
Saison 6, Episode 2
Deuxième partie
par Chris Mulder
Édité par Peace et Kathy Brown
Version française de

Traduction Hypérion

Le matin du mardi s'était levé clair et ensoleillé, et le ciel virait à un bleu profond et vibrant que l'on pouvait voir seulement à l'horizon. L'air était froid, mais ce n'était pas encore le froid glacial de l'hiver; et les habitants de Métropolis se préparaient déjà pour les fêtes de fin d'année. Les décorations d'Halloween avaient tout de suite laissé place aux rouges et vertes de Noël, laissant les traces du pauvre Thanksgiving seulement dans les salles de classes et les magasins de cartes postales.
Toutefois, Lois et Clark se rendaient à peine compte de l'animation des rues. Ils étaient au Planet aussitôt qu'ils avaient terminé de préparer Laura, laissant le travail les distraire du jour imminent de leur parution devant la Cour.
Lois, en particulier, s'était plongée dans sa quête de pincer Lex Luthor pour les récents troubles syndicaux et tout ce qui pouvait éventuellement aller de travers à Métropolis, si toutefois elle arrivait à le faire. Perry et Clark s'inquiétaient pour elle et essayaient de la distraire ou de l'aider, chacun à sa façon : Perry en lui rapportant ses progrès encourageants sur le projet de garderie et Clark en lui offrant une plante pour son bureau pour remplacer celle qu'il avait jetée.
Elle sourit et les remercia puis retourna s'asseoir à son bureau. Ses demandes d'informations avaient laissé espérer à la fois Jimmy, quand il était là, et le Département de Recherches.
Ellen était sortie de l'hôpital le lundi après-midi, légèrement plus cohérente, mais non moins catégorique quant à son innocence. Elle ne pouvait toujours pas donner une description précise de la femme qui lui avait rendu visite vendredi d'après ce qu'elle déclarait, mais ses comptes rendus répétés des événements de ce jour commençaient à avoir pour eux un fond de vérité. Si elle mentait, il lui aurait été plus difficile de maintenir son histoire au cours de ses narrations successives. Toutefois, il y avait d'étranges lacunes dans ses souvenirs, ce qui était terriblement frustrant pour elle comme pour son auditoire. Sam décida de faire quelques recherches de son côté -- quel genre de drogues ou mélange de drogues, pouvaient avoir provoqué de tels effets.
Jimmy et Penny, quand elle avait du temps libre entre ses cours, continuaient d'interroger les voisins de Lois et Clark. Jusque là, cela n'avait pas donné grand chose, mais il y avait encore une poignée de gens qu'ils n'avaient pas encore vus. Quelqu'un avait cru voir une jeune femme blonde faire du jogging dans le voisinage une fois ou deux, mais quand on lui avait demandé d'en faire une description plus précise tout ce dont il parvenait à se souvenir était qu'elle portait un short de sport mauve. Un short, un short de sport mauve. Il se souvenait de ce détail, avait-il dit, car il s'était demandé comment elle pouvait sortir dans cette tenue avec le froid qu'il faisait. D'après son sourire nostalgique, il n'avait pas dû penser qu'à cela, mais ni Jimmy ni Penny ne trouvèrent prudent de le faire remarquer.
Aucun autre cadavre n'avait été découvert à des endroits inopportuns, mais Perry gardait encore une place pour une publication à la Une. Personne, au moins au Daily Planet, ne voulait revenir à la façon dont les choses s'étaient passées quand Intergang s'était installé en ville. Il y avait quelques inquiétudes qu'une autre société criminelle s'organise, et les éditoriaux de Perry étaient axés sur le sujet, ce qui avait pour effet de secouer et réveiller les politicards. Henderson se moquait de la publicité dont son service faisait l'objet, mais il avait tout à coup reçu le supplément de fonds et de personnel qu'il réclamait depuis les huit derniers mois, et il prenait cela comme une bénédiction.
Clark devait se servir de toute la force dont il disposait pour tout assumer, et il n'avait toujours pas de nouvelles de ses parents. Il se disait qu'ils allaient bien, qu'ils pouvaient prendre soin d'eux et qu'ils se trouvaient probablement dans un endroit où la réception des téléphones cellulaires était limitée, mais néanmoins, il s'inquiétait pour eux. Toutefois, avec ses deux boulots et son désir d'être disponible pour sa femme et sa fille aussi souvent que possible, il ne pouvait pas s'esquiver pour chercher Martha et Jonathan.
Perry avait augmenté sa charge de travail en lui confiant l'enquête sur les meurtres.
"Clark, personne n'aboutira à rien avec cela, aussi je veux que vous y jetiez un œil. Lois et vous avez quelquefois sorti des lapins d'un chapeau alors que le reste d'entre nous ne savait même pas qu'il y avait un chapeau, et assurez-vous que le Département de Recherches vous donne pronto les dernières informations. J'ai également mis Paul et Janie là-dessus, à cause de leurs relations au service des homicides, aussi vous devriez aller leur parler dès que possible." Il s'interrompit un instant, comme s'il choisissait soigneusement ses mots. "Je suis désolé de vous mettre ça sur le dos, Clark mais vous êtes l'un de mes meilleurs journalistes et, eh bien… il faut arrêter ça."
"Je sais, Chef. Ça va." Il avait pris le bloc sur son bureau et commençait à le feuilleter. Perry avait raison. Il fallait arrêter ça. Huit meurtres en quelques semaines, c'était impensable.
En plus de cela, il avait fait des recherches parallèles de son côté. Ses craintes au sujet des enlèvements, des expériences et du clonage, l'avaient fait repenser à l'affaire du clone présumé de Lex. Il lui était venu à l'idée que s'il arrivait à prouver la non-existence du clone, Luthor serait reconnu comme le criminel qu'il était vraiment et serait un peu moins menaçant pour lui et sa famille. Avec cette idée, il avait commencé à accéder à toutes les informations qu'il pouvait trouver sur le clonage, les digérant en super vitesse, et avait aussi contacté le Dr Klein et le Dr Hubert pour leur demander leur aide.
Il lui avait fallu un certain temps pour localiser le Dr Hubert car il était en semi-retraite à la suite du remue-ménage autour de la mort de son ami et collègue, le Dr Winninger. Clark était toutefois parvenu à trouver le brave docteur pour lui demander de l'aide. Il semblait possible que le Dr Hubert, en raison de sa connaissance de l'écosystème de la forêt tropicale, puisse avoir accès à davantage d'informations sur le lien entre les grenouilles Dopple Buffo et le clonage. Il devait y avoir quelque part, croyait Clark, quelque chose qui lui indiquerait une faille dans cette image publique que Lex Luthor avait créée. Du moins, peut-être que Luthor aurait vent qu'il enquêtait sur le clonage et deviendrait nerveux. Cela ne dérangeait pas Clark de rendre Luthor nerveux, pour changer.
Tous ceux qui devaient se présenter au tribunal le lendemain, à l'exception de Constance et Ellen, avaient rendez-vous chez Lois et Clark le mardi soir pour partager les informations qu'ils avaient et se remonter le moral. Au moment où elle s'apprêtait à monter dans la voiture pour se rendre chez Lois, Ellen n'avait pas été autorisée à venir car elle était citée à comparaître en tant que témoin de l'accusation. Constance, informée par téléphone de cette circonstance tout à fait imprévue, avait alors recommandé qu'Ellen, n'étant pas un témoin hostile, reste éloignée des autres jusqu'à la fin du procès.
Constance avait été invitée à la réunion pour la préparation de l'audience et prévoyait de la suivre, mais n'avait en fin de compte pas pu y assister car il y avait encore trop de choses qu'elle voulait faire pour préparer sa défense pour le lendemain.
"Je suis désolée, Clark," lui avait-elle dit quand elle avait téléphoné, "mais j'ai été tellement interrompue aujourd'hui que je vais devoir travailler cette nuit. Surtout, n'hésitez pas à me biper, si toutefois vous avez des questions, je serais ravie d'y répondre."
"Merci d'avoir appelé, Constance, et merci pour tout ce que vous faites pour nous. Nous vous en sommes très reconnaissants."
"Je vous en prie. A demain matin."
Quand elle avait raccroché le téléphone, ses yeux s'étaient posés sur le fax qu'elle avait reçu le matin. Un grand cabinet de la Côte Ouest recherchait des avocats très respectés pour diriger le service contentieux de leur département de la Côte Est. Son nom avait était évoqué. Si elle était intéressée, ils auraient aimé qu'elle vienne déjeuner avec eux ce jour là pour rencontrer les responsables des autres départements et discuter des possibilités. Elle était abasourdie, d'abord par l'offre en elle-même et ensuite par la soudaineté de cela. Ça ne pouvait pas être vrai !
Et pourtant ça l'était. Elle avait également reçu un coup de téléphone d'un monsieur à la voix charmante qui voulait savoir si elle avait reçu le fax.
"Oui, je l'ai eu."
"Bien. Bien. Nous sommes désolés de vous contacter ainsi à la dernière minute," s'était-il excusé d'une voix douce. "Je sais que ceci pourrait laisser penser que nous ne sommes pas très organisés, mais je vous assure que ce n'est pas le cas."
"Bien sur que non."
"Le problème est que le Comité Directorial de notre compagnie a décidé que ces postes doivent être pourvus avant la fin de l'année. Certains de nos responsables sont à Métropolis cette semaine pour notre conférence régionale de la Côte Est et aimeraient rencontrer autant d'avocats que possible. Si vous êtes acceptée, on vous réservera une place d'avion pour demain pour un entretien plus officiel."
"Demain ! Je ne peux pas. J'ai une affaire au tribunal, demain."
