, Kate comprit toutefois qu'il fallait qu'elle le dise. C'était pour cela qu'elle avait envoyé les lettres.
Maintenant que sa femme était au courant, les choses seraient plus faciles. Kate avait passé des heures à enregistrer cette cassette révélant qu'ils étaient faits l'un pour l'autre. Certaines des chansons étaient nouvelles, mais les autres dataient de neuf ans, "leurs chansons". Les chansons qu'ils avaient écoutées le soir où ils avaient dîné ensemble et où il lui avait ouvert son cœur, lui racontant tous ses espoirs, ses rêves et ses angoisses. La chanson sur laquelle ils avaient dansé quand le personnel du journal était sorti pour célébrer un article quelconque.
Maintenant, après avoir écouté la chanson, il viendrait sûrement vers elle. Kate attendrait qu'il rompe avec sa femme et ensuite il lui reviendrait.

Le week-end des Kent passa à toute vitesse. Le rhume de Laura était terminé et elle était prête à jouer à nouveau pour rattraper le temps perdu. Elle mangeait également beaucoup plus que d'habitude, sans doute pour se remettre de son manque d'appétit de cette dernière semaine. Lois et Clark avaient passé leur temps à s'occuper de leur fille et à se réjouir de ce moment passé en famille, sans se soucier du reste.
Les parents Kent étaient toujours en voyage, mais avaient téléphoné pour tenir Lois et Clark au courant de leur itinéraire actuel. Lois et Clark leur avaient un peu parlé de ce qui se passait avec leur 'désaxée' mais avaient minimisé le sérieux avec lequel ils prenaient les choses, et n'avaient pas parlé du tout de l'incident de la garderie.
Clark était parvenu à amener négligemment la conversation sur Kate Martin avec ses parents. Sans évoquer les inquiétudes de Lois et les siennes que c'était peut-être elle qui le harcelait. Il avait essayé de savoir si Martha et Jonathan avaient entendu quelque chose sur elle ces neuf dernières années. Malheureusement, ils n'en savaient pas beaucoup plus que lui. Ils se souvenaient d'elle -- ses grands-parents avaient une ferme au nord du village, et Kate y passait ses étés quand elle était enfant. C'était comme ça qu'elle avait obtenu un travail pour l'été au Smallville Press après sa première année à l'Université du Kansas. Elle vivait avec ses parents à Topeka quand elle n'était pas en classe, mais Martha avait perdu la trace de la famille il y avait quelques années, après la mort de ses grands-parents.
Lois écoutait avec intérêt Clark évoquer avec ses parents son bref passage en tant que Rédacteur en Chef du Smallville Press. Clark avait 24 ans -- pas beaucoup plus vieux que Jimmy -- quand il avait pris cet emploi. Il avait voyagé pendant deux ans à l'étranger, essayant de se lancer dans une carrière de journaliste en freelance. La seule source de revenus qu'il avait pu obtenir -- si petite qu'elle était -- venait du Smallville Press, qui publiait le récit de ses voyages. Par conséquent, lorsque Jonah Simons, le vieux rédacteur en chef du Press, s'était retrouvé en arrêt de maladie à la suite d'un infarctus, Clark s'était senti dans l'obligation de revenir à Smallville pour le remplacer.
Ce travail était arrivé au bon moment -- Clark se retrouvant sans argent et n'ayant aucune autre perspective immédiate de salaire. Il traversait une période difficile. Il rentra à la maison pour prendre cette place, en disant que c'était temporaire et qu'il voulait juste aider le journal et mettre un peu d'argent de côté. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il revenait la queue entre les jambes, d'avoir échoué. Certains de ses amis de lycée s'étaient depuis mariés et avaient des enfants et travaillaient pour subvenir aux besoins de leur famille. Mais après deux années passées à écrire comme journaliste professionnel, deux ans après avoir quitté l'université, Clark n'arrivait même pas à subvenir à ses propres besoins.
C'était au journal qu'il avait rencontré Kate. Leur différence d'âge -- six ans -- et le peu de temps qu'elle passait à Smallville avaient empêché leurs chemins de se croiser avant. Clark se souvenait vaguement l'avoir vue jouer quand elle était petite et qu'il était au lycée, mais il ne l'avait pas revue depuis des années et ne s'attendait certainement pas à voir entrer la ravissante et intelligente jeune fille de 18 ans au début de cet été-là dans son bureau, se présentant pour la place que M. Simons lui avait promise avant sa maladie.
Clark l'avait mise au travail et était impressionné par ses talents d'écrivain et son assurance. La prenant sous son aile, il avait essayé de lui faire découvrir différents aspects du journalisme, y compris le travail de rédacteur en chef. Quand Kate était partie pour commencer sa deuxième année cet automne-là, Clark sentait qu'elle serait une excellente recrue pour n'importe quel journal.
En parlant au téléphone avec ses parents, Clark sourit faiblement quand son père demanda si les expériences de Kate à Smallville l'avaient décidée à devenir elle-même rédacteur en chef.
Pendant le week-end, Clark avait raconté à Lois d'autres détails de cet été plus personnels, des choses qu'il n'avait pas dites à ses parents. Il reconnaissait que Kate avait probablement un faible pour lui à cette époque, mais qu'il n'avait pas donné suite, même s'ils s'entendaient plutôt bien. Et pourtant, jouer les mentors avec elle n'avait pas été très altruiste de sa part.
Bien qu'il comprenne maintenant que revenir pendant six mois à la maison avait été une bonne chose, à ce moment il avait des sentiments très ambivalents. Son amour-propre en avait prit un coup et il commençait à douter de ses qualités d'écrivain. Il s'était demandé s'il pourrait à nouveau vivre à Smallville. Toutefois, avec Kate, Clark avait redécouvert qu'il aimait écrire pour le plaisir d'écrire et pas seulement pour percevoir un salaire.
Elle avait été une élève enthousiaste et, tandis que l'été passait, Clark était devenu son mentor. Ils passaient de longues heures à parler écriture et journalisme, ainsi que de leur rêve commun de travailler pour un grand journal. Kate était jolie, intelligente et talentueuse -- et avalait tout ce qu'il disait, ce qui remontait son amour-propre à un moment où il doutait de lui-même et de son talent. D'une certaine façon, c'était justement le petit coup de pouce dont il avait besoin pour reprendre confiance et retourner dans le "monde réel".
Le dimanche soir, Lois était assise silencieusement sur le canapé, blottie dans les bras de son mari pendant qu'ils parlaient de cette période de la vie de Clark. Il ne lui avait jamais raconté autant de détails de ces six fameux mois à Smallville et elle avait l'impression de le connaître encore davantage. Ironiquement, cette année correspondait à une période difficile qu'elle avait traversée -- l'année où Claude, le journaliste Français, l'avait séduite, lui avait volé son article et avait quitté la ville. Là où son amour-propre l'avait fait se renfermer et se plonger encore davantage dans le travail, les mêmes doutes avaient conduit Clark à chercher quelqu'un pour l'encourager. Lois se dit que cela en disait long sur leur personnalité.
"Alors, tu penses que Kate essaie de raviver la vieille romance ?" dit-elle enfin, après que Clark ait fini son histoire.
"Il n'y a aucune romance à raviver, Lois," se défendit-il. "Je veux dire, on sortait quelque fois prendre une glace, un café ou une tarte aux pommes au dîner, mais ce n'était pas comme si on se fréquentait. Je crois qu'on est allé au cinéma qu'une seule fois pendant tout cet été et c'était avec d'autres personnes. La plupart du temps on restait juste au bureau à parler."
Lois hocha la tête. "Je ne dis pas que tu lui as donné de faux espoirs, Clark. Et même si tu l'as fait, ce n'est rien de plus que le souvenir d'un béguin datant de presque 10 ans. Si c'est Kate qui fait cela, quelqu'un d'autre est impliqué."
"Tu veux dire que quelqu'un l'incite à faire ça ?" demanda Clark, se souvenant de la réflexion moqueuse de Lois sur Lex Luthor essayant de les déconcentrer de leur enquête.
"Ça," répondit Lois, "ou elle est sérieusement dérangée. Les lettres et la cassette… on dirait que ça s'est passé il y a neuf jours, pas neuf ans !"
"Eh bien, le week-end a été calme, alors peut-être que la personne qui fait cela a arrêté. Nous n'avons pas eu un seul coup de téléphone anonyme. Pas de fleurs, pas de cassettes." Clark fit un clin d'œil à Lois. "Pas même de chocolats."
Lois se redressa un peu. "Hé, c'est vrai… elle n'a jamais envoyé de chocolats. Quel genre de maniaque est-elle ?" dit-elle en plaisantant. "Mince, c'est dommage qu'elle n'appelle pas maintenant. Tu pourrais lui dire d'ajouter les chocolats à la liste, mais seulement des bons--"
Lois fut interrompue par la sonnerie du téléphone. Clark et elle se regardèrent les yeux écarquillés.
"Je plaisantais," murmura Lois.
"Je sais," répondit Clark en souriant. "Ce n'est peut-être même pas elle. J'y vais."
Il se leva et se dirigea vers le bureau où se trouvait le téléphone. Prenant une profonde inspiration, il répondit à la troisième sonnerie. "Allô ?"
Lois le regardait d'un air interrogateur. Clark hocha la tête et était sur le point de raccrocher l'appareil quand une voix féminine lui parvint aux oreilles."
"Clark ? C'est toi ?"
"Oui, c'est Clark… qui est-ce ?"
"Oh, Clark, Dieu merci je t'ai trouvé. Je commençais à m'inquiéter !"
Clark eut l'air surpris. "Inquiète à propos de quoi ?" demanda-t-il hésitant.
"Alors comment ça s'est passé quand tu lui as dit ?" dit la voix avec inquiétude. "Est-ce que c'est fini ? Quand vas-tu arriver ? Je pensais que tu serais là maintenant."
Clark ferma les yeux un court instant découragé. Il reconnaissait la voix et c'était exactement ce qu'il craignait. "Kate c'est vous ?"
"Bien sûr, c'est moi, idiot !" répondit-elle en riant. "Qui d'autre peut être au courant de la conversation que tu viens d'avoir avec Lois ? Alors, est-ce que tu vas emmener le bébé quand tu viendras ou non ? Je n'ai pas beaucoup de place, mais demain nous pourrons aller chercher quelques affaires de bébé ou peut-être que l'on devrait trouver une chambre d'hôtel pour cette nuit--"
Clark avait la tête qui tournait. "Quoi ?" demanda-t-il, perplexe. "De quoi parlez-vous ? Et quelle conversation ai-je pu avoir avec Lois ?" En entendant son nom, Lois se leva avec inquiétude et avança vers le téléphone. Elle posa son oreille sur le combiné pour pouvoir entendre.
La femme à l'autre bout du fil paraissait surprise elle aussi. "Tu n'as pas eu la cassette ? Et elle n'a pas eu les lettres ?" Sa voix s'adoucit. "Je sais que j'aurais dû te laisser lui parler de nous, chéri, mais je ne pouvais plus attendre ! Tu me manques tellement. Je sais que tu es fidèle et que tu ne veux pas la faire souffrir, mais il fallait qu'elle sache. J'ai pensé que si elle connaissait la vérité sur nous, tu pourrais la quitter plus facilement."
Lois poussa un soupir outragé, mais Clark la fit taire en levant le doigt. "Alors, c'est vous qui avez envoyé ces lettres… et les fleurs ? "
"Bien sûr, mon amour !" dit Kate en riant, la voix soudain plus inquiète. "Et la cassette, tu as eu la cassette, n'est-ce pas ? J'ai passé tellement de temps pour qu'elle soit parfaite… il y a dessus toutes nos chansons. Est-ce que tu aimes la dernière ? C'est ma préférée… celle qu'on a entendu la dernière fois qu'on s'est embrassés." La dernière phrase était dite sur un ton presque rêveur.
Clark était surpris. "Embrassés ?" dit-il avec un sentiment d'impuissance. "Kate, nous ne nous sommes pas embrassés. Nous ne sommes jamais sortis ensemble. Je ne sais pas pourquoi vous faites cela, mais il faut que ça s'arrête." sa voix était ferme. "Ça doit s'arrêter."
"Mais nous nous aimons ! Je sais qu'une fois que Lois l'aura compris, elle ne se mettra pas en travers de notre route. Si elle ne s'oppose pas au divorce, nous pourrons nous marier dans six mois ! As- tu parlé de la petite Laura avec elle ? Tu penses qu'elle nous laissera la prendre ? C'est une petite fille si merveilleuse; je l'aime tellement. J'ai vraiment--"
Clark lui coupa la parole, cette fois très en colère. "Restez loin de Laura," lui ordonna-t-il. "Comment avez-vous osé la prendre à la garderie ?! Et de toute façon, que vouliez-vous faire avec elle ?"
Kate parut blessée, impuissante devant son accès de colère. "Je suis désolée, chéri . S'il te plaît ne te mets pas en colère. Je savais que tu avais beaucoup de travail et que tu voulais que j'aille la chercher. J'allais la ramener à la maison et t'attendre. J'ai pensé qu'une fois que Lois aurait la lettre, tu pourrais lui expliquer les choses avant de la quitter et de cette façon nous aurions pu prendre Laura avec nous !"
Clark éleva la voix en s'énervant. "Kate ! Ecoutez-moi ! Il n'y a pas de nous ! Je suis heureux en ménage avec Lois. J'aime Lois. Seulement Lois."
"Comment peux-tu dire ça ? " répondit la femme en larmes. "Tu sais que nous nous aimons. Tu dis ça uniquement parce que Lois est là. Elle est là, n'est-ce pas ? Elle écoute ?"
Lois et Clark se regardèrent, un instant inquiets et surpris que Kate puisse les voir. Il leur fallut quelques secondes pour s'apercevoir que Kate continuait sa tirade."
"Clark, s'il te plaît, écoute-moi. Je sais que tu penses devoir quelque chose à Lois, mais tu ne lui dois rien ! Elle ne te mérite pas. Elle t'a terriblement blessé, je le sais. Elle est allée avec d'autres hommes, je ne sais combien de fois. Lex Luthor, Maxwell Deter et Superman… elle ne t'a jamais été fidèle, mais moi je le serai. Elle recommencera à te faire du mal, comme elle l'a fait avant. Mais moi je ne te ferai jamais de mal, mon amour ! Je t'aime !"
"Quelle petite--" murmura Lois.
Clark se sentait perdu. Ce n'était pas la Kate Martin dont il se souvenait. "Kate, écoutez-moi," dit-il moins en colère qu'auparavant en essayant de la calmer. "Vous avez besoin d'aide. Je ne sais pas pourquoi vous faites ça mais--"
"Je veux juste que nous soyons ensemble, c'est tout," supplia la jeune femme. "Tu m'as tellement manqué et c'est si terrible sans toi. Je sais seulement que lorsque nous serons ensemble, tout ira bien, pour nous deux."
"Kate; je suis marié !" répéta-t-il. "J'aime ma femme et je n'ai aucunement l'intention de la quitter pour vous ou pour qui que ce soit. Jamais."
Lois et Clark entendirent la jeune femme renifler et ils se détendirent un peu, pensant qu'ils étaient enfin parvenus à la convaincre. Mais après quelques instants, sa voix se fit entendre plus clairement, comme si elle s'était ressaisie et avait pris d'autres résolutions. "C'est d'accord, Clark." dit-elle calmement. "Je sais qu'elle est là et que tu ne peux pas dire ce que tu ressens vraiment. Mais nous connaissons tous les deux la vérité. Dès que Lois sera éliminée, nous pourrons élever Laura. Je serai une bonne épouse et une bonne mère. Tu le verras bientôt. Bonne nuit, Clark. Je t'aime."
Le sang de Clark se glaça. Parler "d'éliminer Lois" était inquiétant, et même si Kate n'avait pas prévu d'être violente, il était clair que son harcèlement n'était pas terminé. "Kate ! Attendez ! cria-t-il. "D'où appelez-vous ?"
Toutefois, la seule réponse fut le bruit du téléphone qu'on raccrochait, puis la tonalité.
Clark raccrocha précipitamment le téléphone et avant que Lois ne se rende compte de ce qui se passait, il tourbillonna pour revêtir son costume de Superman. "Il faut que je voie si je peux la trouver. Je reviens," dit-il.
Embrassant sa femme en s'excusant, Superman se précipita par la fenêtre et s'envola vers le ciel dans un brouillard multicolore.

