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Saison 6, Episode 14

Première partie

Écrit par Phil Atcliffe

Édité par Kathy Brown

Version française de

Episode 14 : Stronger Than Me Alone

Traduction Chantal Martineau

PRÉCÉDEMMENT DANS "LOIS & CLARK, SAISON 6" :

"Ce qui signifie qu'il ne fait aucun doute qu'il n'y a *jamais* eu de clone. L'histoire de Luthor disant avoir été kidnappé et remplacé par son propre clone peu de temps après t'avoir demandé de l'épouser et avoir été emprisonné pendant presque trois ans, n'est juste -- qu'une histoire.

"Le Lex Luthor qui vit au dernier étage de l'immeuble de la LexCorp est le même homme que celui qui s'y trouvait il y a cinq ans, qui a essayé de me tuer et de t'épouser, qui s'est suicidé en sautant de cet immeuble, qui a été ressuscité par Gretchen Kelly, qui est allé en prison, qui t'a kidnappée lors de notre premier mariage... et qui sait que je suis Superman."

Plusieurs filiales de la LexCorp ont fait de très grosses transactions dans les places financières du monde entier, toutes, sans exception, ces transactions ont provoqué des pertes importantes -- des pertes *très* importantes!"

"Des pertes de combien ?"

Il y eut un silence, qui s'étira encore et encore. Finalement, Van Allen, qui était resté silencieux depuis son entrée dans le bureau, ne put se retenir. "Monsieur, les dettes accumulées se chiffrent à un total... total de..."

Le banquier semblait incapable de dire le montant, jusqu'à ce que Luthor lui lance un regard furieux. "...plus de *dix milliards de dollars* ! Monsieur, la LexCorp est *en faillite* !"

'A-*ha* ! C'est ce que je pensais !' Il avait raison; le compte de Gotham City était une fausse piste intentionnelle pour tromper quiconque essaierait de retracer l'intrusion dans le système de la LIB.

La prochaine étape était d'examiner les archives du faux compte pendant qu'elles étaient encore disponibles. Une rapide commande fit apparaître un écran plein d'informations comme par exemple ce que le "propriétaire" du compte avait fait avec ce dernier pendant qu'il existait. La liste des activités était étonnement courte : il semblait que le compte avait été créé uniquement dans le but de recevoir un message électronique et de le transmettre; une fois terminé, le compte s'était fermé automatiquement, sans archives permanentes indiquant qu'il ait jamais existé.

Un travail d'à peine quelques secondes lui permit de trouver d'où le fichier avait été envoyé et de découvrir la prochaine étape dans cette escroquerie en chaîne; Luthor se cala dans son fauteuil avec un petit sourire satisfait, alors que l'origine du message lui était révélée comme étant...

...*daily-planet.metropolis.com?!?*

'Oh, mon Dieu...'

KENT!

Cela changeait tout. Si Kent avait abandonné sa stupide insistance à respecter la loi, alors leur conflit était monté d'un cran.

Ce n'était pas un jeu, plus maintenant -- c'était la *guerre* !

Alex regarda sans y croire les ambulanciers ramasser leur matériel et l'ambulance quitter la scène -- lentement, presque imperceptiblement; il n'y avait pas de raison de se dépêcher, n'est-ce pas ? Pour la seconde fois en quelques minutes, Alex ne savait plus ce qu'il devait faire, alors il ne fit rien; tout ce à quoi il parvenait à penser était, 'D'abord Chris et maintenant Nicky...'

*Luthor !* *Tout* est de sa faute ! C'était un des salauds de Luthor qui avait tué Chris; c'était Luthor qui avait envoyé le même tueur pour régler le cas de Nick, c'était Luthor qui avait forcé les deux frères à se cacher; Nick n'aurait *pas* été là s'il n'avait pas essayé d'aider la femme de Luthor ! L'aider à échapper à son mari qui était un assassin !

*Maintenant*, il savait ce qu'il devait faire. Alex sentit tout son être se remplir de rage et de vengeance. Il grimpa sur le siège du côté conducteur, démarra et se dirigea vers l'aéroport, où il allait échanger son billet pour Zurich contre un vol pour Métropolis.

Clark était au milieu de la rédaction d'un court article sur la LexCorp -- un parallèle à celui de Donna sur la réaction du marché mondial après les révélations de la veille -- quand il entendit des sirènes. Un rapide coup d'œil à rayons X lui révéla qu'un entrepôt abandonné qu'il connaissait était en flammes et que l'incendie était vraiment important.

"Lane, c'est Henderson. On le tient. STAR Labs a fait les analyses et j'ai les mandats. Si Kent et vous voulez l'exclusivité, retrouvez-moi où-vous-savez dans une heure. Et si l'un d'entre vous peut contacter notre Grand Ami, il sera le bienvenu. Il faut que j'y aille, je dois organiser cette opération. Dans une heure, d'accord ?"

Luthor posa son doigt sur le bouton de l'arme et savoura son triomphe imminent. Il jeta un dernier coup d'œil au système de repérage qui visait les grandes fenêtres laissant passer la lumière, l'air et parfois, Superman dans la salle de rédaction.

'Adieu, Daily Planet. Peut-être que tes successeurs -- s'il y en a -- apprendront à ne pas défier la *véritable* puissance de cette ville.'

Il tira.

ET MAINTENANT, LA CONCLUSION :

Jimmy Olsen était sorti de la chambre noire quelques heures après y être entré et il se trouvait maintenant dans la salle de conférence, se servant de Usenet sous le prétexte de faire des recherches pour Donna McIntyre, la journaliste financière. Il travaillait, même s'il n'en avait pas l'air, à la façon dont il éclatait de rire. Il était en train de regarder la réaction d'Internet aux problèmes financiers de la LexCorp quand il trouva un forum de discussion, un de ces groupes étranges habituellement créé lorsque quelqu'un voulait médire ou parler de quelqu'un ou de quelque chose. La moitié du plaisir de ces groupes résidait dans les noms dingues qu'ils se donnaient et celui-ci était un classique. Au grand plaisir de Jimmy; il les collectionnait en quelque sorte et "alt.faillite.lexcorp.ruine.fiasco" était un compagnon aussi agréable que les autres forums qu'il avait cherchés, tels que "alt.barney.crève.espèce. de.monstre" et "alt.jadzia-dax.superbe.poupée.langoureuse".

Les gens postant des messages sur ces groupes étaient justement ce que Donna voulait représenter dans son analyse sur l'éventail d'opinions, et Jimmy avait un plaisir fou à lire les messages. Il était en train de lire certaines réponses à un message exposant la théorie que la chute imminente de la LexCorp était inévitable si l'on considérait la fatalité historique Marxiste-Léniniste. En conclusion, la révolution était à nos portes. Certains messages répondant à ce tract étaient courts, simples et abusifs; d'autres étaient considérablement plus longs et essayaient de débattre des assertions originales postées dans le premier envoi, à la lumière d'autres exemples socio-économiques. Il s'agissait de réflexions assez lourdes, demandant une très grande concentration pour parvenir à suivre l'argumentation, c'est pourquoi il n'entendit pas la porte s'ouvrir doucement et qu'il ne s'aperçut pas qu'il avait de la compagnie, jusqu'à ce que deux mains lui couvrent le visage et qu'une voix douce lui murmure, "Devine qui c'est ?"

La réponse était facile; il reconnut tout de suite la voix de sa petite amie Penny. Il retira doucement les mains posées sur ses yeux et les porta à ses lèvres pour les baiser délicatement. "Bonjour," dit-il d'une voix enjouée. "Tu es en avance..."

"Juste un petit peu," répondit Penny, en lui souriant. "Je n'avais rien à faire au boulot, alors je suis partie. A vrai dire, je suis là depuis un petit moment et j'ai aidé Mme White. Sais-tu où est Clark Kent ?"

Jimmy remarqua qu'Alice était assise à l'autre bout de la grande table et il la salua, puis il reporta son attention sur Penny.

"CK ? Non, je ne l'ai pas vu depuis... environ une heure. Il est probablement parti pour un article. Pourquoi ?"

"Oh, Mme White et moi voulions vous apporter à déjeuner, pour que vous preniez le temps de manger quelque chose et Lois nous a dit que Clark connaissait beaucoup d'endroits où commander... mais, s'il n'est pas là, on ne peut pas lui demander, alors, qu'est-ce que tu veux manger ?"

Jimmy réfléchit un instant...

...puis il y eut un fracas épouvantable.

Les baies vitrées furent les premières à céder, s'éclatant en mille morceaux. Les panneaux étaient en verre securit -- depuis l'attentat à la bombe cinq ans plus tôt-- donc les éclats n'étaient pas dangereux, mais la force de l'explosion qui les fit exploser fut assez puissante pour les propulser à travers la salle de rédaction comme des éclats scintillants. Les hommes et les femmes qui se trouvaient près des fenêtres étaient inconscients ou pire encore, d'autres saignaient et pleuraient; ceux qui étaient plus au centre furent partiellement protégés du verre brisé, mais ils furent également projetés par la force de l'explosion -- et la seconde explosion qui suivit fut tout aussi forte, puisque le rayon invisible de Luthor atteignit le mobilier se trouvant au milieu de la salle de rédaction.