"Vous pouvez sûrement trouver un remplaçant, Maître Hunter," sa voix persuasive rendait tout cela très raisonnable. "C'est une formidable opportunité pour un avocat de votre envergure. Laissez-moi vous parler du salaire et des avantages."
Les yeux de Constance s'écarquillèrent aux chiffres et autres informations tentantes qui lui parvenaient à l'oreille à travers le téléphone.
"Je suis désolée, M.… Helms," plaça-t-elle à la première opportunité, "mais quoi qu'étant très flattée par votre offre -- et croyez-moi, je suis flattée -- je ne peux l'accepter."
Mais, Maître Hunter, venir au déjeuner ne vous oblige en rien. Nous voulons juste vous rencontrer et discuter avec vous de nos idées. Au moins dites-moi que vous allez venir déjeuner. Je peux vous envoyer une voiture pour vous prendre."
Tout cela avait été tellement tentant, et sa voix était si merveilleuse -- la façon presque envoûtante dont il pouvait rendre raisonnable le déraisonnable -- qu'elle avait presque cédé. "Je ne peux pas. Je suis terriblement désolée, M. Helms, mais je ne peux pas."
"Moi aussi, je suis désolé, Maître Hunter, car j'avais hâte de vous connaître. J'ai tellement entendu parler de vous."
C'était plus qu'il n'en fallait pour flatter l'ego d'une femme mais Constance resta ferme sur son refus. Finalement il raccrocha, emmenant avec lui sa voix merveilleuse et son offre incroyable. Le style du Cabinet juridique dont il avait parlé était sans doute ce dont rêvaient un grand nombre d'avocats, mais Constance avait fait du Droit avec certains objectifs à l'esprit et quoiqu'elle admettait avec une pointe de déception qu'elle ne deviendrait jamais riche en faisant ce qu'elle faisait, elle savait aussi qu'elle avait fait le bon choix.
Il y avait eu d'autres interruptions : une femme qui la suppliait de s'occuper de son dossier, disant qu'elle était désespérée; et un homme qui voulait poursuivre son voisin de palier pour lui causer, disait-il "une immense torture mentale." Oui, c'était une sacrée journée.
Malgré cela, elle avait continué, par ses relations dans le milieu judiciaire, à travailler à améliorer le dossier de Lois et Clark et Laura. Plus elle fouillait, plus elle en apprenait… sur les rouages des Services Sociaux et le Service de Protection de l'Enfance, que ce soit qui connaît qui, qui est vraiment intéressé par ce qui est bon pour les enfants, et qui passe son temps à attendre son chèque de salaire. Quoi qu'il en soit, elle sentait qu'elle avait besoin d'avoir recours à quelque chose d'autre, au cas ou ces mystérieux témoins ne soient pas là pour la bonne cause.
Comme lui avait dit une fois Superman, elle ne pouvait comprendre la méchanceté, tout comme la cupidité, et elle ne voulait pas prendre part à cela, ce qui faisait d'elle une excellente alliée. Elle travailla tard ce mardi soir, passant en revue tout ce que lui avaient donné ses contacts et recherchant des précédents à citer dans ses livres de droit. Et, en fin de compte, la pause dont elle avait besoin arriva à la faveur d'un appel téléphonique. Un appel téléphonique qu'elle était sur le point de ne pas prendre.
La voix à l'autre bout était étouffée. Impossible de dire si c'était un homme ou une femme. La peur, toutefois était indubitable. La voix lui donna un nom, un endroit où chercher et raccrocha. Elle s'assit un instant, le combiné dans la main, réfléchissant à ce qu'elle venait d'entendre. Puis elle appuya sur le bouton pour couper sa ligne.

A quatre heures du matin, un autre corps était découvert.

Acte 4
Le Tribunal pour Enfants du Palais de Justice était un endroit sinistre et lugubre qui faisait frissonner Lois tandis qu'elle le traversait, portant son enfant, par ses portes et ses couloirs recouverts de marbre. Malgré les efforts qu'elle faisait pour le lui dissimuler, Clark le remarqua et il prit dans l'autre main le sac de couches et le porte-documents qu'il portait pour passer son bras autour de son épaule. Elle émit un petit son, presque un gémissement, au plus profond de sa gorge, mais il parvint à l'entendre. La pression de son bras la fit s'arrêter et elle le regarda, avec une horreur muette au fond des yeux.
Instantanément, il posa les sacs pour l'entourer de ses bras, créant une oasis pour eux trois au milieu du désert bureaucratique qui les entourait. "Lois… mon amour," lui murmura-t-il, la voix cassée par l'émotion, "je ne les laisserai pas nous prendre Laura. Peu importe ce qui peut se passer, nous ne la perdrons pas. Je te le promets."
"Comment peux-tu promettre ça, Clark ? Nous ne savons pas ce qui va se passer."
"Parce que, si je dois le faire, je vous enlèverai toutes les deux et nous nous envolerons loin d'ici, juste devant les juges et les avocats, et tout le monde."
"Tu ferais ça ? Mais, et Superman ? Il t'a été suffisamment difficile ces dernières semaines de ne pas pouvoir répondre aux appels au secours quand tu t'occupais de Laura. Comment pourrais-tu abandonner définitivement Superman ?"
Il prit une profonde inspiration. "Peut-être que ce n'est pas la meilleure idée qui me soit venue, mais je ne laisserai personne détruire notre famille. Je nous sortirai de là si je dois le faire, Lois."
Elle se pencha vers lui et posa sa tête sur son épaule. Laura était tranquillement endormie entre eux deux dans les bras de sa mère, heureusement inconsciente des possibles conséquences de cette journée.
"Je crois que ce que nous devons faire maintenant, c'est espérer que les choses vont bien se passer. Nous avons tous nos amis pour nous soutenir et Constance fait tout ce qu'elle peut pour nous. Nous sommes de bons parents, Lois et nous allons le prouver."
Elle acquiesça, la tête toujours blottie contre son épaule, puis elle embrassa Laura avant de lever les yeux vers lui. "Je l'aime tant, Clark," murmura-t-elle simplement, de façon hésitante, comme si elle pouvait à peine prononcer ces mots.
"Je sais, chérie," répondit-il, le cœur brisé de la voir si déprimée. Si sa propre mort pouvait lui épargner cela, il se serait offert avec joie. Mais il était là, l'être le plus puissant du monde, et il ne pouvait rien faire à cet instant pour soulager sa peine. La seule fois où il aurait souhaité par-dessus tout se servir de sa vitesse et de sa force afin d'arranger les choses pour sa famille, et tous ses pouvoirs lui étaient maintenant inutiles. Il ne pouvait rien faire. Rien à part la tenir dans ses bras, et il ne voyait pas comment cela pouvait suffire. "Moi aussi je l'aime. Et je t'aime," ajouta-t-il en embrassant d'abord Lois, puis Laura.
Lois resta encore quelques instants dans le refuge de son étreinte, puis prit une profonde inspiration et se redressa, se dégageant un peu des bras de Clark, lui faisant comprendre qu'elle était prête à y aller.
Elle attendit qu'il reprenne les sacs et lui prit la main. "Je ne sais pas ce que je ferais sans toi, Clark," dit-elle, avec au fond des yeux tout l'amour qu'elle ressentait pour lui. "Tu sembles toujours être là pour me sauver."
Tenant la main de Lois, il sentit son cœur se remplir de bonheur, en dépit de ses inquiétudes. Il avait pu l'aider ! D'une façon ou d'une autre, il lui avait donné ce dont elle avait besoin. Juste lui--sans la nécessité de supers pouvoirs. Elle était de nouveau forte et il ne se sentait plus impuissant.
Il avait pensé l'aider, mais il s'avérait qu'ils s'étaient aidés l'un l'autre.
Main dans la main, il avancèrent dans le bâtiment, se dirigeant vers les ascenseurs et les salles d'audience des étages supérieurs. A peu près à mi-chemin, Constance arriva vers eux.
"Je viens d'entendre que nous aurons un juge différent que celui que nous pensions avoir. Le Juge Pender est très malade et a dû être transporté à l'hôpital à dix heures hier soir."
"Qu'est-ce qu'il a ?" voulut savoir Clark.
"Ils n'en sont pas très sûrs, apparemment. C'est peut-être son cœur."
"Qui est le nouveau juge ?" demanda Lois, la voix de plus en plus inquiète à chaque nouvelle phrase. "Il est comment ? Je n'aime pas ce changement de dernière minute. Ça pourrait être un genre de coup monté."
"Un coup monté?" répéta Constance. "Je n'ai rien découvert qui laisse penser à un complot ou une conspiration d'aucune sorte. Et vous ?"
Lois et Clark se regardèrent. S'il y avait une quelconque conspiration, elle était bien cachée. Ils en revenaient toujours à la même question : si le but de cette manœuvre était de les séparer de leur enfant, alors pourquoi Laura ne leur avait pas été enlevée ?
"Bien, ça c'est une chose. Maintenant, au sujet du nouveau juge--"
L'horloge de la façade du bâtiment se mit soudain à carillonner, un rappel que pour eux, le temps s'écoulait.
"Venez," leur dit Constance, "je vous mettrais au courant en allant à la salle d'audience. Nous aurons le temps d'installer Laura avant que les choses ne commencent."
Ils se dirigèrent vers les ascenseurs en parlant, l'esprit complètement occupé par l'audience imminente.
Aucun d'eux ne remarqua la personne qui les observait depuis le hall d'entrée.

"C'est la pire journée de mon existence !"
"Ellen, chérie--" la consola Sam, en essayant d'ouvrir la porte d'entrée de Lois et Clark. Son passage à la barre des témoins l'avait épuisé sur le plan physique et émotionnel, et elle avait insisté pour se reposer. Etant donné que la propriété de Lois et Clark était plus près que son appartement et celui de Sam, ils étaient venus là.
