Tensions - 2 de 2 PDF Imprimer Envoyer

Saison 6, Episode 1

Deuxième partie

Par Barbara et Pam Jernigan

Édité par Peace

Version française de


Traduction Hypérion

En approchant du siège social d'Amalgamated, Clark examina d'en haut la situation. Les manifestants s'étaient tout d'abord concentrés devant l'entrée principale, mais étaient maintenant rassemblés en bas de la rue à l'entrée du garage privé de l'immeuble. L'un des manifestants avait sauté sur un petit mur de béton, s'en servant de tribune pour haranguer la foule. Une voiture de police passa, mais évidemment ne vit rien d'illégal.

Toutefois l'intuition de Clark l'avertit que la situation était explosive, alors il s'approcha un peu plus près, restant hors de vue jusqu'à ce qu'il puisse tâter le terrain.

L'orateur n'encourageait pas à la modération, mais nourrissait bien au contraire son auditoire de toutes les erreurs, réelles ou imaginaires, qui lui avaient été infligées par la direction. La foule hurlait son accord sur la moindre revendication et Clark hocha la tête tristement. Individuellement, ces personnes étaient certainement plutôt raisonnables, mais il suffisait de les mettre en groupe -- et, remarqua-t-il avec regret, de leur donner suffisamment de bière -- et elles étaient capables d'avaler tout ce qui pouvait alimenter leurs préjugés, vraisemblable ou pas. Pourtant, bien que ce genre de rassemblement soit légal, la police semblait garder un œil sur eux, alors peut-être qu'il pouvait juste--

L'orateur s'arrêta soudain, ce qui retint l'attention de Clark. L'homme paraissait entendre quelque chose et Clark écouta pour savoir ce que c'était -- il s'agissait du grondement d'une voiture dans le garage.

"Et là," reprit l'orateur méprisant, "nous avons l'un de ces riches, ces oppresseurs, ces vampires de la direction. Mes amis, allons-nous les laisser continuer ? Ou devons-nous leur apprendre à qui ils s'adressent ? Ils ne vont pas nous sous-estimer plus longtemps !"

La foule se pressa en colère autour de la voiture et Clark ne put rester caché plus longtemps. Il descendit et se posa devant le véhicule en criant "Arrêtez !"

La foule ne lui prêta aucune attention et commença à taper sur la carrosserie, le toit et les vitres. Clark entrevit des visages effrayés sur le siège avant. "Vous tous, calmez-vous," essaya-t-il, mais ils ne semblaient pas l'entendre par-delà leur tapage. Il répugnait à les disperser tous ou à les éloigner un par un de la voiture. Mais une idée lui vint et il recula suffisamment pour les atteindre avec son super souffle glacé.

Le brusque vent glacial parvint à distraire la foule et tous se retournèrent en tremblant et virent que Superman se tenait devant eux, les bras croisés, le regard désapprobateur. Confus, ils reculèrent sur le trottoir et laissèrent passer la voiture.

Clark attendit d'être certain d'avoir l'attention de tout le monde, puis dit sévèrement. "Je sais que vous avez des différends, mais la violence n'est pas le moyen de les résoudre. Savez-vous qui était dans cette voiture ?"

Personne n'avait le courage de répondre et Clark remarqua que l'homme à l'origine de l'émeute avait disparu. "C'était une secrétaire." Penny Barnes, pour être précis, et elle était avec son père, mais Clark n'avait aucune raison de le révéler. "Une jeune femme qui ne vous a jamais fait de tort, et vous alliez lui faire du mal ? J'attendais mieux de votre part." Sans leur donner une chance de se rassembler et de discuter avec lui, il s'éleva et vola à quelques mètres au-dessus du sol. "Je vais surveiller." A ces derniers mots, il s'envola, laissant derrière lui un groupe de manifestants bien plus calmes.

Lois était dans la salle de séjour, penchée sur son écran, quand Clark rentra. "Bonjour, chérie," lui dit-il, "Où est Laura ?"

"Bonjour, Clark. Ta mère et ton père sont allés la promener dans la poussette."

Il s'assit lourdement sur le sofa à côté d'elle. "Du moment qu'ils ne vont pas du côté d'Amalgamated."

"Ou d'une bijouterie prête à être cambriolée," ajouta Lois moqueuse, espérant détendre l'humeur de son mari.

Il grogna et se cacha le visage à ce souvenir, mais quand il retira ses mains elle vit que son expression était légèrement plus joyeuse.

"Alors, que s'est-il passé ? Il y a un moment que tu es parti."

"Il y a eu un problème à l'entreprise," admit-il, la mettant au courant des détails. "Et ensuite j'ai pensé qu'il valait mieux que je jette un œil aussi à l'entrepôt. J'ai surveillé un moment mais je ne pense pas que ce groupe pose d'autres problèmes. Je veux aller tout de même vérifier dans quelques heures."

Lois sourit du coin des lèvres. "Tu peux sortir faire ta ronde chaque fois que Laura se réveille, alors. Ses horaires vont s'avérer utiles à quelque chose…"

Il se mit à rire. "Oui, mais attention si elle décide une nuit de sauter une tétée."

"On peut toujours espérer; je suis si fatiguée… Quoi qu'il en soit j'ai trouvé quelques trucs intéressants, tu veux les entendre ?"

Il se redressa. "Absolument."

"Très bien, alors j'ai regardé dans les archives d'ATC. C'est une société anonyme mais la plupart des actions sont détenues par un petit groupe de personnes; ce sont les véritables propriétaires de la compagnie et ils disent au conseil d'administration ce qu'il doit faire."

"Ce n'est pas inhabituel, autant que je sache."

"Vrai, je ne crois pas qu'il y ait quelque chose de bizarre avec eux. Mais," elle accentua, "les actionnaires actuels ont repris leurs parts il y a environ un an, quand l'ancien actionnaire majoritaire est mort sans héritier, que son empire s'est pratiquement effondré et que les morceaux ont été vendus aux enchères. Tu devines ?" elle le regarda, les yeux brillants de défi.

Il réfléchit un instant, puis ses yeux s'illuminèrent avec intérêt. "Luckabee."

"Du premier coup," elle leva le doigt devant lui. "Ce cerveau aiguisé comme un rasoir est probablement la raison pour laquelle je t'ai épousé."

"Non," dit-il en souriant, "Tu voulais juste mon corps."

Elle se mit à rire. "Eh, ça aussi. J'aime considérer tous les actifs d'une personne. Et en parlant d'actifs, tu sais Leslie et/ou Lex Jr. essayaient de recréer l'empire de Lex -- service de voirie, compagnie de téléphone, station de radio et bien sûr, transports routiers. Il ne s'agissait pas des mêmes compagnies ayant appartenu à Lex, juste le même genre."

"Et Amalgamated ? Est-ce qu'elle appartenait à Lex ?"

"Tu parles, et c'est là que ça devient intéressant. Après sa mort apparente, elle a été vendue à une sorte de spécialiste qui la détenait toujours quand Luckabee est arrivé. Le type n'a pas voulu vendre, il a refusé plusieurs offres. Puis il a commencé à avoir des problèmes professionnels. Il manquait des expéditions, les ordres n'étaient pas suivis, des personnes clés ont démissionné -- ou ont disparu. Et devine ?"

Clark fronça les sourcils. "Ne me dis pas qu'il y avait des problèmes de syndicat."

"Désolée, je ne peux pas. Ce n'était pas aussi important que ce qui se passe maintenant, mais il y avait des rumeurs de grève. Et une fois que Luckabee a pris le pouvoir, tous les problèmes se sont envolés par magie."

Clark hocha la tête dégoûté. "Tous ces gens ont eu leur vie gâchée uniquement pour que Lex Jr puisse assouvir un fantasme de puissance. Mais tu sais que ça ne prouve rien."

"Eh bien, évidemment non, mais je pense que ça nous montre certaines similitudes." Elle tapa sur quelques touches et ferma son portable. "Demain j'appellerai mon amie agent de change, juste pour voir ce qu'elle en pense."

"Bonne idée. Et il serait bon de voir ce qu'il est advenu des autres compagnies que Lex et/ou Luckabee possédaient.

Elle grogna d'un air théâtral et s'affaissa sur les coussins du sofa. "Ce serait un peu plus facile s'ils n'avaient pas possédé la moitié de Métropolis."

Clark se rejeta lui aussi en arrière et passa son bras autour de ses épaules. "Oui, je sais, mais tu peux le faire. Tu peux commencer avec le Planet, ça devrait être assez facile à trouver."

"Clark… tu penses vraiment que Lex pourrait être en train d'essayer de reconstruire son empire ?" Lois exprimait ses craintes pour la première fois.

Il soupira. "Je ne sais pas, Lois. Après tout, personne n'a pu réfuter son histoire de clone."

Elle ronchonna. "Ne me dis pas que tu crois que ce bon et respectable Lex Luthor a été kidnappé par son clone qui a fait ensuite régner la terreur, en commençant par la destruction du Daily Planet ? S'il te plaît. Ça a toujours été le même Lex."

"Eh bien, je suppose que ce n'est pas absolument impossible, mais non, je n'y crois pas. Pour une chose, Lex était un criminel longtemps avant que son supposé clone ne prenne le pouvoir, c'est juste que personne n'a jamais pu le prouver."

"C'est tristement vrai. Quoi qu'il en soit, étant donné qu'il s'agit bien de Lex et qu'il est parvenu à être de nouveau respectable, je pense qu'il va vouloir retrouver son pouvoir. Cet homme est pathologiquement possessif. Je n'arrive vraiment pas à croire que ça m'ait pris tant de temps pour y réfléchir."

"On a été un peu occupés cette dernière année," lui rappela-t-il avec un sourire.