Un désordre indescriptible régnait. Les bureaux frappés par le rayon avaient volés en éclats, envoyant des morceaux de bois dans tous les coins. Les ordinateurs posés sur ces bureaux avaient explosé, ajoutant des débris de verre, de métal brûlant et de plastique fondu à tout le reste. Plusieurs bureaux, chaises et classeurs près du point central de destruction étaient en feu. Personne ne s'était remis debout; les plus chanceux avaient pu se coucher ou avaient été projetés par terre et s'en étaient tirés avec quelques ecchymoses; quant aux autres -- cela représentait la majorité du personnel -- ils étaient blessés et leurs cris et leurs pleurs mélangés au souffle du feu, aux craquements et sifflements de l'équipement électrique détruit ou endommagé, au son du système de gicleurs et au retentissement de l'alarme incendie, formaient une véritable cacophonie infernale.

Dans la salle de conférence, Jimmy avait vu les fenêtres principales se briser et avait instinctivement jeté Penny par terre en criant "Couchez-vous !" et s'était couché sur elle pour la protéger. Il avait juste eu le temps de le faire, le premier choc avait frappé les fenêtres de la salle de conférence et le second les avait complètement détruites. Ces fenêtres n'étaient *pas* faites en verre securit et elles se brisèrent et s'envolèrent en petits morceaux acérés comme des lames de rasoir apportant avec eux un vent de fatalité.

Le verre et le choc qui suivirent épargnèrent Jimmy et Penny, qui étaient protégés par le bureau où ils étaient précédemment assis. L'onde de choc fit voler l'ordinateur, mais ils le remarquèrent à peine; l'unité centrale se mit à pendre mollement au bout du câble, en frappant la jambe de Jimmy, mais sans aucune force et l'écran ne se brisa pas, alors la chute de l'ordinateur fit plus de bruit que de mal.

Ils se relevèrent lentement, abrutis par la transformation soudaine de la salle de rédaction en zone sinistrée. Et à vrai dire, leur entourage ne valait guère mieux; la grande table de conférence était retournée et les autres meubles étaient éparpillés dans la pièce avec différents degrés de décrépitude. Ils regardèrent fixement le chaos qui les entourait pendant quelques instants, et presque en même temps, ils se souvinrent d'Alice. Ils jetaient des regards inquiets dans toute la pièce, mais ne parvenaient pas à la voir à première vue; puis, à leur grand soulagement, Penny remarqua une jambe derrière la table retournée. Alice s'était jetée par terre au cri de Jimmy, et la plupart des éclats de verre l'avaient épargnée, mais la table s'était ensuite retournée et elle était coincée dessous; elle n'avait pas de blessures graves, même si elle avait quelques coupures à la jambe restée exposée.

Jimmy attrapa la table aussi fermement qu'il le pouvait et mit toute sa force pour la faire basculer. Elle était trop lourde pour être déplacée, mais il réussit à la maintenir assez longtemps pour qu'Alice puisse se dégager avec l'aide de Penny. Une fois libérée, il la laissa retomber et elle s'effondra sur les chaises aplaties et contre le mur. Penny aida Alice à se remettre sur pied et se pencha ensuite pour jeter un œil aux blessures de sa jambe.

Alice chancela un peu jusqu'à ce que Jimmy vienne près d'elle pour la supporter. Elle se pencha légèrement vers lui et murmura : "Merci, Jimmy... pour l'avertissement *et* pour ton aide."

"Hé, pas de problème," répondit-il. "Vous avez eu de la chance de ne pas être trop blessée; vous avez dû vous coucher derrière la table assez vite. Vous avez de bons réflexes pour..." Il se tut, réalisant que ce qu'il était sur le point de dire pouvait être déplacé.

Cela ne contraria pas Alice. "Pour quelqu'un de mon âge ?" termina-t-elle, en sachant très bien que sa réponse serait positive. "Tu n'atteindras pas *mon* âge sans les développer -- pas dans le domaine journalistique, du moins. Les histoires que je pourrais te raconter..." dit-elle en riant d'une voix légèrement hésitante.

"C'est ce que j'ai eu en épousant Perry White..."

'Oui, c'est ce que j'ai eu,' pensa-t-elle. 'Ça, toutes ces histoires et encore davantage. Et que penses-tu de ça, Alice?'

Elle n'eut pas le temps de répondre à cette question, parce qu'elle prit conscience de la situation présente -- à cet instant, une porte voisine s'ouvrit et une voix familière se fit entendre.

"Bon sang ! Qu'est-ce qui nous a touchés ?" demanda Perry. Ne s'attendant pas vraiment à recevoir une réponse, il parcourut du regard la salle de rédaction, essayant de remettre de l'ordre dans tout ce chaos; ce qu'il vit était un enfer de verre brisé, d'équipement, de fournitures et de bureaux brisés, du feu, de la fumée, de l'eau et des étincelles, avec des gens blessés et confus -- *ses* gens -- au beau milieu de la scène. Il était sur le point de sortir et de donner un coup de main quand il remarqua que le sol était mouillé... et il se glaça à la pensée d'un autre danger possible.

"Coupez le courant avant que quelqu'un ne se fasse électrocuter !"

Aux oreilles de Jimmy, c'était là un appel aux armes; il n'en avait pas vraiment besoin, mais les choses allaient s'arranger si le Chef prenait le contrôle de la situation. "Je m'en occupe, Chef!" cria-t-il, courant hors de la salle de conférence et vers le coin reculé de la salle de rédaction où était situé le compteur électrique de l'étage. Il avait compris pourquoi Perry était inquiet, mais il était certain que l'endroit où il devait aller ne présentait pas de danger, car il y avait des gens étendus par terre et ils n'avaient pas été électrocutés -- pas encore, du moins.

Jimmy attrapa la poignée du compteur de l'étage et l'abaissa. Les quelques lumières restantes s'éteignirent... tout comme les étincelles des appareils électriques brisés et il poussa un soupir de soulagement. Maintenant, le problème majeur était les meubles en flammes; il se dit que les gicleurs contrôlaient l'incendie, mais il ne s'était pas éteint et des gens blessés étaient trop près du brasier. Il prit un extincteur accroché au mur et commença à éteindre ce qu'il pouvait, essayant d'empêcher les flammes de se propager, surtout si elles s'approchaient trop près de quelqu'un.

Ce qui l'amena à découvrir Ralph, inconscient et en sang, reposant entre ce qui avait été autrefois deux bureaux. Il se servit de ce qui restait dans l'extincteur pour s'assurer (il l'espérait) que le feu n'avancerait pas dans leur direction et se pencha pour jeter un œil au journaliste étendu par terre.

Ce qu'il découvrit n'était pas un bon signe; la peau de Ralph était pâle et moite -- du moins la partie de son corps qui n'était pas couverte de sang -- et il montrait tous les signes classiques d'une importante hémorragie. La raison n'était pas difficile à deviner; des éclats l'avaient touché au bras et au ventre et ses blessures saignaient abondamment.

Jimmy regarda autour de lui; il devait arrêter l'hémorragie coûte que coûte, surtout la blessure au ventre, mais pour le faire, il lui fallait un équipement approprié -- un garrot, de préférence. Mais, où donc avaient pu atterrir les trousses médicales d'urgence ? Elles étaient normalement installées dans la salle de rédaction, mais il semblait qu'elles avaient été soufflées, comme tout le reste ou que les gens les avaient déjà prises.

Mince ! Il *avait besoin* d'une de ces trousses tout de suite. "Hé !" cria-t-il, "Il y a un homme blessé ici ! Que quelqu'un me donne une trousse de premiers secours !" Les secondes passèrent et il n'y avait aucun signe que quiconque l'ait entendu parmi le chaos discordant du feu et des autres bruits les entourant. 'Oh, mince,' pensa-t-il, 'Ralph va *mourir* si je ne fais rien -- mais que faire ?' L'inspiration ne lui venait pas -- sauf, peut-être un peu. Avec juste ses mains nues et peut-être un mouchoir ou sa chemise pour arrêter l'hémorragie qui allait faire mourir Ralph et pas de temps pour chercher une trousse de premiers soins, il ne lui restait qu'une chose à faire -- appeler à l'aide. De l'aide très spéciale, peut-être la seule aide qui pourrait sauver la vie de Ralph.

Jimmy eut quelques secondes d'hésitation, excellent exemple de l'instinct de conservation avec lequel l'esprit humain essaye de se protéger, espérant que Lois ne le traite pas de plagiaire ou quelque chose de ce genre, avant de crier aussi fort qu'il le pouvait : "Au secours ! *Superman !!*"

Il s'évanouit presque quand une voix calme et familière au-dessus de lui répondit : "C'est bon, Jimmy. Je suis là."

Superman était en train de radiographier les restes de l'entrepôt, essayant de déterminer ce qui avait provoqué l'incendie, quand il entendit les explosions. Il s'était également acquitté de l'horrible tâche de chercher des corps. Les deux recherches ne donnèrent aucun résultat, ce qui était parfait, le bâtiment était détruit, mais personne n'avait été blessé et c'était plus que suffisant.

Quand il était arrivé, il avait reconnu l'entrepôt comme étant celui ayant été mystérieusement et inexplicablement le théâtre d'un autre incendie à Noël et il n'y avait pas davantage d'indications sur ce qui avait pu provoquer le dernier, mais le plus sérieux, des deux incendies.