"Tu ne peux pas me remonter le moral, Sam. Tout ce que je veux pour l'instant c'est pousser un hurlement de tous les diables et peut-être frapper quelqu'un. De préférence cet Avocat Général."
A présent, Sam avait déverrouillé la porte et la tenait ouverte pour Ellen. Une fois qu'elle l'eut passée, il se pencha pour ramasser une enveloppe kraft qui avait été glissée sous la porte. Elle était adressée à Clark et portait les mots, "Département de Recherches du Daily Planet" et "Courrier".
"Pour qui se prend-il à essayer de me faire passer pour une sorte d'anormale ou-ou de criminelle ou quelque chose comme ça ?"
Sam suivit son ex-femme dans le séjour, la regardant faire les cent pas, donnant libre cours à sa frustration et à son angoisse. Elle jeta son sac à proximité d'une table, sans se préoccuper de voir s'il atteignait sa cible, ne paraissant pas se soucier qu'il la manque et tombe par terre. Son manteau eut un peu plus de succès, quoique se retrouvant, lui aussi, à moitié sur le sol. Sam arriva derrière elle, ramassa ses affaires, puis posa l'enveloppe du Daily Planet et le trousseau de clés de Lois sur la table basse à côté des papiers de Clark.
Elle poursuivait sa tirade. "Il a pris tout ce que j'ai dit et l'a déformé de façon à ce que j'aie l'air d'une menteuse, et ma fille une espèce de femme stupide et sans cœur qui peut laisser son enfant avec n'importe qui pour poursuivre sa carrière sans problème. On ressemble tous à des idiots ou-ou des assassins d'enfant, et…"
Soudain elle s'arrêta et se tourna vers lui. Il lisait l'angoisse dans ses yeux et lui tendit les bras avant qu'elle ne puisse finir le reste de sa phrase. "…et Lois et Clark vont perdre ce bébé et ce sera ma faute !"
La tenant dans ses bras, il la conduisit vers l'un des sofas et la fit asseoir doucement. Il ne savait pas quoi dire pour la réconforter, aussi il se contenta de la prendre dans ses bras et la laissa pleurer.
"Lois n-ne va p-plus jamais m-me parler," dit-elle en sanglotant.
"Bien sûr que si, Ellen."
"Pourquoi le fe-ferait-elle ?"
"Parce qu'elle est ta fille et qu'elle t'aime. De plus," ajouta-t-il, essayant de la rassurer, "ton témoignage n'était qu'une petite partie du procès, Ellen. On ne peut pas savoir ce que le juge en a pensé, de toute façon. Elle est habituée aux ruses des avocats depuis le temps."
Ses pleurs diminuaient, elle cherchait un kleenex. Sam lui tendit son mouchoir.
"Et autre chose," ajouta-t-il, "quand j'étais ici, hier soir, Lois et les autres avaient préparé tout ce qu'ils devaient dire ou faire aujourd'hui."
Inquiète bien que pleine d'espoir, elle voulut savoir ce qu'ils avaient prévu.
"Eh bien, Penny, Jimmy et Perry vont témoigner. Le Dr Klein continue de m'aider dans les recherches de drogues. Et n'oublie pas le pédiatre, sans parler que Jimmy a encore deux voisins à interroger. Il va essayer de le faire pendant l'interruption d'audience du déjeuner."
"C'est un coup de chance et nous le savons tous les deux," l'interrompit-elle d'un air abattu, se concentrant sur la dernière chose qu'il avait dite.
"Hé, nous avons déjà eu des coups de chance." Il la serra dans ses bras et se leva. "Allez, je t'ai amenée ici pour que tu te reposes. Tu veux manger quelque chose ou boire un peu de thé ou--"
"Non, je n'ai pas faim, et je ne crois pas que je pourrais me reposer de toute façon. Tu ferais mieux de retourner au Tribunal; promets-moi juste de m'appeler dès que tu sais quelque chose. Je vais essayer de faire un peu de rangement et peut-être qu'après j'aurai envie de me reposer. On dirait qu'ils sont partis d'ici en vitesse, ce matin," fit-elle remarquer en regardant autour d'elle les tasses, verres, papiers, dossiers et stylos qui jonchaient toutes les surfaces disponibles.
"En réalité," observa Sam, "Je pense que ça date d'hier soir. Du moins, c'est ce que je crois. Clark était en train de travailler quand nous sommes arrivés. Ça concerne un article qu'il écrit." Il s'assit tandis qu'elle commençait à ranger -- posant les plats dans un coin de la table basse et glissant la pile de papiers de l'autre côté -- en pensant que Clark n'aimerai sans doute pas qu'on range ses affaires. "Je crois vraiment que tu devrais te calmer, Ellen."
"Je pourrais me calmer plus tard, Sam. Je me sens mieux à faire quelque chose. Si tu pouvais juste aller chercher un plateau à la cuisine, je pourrais ramasser toutes ces assiettes et les laver pour Lois."
Reconnaissant une cause perdue quand il en voyait une, Sam céda et alla chercher le plateau. Il l'avait en main quand il entendit Ellen l'appeler.
"Sam ! Sam, viens là !"
Il arriva en courant. "Ellen, que diable se--?" Ellen était pâle et troublée et elle lui mit quelques papiers dans les mains au moment où il s'approchait d'elle. Il remarqua qu'une enveloppe du Département de Recherches se trouvait parmi eux et commença à la réprimander. "Ellen, tu n'aurais pas dû l'ouvrir--"
"Je ne l'ai pas ouverte. Je ne pourrais-- ! Tu me prends pour qui ? Lois ? Non, elle était déjà ouverte. Ce n'est pas important. Regarde cette photo."
Un rapide regard vers la table basse lui indiqua qu'elle disait la vérité. L'enveloppe qu'il avait posée était toujours là, fermée. A ce moment, il regarda la pile qu'elle lui avait mise dans les mains et saisit le problème. "Ellen, je sais combien tout ça te contrarie. Ces photos viennent des affaires de meurtres sur lesquelles Clark travaille. Allez, laisse-moi t'enlever tout ça--"
"Non, Sam ! Regarde cette femme. C'est elle."
Il commençait à comprendre de quoi elle parlait. Il leva les yeux et la vit hocher la tête et sourire à avec impatience. Ses yeux se remplissaient de larmes à la pensée de parvenir à prouver que son histoire était vraie.
"Tu es sûre ?"
"Bien sûr que je suis sûre. Je n'arrête pas de dire à tout le monde que je l'ai vu trois ou quatre fois, mais personne ne me croit. Voici la preuve que je n'inventais rien. Elle-elle est réelle. C'est la femme qui était ici avec moi vendredi dernier." Elle lui prit la photographie des mains et attrapa son sac et son manteau. "Alors," lui demanda-t-elle impatiemment, "tu vas me conduire au poste de police ou pas ?"

Lois et Clark écoutaient Perry prêter serment en tant que témoin de la défense. La journée avait été pour eux longue et fatigante, pleine d'émotions.
La situation paraissait se retourner. Dans ses premières constatations, l'avocat des Services de l'Enfance, M. Tregor, avait fait remarquer, qu'en tant qu'alcoolique de longue date, Ellen ne devait pas à avoir la charge d'un enfant et que Lois et Clark avaient montré peu de bon sens en lui permettant de rester avec Laura. Puis il avait commencé à appeler ses témoins.
Mlle Bailey -- Mlle Gladys Hortense Bailey -- avait déclaré ce qu'elle avait découvert chez les Kent le soir en question. Tregor avait eu quelques difficultés à ce qu'elle se limite au sujet, car elle semblait vouloir donner ses idées personnelles sur Lois et Clark. Cette tendance avait quelque peu assombri son image professionnelle, mais il ne faisait aucun doute que sa description du bébé qui hurlait et de l'ahurissante grand-mère dépeignait une image accablante.
Puis ce fut le tour d'Ellen. Elle avait essayé de faire de son mieux, mais Tregor était parvenu à la troubler et la désorienter au point que son témoignage avait fait plus de mal que de bien. Plus tard, sous la conduite plus douce de Constance, Ellen avait pu faire un exposé plus cohérent, ce qui rendait plus facile de comprendre pourquoi Lois et Clark avaient confié Laura à ses soins. Il avait été signalé à la Cour qu'Ellen était jadis une infirmière remarquable et qu'elle occupait maintenant une position de confiance à la Fondation Superman.
Quand Constance eut terminé son interrogatoire, Tregor s'était levé pour poser deux autres questions à Ellen. "Etes-vous ou non alcoolique ?" Il n'y avait malheureusement qu'une réponse à cela.
"Et n'a-t-on pas trouvé de l'alcool dans votre sang, Mme Lane ?"
Il n'y avait également qu'une réponse à cela.
Constance avait compté sur une dernière question à sa façon. "Mme Lane, pourriez-vous, s'il vous plaît, dire à la Cour depuis combien de temps, avant cet incident présumé, vous avez arrêté de boire de l'alcool ?"
"Six ans et dix mois," avait répondu Ellen, la voix tremblante et les yeux au bord des larmes.
"Merci, Mme Lane. Je n'ai pas d'autres questions pour ce témoin, Votre Honneur."
L'audience avait été levée à ce moment pour permettre à Lois de s'occuper de Laura et à Constance de donner à ses clients quelques paroles d'encouragement. Ils ne devaient pas laisser cet ennuyeux contretemps les décourager. Ce n'était pas terminé tant que ça n'était pas terminé.