"Eh bien, il est temps de se remettre au travail," déclara-t-elle d'une voix endormie. "Lex est une menace pour tout le monde et je vais voir ce que je peux faire à ce sujet."

Clark lui caressa les cheveux du bout du nez. "Souviens-toi seulement de m'inclure dans tes projets afin que je puisse t'aider, d'accord ?"

"Bien sûr,' répondit-elle se tournant légèrement pour se blottir davantage contre lui.

Quand Martha et Jonathan revinrent, ils étaient endormis sur le canapé.

Mercredi 21 octobre

Lois avait prévu d'appeler son amie agent de change à la première heure, mais pour une raison ou une autre, il était presque neuf heures avant qu'elle ne soit parvenue à s'habiller, manger, allaiter Laura et l'habiller pour la journée. Elle commençait à réaliser qu'elle allait devoir se lever tôt pour aller travailler dans les prochaines semaines, bien qu'elle était sûre de pouvoir compter sur Clark pour l'aider. Finalement Laura s'était réveillée et regardait autour d'elle d'un air satisfait depuis son siège gonflable installé sur la table et Lois eut le temps de retourner à son enquête. Il ne lui fallut pas longtemps avant d'en savoir assez pour appeler Clark.

"Hé, Clark, bonjour… oui, tu me manques aussi… elle va bien, elle est fascinée par un oiseau de l'autre côté de la fenêtre. Bref, j'ai appelé Sheila, tu sais mon amie agent de change ? Et elle dit que les actions d'Amalgamated ont fait un sacré plongeon depuis ce problème de syndicat; d'après la rumeur ils ne vont pas pouvoir résoudre leurs différends. Elle ne peut pas dire si quelqu'un essaie de rafler toutes les actions, mais si une personne veut le faire, elle pourra probablement prendre le pouvoir sans trop de problèmes, spécialement si cette histoire de syndicat ne s'arrange pas très vite." D'un air absent, elle tendit la main pour toucher le bout du siège gonflable et le poussa doucement pour le faire basculer dans un mouvement que Laura semblait apprécier. "Des imprimeries ? Bonne idée… bonne chance avec ça, mon cœur. Si je découvre quelque chose d'autre, je te le fais savoir. D'accord, à tout à l'heure, je t'aime… au revoir."

Elle reposa le téléphone sur son socle et se tourna lentement, en se demandant quel informateur elle pouvait appeler ensuite, quand elle fut surprise de voir du coin de l'œil quelque chose bouger. Par réflexe elle se mit en position de défense, puis se détendit. "Maman ! Tu m'as fait peur !"

"J'ai frappé, Lois. Tu aurais dû m'entendre. Tu sais, vraiment tu ne devrais pas laisser ta porte ouverte. N'importe qui pourrait entrer…"

"Ne m'en parle pas…" marmonna Lois, puis elle poursuivit plus fort, "Je croyais que c'était fermé. Clark a dû oublier -- oh, non, attends, j'ai dû oublier de verrouiller quand je suis sortie prendre le journal."

Ellen ne lui prêtait déjà plus attention, elle préférait plutôt voler vers sa petite-fille et elle jeta son sac et ses paquets sur le canapé. "Bonjour, mon trésor ! Comment vas-tu aujourd'hui ? Oh, tu es réveillée ! Et maman te laisse couchée là toute seule ? Comment vas-tu découvrir le monde si maman ne te le montre pas ?"

Lois serra les dents, déterminée à ne pas se laisser contrarier par la critique sous-entendue. "Elle a plein de choses pour s'éveiller, Maman. Parfois elle a seulement besoin de rester assise et de penser. De plus elle aime regarder par la fenêtre."

"Eh bien, Grand-mère est là, maintenant et on va pouvoir jouer. Viens, mon petit ange. As-tu besoin d'être changée ? On va vérifier…" Ellen regarda Laura sur sa chaise et la prit dans ses bras, puis prit le temps de parler à sa fille. "J'ai apporté quelques petites choses que j'ai remarqué que tu n'avais pas. Je les rangerai quand j'aurai changé Laura."

Regardant sa mère monter l'escalier vers la nursery, Lois se rejeta en arrière et se passa la main dans les cheveux. "Que le ciel me vienne en aide !"

Clark raccrocha le téléphone, assez content de lui et regarda automatiquement autour de lui pour partager son triomphe avec Lois, avant de se souvenir qu'elle n'était pas encore revenue. Eh bien, pour ça, Jimmy ferait l'affaire, et il s'agissait de nouvelles fraîches pour leur article. Il traversa la salle de rédaction pour rejoindre Jimmy à son bureau, qui déversait des pages de notes et les comparait aux mots sur l'écran.

"Hé, Jimmy. As-tu fini la suite de cette partie ?"

Jimmy le regarda, les yeux dans le vague. "Oh, salut CK. Oui, Je vérifie juste que j'ai rapporté tout ce que m'a dit Mme Mallory hier. Vous savez, j'ai eu des versions différentes de la direction et du syndicat -- ils ne sont guère d'accord sur quoi que ce soit. Mais sur certains points, je ne crois pas qu'ils soient très loin de la solution."

Clark hocha la tête d'un air pensif. "D'après ce que j'ai entendu, je pense que tu as raison. Ils ont toujours pu se sortir de ces problèmes par le passé, c'est juste que les choses sont allées de travers cette année."

"Oui," acquiesça Jimmy d'un air sombre. "Et mon copain Nick est coincé au milieu. C'est dommage qu'on ne puisse pas réunir deux personnes, sans avocats, et juste les laisser s'arranger…"

Clark le regarda, réfléchissant à cette idée. "Ce n'est pas une mauvaise idée, Jimmy. Après tout, Barnes a l'air d'être un type raisonnable --"

Jimmy leva les yeux, le visage enthousiasmé. "Quant à Susan Mallory, je lui ai parlé hier, elle a l'air sincère, vous savez, pas fanatique ou de ce genre, comme Hughes…"

"Ça me rappelle -- devine ce que j'ai trouvé…"

"Quoi ?"

"Tu te souviens des pancartes que portaient les manifestants ? J'ai appelé les imprimeries ce matin et j'ai trouvé où ces panneaux ont été fabriqués. Ton Hugues les a commandés la semaine dernière."

"La semaine dernière ? Mais ils ne sont en grève que depuis hier matin…" Jimmy dressa les sourcils. "J'imagine qu'il est optimiste."

"C'est le moins qu'on puisse dire," acquiesça Clark. "Et je ne pense pas qu'il soit très ouvert à l'idée d'arrêter pacifiquement le conflit, alors ne le laisse pas s'inviter à la réunion."

"Vous croyez vraiment que c'est une bonne idée d'organiser ça ?"

"Eh bien… Je pense que ça ne peut faire de mal à personne. Si, bien sûr, ils sont d'accord."

Jimmy haussa les épaules. "J'appelle Mme Mallory, vous appelez M. Barnes. Où voulez-vous que ça se passe ?"

Clark réfléchit un instant. Il était tenté de se servir de la salle de conférence du Daily Planet, mais ce n'était pas une affaire officielle et, de toute façon les négociateurs apprécieraient sans doute plus d'intimité au cas où les choses tourneraient mal. "Et pourquoi pas le restaurant Pond, dans le centre ville ? On pourrait tous déjeuner, même si les choses ne s'arrangent pas."

"Ça vaut le coup d'essayer, CK. Et merci de travailler là-dessus avec moi."

"Pas de problème, Jimbo." Clark lui donna une petite tape sur l'épaule en partant. "Tu es en passe de devenir un grand reporter."

"Eh bien, je ne pense pas que ça nous mène quelque part, mais je veux bien essayer. Oui, midi, je serai là." Walter Barnes raccrocha le téléphone en hochant la tête, piquant la curiosité de Shenckman.

"Qu'est-ce que c'est, Walt ?"

"Vous vous souvenez de ces reporters d'hier ? Ils pensent qu'ils peuvent nous aider à résoudre les différents avec le syndicat; ils veulent que je les rencontre avec l'un des représentants. J'ai peur qu'ils ne soient en train de rêver, mais je ne veux pas avoir l'air d'être celui qui s'est mis en travers du chemin."

Shenckman se mit à rire, mal à l'aise. "Vous n'y êtes pas obligé. Les représentants des syndicats sont les seuls à bloquer les choses. Alors, c'est juste un rendez-vous à déjeuner ?"

"Oui, ils ont dit qu'ils avaient réservé une table au Pond, pour midi."

"Eh bien au moins vous aurez gagné un repas gratuit, pas vrai ? Bref, voici les chiffres que vous avez demandés," il changea de sujet, en lui tendant une pile d'imprimés, "Et si vous n'avez pas besoin de moi, j'ai de la paperasse à terminer."

"Bien, Dennis. Merci de votre aide pour cette histoire de syndicat."

"De rien." En souriant, il quitta le bureau.

Clark revint vers le bureau de Jimmy, commençant à se sentir plein d'espoir au sujet de ce projet. Quand il avait appelé Lois pour lui expliquer son plan, elle lui avait dit qu'il était trop idéaliste, mais l'idée de pouvoir aider les deux parties à faire la paix lui plaisait. "Alors, quelles sont les nouvelles ?" demanda-t-il quand il fut assez près.

Jimmy le gratifia d'un grand sourire en levant les deux pouces. "Elle sera là. En fait, elle pense qu'on est fous, mais elle nous fait plaisir."

Clark se mit à rire. "On y arrivera. Barnes n'avait pas l'air non plus très enthousiaste, mais il a dit qu'il viendrait."

"Génial ! Oh, j'ai appelé le restaurant et ils ont dit qu'ils nous réservaient une bonne table, à un endroit semi-privé, dans un coin."