Clark revint une demi-heure plus tard, frustré. Rien. Ne sachant où chercher, il avait volé en cercles en partant de la maison en espérant que le destin le guiderait vers Kate Martin. Mais il n'avait pas eu de chance. Il était toutefois presque sûr qu'elle n'était pas près de la maison, ce qui le tranquillisait un peu de savoir que Lois n'était pas en danger immédiat.
Lois était dans leur chambre, déjà en robe de chambre. "Quelque chose ?" demanda-t-elle.
Clark hocha la tête et s'assit sur le lit. "Rien. Il ne semble pas qu'elle soit dans le voisinage, alors avec un peu de chance elle n'essaiera rien d'autre cette nuit."
"Tu veux continuer à chercher ?" Lois s'assit sur le bord du lit à côté de lui.
Clark prit sa femme contre lui et la serra dans ses bras. "Non, chérie, je veux être ici avec toi. Sauf en cas d'extrême urgence, je ne quitte pas la maison jusqu'à ce qu'on puisse régler ça."
Lois le serra contre elle, puis raconta, "J'ai appelé les Renseignements. Ils n'ont aucune Kate Martin. Il y a deux K. Martin, mais j'ai téléphoné chez les deux et ce sont des hommes qui m'ont répondu, me disant que je n'avais pas le bon numéro. Je présume qu'elle n'est pas avec un homme qui va mentir pour elle, si elle fait vraiment cela pour les raisons qu'elle avance."
Clark soupira. "Je ne comprends vraiment pas ! C'était une personne normale et brillante. Que lui est-il arrivé ?"
"Je ne sais pas," murmura Lois. "Mais je suis désolée que ça te contrarie tant. Je suis heureuse que nous sachions maintenant qui fait cela, mais j'aimerais que ce ne soit pas quelqu'un avec qui tu as de bons souvenirs."
Clark resta un long moment silencieux, baissant les yeux tristement. "Je suppose que la seule chose que nous puissions faire est d'attendre demain et d'essayer de la trouver. Peut-être même qu'elle va se montrer au journal. Si elle ne vient pas, le Service du Personnel aura des informations sur l'endroit où la contacter, une adresse ou un numéro de téléphone. J'aimerais qu'on voie si on peut résoudre cela, lui apporter de l'aide sans y mêler la police, mais je ne veux prendre aucun risque avec ta sécurité."
"Je peux m'occuper de moi," murmura Lois. "Fais ce que tu as à faire."
Clark se tourna dans ses bras. "Je sais que tu peux le faire et que tu peux aussi t'occuper de moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. L'idée que nous aurions pu ne jamais nous rencontrer ou que nous aurions pu rompre… que j'aurais pu passer ma vie sans t'avoir à mes côtés--" Sa voix se brisa.
Lois l'embrassa tendrement, passant doucement sa main dans ses cheveux. "Chh, tout va bien. Je suis là. Je t'aime et je ne vais nulle part."
Clark allongea lentement sa femme sur le lit, transformant leur baiser de tendre en passionné. "Je t'aime, Lois," murmura-t-il la voix rauque et pleine d'émotion.
"Je t'aime aussi, Clark."
Ils firent l'amour avec une soif qu'ils n'avaient pas ressentie depuis longtemps, chacun ayant besoin de se rassurer et de rassurer l'autre qu'aucune menace ne pesait sur leur amour. Pour eux, il n'y aurait jamais personne d'autre.
Pourtant, ils ne parvenaient pas à balayer le sentiment que tout cela était loin d'être terminé.

ACTE QUATRE

Le lundi matin, Jimmy était arrivé au journal depuis dix minutes quand Clark le saisit avec un regard déterminé.
"Hé, CK, qu'est-ce qu'il y a ?"
"Jimmy, j'ai besoin de tout ce que tu peux obtenir du Service du Personnel sur Kate Martin."
Jimmy avait les yeux exorbités. "Vous voulez dire que c'était elle ? Oh, mince, j'arrive pas à y croire ! Elle paraissait si gentille !"
Clark n'avait pas l'air ravi. "Je sais; ça ne m'emballe pas beaucoup, mais il faut que je la trouve. Essaie de me faire une photocopie de ses différents contacts, si tu le peux. J'ai besoin de tout -- adresse, numéro de téléphone, personne à contacter en cas d'urgence…"
"D'accord, CK, mais je ne sais pas ce que je vais pouvoir obtenir. Ces choses-là sont parfois confidentielles."
"Fais intervenir Perry au besoin; je lui ai déjà tout expliqué. Mais, Jimmy ? Ne dis à personne pourquoi tu as besoin de ces informations. J'aimerais que l'on résolve ça sans trop d'humiliation publique, d'accord ?"
"Jimmy sourit. "Humiliation pour elle -- ou pour vous ?"
Clark se figea, puis il regarda sérieusement Jimmy. "Je n'ai rien fait de mal, Jimmy. Je n'ai pas de liaison et Lois le sait. J'espère que toi aussi tu le sais."
Jimmy se calma très vite. "Je sais; je ne faisais que vous taquiner. Où serez-vous quand je vais revenir ?"
Clark s'était déjà retourné. "Si je ne suis pas à mon bureau, viens me chercher au bureau de Peggy Lawrence, à la rubrique Mode. Il faut que je lui parle pour voir si elle a eu des nouvelles de Kate."