Ils l'écoutèrent et la remercièrent, puis essayèrent de réconforter leur cœur de ses paroles, mais redonner Laura à la personne chargée de s'occuper d'elle pendant qu'ils étaient dans la salle était un rappel que, à la fin de la journée, on leur demanderait peut-être de la remettre à une famille d'accueil, et pour plus longtemps.
Constance leur avait déjà parlé de l'appel téléphonique qu'elle avait reçu la veille au soir, mais le détective privé qui enquêtait pour elle ne l'avait pas encore contactée. Ceci apporterait des explications aux actions excessives de Mlle Bailey aussi bien qu'à ses interventions persistantes dans la vie privée de Lois et Clark, mais ce n'était pas le genre de preuves dont ils étaient ravis de se servir. Ils étaient toutefois tous d'accord que, si nécessaire, ils s'en serviraient comme de tout autre chose s'ils le devaient, afin de protéger Laura.
Quand l'audience avait repris, les deux "mystérieux" témoins avaient fait leur apparition. Il s'agissait de personnes déclarant avoir vu Lois laisser seul son bébé dans une voiture en stationnement pendant qu'elle se précipitait dans un magasin, et qui avaient également entendu Lois et Clark se disputer pendant que le bébé criait dans sa poussette. Tregor s'était débrouillé pour laisser entendre que ces exemples n'étaient que la partie visible de l'iceberg et que ces deux célèbres reporters -- reporters qui devaient travailler de longues heures pour arriver à obtenir les exclusivités qu'ils écrivaient--ne prenaient pas leur devoir parental au sérieux.
Les Services de l'Enfance, affirma Tregor, ne préconisaient pas un placement permanent de l'enfant, mais pensait plutôt que Laura serait mieux dans un foyer d'accueil pendant que ses parents suivraient une formation pour les aider ainsi que des séances de thérapie. Le temps où les Services Sociaux voulaient à n'importe quel prix ne pas séparer les familles était loin. Ce qui était important -- ce qui serait toujours important -- était le bien de l'enfant.
"On dirait qu'il se présente aux élections ou quoi," murmura Clark à Lois.
Constance, pour sa part, avait fait revenir chaque témoin à la barre. Ils restaient fidèles à leurs histoires, mais elle parvint à les faire trébucher une ou deux fois sur les détails. Suffisamment pour jeter le doute sur leur témoignage. M. Tregor leur demanda de nouveau s'ils étaient sûrs que c'était bien Lois et Clark qu'ils avaient vus. Il répondirent oui tous les deux, l'un d'entre eux, cette fois, avec une trace d'hésitation. La partie civile conclut puis se fut le tour de la défense.
Le Dr Langdon, le pédiatre de Laura, déclara que M. et Mme Kent étaient toujours venus aux visites "postnatales" et que Laura était l'image de la bonne santé et ne présentait aucune marque de négligence.
La voisine, qui était restée avec Laura une ou deux fois pendant que Lois et Clark étaient sortis, dit qu'elle n'avait jamais remarqué qu'il y avait des raisons de s'inquiéter : les affaires du bébé étaient aussi propres qu'elles devaient l'être et Laura semblait être une petite fille heureuse et en bonne santé. "En fait," affirma-t-elle, "j'aimerais pouvoir rester avec elle plus souvent, mais j'ai mes propres petits-enfants, vous voyez, et j'aime aussi voyager avec mes amis. Nous sommes allés aux Chutes du Niagara en juin."
Quand le Juge ajourna l'audience pour le déjeuner, Sam -- assez curieusement -- n'était pas encore revenu d'accompagner Ellen chez Lois et Clark. Perry et les autres attendaient toujours leur tour à la barre des témoins et écoutaient anxieusement les rapports périodiques que leur donnait Clark. Jimmy, après avoir entendu que les choses étaient allées si loin, était plus déterminé que jamais à essayer d'interroger les deux derniers témoins d'Hypérion. Il était parti précipitamment, oubliant le déjeuner, mais jurant de revenir à temps pour témoigner. Constance était allée un moment à son bureau pour vérifier quelque chose, ce qui laissait Perry et Penny emmener déjeuner Clark et une Lois bien morose.
Avec la meilleure volonté du monde, ni Lois ni Clark ne pouvaient leur dire vers qui penchait le juge. C'était la femme la plus impassible que Lois ait jamais vue. "Tout ce qu'elle fait," dit Lois d'un air abattu, "c'est regarder les gens par-dessus ses lunettes et prendre des notes. Beaucoup de notes. Elle passe tellement de temps à regarder ses notes qu'on ne peut pas savoir ce qu'elle pense."
"Constance a dit que le Juge Rice a la réputation d'être ferme, mais juste," ajouta Clark, essayant d'être aussi positif qu'il le pouvait.
"J'espère qu'elle a raison," marmonna Lois.
A deux heures l'audience reprit. Penny avait été appelée et avait déclaré s'être arrêtée plusieurs fois chez les Kent avec son petit ami, Jimmy Olsen. Elle n'avait jamais vu Lois ou Clark être autre chose que de bons parents pour Laura. Puis on appela Jimmy.
"La défense appelle James B. Olsen à la barre, s'il vous plaît."
Pas de Jimmy.
Lois se pencha et murmura à Clark : "Qui aurait pensé cela… la seule fois où nous voulons que Jimmy surgisse dans une pièce, nous ne savons pas où il est."
Après une courte consultation, il fut décidé de laisser pour l'instant le témoignage de Jimmy et de passer au témoin suivant, Perry White, Rédacteur en Chef du Daily Planet. C'était un bon témoin, il n'était pas nerveux comme Penny l'avait été ou tortueux comme Mlle Bailey, mais direct et précis, répondant aux questions que lui posait Constance, la voix pleine de conviction. Si son expression s'adoucissait quand il mentionnait Laura, eh bien, c'était encore mieux. Cela montrait la profondeur des sentiments qu'il avait pour cette petite fille. Il était évident que quelqu'un qui tenait tant à cette enfant voudrait ce qu'il y avait de mieux pour elle.
Puis M. Tregor se leva pour le contre-interrogatoire. Sa technique était assez différente de celle de Constance. Ses premières questions furent posées à la manière d'un tir rapide, laissant à peine à Perry la chance de répondre. Comme méthode pour déstabiliser un témoin, c'était superbe : le Daily Planet était un grand journal. Il était sûr que M. White devait être fier du travail qui y était fait. N'avait-il pas dit que les reporters -- s'ils voulaient trouver de bons articles -- devaient travailler pendant des heures incroyablement longues ? N'était-il pas juste de dire qu'il était difficile d'avoir une bonne vie de famille dans de telles circonstances ? M. White, n'est-il pas exact que votre vie de famille a souffert de votre travail ?"
"Objection !" La voix de Constance retentit.
"Retenue. M. le Procureur, ne harcelez pas les témoins aujourd'hui, compris ?"
"Certainement, Votre Honneur. Je voulais juste démontrer que des reporters, qui font visiblement si bien leur travail que M. et Mme Kent, peuvent avoir des difficultés à être également de bons parents."
"Vous êtes libre de donner votre avis, Maître Tregor, mais vous n'avez pas à le faire -- dans ma salle d'audience -- en harcelant les témoins. Ai-je été assez claire ?"
"Parfaitement claire, Votre Honneur."
"Alors, poursuivez."
M. Tregor leva la main pour arranger sa cravate qui était parfaitement bien mise, et pensa à son prochain geste. "M. White. Diriez-vous que le métier de journaliste est un métier dangereux ? Quand je pense à certains articles qu'ont écrit Clark Kent et Lois Lane, je suis impressionné par leur courage : Intergang, terroristes, savants dérangés--"
"Eh, une minute ! Vous n'essayez sûrement pas de dire que Lois et Clark mettraient en danger la vie de leur enfant ou de qui que ce soit d'ailleurs, pour obtenir un article !"
"Non, bien sûr que non, quoique vous soulevez là un point intéressant. Toutefois, ce à quoi je me référais était le nombre de fois où ils s'étaient eux-mêmes trouvés en danger pour obtenir le genre de gros titres qu'ils écrivent."
"Eh bien, il y a un certain danger, mais ce sont de vrais pros et ils ne prennent pas de risques uniquement pour le plaisir. Ils ne sont pas Evel Kneivel, bon sang !"
"Personne ne dit qu'ils le sont, M. White. Mais, étant donné qu'ils font un travail potentiellement dangereux, un travail assez stressant, ne serait-il pas juste de dire que ce même stress pourrait se manifester d'une façon qui--"
"Eh là, attendez, mon vieux !"
"Ne pensez-vous pas qu'ils pourraient, à juste titre, avoir besoin d'aide pour maîtriser ce stress ? Qu'ils ne peuvent pas être les parents que je suis sûr qu'ils veulent être parce que--"
"Eh, vous--!"
Le juge Rice fit retentir son marteau. "De l'ordre, s'il vous plaît ! Messieurs, je ne vois aucune raison de crier. Nous ne sommes pas sourds."
Les deux hommes commencèrent à parler en même temps.
"Madame le Juge, je--"
"Votre Honneur--"
Elle fit encore retomber son marteau. "Je crois que vous avez posé une question à M. White, Maître. J'aimerais entendre sa réponse." Elle reporta son attention sur Perry. M. White, voulez-vous que le greffier vous relise la question ?"
"Non, merci. Je me souviens de la question. "Ce vaurien," dit-il, en indiquant le Procureur, "me demandait si je pensais que Lois et Clark étaient aussi bons parents que bons reporters."
"Très bien. Poursuivez, s'il vous plaît."
Tregor semblait peser le pour et le contre de discuter avec le juge, mais finalement il s'inclina et retourna s'asseoir à sa table, laissant la parole à Perry. Inaperçue dans toute cette agitation, la secrétaire de Constance se glissa silencieusement sans la salle pour lui apporter une grande enveloppe.
