
Saison 6, Episode 8
Première partie
Écrit par Sheila Harper
Version française de

Traduction Hypérion

INTRO
"Mais, M. Gendell--!"
Grant Gendell ferma le classeur ouvert sur son bureau. "Je pense que c'est raisonnable, Dr Trifyllis. J'ai été patient pendant trois ans car je crois que ce genre de recherches est important. Mais il n'y a aucune raison de jeter l'argent par les fenêtres. Si vous ne pouvez m'apporter la preuve que ce procédé est possible, je ne vais pas suivre une impasse dans ces recherches plus longtemps. Je peux me servir de cet argent pour aider, à l'ancienne, le transfert de la connaissance. Il existe des programmes d'alphabétisation et de soutien dans tout Métropolis qui auraient besoin de cette aide."
"M. Gendell, ce n'est pas quelque chose qui arrive du jour au lendemain--" protesta Nick Trifyllis désespérément, repoussant ses lunettes sur son nez. Il se jucha sur la chaise visiteur devant le bureau de chêne massif de Gendell, le corps tendu et les mains sur les genoux.
"Trois ans ce n'est pas du jour au lendemain. Je m'arrêterai à votre laboratoire demain--" il regarda son agenda--"vers une heure et demie."
"Mais M. Gendell--!"
"Au revoir, Dr Tryfillis. A demain."

"Et que penses-tu que nous devrions manger pour le dîner ?" demanda Clark Kent à sa fille de neuf mois. Laura était assise confortablement sur le bras musclé de son père et tous deux regardaient dans le réfrigérateur. "Hmmm… poulet, poivrons, oignons… Qu'en penses-tu, ma poupée ? Fajitas au poulet ? Ou peut-être -- du poulet sauce aigre-douce ?"
Il prit les poivrons rouges et jaunes dans sa grande main et le bébé tendit les mains vers les légumes éclatants et colorés en babillant et en criant. Clark se mit à rire et posa les poivrons sur le plan de travail, hors de portée de sa fille désappointée. Sans se décourager, elle se pencha pour les attraper, comptant sur son père pour l'empêcher de tomber. Il la rattrapa de son autre main et la tira en arrière contre son épaule. "Je sais, je sais," lui dit-il quand elle se mit à pleurer. "Ils ressemblent exactement à tes anneaux en plastique. Peut-être que Maman pourrait te les apporter," ajouta-t-il avec espoir, alors que Lois Lane entrait dans la cuisine, mince et belle, même en jean et en tee-shirt sans manches.
"Apporter quoi ?" demanda-t-elle en tendant les bras pour embrasser son mari avec une intensité de mauvaise augure pour que le dîner soit bientôt prêt.
"Mmm," murmura-t-il, lâchant Laura d'une main pour capturer la nuque de Lois en glissant ses doigts dans ses cheveux noirs. Il eut l'air un peu étourdi quand elle se recula et il avait complètement oublié sa question. "C'était pourquoi ?"
"Juste un avant-goût de ce que j'ai prévu pour le dessert." Elle eut un petit rire étouffé et tapa sa hanche contre celle de Clark; puis elle se tourna vers sa fille qui lui tendait les bras et son sourire s'adoucit en caressant la douce joue de l'enfant. "Hé, mon cœur. Que voulais-tu que j'apporte ?" demanda-t-elle à Clark.
Il lui tendit Laura; puis il sortit le poulet et les oignons du réfrigérateur et ferma la porte. "Ses anneaux en plastique," répondit-il. "Elle est en colère parce qu'elle veut jouer avec les poivrons, mais j'en ai besoin pour le dîner."
"Allons chercher tes jouets," dit Lois à Laura, faisant sauter le bébé sur sa hanche en sortant de la cuisine.
En super vitesse, Clark désossa le poulet et coupa les morceaux tandis que la voix de Lois lui parvenait du salon. "Je ne comprends pas, Clark. Le seul lien que nous ayons pu faire entre les victimes -- où sont donc tes jouets, mon trésor ?-- c'est que huit d'entre elles ont acheté une partie de la collection de Lex, que ce soit pendant la vente de ses biens il y a quatre ans ou dans des ventes privées--"
"--et" lui rappela-t-il, haussant la voix pour qu'elle l'entende de l'autre côté de la porte fermée, "ces pièces sont maintenant revenues en possession de Luthor."