Clark passa l'heure suivante nerveux et distrait. Chaque fois que l'ascenseur s'ouvrait, il regardait attentivement qui en sortait. Lois avait rendez-vous pour une interview ce matin-là qu'elle ne pouvait pas remettre et il savait qu'il ne se sentirait mieux que lorsqu'elle serait revenue au journal saine et sauve. Sa super oreille était fixée sur la garderie cherchant des signes d'activité inhabituelle, et il s'arrêtait fréquemment pour écouter si Lois appelait au secours. Il n'entendait rien, ce qui le rassurait, mais il savait qu'il ne ferait pas grand-chose avant que tout ceci ne soit résolu.
Sa conversation avec Peggy Lawrence, la Rédactrice de la Rubrique Mode, n'avait rien apporté à Clark. Kate paraissait être une bonne recrue, mais elle n'avait travaillé que deux jours et demi avant de dire qu'elle était malade. Mme Lawrence ne trouvait pas cela étonnant, même s'il s'agissait de la première semaine de travail de Kate, car de nombreux employés avaient attrapé la terrible grippe qui sévissait. Mme Lawrence l'avait eu elle aussi la semaine précédente et comprenait très bien les arrêts de maladie.
Il y avait toutefois une chose inattendue.
"En vérité Clark," dit Peggy dès qu'il commença à lui parler de Kate," elle a laissé un message sur ma boîte vocale ce matin. Kate a démissionné. Elle n'a pas donné de raison, seulement qu'elle ne revendrait pas."
"Elle a démissionné ?" répéta Clark. "Oh, bon sang."
Mme Lawrence hocha la tête. "Je sais; ça ne me plaît pas de la voir partir. Elle était ici depuis seulement quelques jours, mais elle avait un réel talent. Elle paraissait vraiment résolue." Devant l'expression déconcertée de Clark, elle leva les sourcils. "Il s'est passé quelque chose entre vous ? Kate a dit que vous étiez de bons amis… et elle était vraiment intéressée par votre avis."
Clark poussa un profond soupir. "On se connaît -- elle a travaillé pour moi il y a quelques années -- mais ce n'est pas ce que vous croyez, ni ce qu'elle paraît croire. Nous sommes dans une… situation… qui fait que je dois vraiment la trouver. Avez-vous un numéro de téléphone ou une adresse la concernant ?"
Peggy ouvrit le tiroir de son bureau. "Eh, bien , attendez, je crois que j'ai quelque chose… oui, voilà.
Elle a donné lundi certaines informations pour la liste du personnel."
Clark regarda le bristol et fronça les sourcils. "Elle a donné une boîte postale comme adresse. Elle n'a pas dit où elle habitait ?"
Peggy hocha la tête. "Elle a dit qu'elle allait déménager bientôt dans un plus bel appartement, que de toute façon elle allait changer d'adresse et qu'elle se servait donc d'une boîte postale pour recevoir son courrier. La ligne téléphonique a été coupée -- j'ai essayé de la rappeler dès que j'ai eu le message qu'elle démissionnait. Mais sans succès."
Clark serra et desserra les poings avec contrariété. Il se heurtait à un mur.
"Merci, Peggy, je vous remercie de ces informations. Si j'en apprends davantage, je vous le ferai savoir, d'accord ?"
"Bien, Clark, bonne chance."

Le temps que Clark revienne, Lois était retournée à son bureau et il poussa un soupir de soulagement en la voyant. "Comment ça s'est passé ?" demanda-t-il en la prenant dans ses bras et en l'embrassant sur la joue. "L'interview avec le responsable de l'urbanisme ?"
Lois haussa les épaules. "Pas très lucratif. Il était plutôt surpris quand je lui ai dit qu'une filiale de la LexCorp était propriétaire du Dexter, mais il s'est repris tout de suite. Il a juste dit que la municipalité avait entamé des négociations pour acquérir le terrain maintenant qu'il n'y avait plus de constructions dessus, et qu'ils espéraient que le processus se ferait en douceur et ne remettrait pas les délais du projet de réaménagement. Il était en colère après moi, car chaque fois que j'ai essayé de lui parler de Luthor, il a répondu 'sans commentaire'. Je ne me suis pas amusée."
"Je suis désolé de ne pas avoir pu y aller avec toi. Mais j'ai pensé qu'il valait mieux que je revienne ici et que je commence à enquêter sur notre autre problème."
Lois se tendit. "Oui, et comment ça s'est passé ? Est-ce qu'elle est là ? As-tu trouvé quelque chose ?"
"J'ai envoyé Jimmy voir si elle avait donné un contact en cas d'urgence. Je n'ai rien trouvé au numéro de téléphone et à l'adresse postale qu'elle a donnés. Le téléphone est coupé et elle prend son courrier à la poste."
Lois fulmina. "Il n'y a plus qu'à attendre qu'elle revienne. Je vais lui passer un savon."
"Je ne pense pas que nous ayons à nous inquiéter pour ça. Peggy Lawrence dit que Kate a démissionné ce matin. Elle n'a parlé à personne, elle a juste laissé un message et elle n'a pas dit pourquoi."
"Peut-être qu'on lui fait peur," dit Lois pleine d'espoir.
Le visage de Clark était sérieux. "Peut-être, mais je ne compte pas dessus. Quelque chose ne va pas. Tu as entendu sa réaction quand je lui ai dit que je n'étais pas intéressé -- on aurait dit qu'elle ne le croyait pas, peu importe ce que je disais. J'ai bien peur qu'elle soit désespérée et fasse quelque chose de stupide."
Lois était sur le point d'en dire davantage quand Jimmy arriva précipitamment une feuille à la main. "Je crois que j'ai quelque chose pour vous, Clark," dit le jeune homme. "Le numéro de téléphone et l'adresse qu'elle a donnés au Service du Personnel sont les mêmes que ceux qu'elle a donnés à Mme Lawrence, mais elle a donné un contact en cas d'urgence." Jimmy lut le papier avant de le tendre à Clark. "Une Mme Kathryn Martin, à Topeka, Kansas. Il y a un numéro de téléphone."
Clark prit la feuille. "C'est là où habitait la mère de Kate. Espérons que ce numéro est bon." Il se leva et regarda Lois. "Ça te dirait de venir avec moi dans la salle de conférence pour un coup de téléphone ?"
Lois se leva d'un bond. "Je ne manquerais ça pour rien au monde !"

Mme Martin répondit à la seconde sonnerie. "Allô ?"
"Allô," répondit Clark poliment. "Mme Kathryn Martin ?"
"Oui," répondit la femme, un peu soupçonneuse. "Qui est-ce ?"
"Mme Martin, mon nom est Clark Kent . Je suis reporter au Daily Planet à Métropolis."
La femme à l'autre bout de la ligne eut le souffle coupé par la surprise. "Vous avez dit Clark Kent ?"
Lois et Clark se regardèrent, les sourcils dressés. "Oui. J'appelle au sujet de votre fille Kate…"
"Oh, mon Dieu," s'écria la femme. "Est-ce qu'elle va bien ? Est-elle blessée ? Oh, s'il vous plaît faites qu'elle aille bien. Est-elle à Métropolis avec vous?"
Clark se pencha un peu plus près du haut parleur. "Pour autant que je sache, elle va bien, Madame. Je suppose que vous ne saviez pas qu'elle venait à Métropolis ? Elle a obtenu un poste de Rédacteur Assistant ici la semaine dernière."
"Non," répondit Mme Martin, "elle a disparu il y a deux mois et depuis nous n'avons pas eu de nouvelles d'elle. Nous étions morts d'inquiétude."
La femme parut tellement soulagée que Clark décida de ne pas lui dire que Kate avait encore disparu. "Mme Martin, je suis moi aussi inquiet au sujet de Kate. Elle s'est comportée… étrangement et j'espère que nous allons trouver pourquoi et que nous allons pouvoir l'aider. Je travaille au Daily Planet dans un autre service que celui de Kate, mais j'ai également été Rédacteur en Chef du Smallville Press, au Kansas, où Kate a fait un stage après sa première année d'université--"
"Je sais exactement qui vous êtes, M. Kent." l'interrompit la femme. "Et j'aurais dû me douter que Kate était partie à votre recherche. Je suppose que j'espérais juste qu'elle essayait de repartir à zéro dans une autre ville et que c'était pour cela qu'elle ne nous appelait pas."
Tout cela prit Clark par surprise. "Madame ?"
Mme Martin soupira. "Kate a fait des séjours dans des institutions depuis sa deuxième année de faculté. Nous avons dû la retirer de l'Université du Kansas au printemps. Ses colocataires étaient très inquiètes à son sujet et nous ont appelés en janvier. Apparemment, elle se comportait de manière étrange depuis l'automne, mais après Noël, elle était vraiment sur la mauvaise pente. Elle avait toujours été une brillante étudiante, aussi nous ne comprenions pas ce qui n'allait pas. Elle n'assistait pas au cours et ne faisait pas ses devoirs. Elle restait assise à son bureau à regarder des photos et à écrire dans son journal. Mon mari et moi lui avons donné quelques conseils pendant les vacances de printemps, pensant qu'elle était juste dépressive, mais moins de deux semaines plus tard, il était clair qu'elle ne terminerait pas son semestre. Nous sommes allés à son appartement à l'école et avons emballé ses affaires. Nous avons dû la mettre à l'hôpital peu de temps après."
Clark s'assit au fond de sa chaise, stupéfait. "Je n'en avais aucune idée," murmura-t-il. "Nous avons travaillé ensemble cet été-là, et je n'ai jamais vu aucun signe pouvant laisser supposer cela."
"On a finalement diagnostiqué chez Kate un désordre psychotique," poursuivit sa mère calmement. "Elle n'est pas schizophrène, mais sa condition mentale est de la même famille. Il n'y a aucune guérison à sa maladie, mais avec des médicaments et une assistance psychologique, elle a réussi à se comporter à peu près normalement depuis lors. Il lui a fallu un certain temps, mais elle est parvenue à obtenir son diplôme grâce à des cours dispensés près de chez nous par l'Université du Kansas. Elle a travaillé dur et nous commencions à croire qu'elle allait mieux." La femme renifla. "Puis elle a disparu. Pourtant j'aurais dû savoir qu'il fallait chercher à Métropolis."
Lois profita de l'occasion pour se présenter. "Mme Martin, mon nom est Lois Lane et je suis la partenaire de Clark au Planet. Pourquoi n'êtes-vous pas surprise que Kate soit venue à Métropolis ?"
Mme Martin prit une profonde inspiration. "Une partie de la psychose de Kate était que M. Kent était amoureux d'elle et elle de lui. Nous savions qu'ils étaient devenus amis à Smallville cet été-là car elle parlait souvent de lui. Mais après qu'elle soit retournée en classe, les choses sont devenues incontrôlables. Quand nous avons nettoyé sa chambre, nous avons trouvé des centaines de lettres qu'elle avait écrites sans jamais les poster. Dans un premier temps, elles étaient normales, des lettres amicales, mais comme les mois passaient, nous pouvions presque la voir glisser de la réalité en les lisant. Bientôt les lettres devinrent des lettres d'amour où Kate décrivait une rencontre entre elle et lui qui n'était jamais arrivée ou qui était tellement embellie qu'elle était à peine reconnaissable. Son journal était dans le même esprit. Nous avons également trouvé des copies d'articles que vous aviez écrits, M. Kent. Ils avaient été découpés dans le Smallville Press ou provenaient d'autres journaux dans lesquels vous aviez été publié."
"Eh bien, on dirait que c'est une habitude…" murmura Lois.
"Excusez-moi ? Qu'est-ce que vous dites ?"
Clark lui expliqua . "Apparemment Kate a repris ce passe-temps. Les archives du Planet ont été épluchées ainsi que celles des autres journaux de plusieurs bibliothèques locales. On dirait qu'elle collectionne à nouveau les articles."
Mme Martin était consternée. "Oh, je suis désolée, M. Kent. J'espère qu'elle ne vous a pas ennuyé."
Clark hésita, essayant de placer prudemment ses mots. "Eh bien en réalité… il y a eu quelques incidents. Elle a envoyé des cadeaux et des lettres chez moi et a fréquemment appelé. Tout d'abord, nous ne savions pas de qui il s'agissait, car elle ne donnait pas son nom, mais hier soir, je lui ai finalement parlé au téléphone."
"La police est au courant ?"
"Non, j'espérais que nous pourrions nous occuper de ça sans y mêler les autorités car je vois que Kate a besoin d'aide. Mais pour que ça reste ainsi, j'ai besoin de savoir… Kate a-t-elle jamais montré des signes de violence ? Elle a fait une remarque hier soir à propos d'éliminer ma femme. Inutile de dire que je suis inquiet pour la sécurité de ma famille."
"La mère de Kate eut le souffle coupé. "Violente ? Oh, Seigneur, j'espère que non. Elle n'a rien fait d'agressif, n'est-ce pas ?"
Lois dit calment. "Elle a essayé de prendre notre fille à la garderie, Mme Martin, disant que Clark lui avait demandé d'aller chercher le bébé."
Clark expliqua. "Lois n'est pas seulement ma partenaire au journal; elle est aussi ma femme. Nous avons une petite fille de huit mois et Kate semble croire que je vais quitter Lois et élever le bébé avec elle. Au départ, les lettres et les cadeaux étaient juste agaçants, mais quand elle a essayé de prendre le bébé…En tout cas, je lui ai dit hier soir que je n'avais aucun sentiment romantique pour elle mais je ne suis pas sûr qu'elle ait compris. Je suis inquiet qu'elle fasse quelque chose à Lois, ou à elle-même."
Mme Martin soupira. "Oh, je suis vraiment, vraiment désolée pour vous deux et votre petite fille. Je vous remercie de nous avoir prévenus. Soyez certain, M. Kent, que mon mari et moi allons prendre le prochain avion pour Métropolis. Où demeure Kate exactement ? Attendez, laissez-moi prendre un stylo…"
La gorge de Lois se serra, elle éprouvait une immense compassion pour cette femme qui visiblement aimait beaucoup sa fille. Elle regarda Clark prendre sa décision. "En réalité, nous ne savons pas où Kate se trouve maintenant. Elle a démissionné ce matin et son téléphone a été coupé."
"Oh, non !"
Lois réfléchit un instant puis demanda, "Mme Martin, Kate a-t-elle un médecin à qui nous pourrions parler ? Nous voulons vraiment nous assurer qu'elle ne présente aucun danger."
Mme Martin accepta et donna à Lois le nom et le numéro de téléphone du dernier médecin de Kate à Topeka. Elle obtint de Clark les informations de l'aéroport, puis commença à dire au revoir."
"M. Kent ? Puis-je vous demander une dernière faveur ?"
"Bien sûr, laquelle ?"
La mère de Kate était très émue. "Si Kate se montre, pouvez-vous la faire arrêter ?"
Lois et Clark avaient les yeux exorbités par la surprise. "Excusez-moi ? Vous *voulez* que je prévienne les autorités ?"
La femme expliqua. "Etant donné que Kate est majeure, nous ne pouvons la faire interner à moins qu'elle ne montre de sérieux signes qu'elle est un danger pour elle ou pour les autres. Excepté cette psychose, elle donne aux hôpitaux l'impression d'être entièrement normale, aussi il est difficile de la garder assez longtemps pour lui donner le genre de traitement dont elle a besoin. Ils nous ont dit -- la police et les médecins -- que la seule façon de la faire admettre comme patiente est qu'elle soit arrêtée et que la Cour demande qu'elle soit psychanalysée." La femme eut un sanglot. "Nous étions tellement inquiets qu'elle soit blessée… nous espérions qu'elle serait arrêtée pour quelque délit mineur, comme intrusion ou vagabondage, et nous aurions pu la faire transférer ici dans un hôpital du Kansas."
Clark poussa un profond soupir. "Je comprends. Et je suis désolé. Si nous la trouvons, nous essaierons de l'aider jusqu'à ce que vous arriviez."
En raccrochant le téléphone, Lois et Clark se regardèrent, stupéfaits de ce qu'ils avaient entendu.