"Merci, Madame le Juge." Perry se racla un peu la gorge, prenant son temps pour rassembler ses esprits.
"Oui, il est vrai que Lois et Clark ont décroché beaucoup d'exclusivités pour le Daily Planet. Mais si quelqu'un pense qu'ils font ce qu'ils font juste pour les gros titres, eh bien cette personne a tort. Ce n'est pas juste pour les gros titres. C'est pour rechercher la vérité. C'est pour être la voix des gens qui n'ont pas de voix et pour essayer de faire de l'endroit où nous vivons un endroit meilleur et plus sûr pour tout le monde. C'est par bienveillance et engagement, même quand il semble que tout le monde se moque de savoir si vous vous engagez."
Perry s'interrompit un instant et Tregor ouvrit la bouche comme s'il allait poser une autre question, mais vit le regard d'avertissement du juge et se ravisa sagement.
"Lois et Clark sont les meilleurs reporters avec lesquels j'ai eu le privilège de travailler. Ils sont dévoués et travailleurs et, oui ils travaillent de longues heures, et il leur est arrivé de se trouver dans des situations dangereuses. Mais… et c'est un grand 'mais', ils sont aussi les meilleurs parents que j'ai vus depuis longtemps. Lois ici présente s'est battue pour qu'il y ait une garderie au Daily Planet. Ils ont tous deux décidé de travailler à temps partiel pendant que Laura est petite pour pouvoir passer plus de temps avec elle.
"Quant à cette histoire de stress… eh bien, si quelqu'un s'y connaît en matière de stress et sait comment le maîtriser, c'est moi. J'ai fait beaucoup d'erreurs dans ma vie, et m'être plongé dans le travail n'est pas la moindre alors que j'aurais dû passer du temps avec ma famille. Peut-être que Lois et Clark ont tiré des enseignements de mes erreurs ou peut-être," il s'arrêta assez longtemps pour sourire en les regardant, "qu'ils sont beaucoup plus intelligents que je ne l'étais, mais quelle qu'en soit la raison, je dirais qu'ils font les choses bien. Maintenant, je ne sais pas ce qui s'est passé dans leur maison l'après-midi de vendredi dernier, mais il y a deux choses que je sais très bien : c'est qu'ils s'aiment et qu'ils aiment cette petite fille."
Perry s'arrêta, prit une profonde inspiration et se détendit dans le fond de sa chaise. Lois et Clark se sourirent, soulagés et reconnaissants envers Perry pour ce qu'il venait de faire. Cela aiderait sûrement à retourner la situation en leur faveur. M. Tregor, surprenant un hochement de tête du Juge Rice, s'avança de nouveau.
"M. White, j'ai écouté très attentivement tout ce que vous avez dit et je peux vraiment me rendre compte à quel point vous vous intéressez à ce jeune couple qui comparaît aujourd'hui devant nous. Je vois également que vous vous intéressez à ce qu'il peut advenir de Laura. Je pense que c'est ce que nous faisons tous, et c'est la raison pour laquelle nous sommes ici. Ceci dit, je dois signaler que rien de tout cela ne modifie le fait que les Kent ont permis à une femme ayant un passé d'alcoolique de s'occuper de leur enfant, et ceci parce que cet enfant a été découvert sans surveillance pendant que cette même femme -- la grand-mère de l'enfant -- était en état d'ébriété." Il s'interrompit, laissant ce fait indiscutable en suspens et ajouta. "Je n'ai pas d'autre question pour ce témoin, Votre Honneur."
Dans ce silence pesant, le juge remercia Perry et lui dit qu'il pouvait se retirer. Puis elle se tourna vers Constance. "Maître, pouvez-vous appeler votre prochain témoin ?"
Constance se leva et s'adressa à la Cour. "En vérité, Votre Honneur, j'allais vous demander une courte suspension d'audience. Mme Kent doit de nouveau allaiter sa fille."
Comme pour donner le signal, les cris distinctifs d'un bébé se firent entendre et la porte de la salle s'ouvrit suffisamment pour laisser l'assistante jeter un œil à l'intérieur.
Le juge sourit. "On dirait que nous devons faire une suspension, mesdames et messieurs." Elle fit tomber son marteau, mais pas trop fort, et sortit de la salle pour se rendre dans son bureau.
Quand ils furent dans la petite salle d'interrogatoire que Lois utilisait quand elle devait allaiter Laura, Lois et Clark tournèrent des visages inquiets vers leur avocat.
"Ce Tregor se cramponne à l'alcoolisme de Maman de la même façon que je me cramponne à un article. Il ne va pas lâcher. Qu'allons-nous faire ?"
Clark tenait Laura pendant que Lois enveloppait son épaule et le devant de son chemisier d'une petite couverture. A présent, il tendait le bébé à sa femme. "L'enveloppe qui est arrivée pendant le témoignage de Perry… est-ce que c'est ce que je pense ?"
Constance hocha la tête. "C'est ça, et ça peut faire pencher la balance de notre côté. Aussi nous devons décider ce que nous allons faire. Je peux vous appeler tous les deux à la barre dès la reprise de l'audience ou on peut commencer par ça. "Elle posa l'enveloppe sur la table devant eux. " Question stratégie, je pense que ce serait mieux de commencer par là puis d'appeler Clark à la barre et ensuite Lois. Lois, vous êtes la mère, qui peut faire passer l'émotion avec le juge. Ceci nous apporterait une bonne et puissante conclusion." Elle tira une chaise et s'assit. "Préparons notre prochaine étape."

De retour dans la salle d'audience, les ombres s'allongeant tandis que le jour touchait à sa fin, le Juge Rice s'adressa à l'assistance. "Il se fait tard, mesdames et messieurs, et je sais que nous sommes tous fatigués. Toutefois, je crois que nous avons le temps d'entendre un autre témoin." Elle fit un petit signe de tête à Constance. "Maître, pouvez-vous poursuivre."
Constance se leva. "Merci, Votre Honneur." Elle regarda Lois et Clark, comme pour voir si ce qu'elle allait faire avait toujours leur bénédiction. Ils ne paraissaient pas ravis, mais farouchement déterminés, et acquiescèrent pour qu'elle continue. "J'aimerais rappeler Mlle Gladys Bailey à la barre."
Maître Tregor se tourna très vite vers ses deux assistants, l'œil interrogateur, mais ils se contentèrent de hocher la tête. Ils ne comprenaient pas non plus cette tactique.
La requête de la présence de Mlle Bailey fut transmise à l'antichambre, mais avant qu'elle ne puisse répondre, la porte de la salle d'audience s'ouvrit violemment et un nombre extraordinaire de gens entra dans la salle : l'Inspecteur Henderson, Sam et Ellen, Jimmy avec une personne inconnue, Perry, Penny et même le Dr Klein et tous parlaient en même temps. Les avocats, assistants, accusés et les membres de la Cour étaient tous debout, surpris de cette fâcheuse interruption. Seul le Juge Rice resta assise, observant et écoutant, mais préparant son marteau, juste au cas où les choses deviendraient incontrôlables.
Clark jeta un œil dans sa direction, crut la voir faire un clin d'œil, ce qui l'encouragea. Donc, il y avait davantage dans cette femme que de la sévérité !
"Nous avons un nouveau témoignage, Votre Honneur…"
"…et alors j'ai trouvé M. Chase. Il n'était pas en ville…"
"Il y avait ce photographe et cette femme qui a…"
"Et notre enquête s'est orientée vers une adresse où elle…"
"…le mélange de ces drogues pourrait rendre quelqu'un incapable de résister…"
"…une lettre de suicide et une boîte de cachets, Votre Honneur."
"…il a vu la femme blonde frapper à la porte de Lois et Clark."
"Elle s'est apparemment suicidée par remords pour ce qu'elle avait fait."
Les différents rapports individuels touchèrent à leur fin, se tarissant graduellement telle une chanson en canon chantée par un chœur d'écoliers, et tous regardèrent le juge avec impatience. Elle prit son temps pour reposer prudemment son marteau sur son support avant de croiser les mains devant elle et de regarder la foule assemblée.
"Que tout le monde s'assoie, s'il vous plaît." Elle remarqua Mlle Bailey qui hésitait, indécise, sur le pas de la porte et lui fit signe d'entrer dans la salle. Quand tout le monde fut installé, elle se tourna vers Henderson. "Vous êtes l'Inspecteur Henderson, de la Police de Métropolis, est-ce exact ?"
Il s'avança. "Oui, Votre Honneur."
"Bien. Maintenant, pouvez-vous me faire un compte rendu très clair de ce que tout le monde a essayé de me dire avec tant d'enthousiasme à l'instant ?"
"Je vais essayer, Votre Honneur." Il commença alors à expliquer comment Sam et Ellen Lane lui avaient apporté la photographie de la femme qu'ils disaient se trouver chez les Kent le vendredi précédent. Malheureusement, la jeune femme en question était morte, victime, avait-on d'abord pensé, de la même personne qui avait assassiné tant d'habitants de Métropolis au cours de ces dernières semaines. Toutefois, à posteriori -- et très vite -- l'enquête avait mené jusqu'à son adresse et là, on avait trouvé une lettre expliquant pourquoi elle avait drogué Ellen Lane. Apparemment, elle avait prévu d'enlever le bébé des Kent, mais s'était affolée quand Mme Lane avait perdu connaissance. On avait également découvert, dans l'appartement de cette jeune femme, des cachets pouvant immobiliser une victime aussi bien que la rendre incapable d'empêcher quelqu'un de lui faire du mal… comme boire quelque chose qu'elle n'aurait jamais bu d'ordinaire. De plus, Jimmy Olsen a finalement trouvé un voisin de Lois et Clark qui a vu la jeune femme entrer dans la maison des Kent vendredi après-midi. Cet homme n'était pas en ville pour des raisons familiales et est revenu seulement aujourd'hui.
