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Saison 6, Episode 5

Deuxième partie

Écrit par Crystal Wimmer

Avec l'assistance d'Annie Lansbury

Version française de

Traduction Hypérion

Perry n'était pas content que ses deux reporters soient absents, mais il contrôla la situation avec un minimum de hurlements. Lois n'avait pas eu trop de difficultés à convaincre ses beaux-parents qu'il valait mieux qu'elle soit là maintenant que Laura avait développé des pouvoirs identiques à ceux de son père.

La matinée avait été une expérience frustrante pour tout le monde. Laura leur avait donné du fil à retordre. Elle avait fait un trou et brûlé le plan de travail de sa super vision en se faisant un en-cas, cassé plusieurs meubles en s'énervant parce qu'elle ne trouvait pas ce qu'elle voulait voir à la télévision et déchiré deux jeans de Lois pour qu'ils ressemblent davantage à ceux qu'elle avait vus dans une publicité.

Lois finit par décider de faire un saut au centre commercial du quartier pour calmer sa fille. Elle savait qu'elle devait trouver des vêtements qui soient "acceptables" ou elle allait perdre toute sa garde-robe.

Après une petite discussion sur la nécessité de contrôler ses pouvoirs, elles se rendirent à la Galerie Nord de Métropolis.

Lois essaya d'éviter les groupes d'adolescents qui se rassemblaient dans les lieux, mais ses chances étaient limitées. Laura, elle aussi, était attirée par les présentateurs qui diffusaient des chansons plutôt vulgaires.

Aussi, elle s'arrangea pour éloigner l'adolescente de la musique en combinant crèmes glacées et shopping. Elle espérait que Clark ne prendrait pas ombrage qu'elle fasse quelques trous dans le budget, mais ce n'était pas comme si Laura pouvait encore porter ses vêtements de bébé et Lois ne voulait sacrifier aucun autre de ses vêtements sur l'autel de la dernière mode des adolescents.

Le seul moment où Lois posa quelques limites fut lorsque Laura commença à tourner autour d'une minijupe en cuir qui semblait plus appropriée à un coin de rue d'Hollywood qu'à un collège de Métropolis.

"Certainement pas," lui dit Lois. "Et la discussion est close."

"Mais, c'est cool !" s'exclama Laura. "Je te parie que tu aurais l'air très chouette avec ça, toi aussi."

Lois regarda la jupe une fois encore et sourit. Elle avait porté quelque chose de semblable au cours de l'une de ses missions et elle avait l'air plus que chouette. Clark lui avait dit avec ironie que c'était une jupe "assassine" jusqu'à ce que leur 'mission' tombe raide morte devant eux. Quoi qu'il en soit ce n'était pas un vêtement approprié pour une adolescente et le prix était prohibitif même si le style ne l'était pas.

"Pas question," répondit-elle encore. "Ton père nous tuerait."

Laura ronchonna quelques instants mais fut bientôt attirée par un présentoir de tee-shirts de couleur et son attention fut aussitôt détournée. Lois poussa un soupir de soulagement et suivit Laura près du présentoir.

"Ils sont si beaux," s'exclama la jeune fille. "Ils sont à la dernière mode !"

Lois sourit secrètement, pensant qu'il valait mieux ne pas dire à sa fille que ce style était à la mode quand elle était enfant. Les couleurs était brillantes et chaudes et la coupe la couvrirait davantage que la jupe qu'elle venait de voir, Lois considéra donc que c'était une bonne affaire. Elle fit tout de même un peu la grimace en regardant le prix. Elle ne se souvenait pas que "la mode" ait été si chère quand elle était adolescente. C'était sans doute pour cela que sa mère se plaignait souvent.

Elles parvinrent à terminer la journée avec un minimum de difficultés. Après un déjeuner rapide au restaurant, durant lequel Laura avala un bon nombre de pizzas aux poivrons, elles s'apprêtèrent à sortir du centre commercial.

Lois commençait juste à se féliciter du succès qu'elle avait eu à dévier l'attention de Laura, quand la musique agaçante qui sortait des haut-parleurs augmenta soudain. Lois se tourna juste à temps pour apercevoir les jeunes se diriger vers le centre de la galerie où un groupe de musiciens jouait sur une petite estrade. Remarquant que Laura s'éloignait d'elle, elle intercepta sa fille à toute vitesse.

Des centaines d'adolescents se rassemblaient autour de la scène. Ils tendaient les bras en chantant vers un petit homme vêtu comme Cupidon se tenant au-dessus de l'estrade. Le petit homme était assis dans les airs, ses bras maigres croisés sur sa poitrine nue. Il portait une couche-culotte blanche et tenait dans les mains une flèche rouge et un arc. Son visage était radieux de l'adoration qu'il recevait.

Laura s'avança vers le groupe de jeunes. Les mains levées, elle tendait les bras vers le petit être en chantant quelque chose d'incohérent avec le reste du groupe.

Lois se débrouilla pour se placer devant la foule et attrapa fermement sa fille. Le reste du groupe était trop occupé dans ses dévotions pour remarquer le léger conflit, et Laura était trop indignée pour se souvenir qu'elle avait assez de force pour se sauver si elle le voulait.

Lois conduisit l'adolescente qui hurlait vers les portes de la galerie, puis jusqu'au parking souterrain. Avec beaucoup de hurlements et de plaintes, elle parvint à faire monter sa fille dans la voiture et se mit au volant. Le chemin jusqu'à la maison parut plus long qu'il ne l'était.

"Je n'arrive pas à croire à quel point tu m'as embarrassée," continuait Laura. "Les autres enfants n'ont pas été grondés par leurs parents."

"Tu n'es pas les autres enfants !" cria Lois. "Tu es mon enfant et je ne veux pas que tu te trouves au milieu d'une émeute."

"Ce n'était pas une émeute," insista l'adolescente. "On écoutait juste de la musique."

"Vous étiez en train de vénérer quelqu'un que vous ne connaissez même pas !"

"On en sait beaucoup sur lui," insista-t-elle.

"Tu ne peux pas connaître quoi que ce soit… tu n'es adolescente que depuis quelques heures !"

"Je ne suis pas stupide !" hurla Laura, incapable de discuter de quelque chose d'aussi logique et ne voulant pas laisser sa mère gagner la bataille.