Une heure plus tard, ils sortirent de la salle de conférence, l'air épuisé mais déterminé. Jimmy leur fit signe depuis le bureau de Perry et, après un bref coup de téléphone à l'étage en dessous pour s'assurer que Laura allait bien, ils allèrent informer leurs amis de ce qu'ils avaient découvert.
Perry et Jimmy étaient aussi stupéfaits que Lois et Clark quand les deux reporters racontèrent leur conversation avec Mme Martin.
"Par la guitare d'Elvis !" s'exclama Perry.
"Elle paraissait tellement normale," ajouta Jimmy.
Clark haussa les épaules. "Apparemment, ce n'est pas étonnant, d'après ce qu'a dit le docteur. Il n'a pas voulu nous donner de précisions sur Kate, se retirant derrière le secret professionnel, mais nous l'avons convaincu de nous faire un résumé général de ses troubles mentaux."
Lois consulta ses notes. "Son état est appelé un "Trouble Psychotique Commun". Il existe différentes catégories de troubles selon le désordre, comme le "Trouble de la Jalousie," où le patient est convaincu que son partenaire est infidèle ou le "Trouble Somatique" où le patient croit qu'il a une sorte de maladie. Le désordre de Kate semble tomber dans le "Trouble Maniaco-érotique", où le malade est convaincu que quelqu'un -- souvent inaccessible -- est amoureux de lui. Le patient peut être directement confronté à l'évidence que son fantasme est faux -- que la personne qu'il aime ne l'aime pas en retour ou dans certains cas, qu'ils ne se sont même jamais rencontrés -- il est presque impossible de l'en convaincre.
"Ce qui collerait avec notre conversation téléphonique d'hier soir," dit soudain Clark. "J'ai dit très clairement à Kate que j'aimais Lois et que je n'avais pas l'intention de la quitter, mais Kate continuait de dire qu'elle et moi étions amoureux."
Jimmy réprima un sourire. "Maniaco-érotique ?" dit-il. "Mince, je n'aurais jamais pu penser à ça."
Clark ne put s'empêcher de sourire à son tour. "Je sais, c'est assez vrai, je pense. En tout cas, le médecin a confirmé qu'il n'y avait aucun remède. Une chose positive, toutefois -- bien que les hommes atteints de ces troubles peuvent devenir violents; dans le cas des femmes, cela est moins courant. En fait, dans de nombreux cas, la femme mène une vie normale et personne ne sait qu'elle est malade à moins que l'objet de son obsession ne soit dans la conversation."
Lois sourit avec regret. "Apparemment, c'était le cas de Kate Martin il y a deux mois. Sa famille ne savait même pas que Clark avait déménagé à Métropolis jusqu'à ce qu'ils fouillent la chambre de Kate après sa disparition et trouvent plusieurs exemplaires du Daily Planet. Apparemment Kate est tombée récemment sur une photo de Clark et c'est ce qui a tout déclenché."
Tous quatre s'assirent en silence quelques instants, essayant de tout enregistrer. Finalement, Perry prit la parole. "Alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"
Lois et Clark se regardèrent.
"Je ne sais pas, Chef," répondit Clark en grimaçant, "mais il faut qu'on la trouve avant qu'elle ne se fasse du mal -- ou qu'elle n'en fasse à quelqu'un d'autre. Les médecins peuvent toujours dire qu'elle n'est pas violente, je ne vais pas mettre en péril la sécurité de ma famille si jamais ils se trompent."

Aussi difficile qu'il était à Lois et Clark de travailler pendant que Kate Martin pouvait se trouver n'importe où, ils devaient travailler sur leurs articles. Ils auraient préféré les ignorer, mais ils avaient toujours leurs soupçons sur Lex Luthor à écrire.
En début d'après-midi, ils avaient fait ce qu'ils pouvaient au sujet du registre de la vente aux enchères et étaient arrivés à une liste de six noms. Ces six personnes avaient toutes assisté à la vente des biens de Lex Luthor en 1994 -- et se trouvaient sur la liste des 20 meurtres non résolus qui avaient eu lieu à Métropolis dans les six derniers mois. Six sur vingt, cela ne prouvait rien, mais c'était suffisant pour convaincre Lois et Clark qu'ils étaient sur la bonne piste dans leur enquête.
Une visite à la salle des ventes après le déjeuner accéléra leur enquête. Comme le soupçonnait Clark, le commissaire-priseur avait traîné les pieds pour communiquer la liste officielle des adjudicataires. Toutefois, une visite de Lane et Kent -- en personne et lançant des menaces à peine voilées de camper devant son bureau jusqu'à ce que le document leur soit remis -- sembla curieusement raviver la mémoire de l'homme sur l'endroit où se trouvait la liste.
C'était exactement les informations qu'ils recherchaient.
"Bien, il semblerait qu'on ait quelque chose," dit Clark depuis son bureau en lisant la liste après être revenu au journal.
Lois leva les yeux de son clavier. "Quoi ?"
Clark tapa sur la feuille. "Parmi ces six personnes présentes sur notre liste, trois ont elles-mêmes surenchéri les enchères lors de la vente.
"Et les trois autres ?"
"Elles n'ont surenchéri sur aucun objet ce jour-là, mais j'ai trouvé deux autres victimes qui l'ont fait. Pour une raison quelconque, elles n'ont pas signé le registre."
"Ou nous n'avons pas réussi à déchiffrer l'écriture."
Clark hocha la tête en signe d'accord. "L'un d'eux est ce médecin de l'Hôpital Général de Métropolis qui a été tué le mois dernier et l'autre est un artiste venant de Londres." Clark reposa la feuille et sourit sans le moindre humour. "A mon avis, ça fait beaucoup trop de coïncidences. Un collectionneur venant d'Angleterre fait deux voyages aux USA au cours des cinq dernières années. Au premier, il achète une toile de la collection Luthor et au second il est assassiné ? C'est presque trop évident. Luthor se relâcherait-il ?"
"Ou bien est-il désespéré," suggéra Lois. "Crois-tu qu'il pourrait être impatient de retrouver sa fortune au point de semer des cadavres dans tous les coins ?" Elle paraissait en douter. "Je ne sais pas, mais ce n'est pas son style."
"Peut-être qu'il a juste quelques problèmes ces jours-ci pour trouver de bons employés." Clark hocha la tête. "Je suis formel quand je dis que Luthor est lié d'une façon ou d'une autre à ces cinq acheteurs, alors il faut seulement que nous trouvions un lien avec les autres victimes. Nous en avons trois qui étaient présentes à la vente mais n'ont rien acheté--"
"Mais nous en avons douze de plus qui n'ont aucun lien avec Lex Luthor," indiqua Lois. "Il nous en faut plus pour aller voir Henderson, Clark."
Clark n'avait pas l'air ravi. "Eh bien alors, on ferait mieux de chercher."
Lois acquiesça et se tourna vers le téléphone. "Je vais appeler les familles de ces trois personnes, celles qui étaient présentes à la vente mais qui n'ont rien acheté. Peut-être qu'on trouvera quelque chose qu'ils n'ont pas dit à la police." Comme Clark ne répondit pas tout de suite, elle se retourna. "Clark ? Tu as entendu ce que j'ai dit ?"
Son mari était en train de fixer la feuille sur son bureau, visiblement perdu dans ses pensées. "Quoi ? Oh, désolé, chérie, je réfléchissais."
"J'ai vu ça… tu m'en fais part ?"
Clark regarda autour d'eux pour voir si quelqu'un pouvait entendre. Il se pencha et baissa la voix. "J'étais en train de penser à l'histoire du clone de Luthor. S'il ment ? Pourquoi n'a-t-il pas essayé de me démasquer ?"
Lois répondit sur le même ton. "Peut-être qu'il pense pouvoir se servir de ça pour nous faire chanter plus tard."
Clark serra les dents. "Comme, par exemple, si l'on essaie d'exposer son histoire… ou de le relier à une série de meurtres."
Ils se regardèrent un long moment, puis Clark se leva soudain et saisit sa veste sur le dos de sa chaise.
"Où vas-tu ?"
Clark s'avança vers le bureau de Lois. "Je vais revenir. Il faut que je voie un spécialiste à propos d'un dossier informatique." Posant la main sur sa joue, Clark se pencha et donna un baiser à sa femme. Il lui jura dans un murmure quand leurs lèvres se séparèrent. "Je ne laisserai pas Lex Luthor contrôler notre destin."