"Merci, Inspecteur. Vous pouvez vous asseoir. Maître Hunter, voulez-vous toujours interroger Mlle Bailey ?"
Constance regarda Lois et Clark, lisant la réponse à cette question dans leurs yeux. "Non, Votre Honneur, à la lumière de ces nouveaux témoignages, je ne pense pas que ce soit nécessaire, maintenant."
"Voulez-vous appeler d'autres témoins ?"
"Juste un, Votre Honneur. Lois Lane Kent."
Il y eut un silence dans la salle quand Lois prêta serment. Constance, consciente de la tension dans l'atmosphère, n'attendit pas longtemps avant de poser ses questions. "Mme Kent, aimez-vous votre fille, Laura ?"
"Enormément."
"Feriez-vous délibérément quelque chose qui puisse la blesser ?"
"Non. Je ne ferais pas cela."
"Avez-vous déjà laissé votre fille seule dans votre voiture pendant que vous alliez faire des courses ?"
"Non. Jamais."
"Avez-vous déjà négligé votre enfant dans le but de suivre vos propres intérêts," un léger sourire apparut sur le visage de Constance, "comme vous disputer avec votre mari ?"
"Non. Nous n'avons jamais fait quelque chose comme cela. Nous ne ferions jamais une chose pareille."
Constance lui fit signe de poursuivre.
"Clark est la meilleure personne que je connaisse. C'est un père merveilleux et un mari merveilleux. Nous voulions tellement ce bébé -- nous avons même eu peur de ne pas pouvoir avoir d'enfants -- et en aucune façon, nous ne pourrions la négliger ou lui faire du mal." La voix de Lois tremblait un peu, l'obligeant à regarder Clark pour la soutenir, et il ne la laissa pas tomber. Ses yeux étaient humides, mais son visage reflétait tout l'amour qu'il ressentait pour elle et la foi qu'il avait en elle, et quiconque le voyait à cet instant ne pouvait que croire en l'unité de leur couple. Ne le quittant pas des yeux, mais s'adressant à tout le monde, elle dit, "Laura est une partie de nous… une partie de l'amour que nous ressentons l'un pour l'autre. Nous ne pourrions jamais lui faire du mal."
Constance laissa le silence remplir la salle, puis elle regarda vers l'estrade et comprit que le juge avait vu ce qu'elle voulait qu'elle voie. Puis elle se tourna vers le procureur. "Le témoin est à vous, M. Tregor."
Il réfléchit un instant puis hocha négativement la tête.
"Vous pouvez vous retirer, Mme Kent," déclara le Juge.
"Votre Honneur," annonça Constance, "La Défense en a terminé."
"Très bien, Maître Hunter," répondit le Juge. Elle prit un moment pour arranger les papiers sur son bureau et enlever ses lunettes. Croisant les mains d’un geste coutumier et s’assurant qu’elle avait l’attention de chacun, elle poursuivit, "J’aimerais remercier les avocats des deux parties et également étendre mes remerciements à chacune des personnes qui ont aujourd'hui témoigné pour la jeune Laura Kent. Comme Maître Tregor l'a fait si habilement remarquer, c'est pour cela que nous nous trouvions tous réunis... pour le bien de l'enfant.
"J'ai écouté attentivement tous les témoignages qui ont été aujourd'hui présentés et tout ce qui a été dit, nié, démenti ou prouvé. Tout ça nous ramène à une chose : Clark Kent et Lois Lane sont-ils de bons parents pour leur fille, Laura ou la négligent-ils ? C'était une affaire intéressante et pas uniquement par le côté théâtral du sauvetage par la cavalerie personnelle de M. et Mme Kent pendant les dernières secondes."
Il y eut un léger murmure et quelques rires à cette boutade, mais la plupart des personnes présentes étaient trop tendues par l'incertitude pour pouvoir l'apprécier pleinement.
"Et, bien que j'adore le théâtre, je dois dire que les témoignages qu'ils ont apportés, quoique très intéressants et instructifs, n'ont pas vraiment changé mon opinion sur cette affaire."
Lois et Clark se tournèrent l'un vers l'autre avec des yeux effrayés et se serrèrent les mains un peu plus fort, tandis que les autres personnes commençaient à murmurer et que Maître Tregor arborait, une fois encore, un air satisfait.
Le Juge Rice leva la main pour obtenir le silence et les murmures se turent. "Il a été évoqué que Mme Lane était alcoolique et que M. et Mme Kent n'auraient pas dû laisser leur fille avec elle. Qu'en faisant cela ils étaient négligents et qu'il valait mieux placer leur enfant dans un foyer. Dans cette affaire, je déclare que…"
Tout le monde paraissait retenir sa respiration.
"… je ne suis pas d'accord."
Des cris de joie explosèrent dans l'assistance. Lois et Clark s'étreignirent, ainsi que Constance, Sam et Ellen. Henderson et Perry se serrèrent la main et Jimmy, après avoir pris Penny dans ses bras, voulait étreindre tout le monde. Toutefois, quand il arriva près de Perry, il se souvint soudain qu'il avait reçu l'ordre de ne plus jamais faire une chose pareille. Perry, voyant son hésitation, se mit à rire et prit le jeune homme dans ses bras.
Le Juge Rice les laissa faire pendant quelques minutes puis fit retentir son marteau pour rétablir l'ordre. "La négligence est beaucoup plus sérieuse qu'une simple erreur de jugement, comme laisser des gens que l'on connaît à peine entrer chez quelqu'un. La négligence implique une part d'irresponsabilité ou même de malveillance intentionnelle, ce qui n'est franchement pas le cas dans cette affaire. Et donc, j'aurais pu me prononcer en faveur de la défense sans même entendre les nouveaux témoignages apportés par l'Inspecteur Henderson… et ses troupes."
Cette fois la plaisanterie fut largement mieux appréciée par la plupart de l'assistance. Si le sourire de Tregor était un peu forcé, eh bien, c'était compréhensible.
"Je veux ajouter maintenant, que ce nouveau témoignage innocente complètement Mme Lane de toute condamnation ainsi que des charges d'avoir négligé sa petite-fille pour cause d'ivresse. Elle devra toutefois être plus prudente, à l'avenir, de savoir qui elle autorise à entrer dans la maison quand les parents de l'enfant ne sont pas là."
Ellen acquiesça énergiquement avec un sourire béat. "Je le ferai, Votre Honneur, madame."
Sam tendit la main et passa son bras autour d'elle.
"Je suis ravie que votre réputation, tant de baby-sitter que de grand-mère, ait été rétablie, Mme Lane."
"Merci, Votre Honneur."
Le Juge Rice sourit puis reporta son attention sur Lois et Clark. "M. et Mme Kent, cette Cour vous présente ses plus sincères excuses pour les épreuves que vous avez dû endurer aujourd'hui. Il n'y avait aucun motif de vous faire comparaître à cette audience et je veux vous assurer personnellement que certaines procédures actuelles vont faire l'objet d'une enquête approfondie, dans l'espoir que de bons parents n'aient pas à subir le même genre de souffrance."
Elle lança un regard en direction de Mlle Bailey, qui se tassa un peu sur sa chaise. Maître Tregor était occupé à rassembler ses papiers et évitait de croiser le regard du juge, mais quand il l'entendit se racler la gorge il se sentit obligé de lever les yeux. Ce qu'il lut dans ses yeux ne le mit pas davantage à l'aise.
Ayant donné son point de vue, à sa grande satisfaction, le Juge Rice regarda une fois encore Lois et Clark. "M. et Mme Kent, la Cour vous relaxe complètement des charges de négligence délibérée envers votre fille, Laura." Elle fit retomber son marteau. "L'audience est levée." déclara-t-elle sur le ton officiel d'un juge, puis elle ajouta de façon plus douce à Lois et Clark, "Allez chercher votre petite fille."

En retirant sa robe noire dans son bureau, le Juge Rice entendait les cris de jubilation dans la salle d'audience. Maintenant elle souriait de la façon dont s'était terminé le procès, une chose qu'elle ne se serait jamais permise quand elle était dans le prétoire. Elle avait eu des doutes dans cette affaire dès le début, mais après avoir vu les Kent du coin de la salle ce matin, elle était presque certaine que les accusations portées contre eux n'étaient pas fondées. D'autres observations du couple durant la journée, spécialement la façon dont Lois agissait avec le bébé, la rendait encore plus douteuse d'une quelconque négligence. Toutefois, en tant que juge, et ayant à ce titre certaines responsabilités, elle n'était par le genre de femme à prendre ces responsabilités à la légère. C'était un soulagement d'avoir pu rendre un jugement qui corroborait ses intuitions.
"Entrez !" dit-elle, en réponse à un coup frappé à la porte, et elle ne fut pas surprise de voir entrer Lois et Clark avec la petite Laura.
"Juge Rice," commença Clark, "nous sommes désolés de vous déranger, mais nous voulions juste vous remercier."
"De rien, M. Kent, mais c'est à vous deux que revient cet honneur, vous savez." Elle tendit la main pour caresser doucement la tête du bébé. "Vous faites du bon travail avec cette petite jeune fille. Je veux vous dire encore combien je suis désolée pour ce que vous avez dû supporter. Je présume, que dans votre profession, vous devez avoir l'habitude de faire les gros titres, mais ceci n'a pas dû être très agréable pour vous."
Lois sourit. "Je crois que Perry est en train de s'occuper de ça. Il a de grands projets pour la première page du Daily Planet de demain."