"Vrai, mais qu'est-ce que ça a à voir avec les quinze autres victimes ? Je commence à me demander s'il y a vraiment un rapport avec Lex -- oh, voilà, ils sont là, chérie. Je me demande comment ils sont arrivés là-dessous ?-- ou si cette histoire de collection est une coïncidence," conclut-elle, poussant les portes battantes de la cuisine.
Le poulet grésillait déjà dans un plat, il avait terminé de couper les piments et les oignons et il mixait le jus d'ananas et le vinaigre pour la sauce aigre-douce. Clark jeta un œil par dessus son épaule et vit Lois et Laura par terre avec les anneaux et leur axe ainsi qu'avec un ours en peluche et les clefs de plastique qu'elle avait ramassé en route. Sa femme continuait à parler de mille choses à la fois et son habileté à rester concentrée sur des sujets différents l'amusait et l'étonnait. "Honnêtement, chérie," dit-il, "Je ne laisse pas tomber Luthor. Je suis sûr qu'il y a un rapport." On ne l'a pas encore trouvé. . . Mais je ne vais pas laisser tomber."
Elle leva les yeux et le corrigea, "Nous n'allons pas laisser tomber."
Il sourit. Malgré un mois d'enquête intense, ils n'étaient pas parvenus à établir le moindre rapport avec Luthor et Lois commençait à se demander si Luthor avait vraiment un rapport avec ces meurtres. Mais elle le soutenait tout de même. Mon Dieu, il l'adorait. "Nous n'allons pas laisser tomber," répéta-t-il.

Quelques centaines de mètres plus loin, dans l'appartement résidentiel du dernier étage de la Tour Luthor, les illuminations de Métropolis brillaient tandis que la lueur du jour se dissipait. Lex Luthor regardait la ville du balcon de son bureau, les mains enfouies dans les poches de son pantalon de smoking, totalement indifférent à ce que sa posture pouvait faire à son élégant smoking. Au début où il s'était installé dans son appartement, il s'était réjoui à la pensée que toute la ville soit obligée de lever les yeux pour le voir. C'était là l'expression visuelle de son statut à Métropolis.
Mais maintenant… Maintenant cela accentuait seulement sa solitude. Il était marié, président d'une multinationale, il avait retrouvé sa position précédente dans la communauté et pourtant… il ne s'était jamais senti aussi seul, aussi peu maître de la situation, comme si son pouvoir s'estompait peu à peu. Depuis des mois, des fuites et des accidents empoisonnaient ses projets, plus ennuyeux que ruineux, et depuis la catastrophe de l'immeuble du Dexter et le contrat d'assurances incomplet, il était certain que quelqu'un -- probablement dans son organisation -- sabotait ses affaires.
Mais il n'arrivait pas à trouver de qui il s'agissait. Si Kent ne s'était pas continuellement révélé être enchaîné à son code d'éthique, Lex aurait pu le soupçonner d'utiliser sans scrupule ses pouvoirs. Plutôt que de s'occuper de l'envahissant super héros, Lex avait commencé à garder un œil sur Enrico, son bras droit et la seule personne à la LexCorp en connaissant assez et ayant suffisamment d'autorité pour être un saboteur potentiel. Le nom d'Asabi lui avait brièvement traversé l'esprit, mais il s'était vite débarrassé de cette pensée. Son vieil assistant avait à maintes reprises prouvé sa loyauté.
"Lex ?" Il entendit la douce voix de sa femme l'appeler. "Le dîner est prêt."
Un autre des spectaculaires dîners de son chef; puis la première d'Aïda à l'Opéra de Métropolis. Et s'il existait quelque justice en ce monde, il aurait de bonnes nouvelles de ce nouveau projet qui pourrait le transformer en l'homme le plus puissant du monde. "J'arrive, Beth," répondit-il et il se détourna des lumières de la ville.
FIN DE L'INTRO

ACTE 1
L'enseigne bleue au néon de la vitrine du magasin se perdait parmi les lumières plus éclatantes de la rue, mais Nick n'avait pas besoin de repère pour trouver son chemin vers la Maison de l'Astrologie. Il ouvrit la porte qu'il connaissait bien et s'arrêta un instant pour laisser la faible odeur d'encens le calmer et le détendre. Mais ça ne l'aidait pas. Son cœur battait la chamade comme au rendez-vous de cet après-midi avec M. Gendell.