Dans un tourbillon rouge et bleu, Superman se posa sur le parvis de STAR Labs. Après un rapide bonjour d'un petit signe de tête aux gardes surpris, il se dirigea vers la porte du bureau du Dr Klein.
Le Dr Klein se retourna en entendant Superman frapper à la porte de son bureau. "Tiens, bonjour, Superman," dit-il, regardant le jeune assistant à côté de lui.
La tête du jeune employé se tourna des tubes à essai qu'il étudiait et il fit presque tomber son bloc-notes. "Superman !" dit-il soufflé.
Clark sourit légèrement. Il n'était pas surpris par ce genre d'attitude quand il rencontrait quelqu'un de nouveau, et même si ce n'était pas nécessaire, il remerciait le Dr Klein pour sa présence d'esprit quand quelqu'un d'autre était présent dans la pièce.
Le Dr Klein fit les présentations. "Superman, voici Paul Howard, mon nouvel assistant. Paul, je vous présente Superman."
"Ravi de vous connaître, Paul," dit Clark en lui tendant la main.
Les yeux écarquillés, le jeune homme tendit la main. "Ravi de vous connaître !" Quand ils eurent fini de se serrer la main, Paul regarda sa main avec respect comme s'il ne l'avait jamais vue.
Clark s'obligea à prendre un ton sérieux. "Dr Klein, pourrais-je vous parler… en particulier ?" Clark jeta un œil au jeune assistant qui les regardait, captivé. "Je , euh, j'aimerais obtenir votre participation sur une affaire."
Le Dr Klein sourit "Ma participation ? Oh, oui, Superman, certainement. Paul, voulez-vous nous excuser, s'il vous plaît ? Il faut que j'aide mon ami Superman quelques instants."
Les yeux de Clark pétillaient et il réprima un sourire quand le jeune homme détourna son regard du super héros et fixa son patron avec la même expression admirative. Son expression était pleine de déférence. "Quoi ? Oh, oui, Dr Klein… je serai au Labo 3… merci, monsieur."
Paul sortit à reculons vers la porte et la ferma derrière lui tandis que le Dr Klein et Superman attendaient. Dès que la porte fut fermée hermétiquement, tous deux éclatèrent de rire.
Le Dr Klein s'esclaffa et tapota le dos du super héros dans un geste amical. "Bon sang, merci, Clark," dit-il. "Ce petit coup de pouce à ma réputation pourrait me valoir au moins 15 heures supplémentaires non payées de la part de ce jeune homme."
Clark se mit lui aussi à rire. "Ravi d'avoir pu vous aider."
"Alors, qu'est-ce qui vous amène à STAR Labs ? Pas de problèmes avec le bébé, j'espère ?"
"Non, elle va très bien. Elle commence à ramper, mais elle n'y arrive pas encore très bien. Elle se balance d'avant en arrière sur ses mains et ses genoux, sans comprendre pourquoi elle n'avance pas !" répondit Clark en riant.
Le Dr Klein sourit devant l'expression fière sur le visage de Clark. On voyait très bien à quel point le jeune homme était passionné par sa petite fille. Comme ils le faisaient à chaque fois, Superman et lui passèrent un moment d'intimité, Bernard était heureux de compter parmi les quelques rares individus au monde connaissant "la vraie personne" qui se cachait derrière le costume étincelant.
"Alors, que puis-je faire pour vous aujourd'hui ?"
Clark se ressaisit très vite en se souvenant de la raison pour laquelle il était venu. J'aimerais voir les progrès que vous avez pu faire au sujet des dossiers informatiques que je vous ai remis il y a quelques mois."
Le Dr Klein le regarda un instant d'un air ébahi et Clark commença à s'inquiéter. Puis les nuages se dissipèrent. "Ah, oui ! Le décryptage ! J'ai toutes les informations sur ma sauvegarde personnelle… laissez-moi les sortir. Comme vous le savez, je n'ai pas pu travailler pendant les heures normales de travail -- bien que nous n'ayons pas ici des heures de travail normales -- mais j'ai réussi à faire quelques progrès… bon, laissez-moi trouver ça…"
Clark se balança d'une jambe sur l'autre tandis que le savant extrayait les informations qu'il avait sauvegardées. Clark avait apporté ses fichiers au Dr Klein quatre mois plus tôt, peu de temps après qu'il les ait "obtenus" du système informatique de Lex Luthor. Il n'était pas enclin d'ordinaire à pirater les ordinateurs, mais comme il l'avait dit à Tempus deux ans auparavant, quand la sécurité de sa femme -- et maintenant celle de sa fille -- étaient en cause, les méchants verraient son 'éthique disparaître'.
Après qu'il soit devenu clair qu'à l'automne quelqu'un avait essayé de manipuler le tribunal devant lequel Lois et lui avaient été obligés de comparaître pour la garde de la petite Laura, Clark était devenu de plus en plus soupçonneux à l'égard de Luthor et de son histoire de clone. Mais tout comme la série de meurtres sur lesquels Lois et lui enquêtaient maintenant, Clark n'avait aucune preuve que Luthor y soit mêlé de quelque façon. Mais il y avait eu trop de coïncidences depuis ces derniers mois pour le laisser dormir tranquille sachant très bien que Luthor était libre comme l'air et capable de tout ou presque.
Il n'avait pas été facile de s'introduire dans les dossiers du vieux système informatique de LexLabs -- il n'y serait jamais parvenu sans l'aide de Jimmy Olsen -- mais une fois à l'intérieur, Clark avait téléchargé chaque dossier qu'il pouvait trouver ayant un rapport avec les projets de clonage de Luthor. Les dossiers dataient de la fin des années 80 et leur activité semblait avoir grimpé fin 93. Ceci semblait corroborer les déclarations de Luthor disant qu'il s'était lui-même cloné au printemps 94. Mais Clark en voulait davantage.
Il avait gardé les dossiers pendant des semaines sans savoir ce qu'il devait en faire. Il avait tenté plusieurs fois de décrypter lui-même les codes, mais avait très vite laissé tomber. Il n'avait jamais vu avant cela de codes aussi complexes. Entre son travail au Planet, celui de Superman et le temps qu'il passait avec Lois et Laura, il n'avait tout simplement pas de temps à consacrer à les décrypter, sans être obligé de sacrifier les autres parties de sa vie. Il s'était tourné vers le Dr Klein.
Le Dr Klein avait accepté de mettre ses ordinateurs au travail pour déchiffrer les dossiers, mais les deux hommes savaient que ce serait un travail à long terme. Etant donné l'inquiétude de Clark que son identité secrète puisse être révélée dans les document codés -- peut-être justement comme protection contre une tentative de ce genre -- ils ne pouvaient pas permettre que ce travail devienne un projet officiel de STAR Labs. Il devait se faire pendant les moments perdus du Dr Klein et être gardé sous clé. Cela prendrait plus de temps, mais il était impossible de l'éviter. Du moins pas tant qu'ils ignoreraient à quel point les informations contenues dans les dossiers étaient sensibles.
Le Dr Klein étala une rame de papier sur la table vide du laboratoire. "Laissez-moi vous montrer ce que j'ai fait jusque là, Superman." Bernard indiqua différentes parties du document. "La raison pour laquelle ces dossiers ont été si difficiles à décoder -- outre le fait qu'il y en ait beaucoup -- est que des codes différents ont été utilisés, pas seulement pour chaque document, mais à l'intérieur de chaque document." Il prit quelques feuilles. "J'ai pu identifier seize codes différents rien que dans les quatre pages de ce seul document !" Il les reposa. "Malheureusement, l'ordinateur n'a pu en décrypter que quelques-uns."
Clark étudia la suite de lettres, chiffres et symboles sans queue ni tête de la page. "On dirait qu'il y a ça et là quelques parties en anglais, alors que le reste n'est que du charabia."
Le Dr Klein acquiesça. "Exactement. J'ai décodé de simples paragraphes dispersés dans chacun des documents. Est-ce que quelque chose vous paraît familier ou important ?"
Clark passa en super vitesse la quantité de feuilles que Klein avait étalées. Quand il eut terminé, il serra les dents. "Il y a encore beaucoup de blancs, mais d'après ce que je vois, nous sommes sur la bonne piste. Heureusement l'ordinateur a déjà pu en percer quelques-uns et les pièces du puzzle vont bientôt commencer à s'imbriquer." Clark choisit un dossier en particulier et le sortit pour le montrer au Dr Klein. "Celui-là date du début 94 et parle d'un projet de clonage spécifique. Est-ce que ça peut prouver que Lex Luthor a dit la vérité quand il a déclaré s'être lui-même cloné ?"
Klein prit le dossier des mains de Clark et l'étudia un long moment. Puis, les sourcils froncés, il se dirigea vers un autre ordinateur et afficha quelques informations à l'écran. Enfin, il hocha la tête en comparant les données. "Je ne vois rien concernant le clone de Lex Luthor, mais il y a là quelques parties au sujet d'un clone de Superman."
"De moi ?" dit Clark en tremblant. Toutes ses craintes sur Lex Luthor essayant de kidnapper Laura pour cloner un super héros lui revinrent. Il ne s'attendait pas à trouver des preuves -- ou peut-être les ignorait-il.
"Oui, oui…" marmonna Bernard. "Cette partie qui ressemble à du charabia était en réalité déjà décodée -- c'est la représentation d'une séquence ADN -- votre séquence ADN. Il semblerait même qu'ils aient réussi… bien que sa vie n'ait été de courte durée."
"Qu'est-ce que vous dites, Dr Klein ?"
Bernard leva les yeux. "Quoi ? Oh, je suis désolé… je disais que c'est votre ADN qui se trouve dans ce dossier et, d'après les paragraphes suivants, il semblerait qu'ils aient produit un clone grâce à cet ADN. En se basant sur ce que nous avons appris sur le clone de Lois en 1996, cette brève espérance de vie concorde." Le Dr Klein prit un air nostalgique. "Ce pauvre clone de Lois… c'était une si gentille fille, vous vous souvenez, c'était lorsque Lois et vous alliez vous marier quand Lex Luthor a kidnappé--"
"Je m'en souviens, Dr Klein, croyez-moi," dit Clark un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Klein revint à la réalité, l'air contrit. "Bien sûr, désolé. Je ne voulais pas faire resurgir de mauvais souvenirs…"
"Y a-t-il autre chose sur ce clone de Superman ?" l'interrompit Clark, essayant de ramener le Dr Klein sur le sujet.
"Le clone de Superman ? Oh, oui ! Le clone de Superman… eh bien, la dernière annotation sur le dossier date de Mars 1994. Elle dit "échec du projet, disparition de l'échantillon. Malheureusement, le reste des informations est encore codé."
Pendant ce temps, dans l'esprit de Clark, les pièces du puzzle se mettaient en place. Mars 1994… "Bien sûr !" s'exclama-t-il. "Il y avait un clone de Superman en 1994, mais il ne m'a jamais dit qui l'avait fabriqué. Il se référait toujours à 'son père'. Son 'père' lui avait appris 'ce qui était juste' et qu'il devait me tuer… mais il ne voulait pas le faire." Clark s'assit, stupéfait. "C'est Lex Luthor qui a créé ce clone de Superman. Pourquoi ne m'en suis-je pas rendu compte plus tôt ?!"
Klein hocha la tête, comparant toujours l'écran de l'ordinateur à l'imprimé. "C'était avant que je n'arrive à Métropolis, mais cela concorde avec le peu que nous avons pu découvrir. Il y a encore tellement de choses à décoder."
Clark soupira, résigné. "J'espérais seulement qu'il y aurait quelque chose de plus dont nous pourrions nous servir pour prouver que Luthor ne s'est jamais lui-même cloné et a seulement cloné d'autres personnes. Mais je vous remercie de votre aide, Dr Klein. Si vous découvrez autre chose -- Dr Klein ?"
Mais le Dr Klein n'écoutait plus. Il avait les yeux écarquillés et la bouche ouverte. "Eh bien, voilà qui est intéressant !"
Clark s'avança vers l'écran. "Quoi ?"
Klein était tout excité. "Je n'avais pas pensé à chercher des séquences ADN dans les dossiers ! C'est peut-être ça !"
Clark le regarda d'un air perplexe.
Klein expliqua en montrant l'écran. "Le clone de Lois… voici sa séquence ADN. Et ceci," ajouta-t-il, s'arrêtant sur un autre dossier, "est l'ADN de votre femme. Vous ne voyez pas ??"
Clark fronça les sourcils, essayant de trouver un sens à la multitude de symboles sur l'écran. "Et si vous m'expliquiez ça vous-même ?"
Klein tapa sur le clavier, s'arrêta sur d'autres dossiers et les glissa à différents endroits de l'écran. "Les grenouilles !" s'exclama-t-il. "Avant ce document, je n'avais aucun moyen de savoir si l'ADN de la grenouille utilisé pour le clone de Lois en 1996 était essentiel pour le processus ou s'il s'agissait seulement d'un essai parmi tant d'autres. Toutefois, à en croire ce qu'il y a là au sujet du clone de Superman de 1994, l'ADN de grenouille est capital ! Regardez -- comparez les séquences de votre ADN et de celui de Lois avec ceux des clones. Ils ont été manipulés de la même manière. Je crois que nous avons notre preuve !"
Clark se redressa, à son tour tout excité. "Parce que si Luthor a fabriqué un clone de lui-même," ajouta-t-il, "il devrait contenir de l'ADN de grenouille."
"Oui ! Car l'ADN de grenouille est ce qui provoque la maturation des hormones. Sans lui, on ne peut produire qu'un clone d'enfant qui va grandir normalement, pas instantanément comme les adultes que nous avons vus."
"Alors, si nous pouvons prouver que le Lex Luthor qui a sauté de l'immeuble en 1994 -- ou que celui qui a été tué dans le tunnel souterrain en 1996 -- n'avaient pas d'ADN de grenouille…"
"C'est qu'il n'était pas un clone," termina Klein. "Qu'il a toujours été le véritable Lex Luthor."
Clark serra les paupières. "Et Lex Luthor sera démasqué pour le menteur et l'assassin qu'il est."