Conclusion
"LES REPORTERS DU DAILY PLANET TOTALEMENT INNOCENTÉS"
"LES KENT NE SONT PAS COUPABLES DE NÉGLIGENCE"
"LES KENT GARDENT L'ENFANT."
Les journaux du jeudi matin étaient intacts sur le bureau de Lex Luthor. Il n'avait pas eu besoin de les regarder; les mauvaises nouvelles étaient diffusées par tous les médias avec de lamentables détails depuis la veille au soir. C'était vraiment triste de voir avec quelle facilité les nouvelles d'un désastre pouvaient se répandre.
Luthor soupira. Est-ce que personne ne diffuse plus les bonnes nouvelles ?
Les deux derniers jours avaient été affreux pour lui, d'autant que le lundi paraissait plein de promesses. Mais le mardi lui avait apporté la déplaisante information que quelqu'un avait accédé aux vieux dossiers informatiques de LexLab sur le clonage. Ceci n'aurait jamais dû arriver; ces dossiers étaient supposés sécurisés ! Et même si les informations qu'ils contenaient étaient cryptées, il avait tout de même demandé à l'un de ses meilleurs employés de créer des barrières pour interdire l'accès aux intrus, et avait appris en même temps que l'intrus en question n'était autre que Clark Kent. Furieux et inquiet à la fois, il n'était pas d'humeur à entendre que les souvenirs d'Ellen Lane étaient plus intacts qu'on ne lui avait laissé croire.
A partir de là, les choses n'avaient fait qu'empirer. Ses informateurs lui avaient dit qu'une personne inconnue avait enquêté sur Mlle Bailey et il présumait que les Kent et leur avocat se serviraient des choses qui seraient découvertes quelles qu'elles soient. Il craignait que s'ils enquêtaient sur Mlle Bailey, il ne leur faille pas longtemps pour découvrir leurs rapports. Le juge qu'il avait dans la poche avait fait une crise cardiaque -- ou était-ce une indigestion -- et Maître Hunter s'était révélée incorruptible. Par conséquent, il avait fallu se débarrasser de la jeune femme qui avait aidé à droguer Ellen Lane, quoique… il devait admettre qu'il avait su retourner cela à son avantage. Son "suicide" était une raison suffisante pour que les enquêteurs cessent de chercher d'autres mobiles -- ou d'éventuels "complices".
Toutefois, la majeure partie de la journée avait apporté une maudite chose après une autre. Il avait regardé impuissant l'affaire qu'il avait montée contre Lois et Clark tomber en poussière.
Pour ajouter l'affront au préjudice, il devait maintenant se débarrasser de l'un de ses meilleurs informaticiens, si ce jeune homme devenait trop curieux pour tenter de décoder les dossiers qu'il avait ordonné de sécuriser. Luthor détestait le gâchis, mais il détestait bien davantage être exposé. Donc, il faudrait surveiller de près le jeune homme du laboratoire d'informatique. Comme pour les deux personnes qu'il avait trouvées pour servir de parents adoptifs provisoires, eh bien, il s'occuperait d'eux la semaine suivante. Ils s'imaginaient qu'ils allaient être transférés et, quand on y réfléchissait, ils le seraient… mais pas comme ils s'y attendaient. Il avait décidé qu'ils avaient besoin de disparaître, mais pas de Métropolis. Les choses devaient se calmer un peu après toutes ces nouvelles émotions, mais il était satisfait dans l'ensemble que, pour l'instant, il avait fait passer son message aux gens qui en avaient besoin et qui le saisiraient.
Même cette pensée n'avait pu le réconcilier très longtemps avec sa situation actuelle. Maudits soient tous ces juges incorruptibles, ces avocats trop imbus d'eux-mêmes pour demander un report, et ce monde où les seuls pions disponibles était ceux qui étaient trop stupides pour être vraiment utiles, Luthor tira furieusement sur son cigare jusqu'à ce qu'il soit aussi rouge que sa colère.

Lois eut l'impression, sans vraiment le sentir, que Clark sortait du lit. Elle était toutefois habituée à ses allées et venues nocturnes et aurait probablement pu immédiatement se rendormir si les derniers jours n'avaient pas été aussi frais dans sa mémoire. En quelque sorte, les même pensées qui ne pouvaient la tenir éveillée quelques heures plus tôt, l'obligeaient maintenant à rester pleinement consciente car elle avait un peu dormi.
Il y aurait une semaine demain… que tout avait commencé, et maintenant c'était fini. Laura était en sécurité à la maison avec eux et ils avaient complètement été innocentés des accusations portées contre eux. Tout s'était si bien passé et tout était si exactement revenu comme avant, que l'entier incident donnait une impression d'irréalité -- davantage un cauchemar très frappant qu'un réel moment de sa vie.
Même Martha et Jonathan avaient finalement été retrouvés, ayant téléphoné la veille au soir pour parler des réserves indiennes qu'ils avaient visitées. Ils avaient été stupéfaits, puis consternés et enfin réjouis des nouvelles que leur avait raconté Clark et ils s'étaient sentis coupables d'avoir passé de bons moments pendant que des choses aussi terribles se déroulaient à Métropolis. Clark et Lois par extension, avaient eu des difficultés à soulager leur conscience et leur avaient demandé de ne pas faire faire demi-tour à leur camping-car pour rentrer à la maison.
Tout va bien, leur avaient-ils dit. Profitez de votre voyage -- vous l'avez mérité. On se verra à Noël.
Sauf que… tout n'allait pas vraiment bien, pensait Lois en se recouchant. Il y avait encore trop de détails en suspens à son goût. Trop de questions sans réponses restées là, pour sa tranquillité d'esprit. Mais, comme l'avait fait remarquer Perry, "La vie n'est pas toujours aussi simple qu'on voudrait qu'elle soit. Parfois, Lois, il vous arrivera d'avoir les nerfs en boule."
"Mais je n'aime pas avoir les nerfs en boule," murmura Lois dans la chambre sombre.
Maintenant complètement réveillée, elle décida de se lever et d'aller voir Laura. Elle devrait l'allaiter dans une heure, si elle ne se réveillait pas avant. Toute la folie de ces derniers jours l'avait, elle aussi, affectée et avait perturbé sa routine. Elle prenait cela plutôt bien, mais il faudrait sans doute plusieurs jours avant qu'elle ne reprenne son train-train.
Lois enfila sa robe de chambre et se dirigea pieds nus dans la chambre de Laura, en allumant la lumière du couloir. Quand elle arriva sur le pas de la porte, elle fut surprise de découvrir son mari qui se tenait devant le berceau à regarder le bébé -- elle était tellement sûre qu'il était sorti pour être Superman. Il eut l'air un peu embarrassé de se faire prendre, mais Lois trouva cela adorable. C'était le genre de choses qui l'avait fait tomber amoureuse de lui.
Il sourit et s'approcha d'elle.
"Coucou," murmura-t-elle. "Je croyais que tu étais sorti pour un appel au secours et voilà que je te trouve à traîner ici. Est-ce qu'elle se réveillait ?"
Il hocha la tête avant de la prendre dans ses bras. "Non. Je n'arrivais pas à dormir, c'est tout. Alors j'ai pensé aller voir comment elle allait." Faisant un petit signe de tête vers le bébé endormi, il ajouta. "Je ne me lasserai jamais de la regarder. C'est comme si elle changeait à chaque instant."
"Je comprends ce que tu veux dire. J'adore la regarder, moi aussi. J'ai tellement peur de rater quelque chose. Une de ces 'premières choses', tu sais : premier sourire, premier mot, premier pas, c'est pour cela que je veux être là à chaque instant où je peux l'être."
"Moi aussi."
Ils restèrent dans les bras l'un de l'autre un peu plus longtemps, juste heureux d'être ensemble et d'avoir un instant de tranquillité.
"Mmm," murmura Lois, "c'est si bon. Je n'ai pas envie que ça s'arrête. Même si Laura se réveille ou que quelqu'un crie, 'Au secours, Superman !', ou--"
"Eh bien, peut-être," murmura-t-il, en souriant de son ton résigné mais humoristique, "nous devrions en profiter pendant que nous le pouvons."
"Elle le regarda d'un air soupçonneux. "Et qu'as-tu à l'esprit?" demanda-t-elle, certaine de déjà connaître la réponse.
"Chocolat chaud," répondit-il très vite.
"Je n'avais jamais entendu appeler ça comme ça," marmonna-t-elle.
"Mme Lane ! Vous me surprenez !" la réprimanda-t-il, l'air à la fois choqué et innocent.
Elle dressa les sourcils d'incrédulité et l'expression de Clark se fit encore plus innocente, si c'était encore possible. "Je ne vois pas pourquoi tu devrais être surpris, Clark Kent. Tu sais parfaitement de quoi tu étais en train de parler."
"Non, je ne crois pas. De quoi croyais-tu que je parlais ?"
"De rien du tout," répondit-elle solennellement, voyant qu'il était décidé à poursuivre sa petite comédie.
"Huh-uh." Il lui fit un clin d'œil qui la fit sourire.
"D'accord, un chocolat chaud, ça me va, alors je joue le jeu. Tu peux commencer à le faire, étant donné que c'est ton idée, et moi je vais mettre mes pantoufles."
"Oui, madame."
Quand elle arriva au rez-de-chaussée, il avait déjà mis une casserole de lait sur le feu et mesurait le cacao et le sucre dans les deux bols. "Tu veux manger quelque chose ?" demanda-t-il.
"Non, merci. Le cacao sera suffisant. Il faudra que tu me donnes ta recette secrète un de ces jours. Ton chocolat chaud est dix fois meilleur que l'instantané que je fais."
"Je serais heureux de te donner des cours privés sur tout ce que tu voudras, ma chère."
"Je parie que tu le feras."