Elles finirent la route en silence, Lois ne comprenant pas pourquoi elle avait perdu le contrôle de la situation et ce qu'elle devait faire.

Quand elles arrivèrent à la maison, Laura se précipita dans la résidence et grimpa l'escalier jusqu'à sa chambre. Lois la suivit plus lentement, se sentant plus vieille et plus fatiguée qu'elle ne l'avait jamais été. Voir Martha à la porte d'entrée lui sourire gentiment la remonta et lui donna la force de s'expliquer.

"Je crois qu'on s'est disputées," dit-elle avec un petit sourire.

"Il faut vous habituer," lui répondit Martha en riant. "Plus elle va grandir, plus les querelles grandiront aussi."

Lois n'avait pas conscience d'avoir sorti Laura d'une situation devenue instable quelques instants avant que la véritable explosion ne se produise. Les jeunes qui psalmodiaient étaient devenus complètement incontrôlables et avaient fait de leur mieux pour détruire la galerie. Les poubelles étaient renversées, les vitres brisées, et la plupart des adultes s'étaient réfugiés dans les magasins, craignant pour leur vie.

Superman se retrouva encore une fois à nettoyer le carnage et minimiser la violence. Une fois encore, il ramena chez eux les enfants indignes, les laissant aux soins de leurs parents frustrés et confus. Il avait pensé laisser la police les ramasser, mais la ville de Métropolis n'était pas équipée pour s'occuper d'un tel nombre de délinquants.

Enfin, une fois les pires d'entre eux conduits en prison et les autres chez eux, Superman discuta avec le chef de la police.

"Je ne sais pas comment vous remercier pour tout ce que vous avez fait," lui dit l'homme, essuyant la sueur sur son front et remettant sa casquette. "Nous n'aurions pas pu reprendre le contrôle sans blesser quelqu'un."

Clark hocha la tête en signe de remerciement. "Je vais ranger un peu la galerie. Je vais nettoyer les vitrines et fermer les boutiques, mais je crois vraiment que vous devriez réfléchir à fermer le centre commercial jusqu'à ce que nous ayons repris le contrôle de la situation."

Le chef acquiesça, se ralliant à cette idée. "Vous avez raison. C'est le deuxième trouble majeur en moins de deux jours, je crois donc que nous ne devons prendre aucun risque."

Clark hocha la tête et fit ce qu'il avait dit. Il nettoya la presque totalité du carnage qu'avaient semé les jeunes puis ferma les portes des magasins. Au moment où il allait verrouiller les stores électroniques, il vit un téléviseur s'allumer. Il s'approcha, se demandant ce qui arrivait, quand Mxyzptlk apparut à l'écran.

Il était toujours habillé comme Cupidon, couche-culotte, arc et flèche surmontée d'un cœur rouge. "Tu ne sens pas tout cet amour," dit-il en soupirant.

Clark se recula de l'écran au moment où, devant lui, Mxyzptlk se matérialisait en un être vivant. Sautant de son siège aérien, il surgit devant le super héros. "Je suis content que ta fille ait de meilleurs goûts que toi."

"Laissez Laura en dehors de ça," cria Clark.

Mxyzptlk hocha la tête d'un air moqueur. "Je ne peux pas faire ça, Superman," dit-il fièrement. "Elle est la partie la plus importante de mon plan. Je vais diriger le monde et elle sera à mes côtés quand je le ferai".

"Vous ne dirigerez jamais le monde," dit fermement Clark. "Je ne vous laisserai pas faire."

Mxyzptlk se mit à rire aux éclats. "Bien sûr que tu vas me laisser faire. Non seulement ça, mais tu vas m'aider à chacune de mes étapes."

"Je ne crois pas," répondit Clark fermement.

Mxyzptlk répondit en grimaçant, "Je le sais. En fait, je crois que je vais me servir de mon super héros personnel pour me représenter devant le public." Il regarda Clark ostensiblement et ajouta en parlant des collants bleus et de la cape rouge. "Mais j'ai prévu de laisser les couleurs primaires. Beaucoup trop voyant pour ce que j'ai à l'esprit."

Clark s'avança et essaya d'attraper le lutin. Il se retrouva encore une fois entouré d'étincelles et vit un bouquet de ballons rouges et blancs descendre du ciel.

Laura était allongée sur son sac de couchage, furieuse après le monde en général. Elle savait que sa mère avait marqué un point et ça la mettait encore plus en colère. Elle tendit la main pour remonter le volume de la radio et se coucha sur son bras, laissant le rythme de la musique brûler sa détresse.

Elle n'était pas sûre de savoir ce qui l'interpellait dans la musique qu'elle entendait sur les ondes. Il ne s'agissait pas des mots, qu'elle ne comprenait pas vraiment, mais elle avait le sentiment que c'était incroyable. Elle lui faisait penser que sa colère était justifiée et apportait la paix à sa détresse. Le pire était que ses parents la détestaient et elle en avait assez.

Elle soupira, puis se tourna pour regarder le plafond. Elle fut étonnée d'y découvrir son idole, le chef du groupe. Il s'assit et lui sourit. "Vous êtes là !"

"Bien sûr que je suis là. J'ai l'impression que tu as besoin d'un ami et tu sais que je suis ton ami."

Laura acquiesça avec enthousiasme, heureuse d'avoir quelqu'un à qui parler.

"Quel est votre nom ?"

"Mxyzptlk. Monsieur Mxyzptlk, si ça ne te dérange pas," lui répondit-il avec un sourire, descendant lentement pour s'asseoir au pied de son sac de couchage.

"Pourquoi pas juste Monsieur ?" demanda-t-elle en rougissant.

"Monsieur, ça m'ira très bien. Tu as l'air d'avoir le cafard. Laisse-moi deviner." Il commença à compter sur ses doigts comme s'il énumérait une liste. "Tu es en colère après tes parents. Ils ne te comprennent pas. Tu n'as pas d'amis. Personne ne s'intéresse à toi." Il la regarda un instant avec insistance. "C'est proche de la vérité ?"

"Vous avez compris !" s'exclama-t-elle.

"Bien sûr que je comprends. Je t'ai dit que j'étais ton ami."

"Vous êtes mon ami," murmura-t-elle d'une voix enfantine. "Mon seul ami."