"Maintenant, je suppose que tout ce qu'il nous reste à faire c'est attendre." Clark regarda sa montre et fit la grimace. L'heure va être longue."

Dennis Schenkmann ferma la porte derrière lui et s'assit à son bureau en tremblant. Ce n'était pas bon. Il décrocha le téléphone, composa un numéro et attendit impatiemment que quelqu'un réponde.

"O'Reilly," dit la voix à l'autre bout.

"Il faut que je parle à M. Luthor," dit Dennis. "Ici, Dennis Schenckman, à Amalgamated, on a des problèmes."

"M. Luthor est occupé," répondit Enrico catégorique. "Vous n'avez qu'à me parler."

Dennis se sentit mal à l'aise de ce contretemps, mais il ne put résister au besoin de parler. "Barnes a rendez-vous avec l'un des représentants syndicaux; des reporters ont arrangé ça. Ils déjeunent à midi au Pond dans le Centre."

"Oui, alors ?"

"Ecoutez, s'ils commencent à comparer leurs notes, ils vont découvrir les trucs que j'ai fait pour empêcher les négociations ! Ça peut ruiner tout ce pour quoi nous avons travaillé !" Quand Lex Luthor l'avait approché pour arranger quelques interférences, cela semblait si facile. Envoyer quelques mémos trompeurs, truquer les chiffres çà et là, et ainsi Lex pourrait prendre le contrôle de la compagnie, et lui, Shenckman, aurait enfin ce grand bureau à l'angle. Mais si le plan était trop vite découvert, il serait viré, au mieux. Il réexamina désespérément ses actions, se demandant si les choses qu'il avait faites étaient illégales.

A l'autre bout de la ligne, Enrico réfléchit à cette information. Il savait qu'il n'était pas prévu dans le plan de Luthor que les deux camps commencent à parler rationnellement, alors il fallait probablement faire quelque chose. Il réfléchit à quelques options pour interrompre la réunion, puis pensa à la chose parfaite. Une bombe bien placée tuerait les deux parties (et les deux journalistes fouineurs) ce qui entraverait certainement les négociations un certain temps. Il avait même des explosifs tout prêts à l'entrepôt d'ATC; un engin soigneusement assemblé pour avoir l'air artisanal. Si quelqu'un voulait remonter à l'origine de la bombe, cette dernière le conduirait directement au syndicat. Elle avait été prévue pour augmenter un peu plus tard les problèmes, mais, après tout, le moment était peut-être venu de s'en servir.

"Vous êtes là ?" demanda Dennis, troublé par le silence.

"Oui. J'ai une idée; laissez-moi voir avec M. Luthor. On s'en occupe." La ligne fut coupée laissant Dennis pas du tout rassuré.

Lois était en train d'envoyer des e-mails quand Ellen revint avec Laura. Dans ses recherches sur Amalgamated, elle avait remarqué que Hughes était un assez nouvel employé -- employé par le syndicat, pas ATC -- c'était étrange, spécialement considérant sa position de meneur. Ses instincts la picotaient, elle allait faire ce qu'elle pouvait pour vérifier ses antécédents. Il serait surprenant que l'information circule sur Internet, mais il fallait être patient pour séparer l'or des cailloux.

Lois sursauta quand Ellen passa à côté d'elle, reprenant la conversation où elle l'avait laissée. "Lois, j'ai apporté quelques citrons frais. On pourra se faire une citronnade fraîche plus tard. Je n'arrivais pas à en garder à la maison quand tu étais petite. Sam a toujours adoré la citronnade glacée et c'était pour vous deux un grand événement, et j'ajouterais un drôle de bazar, de presser les citrons. J'avais oublié, jusqu'à ce que Sam et moi nous remettions ensemble, combien de fois je devais vous gronder tous les deux de boire directement dans le pichet." Ellen s'avança vers le rocking-chair dans le coin et s'assit. Blottissant Laura sous son menton, elle commença à se balancer d'avant en arrière, fredonnant une douce mélodie.

Reléguée à l'arrière plan, Lois la regardait admirative. Cette femme avait toujours été pour elle pleine de contradictions. Toute sa vie, elle avait désespérément cherché l'approbation de sa mère, son amour. Et elle était là, berçant doucement sa petite fille endormie, la réconfortant de la façon dont Lois avait toujours cherché à être réconfortée. Lois n'arrivait pas à savoir si elle devait se sentir touchée ou jalouse.

Traversant la pièce, elle s'installa sur le sofa face à Ellen. Se balançant inconsciemment avec elle, elle essaya de se souvenir de la mélodie. "Quelle est cette chanson, Maman ?"

"C'est une chanson que ma mère me chantait quand j'étais une petite fille. Je n'ai même jamais su le titre et j'ai oublié les paroles depuis longtemps." Regardant Lois, elle sourit, se souvenant des bons moments de leur passé. "Je passais des heures à vous la fredonner à toi et à Lucy quand vous étiez petites."

"C'est vrai ? Je ne m'en souviens pas."

"J'en serais surprise. Tu étais trop petite pour t'en souvenir. Quand tu étais plus grande, tu voulais seulement qu'on te fasse la lecture. La seule façon pour que tu t'endormes était de te lire au moins trois livres. Et Dieu sait qu'il ne fallait rien que je saute. Tu te rappelais chaque mot." Baissant les yeux sur l'enfant endormie dans ses bras, elle continua à fredonner. "C'est Lucy qui aimait qu'on lui chante des chansons."

"Peut-être que c'est pour ça qu'elle sort toujours avec des musiciens ?"

Ellen leva les yeux et se mit à rire, partageant un sentiment rare avec sa fille aînée. "C'est possible…"

"Alors, comment était-on quand on était bébés ?"

"Eh bien, tu étais une enfant très brillante et très curieuse. Tu étais toujours en avance sur ce que le Dr Spock disait que tu devais être. Et bien sûr, Sam et moi pensions que tu étais parfaite. Tous les parents sont comme ça. Je me souviens quand tu as essayé de dire ton premier mot… j'ai passé toute une journée à essayer de te faire dire 'Maman'. Plus tard, ce soir-là, tu as finalement sorti 'Papa'. Sam était si fier. Il a dû appeler tous les gens qu'il connaissait. C'était quelques jours plus tard, mais tu as finalement dit 'Maman'. Ellen regardait Laura, perdue dans ses pensées. Revenant au présent, elle croisa le regard de Lois. "Lois, peu importe ce qui peut se passer d'autre dans ta vie, tu n'oublies jamais le moment où ton enfant est venu au monde ou quand il te regarde et dit 'Maman'. Rien d'autre ne peut se comparer à ça."

Lois n'avait jamais vraiment parlé avec sa mère de son enfance. Même quand elle était enceinte, l'attention était toujours focalisée sur la façon dont le bébé se développait. Elle avait passé tellement d'années à vouloir quitter la maison, qu'elle n'avait jamais pensé découvrir qu'elle avait eu des jours heureux au sein de sa famille perturbée. Ecouter sa mère lui avait fait venir les larmes aux yeux. "Papa a vraiment fait ça ?"

"Oh, oui. Même si nous avions tous les deux des carrières médicales, c'est totalement différent quand il s'agit de ton enfant. Je veux dire par là que tu sais comment un enfant est supposé se développer, mais c'est toujours incroyable de le découvrir." Ellen s'interrompit, un autre souvenir lui revenant. "Je me souviens quand tu as fait tes premiers pas. Sam avait si peur de manquer ça, il a annulé une conférence à Paris pour rester à la maison."

"Vraiment ?"

"Oui, il a fait ça. Il est resté caméra au poing pendant trois jours. Evidemment, à la seconde où il l'a posée, tu as fait ton premier pas. J'étais en train de plier du linge pendant que tu étais à quatre pattes par terre. Tu t'es redressée en t'aidant de la table basse et tu as marché vers moi. J'étais si excitée, je ne pouvais plus parler. Sam est entré après et tu as fait la même chose. Je n'ai pas eu le cœur de lui dire qu'il avait raté la première fois."

"Maman ! Tu veux dire que tu ne lui as jamais dit ?"

"Oh, non. Après tout, pourquoi lui gâcher ses souvenirs ?"

"Alors, Papa était donc souvent là ?"

"Oui. Même s'il était très occupé par sa carrière de chirurgien, il prenait le temps d'être à la maison quand Lucy et toi étiez petites. Je crois que c'est pour ça que tu aimais tant lire, parce que tu le voyais faire. Tu étais tellement la petite fille à son Papa. Il ramenait ses recherches à la maison pour les lire le soir. Tu avais l'habitude de te blottir près de lui pour qu'il te fasse la lecture. Une fois que tu étais endormie, il continuait à te tenir près de lui pendant qu'il lisait ses journaux."

"Je n'ai jamais su ça."

"Oui, on travaillait toi et moi dans la journée et tu lisais pour Sam quand il rentrait à la maison. Il était pour toi un très bon public. Tu arrivais à l'embobiner comme tu voulais."

"Je me souviens que tu es restée à la maison avec nous jusqu'à ce que Lucy rentre à l'école. Est-ce que c'était dur pour toi de rester à la maison pendant que Papa travaillait ?"

"Au début, oui. Mais j'avais un cadeau qu'il n'a jamais eu. Je pouvais partager avec vous deux tellement de choses qu'il ne pouvait pas avoir. Au début, Sam a fait plus d'un effort pour s'impliquer. Mais quand sa carrière a été lancée et qu'il a eu de moins en moins de temps pour vous, il lui était toujours difficile de trouver une excuse expliquant pourquoi il n'avait pu être là pour tel récital ou tel goûter d'anniversaire. Il me manquait à moi aussi, mais je me sentais désolée pour lui car je savais tout ce qu'il manquait. Il ne pourra jamais revenir en arrière."