Lex Luthor ferma le journal qu'il était en train de lire et le mit en boule. Il le compressa aussi fort qu'il le pouvait, le posa sur son bureau… et l'écrasa d'un violent coup de poing.
"C'est ce que j'aimerais vous faire, M. Kent," dit-il en grinçant des dents.
Lex avait pensé que la semaine qui venait de s'écouler était intolérable, mais celle-ci avait commencé de manière aussi déplaisante. Oh, il n'avait pas encore perdu d'argent -- en réalité il s'était fait quelques sous sur une vente d'armes ce week-end -- mais il n'était pas ravi de ce qu'il avait lu dans les journaux ce jour-là.
Lois Lane semblait mettre à nouveau le nez dans ses affaires. Il ne savait pas comment elle avait pu être aussi vite au courant de son malheureux marché, mais c'était écrit là, dans l'édition du matin -- en première page, rien de moins. Elle avait suivi le chemin partant du Dexter à LBL Immobilier jusqu'à laLexCorp presque sans effort et elle avait publié un article l'humiliant aux yeux de tous les lecteurs. Heureusement, elle ne parlait pas de ce qui se trouvait dans les murs -- si elle avait jamais été au courant -- mais c'était sans importance. L'article était écrit de manière à présenter Lex comme un idiot et il n'aimait pas ça.
C'était toutefois la page 3 de l'article qui avait retenu son attention. Bien qu'inoffensif, il confirmait ses soupçons -- Clark Kent enquêtait sur les meurtres irrésolus de la ville et essayait de les relier. L'article ne révélait rien de particulier, pas encore, mais les sources de Lex confirmaient que Kent avait mis le nez sur ses récentes acquisitions -- acquisitions de ses propres biens ! Le contact de Lex à la salle des ventes lui avait téléphoné dès que Lane et Kent avaient quitté le bâtiment, avec en mains la liste des acquéreurs. Lex était bien trop prudent pour croire que cette visite était sans rapport avec l'article de Kent -- Clark Kent essayait de relier Lex Luthor à la série de meurtres.
"Laissons-le faire," ricana Lex. Il était dans ce milieu depuis trop longtemps pour s'y laisser rattacher. Il avait des gens pour se mettre en avant, des gens qui savaient qu'il valait mieux ne pas ouvrir la bouche pour essayer de rompre un marché. Lex Luthor avait des contacts partout, dont certains, et non des moindres, se trouvaient dans les prisons du monde entier. Les gens qu'il employait savaient qu'ils ne vivraient pas longtemps en prison s'ils doublaient Lex Luthor.
Pourtant, Lex se dit, en jouant machinalement avec le journal froissé, que quelqu'un essayait apparemment de le doubler. Il y avait eu de trop nombreux accidents, de trop nombreuses fuites, pour qu'il s'agisse juste de malchance. Jusqu'ici, il ne savait pas qui le trahissait, mais il ne mettrait pas longtemps à le découvrir. Personne ne trahissait Lex Luthor et restait vivant.
L'espace d'un instant, il considéra la possibilité que Clark Kent se serve de ses… talents… de manière peu scrupuleuse. Le boy-scout relâcherait-il son éthique pour faire tomber son grand rival ? Après tout, il s'était introduit dans la banque de données de LexLabs quelques mois plus tôt et avait volé un grand nombre de dossiers sur le clonage.
Lex se mit à rire. Non, le fait que Kent essaie de prouver que Lex était un criminel en enquêtant de la bonne vieille manière traditionnelle signifiait qu'il continuait de gagner sa vie avec une morale de boy-scout. Et c'était tout ce que Lex avait besoin de savoir.
"Vous êtes tous les deux une source de problèmes depuis trop longtemps," dit-il en jetant le journal froissé dans la cheminée et en le regardant brûler. "Mais il ne se passera pas longtemps avant que je gagne. Et vous, M. Kent, verrez votre secret étalé en gros titres pour l'éternité."

Beth Luthor était assise dans la bibliothèque, entourée de ses livres. La cruelle ironie de la situation la hantait constamment. Voilà exactement pourquoi elle avait vendu son âme en sauvant Lex Luthor, en le soignant et en l'aidant à inventer l'histoire qui lui permettrait de reprendre sa place dans la société et de reconstruire son empire.
Elle avait été stupide, elle le savait maintenant, de penser qu'elle pouvait le changer, de penser qu'il finirait par l'aimer et prendrait soin d'elle. Mais maintenant elle le connaissait mieux. Il avait été si talentueux, si brillant. C'est ce qui l'avait conduite vers lui en tout premier lieu, et qui avait fait qu'elle voulait l'aider. Si seulement elle pouvait changer cet esprit et ce cœur en quelque chose de plus louable… elle pourrait le sauver, et elle aussi par la même occasion.
Au début, elle avait stupidement pensé qu'elle pourrait le diriger. Elle avait orchestré son retour dans la bonne société, insistant pour que des comptables indépendants vérifient ses livres afin de montrer à la justice qu'il n'avait rien à cacher. Elle avait même engagé un grand nombre de détectives privés pour le tenir à l'œil. Mais il ne lui avait pas fallu longtemps pour admettre qu'elle ne faisait pas le poids.
C'est lorsqu'elle avait découvert son complot pour voler l'enfant de Lois Lane et de Clark Kent qu'elle avait enfin ouvert les yeux. Son aveuglement s'étant envolé elle réalisait maintenant à quel point sa confiance avait été mal placée. Oh, elle aimait toujours son mari. Mais elle n'avait plus confiance en lui. Cela faisait toutes les différences du monde.
Dans un stupide élan d'amour, elle lui avait remis son 'assurance vie', la lettre qu'elle avait écrite expliquant comment elle avait découvert Lex Luthor, martyrisé et roué de coups dans un appartement délabré -- et comment elle avait mis au point le plan qui lui permettrait de revenir à sa gloire d'antan en le blanchissant de toutes ses mauvaises actions passées. Cette lettre devait lui sauver la vie, savoir qu'il pouvait être démasqué après sa mort incitait son mari à la garder en vie.
Mais ça n'avait plus d'importance. Elle savait maintenant qu'elle seule pouvait faire en sorte de rester saine et sauve. Elle était en train de jouer un jeu dangereux; s'il découvrait son plan, il n'aurait aucune pitié. Mais maintenant il n'y avait plus moyen de faire marche arrière et elle n'avait nulle part où aller. Et même si elle s'en allait, elle n'aurait aucun endroit où se cacher.