Dix années de sa vie, bon sang. Depuis sa thèse, il travaillait sur le moyen de transférer la connaissance directement d'un esprit à un autre et il était certain d'être sur le point de faire une découverte. Mais s'il ne parvenait pas à trouver le moyen de convaincre Gendell que ses progrès avançaient, il allait devoir abandonner son rêve d'aider les élèves lents, les phobiques des Maths et les ignorants à comprendre les choses qui pour lui et ceux qui lui ressemblaient, étaient si simples.
Seigneur, ce n'était pas juste. Les gens qui travaillaient sur certains projets, comme tuer d'autres personnes, ne paraissaient pas avoir de difficultés à trouver des fonds. Pourquoi ce flot d'argent ne pouvait-il pas aider les recherches à améliorer la condition humaine ?
Nick se mordit la lèvre. Venir ici était ridicule. Que pouvait-il attendre d'Asabi ? Etendre sur lui une main magique et annuler tous les résultats négatifs -- ces échecs qui élimineraient les perspectives conduisant à des impasses -- les rendant positifs ? Il commençait à faire demi-tour quand un mouvement retint son attention.
Le mage Indien apparut soudain du fond de la boutique comme s'il s'était matérialisé. Les cheveux noirs plaqués en arrière, la tête levée, les mains jointes avec déférence, Asabi n'avait pas l'air de l'homme d'affaires perspicace qu'il était, même s'il était un bon ami du chercheur fauché qui ne lui apporterait rien en retour. Nick s'était déjà attardé à boire une tasse de Lap Sang Soo Chang dans la salle qu'Asabi avait ajoutée à son échoppe l'année précédente. C'est là qu'il avait lu les livres les plus ésotériques de la boutique, cherchant quelque chose pouvant lui donner des indices sur les univers psychiques et physiques étroitement liés.
"Nick, vous êtes soucieux," le salua Asabi. "Vos recherches ne se passent pas bien ?"
Peu importait le nombre de fois où Nick s'était dit que cet homme se contentait seulement de lire son langage corporel et d'en tirer des suppositions -- peut-être avait-il vraiment besoin de se sentir exister en dehors de son travail -- les réflexions d'Asabi lui donnaient toujours le frisson. "Pas pire que d'habitude. Mais M. Gendell veut la preuve -- demain -- que ce transfert de connaissances est possible ou ce sera la fin des subventions pour le programme." Il hocha la tête de désespoir et se passa la main dans les cheveux. "C'est terminé. Tout ce pourquoi j'ai travaillé est fini."
"Mais vous n'avez qu'à lui montrer ce que vous avez fait."
"Un transfert de moins d'une seconde ? Trop court pour mesurer ou même prouver que c'est réellement arrivé. Ce n'est pas une preuve."
Le mage le regarda un long moment. "Demain, vous devez seulement lui montrer la preuve que ce transfert peut se produire ?"
" 'Seulement' " répéta Nick avec une pointe d'ironie. "J'ai plus de chance de gagner à la loterie."
Asabi se dirigea vers une étagère et prit un petit coffret en bois. "Vous passez le rayon à travers un rubis, n'est-ce pas ?"
"Oui."
Il ouvrit le coffret dans lequel se trouvait un cristal blanc en forme de pyramide. "Essayez de passer ce rayon à travers la pierre Zélig."
Pour la première fois depuis qu'il était entré dans la boutique, Nick sentit l'ombre d'un espoir. "Quoi ?"
"La pierre Zélig ne transférera pas l'information d'un cerveau vers un autre comme vous le désirez," expliqua Asabi avec son léger accent Indien, "mais elle prouvera à votre M. Gendell que le transfert est possible."
"Comment ? Qu'est-ce que ça fait ?"
Nick tendit la main vers la pierre, mais le mage recula et quand il répondit, il ignora la question du jeune homme. "Nick, cette pierre a un pouvoir, un pouvoir dangereux. Ne laissez personne y toucher. Installez-la dans votre machine à la place du rubis et tentez l'expérience sur vos animaux de laboratoire. Quand votre M. Gendell aura vu et approuvé votre travail et que vous serez seul, enlevez la pierre et ramenez-la moi." Il ferma le coffret. "Vous comprenez ? Si vous vous servez de la pierre pour autre chose, elle peut vous détruire. Mais elle vous donnera le temps dont vous avez besoin pour développer votre projet."