Lois resta là, assise, à regarder sa mère. Etait-ce la même femme qui la reprenait toujours sur tout de qu'elle faisait ?

Comme si elle lisait dans ses pensées, Ellen poursuivit. "Je voulais faire en sorte que tout soit parfait… lui montrer tout ce qu'il manquait. Et vous montrer…"

"… comme tu te souciais de nous," termina Lois pour elle. Pendant tout ce temps, elle avait juste essayé de montrer à Lois combien elle se sentait concernée. Jonathan avait raison, après tout. A sa façon, elle essayait juste de s'impliquer. Lois s'approcha d'Ellen. Elle regarda sa mère et sa fille, les yeux brillants de larmes, elle pouvait à peine parler. S'avançant pour les prendre toutes les deux dans ses bras, elle murmura finalement. "Je t'aime aussi, Maman."

Clark et Jimmy arrivèrent en avance au restaurant, en partie pour s'acquitter de leurs devoirs d'hôtes et en partie parce qu'ils étaient nerveux. Un serveur les conduisit vers la table qui leur avait été réservée; comme Jimmy l'avait spécifié, elle était loin de la rue et assez isolée. Ils n'eurent pas longtemps à attendre que leurs invités arrivent.

"M. Barnes, ravi de vous revoir," dit Clark, faisant le premier pas. "Et vous devez être Susan Mallory -- Vous vous connaissez ? " A leur signe de tête affirmatif, il poursuivit. "Eh bien, Mme Mallory, je suis Clark Kent et voici mon partenaire, James Olsen. Merci à tous les deux d'être venus."

Mallory hocha sèchement la tête et s'assit avant que Clark ne puisse l'aider. "Je ne sais pas ce que vous voulez accomplir. Nous n'arriverons pas à résoudre cela à moins que la direction n'accepte toutes nos conditions." Elle se tourna vers son opposant et lui demanda doucement. "Walter, êtes-vous prêt à accepter ?"

Il ronchonna. "Si on vous donne tout ce que vous voulez, la compagnie fera faillite en une semaine et on sera tous sans emploi."

Elle hocha tristement la tête. "Eh bien, c'est dommage. Parce que si vous ne nous donnez pas tout ce que nous voulons, vous n'aurez plus d'employés et vous ferez faillite de toute façon -- ou vous devrez au moins baisser un tantinet les dividendes de la direction."

Jimmy et Clark échangèrent un regard ennuyé. Ça ne commençait pas très bien.

Il fallut une demi-heure à Lois pour trouver les preuves qu'elle cherchait. Elle fixait l'écran avec un petit sourire. Elle se doutait que Hughes ne voulait pas que quelqu'un soit au courant de ça mais les membres du syndicat méritaient de savoir quel genre d'homme les dirigeait. Elle attrapa le téléphone pour appeler Clark, puis jeta un œil à la pendule. Bon sang, ils devaient être à table à cette heure-ci. Il fallait qu'elle le fasse appeler ou… elle regarda Ellen qui tenait avec plaisir un bébé tombant de sommeil. Laura allait probablement bientôt s'endormir et dormir au moins une heure avant la prochaine tétée. Et que diable, on pouvait faire l'essai.

"Maman," dit-elle doucement, attirant l'attention d'Ellen. "Il faut que je sorte une minute, tu peux garder le fort avec Laura ? Il y a un biberon de lait dans le réfrigérateur si elle en a besoin, mais en principe elle n'aura pas…"

Ellen sourit. "Ne te fais aucun souci, Lois. Je prendrai bien soin d'elle."

"Tu sais, j'en suis sûre." Avant de se laisser aller à douter et gâcher ainsi le moment, Lois attrapa son sac à main et se dirigea vers la porte. Elle pouvait retrouver Clark au restaurant et annoncer directement la nouvelle à tout le monde.

Ses cours de la matinée terminés, Penny se précipita à son bureau à Amalgamated et découvrit le monceau de travail qui l'attendait et un petit mot l'avertissant que son père déjeunait avec Clark Kent. Elle haussa les épaules. Il était temps pour elle de finir de taper ces notes de service… à cet instant elle entendit un bruit provenant du bureau de son père et elle sourcilla. Si ce n'était pas Papa, qui était-ce ?

Elle regarda autour d'elle et réalisa que le bruit venait plutôt du bureau de M. Shenckman. Eh bien, alors, c'est normal, supposa-t-elle, apparemment il avait choisi de travailler pendant le déjeuner. Il était assis à son bureau, le dos tourné à la porte et ne l'avait pas vue, elle ne voulait pas le déranger.

"Bonjour ? Oui, c'est moi. Ecoutez, vous devez me dire ce qui se passe, je dois savoir--"

Penny, concentrée sur la première note de service de la pile, prêta peu d'attention à la conversation téléphonique.

"Oh, merci mon Dieu. Attendez, que voulez-vous dire ? Une… une bombe ?"

Shenckman avait l'air abasourdi et Penny fronça les sourcils. Ça n'avait pas l'air d'une conversation d'affaires et, malgré elle, elle s'efforça d'écouter la suite.

"Vous ne pouvez pas ! Je veux dire, bousiller les négociations était une chose, mais tuer Barnes ? Je ne veux pas être mêlé à ça !"

Il haussait la voix avec incrédulité, mais la personne à l'autre bout de la ligne disait apparemment quelque chose de persuasif -- ou d'inquiétant; Shenckman se calma, l'air abattu. "D'accord, oui, je comprends. Oui, j'arriverai à mes fins, ne vous en faites pas. Non, non, je le sais bien. Vous pouvez compter sur moi, vous savez; c'est-à-dire, c'était juste une surprise… tout va bien."

Penny était pétrifiée sur sa chaise. Une bombe ? Pour tuer son père ?? Et un des participants au complot était… Dennis Shenckman ??? Elle avait toujours trouvé qu'il était un peu fouineur, qu'il avait des idées sans importance, mais elle ne l'aurait jamais cru capable de cela. Elle entendit un bruit, il allait sortir du bureau dans une minute. Elle réfléchit vite, attrapa le dictaphone et mit le casque sur ses oreilles un instant avant qu'il n'émerge. Elle l'ignora, tapant avec assiduité, prétextant retranscrire un enregistrement.

Il la regarda l'air soupçonneux. "Penny ?"

Elle lutta contre son envie de lever les yeux à l'appel de son nom et, après un long moment, il s'en alla, apparemment satisfait qu'elle soit dans son petit monde. Elle poussa un profond soupir dès qu'il disparut au coin du bureau. Qu'allait-elle faire ?

Lois entra dans le restaurant et s'arrêta pour reprendre sa respiration. Cela ne ferait pas très professionnel d'annoncer la nouvelle à bout de souffle et, de plus, ce n'était pas si urgent. Elle aperçut Clark et se dirigea vers la table.

Il était visiblement surpris de la voir et sauta de sa chaise. "Lois ! Que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas avec Laura ?"

"Non, non, elle est à la maison avec Maman, elle fait un petit somme," le rassura-t-elle en souriant. "C'est juste que je viens de trouver quelque chose sur Michael Hughes que je crois que vous devriez savoir."

"Oh, d'accord." Rassuré, Clark la présenta à tout le monde, la fit asseoir sur la chaise qu'il venait de quitter et en prit une pour lui à la table voisine.

"Lane et Kent," dit Barnes, "Bien sûr j'ai entendu parler de vous. Félicitations pour votre fille. Les filles sont une bénédiction." Avec cette déclaration, il lança à Jimmy un regard perçant, mais ne s'étendit pas.

Clark sourit. "C'est ce que nous pensons. Alors, Lois, qu'as-tu trouvé ?"

Elle sortit quelques notes de son sac. "Eh bien, Mme Mallory, votre M. Hughes a un passé intéressant. Saviez-vous qu'il était acteur ?"

Elle battit des paupières. "Je n'en avais aucune idée. Il nous a dit qu'il travaillait pour d'autres syndicats et les aidait à obtenir de meilleurs avantages."

"La seule personne qu'il aide, c'est lui," déclara Lois. "Il a été poursuivi une fois pour fraude, une fois pour tentative d'escroquerie et une autre en tant que télé évangéliste. Il n'a jamais été condamné, mais uniquement parce que les principaux témoins ont changé leurs déclarations. Pour autant que je sache, il n'a jamais travaillé pour un syndicat avant aujourd'hui, pas même en tant que membre."

Mallory se mordit la lèvre. " Il ne doit pas s'agir du bon Michael Hughes," protesta-t-elle faiblement.

"Oh, je ne sais pas," dit Jimmy. "Ça expliquerait ses talents d'orateur. J'ai trouvé que son discours au rassemblement ressemblait un peu à un sermon."

"C'est bien lui," confirma Lois, un peu plus gentiment. "L'un des vieux articles de journaux comporte une photo. Et," poursuivit-elle, espérant aider Clark dans ses pourparlers de paix, "s'il n'est pas qui il prétend être, vous ne pouvez pas non plus avoir confiance dans les négociations qu'il a faites."

Clark lui emboîta le pas. "Il me semble que vous devriez tous les deux examiner des solutions sans qu'un escroc s'en mêle. Vous êtes peut-être plus près de trouver un accord que vous ne le pensez.

Penny composa le numéro de portable de son père pour la troisième fois en vain. "Allez, allez… Bon sang !" pas de réponse. Il devait encore avoir oublié de l'allumer. Elle laissa pendre le combiné au bout de son doigt, essayant de trouver que faire ensuite. Bien sûr, il déjeunait avec Clark. Elle composa le numéro du Planet.

"Oui, je sais, il est allé déjeuner. Non, je ne veux pas laisser de message, je veux seulement savoir où il est… bon sang. Merci quand même."