L'équipe travaillant à déterminer la cause des incendies avait été appelée et les premières constatations étaient que quelque chose d'étrange avait dû se produire. L'incendie semblait avoir commencé près d'un mur -- mais, pas un mur extérieur -- où le toit en bois et le plancher s'étaient embrasés. Le pourquoi constituait une énigme; le *comment* était encore plus mystérieux, les piliers étaient de grosses pièces de bois massif et ne s'enflammaient pas aussi facilement. Comme pour un feu de cheminée, il fallait une flamme assez puissante pour permettre à une pièce de bois de cette taille de s'enflammer, même si elle brûlait lentement; mais là, il semblait que l'un des piliers s'était tout d'abord embrasé et presque consumé dans un laps de temps très court.

Certains signes indiquaient que quelque chose était entré par le toit, ce qui laissait penser qu'il pouvait s'agir de cocktails Molotov ou équivalents, mais ils ne pouvaient pas produire la chaleur nécessaire pour faire flamber le pilier de bois et, malgré sa super vision, il ne parvenait pas à trouver de trace "d'accélérant" (essence ou produits chimiques utilisés pour activer un feu). Un produit chimique à base d'acétone aurait pu être utilisé, mais Clark savait comment trouver même le plus volatile des accélérants et aucun indice ne l'indiquait. C'était un mystère.

Puis il avait entendu les deux explosions et avait tourné la tête en direction du bruit. Sa vision à rayons X et télescopique lui révéla avec horreur que le bruit venait de *l'immeuble du Planet* !

'Lois ! Laura !' cria-t-il en son for intérieur, le cœur battant. Il allait s'envoler, mais s'arrêta, il faudrait peut-être -- il *faudrait* plus de monde que lui tout seul pour porter secours.

Un éclair rouge et bleu traversa l'entrepôt, s'arrêtant juste à côté du capitaine des pompiers. "Chef !" demanda Superman, "Il vient d'y avoir deux explosions dans l'immeuble du Daily Planet. Envoyez de l'aide et appelez l'équipe de déminage! Oh, il va aussi falloir des ambulances. Vous feriez mieux de sonner l'alerte générale. J'y vais tout de suite." Et sur ce, il disparut.

Le capitaine des pompiers atterré le regarda partir et murmura : "D'accord..." avant de se rendre à son camion et de lancer un appel à la radio.

Clark avait pris connaissance de la situation avant même d'arriver dans la salle de rédaction. Il avait vu Lois et Laura -- respectivement dans la Jeep et à la garderie -- et toutes deux, quoique secouées, allaient bien, ce qui voulait dire qu'il pouvait se concentrer et sauver les autres personnes sans avoir à s'inquiéter pour sa famille. Ce qui était arrivé à ses amis et collègues de travail était assez grave.

Son super souffle eut raison du feu qui subsistait -- au moins, des flammes les plus importantes. Une partie du sol était affaiblie et la chaleur se dégagerait de cet endroit pendant un bout de temps. Il aurait bien voulu vérifier, mais il entendit l'appel au secours de Jimmy et estima que la condition dans laquelle se trouvait le bâtiment pouvait attendre jusqu'à ce que tout le monde soit sauvé.

La condition de Ralph était évidente, tout comme son besoin immédiat d'attention médicale. Après avoir rassuré Jimmy, il souleva Ralph avec précaution. C'était difficile : Ralph serait déjà mort si l'éclat qui l'avait blessé au ventre n'était pas resté enfoncé, et Clark ne voulait pas le retirer, même en cautérisant la plaie de sa vision calorifique; par contre, il devait faire attention de ne pas l'enfoncer davantage par inadvertance en soulevant l'homme. Heureusement, la vision à rayons X était très utile dans des situations comme celle-ci et il parvint à mettre Ralph dans une position lui permettant d'être transporté sans bouger l'éclat, et il sortit à toute vitesse par la fenêtre. Prochain arrêt : l'Hôpital Général de Metropolis et les Urgences.

Luthor était frustré. L'arme avait parfaitement fonctionné et la destruction qu'elle avait entraînée au Daily Planet était plus que gratifiante... mais quand Kent fut en vue, il se déplaçait si rapidement que Lex ne put le toucher ! Il leva la tête de ses jumelles et réfléchit très vite. Non, il n'y avait pas de raison de s'inquiéter. Il aurait dû le prévoir; Superman se déplaçait toujours à très grande vitesse quand il jouait les bonnes âmes et il allait être plutôt occupé à aider ses amis. Mais finalement, il serait bien obligé de ralentir sa cadence pour demander aux témoins ce qui s'était passé. Alors... ah, *alors*...

Patience. C'est ce dont il allait avoir besoin, de la patience. Son triomphe était si proche qu'il pouvait presque le goûter. Ce n'était pas le moment de tout ruiner en perdant son self-control. Patience....

Lois sortait du parking souterrain quand le rayon atteignit le bâtiment du Planet. Les explosions qui avaient provoqué tant de dégâts dans la salle de rédaction étaient surtout dirigées vers l'intérieur, mais le bruit assez fort sortant des fenêtres de la salle de rédaction maintenant béantes, avertit les conducteurs dans les rues en dessous et la circulation près de l'immeuble s'arrêta tandis que chacun levait la tête pour voir quelle en était la cause.

Lois comprit immédiatement qu'il s'agissait de la salle de rédaction -- les grandes fenêtres avaient tout simplement *disparu*, la structure, les vitres et le reste. Elle pouvait voir les flammes et la fumée à l'intérieur et elle se gara immédiatement sur le trottoir, elle sauta de la Jeep et se précipita à l'intérieur du bâtiment. Elle ne s'inquiétait pas de savoir où elle s'était garée et ne se rappelait plus si elle avait verrouillé ou non les portes de la voiture; elle se fichait des contraventions ou des voleurs de voitures, ses amis étaient là -- sa *fille* était là !

Elle courut dans le hall central, s'arrêtant à peine pour crier au gardien d'appeler le 911 et chargea en direction du couloir vers la garderie. Une Mme Wilson stupéfaite lui assura que Laura allait bien -- que *tous* les enfants allaient bien, ils étaient juste un peu effrayés -- et elle voulait savoir ce qui s'était passé.

Lois lui raconta ce qu'elle savait, mais elle fut interrompue au beau milieu de son explication car Ruth se tourna soudain vers ses collaborateurs : "Soyez prêts à évacuer le bâtiment ! Jane, appelez les assistants présents ce matin -- *pas* Lee et Andrea, elles sont au beau milieu de tout ça; appelez Paula et Tom. Et George, s'il est là. Mary, vous savez quoi faire. *Allons-y* !"

Tandis que son personnel disparaissait, Ruth se tourna vers Lois. "Je suis désolée, Lois, mais je dois me mettre au travail. Vous aussi, alors allez-y -- et *ne vous inquiétez pas* à propos de Laura ! Nous avons pratiqué ce genre de choses plusieurs fois et nous savons tous quoi faire. Votre fille ira bien. Allez ouste !"

Elle sortit précipitamment. Assez stupéfaite d'avoir été si rapidement congédiée mais rassurée que sa petite fille soit entre de si bonnes mains, Lois sortit et se dirigea vers la salle de rédaction.

Elle arriva sur les lieux dévastés, en espérant que Superman était revenu. Les personnes les moins blessées s'étaient assez bien remises du choc pour parvenir à faire quelque chose -- plus spécifiquement pour mettre en action un plan que Perry avait élaboré pour les situations comme celles-ci après l'attentat à la bombe cinq ans auparavant. Elle voulait partager cet enthousiasme, aussi fou que cela pouvait l'être; le Daily Planet avait perdu une bataille, mais pas la guerre.

Bien qu'étant journaliste, Lois resta un moment à regarder la scène pour s'imprégner de l'atmosphère. Superman courait d'une personne à l'autre et chaque homme ou femme qu'il laissait rejoignait les autres pour donner un coup de main, elle supposait donc qu'il administrait des premiers secours très simples -- examiner les blessures des gens, refermer et cicatriser les plaies de sa vision à infrarouge -- aux personnes qui avaient des blessures relativement mineures.

L'éclair rouge et bleu ralentit finalement pour découvrir le visage de l'Homme d'Acier, qui commençait à se mouvoir avec plus de précautions, prenant son temps pour jeter un œil sur les quelques personnes coincées ou inconscientes. Plusieurs fois, il refoula des gens qui voulaient l'aider, les avertissant que le plancher était instable ou qu'ils pouvaient déplacer quelque chose qui risquerait de tomber sur quelqu'un; certains d'entre eux paraissaient offensés -- s'il pouvait marcher à cet endroit, pourquoi ne le pouvaient-ils pas ? -- avant que Superman se mette à l'horizontale et qu'ils réalisent qu'il avait flotté pendant tout ce temps. Leur ressentiment s'évapora complètement quand, une fois qu'il eut contrôlé la situation, il se réjouit d'accepter leur aide, leur demandant en général de déplacer leurs collègues pendant qu'il soulevait ou retenait un objet lourd.

Lois arrêta de regarder ce qui se passait et commença à se salir les mains -- de sang, bien sûr. Sa formation aux premiers secours était bien utile en examinant ses collègues blessés; elle ne pouvait pas faire grand-chose, mais chaque petit geste comptait et, heureusement, l'assistance médicale compétente était en route. Cela lui brisait le cœur -- et même *davantage*, elle était tout simplement furieuse -- de manquer l'exclusivité de l'arrestation de Lex, mais on avait besoin d'elle ici, et aussi de Clark. Henderson et ses hommes allaient devoir courir le risque.