Nick regarda le coffret, partagé entre la curiosité et l'horreur. "Qu'est-ce qu'elle fait ?" répéta-t-il.
Asabi regarda le coffret dans sa main. "Elle transfère l'esprit -- l'âme -- d'un être dans le corps d'un autre. Utilisée correctement, elle suffira à prouver à votre M. Gendell qu'un tel transfert est possible."
Nick regarda les yeux noirs impénétrables. Sa carrière en valait-elle la peine ? Il tendit la main vers le coffre en bois.

Lois s'éloigna de Laura, espérant que l'enfant allait s'amuser avec ses jouets ou ramper pour explorer les mystères des placards de la cuisine. Mais la bouche de Laura se contracta et elle se mit à pleurer et à ramper vers sa mère. Lois s'arrêta et regarda sa fille, puis elle se tourna vers Clark, le regard visiblement frustré. "Je ne sais pas ce que je dois faire. Je voudrais la prendre, mais les bouquins disent que je ne dois pas le faire parce que je vais lui montrer qu'elle peut obtenir tout ce qu'elle veut en pleurant et elle va grandir en étant gâtée et égocentrique. Mais si je ne le fais pas, alors elle va apprendre que son opinion n'a aucune importance et elle sera mal dans sa peau et dépressive. Et si je la prends quelques fois et pas d'autres, elle croira qu'il n'y a aucune logique dans ce monde et elle ne fera jamais confiance à personne quand elle grandira." Elle se laissa tomber sur une chaise de la cuisine. "Clark, il n'y a aucune façon de gagner."
Il avait déjà préparé la sauce et s'essuyait les mains, mais à ces mots, il prit Lois par les épaules et éleva la voix pour se faire entendre par-delà les cris de Laura. "Chérie, tu ne vas pas ruiner le caractère de Laura en la prenant -- ou en la laissant pleurer -- peu importe ce que disent certains psychologues. Tu l'aimes et tu essaies de faire ce qui est le mieux pour elle. Aie confiance en toi." Il posa un baiser sur sa bouche, puis se pencha pour attraper leur fille en larmes -- qui s'était redressée en s'agrippant à la jambe de son jean. Dès qu'il la prit, ses pleurs disparurent miraculeusement. "Nous avons tous deux été si pris cette semaine que nous avons à peine eu le temps de faire autre chose que de la déposer ou de la rechercher de la garderie du Planet. Je suis sûr qu'elle le ressent." Il berça Laura dans ses bras, la souleva et lui souffla sur le ventre, sa chemise étant remontée. Comme elle éclatait de rire à ces chatouilles et ce bruit amusant, il leva la tête et termina, "Je le sais."
Lois sourit et caressa les doux cheveux de Laura. "L'éducation des enfants selon Clark Kent. Au moins elle ne grandira pas avec le sentiment de ne pas être désirée et mal aimée." Elle regarda le repas sur le plan de travail. "Alors, et ta préparation Hawaiienne ?"
"Hawaiienne ?"
"Oui. Deux fois de la sauce aigre-douce ce mois-ci. Tu veux que je fasse quelque chose ?"
Comme il ne répondait pas, elle leva les yeux vers lui et le vit écouter quelque chose par-delà ce qu'elle entendait. "Qu'est ce qu'il y a, maintenant ?" soupira-t-elle.
"Un feu." Il lui tendit Laura et se dirigea vers le séjour. A la porte, il hésita et se retourna. "Ajoute le bouillon de poule et les légumes au poulet; quand ils seront cuits, ajoute la sauce et les ananas et fais un peu de riz. Remue constamment. " dit Clark par-dessus son épaule en passant la porte, mais quand il émergea de l'autre côté, c'est Superman qui disparut par la fenêtre.

"Sur quoi travaillez-vous, Chris ?" demanda Owen Preece, le directeur du Département Technologique de la LexCorp.
Chris Tryfillis jeta un œil à l'horloge au coin de son écran. Il faisait la journée continue de onze heures du matin à huit heures du soir et parfois il oubliait l'heure du départ des autres employés. "Le projet Dexter. Mais je veux vérifier les protections de ce répertoire crypté avant de commencer."
Il retint sa respiration, regardant s'il y avait quelque soupçon dans l'expression de Preece, mais son supérieur se contenta de dire : "Si vous avez besoin de quelque chose, je suis dans mon bureau à terminer un rapport avant de rentrer à la maison."