Mxyzptlk flotta près d'elle et posa une main réconfortante sur son épaule. "Tu sais," dit-il avec désinvolture. "Les amis doivent faire des choses les uns pour les autres."

"Vous voulez que je fasse quelque chose pour vous ?"

"Eh bien, j'y ai pensé. J'ai plein de choses à dire aux enfants de ce monde, si je veux régner sur eux. Quoi qu'il en soit, c'est un peu difficile de les diriger quand je suis adoré, aussi je vais avoir besoin d'un porte-parole. Une personne jeune et jolie qui pourra leur parler en étant à leur niveau."

Laura eut un sourire étincelant. "Je peux le faire !"

Mxyzptlk lui rendit son sourire. "Bien sûr que tu peux le faire. C'est pour cela que je suis venu te voir. Toutefois, il faut que tu viennes avec moi."

Laura jeta un coup d'œil circulaire à la nursery. La pièce était plus qu'enfantine. Elle était en désordre après sa colère et la porte était sortie de ses gonds. Le berceau avait été enlevé la veille et le matelas ôté du milieu pour laisser de la place à son sac de couchage. Il n'y aurait pas grand-chose dans cette chambre qui lui manquerait.

"Mes parents vont s'inquiéter," dit-elle distraitement, regardant son environnement familier.

"Bien sûr," lui dit Mxyzptlk. "Evidemment, après la façon dont ils t'ont traitée, ils méritent de s'inquiéter, n'est-ce pas ?"

"Je suppose," répondit-elle, mais sa voix était incertaine.

"Ce n'est pas comme s'ils t'avaient toujours comprise," poursuivit-il. "En fait, je parie qu'ils veulent que tu restes un bébé pour toujours. Ils sont probablement en train de chercher un moyen pour que tu redeviennes un bébé."

Laura acquiesça, se souvenant de la conversation au petit déjeuner ce matin-là. Ils avaient parlé d'elle, mais n'avaient pas parlé avec elle. Peut-être qu'ils ne s'apercevraient même pas qu'elle était partie. Ça leur était peut-être égal. Sa colère revenant, elle dit à Mxyzptlk d'une voix ferme. "Je vais avec vous, Monsieur."

"C'est bien, ma petite fille," dit triomphalement Mxyzptlk. Dans un bouquet d'étincelles, tous deux disparurent, laissant la nursery déserte. Une petite carte se matérialisa en l'air et se posa doucement sur le sol.

Lois faisait les cent pas dans le séjour quand Clark arriva. Elle faisait cela depuis une heure, en dépit des paroles de Martha lui assurant que ce genre de dispute était plutôt normal quand on avait affaire aux adolescents. Finalement, Martha et Jonathan étaient sortis faire des courses, espérant trouver quelque chose que Laura aimerait manger, autre que les sucreries qu'elle avait avalées le matin.

"Je vois que ça ne va pas mieux," dit Clark en posant les mains sur les épaules de sa femme pour la calmer.

"Elle est tellement déraisonnable !" insista Lois. "Elle n'écoute pas un mot de ce que je lui dit et quand elle daigne écouter, elle pense que ce que je dis est faux alors même que j'ai la preuve parfaite que ce n'est pas faux. Elle ne mange rien d'autre que des cochonneries, elle ne parle que pour se disputer et elle ne baisse pas cette musique infernale suffisamment longtemps pour que je puisse avoir une conversation normale avec elle, même si elle entend ce que je dis."

Devant l'expression de Clark, Lois finit par se taire, prit une profonde inspiration pour se remettre de ses émotions. "Tu l'aimes et tu t'inquiètes. Est-ce que ça résume bien ce que tu ressens ?" lui demanda-t-il.

"Oui."

"Alors, allons lui parler."

Prenant ses mains dans les siennes, Clark la conduisit dans l'escalier. "J'ai le mauvais pressentiment que Mxyzptlk va se servir d'elle autrement que pour se distraire," dit-il à sa femme. "Je pense qu'il faut la mettre en garde."

Lois acquiesça et passa la porte démolie pour entrer dans la nursery. Il n'y avait personne à l'intérieur. Elle regarda autour d'elle, avec inquiétude, puis s'agenouilla pour ramasser une petite carte blanche au milieu du sac de couchage. Elle secoua la substance étincelante qui la couvrait et la lut. "Merci de votre aide."

Clark ferma les yeux, essayant de ne pas paniquer. Lois remarqua sa réaction et lui prit la main. "Il tient Laura, n'est-ce pas ?"

Les rideaux flottèrent, comme pour répondre, laissant entrer une brise fraîche dans la nursery, en accentuant le vide. "Oui," répondit-il. "Mais nous allons la ramener." Il fit un pas en arrière et tourbillonna pour revêtir son costume. Il embrassa Lois sur la joue en lui disant : "Je vais la ramener," et il s'envola par la fenêtre ouverte.

Lois le regarda s'en aller et essaya de ne pas céder à la panique qui la gagnait. Elle reconnaissait que Laura ne courait aucun danger car elle possédait la force de son père. Elle allait bien. Bien sûr qu'elle allait bien. Elle n'avait pas le choix.

Lois se mit à penser qu'après tout elle aurait dû aller travailler, ce matin. Au moins si elle se trouvait au Planet, elle ne serait pas seule à combattre ses craintes. Elle pensa même y aller un petit moment pour se changer les idées jusqu'à ce que Clark puisse tout arranger, mais décida de ne pas le faire. Si Laura revenait à la maison, celle-ci ne devait pas être vide.

Se disant qu'elle devait faire quelque chose ou elle allait devenir cinglée, Lois se mit à ranger la chambre. En regardant le sac de couchage, elle pensa que Laura avait peut-être besoin d'un vrai lit où dormir. Elle se souvenait vaguement qu'ils avaient remisé dans le placard du rez-de-chaussée un lit pliant venant de l'appartement de Clark, mais elle n'était pas certaine de pouvoir l'attraper. Pensant qu'elle avait un peu de temps à perdre en attendant, Lois se rendit au rez-de-chaussée pour chercher le vieux lit.

Il lui fallut près d'une heure pour ranger le placard, mais elle finit par trouver le lit derrière une pile de cartons. Elle les poussa et parvint à déplacer le vieux lit assez lourd au moyen d'un levier et d'un bon sens de l'équilibre. Une fois qu'elle l'eut sorti du placard, elle replaça les affaires qu'elle avait dérangées. Elle était encore en train de tout remettre en place quand Jonathan et Martha revinrent avec deux sacs de provisions.