"Au sujet de la recette, elle m'a été donnée par une très gentille et très généreuse allemande rencontrée à La Haye."
"Oh… était-elle jolie ?"
"Jolie ? Oui, elle était très jolie." dit-il en riant. "Elle était aussi assez âgée pour être ma grand-mère."
"Oh." Lois se mit à rire de sa réaction à l'idée de Clark avec une femme. Même après tout ce temps, et même si elle était absolument sûre de lui, elle avait encore ce genre de sensations. Clark ne semblait pas être contrarié par ses moments de jalousie et de possessivité. En fait, il paraissait prendre cela comme un compliment.
Maintenant, le lait était chaud et Clark le versa dans les bols, mélangeant soigneusement les ingrédients. Lois sentait qu'il était préoccupé par quelque chose, même s'il s'était appliqué à le cacher avec ses taquineries et moqueries. Elle attendit qu'il apporte les bols sur la table et qu'ils boivent une ou deux gorgées, avant de lui poser la question.
"Alors… pourquoi n'arrivais-tu pas à dormir ?"
"Oh, tu sais… je pensais juste à des choses."
"Quelles choses ?"
"Surtout qu'il y avait trop de questions sans réponses."
"Trop de détails en suspens."
"Exactement. Cette jeune femme qui est supposée avoir drogué ta mère, par exemple. Je ne suis pas tout à fait sûr que sa mort était un suicide."
"Henderson non plus, mais personne ne peut rien y faire. Tu as lu le rapport du médecin légiste, Clark, comme moi. Moi, ce qui m'embête le plus à son sujet c'est d'où elle tenait toutes les drogues dont elle s'est servie contre maman. Rien dans son profil psychologique n'indique qu'elle pouvait avoir accès à des produits pareils, encore moins si elle savait s'en servir."
"Je suis d'accord, ce qui rend sa mort bien plus suspecte. Ainsi que vouloir voler un bébé comme moyen de faire revenir son petit ami auprès d'elle…" ajouta-t-il sur un ton incrédule.
"Eh bien, quelquefois l'amour fait ressortir ce qu'il y a de mieux chez les gens et quelquefois il fait ressortir le pire. Toutes les femmes ne peuvent pas trouver comme moi un type formidable. Je suis l'une de ces chanceuses."
Elle vit son expression s'adoucir, puis il se pencha et l'embrassa. "Merci." De sa main libre, il prit la sienne, jouant avec ses doigts en lui faisant comprendre qu'il n'était pas tout à fait prêt à laisser tomber le problème. "Je suppose que tu as raison. Parfois les gens font des choses dingues pour ceux qu'ils aiment. Mais, faire des choses dingues et être assez dingue pour se suicider sont deux choses différentes, Lois."
"Mais, chéri, le médecin légiste a dit que bien que ce soit inhabituel pour un suicide de se tirer une balle derrière la tête, ce n'était pas entièrement sans précédent. L'angle était valable, ils ont trouvé des traces de poudre sur ses mains et le revolver était à côté du corps, souviens-toi."
"Ils ont aussi découvert un bleu sur sa joue et un autre sur son bras."
"Qu'elle a pu se faire en se disputant avec son petit ami."
"Ah, oui," répondit Clark sceptique. "La dispute dont elle a parlé dans sa lettre de suicide. Mais et si la lettre était un faux ? Alors ces bleus auraient pu être faits par son assassin."
"J'ai pensé à ça aussi, mais si son petit ami était l'assassin, alors pourquoi aurait-il laissé traîner une lettre qui pouvait l'incriminer ?"
"Peut-être qu'il n'était pas au courant."
"Peut-être…" Lois pensa à un autre détail. "Henderson a dit qu'il n'avait pu identifier aucun petit ami. Peut-être l'a-t-elle imaginé parce qu'elle désirait fort en avoir un."
"Et qu'elle s'est fait ces bleus toute seule?"
Lois fronça les sourcils en pensant aux diverses possibilités. "Je sais que ça n'a aucun sens, Clark, mais j'ai déjà vu des choses plus étranges que ça."
Ils restèrent silencieux quelques instants, buvant leur boisson chaude. "Toute cette situation me dérange," dit enfin Clark. "J'ai l'impression d'être passé à côté de quelque chose d'essentiel qui remettrait les choses en ordre."
"Je comprends ce que tu veux dire. Quelquefois je pense avoir la pièce manquante du puzzle, mais finalement elle ne s'emboîte pas. Nous savons tous les deux que je suis bonne à renifler les conspirations, mais, ici, je n'arrive pas à en trouver une… du moins pas avec ce que j'ai pu apprendre jusque là. Il y a juste une fille pathétique qui veut que quelqu'un l'aime, et une autre femme encore plus pathétique qui ne peut s'abandonner à ses fantasmes sur un homme marié."
"Même la théorie qu'il y ait eu quelque chose de louche derrière le soudain changement de juge peut être fausse. Le Juge Rice était totalement honnête et à la hauteur."
"En revanche, je n'ai pas aimé ce procureur, Clark. Il aime trop sa façon de travailler. Même si le juge a dit qu'elle aurait statué en notre faveur, je suis tout de même heureuse que maman ait vu cette photo et l'ait portée à Henderson."
"Oui, c'est l'une des plus incroyables chances qui nous soit arrivée depuis longtemps. Si Perry ne m'avait pas confié cet article et n'avait pas demandé à la Recherche de m'envoyer des copies tout de suite, et--"
"Si Laura ne m'avait pas vomi dessus à la dernière minute et que je n'aie pas été obligée de changer de chemisier…"
"Alors nous serions partis avant que l'enveloppe ne soit arrivée et je ne l'aurais jamais ouverte ce matin-là."
"Voilà qui donne une perspective différente au fait de se faire vomir dessus, n'est-ce pas ?"
Clark réfléchit quelques instants et hocha la tête. Lois également. "Nan," dirent-ils en chœur, et ils se mirent à rire.
"C'est une bonne chose que l'on ait suggéré à Maman de venir ici pour se reposer plutôt que d'aller chez elle." Lois devenant soudain silencieuse, tandis qu'une autre pensée sur sa mère lui revenait. "Maman aurait pu être tuée par le mélange des drogues et de l'alcool. D'après ce que m'a dit le Dr Klein, nous avons eu de la chance qu'elle s'évanouisse et effraye cette femme."
Clark lui prit la main pour la réconforter.
"Je me sens très mal de ne pas l'avoir cru plus tôt, Clark. Peut-être que si je l'avais cru, nous aurions pu demander qu'on lui fasse des examens pour rechercher des traces de drogues et pas seulement d'alcool. Mais bien qu'elle ait été si mal, nous avons juste pensé que c'était dû à l'alcool et aux médicaments. Personne n'a songé à des drogues."
"Ne culpabilise pas, Lois," la pria-t-il doucement. "Aucun de nous ne l'a cru, souviens-toi ? Ce n'était pas juste toi."
Elle lui sourit reconnaissante. "Merci, chéri."
"Pour ma part, je suis content que nous n'ayons pas eu à nous servir de cette information sur Mlle Bailey à l'audience. Constance a promis de la donner à quelqu'un qui sera dans une meilleure position pour aider cette pauvre femme et ce sera mieux que de l'étaler dans un tribunal."
"Euh. Je savais qu'elle avait un faible pour toi, Clark, mais je n'aurais jamais pensé qu'elle pouvait faire ce qu'elle a fait. As-tu entendu qu'elle a été mise en disponibilité le temps de suivre un traitement ?"
"Il acquiesça. "Si une femme est prête à risquer l'avenir d'un enfant en se servant de sa situation pour se rapprocher de la personne sur qui elle fantasme… eh bien, cette femme est malade, ça c'est sûr."
"Eh bien, au moins nous n'avons pas à nous inquiéter que les Services Sociaux ne reviennent tourner autour de chez nous. Dieu merci, nous avions de bonnes nouvelles à annoncer à tes parents quand ils ont appelé."
"Dieu merci, ils ont enfin appelé ! Et je suppose que c'est encore une question en suspens, n'est-ce pas ? Qu'est-il advenu de l'autre message que Maman dit avoir laissé ?"
"Je ne sais pas. Peut-être qu'elle a vraiment composé un mauvais numéro et l'a laissé sur le répondeur de quelqu'un d'autre par erreur."
Clark eut l'air sceptique.
"Si la réception avait été mauvaise, elle n'aurait pas entendu correctement le message quand le répondeur s'est déclenché."
"Peut-être, mais---" Il s'interrompit soudain et regarda vers le premier étage.
Lois sourit. "Tu es plus fort qu'un interphone pour bébé, tu sais ? Elle pleure ?" demanda Lois en se levant.
"Non, mais elle est définitivement réveillée." Il se leva à son tour et porta les bols sur l'évier. "Elle fait ces petits bruits mignons comme ceux que tu fais quand tu manges du chocolat."
"Je ne fais pas de petits bruits mignons quand je mange du chocolat !"
"Oh si, tu en fais ! Mais pas aussi mignons que ceux que tu fais quand--"
"Ça suffit, mon vieux ! Etant donné que tu es si intelligent, voyons quel genre de changeur de couches tu fais."
"Un super, bien sûr !"
Lois grogna en essayant de ne pas rire. "Ça c'est nul, Clark."
Il montèrent l'escalier. "Quoi ? Tu n'aimes pas mes plaisanteries ?"
"Tu as énormément de qualités, Clark, mais je ne t'ai pas épousé pour ton talent à faire des plaisanteries."
"Oh ? Et pour lequel m'as-tu épousé ?"
Elle se mit à rire, regardant par-dessus son épaule en atteignant le haut de l'escalier. "Tu aimerais bien le savoir !"
FIN

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.
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