Elle regarda une fois encore l'horloge murale et se mordit la lèvre. Il était peut-être déjà trop tard et cette pensée la rendait folle. Eh bien, quand on est désespéré, qui appelle-t-on, pensa-t-elle avec un petit rire. Elle se leva et se rua pratiquement sur le toit.

Un serveur expérimenté leur apporta les plats, mais Jimmy seulement parut s'en rendre compte.

"Alors, voyons ce projet d'incapacité temporaire," lança Susan. "La note de service que votre bureau a distribué a l'air bien trop compliquée."

Barnes fronça les sourcils. "Ce n'est pas si difficile. Tout ce qu'il vous faut c'est…"

Clark perdit le reste de leur conversation en entendant un lointain appel au secours désespéré. Il se tortilla sur sa chaise en jetant un œil à Lois.

Elle comprit immédiatement et regarda autour de la table. Barnes et Mallory étaient partis dans leur conversation, discutant chaque point, et Jimmy paraissait absorbé par son déjeuner, et il était bon de trouver quelque chose de plausible. "Oh, Clark, je viens de me souvenir que… eum… on va manquer de couches. En vérité, on n'en n'a plus. Je m'apprêtais à en prendre en rentrant à la maison, mais peut-être que tu pourrais aller au supermarché pour en acheter une boîte ou deux ?" Elle savait que c'était une piètre excuse, mais c'était la meilleure qui lui était venue, elle avait besoin de s'y remettre.

Clark dressa légèrement les sourcils. "Ah, oui, je devrais même y aller maintenant, comme ça je n'oublierai pas -- je crois qu'ils n'ont pas besoin de moi. Tu crois que tu peux t'en occuper ?"

"Je ferai de mon mieux," répondit-elle, levant la tête pour recevoir un baiser d'adieu tandis qu'il s'esquivait du restaurant.

Il vola rapidement au-dessus de la ville jusqu'au toit du… siège social de l'immeuble d'Amalgamated Transport. Clark se préparait à faire face aux problèmes et grogna quand il vit que la personne qui l'avait appelé était Penny. Il s'arrêta momentanément, se souvenant de la dernière fois qu'elle avait hurlé pour appeler Superman --"pour tester son rouge à lèvres sur le super héros" comme l'avait décrit une Lois très mécontente. Mais, il y avait bien longtemps et Penny paraissait plutôt heureuse ces jours-ci avec Jimmy, donc il devait aller voir ce qu'elle voulait. Et garder ses distances au cas où.

Lois entendait des termes tels que "pension, "incapacité" et "droits", mais avait des difficultés à se concentrer sur ce qui se disait. Elle picora dans l'assiette de Clark, sans vraiment apprécier; ses pensées retournant vers son bébé. Laura devait dormir maintenant, mais si elle avait été réveillée en sursaut par quelque chose et avait découvert que maman n'était pas là ? Détends-toi Lois, s'ordonna-t-elle, Maman saura comment la calmer.

Mais  si elle a faim et qu'elle ne veut pas prendre de biberon ? Clark lui avait déjà quelques fois donné un biberon (son air surpris devant cette étrange façon de s'alimenter avait été adorable) mais elle n'aimait pas vraiment ça et pouvait très bien ne pas vouloir coopérer. Et si elle était en train crier pour appeler sa mère, maintenant, et Lois était assise ici, au lieu de s'occuper de son bébé ?

Elle arrêta de se débattre avec elle-même et sortit son téléphone cellulaire. Sa mère allait penser qu'elle était névrosée, mais hé, telle mère telle fille. Elle appuya sur le numéro direct de la maison et recula un peu sa chaise de la table pour avoir un minimum d'intimité.

"Allô ?"

"Allô, Maman ? C'est Lois. Je voulais juste vérifier que tout allait bien."

La voix d'Ellen était amusée, mais bienveillante. "Tout va bien, Lois. Ça fait à peine 20 minutes, tu sais."

"Oui, eh bien, appelle ça le trac d'une nouvelle maman." Lois tapa nerveusement du pied. "Elle dort ?"

Ellen soupira. "Elle s'est endormie quelques minutes après ton départ et je l'ai mise dans son berceau, et oui, je l'ai mise sur le dos. J'ai l'interphone à côté de moi et je l'ai réglé suffisamment fort pour pouvoir l'entendre respirer. Elle est assez couverte pour ne pas attraper froid, mais elle n'a pas trop chaud non plus et elle a été changée juste avant de s'endormir. Autre chose ?"

Plus rassurée qu'ennuyée par cette litanie de détails, Lois sourit. "Merci, Maman, je te suis très reconnaissante de la surveiller. Ce rendez-vous était très important pour Clark et peut-être aussi pour d'autres personnes."

"Eh bien, les mères sont faites pour ça, Lois. Penses-y," ajouta-t-elle quelque peu acerbe, "tu aurais pu me demander de t'aider depuis à peu près un mois."

Lois eut un sourire crispé. On pouvait faire confiance à sa mère pour lancer cette pique tôt ou tard. "Oui, Maman. Et on dirait que tu as les choses en main, alors…" Elle se tortilla sur sa chaise, prête à retourner à la réunion, quand le téléphone lui glissa soudain des mains et tomba sous la table voisine -- heureusement, il n'était pas coupé. "Oups." Elle se baissa vivement pour le ramasser. "Pardon, Maman, le téléphone m'a glissé des…" Elle dégagea ses cheveux de ses yeux.

Le reste de ses excuses s'évanouit quand elle vit un appareil sophistiqué scotché sous la table. Elle ne savait pas précisément de quoi il s'agissait, mais son instinct l'avertissait que ce n'était pas une bonne chose. "Excuse-moi, Maman. Il faut que je te laisse." Interrompant Ellen au milieu de sa phrase, elle ferma le téléphone, le mit dans sa poche et essaya de regarder la chose de plus près.

Dès que Penny, haletante, termina de le mettre au courant, Clark la saisit et retourna au restaurant. Mis à part un petit cri de surprise, Penny était une bonne passagère, quoiqu'en se posant il remarqua qu'elle avait les yeux fermés. Il atterrit juste à l'extérieur du restaurant et la posa par terre. "Attendez ici," l'avertit-t-il, puis il se précipita à l'intérieur, balayant les lieux de sa vision à rayons X d'une manière quelque peu hasardeuse.

"Superman !" Jimmy fut le premier à s'apercevoir de son arrivée; Barnes et Mallory étaient plongés dans la comparaison point par point de quelque chose, et… eh bien, à en juger par les chaussures qui sortaient, Lois était *sous* la table.

"Je veux que personne ne s'affole," dit-il calmement, "mais j'ai entendu qu'une bombe menaçait cette réunion."

Jimmy écarquilla les yeux en regardant autour de lui avec inquiétude, mais il resta assis. Barnes et Mallory semblaient trop absorbés par leur conversation pour réaliser qu'il se passait quelque chose.

Lois choisit ce moment pour émerger de sous la nappe, la repliant sur la table. "Superman ! Je suis tellement contente que vous soyez là."

"C'est toujours un plaisir de vous voir, Lois, mais pour l'instant je suis à la recherche d'une bombe."

"Quelle coïncidence. J'en ai trouvé une. Elle est scotchée sous cette table." Elle lui lança un petit sourire sardonique.

"Oh." dit-il en souriant, d'un air entendu. "J'aurais dû le savoir. Laissez-moi regarder." Il s'accroupit près d'elle et examina l'engin.

"Elle est assez rudimentaire," murmura Lois, "et je crois que couper ce fil la désamorcerait…" Elle indiqua celui dont elle parlait.

Il acquiesça, radiographia l'engin pour s'assurer qu'il n'existait pas de signe de détecteur ou autre traquenard. Comme l'avait dit Lois, c'était un engin assez rudimentaire, ayant l'apparence d'un travail d'amateur, laissant supposer un mélange explosif d'essence. Il commença à retirer l'adhésif. "Je crois que tu as raison, mais je ne veux pas prendre de risques. Je vais l'emmener et je l'essaierai en l'air."

"Bonne idée. Mais cette fois, chéri," dit-elle très doucement en plaisantant, "essaie de ne pas détruire les preuves, d'accord ?"

Il se mit à rire. "Tout ce que tu veux." En un éclair, il disparut et Lois se redressa et se rassit.

Barnes et Mallory venaient juste de s'apercevoir qu'il se passait quelque chose quand Penny apparut. "Papa !" Elle le serra dans ses bras, sans s'interrompre pour le laisser répondre. "J'ai eu si peur quand j'ai entendu qu'il y avait une bombe, je croyais que je ne te reverrais plus…" Elle s'écarta de lui et regarda la table autour d'elle pour la première fois. "Jimmy, chéri !" Elle lâcha son père et sauta sur son petit ami. "Oh, Jimmy, je ne savais même pas que tu étais là, j'aurais pu vous perdre tous les deux !"

Susan Mallory prit un air amusé et leva les sourcils en regardant Barnes. "Votre fille, je présume ?"

"Et son petit ami, apparemment," confirma Barnes en fronçant, lui aussi, un peu les sourcils. "Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de bombe ?"

"Vous l'avez ratée," dit Lois en souriant. "Elle était sous la table, mais je l'ai trouvée et Superman est maintenant parti la désamorcer, là où elle ne risque pas de blesser quelqu'un…" Elle gardait une oreille ouverte vers une explosion distante, mais rien ne lui parvint.

"Penny, Penny, calme-toi," dit Jimmy en riant, s'écartant de son étreinte. "Tout va bien, Superman était là il y a un instant."

"Je sais qu'il était là; je l'ai appelé," rétorqua-t-elle, se détendant pour la première fois l'air satisfait. "C'est moi qui lui ai dit."

Jimmy fronça les sourcils. "Comment l'as-tu su ?"