Superman se posa dans une allée déserte derrière le Daily Planet et, en moins d'une seconde, Clark Kent tourna au coin du trottoir en ajustant sa cravate. Il ne s'était absenté qu'une heure de la salle de rédaction, mais ça en valait la peine. Il avait maintenant le moyen de démentir l'histoire de Lex Luthor. Il ne savait pas encore comment il allait s'y prendre, mais savoir qu'il avait enfin le moyen de le faire était stimulant. Lex Luthor était responsable de tant de ses souffrances -- sans parler de celles de nombreuses autres personnes -- et Clark ne permettrait pas que cela continue.
"Mets toutes les chances de ton côté…" murmura Clark en ouvrant la porte d'entrée. C'était exactement ce qu'il avait l'intention de faire -- en quelque sorte.
Clark traversa le hall d'entrée jusqu'aux ascenseurs. Il s'était plusieurs fois déconcentré pendant son trajet, se demandant où se trouvait Kate Martin. Il avait même fait une petite ronde au-dessus de la ville en revenant de STAR Labs dans l'espoir de la localiser. Et comme son bipper ne s'était pas allumé et que sa super oreille n'avait capté aucun "au secours Superman" -- ni de Lois ni de quiconque -- il se contentait de croire que tout allait bien. Peut-être que Lois avait raison, peut-être qu'il avait fait fuir Kate avec son refus.
En passant devant la porte de la garderie, Clark entendit quelque chose qui attira son attention. Sa fille pleurait. Changeant très vite de direction, il revint sur ses pas et entra jeter un coup d'œil sur Laura.
Susan était en train de s'affairer dans le dortoir des enfants et elle sourit en le voyant. "Vous arrivez juste à temps," dit-elle. "Regarde Laura ! Papa est là !"
La petite fille leva les yeux vers son père à travers ses larmes et lui ouvrit les bras. Clark sentit son cœur fondre. "Allez, viens là, ma petite puce. Qu'est-ce qu'il y a ?" gazouilla-t-il en la prenant dans ses bras.
Laura s'est réveillée de sa sieste un peu grincheuse, c'est tout," expliqua Susan, "et je suis sûre qu'elle aimerait bien faire un petit câlin avec vous pendant que je change les autres bébés."
Clark accepta avec joie. "Oh, chérie, ne pleure pas. Viens, assieds-toi avec moi." Clark s'assit dans un rocking-chair dans un coin de la pièce et se balança avec Laura. Il ne lui fallut pas longtemps pour se calmer, blottie contre la poitrine accueillante de son papa.
Vingt minutes plus tard, Susan avait fini de changer les trois autres bébés et était de retour dans la pièce. Clark se leva à regret, sachant que la pose était terminée pour lui aussi.
Toutefois, dès qu'il tendit Laura à Susan, le bébé se remit à pleurer. "Oh, Laura, pas encore," dit-il, luttant contre l'envie de la reprendre dans ses bras. Il s'en voulait de la laisser comme ça, mais il se souvenait de sa conversation avec Ruth le week-end d'avant -- que Laura s'arrêtait toujours de pleurer au bout de quelques minutes après qu'ils l'aient déposée. Il chercha l'appui de Susan. "Je suppose que plus longtemps je resterai, plus longtemps elle va pleurer, hein ?"
Susan acquiesça. "Tout va bien se passer, M. Kent, je vous le promets."
Clark se pencha et embrassa sa fille sur le front. "Je vais revenir bientôt, Laura. Maman et moi viendrons te chercher dans deux petites heures et nous rentrerons à la maison, d'accord ?"
Quelques minutes plus tard, Laura pleurait toujours et Clark était retourné dans l'entrée, l'air coupable. Il fit de son mieux pour ne pas écouter et se demanda ce qui s'était passé dans la salle de rédaction depuis qu'il était parti. Pendant qu'il attendait que l'ascenseur atteigne le hall d'entrée, il essaya de d'écouter les bruits à l'étage supérieur, mais en vain. Il lui était toujours impossible de sortir les cris de Laura de son esprit et il lui était difficile de se concentrer.
Il était tellement distrait qu'il ne remarqua pas Ralph sortir de l'ascenseur. Mais en voyant Clark, Ralph recula précipitamment avant que les portes ne se ferment.
Clark battit des paupières sous la surprise. "Ralph, qu'est-ce que tu fais ?" dit-il, énervé.
"Eh, eh, eh…" dit Ralph tout excité en appuyant sur le bouton d'arrêt d'urgence. "Clark, attends, tu ne veux quand même pas arriver là-haut sans être préparé."
"De quoi parles-tu, Ralph ?"dit Clark cinglant, cherchant à redémarrer l'ascenseur. Clark avait hâte de raconter à Lois ce qu'il avait appris à STAR Labs et la dernière chose qu'il avait envie de faire était de perdre son temps dans des jeux stupides avec un collaborateur ennuyeux.
"Hé, ne m'agresse pas. Tu devrais me remercier de te prévenir… ta copine te cherchait tout à l'heure. Je me suis dit que tu voudrais la tenir loin de ta femme."
Clark pâlit quand l'ascenseur démarra et continua de monter. "Kate ? Elle était là ?!? Quand ?"
"C'est son nom ? Je ne sais, il y a environ un quart d'heure, je crois. J'allais aux archives. Je lui ai dit que tu n'étais pas au journal, mais je ne suis pas sûr qu'elle m'ait cru. Tu ferais bien d'arriver là-haut avant que Lois ne la rencontre. Je n'ose même pas imaginer le genre d'explosion qui pourrait se produire si elles se retrouvaient toutes les deux." En jubilant presque, Ralph donna une grande claque dans le dos Clark. " Sacré Kent ! Je ne sais pas comment tu fais ça, vivre avec un ouragan comme Lois Lane et trouver le temps pour une petite mignonne."
Clark haussa les épaules à Ralph d'un air furieux. "La ferme, Ralph," siffla-t-il essayant de stopper le bavardage incessant de l'autre homme. Ayant un mauvais pressentiment, Clark essayait désespérément de super écouter ce qui se passait dans la salle de rédaction, mais avec Ralph jacassant avec animation dans ses oreilles, tout ce qu'il parvenait à avoir était un horrible mal de tête.
"Hé, ne te fais pas de souci pour moi; je ne vais pas le dire à Lois ! Alors est-ce que ta copine est aussi chaude qu'elle en a l'air ? "Elle-- eurgh !" Ralph poussa un petit cri étranglé quand Clark le saisit par la gorge et le poussa contre la paroi de l'ascenseur.
"J'ai dit, LA FERME !" rugit Clark. Il restait encore la moitié d'un étage avant la salle de rédaction et il était presque affolé de voir si Lois était saine et sauve. Convaincu que Ralph n'allait pas continuer son monologue injurieux -- il avait les yeux exorbités et le regardait comme s'il avait perdu la raison -- Clark parvint enfin à écouter la salle de rédaction. Elle était calme… trop calme.
Quand l'ascenseur sonna, annonçant l'arrivée au troisième étage, il relâcha Ralph qui se jeta contre la paroi en se frottant le cou. "Bon sang, Kent, rappelle-moi de ne jamais te rendre service."
Clark lui lança un regard d'avertissement avant de passer les portes précipitamment. Ralph le suivit lentement marmonnant des insultes dans sa barbe.
La scène qui les attendait était exactement celle que Clark redoutait. Lois se tenait au milieu de la salle de rédaction à environ un mètre cinquante de Kate. Les autres membres du personnel étaient assis, figés, chacun à son bureau, regardant les deux femmes avec appréhension.
La sonnerie de l'ascenseur avait attiré l'attention de Lois et lorsqu'elle vit arriver Clark, elle parut visiblement soulagée. "Clark, Dieu merci," dit-elle.
Kate, elle aussi, paraissait soulagée. "Oh, Clark, je suis tellement heureuse que tu sois là." Elle se tourna vers Lois. "Maintenant, vous allez voir !" s'exclama-t-elle avec un air de défi.
Clark s'approcha d'elle lentement, avec précaution. "Peut-être que quelqu'un pourrait m'expliquer ce qui se passe ici," dit-il essayant de garder la voix calme. Il regarda Lois, lui faisant comprendre que tout allait bien se passer. "Lois ? Kate ?"
Avant que quiconque ne puisse lui répondre, Jimmy cria de l'endroit où il se trouvait, à côté du bureau de Clark. "Attention, CK, elle a un revolver."
Derrière Clark, Ralph pâlit et recula. "Oh, génial !" se plaignit-il. "Vraiment génial… J'aurais dû continuer quand je suis arrivé dans le hall, mais noooon. Il fallait que j'aille voir le feu d'artifice…" Cette fois, Clark l'ignora, trop attentif à s'assurer que sa femme ne se trouve pas dans la ligne de mire de Kate Martin. Par contre, les autres employés s'en chargèrent, faisant taire Ralph d'un regard méprisant.
Clark étendit ses mains devant lui, apaisant la forcenée. "Kate ? Donnez-moi le revolver…"
La jeune femme eut un sanglot étranglé et se détourna de Lois en pointant l'arme en direction de Clark. Les employés eurent le souffle coupé et Clark s'arrêta.
"Je ne veux faire de mal à personne," dit la femme d'une voix tremblotante. "Mais je le ferai si j'y suis obligée. Je veux juste qu'on soit ensemble."
"D'accord," dit Clark calmement. "Je comprends."
"Oui, tu comprends," acquiesça Kate. "Tu es le seul qui puisse le faire. Les autres disent que je suis folle, que tu ne m'aimes pas. Les médecins, ma famille… personne ne peut comprendre à part nous. Je sais que tu m'as attendue. Et que tu n'as épousé Lois que parce que je n'étais pas là." Elle commença à marcher de long en large en s'agitant. Elle faisait de grands gestes avec le revolver tout en marchant.
Kate commença à se déconcentrer, Lois saisit l'occasion pour se rapprocher de Clark. "Kate est arrivée ici il y a environ un quart d'heure, elle te cherchait," lui expliqua-t-elle très vite. "Elle m'a demandé d'avoir la dignité de te laisser partir avec elle. Quand j'ai essayé d'appeler la sécurité, elle a sorti ce revolver."
"Si c'est ça ne pas être violente," murmura Clark.
Kate les regarda tous les deux. "Ne lui parlez pas !" hurla-t-elle à Lois, presque hystérique. D'un bras, Clark poussa Lois derrière lui, se plaçant entre sa femme et le revolver que Kate tenait toujours. Kate commença à pleurer. "Je t'aime, Clark. Pourquoi es-tu encore avec elle ? Elle ne peut pas t'aimer comme je t'aime."
Plus rassuré maintenant que Lois était en sécurité derrière lui, Clark fit un autre pas vers Kate. "Kate donnez-moi le revolver," lui ordonna-t-il.
Kate leva le revolver à sa tempe. "N'avance pas ou je le jure, j'appuie sur la gâchette."
Clark se figea. "Vous ne voulez pas faire ça."
"Pourquoi je ne le ferai pas ? Si tu ne la quittes pas, à quoi bon ? Je pensais que ça ne faisait rien, qu'il suffisait qu'elle sache la vérité sur ce que l'on ressentait l'un pour l'autre. Mais ça n'a pas suffi… c'est terrible sans toi. Je ne peux plus vivre ainsi. C'est trop dur," sanglota-t-elle.
"Ecoutez-moi, Kate, " supplia-t-il. "Vous êtes malade, très malade. Vous avez besoin d'aide. Je peux vous apporter cette aide."
Pourtant, elle ne semblait plus écouter. Elle ferma les yeux et son doigt commença à appuyer sur la gâchette. Plusieurs personnes dans la salle poussèrent un cri d'effroi, tandis que d'autres se détournaient, incapables de regarder.
Réfléchissant très vite, Clark calcula le temps qu'il lui fallait pour parvenir jusqu'à elle -- mais ce ne serait pas suffisant, pas même en super vitesse. Le revolver était tout simplement trop près de sa tête.
Désespéré, il essaya une dernière fois. "Kate, attendez !" dit-il. "Ne faites pas ça… je vous en prie. Je ne me le pardonnerais jamais si vous le faisiez. Voulez-vous donc me faire de la peine ?"
Elle hésita. Elle ouvrit à nouveau les yeux et son doigt se détendit légèrement. "Non…" répondit-elle tout doucement, désorientée.
Clark vit une ouverture. Il continua de parler, attirant son attention tout en s'approchant. "Cela me ferait de la peine… énormément. Vous et moi étions amis, Kate. Les amis ne se font pas de peine, n'est-ce pas ?"
"Non…"
Clark fit un autre pas. "Vous étiez tellement importante pour moi cet été-là, Kate. Vous l'avais-je déjà dit ? A quel point vous m'avez aidé ? Toutes les conversations que nous avons eues ? Mais je n'ai jamais su ce que vous ressentiez. Vous ne me l'avez jamais dit… mais maintenant je sais."
Kate hésita et commença à baisser le revolver. "C'est vrai ?"
"Oui, maintenant je sais… et je peux vous aider."
Clark se tenait maintenant juste devant elle, et chacun dans la salle de rédaction, y compris Lois, retenait son souffle dans la crainte et l'attente. Clark regardait attentivement le barillet du revolver, attendant de pouvoir l'atteindre. Quand enfin, distraite par la proximité de Clark, Kate le baissa encore d'un pouce, il tendit la main et s'en saisit. Kate laissa échapper un cri de protestation, mais s'effondra très vite dans ses bras en sanglotant.
Les gens dans la salle de rédaction poussèrent un soupir de soulagement et firent une prière de remerciements. Ils virent Clark donner le revolver à Lois et prendre dans ses bras Kate qui sanglotait. Presque immédiatement, deux officiers de la sécurité arrivèrent auprès d'eux, attendant d'emmener Kate. Clark lui murmura quelque chose et elle le regarda les yeux pleins de larmes. Elle se laissa emmener en sanglotant toujours.
Les officiers prirent le revolver des mains de Lois et le déchargèrent. "Vous allez déposer plainte, je suppose ?" demandèrent-ils.
Lois et Clark se regardèrent et acquiescèrent. "Oui," répondit calmement Clark. "Nous allons le faire… du moins dès que nous aurons parlé à ses parents. Ils devraient arriver bientôt à Métropolis pour être avec elle. Elle a besoin d'aide, mais elle ne va pas aller en prison."
Quand les officiers s'en allèrent Lois posa sa main sur le bras de Clark. "Tout va bien," dit-elle doucement. "Tu as fait ce qu'il fallait. On va pouvoir l'aider, maintenant."
Clark prit sa femme dans ses bras et la serra. "Et toi, tu vas bien ? Je suis désolé de ne pas être revenu plus tôt. Je ne voulais pas te mettre en danger."
Lois hocha la tête. "Elle ne l'a jamais pointé directement vers moi. Je pense qu'elle s'en servait davantage pour que les gens la prennent au sérieux. Je vais bien. Juste un peu secouée."
Il posa la main sur sa joue. "Pendant tout ce temps, je n'ai pas arrêté de réfléchir à ce que je pouvais lui dire pour gagner sa confiance, mais sans trahir la tienne."
Lois posa sa main sur la sienne. "Clark… tu n'avais pas à--"
"Si, je le devais, Lois… oui, je le devais."
Tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient sur les officiers de police et leur prisonnière, la salle de rédaction retourna à la normale. Les gens s'étaient divisés en petits groupes, parlant avec un rire nerveux de ce qui venait de se passer.
Bientôt, la voix retentissante de Perry résonna dans la salle. "Bon, tout le monde, vous vous êtes tous admirablement comportés, mais il est l'heure de retourner travailler. On a la dernière édition à sortir dans 90 minutes, alors au boulot !"
Les employés se dispersèrent dans toutes les directions, laissant Lois Lane et Clark Kent dans les bras l'un de l'autre au milieu de la salle de rédaction, ignorant ce qui se passait autour d'eux.
Seule la voix très surprise de Ralph se fit entendre par-delà le vacarme. "Tu veux dire qu'elle n'était pas vraiment ta copine ?!?"