Tout en continuant de ranger, Lois expliqua à ses beaux-parents ce qui s'était passé et elle parvint à terminer la discussion sans les regarder. Martha alla ranger les provisions pendant que Jonathan passait les cartons à Lois si bien que le bazar du placard qui avait envahi l'entrée commença à disparaître.

En remettant les affaires là où elles devaient être, Lois se figea soudain. Martha remarqua immédiatement ce changement et lui demanda ce qui n'allait pas. Lois sortit du placard en tenant une housse de vêtement ouverte et visiblement vide.

"Qu'est-ce que c'est, ma chérie ?" demanda Martha.

"Le costume," répondit Lois d'une voix étouffée.

"Un costume de Clark ?"

"Non. Le mien," dit-elle, croisant enfin le regard de Martha. "Celui que vous m'avez fait."

Comprenant tout à coup, Martha fixa les yeux de Lois. Le costume d'Ultrawoman avait disparu.

Personne ne savait où était caché le costume, pas même Clark. Pour parvenir à le trouver, quelqu'un avait forcément eu recours à… la magie.

Clark était plus que contrarié quand il rentra à la maison. Il avait survolé pratiquement toute la ville, se concentrant dans les endroits autour des galeries marchandes, et il n'avait pas encore trouvé sa fille. Sachant que Lois devait être très inquiète, il avait finalement décidé de revenir à la maison et de voir si Laura était rentrée.

Il entra par la fenêtre de leur chambre et retira immédiatement son costume pour enfiler un pantalon de survêtement et un tee-shirt. Il était tard et il était carrément sûr que le dîner était fini. Il descendit l'escalier, réticent à se retrouver devant Lois sans sa fille, et se figea en voyant l'accueil qui l'attendait.

Lois et ses parents étaient assis sur le canapé, regardant la télévision avec une immense attention. Il ne lui fallut qu'un instant pour reconnaître la silhouette à l'écran. En vérité il reconnut le costume bien avant de reconnaître sa fille.

Baignée de rose et de pourpre, elle descendait du ciel. Elle était presque identique à l'Ultrawoman originale, à part que sa poitrine était un peu plus petite, qu'elle portait un H étincelant de couleur argent, et que ses cheveux étaient plus longs. Elle rejeta en arrière sa cape turquoise, l'ôtant se ses épaules, puis elle se plaça face à la foule.

Les caméras capturaient le petit sourire qui lui était si familier, un petit sourire malin qu'il avait appris à reconnaître comme n'annonçant rien de bon. Elle attendit quelques instants et se plaça devant les caméras et un groupe de fans adorateurs.

"Bonjour tout le monde," commença-t-elle, d'une voix légèrement tremblante. "Je suis ici pour représenter M. Mxyzptlk. Il est ici pour nous guider et nous allons le suivre sans poser de questions."

Clark grogna en voyant que Mxyzptlk était parvenu à faire un lavage de cerveau à son enfant. Le bruit léger qu'il fit en arrivant attira vers lui l'attention de sa famille. Lois se leva immédiatement et s'avança vers lui, glissant ses bras autour de sa taille. "Au moins, on sait qu'elle va bien," lui murmura-t-elle à l'oreille. "Quand au reste on peut s'en occuper."

Il acquiesça, reconnaissant que ce qu'elle venait de dire était logique. Et très vite la voix de leur fille détourna leur attention.

"La jeunesse de ce monde a trouvé un nouveau chef avec Monsieur. Sa musique nous inspire et ses directives nous apporteront ce que nous voulons. Nos parents ne nous comprennent pas et ils ne peuvent pas nous aimer car ils sont trop différents de nous, aussi Monsieur est tout ce qu'il nous reste.

"Il m'a demandé de parler au monde, de vous dire ce qu'il attend de nous. Monsieur veut que nous soyons heureux. Il veut que nous nous libérions de la tyrannie de nos parents."

Elle regarda le groupe autour d'elle, vit que l'attention des jeunes était dirigée sur elle, et s'enhardit. "Monsieur a plusieurs requêtes à formuler aux adultes du monde. Ils peuvent soit nous rejoindre, soit être bannis de notre monde. S'ils choisissent de nous rejoindre, ils devront nous donner tout l'argent et les installations stéréo que nous désirons. Ils devront jouer notre musique et ne devront jamais crier après nous."

Tandis que la foule applaudissait, Laura semblait respirer l'adoration des gens, comme si elle était dirigée vers elle au lieu de Mxyzptlk. Ses demandes se poursuivirent, immatures et plaintives, pourtant la foule continuait d'applaudir.

A la fin de son discours, Laura paraissait presque folle, mais seuls les adultes semblaient s'en apercevoir. Elle resta là, devant ses disciples, jusqu'à la fin des applaudissements. Puis elle s'avança vers la foule, remerciant les fans et partageant avec eux le miracle de Mxyzptlk.

La plupart des personnes s'apprêtaient à partir alors que le groupe se dispersait. Un photographe s'avança vers elle et dit : "Bonjour, vous vous souvenez de moi ?"

Elle parut un peu intriguée et pensa qu'il devait la prendre pour quelqu'un d'autre. "Non, pas du tout. Je ne vous ai jamais vu."

Réalisant son erreur et comprenant qu'elle n'avait certainement pas l'âge dont il se souvenait, il essaya de sauver la face. "Désolé, "lui dit-il. "J'ai cru que vous étiez Ultrawoman. Vous avez le costume, excepté le H, et vous pouvez voler."

"Monsieur m'a donné ce costume," lui dit-elle. "Afin que je sois son porte-parole. Il a dit que les gens seraient impressionnés si je le portais. En tout cas, je ne suis pas une femme. On ne peut pas faire confiance aux adultes. Je suis juste une jeune fille." Elle s'interrompit un instant avant d'ajouter avec un petit sourire, "Hypergirl."

Jimmy la regarda de haut en bas. "Eh bien, ce costume est certainement impressionnant." Il trouva tout de même qu'il n'avait pas pour lui la même fascination qu'avant. Il se demanda un instant quelle allure Penny pourrait avoir dans ce costume, puis il écarta cette idée. Elle était un peu trop réaliste pour quelque chose comme ça.