Avec un peu de chance, ce ne serait plus très long, pas avec Clark dans les parages et ils pourraient se rendre à l'immeuble de la LexCorp -- en supposant toujours que sa voiture n'ait pas été enlevée par la fourrière. Ce n'était pas comme s'ils risquaient de perdre le scoop -- sur l'arrestation peut-être, mais pas sur les raisons de l'arrestation de Lex et les preuves démontrant sa culpabilité.

Elle se joignit à Pam de la Rubrique du Dimanche, qui était parvenue à trouver une trousse de premiers soins qui avait été soufflée d'un mur et avait terminé sa course sous un bureau retourné. Ensemble, elles firent des pansements à une demi-douzaine de personnes ayant des blessures relativement mineures ou de plus sérieuses, mais qui ne les immobilisaient pas, et les firent sortir de l'immeuble avec l'aide de ceux qui parvenaient à se tenir sur leurs pieds. Clark avait passé la structure du bâtiment aux rayons X et annoncé qu'il était sûr, mais personne ne faisait confiance aux ascenseurs; et au lieu de cela, un flot de gens rejoignait la foule des autres étages qui descendait par les escaliers.

La salle de rédaction se vida rapidement. Lois termina de mettre un bras en écharpe et remit son propriétaire à l'une de ses collègues, puis elle se dirigea vers l'endroit où se trouvait Superman, il soutenait une armoire de rangement et un encadrement de fenêtre; Perry et Jimmy ramenaient doucement de sous les décombres une forme inconsciente. Lois reconnut Alan, un gars de la Comptabilité, quelqu'un qu'elle ne se souvenait pas avoir vu (ou du moins avoir parlé) depuis le réveillon de Noël de l'année précédente.

"Est-ce qu'il va s'en tirer ?" demanda-t-elle, d'un ton résolument neutre -- en partie parce qu'elle avait toujours essayé de faire attention quand elle parlait à Superman en public et en partie parce qu'Alan ne semblait pas du tout aller bien. Cependant, c'était la dernière personne ayant besoin d'être secourue, et c'était un soulagement.

"Il devrait s'en tirer," la rassura Superman après avoir reposé sa charge avec précaution. "Il a une commotion cérébrale, je crois, mais il n'a rien de plus sérieux à part quelques ecchymoses. Quelques jours dans un bon hôpital et il va s'en remettre."

"Ce sont de bonnes nouvelles," dit Perry, après avoir installé Alan aussi confortablement que possible. "Et les assurances du Planet rembourseront les frais médicaux de tout le monde ou je ne m'y connais pas ! Mais Sapristi, qu'est-ce qui nous a frappés comme ça ? Une sorte de missile ?"

"Je n'en ai aucune idée, M. White," répondit Superman. "Je n'ai rien vu, j'ai seulement entendu les explosions. Il y en a eu deux."

"Oui, c'est exactement ça," renchérit Jimmy. "J'ai tout vu. La première a fait exploser les fenêtres et la seconde les bureaux et tout le reste."

"Ceci corrobore la théorie que quelque chose est entré par les fenêtres," murmura Superman, en regardant autour de lui, "mais il n'y a aucun signe de débris, et malgré les dégâts qu'elles ont faits, ces explosions n'étaient pas assez puissantes pour détruire un projectile de taille décente sans laisser de traces -- vous seriez tous morts si ça avait été le cas - et je ne vois rien qui ressemble à des débris ou à des résidus chimiques."

Toutefois, il remarqua quelque chose... quelque chose de familier. Certains meubles de la salle de rédaction étaient assez anciens, en chêne massif ou en bois du même genre... et les pièces montraient des traces de brûlures très similaires aux marques laissées sur les colonnes de l'entrepôt d'où il venait ! Une fois encore, une énorme quantité de chaleur, beaucoup plus importante que celle dégagée par le feu qu'il avait vu quelques minutes plus tôt, avait dû être générée pour consumer ou faire exploser certains des gros morceaux de bois qu'il avait devant les yeux.

Il fronça les sourcils et se dirigea lentement, super sens en alerte, vers le trou béant où se trouvaient auparavant les baies vitrées, pour détecter des signes de ce qui avait détruit l'entrepôt et, s'il avait raison, frappé le Daily Planet.

Le visage de Luthor se tordit en un sourire dément quand Superman émergea des ruines de la salle de rédaction et se dirigea tout droit dans sa ligne de mire. Il ne pouvait pas être mieux placé; cet idiot se tenait droit dans son champ de vision, directement face à lui. Le système de repérage de cibles fit un bruit indiquant que sa détection optique était en marche; avec pertinence, le faisceau était dirigé sur ce "S" rouge et jaune vif célèbre dans le monde entier -- et qui serait bientôt anéanti.

Avec un sourire maléfique, Luthor tourna la poignée qui permettait à son arme de tirer à pleine puissance, son excitation augmentant au bruit du son étouffé venant de l'intérieur du télescope et il regarda une dernière fois son ennemi.

'Le jeu s'arrête ici... et la guerre aussi. *CRÈVE*, Kent !'

Les jumelles, produit d'un développement qui avait pris presque autant d'années à se perfectionner que l'arme en elle-même, étaient précises; le rayon atteignit Clark directement à la poitrine alors qu'il continuait d'examiner les restes des fenêtres de la salle de rédaction. Il eut le souffle coupé et eut l'impression que sa poitrine était en feu -- à part qu'être en feu ne l'aurait pas dérangé, mais *ça*... c'était comme la première fois où il avait été exposé à la Kryptonite !

Il recula de quelques pas, le visage déformé par la douleur. Les autres le remarquèrent et ils auraient accouru pour l'aider s'il n'avait pas crié : "Non ! Restez en arrière !"

Lois resta figée sur place, même si son instinct lui criait d'aller vers son mari. Perry et Jimmy, comprenant un peu à retardement ce qui se passait, essayèrent de passer, mais elle leur bloqua résolument le passage. Pour sa part, Clark était désespéré de garder ses amis -- et, bien sûr, sa *femme* -- loin de lui. Il pouvait sentir la chaleur perçante du torrent d'énergie qui le frappait, mais il était seulement visible avec sa super vision et il savait qu'un être humain ordinaire assez malchanceux pour le croiser serait consumé en un instant. "Restez en arrière..." implora-t-il. "Ce qui a... attaqué le Planet... s'attaque maintenant à *moi*..."

Il grogna et ses yeux se fermèrent tandis qu'il tentait de résister à l'horrible douleur. Il s'effondra à genoux, mais le rayon le suivit et la douleur ne fit que s'étendre aux autres parties de son corps. Lois, ses yeux brillants de larmes empreintes de panique, haletait à la vue de son mari qui s'affaiblissait. Il avait besoin d'aide -- il avait besoin d'*elle*, mais elle ne pouvait pas aller vers lui. Tout ce qu'elle pouvait faire était de regarder l'homme qu'elle aimait se faire consumer par une menace meurtrière et invisible. "Bats-toi, chéri... *Bats-toi !* S'il te plaît, Clark..." soupira-t-elle, d'une voix si douce que personne, à part son Superman, ne pouvait entendre; elle ne pouvait que prier qu'il *puisse* l'entendre.

Ce fut le cas. Il l'entendit et cela lui donna la force de se battre alors qu'il était presque vaincu. 'Allez, Kent -- Lois a besoin de toi ! Ce n'est pas pire que la Kryptonite, alors arrête d'agir comme si c'en était ! Lève-toi et arrête ce calvaire avant que la personne qui est derrière tout ça se fatigue et décide d'essayer son jouet sur une personne plus divertissante -- comme, par exemple, Lois !'

Les yeux terrifiés des quelques personnes restées dans la salle de rédaction virent Superman se tendre visiblement. Chaque muscle de ce corps considéré par un grand nombre comme étant proche de la perfection, voire du type même de l'homme parfait, se tendit, ses veines et ses tendons saillant comme de gros câbles, tandis que l'Homme d'Acier, la mâchoire et le visage pleins de détermination, se relevait lentement. Il fit un pas vers les décombres des fenêtres, puis un autre et encore un autre. Puis il leva la tête, ignorant l'agonie qui le déchirait, concentra son attention sur le rayon que lui seul pouvait voir.

Il décolla, se déplaçant lentement vers le haut en suivant le rayon, le bloquant pour qu'il n'atteigne plus le bâtiment déjà frappé -- ou les personnes se trouvant à l'intérieur -- tandis que sa super vision cherchait et trouvait l'origine de cette attaque... et celui qui en était responsable.

"LUUUTHOOOOOOOORRRRRRRR !!!!!"

A des pâtés de maisons à la ronde, des gens se couvrirent les oreilles alors que le super cri se propageait dans la ville entière. Luthor lui-même vacilla et s'éloigna des jumelles de son arme, surpris malgré lui de la puissance de ce cri -- et de la rage qu'il contenait.

Clark saisit sa chance et "combattit le feu par le feu", laissant déferler un rayon dévastateur de sa vision à infrarouge. Le télescope de Luthor était probablement plus puissant, mais il n'était pas invulnérable. Certaines de ses parties fondirent instantanément et l'appartement résidentiel fut secoué par une explosion. Pas aussi importante que celles qui avaient fait tant de dégâts dans la salle de rédaction du Planet, mais suffisante pour réduire l'arme en bouillie... et en un fragment lumineux.