"Oui, princesse, c'est une bonne question," dit Barnes à son tour "Comment l'as-tu su ?"

Penny prit une profonde inspiration et lança sa bombe. "Dennis Shenckmann a appelé quelqu'un et j'ai écouté. Il a saboté les négociations depuis tout ce temps, Papa."

Barnes eut l'air choqué de cette nouvelle. Lois remarqua que Susan Mallory paraissait étonnée et essaya de le signaler à Jimmy.

Il remarqua ses signes et éclaira le dirigeant syndical. "Schenkman était l'assistant de Barnes. Je suppose que c'est lui qui a envoyé les notes de services sur lesquelles vous discutez."

Elle comprit soudain et parut mécontente. "Alors, au fond, on ne peut pas se baser sur ce qui s'est passé, car tout le processus a été faussé des deux côtés ?"

"J'en ai bien peur," dit Superman, qui rejoignait le groupe, tenant différents morceaux de métal. Il les posa sur la nappe. "Je voulais juste vous dire que j'ai désamorcé la bombe; voici les restes. La police devrait pouvoir en retrouver les composants."

Susan Mallory regardait les morceaux avec une fascination morbide tandis que Barnes et Jimmy continuaient à questionner Penny.

"Je suis désolée, je ne sais pas qui il appelait. Mais il n'est visiblement pas seul dans cette affaire, et si vous voulez mon avis, il avait l'air un peu surpris par cette histoire de bombe. Je ne crois pas qu'il s'y attendait."

Superman pencha la tête d'un air entendu. "Eh bien, ça pourra jouer en sa faveur au procès. C'est dommage que nous ne sachions pas qui il appelait."

"Ce devait être M. Hughes," déclara soudain Mallory, avec conviction.

"Pourquoi dites-vous ça ?"

"Parce que je reconnais ces morceaux," répondit-elle. "La plupart d'entre eux sont utilisés à l'entrepôt, pour réparer les camions, et certains sont uniques."

"Et c'est une trop grande coïncidence de penser que ce Hughes et Shenckman travaillent chacun de leur côté," lança Jimmy, excité d'avoir deviné une partie du puzzle. "Je parie qu'ils voulaient faire descendre le prix des actions, les racheter moins cher et se faire une fortune !"

Barnes lui jeta un regard spéculatif. "Vous avez peut-être raison, je suppose. Comment faites-vous pour savoir tant de choses sur les actions."

Jimmy rougit, se rappelant soudain à qui il parlait. "C'est, eum, une sorte de passe-temps -- des actions virtuelles, en fait, et de l'argent virtuel." Il soupira à regret à ce souvenir.

Barnes hocha la tête. "J'ai entendu parler de ça. Bien, pour en revenir à notre sujet, j'ai l'intention de laisser la police s'occuper des détails. En attendant, Mme Mallory, je crois qu'il est clair que nos négociations ont été faussées depuis le début. Etes-vous prête à recommencer ?"

Elle soupira. "Je suppose que je dois le faire." Elle s'arrêta, en réfléchissant à certaines choses. "J'ai besoin de plus de documentation que ce que j'ai apporté avec moi -- pour être honnête, je pensais que cette réunion serait une perte de temps."

Barnes se mit à rire. "Nous l'avons pensé tous les deux. Voyons -- peut-on se retrouver à trois heures ? Mon bureau ou la salle de réunion du syndicat, comme vous voulez." Il se leva, rassemblant ses papiers étalés sur la table.

"Disons dans votre bureau," Elle soupira, en s'apprêtant à partir. "Les adhérents sont encore assez déchaînés. En réalité si nous disions quatre heures. Je dois leur faire savoir quel genre de charlatan nous avons écouté."

Ils sortirent du restaurant, démêlant les détails de façon sérieuse.

"Je suppose que je ferais mieux d'aller porter ces preuves à la police," fit remarquer Superman, et il rassembla soigneusement tous les composants de la bombe. "Et je crois que je dois aller arrêter immédiatement Hughes et Shenckman, au cas où l'un d'entre eux décide de filer."

Jimmy sourit fièrement. "Mon vieux, c'est trop cool ! Qui aurait cru qu'on allait découvrir non pas un mais *deux* sales types ?"

Lois sourit légèrement, encore perdue dans ses pensées. "Peut-être plus de deux… je me demande tout de même s'il y a une façon de le prouver…"

Jimmy haussa les épaules devant ses doutes. "Hé, au moins le syndicat et le patronat se reparlent, donc cette histoire de grève pourrait bien toucher à sa fin. Attendez seulement que Clark revienne pour que je lui raconte tout. Il a tout raté !"

En entendant le nom de Clark, Lois écarquilla les yeux. L'histoire qu'elle avait concoctée ne tiendrait pas très longtemps, et Clark, comme Superman, allait être très occupé pendant un bon moment. Son esprit s'emballa, puis elle mit très vite un plan au point. Elle attrapa son téléphone cellulaire et l'ouvrit. "Allô ? Oh, Clark."

Elle s'arrêta pour permettre à "Clark" de répondre et, avec stupeur, elle entendit sonner la ligne. Quand elle avait ouvert le téléphone, elle avait dû appuyer sur bis, et maintenant au lieu de n'avoir personne au bout du fil elle parlait à… oh mon Dieu… sa mère.

Eh bien, il n'y avait rien d'autre à faire que de foncer et d'expliquer plus tard. "Qu'est-ce que tu veux dire par, ils n'avaient plus de couches ? " demanda-t-elle à "Clark", l'air contrarié. "Eh bien, nous avons besoin de couches--"

"Allô ?" répondit Ellen, "Résidence Kent."

"-- alors tu n'as qu'à aller à l'autre magasin, ils auront bien des couches là-bas."

"Lois ? De quoi parles-tu ? Tu as plein de couches…"

"Tu sais, celui qui se trouve à l'autre bout de la ville, ils ont toujours de bons produits. Non, la réunion s'est bien passée, en fait elle est terminée. Je t'en parlerai plus tard."

"Lois, ce que tu racontes n'a aucun sens."

"D'accord, alors, chéri, merci. Oui, je vais le dire à Jimmy. A tout à l'heure, je t'aime… au revoir."

Ellen commençait vraiment à perdre patience. "Lois Lane, je veux savoir à quel genre de jeu--"

Sans aucun scrupule, Lois raccrocha au nez de sa mère. Jimmy et Penny paraissaient poliment ne pas avoir écouté sa conversation, mais Clark, toujours habillé en Superman, qui avait visiblement entendu les deux parties avait beaucoup de mal à garder son visage d'ordinaire impassible.

"Jimmy, c'était Clark; il va être retardé… pourquoi ne retournes-tu pas au Planet pour commencer à écrire tout ça ? Il te retrouvera là-bas."

Penny prit la parole, "Il est cool votre téléphone, Lois. Je ne l'ai même pas entendu sonner."

Lois sentit son sourire se figer. "Oui, eh bien, eum… c'est parce que je l'ai programmé pour vibrer… vous savez, comme un bipper. Comme ça il ne réveille pas le bébé. Quand je suis à la maison, je veux dire. Et en parlant de la maison, il faut que j'y aille. A plus tard !" Avec un sourire jovial, elle fila en vitesse.

Au moment où elle partait, Jimmy fit remarquer en riant. "C'est une sacrée flèche… et elle doit sûrement bien trouver le moyen d'occuper Clark."

Superman esquiva un sourire. "Oui, c'est une sacrée flèche." Il lutta contre sa conscience, mais décida qu'une petite taquinerie ne pouvait faire de mal à personne. "Vous savez, j'ai été drôlement content quand elle m'a laissé tomber pour lui." Il rassembla le reste des preuves et sortit, en ajoutant. "Elle est trop énergique pour moi."

Jimmy et Penny se regardèrent et éclatèrent de rire. Rires qui s'interrompirent brusquement quand on présenta la note à Jimmy.

Mercredi soir

Clark entra dans la chambre sur la pointe des pieds, regardant avec précaution autour de lui. Lois lui sourit du fond du lit. "On se faufile ?"

Il sourit, mais lui fit 'chut' avec de grands gestes. "Notre fille s'est enfin endormie; ne nous porte pas la poisse."

"Ne t'en fais pas, elle fera ce que tu veux." Lois battit des paupières en regardant son mari. "Les femmes ne font-elles pas toujours ce que tu veux ?"

Clark se mit à rire. "Toutes sauf toi; tu n'écoutes jamais."

"Je t'écoute toujours."

"C'est vrai. Depuis quand ?"

"Toujours." dit-elle en souriant malicieusement. "Et parfois je suis d'accord."

"Sauf quand je te demande de ne pas bouger."

"Oh, eh bien, c'est ta faute. Tu sais que je n'aime pas qu'on me dise ce que je dois faire."

"Oh, alors à partir de maintenant, je dois juste te dire de foncer vers le danger et tu ne bougeras pas ?"

Lois sourit, tapant la poitrine de Clark d'un air moqueur. "Bien essayé."

Il laissa tomber. "Alors, je vois que les choses se sont bien passées avec ta mère, aujourd'hui. Je suis désolé d'avoir manqué le dîner mais j'étais au poste de police -- ils ont trouvé des empreintes sur la bombe, ils trouveront donc bientôt qui était derrière tout ça."

"Humm, ça va être intéressant. Tiens-moi au courant. Et ma mère… Clark, c'était incroyable. On a parlé de choses dont on n'avait jamais parlé. Jonathan et toi aviez raison. Elle a commis des erreurs, mais ses remarques continuelles sont juste sa façon de faire partie de notre vie. Ce qui ne veut pas dire que ça ne me rende pas toujours dingue… mais au moins, maintenant, je la comprends mieux." Elle grimaça. "Quoique j'aie eu du mal à me sortir de cette histoire d'appel téléphonique."