"Vous connaissez Superman ?" lui demanda Jimmy. La plupart des reporters étant partis, elle paraissait plus calme, moins difficile, et il espérait avoir une exclusivité pour le Planet. Tout au moins, ça pouvait impressionner un peu son rédacteur en chef.

"C'est une grande personne," dit-elle fermement. "Je ne veux pas le connaître. "Elle commença à se retourner pour s'en aller, puis elle pivota et le regarda. "Vous n'avez pas l'air vieux," lui dit-elle joviale. "Je veux dire, vous n'êtes pas l'un des nôtres, mais vous ne ressemblez pas non plus à l'un des leurs. Vous êtes peut-être quelqu'un de bien."

Clark tourbillonna précipitamment et, maintenant vêtu de son costume, regarda le téléviseur. Le reportage s'était terminé quand les demandes de Laura étaient devenues tellement irritables qu'elles en étaient comiques. Les journalistes s'interrogeaient maintenant sur l'origine de ce nouveau super héros et sur ses motifs discutables.

"Au moins on sait où elle est." dit-il à sa femme. "Maintenant il ne me reste plus qu'à aller la chercher." Sur ce, il disparut par la fenêtre dans un whoosh.

"D'où venez-vous ?" demanda Jimmy, enthousiaste à l'idée de tenir un article.

"Métropolis," répondit-elle, légèrement embarrassée.

"Vous habitez ici ?"

"Je suis née ici," répondit-elle doucement. "Mes parents habitent aussi ici."

"Qui sont vos parents ?"

Avant qu'elle n'ait le temps de répondre, un des parents en question se posa devant elle. "Jeune Fille, il faut qu'on parle."

Elle le regarda un instant, permettant à ses souvenirs et à son instinct de combler les vides. "Papa ?"

Les yeux de Jimmy s'écarquillèrent aux insinuations apportées par cette déclaration. Avant qu'il n'ait le temps de poser une question cohérente, Superman prit sa fille dans ses bras et s'envola, laissant le photographe surpris regarder vers le ciel.

Clark se posa avec sa fille sur le rebord d'un immeuble surplombant la cité. Il avait besoin d'un endroit où ils ne seraient pas dérangés et celui-ci semblait convenir. Ils s'assirent quelques instants en silence, avant qu'elle ne l'accuse.

"Tu ne m'as pas dit que tu étais Superman."

Clark se tourna vers sa fille, vit sa colère et ses griefs, et soupira. Lois et lui avaient discuté du moment où ils devraient parler à leur fille de son second travail, mais ils n'étaient pas parvenus à une conclusion. Cette situation ne leur avait pas laissé le temps de rentrer dans des détails comme la généalogie.

"Je n'en ai pas eu l'occasion," dit-il calmement. "Souviens-toi, il y a deux jours tu n'étais encore qu'un bébé."

"Ce n'est pas une excuse, " dit-elle sarcastique.

"Pourquoi es-tu en colère ?" répliqua-t-il. "Tout ce que nous avons fait c'est t'aimer et essayer de te garder saine et sauve. Tu n'as aucune raison d'être en colère."

"Tu ne me comprends pas," déclara-t-elle. "Tu ne m'as jamais comprise."

"Tu ne nous as jamais laissé la chance de le faire," lui dit-il calmement, voulant qu'elle baisse la voix. Il était certain que crier n'aurait aucun effet et il essayait de conserver un ton calme.

"Monsieur me comprend," lui dit-elle fermement.

"Oh, je vois,' répondit-il en réfléchissant très vite. "C'est lui qui t'a donné ce costume ?"

"Elle sourit fièrement, balançant ses jambes sur le bord de l'immeuble et les tapant en battant la mesure. "Oui, c'est lui qui me l'a donné. Il a dit que les gens me prendraient plus au sérieux si je le portais."

Clark hocha la tête, pas encore très sûr de la manière de procéder. "Est-ce que tu sais où il l'a eu ?"

Elle parut un instant surprise. "Non il ne me l'a pas dit. Je suppose qu'il l'a fait."

"En vérité, il l'a volé." répondit Clark. "Il était dans un placard. Il appartient à ta mère et elle l'avait caché. Je ne sais même pas comment il a su qu'il existait."

"Monsieur ne vole pas," dit-elle catégorique. "Il n'a pas besoin de le faire. Il peut fabriquer ce qu'il veut. Il peut nous donner ce que nous voulons."

Clark plaça face à elle et regarda dans ses grands yeux bruns. "S'il peut faire ce qu'il veut, pourquoi veut-il que les grandes personnes lui donnent de l'argent et des équipements stéréo ?"

"Ce n'est pas lui," répondit-elle avec fierté. "C'est moi. Je veux pouvoir mettre de la musique quand je le veux, pas quand tu dis que c'est d'accord."

"T'ai-je dit un jour de ne pas mettre de musique ?" lui demanda-t-il calmement..

Elle réfléchit un instant. "Non, je crois que non. Mais beaucoup de parents le font. Et Maman ne m'a pas laissé rester au rassemblement quand on faisait les boutiques."

"Ce 'rassemblement' a tourné en émeute. J'ai dû ramener tous ces enfants chez eux et fermer la galerie après qu'ils l'aient mise à sac."

Elle parut un instant surprise. "Pourquoi auraient-ils fait ça ?"

"Je suppose que c'est pour montrer à Mxyzptlk combien ils l'aiment."

Ils s'assirent en silence un long moment, jusqu'à ce qu'elle le regarde avec une expression blessée. "Tu veux que je reste pour toujours un bébé," l'accusa-t-elle.

Clark soupira et tendit la main pour prendre la sienne. "Pas pour toujours, Chérie, mais ce serait mieux pour toi que tu le sois jusqu'à la fin de l'année."

"Pourquoi ? J'aime bien être grande."

"Je sais que tu aimes ça, mais tu vas manquer beaucoup de belles choses en grandissant si vite. Tu ne vas pas aller à l'école, lire des histoires ou jouer avec les autres enfants. Tu ne vas pas voir Disneyland ou jouer dans l'équipe de l'école." Il la regarda et tendit la main pour caresser sa joue. "Nous ne te verrons pas grandir," lui dit-il simplement. "Nous aurions tant aimé ça."