Avec le rayon détruit, quelques secondes auraient dû suffire à Clark pour que ses pouvoirs incroyables se régénèrent et qu'il se retrouve au sommet de sa super condition... sauf que ce ne fut pas le cas. Il se sentait vidé -- pas impuissant ou quelque chose de ce genre, mais définitivement plus faible que d'habitude et il sentait encore une espèce de picotement dans les parties touchées par le faisceau. Il n'y prêta pas attention; Luthor était allé trop loin cette fois et il allait le conduire devant la Justice ! Il sourit amèrement et quitta le Daily Planet -- en direction de la Tour de la LexCorp.

Derrière lui, Lois resta figée pendant une seconde. Juste une seconde, par contre, parce que le cri de Clark lui indiqua tout ce qu'elle avait besoin de savoir.

'Oh, mon Dieu... *Lex* ! Bien sûr ! Qui d'autre pouvait faire une chose pareille ?' Son esprit, toujours aussi aiguisé, commença à réfléchir à une kyrielle d'autres possibilités, mais elle n'y fit pas attention, elle se retourna et courut vers l'escalier. 'Il faut que j'aille là-bas ! Clark aura peut-être besoin d'aide -- et Henderson ! Henderson doit être mis au courant !'

Heureusement, l'évacuation du bâtiment était presque terminée et il n'y avait plus beaucoup de gens dans l'escalier, car Lois dévala les marches quatre à quatre, elle serait passée avec enthousiasme par-dessus, par-dessous ou même *à travers* n'importe quelle personne qui se serait mise en travers de sa route au mauvais moment. Elle dévala donc l'escalier et se rua par l'entrée principale, une sortie à entrer dans la légende, même au Daily Planet, une institution qui avait vu plus que sa part de telles sorties énergiques.

A l'extérieur, le personnel du Planet était rassemblé autour du bâtiment, tels des badauds qui discutaient comme le font les gens dans ce genre de situation. Les services d'urgence arrivèrent enfin, et une partie de la foule se déplaça sur le côté -- et Lois se précipita dans le passage laissé par les badauds. Elle fut obligée de faire attention quand elle se retrouva face à face avec un camion de pompiers qui roulait lentement et cela retarda un peu sa course (juste assez longtemps pour espérer redevenir Ultra Woman afin de pousser ce fichu véhicule de son chemin), elle le contourna et disparut dans la rue vers sa Jeep.

Un policier en uniforme venait juste de se garer près de sa voiture et la regarda d'une manière peu amicale, une main sur son carnet. Lois ne perdit pas de temps à discuter avec lui, elle attrapa sa radio et la lui colla en pleine figure. Il la lui reprit avec indignation-- ou plutôt, il aurait été indigné s'il avait eu le temps de réfléchir à ce qu'il devait faire. Au lieu de cela, il tenta désespérément de suivre ce que Lois lui disait, elle lui ordonnait d'allumer sa radio et de contacter l'Inspecteur Henderson; de l'avertir que L-- l'homme qu'il devait arrêter -- venait d'attaquer le Daily Planet et qu'il devait être considéré comme armé et extrêmement dangereux; de lui dire que Lane et Kent étaient en route et de surveiller ses arrières; qu'il y avait un nombre incalculable d'ambulances qui essayaient de se rendre au Planet, qu'il ne devrait pas faire ce qu'il s'apprêtait à faire et qu'il ferait mieux de l'aider au lieu de la harceler .

En disant tout cela au pauvre policier, Lois plongea dans la Jeep et grimpa sur le siège du conducteur. Ses dernières paroles -- ou était-ce des *ordres* ?-- furent accompagnées par le ronron du moteur et un crissement de pneus tandis qu'elle appuyait sur l'accélérateur en précipitant sa voiture dans la circulation.

Derrière elle, un policier confus resta là à tenir son micro en se demandant ce qui se passait ? Il avait à peu près suivi ce qu'elle lui avait demandé de faire-- du moins, il savait que cette femme voulait passer un message à Henderson, un Inspecteur du quartier général. Il ne comprenait pas l'histoire sur l'attaque au journal, mais "armé et extrêmement dangereux" était une expression qui réveillait n'importe quel policier. Il décida qu'il ferait mieux de faire cet effort et d'avertir ce central; il espérait simplement que l'Inspecteur comprendrait le sens de ce message, parce que *lui* n'y parvenait certainement pas.

L'inspecteur comprit le sens du message, malgré la forme embrouillée dans laquelle il lui parvint. Il n'était pas journaliste, mais c'était un détective professionnel et ses talents d'enquêteur (à défaut de ceux d'écrivain) auraient pu servir dans n'importe quel bureau de n'importe quel média, même le Daily Planet. Alors il ne lui fut pas trop difficile de comprendre ce que Lane (il pensait que c'était Lane d'après la description qu'on lui avait donnée) avait voulu dire. Il avait entendu l'appel reçu par 911 concernant les explosions au Planet et l'incroyable cri de Superman -- mon Dieu, il avait dû s'entendre jusqu'à Gotham City ! -- alors il ne fallait pas beaucoup d'imagination pour réaliser qu'un avertissement avait été lancé au suspect qu'il s'apprêtait à arrêter et qui était considéré comme armé et dangereux. Cela voulait simplement dire que Luthor avait mis la main sur une nouvelle super arme et que lui et ses hommes se jetaient droit dans la gueule du loup.

Il n'y avait qu'une seule chose à faire et c'est ce que fit Henderson. Appeler la Brigade d'Intervention retarderait l'arrestation du criminel, mais ça valait mieux que de voir ses hommes se faire griller. Si seulement Lane pouvait (ou *voulait*) rester tranquille...

En volant vers l'appartement résidentiel, Clark scanna les environs pour voir si Luthor avait d'autres tours dans son sac, plus particulièrement de couleur verte, mais il ne trouva rien -- pas de boîte ou compartiment recouvert de plomb ni de compartiment secret. Ce qu'il *vit*, par contre, était que l'endroit où vivaient les Luthor semblait désert, et ce depuis un certain temps -- au moins depuis plusieurs jours,.

Où était Beth ? Luthor l'avait-il renvoyée avant de lancer son attaque ? Ça se tenait. Mais Clark se remémora ensuite les paroles d'Owen Preece, et un autre scénario, plus sombre celui-là, lui vint à l'esprit.

Beth avait averti Preece de quelque chose -- certainement que Luthor allait le faire tuer -- et il s'était enfui. Mais il avait été rattrapé et Luthor avait peut-être eu vent de l'avertissement. Si c'était le cas, alors Beth était dans un sérieux pétrin -- si elle était encore en vie; Luthor ne prenait pas à la légère ce qu'il considérait comme de la trahison. Il était aussi possible que Beth ait appris la capture de Preece et qu'elle se soit enfuie ? Le journaliste en lui se posait toutes sortes de questions étranges auxquelles il fallait répondre, mais qui devaient encore attendre. Dans l'immédiat, sa priorité était de s'occuper personnellement de Luthor; le moment venu, il enquêterait sur le destin de Beth après que son assassin de mari soit mis sous les verrous !

Il devait vérifier une dernière chose avant de capturer Luthor -- cet objet étrange qui brillait, qui s'était échappé du "télescope" démantibulé quand il l'avait fait fondre avec sa vision à infrarouge. L'objet était grossièrement sphérique et son revêtement extérieur était fait d'un matériau cristallin inhabituel. Il avait été assemblé avec deux moitiés s'imbriquant l'une dans l'autre, mais le joint entre les pièces de sa carapace, ou encore de son enveloppe, s'était ouvert et c'était de ce joint qu'émanait cette étrange lueur, vert-orangé qui ressemblait vaguement à une mandarine sans sa peau.

Clark n'avait jamais rien vu de pareil, mais le simple fait que cela venait de l'arme dévastatrice de Luthor le rendait potentiellement important -- et dangereux. 'C'est le moment de voir ce que c'est...

'Oh, non... !'

Clark avait ralenti son vol pendant qu'il observait l'objet, mais maintenant il fonçait pour couvrir la distance entre lui et la sphère et il se posa pour la saisir. Pendant une fraction de seconde, il s'arrêta pour examiner le joint avec plus de détails, pour voir comment il fallait la fermer, puis il plaça une main sur chaque demi-sphère et poussa.

Il ne se passa rien. Surpris, il poussa plus fort, mais la sphère lui résista. Il augmenta la pression qu'il appliquait... encore... et encore... et elle ne voulait toujours pas se fermer ! Finalement, Clark appliqua toutes ses forces contre l'étrange cristal, mais il ne réussit toujours pas à fermer le joint entre les deux pièces ! Pire encore, l'énergie émanant de la sphère, d'une certaine manière, l'affectait; il ressentait une irritation -- une sorte de picotement particulier, il imagina que c'était comme la sensation d'un coup de soleil -- partout où le rayon le touchait cette sensation augmentait de plus en plus.

Il réalisa qu'il en était de même pour le rayonnement.

"Coup de soleil" ou non, il *devait* fermer la sphère, alors il ignora l'irritation tout comme il avait totalement ignoré la douleur de l'arme et se concentra. Il réussit tellement bien à se bloquer du reste du monde qu'il sentit à peine l'impact de quelque chose qui venait de le frapper dans le dos et s'était brisé en morceaux.