"Je savais que tu pouvais le faire." Clark prit Lois dans ses bras. "Je suis content que vous vous soyez enfin parlé toutes les deux."

Lois se blottit contre sa poitrine. "Je n'ai jamais compris qu'elle était une bonne mère -- avant que tout s'écroule, en tout cas. Elle nous aimait et s'inquiétait pour nous. Les moments de mon enfance dont je me souviens vraiment sont ceux où elle et Papa se criaient dessus ou lorsqu'elle buvait à rouler sous la table." Elle grimaça à ce souvenir douloureux. "C'était bon de découvrir que ça n'a pas toujours été mal, tu sais ?"

"Tu te sens mieux à l'idée de la laisser s'occuper de Laura, maintenant ?"

"Oui. Elle a été si gentille avec elle, aujourd'hui. J'avais du mal à me souvenir que c'était ma mère."

"C'est surprenant de voir comme quelqu'un de si petit peut avoir un si grand effet sur les gens, n'est-ce pas ?"

Lois leva les yeux vers lui et sourit. " Présente compagnie mise à part, bien sûr."

"Hé, je suis le premier à reconnaître qu'elle fait ce qu'elle veut de moi. C'est ma fille, par conséquent elle est parfaite. Je souhaiterais passer chaque minute de la journée juste à la regarder. Je ne veux rien manquer. En fait, j'ai pensé que le premier jour que je vais passer avec Laura sera pour moi une bonne journée… une sorte de période d'essai. Perry a demandé si tu voulais commencer à retravailler un peu -- deux jours la semaine prochaine, peut-être -- avant de revenir à temps complet en novembre."

Elle se redressa d'un seul coup, glissant de ses bras tandis qu'elle réfléchissait. "J'ai entendu dire que c'était une bonne idée de reprendre le travail progressivement, pour que ce ne soit pas trop changeant -- pas une semaine de travail normale, mais.. quand même… et ça ne m'ennuierait pas de fouiller un peu sur cette machination d'Amalgamated. Il est évident que ce Hughes et Shenckman étaient de mèche, mais je ne suis pas convaincue qu'ils étaient seuls dans cette affaire."

Clark murmura évasivement. "Leurs dossiers ont été saisis, tu sais, ils ont tous deux acheté un nombre considérable d'actions d'Amalgamated dans les dernières 24 heures"

Lois fit un petit geste de la main. "Présomptions. Je ne sais pas, Clark, mais tout ce truc ressemble à Lex Luthor. En tout cas, je veux vérifier quelques petites choses. D'accord, peut-être qu'on pourrait faire un essai lundi." Elle sourit. Rester à la maison avec Laura était merveilleux, bien sûr, mais c'était aussi compliqué et contraignant; passer une journée dans la salle de rédaction avait l'air d'être un changement agréable.

"Bien," Clark lui rendit son sourire et fit mine de radiographier le mur en direction de la nursery.

Lois le regarda, en dressant un sourcil amusé.

"Elle dort, ça va ," confirma-t-il. "Je crois que la voie est libre…" il tendit la main vers elle, le regard espiègle.

Lois s'évada de son étreinte, en riant doucement. "Bonne chance, optimiste. Elle possède un radar spécial, je te jure. Chaque fois qu'on essaie de faire quelque chose elle est debout pendant des heures."

"Eh bien, oui, généralement," concéda Clark, l'attrapant une seconde fois avec plus de succès. "Mais peut-être que ça ne la dérangera pas si on fait juste un petit câlin."

Lois se blottit dans sa chaude étreinte avec un petit soupir de contentement. "Oh, Clark, c'est si bon que quelqu'un me prenne dans ses bras, plutôt que le contraire… Alors, juste un câlin ?" le taquina-t-elle.

"Mmm… peut-être qu'on pourrait essayer quelques baisers…" suggéra-t-il, joignant le geste à la parole.

"Ça ne me dérangerait pas," accepta-t-elle, quelque peu haletante. "Après tout," ajouta-t-elle avec un sourire malicieux, "elle ne va peut-être pas nous interrompre, cette fois…"

Clark gémit d'une voix profonde. "Elle a intérêt… je suis fatigué de ces voyages dans l'Océan Arctique pour me refroidir…"

Lois eut soudain la vision de Clark plongeant dans l'eau, laissant derrière lui un nuage de vapeur. Elle ricana, étirant son cou pour se rendre plus accessible. "Alors, c'est ça qui provoque le réchauffement de la planète…"

"Mm-hmm," acquiesça Clark d'un air grave, "et je pense que c'est notre devoir de patriote--" il s'interrompit pour lui donner un baiser dans le cou, "-- en tant que citoyen préoccupé par la planète--" un autre baiser se posa sur sa joue, "-- d'essayer de prévenir davantage d'incidents." Leurs lèvres se soudèrent, empêchant temporairement Lois de répondre.

Quand il leva enfin la tête, il vit avec satisfaction qu'elle était étendue les yeux fermés, avec un immense sourire. Il eut du mal à lui faire sortir un léger murmure en réponse.

"Toujours heureuse de faire un effort pour l'environnement…"

Jeudi 21 octobre

Lex Luthor tirait sur son cigare avec colère, claquant les pages du journal du matin à la lecture de la fin imminente de la grève à Almalgamated Transport. Enrico entra avec précaution dans son bureau. Il avait entendu les nouvelles et, bien qu'elles ne soient pas si mauvaises, avec Lex Luthor il était judicieux de s'attendre au pire.

"Bonjour, M.. Luthor."

"Bonjour, Enrico," le salua Luthor. "Je présume que vous avez entendu les nouvelles ?"

"Ce matin, "confirma Enrico. "Et j'ai vérifié certaines sources."

"Et toutes les preuves que nous avons semées contre les deux hommes ont été trouvées ?"

Enrico s'illumina; Lex avait l'air de prendre ça plutôt bien. "Oui, monsieur. Ils ont trouvé les fonds investis aux noms de Hughes et Shenckman et les empreintes que nous avons mises sur les pièces de la bombe."

Lex fit sortir un nuage de fumée en serrant les dents. "C'était un excellent détail, Enrico, de se servir de cette pièce que Hughes avait tenue."

"Eh bien, c'était votre idée, patron."

"Bien sûr. Et nos deux amis savent très bien qu'il vaut mieux ne pas nier ces, oh-- preuves si convaincantes, n'est-ce pas ?

Enrico acquiesça. "Shenckmann a trop peur et, de toute façon, Hughes ne sait rien. Ils feront leur temps sans broncher."

Lex hocha la tête, tirant profondément sur son cigare. "Bien, bien…"

Enrico hésita, puis plongea tête baissée. "Euh, M. Luthor… j'aurais pensé que vous seriez plus contrarié que ça… spécialement par l'implication de Kent…"

Lex laissa échapper une longue bouffée de fumée, en écartant les mains. "Il faut être philosophe, M. O'Reilly. Il y a des batailles qu'on gagne… d'autres qu'on perd. "C'est ce qui fait de M. Kent un adversaire digne de moi." Son sourire revêtit un côté résolument méchant. "Toutefois, mon prochain plan nous fera gagner la guerre. J'obtiendrai tout ce que je veux, avec en plus une bonne dose de vengeance." Son visage reflétait une profonde satisfaction. "Une bonne dose, appuyée et étalée." Il contempla un moment son futur et Enrico frissonna.

Lex leva les yeux et termina sur une note un peu plus légère. "Cette perte va blesser Kent bien plus profondément qu'il ne m'a blessé. Avec ça, je m'efforcerai d'être satisfait."

Lundi 26 octobre

Pour son premier jour à s'occuper de sa fille, Clark était aux anges. Ou, du moins, il l'aurait été, si seulement elle était plus heureuse de cette situation.

Il s'était déjà occupé d'elle avant, bien sûr, pour laisser Lois faire un petit somme ou aller faire des courses, mais ces occasions n'avaient jamais duré si longtemps. Laura paraissait contente d'être avec son Papa pendant les premières heures. Jusqu'à ce qu'il soit l'heure de manger. Elle était fatiguée, elle avait faim et elle voulait Maman, pas un biberon.

Enfin, elle finit tout de même par se calmer suffisamment pour accepter un biberon et Clark était en train de profiter de la tranquillité et du plaisir de donner à boire à son bébé, en la regardant sombrer dans le sommeil. Le calme relatif fut interrompu quand sa super oreille perçut un reportage sur un ouragan ravageant les Caraïbes. Le vent avait soufflé le toit d'un refuge d'évacuation, menaçant la vie de ceux qui se trouvaient à l'intérieur.

Il se redressa, automatiquement, se préparant mentalement à combattre l'urgence, mais se souvint du bébé dans ses bras. Baissant les yeux vers Laura, il hocha la tête, sachant que pour le moment, au moins, il ne pouvait rien faire. Ce n'était pas la première fois que, pour une raison ou une autre, il ne pourrait porter secours, mais cela ne lui avait jamais parut aussi facile. Il se rappela avec fermeté qu'il avait choisi la paternité et les responsabilités qui venaient avec. C'était sûrement plus important.

Lois rentra à la maison et découvrit son mari endormi sur le canapé, Laura dormant profondément sur sa poitrine. En entendant un CD de berceuses en fond sonore, elle réalisa qu'il avait dû avoir le même effet sur le père que sur la fille. Elle posa son porte-documents et s'avança vers eux, posant un léger baiser sur la joue de sa fille et sur les lèvres de son mari.

Les yeux de Clark s'entrouvrirent et regardèrent ceux de sa femme. "Salut, chérie."

"Salut, toi aussi."

Réalisant qu'il tenait toujours Laura, il sourit et rougit légèrement. "Je crois qu'elle m'a épuisé, aujourd'hui."