"Mon Papa," murmura-t-elle alors que Clark se penchait pour la prendre dans ses bras. Il la serra quelques instants, la laissant se reposer sur lui. Quand elle leva la tête, elle avait les yeux pleins de larmes.

"Je veux rentrer à la maison," lui dit-elle simplement.

"Je suis content. Nous voulons que tu rentres à la maison."

Elle réfléchit encore un instant. "Il ne me laissera pas partir, je crois."

Clark hocha la tête. Il était ravi de voir qu'elle réalisait qu'elle était prisonnière de Mxyzptlk. "J'ai une idée, mais il faut que tu m'aides à la réaliser."

"Que faut-il que je fasse ?" lui demanda-t-elle.

Clark réfléchit prudemment avant d'accepter qu'elle l'aide. Il savait que Mxyzptlk pouvait se trouver n'importe où et écouter leur conversation. Pourtant, il savait qu'il ne pouvait pas le faire tout seul et ne s'aviserait pas d'essayer.

"Il faut qu'on lui fasse dire son nom à l'envers," dit-il doucement. "S'il le fait, il sera renvoyé dans sa dimension. Et tu pourras redevenir mon bébé et grandir normalement."

Elle hocha lentement la tête, commençant à comprendre. "Il a dit que tu l'as déjà renvoyé. Comment as-tu fait ça ?"

"Nous lui avons donné un cadeau de Noël. Quand il a lu la carte, il a lu son nom à l'envers."

Elle hocha à nouveau la tête. "Ça ne marchera pas une autre fois," lui dit-elle. "Il est trop malin."

Clark était d'accord avec elle. "Je sais. Mais comme je l'ai dit, si tu m'aides j'ai une autre idée."

Clark dut attendre le matin suivant pour mettre son projet à exécution. Il appela le service imprimerie du Daily Planet et expliqua ce qu'il voulait. En riant, le directeur du service promit de faire ce qu'il demandait et que ce serait prêt en moins d'une heure.

Lois fut à la fois heureuse et soulagée d'apprendre que Laura allait bien, mais elle était tout de même contrariée que sa fille ne soit pas encore rentrée à la maison.

"Elle va nous aider à le renvoyer," lui expliqua Clark. "Il va se méfier de nous, j'en suis sûr. Mais il a confiance en elle."

"Tu as confiance en elle ?" lui demanda Lois sceptique. "Elle n'a pas exactement été une adolescente modèle."

"Elle a bon cœur," lui dit Clark après réflexion. "Je lui fais confiance. De plus, c'est notre fille."

Lois acquiesça et monta au premier se changer. En passant devant la chambre de Laura, elle ne put s'empêcher d'entrer. Elle s'avança vers la coiffeuse et passa ses doigts sur le bois tendre. Puis elle ouvrit le grand placard et caressa le berceau qu'ils avaient remisé là quelques jours avant.

Clark la trouva là, caressant silencieusement le mobilier de leur fille. Il la prit tendrement dans ses bras et la serra contre lui, tandis qu'une petite larme coulait le long de la joue de Lois.

"Je veux qu'elle revienne," murmura-t-elle. "Je veux que mon bébé revienne."

"Je sais," murmura-t-il à son tour. Il aurait aimé pouvoir lui donner l'assurance que tout allait bien se passer. Il aurait aimé pouvoir lui transmettre la fierté qu'il ressentait devant l'honnêteté et la bonne volonté de leur fille à les aider. Toutefois, ces choses étaient difficiles à prévoir et il serra donc simplement sa femme, essayant de lui donner un peu de sa force pour la soutenir au cours de cette prochaine journée.

Laura se posa sur le rebord en chancelant. C'était tellement plus simple quand son père le faisait. Elle sourit. Son père était Superman. C'était probablement la chose la plus cool entre toutes.

Elle s'assit sur le bord pour l'attendre en balançant les pieds. Elle n'avait pas eu de difficulté à s'éloigner de Monsieur, ce matin-là. Ses fidèles tenaient une séance d'adoration et il était le premier concerné.

Clark se posa doucement sur le rebord, tenant un sac en papier.

"Tu l'as apporté ?" lui demanda-t-elle anxieuse.

Il leva le sac pour lui montrer qu'il l'avait bien, puis s'assit à côté d'elle. "Ta mère m'a dit de te dire qu'elle t'aime et d'être prudente. Elle s'inquiète pour toi."

Laura leva les yeux au ciel, mais fut attentive aux inquiétudes de sa mère. "Dis-lui que je vais bien. Je suis une grande fille."

Clark hocha la tête en signe d'assentiment et lui tendit le paquet. "Je sais," la rassura-t-il. "Mais Mxyzptlk est un vilain petit lutin et je n'ai pas confiance en lui "

"Je sais," répondit-elle. "Mais tu dois me faire confiance."

Clark acquiesça et s'avança pour embrasser sa fille sur la joue. "Si ça marche, tu ne te souviendras peut-être de rien," lui dit-il.

"Ça ira. Tu pourras me le raconter un jour ou l'autre." Elle se leva en souriant et glissa sur le rebord de l'immeuble. Elle s'éleva dans les airs avant de pouvoir se saisir du sac et sourit en voyant le regard inquiet de son père qui tendit la main pour l'attraper. En hochant la tête, elle lui dit : "Je ne suis pas encore habituée à voler."

Ceci dit, elle s'en alla. Clark la regarda disparaître quelques instants en espérant désespérément que leur plan allait marcher. Il avait appris à aimer cette personne courageuse qu'était sa fille et avait le regret de ne pas l'avoir vu grandir.

Avec un dernier soupir, il s'envola retrouver sa femme au Daily Planet.

Laura volait vers le centre commercial avec son sac. Comme le centre était fermé, les adolescents s'en étaient servi comme base -- les portes verrouillées n'étaient pas un problème pour leur maître, M. Mxyzptlk. Le coin des restaurants était plein de nourriture et il y avait un grand choix de vêtements à porter. Il y avait beaucoup d'activités pour occuper les jeunes qui séchaient l'école pour adorer leur idole.

Elle sortit du sac en papier une grande boîte rouge en forme de cœur et chercha Monsieur. Elle le trouva allongé sur un coussin d'air. Il s'assit promptement quand il la vit.