CONCLUSION

Lois était assise sur le bord du lit, parlant au téléphone. "D'accord, Maman… je suis ravie d'entendre ça… Bon, amuse-toi bien… anh, hanh… embrasse Papa pour moi. Au revoir."
Clark, déjà couché, sourit et leva les yeux de son magazine tandis qu'elle raccrochait. "Eh bien, on dirait que tes parents se sont rabibochés."
Lois tira les couvertures et grimpa le rejoindre. "Oui, on dirait."
Clark posa son magazine sur la table de nuit. "Qu'est-ce qui ne va pas, chérie ? J'aurais cru que tu serais ravie."
Lois se pelotonna contre lui, posant la tête sur sa poitrine. "Oh, je le suis, d'une certaine manière… Je suppose que c'est juste que je commence à me demander si le fait de se remettre ensemble va les rendre heureux très longtemps. On dirait tellement que l'histoire se répète. Mon père prend une nouvelle secrétaire et commence à travailler tard, ma mère pense qu'il a une aventure. Et au lieu de la rassurer, il lui dit qu'elle est folle et part de la maison en claquant la porte. Ils disent qu'ils ont changé depuis vingt ans, mais ils retombent dans leurs vieilles habitudes."
"Ils ont changé en quelque sorte -- ton père ne travaille plus autant que lorsque tu étais enfant et ta mère a maintenant la Fondation Superman -- elle ne reste plus à la maison à l'attendre, à accumuler les reproches."
Lois devait en convenir. "Tu as raison. Maman est plus heureuse maintenant que lorsque j'étais enfant."
"Je ne les connaissais pas il y vingt ans, mais il semble qu'ils étaient amoureux… peut-être qu'ils peuvent l'être encore."
Lois sourit. "Tu es un sacré optimiste." Puis elle se calma quelque peu. "Je crois qu'ils s'aiment," dit doucement Lois. "Mais je pense qu'ils ne se font pas confiance. Et sans la confiance…"
"… quel genre de relation peuvent-ils avoir ?"
"Exactement." Lois leva les yeux vers son mari. "C'est ce que nous avons de si particulier, de si fort. Car nous nous faisons confiance."
Clark posa la main sur la joue de Lois. "Tu n'as pas une seule fois douté de moi, même quand les lettres et les fleurs sont arrivées."
Lois posa sa main sur la sienne. "Tu n'es pas le genre d'homme à faire ça."
"Et je ne le serai jamais." Il se pencha et l'embrassa tendrement.
"Même lorsque l'étincelle disparaît ?" Lois lui fit un petit sourire, mais il était évident qu'il sous-entendait un peu d'insécurité. "Même quand une espèce de cinglée comme Kate Martin te fait du plat pendant que tout ce que je te demande est de sortir la poubelle ?"
Clark se mit à rire. "Chérie, crois-moi, les étincelles scintillent chaque fois que je te regarde. Elles ne disparaissent nulle part." Puis il la regarda d'un air curieux. "Tu as passé beaucoup de temps avec ta mère."
Lois se mit à rire. "Ça se voit, hein ?"
Clark se moqua d'elle, puis s'adoucit. "Lois, je ne voudrais jamais… je ne pourrais jamais…" Clark réfléchit puis poursuivit avec sincérité. "Il n'y a jamais eu qu'une femme dans mon cœur et dans mon lit… et elle est juste à côté de moi. Il n'y aura jamais personne d'autre. Peu importe les épreuves que nous traverserons dans le futur."
"Je ressens la même chose." dit doucement Lois. "Je sais que nous aurons quelques problèmes -- tous les couples en ont -- mais je sais que nous nous en sortirons sans trahir la confiance entre nous. Comme nous l'avons fait aujourd'hui."
Clark réfléchit. "C'était difficile… d'aller déposer plainte à la police. Je te remercie d'être revenue avec moi, de m'avoir soutenu. Pourtant, j'étais désolé pour les parents de Kate."
"C'était gentil de leur part de nous remercier de la sauver. Ils étaient inquiets pour elle, mais ils sont conscients des problèmes qu'elle leur apporte. Je trouve que ça montre qu'ils ont de la classe."
"Ils ont l'air d'être de braves gens… ils vont la faire transférer demain à l'Hôpital Départemental du Kansas." soupira Clark. "J'espère qu'elle pourra avoir toute l'aide dont elle a besoin. Cette situation est tellement triste."
Lois sourit avec regret. "Et se demander si Lex ne l'avait pas poussée à faire ça pour détourner notre attention et nous empêcher de le démasquer… Je souhaiterais presque qu'il l'ait fait, au moins je ne m'apitoierais pas sur elle."
Clark poussa un soupir de dégoût. "Venant de lui, cela ne m'aurait pas étonné, après tous les supplices qu'il nous a infligés pendant des années. Néanmoins, ça n'a jamais marché. Je suis maintenant tout à fait convaincu que cette histoire de clone était un mensonge. Il n'est pas possible qu'ils aient catalogué comme un échec le projet de clonage en Mars 1994 et que moins de six semaines plus tard ils aient pu produire un clone réussi."
"Pas juste un clone réussi, mais un clone qui a eu le temps de tout apprendre sur les affaires de Lex et sa vie personnelle pour parvenir à se faire passer pour lui sans que personne ne soupçonne rien !" fit remarquer Lois. "Les autres clones que nous avons croisés avaient un manque de maturité. Le Lex qui a fait sauter le Daily Planet, qui a précipité son mariage avec moi… n'était pas un enfant."
"Non, c'était lui, ce jour de mai." Les yeux de Clark se plissèrent de colère. "La façon dont il m'a torturé dans cette cage de Kryptonite… les vieux démons du passé refaisaient surface. Il n'essayait pas seulement de m'écarter pour l'avenir; il prenait sa revanche pour ce que je lui avais fait dans le passé."
Lois frissonna un peu à ce souvenir. L'idée que Clark n'aurait peut-être pas pu s'échapper… le perdre avant qu'ils ne soient tombés amoureux… avant qu'ils ne se soient mariés…
Soudain elle leva les yeux vers son mari, l'air troublé. "Je viens de penser à quelque chose, Clark. Si Lex a menti depuis le début, alors Beth ment aussi pour lui." Lois fronça les sourcils. "Elle est imprévisible… elle a l'air de l'aimer, pourtant… il y a quelque chose…"
"Peut-être qu'il la fait chanter pour appuyer son histoire," suggéra Clark. "Souviens-toi l'année dernière elle nous a dit qu'il y avait un secret dans son passé."
"Oui, mais elle ne voulait pas que Lex connaisse ce secret."
Clark haussa les épaules. "Si elle a menti sur le clone de Lex, elle a pu mentir pour ça."
Lois soupira profondément. "Alors il ne faut faire confiance à personne. On en revient à ça."
Clark se tourna et éteignit la lumière, tirant sa femme contre lui dans l'obscurité qui les enveloppait. "On découvrira le fin mot de l'histoire, chérie. Je ne sais pas encore quand, mais on y arrivera. Luthor a eu l'avantage l'année qui vient de s'écouler, mais pas pour longtemps. Le Dr Klein travaille toujours à décoder les fichiers. Plus nous aurons d'informations, plus nous pourrons être sur un pied d'égalité. Je ferai tomber Luthor," promit-il.
Lois posa la tête sur l'oreiller à côté de Clark et passa sa main sur sa poitrine. "Nous ferons tomber Luthor," clarifia-t-elle.
Clark ferma les yeux à la douce caresse de sa femme. "Je ne pourrai jamais le faire sans toi," dit-il sincèrement. "Tous les deux…"
"… on est plus fort que toi tout seul."
Clark sourit légèrement et embrassa sa bouche, d'abord doucement, puis avec plus d'insistance. "Et ensemble on peut tout faire," murmura-t-il en glissant ses lèvres sur son cou. "Ensemble… nous sommes incroyables."
"Incroyables…" gémit doucement Lois.
"Incroyables…"

FONDU EN NOIR
FIN

Note de l'auteur : Je voudrais remercier mon amie et complice FoLC, Erin Klinger pour son aide dans cette histoire. Les idées, les dialogues et les encouragements, elle a tout fait.
Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.
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