"Je le crois aussi. Et c'est toi qui as des supers pouvoirs, n'est-ce pas ?"

"C'est ce que je croyais. Je pense que je comprends pourquoi il y a une étiquette sur ce CD de berceuses avertissant de ne pas le mettre en conduisant. Il n'a pas marché sur Laura pendant un moment, mais c'est sûr, il m'a endormi."

S'asseyant à côté d'eux, Lois ne put s'empêcher de le taquiner un peu. "Alors, comment ça s'est passé ? Est-ce que ce sera ton premier et dernier jour à t'occuper d'elle ?"

"Très drôle. Non, ce ne sera pas la dernière fois. J'ai passé une bonne journée. Je dois juste me débarrasser de ce CD."

Posant la main sur sa joue, Lois choisit prudemment ses mots. "J'ai entendu parler de l'ouragan. Tu veux en parler ?"

Il lui caressa la main, cherchant un soutien. "J'ai écouté le reportage à la télé. Et j'ai entendu plus tard que deux personnes avaient été tuées."

"Tu sais qu'elles auraient pu mourir avant que tu aies le temps d'arriver, de toute façon."

"Je sais. C'est juste que je n'aime pas cette idée. Mais le fait est que…" il s'interrompit, cherchant ses mots. "je sais que je ne peux être partout à la fois, que quelques fois je vais… échouer."

Lois hocha la tête avec véhémence. "Tu penses ça seulement parce que tu essaies d'en faire trop."

Il haussa un peu les épaules en signe d'assentiment, en faisant attention de ne pas réveiller le bébé. "Oui, peut-être. Mais le fait est que je ne veux pas vous laisser tomber Laura et toi. Vous avez, toutes les deux, besoin que je sois là, alors c'est ici que je serai."

Comblant la distance qui les séparait, elle posa ses lèvres sur les siennes. Elle se retira légèrement et dit tout contre ses lèvres. "Je t'aime."

"Moi aussi, je t'aime, mon ange. Je vous aime toutes les deux."

"Je sais." Elle lui sourit tendrement, puis s'assit, repartant sur un ton plus pragmatique. "On devra juste trouver un moyen pour que tu puisses répondre aux urgences les plus importantes. Tes parents seraient le moyen idéal, bien sûr, mais…"

"Mais ils sont prêts à commencer leur voyage -- Je crois que Papa a dit qu'ils voulaient partir demain ou mercredi."

Lois rit légèrement. "Je n'ai pas encore réalisé à quel point ils se sont préparés. En tout cas, ils seront indisponibles un certain temps. Et Perry a dit qu'il allait foncer tête baissée dans le projet de garderie, mais ça va demander un moment avant de le monter."

"C'est formidable," répondit Clark. "J'adore cette idée de pouvoir aller la voir dans la journée." Laura commença à s'étirer, peut-être consciente d'être le sujet de la conversation.

"Moi aussi." acquiesça Lois avec ferveur, "et, en plus, j'adore l'idée de pouvoir la nourrir dans la journée. En parlant de ça, donne-la moi…" Avec aisance, elle prit sa fille et écarta son chemisier. "Ahhh… ça va mieux. Je commençais à être gonflée et je me sentais mal."

Clark dressa les sourcils. "Tu sais, je n'ai jamais pensé à ça. Je suppose que si tu es habituée à lui donner le sein toute la journée…"

"Et bien, penses-y," rétorqua-t-elle, "Et j'avais mon tire-lait avec moi aujourd'hui, mais j'ai eu bien du mal à trouver un petit coin pour m'en servir ! C'est la prochaine chose sur laquelle je vais brancher Perry. Allaiter présente tellement de bénéfices pour les bébés qu'il est logique que le Planet apporte son support en installant une pièce quelque part pour les mamans qui le font -- je sais que je ne suis pas la seule."

Clark se sentit un peu mal à l'aise de toute cette biologie. Puis il sourit. "Si tu le veux, Lois, je suis sûr que tu l'auras."

Elle lui tira la langue.

Vendredi 6 novembre, 16h30

"Bonté divine, Clark, je ne pensais pas que retourner travailler était si fatigant !" Lois s'effondra sur le siège passager de la Jeep.

Clark sourit avec compassion de l'autre côté du véhicule. "Eh bien, la semaine a été dure, avec cette élection et tout le reste." Il démarra le moteur et manœuvra pour sortir du parking souterrain du Planet, puis s'engagea dans la rue. "Ça ira mieux la semaine prochaine, en particulier si Laura saute encore une tétée la nuit."

Lois grogna d'un air approbateur. "Dormir est formidable. Je crois que j'étais un peu plus habituée à ses petits sommes de la journée que je ne le pensais."

"Eh bien, elle va mieux faire ses nuits et tu vas de nouveau t'habituer à travailler. Je pense que les horaires flexibles ont bien marché, n'est-ce pas ?"

"Oui, en vérité, je le crois aussi." admit Lois, s'animant un peu. "J'ai quand même eu mes quatre jours de travail. Et toi ?"

"Eh bien, je dois à Perry quelques heures demain, mais c'est à cause des interruptions de Superman. Je pourrais y aller demain à la première heure, comme ça on passera le reste du week-end ensemble."

Lois haussa les épaules avec philosophie. "Ça me donnera une chance de me reconnecter avec Laura, je suppose. Je veux dire, c'était bien de retourner travailler, mais je suis surprise de voir comme elle m'a manqué cette semaine. Ce sera agréable de juste traîner avec elle toute la matinée."

Clark se mit à rire. "Alors, c'est très bien."

Ils roulèrent dans un silence complice jusqu'au pâté de maisons suivant avant que Lois pose la question qui lui trottait dans la tête "Comment te sens-tu, avec les interruptions de Superman, je veux dire ?"

Il soupira. "Pas trop mal. C'est dur d'ignorer un appel au secours, mais on n'a pas tout le temps besoin de moi, en tout cas -- pas autant que ma famille. Si j'avais voulu être Superman à plein temps, j'aurais dû renoncer à Clark Kent depuis longtemps, et je ne peux pas faire ça, alors… je dois seulement trouver une juste mesure." Le feu passa du rouge au vert et l'humeur de Clark avec. "Et en parlant de famille… comment crois-tu que Laura va se sentir avec sa grand-mère ?"

Lois se mit à rire, acceptant de changer de sujet. "C'est une championne. Maman a fait du bon travail, autant que je puisse dire, et elle a l'air d'aimer ça -- elle m'a dit qu'elle et Laura s'étaient promenées aux alentours quelques fois et qu'elle avait fait connaissance avec quelques voisins, ce qui est plus que je n'en ai fait pendant ces deux mois à la maison." Elle se mit à rire. "Je crois que je suis plus casanière que je ne le pensais."

"Ça s'appelle cocoonner, Lois," l'informa Clark d'un ton mi-moqueur, mi-professoral. "La mode des années quatre-vingt-dix."

"Eh bien, c'est un soulagement de savoir que je suis à la mode," murmura Lois, regardant négligemment le flot de la circulation dans les rues sombres. "Je me sens dans un cocon quand il fait nuit si tôt."

"C'est juste le changement de saison, Lois; c'est parfaitement normal."

"Si tu le dis, Cow-boy," le taquina-t-elle, commençant à se remettre de la tension de la journée.

"Je le dis," affirma-t-il, avec un petit rire en engageant la Jeep dans leur rue. "Et tu sais--" Il s'arrêta soudain, regardant intensément devant lui.

Lois regarda et sentit son ventre se crisper de frayeur. Des lumières rouges et bleues clignotaient, perçant l'obscurité grandissante. "Clark, dans quelle maison sont-ils ?"

Il hocha la tête. "Je n'en sais rien. Je suis sûr que ce n'est pas la nôtre."

Lois percevait le doute et la peur dans sa voix et elle n'était pas rassurée.

Aussi vite que la sécurité le permettait, Clark gara la Jeep et Lois sortit de la voiture presque avant que le moteur ne soit coupé. Clark la rattrapa immédiatement, lui tenant la main pour la soutenir tandis qu'ils se précipitaient vers leur maison.

"Oh, mon Dieu, Clark," dit Lois haletante, "notre porte est ouverte, que s'est-il passé ??"

Il hocha la tête d'un air sévère. "Je n'en sais rien, mais j'entends Laura pleurer, alors ça ne doit pas être très grave."

Lois grimpa l'escalier et se précipita à l'intérieur, s'attendant au pire. Ce qu'elle vit ressemblait à un cauchemar. La pièce était pleine de monde, mais la première chose qu'elle remarqua, comme étant trop familière, était sa mère, inconsciente par terre, une bouteille à moitié vide à côté d'elle. Pas encore. Maman ! Des flashs des précédentes et nombreuses occasions lui revinrent à l'esprit et elle chancela sous le choc et l'indignation.

Clark la soutint et elle détourna les yeux de la silhouette étendue sur le sol pour chercher son bébé. Elle était là, de l'autre côté de la pièce, dans les bras d'une femme que Lois ne connaissait pas. Elle commença à s'avancer, mais fut arrêtée par un policier en uniforme.

"Restez là, madame."

"Que se passe-t-il ici ?" demanda Clark, retrouvant enfin la voix. "Nous sommes les propriétaires, c'est notre bébé… que s'est-il passé ?"

L'officier les regarda d'un air désapprobateur et hocha la tête. "Un voisin a entendu crier le bébé et nous a appelés. Cas évident de négligence."

Lois s'avança et réclama son bébé, mais l'officier la retint par le bras.

"Je suis vraiment désolé, madame," dit-il d'une voix qui paraissait plus ennuyée qu'emprunte de regret. "mais jusqu'à ce que tout soit réglé, j'ai bien peur que les Services Sociaux n'aient la garde du bébé.

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.