"D'accord."
Preece acquiesça et sortit du box, tandis que Chris entrait dans le réseau avec le code de la direction. Les protections que M. Luthor lui avait demandé d'installer après que ce reporter ait piraté le système étaient toujours en place, toujours intactes. Il ne s'attendait pas à autre chose. Il faudrait à un pirate la patience et l'adresse de son jeune frère, Alex, pour passer à travers ces protections -- mais même dans ce cas, le pirate devrait être incroyablement chanceux de trouver les clés pour ouvrir les fichiers cryptés. Bien sûr, lui, avait déjà la clé pour parvenir au deuxième niveau de cryptage.
Chris jeta un œil à l'horloge de son écran. Vérifier le système n'avait pas pris aussi longtemps qu'il le pensait. Il avait encore le temps de satisfaire sa curiosité avant de commencer à travailler sur le projet dont il avait parlé à Preece. Il sortit du réseau et ouvrit un répertoire caché sur son propre ordinateur où il avait placé une copie des fichiers cryptés quand il avait ajouté le second niveau de cryptage. Il regarda les informations sur l'écran. Il avait déjà fait défiler la majorité des algorithmes des fichiers, utilisant une série de mots de passe basés sur les autres codes dont il se servait à la LexCorp, mais les fichiers demeuraient obstinément fermés.
Il soupira. Il n'avait vraiment pas une mentalité de pirate, l'esprit obsédé qui ne calculait pas à la dépense et refusait de laisser tomber avant que le problème soit résolu. Alex, par contre, avait ces qualités en abondance. Alex venait d'être libéré de prison après avoir passé huit mois de la peine à laquelle il avait été condamné pour être entré dans le programme financier de l'ancienne entreprise de Bob Fences et y avoir inséré un programme lui versant cinquante cents de royalties sur chaque logiciel que vendait l'entreprise. Il avait ramassé 100.000 dollars avant que quelqu'un ne s'aperçoive de son détournement.
Chris n'avait pas le temps de décoder les fichiers, mais il voulait savoir ce qui était aussi important pour justifier ce genre de sécurité. Il les copia sur une disquette et les supprima de son disque dur, puis il ajouta un fichier supplémentaire contenant la liste des codes et mots de passe de la LexCorp et le glissa dans sa poche. Alex aimerait probablement relever ce défi.

Clark revint en trombe dans le séjour et tourbillonna pour revêtir son jean et sa chemise. Quand il entra dans la cuisine, le poulet sauce aigre-douce brûlait dans le fond de la casserole et le riz débordait tandis que Lois parlait en sautillant à leur fille qui riait, mais dont le visage présentait encore des traces de larmes. Laura n'avait pas dû apprécier d'être laissée à l'écart pendant que Lois s'occupait du repas qu'il avait commencé.
Il sauva le dîner et mit la table en super vitesse, puis il prit Laura et tendit à Lois un verre de vin. "Assieds-toi," lui ordonna-t-il, posant le bébé dans sa chaise haute et se tournant pour servir sa femme tel un garçon dans un grand restaurant.
Lois perdit peu à peu son impression de fatigue en s'asseyant sur la chaise et en dégustant son vin. Clark s'assit à côté d'elle, mit un bavoir à Laura, lui tendit sa cuillère et bloqua le bol de céréales chaudes et la compote de pommes sur le plateau. Elle prit quelques céréales, mais en renversa la moitié sur son menton quand elle porta la cuillère à sa bouche. Malgré tout, elle était ravie d'avoir essayé et elle se mit à rire et tapa des mains sur le plateau, éclaboussant les fruits et les céréales tout autour d'elle.
Jetant un coup d'œil à la nourriture volante, Clark prit une autre cuillère pour enfiler un peu de riz et de compote dans la bouche de sa fille, puis se tourna vers sa femme. "Ça va mieux ?" demanda-t-il.
"Oui," répondit-elle, posant la tête sur son épaule. "Comment ça c'est passé ?" poursuivit-elle en lui faisant leur petit signe d'envol.
"Bien. Deux personnes étaient enfermées dans l'un des appartements d'un immeuble en feu, mais je les ai sorties de là."