Quand il comprit, il se retourna et vit Luthor se tenir à quelques mètres de lui, haletant et tenant en mains les restes de la chaise. "Qu'est-ce que vous faites, Luthor ?" lança Superman, "Vous ne voyez pas que je suis en train de sauver votre misérable vie ?"

Luthor laissa échapper un rire aigu, sans prendre le temps de respirer -- ou était-ce un sanglot ? -- qui glaça momentanément le sang de Clark. Il avait rencontré assez de gens aux limites de leurs capacités mentales et physiques pour savoir que ce cri était en fait un avertissement. C'était le cri d'une personne qui s'était trop donnée ou qui avait été trop poussée, beaucoup plus qu'une personne normale. Il y avait de l'hystérie dans ce cri; et de la fatigue, à la fois morale et physique; et, par-dessus tout, plus qu'un brin de folie. Si Clark avait entendu n'importe qui d'autre pousser ce cri, il lui aurait conseillé de consulter, et vite; mais avec Luthor, tout ce qu'il savait était que beaucoup de gens étaient en grand danger et l'homme qui les y avait mis ne raisonnait plus.

"Me sauver la vie ?" hurla presque Luthor, "*Pourquoi* ?!" Il jeta par terre les restes de la chaise et contempla l'Homme d'Acier avec un regard fou et flambant de haine. "Soyez maudit, Kent, vous m'avez pris tout ce à quoi j'ai jamais tenu -- pourquoi me sauver la *vie* ?"

Il sembla remarquer pour la première fois la lueur de la sphère et son regard se déplaça de la sphère aux débris du "télescope"; il le regarda quelques instants sans rien dire, puis commença à errer autour de la pièce et agita furieusement les bras en disant d'une voix tout d'abord pratiquement inaudible, mais qui monta en un cri hystérique.

"Que faut-il faire pour vous tuer, Kent ? Ma cage de Kryptonite n'a pas eu l'effet désiré; le désintégrateur d'atomes n'a pas marché; le disperseur de particules des Press ne valait pas mieux, même quand ils vous ont isolé de la lumière solaire; le gaz à la Kryptonite de l'Armée a tué les autres extra-terrestres, mais pas *vous*; même ma meilleure création, le pulsar d'énergie qui utilise les mêmes fréquences que la Kryptonite, a échoué. *Que faut-il faire ?*"

Superman lui accorda peu d'attention, étant beaucoup plus concerné par la sphère qui se trouvait dans ses mains et par sa lueur qui continuait à s'intensifier. Luthor le remarqua et se résigna. Il commença à jeter avec indifférence tout ce qui était à sa portée au personnage vêtu d'une cape. Des livres, des feuilles, des objets d'art, un humidificateur, même quelques morceaux de son ordinateur; tout ce qu'il pouvait soulever, il le lançait, tout ce qui pouvait être à jeter à la tête de Superman.

Et vu l'effet donné, Luthor aurait pu lui jeter des boules de neige fondues, mais Clark n'avait pas besoin de s'amuser. "Arrêtez, Luthor !" cria-t-il. "Votre précieuse création est en train de générer une explosion nucléaire et je suis la seule personne à pouvoir l'arrêter et l'empêcher de faire tout exploser dans un rayon d'un kilomètre !"

"*Laissez-la faire* !" hurla Luthor, continuant de jeter tout ce qu'il trouvait. "C'est mieux que de vivre dans la pauvreté maintenant que vous m'avez pris tout ce qui m'appartient et que j'aime ! Espèce de voleur..."

Clark ne lui laissa pas la chance de terminer sa phrase; il ne savait pas de quoi parlait cet homme dérangé, mais le danger de la sphère était plus important que ses accusations. Il appuya un morceau de la sphère contre son corps pour maintenir la pression sur l'autre moitié avec son autre main, il se mit à courir en super vitesse, évitant les projectiles aussi insignifiants qu'ils pouvaient l'être. Arrivé près de Luthor, il leva son bras libre, presque sans effort et lui donna de son index une pichenette sur le menton. Lex fut projeté en l'air dans la pièce en faisant une espèce de saut périlleux arrière avant d'atterrir lourdement sur le canapé, sonné.

'Hmmm...' pensa Clark, malgré tout amusé, 'Ça marche encore mieux que la fois où j'ai fait la même chose sur un des boxeurs androïdes de Sam.'

Il ne s'attarda pas, revenant au problème de la sphère. Malgré tous ses efforts, le joint entre les deux parties ne se rétrécissait pas et la lueur continuait à s'accentuer. Sa radiation elle aussi s'accentuait, le picotement original sur sa peau commençait maintenant à le brûler.

'Reconnais tes limites, Kent,' pensa-t-il. 'Luthor a dit que cette chose utilisait les mêmes fréquences que la Kryptonite; c'est certainement la raison pour laquelle elle t'affecte. Et tu vas t'affaiblir; si tu ne parviens pas à la fermer, débarrasse-t'en !'

Après avoir considéré cela, aucun autre choix ne s'offrait à lui. Clark se tourna vers le balcon, prêt à faire voler son chargement menaçant dans l'espace où il se détruirait de lui-même en toute sécurité...

...mis à part qu'il ne parvint pas à s'envoler !

'Oh, mon Dieu... Je ne peux pas voler ! Cette radiation doit annihiler mes pouvoirs comme le fait la Kryptonite. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?'

Tout ce à quoi Clark parvenait à penser était qu'il devait fermer la sphère, ou des milliers -- même des *millions* -- de gens allaient mourir… mais sa super force le quitta. Avant de disparaître...

Ailleurs que dans l'appartement résidentiel, la journée de travail était normale dans la Tour de la LexCorp. Il y avait une tension inévitable dans le secteur et peut-être quelques absences de plus qu'à l'habitude, mais il fallait s'y attendre avec l'incertitude actuelle entourant l'avenir de la compagnie. En tout cas, si les employés voulaient que leur salaire arrive comme à l'habitude, ils devaient être à leurs bureaux, bancs ou comptoirs, en train de travailler.

Et c'est ce qu'ils faisaient quand la paix relative de la journée fut interrompue par un bruit sourd venant du dessus. La plupart d'entre eux l'ignorèrent, mais ceux dont le travail était de s'occuper de ce genre de choses vérifièrent immédiatement les systèmes d'alarme et les caméras, mais ne détectèrent rien de particulier -- pas de feu, pas de fumée et aucun intrus. Il n'y avait rien de visible non plus à l'extérieur du bâtiment.

Un membre de la Sécurité, qui n'était pas à la LexCorp depuis longtemps, voulut demander à l'appartement résidentiel l'autorisation de regarder les cassettes des caméras qui se trouvaient là-haut, mais fut fermement retenu par son supérieur. Le Patron n'apprécierait *pas* d'être interrompu "sans raison valable" dans un moment comme celui-ci, particulièrement parce que sa secrétaire (qui travaillait à des heures tardives ces derniers temps -- sans doute en raison de ce qui se passait en Haut Lieu) ne devait pas arriver avant une heure. De toute façon, il n'était même pas certain, d'après l'affichage du tableau, que les caméras de l'appartement étaient allumées ? Le Patron faisait parfois cela quand il voulait être tranquille. Il fallait oublier l'appartement; si quelque chose se passait *là-haut*, M. L. leur ferait savoir assez vite.

Le calme s'installa à nouveau sur la Tour, mais pas très longtemps. Il fut brisé une seconde fois quand l'alarme d'évacuation du bâtiment retentit.

A chaque étage, les gens se regardaient avec une consternation étonnée. Ils avaient déjà tous entendu l'alarme, quand ils avaient commencé à travailler à la Tour et quand elle était régulièrement testée, mais était-ce réel ? Et si oui, qu'est-ce qui l'avait déclenchée ?

Les membres du personnel du poste de Sécurité n'en savaient pas davantage, mais ils savaient qu'il ne s'agissait pas d'un exercice imprévu ou de quelque chose de ce genre, et que, bien qu'ils ne pouvaient déterminer ce qui avait déclenché l'alarme, l'ordinateur indiquait que c'était une urgence Code Rouge, le niveau le plus haut dans le système et qu'il était presque impossible de le mettre en marche accidentellement. Ils essayèrent de contacter l'appartement, mais le Patron ne répondait pas.

Le chef de la sécurité qui avait dit au nouveau de ne pas appeler l'appartement paraissait maintenant malade, mais il ne perdit pas de temps à s'appesantir sur son erreur -- si c'était une erreur. Peu importe ce qui se passait Là-Haut, il pouvait s'agir d'une véritable alarme, ce qui signifiait que son travail était de faire évacuer les gens par mesure de sécurité. Personne ne savait exactement ce qui se passait, mais il valait mieux prendre le risque d'interrompre une journée de travail plutôt que de laisser des gens être blessés parce qu'il n'avait *rien* fait. Il se mit à la recherche d'un micro et alluma les haut-parleurs.

"Votre attention, s'il vous plaît. Ceci n'est pas. Je répète, ceci n'est *pas* un exercice. S'il vous plaît, évacuez le bâtiment dans le calme et procédez au rassemblement au point indiqué sur le panneau se trouvant dans le bureau où vous vous trouvez. Les personnes du quinzième étage et des étages inférieurs doivent utiliser les escaliers; les personnes se trouvant au niveau seize ou plus haut peuvent prendre les ascenseurs. Ce sera tout."