"Où étais-tu ?" lui demanda-t-il brusquement. "Tu n'as pas eu de problème, n'est-ce pas ?"

"Non, Monsieur," lui dit-elle sincère.

"Oh," lui répondit-il un peu déçu. Alors tu aurais dû. Tu aimes créer les problèmes. Tous les enfants aiment créer des problèmes."

"Je suis venue vous apporter un cadeau," lui dit-elle, tenant devant elle la boîte rouge. "C'est un cadeau de Saint Valentin pour vous."

"Un cadeau," dit-il, essuyant une larme imaginaire. "Tu m'as apporté un cadeau." Il regarda le paquet un instant avant d'ouvrir la carte. Au moment où il commençait à lire, il sursauta. "Ce n'est pas une ruse, n'est-ce pas ?"

Laura hocha négativement la tête, comptant sur son sens inné de l'honnêteté pour réfléchir. "La carte n'est pas une ruse, Monsieur. Elle vient de moi. C'est pour vous remercier pour mon joli costume."

Avec précaution, Mxyzptlk lut la carte en silence. Une fois satisfait qu'elle ne contienne aucun piège, il sourit et la lut à haute voix. "Pour mon Monsieur préféré, de la part de Laura."

Laura lui sourit d'un air radieux tandis qu'il tournait la boîte entre ses mains. "Que dois-je en faire ?"

"Ouvrez-la," lui répondit-elle. Elle ouvrit le couvercle et un merveilleux parfum s'échappa de la boîte.

"Ohhhh…" dit Mxyzptlk en portant une friandise à son nez. Il la renifla, puis la lécha légèrement et enfin mordit à belles dents dans la superbe confiserie.

Avec un soupir proche de la rupture, il avala les chocolats les uns après les autres. Ce n'est que lorsque la boîte fut à moitié vide qu'il se souvint de la présence de Laura. "C'est délicieux," déclara-t-il d'une voix enfantine. "Qu'est-ce que c'est ?"

"Ce sont des chocolats," lui répondit-elle. "J'ai essayé de savoir ce qu'il y avait dedans, mais je ne sais pas très bien lire."

Mxyzptlk hocha la tête en retournant la boîte. Il grimaça un peu en commençant à lire ce qu'il y avait dans les chocolats. "Chocolat, sucre, beurre de cacao, poudre de lait entier, pépites de cacao, huile de coco raffinée, lactic…eumm…léthicine, gluti-glutamate de monosodium, kltpzyxm et autres saveurs naturelles."

Il termina la liste d'un air satisfait et leva les yeux. "Saveurs naturelles," dit-il à nouveau alors qu'un pâle nuage d'étincelles commençait à se former autour de lui. Son air surpris se transforma très vite en colère quand il réalisa ce qu'il avait dit. Kltpzyxm… son nom à l'envers. Il était en train de retourner dans sa dimension.

"C'est pas juste !" cria-t-il indigné. "Tu m'as piégé, espèce de sale gosse !"

"Je crois bien qu'oui !" lui répondit-elle, s'éloignant des étincelles tourbillonnantes.

"Mais tu n'es qu'une gamine !" hurla-t-il alors que son corps était aspiré dans le néant.

"Je suis la fille de mon père," lui répondit-elle, doucement.

Mais elle doutait qu'il l'ait entendu. Il fut enveloppé d'un éclat scintillant et disparut.

Clark vola dans la galerie dès qu'il vit la lumière à travers la vitre. Il entra juste à temps pour voir l'éclat scintillant envelopper Mxyzptlk et le renvoyer dans sa cinquième dimension. Il se demanda un instant quel genre de pouvoir était nécessaire pour provoquer une telle ouverture entre les dimensions, et comment Mxyzptlk avait obtenu ce pouvoir d'entrer dans la troisième dimension, mais il pensa qu'il ne le saurait jamais vraiment.

Juste à l'instant où le petit être s'évanouissait, le scintillement fut remplacé par un éclair de lumière. Il se protégea les yeux de l'éclat aveuglant et quand il regarda à nouveau, il découvrit sa fille couchée par terre, le costume drapé sur son petit corps.

Il prit délicatement le bébé dans ses bras et ferma un instant les yeux tandis que les émotions le submergeaient. Il enroula le costume sur son bras et enroula Laura dans sa cape. "Oui, Chérie. Tu es la fille de ton père," murmura-t-il tendrement contre son front.

Sur ce, il s'envola très vite vers la maison. Il savait que Lois était aussi anxieuse de la voir qu'il l'avait été et il ne voulait pas la faire attendre.

Lois sourit en découvrant les deux douzaines de roses qui s'étaient retrouvées sur son bureau au moment où elle tournait la tête. Elle regarda par-dessus leur profusion de couleurs et de senteur et vit son mari se diriger vers elle.

Clark s'agenouilla en s'approchant d'elle et posa ses bras croisés sur son bureau. "Bonne Saint Valentin, mon amour."

Lois lui sourit. "Je crois qu'elle ne s'est pas exactement passée comme on l'avait prévu," dit-elle chagrinée. "Tans pis pour Paris."

Clark tendit la main pour attraper un exemplaire du Daily Planet que Perry venait juste de donner à Lois. "SUPERMAN CHASSE LE MYSTERIEUX LUTIN" disait le titre, et il ne put s'empêcher de sourire. "Je pense que la journée a été fructueuse," dit-il doucement en lisant le petit article se trouvant juste sous le titre qui disait : "Hypergirl a disparu sans laisser de traces."

"C'est du pur génie d'avoir imprimé son nom à l'envers dans cette liste d'ingrédients," lui dit Lois avec une touche de fierté.

"Joe, le type de l'imprimerie, me devait une faveur," dit-il doucement. "Et Laura aurait pu embobiner n'importe qui."

"Elle va un peu me manquer," dit Lois. "C'était une petite personne étonnante."

"Elle l'est toujours, répondit Clark. "Et elle le sera chaque jour davantage. Et je suis heureux car nous serons là, cette fois."

Lois acquiesça distraitement avant de lever les yeux vers son mari. "Je veux rentrer à la maison."

Clark, compréhensif, lui sourit et la laissa pour chercher Perry. Il le trouva quelques instants après et affronta son éditeur pour lui demander de partir plus tôt.