Les haut-parleurs étaient opérationnels et, naturellement, à plein volume, et quelques employés furent surpris que l'annonce se termine dans un bruit assez particulier, une sorte de crissement suivi d'un cri perçant -- et certaines des personnes les plus imaginatives dirent que ça leur donnait la chair de poule car le bruit ressemblait à un rire démentiel.

Par contre, ils l'oublièrent vite car ils étaient pressés de partir. La LexCorp, comme toutes les grandes compagnies, devait, comme le voulait la loi, avoir des plans détaillés et facilement compréhensibles pour faire face à des situations comme celle-ci et devait faire régulièrement des exercices pour que les employés s'habituent aux procédures correctes. C'était le cas ici et les plans et les exercices eurent l'effet escompté -- en grande majorité, du moins.

Malheureusement, une minorité de personnes, dans n'importe quelle situation stressante, ont tendance à exagérer, et la population de la Tour, plus importante que celle de certains petits pays, avait son lot d'hurluberlus. Ajoutez à cela un système d'alarme qui hurlait à tue-tête comme des klaxons de voitures, les lumières aveuglantes et l'excitation bien réelle d'une *véritable* évacuation au lieu d'un exercice, et ce fut suffisant pour provoquer la panique qui commença avec une poignée de personnes, mais qui se propagea comme un feu de brousse à travers la foule sans raison valable, amenant le chaos là où devait régner l'ordre. Ce qui avait commencé comme une évacuation calme, voire légèrement nerveuse, dégénéra rapidement avec des groupes de gens se battant pour sortir du bâtiment avant que n'apparaisse une menace qu'ils ne connaissaient même pas.

Au beau milieu de cette panique et de ce bruit, Lois se fraya un chemin dans le hall de la Tour, combattant la foule agitée du personnel se démenant pour parvenir à la sortie. Deux vigiles lui bloquèrent le passage; elle tenta de les éviter, mais l'un d'eux l'attrapa par le bras, en voyant qu'elle n'avait même pas de carte de visiteur il se mit à crier et à lui donner des ordres, lui indiquant la direction d'où elle était venue.

'Je n'ai pas de *temps* pour ça !' cria-t-elle en son for intérieur. Ces deux clowns n'allaient certainement pas l'aider et elle *devait* passer, alors elle n'avait aucune raison d'être subtile. Le type qui la tenait reçut un vif coup de genou à l'endroit le plus sensible de son anatomie. Quand il commença à se plier en deux, elle lui donna un coup sur le poignet de sa main libre et le fit lâcher prise. Un coup à la tempe des deux mains l'envoya s'effondrer de l'autre côté de la pièce. Il entra en collision avec son collègue, le faisant basculer et l'envoyant contre le mur quand il s'écroula.

Lois n'attendit pas de voir si l'un deux allait se relever. Elle se retourna et plongea dans le groupe d'employés qui la regardaient et à qui les vigiles avaient bloqué le chemin vers la sortie, puis elle tourna dans le couloir menant à l'ascenseur de l'appartement. Un ou deux hommes se trouvant à l'arrière du groupe des personnes qui sortaient -- et qui n'avaient pas pu voir grand-chose de ce qui s'était passé -- tentèrent de manière plus ou moins convaincante de la retenir, mais un seul coup d'œil à la fureur sur son visage et aux flammes de son regard leur fit garder leurs mains où elles étaient.

En courant vers l'ascenseur, elle jeta un œil dans les bureaux devant lesquels elle passait, tout en criant le nom de Superman à s'en déchirer la voix en essayant désespérément de se faire entendre par-delà le bruit des alarmes. Mais personne ne lui répondait, et l'ascenseur menant à l'appartement, providentiellement ouvert, l'attendait, mais il était vide, il ne lui restait plus qu'à s'inquiéter en attendant qu'il la conduise au dernier étage du bâtiment. Où *était-il* ? Et où était Lex ? Pourquoi donc cette évacuation ? Que se passait-il ? *Où était Clark* ?

Plus bas, au rez-de-chaussée, les contrôles du système des ascenseurs s'étaient mis en mode "Verrouillage" et un son étrange à peine audible derrière le bruit des klaxons se fit entendre -- un éclat de rire ?

Les vigiles réussirent finalement à se remettre sur pieds. Il leur fallut un certain temps car ils étaient constamment poussés par les autres membres du personnel, ceux pour qui le seul intérêt était de sortir du bâtiment et de s'en éloigner le plus possible. Quand ils furent *enfin* debout, ils cherchèrent la femme qui venait de les envoyer au tapis, mais ne la trouvèrent nulle part. En fait, le hall était vide, tous les gens, à part eux, ayant fait ce qu'on leur avait dit de faire -- ils étaient sortis, voilà tout.

Malgré leur plus grand désir de sortir à leur tour, les deux hommes coururent pour poursuivre leur assaillante. Cependant, ils avaient trop tardé et elle était partie depuis longtemps. Une question demeurait : où était-elle allée ? Nulle part, à ce qu'ils pouvaient voir, à moins qu'elle ne se soit cachée dans l'un des bureaux.

Elle n'avait sûrement pas pris l'ascenseur menant à l'appartement résidentiel; il était verrouillé, comme toujours quand le Patron était chez lui et seul quelqu'un avec un grade de haut niveau pouvait l'utiliser.

Les deux hommes se regardèrent, réfléchissant silencieusement malgré les lumières clignotantes et les klaxons bruyants. Tous deux pensaient la même chose : 'Cet endroit pouvait sauter à n'importe quel moment. Est-ce que ça valait le coup de risquer de se faire tuer pour une cinglée -- et qui venait de les attaquer, en plus ?' Il ne leur fallut pas longtemps pour en arriver à la conclusion évidente : 'Non...' Ils se retournèrent et coururent vers la sortie. Cette "cinglée" n'avait qu'à se débrouiller toute seule.

Lois sauta de l'ascenseur en arrivant à l'étage de l'appartement résidentiel et se retrouva face à une lumière surnaturelle venant de la pièce au bout du couloir -- le bureau. Elle s'arrêta un instant. Au fond d'elle-même, elle le savait -- c'était *là* que Clark se trouvait. Mais qu'est-ce qui pouvait bien provoquer cette lueur étrange ?

Elle se précipita dans le couloir désert et ouvrit violemment la porte en haletant, en découvrant quelque chose d'étrange. La lueur provenait d'une boule lumineuse de couleur vert-orangé d'environ 30 centimètres de diamètre, qui exposait la pièce entière à un rayon surnaturel et presque aveuglant. Superman la tenait dans ses mains et il semblait avoir de la difficulté à la retenir, en quelque sorte. Son visage était déformé par l'effort, comme s'il déployait toute sa force et il... *transpirait* ?

"Cl-- Superman !" cria-t-elle. "Que se passe-t-il ? Quelle est *cette* chose ? Que faites-vous ?"

"Lois !" cria-t-il, effrayé. Il se redressa abasourdi, et son regard terrifié se posa sur elle une seconde, puis il se concentra à nouveau très vite sur la chose qu'il tenait. Pendant la fraction de seconde où il l'avait regardée dans les yeux, la lueur émanant de la boule de feu avait augmenté et il grimaçait de la même façon que lorsqu'elle était entrée -- mais maintenant, Lois pensait détecter les signes d'un début de... désespoir ?

"Qu'y a-t-il, Clark ?" demanda-t-elle, en traversant lentement la pièce pour se diriger vers lui. Tous ses sens étaient en alerte et ses pensées soudain remplies de peur, mais elle était déterminée à ne pas le montrer. Il ne leva plus les yeux, probablement pour éviter une répétition de ce qui venait de se passer, ce qu'elle comprit. Il ne répondit pas et lui tourna le dos... et *cela* l'effraya.

"Clark..." appela-t-elle doucement, "Que se passe-t-il ? Chéri, *s'il te plaît*... parle-moi."

Elle était maintenant tout près de lui et elle posa la main sur son épaule avant d'essayer de se tourner vers lui pour le regarder. Son geste ne le fit pas réagir, mais dès qu'elle se trouva sur le côté, il pivota pour lui tourner le dos ne lui montrant que sa cape au blason doré. Elle recula d'un pas avec surprise, ne s'attendant pas à cela, malgré son geste de recul précédent. Ce nouvel avertissement fut toutefois de courte durée, quand il parvint à murmurer, "Lois... reste derrière moi, *s'il te plaît*..."

Elle poussa un soupir de soulagement; il avait une *raison* de la "rejeter" -- bien sûr, qu'il en avait une ! Comment avait-elle pu penser autrement ? Elle avait toujours besoin de savoir ce qui se passait et surtout ce qu'était cette boule de feu et pourquoi il était si inquiet, mais elle resta silencieuse, sachant qu'il l'avait entendue, mais qu'il devait prendre son temps pour lui répondre.

Et enfin, il lui répondit, même si chaque mot sortant de sa bouche semblait lui être arraché, comme s'il faisait un effort immense pour parler -- ce qui, se dit-elle, était plutôt le cas.

"Lois... s'il te plaît," dit-il d'une voix rauque, "Il faut que tu sortes d'ici... vite !"

"Pourquoi ?" cria-t-elle. "Pourquoi ?"

"Cette... chose... que je tiens... est… une partie... de l'arme dont Luthor s'est servi pour attaquer le Planet... C'est comme... le désintégrateur d'atomes… mais en pire. Je... l'ai détruite... mais l'enveloppe... du générateur de champ... a éclaté. Il y a une... réaction en chaîne qui s'est produite... là-dedans... et quand elle atteindra... un seuil critique... le générateur... explosera..."

"Alors, débarrasse-t'en !" cria Lois, ne comprenant toujours pas.

"Je ne... peux pas. Luthor... a conçu ce pulsar... pour me tuer. Ses... radiations... sont identiques à celles de la Kryptonite... et me volent... mes pouvoirs. Je ne... peux pas voler... et je perds peu à peu... ma force et mon invulnérabilité."

Lois était horrifiée et Clark fit de son mieux pour la regarder sans l'exposer aux radiations de la sphère. "Lois... *s'il te plaît*... tu dois *sortir* d'ici ! Je suis la seule raison... pour laquelle cette chose n'a pas encore... explosé... et je ne sais pas... combien de temps... je peux maintenir… les pièces... ensemble. Quand elle explosera… elle va détruire... ce bâtiment... et la plupart des immeubles voisins. Va... va au Planet -- ce... ce sera suffisamment loin. Tu... y seras en sécurité.

"Lois -- *vas-y*, s'il te plaît ! Je vais m'arranger... pour que cette chose reste stable... aussi longtemps... que je le pourrai... mais tu dois y aller... *tout de suite* ! Préviens... tout le monde. Fais en sorte que Laura se... rappelle de moi et dis-lui... que je l'aime... et n'oublie jamais... que je... t'aimerai…toujours... *Lois*..."

Il se tut, sa force de concentration et son corps essayant de repousser le désastre imminent le plus longtemps qu'il le pouvait, afin qu'elle -- sa femme, son amie, son amour, son âme sœur -- puisse s'échapper et survivre. Lois restait là à le regarder fixement, il lui fallut un moment avant de comprendre l'ampleur de la tragédie à laquelle elle assistait.

'Non... ça *ne peut pas* arriver. Pas à Clark. Je ne peux pas le perdre comme ça... pas si tôt !'

Mais elle risquait de le perdre -- et elle *était en train* de le perdre ! Elle devait partir -- pour le bien de Laura -- et il allait rester... et *mourir*, afin qu'elle et tous ceux qu'elle allait avertir puissent avoir la chance de vivre. Parce qu'il le devait; parce qu'il était un héros; parce qu'il était *Clark*...

Lois étouffa un sanglot venant du plus profond de son être et se précipita vers lui. Elle se moquait des radiations; elle n'allait *pas* le laisser là sans avoir une dernière chance de le tenir dans ses bras -- une dernière étreinte dont elle se souviendrait pour le reste de sa vie. Comment pourrait-elle oublier cette étreinte qui serait la seule chose à la soutenir pendant les longues années de solitude qu'elle allait vivre ? Elle l'entoura de ses bras dans la plus féroce, la plus frénétique étreinte dont elle était capable. Elle ferma les yeux et son visage fut secoué de sanglots douloureux tandis qu'elle se serrait contre lui, essayant désespérément d'oublier, pendant quelques éphémères secondes, qu'elle allait devoir le laisser... le laisser mourir.

La voix de Clark s'était peu à peu affaiblie et avait complètement disparu, et elle ne s'attendait pas à l'entendre à nouveau, elle fut donc surprise quand il lui dit calmement d'un air étonné, mais avec toute la force silencieuse qu'elle connaissait et qu'elle attendait de lui, "Lois... qu'est-ce que tu fais ?"

Lois ne répondit pas -- elle ne *pouvait* pas répondre, mais elle leva la tête, les yeux pleins de larmes à ces mots inattendus, mais interrogateurs. "C'est sans importance" poursuivit-il, la voix calme et confiante, "Continue... continue, d'accord ? Ne t'arrête pas."

Lois était complètement stupéfaite de ce changement d'attitude et elle n'avait aucune idée de ce qu'elle était supposée faire, mais ne pas lâcher Clark était une chose qu'elle pensait pouvoir faire, même quand il se releva de sa posture courbée, pour se tenir droit et sur toute sa hauteur, de la façon dont Métropolis -- dont le *Monde* -- avait l'habitude de le voir. Elle ne savait pas ce que cela signifiait et ne se laissa pas gagner par l'espoir, et elle fit le vide dans son esprit et se concentra sur le corps bien-aimé de Clark pressé tout contre le sien; sur la douce sensation de sa cape et le subtil changement de texture de son blason; la force fantastique de sa musculature extra-terrestre, mais à la fois si humaine et le contrôle tranquille et incroyable avec lequel il en usait -- cette force qui, à sa grande surprise, semblait grandir et grandir au fur et à mesure qu'elle le serrait.

Elle était encore derrière lui et elle ne parvenait pas à voir ce qui arrivait à la boule de feu, mais elle *savait*, en quelque sorte, qu'il était en train de parvenir à combattre les forces qui l'avaient défié. Elle ne savait ni pourquoi ni comment, mais elle *sentait* que les deux moitiés de la sphère s'emboîtaient, et ainsi, l'intensité du feu se trouvant à l'intérieur mourir tandis qu'elles se refermaient.

Malgré sa peur, l'espoir de Lois revint. Il était sur le point d'y parvenir ! Clark-- *Superman* ! -- était en train de gagner cette bataille. Il allait sauver la ville -- il allait *vivre* !

Lois venait de fermer ses yeux pour se concentrer sur ces sensations extraordinaires, mais elle les ouvrit juste à temps pour voir la lueur vert-orangé diminuer d'intensité et mourir. Superman relâcha sa prise sur le globe de cristal, déplaçant ses mains afin que les deux parties ne soient séparées que par quelques millimètres dans l'attente de la réapparition de la boule de feu... mais il ne se passa rien. L'horrible boule d'énergie avait disparu, réduite à néant par l'Homme d'Acier.

Il se détendit et poussa un profond soupir de soulagement. Lois attendit quelques secondes, puis le tourna doucement vers elle et elle l'entoura de ses bras, mais cette fois plus joyeusement, et elle couvrit sa bouche de la sienne.

Un long et glorieux instant plus tard, elle cessa de l'embrasser (*et* prit le temps de reprendre son souffle) pour lui dire sur un ton joyeux : "Tu as *réussi*, Clark ! Tu as réussi !"

"*On* a réussi, chérie. Je ne sais pas comment ni pourquoi, mais quand tu m'as touché... c'était comme si je me rechargeais. Toute ma force, toute l'énergie que j'avais dépensée, mon combat pour garder la sphère en un seul morceau, m'est revenue et je *savais* que j'étais capable de la fermer. Après cela, c'était simple. Il m'a fallu beaucoup d'efforts, mais je n'étais pas inquiet. Avec toi qui me tenais... il fallait simplement terminer le travail. Et on a réussi."

Lois le contempla, surprise par ses mots. Elle savait qu'il croyait vraiment ce qu'il disait, mais elle n'avait pas la moindre idée de la manière dont elle avait pu l'aider. Elle voulait simplement le serrer une dernière fois, mais il avait l'air de penser qu'elle avait sauvé la planète -- d'une certaine manière.

"Clark... Je n'ai rien fait. Je ne pouvais pas... te quitter." Puis elle sourit, l'espièglerie faisant place à la perplexité. "Autant dire que je ne pouvais pas le faire, n'est-ce pas ?"

Clark lui sourit en retour -- un sourire contrit et forcé. Lois avait fait la *bonne* mauvaise chose. Il lui avait demandé de partir avant qu'ils ne soient tués tous les deux; au lieu de cela, elle avait risqué un empoisonnement par radiations pour lui montrer son amour -- et en faisant cela, elle les avait sauvés tous les deux *et* une grande partie de Métropolis. Elle ne lui permettrait jamais d'oublier ce moment...

Pendant ce temps, Lois fronçait les sourcils, elle réfléchissait, essayant de comprendre comment elle avait "aidé" Clark. Après quelques instants, une idée la frappa; elle pencha la tête sur le côté et Clark parvint presque à suivre le fil de ses pensées. "Hmmm... peut-être que mon corps a conservé une partie de tes pouvoirs -- pas beaucoup, juste assez pour faire la différence -- quand ton esprit était dans mon corps. Ou *mon* esprit en a transféré une partie quand on a repris nos corps. Ou peut-être que j'avais depuis tout ce temps un peu des pouvoirs d'Ultra Woman, mais que je n'en avais jamais eu besoin avant cela -- parce que nous n'avons jamais su si la Kryptonite pouvait m'affecter. Ou peut-être..."

Clark hocha la tête avec un grand sourire et arrêta son torrent de spéculations avec un baiser léger, long et plein d'amour. "Je me moque de savoir d'où t'est venue cette force supplémentaire," murmura-t-il quand leurs lèvres se séparèrent enfin, "Ce qui est important c'est qu'il a fallu que nous soyons tous les deux pour sauver la ville. Je n'aurais jamais pu le faire tout seul, mais avec toi..."

Il n'en dit pas davantage, il n'en avait pas besoin. Leurs lèvres se touchèrent et c'était tout ce dont ils avaient besoin à cet instant, ils étaient ensemble.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1999.