"Si je comprends bien, "dit Perry, la voix légèrement bourrue. "Vous avez été tous deux absents la moitié de la semaine et maintenant vous voulez prendre aussi votre après-midi ? Eh bien je ferais mieux de me tourner vers Jimmy pour cet article sur Hypergirl." Perry se mit à rire avant d'ajouter : "Par contre, je ne peux pas le laisser écrire le passage disant qu'elle était la fille de Superman. Si elle l'avait été, elle n'aurait pas disparu quand ils ont renvoyé cette chose d'où elle venait."

Clark se sentit mal à l'aise. Il n'avait jamais très bien su mentir et il essaya donc de rester aussi proche que possible de la vérité. "On s'est beaucoup inquiétés pour Laura, et Lois n'a pas dormi. On veut s'assurer qu'elle va bien." C'était, en effet, assez proche de la vérité. Après qu'il ait ramené Laura à la maison la veille au soir, lui et Lois avaient passé la nuit, avec le bébé couché entre eux au milieu du lit, heureux qu'elle soit de retour.

Le moment où il avait regardé sa femme l'allaiter dans le lit fut un moment qu'il garderait précieusement dans sa mémoire, d'autant qu'il avait craint ne plus jamais en être le témoin. Lois, elle aussi, paraissait ressentir la magie de cette nuit et aucun d'eux n'avait pu s'endormir avant le petit matin.

L'attitude bourrue de Perry s'adoucit légèrement à la mention de sa petite fille favorite. Ne pas aller voir le bébé à la garderie lui avait manqué et il attendait avec impatience son retour dans les prochains jours. Il était sûr que ses deux journalistes ne savaient pas qu'il descendait de temps en temps à l'étage en dessous et entendait bien que ça reste ainsi. Ils lui cassaient suffisamment les pieds sans savoir que sa faiblesse était leur fille. De plus, ce dimanche après-midi était relativement calme après le contrecoup de cet article.

"Fichez-moi le camp," dit-il enfin au reporter. "Et je ne veux pas vous voir avant mardi matin."

Clark sourit, tout heureux d'avoir la journée de congé. "Merci, Chef."

Perry marmonna quelque chose et se retourna pour partir, ne voulant pas montrer à Clark son hilarité. Il comprenait qu'un couple ait besoin de rester seul pour la Saint Valentin… mais ils n'avaient pas besoin de le savoir. Il pensa qu'il pouvait peut-être donner un coup de fil à Alice pour voir si les fleurs étaient arrivées. Alice avait toujours aimé les roses…

Lois et Clark entrèrent ensemble dans la propriété. Ils furent enchantés par la vision qu'ils découvrirent, Jonathan faisait sauter Laura sur ses genoux pendant que Martha réchauffait un biberon sur la cuisinière.

"Je m'en occupe, " dit précipitamment Lois, soulageant son beau-père du bébé qui hurlait en grimpant vers la chambre pour l'allaiter. Cela lui avait manqué et elle prenait plaisir à rattraper le temps perdu.

Clark la rejoignit au premier quelques instants plus tard. "Papa et Maman m'ont dit de te souhaiter une bonne Saint Valentin. Ils ont réservé une table à cinq heures et demie, alors ils ne vont pas tarder à partir.

Lois le regarda d'un air déçu. "Je n'avais pas l'intention de les laisser tomber," dit-elle tout de suite.

Clark l'embrassa sur la joue avant de tourbillonner pour revêtir un jeans et un tee-shirt noirs. Lois le regarda avec appréciation.

"Ils le savent bien," lui dit Clark. "Ils ont pensé qu'on avait besoin de passer un moment seuls tous les deux après ce qui s'est passé ces derniers jours."

Lois ne pouvait qu'être d'accord. Elle finit d'allaiter Laura et ils se rendirent tous deux dans la nursery pour la coucher. Les parents Kent avaient passé leur matinée à remettre la chambre dans son état original et avaient mis des draps propres dans le berceau. Le lit que Lois avait eu tant de mal à trouver avait été soigneusement recouvert d'un drap de couleur et remisé dans un coin de la chambre.

Il leur fallut quelques instants pour mettre Laura dans le berceau, mais elle s'endormit paisiblement dès qu'elle fut installée. Avec un profond soupir, Lois se retourna pour sortir de la chambre. Elle soupira un peu quand Clark la souleva dans ses bras et s'envola dans l'escalier.

"Tu deviens vraiment doué pour faire ça," lui dit-elle avec un sourire.

"C'est un plaisir," lui répondit-il doucement. Il s'assit à côté d'elle sur le canapé et ils discutèrent quelques instants de la vidéo qu'ils allaient regarder avant de finalement choisir "Princess Bride."

Au moment où le générique commençait, Lois laissa ses yeux vagabonder sur les roses qu'elle avait ramenées et placées sur la table basse. Il était encore trop tôt pour préparer le dîner, mais elle imagina qu'elles pourraient faire un joli centre de table pendant le repas.

Clark remarqua son regard et passa tendrement son bras autour d'elle. "Je suis désolé qu'on n'ait pas pu aller à Paris," lui dit-il doucement.

Lois hocha la tête. "Je préfère être ici," lui dit-elle honnêtement. "Quel que soit l'endroit où nous sommes, si nous sommes ensemble, c'est un endroit romantique."

Clark sourit et se pencha pour embrasser sa femme. Elle passa ses bras autour de lui, le serrant contre elle alors que leur baiser se prolongeait. Tout le soulagement et l'amour qu'ils ressentaient se déversèrent dans leur baiser et une immense chaleur les enveloppa.

Clark commençait juste à glisser ses mains sous le pull de Lois quand il entendit le premier pleur. Serrant les paupières, il retint son souffle et se mit à compter à rebours à partir de mille.

Lois le sentit se contracter et se demanda ce qui lui arrivait. A ce moment, elle entendit les gémissements de sa fille qui commençaient à se diffuser dans la cage d'escalier. En souriant, elle embrassa légèrement son mari sur la joue. "Je vais la chercher," dit-elle doucement. "Après tout, ils ne restent pas des bébés très longtemps."

Clark lui rendit son sourire et se leva avec elle, puis il passa son bras autour de sa taille tandis qu'ils montaient l'escalier. "On va la chercher," lui répondit-il. "Car chaque jour est précieux."

FIN

 

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.