"Bien." C'est agréable de savoir qu'il n'interrompait pas leurs soirées pour une quelconque alarme de banque ou -- ou parce qu'un buffle s'était échappé, pensa-t-elle, se souvenant du cauchemar qu'elle avait fait la première fois qu'ils avaient parlé d'avoir des enfants. Superman avait ralenti, mais elle était toujours responsable de la plus grande part du travail domestique, comme elle l'avait redouté… Seulement… depuis que Laura était née, la responsabilité ne paraissait ni pénible ni effrayante. La plupart du temps, Lois adorait ça.
Excepté lorsque les devoirs de Superman bouleversaient les responsabilités de Clark en temps que père, mari et journaliste -- comme ils l'avaient fait cette dernière semaine. Après quelques jours de ce qui lui semblait être une vie monoparentale, Lois commençait à être fatiguée et grincheuse et elle aurait aspiré à être celle qui s'envolait sur-le-champ pour accomplir quelque chose de brave ou d'héroïque. Un peu comme ce soir, admettait-elle.
Mais Clark essayait visiblement de se faire pardonner pour ses absences de la semaine en s'occupant de Laura et en ayant une conversation d'adulte avec sa femme. Il ne s'apercevait pas qu'à cause de cela, elle se sentait coupable d'en vouloir à ses activités de super héros quand il essayait si fort d'être là pour elle et Laura sans négliger ses responsabilités en temps que Superman. Elle soupira quand la main de Clark remonta sur sa cuisse. Bien sûr, si c'était ça son idée de se faire pardonner ses absences, elle pourrait vivre en se sentant coupable… et elle avait encore quelques plans pour le dessert…
Le temps que le dîner se termine, les doux cheveux bruns de Laura étaient couverts de céréales séchées et il allait falloir un tampon à récurer -- ou des supers pouvoirs -- pour nettoyer sa chaise haute. Clark la sortit prudemment de sa chaise et la tint à bout de bras. "Je crois que quelqu'un a besoin de prendre un bain," lui dit-il, mais elle l'ignora et mâchonna son poing couvert de sauce et de céréales.
Lois se mit à rire et leur ouvrit la porte. "Je prépare la baignoire," dit-elle, en parlant de la baignoire de bébé dont elle se servait chaque jour.
"Euh, chérie--" dit-il peu convaincu. "Je ne pense pas pouvoir la laver là-dedans -- pas avec toute cette nourriture dans les cheveux."
"Oh, d'accord… tu veux que je la baigne ?"
"Non. Mais peut-être que je peux la mettre dans la baignoire et la laisser tremper."
"D'accord." C'était logique, mais Lois sentit un peu son cœur se serrer à cette idée. Plus vite qu'elle ne l'aurait pensé, son bébé allait quitter l'enfance. Lois mit dix centimètres d'eau chaude dans la baignoire et prit le savon, un gant de toilette et deux serviettes éponge pendant que Clark se débattait pour déshabiller Laura. Lorsqu'il s'agenouilla à côté de la baignoire et se mit à savonner leur bébé agité, elle dit, "Je ne comprends pas ce que je ressens quelquefois. C'est comme si je voulais que Laura reste toujours un bébé… mais qu'en même temps, je voulais qu'elle se dépêche de grandir."
"Après la visite de Mxyzptlk d'il y a quelques mois, je ne verrais aucun inconvénient à ce qu'elle reste encore un bébé. Mais je dois admettre," ajouta-t-il en lui souriant par-dessus son épaule, "que j'adore la façon dont elle commence à me regarder… comme si je pouvais faire n'importe quoi."
Lois eut l'air étonnée. "Mais Clark, tu obtiens ce genre de regard chaque fois que Superman apparaît."
Il haussa les épaules et se remplit les mains d'eau pour rincer les cheveux de Laura. "Oui, mais… c'est pour Superman. Laura me regarde de cette façon parce que je suis son papa." Comme Lois ne répondait pas, il ajouta, "C'est plutôt bêta, hein ?"
"Non." Elle lui caressa la joue du bout des doigts. "C'est logique. S'il n'y avait pas cet homme attentionné, honnête et bêta sous les collants, il n'y aurait pas de Superman. Il y aurait un Super Lex Luthor ou, avec de la chance, un Super Resplendissant Man. Mais pas de héros. Donc Laura doit penser que l'homme derrière les collants est merveilleux." Elle effleura de ses lèvres la peau douce derrière son oreille. "Je le sais."
Les mains pleines d'un bébé glissant et gigotant, Clark ne put répondre à sa femme de la façon dont il l'aurait voulu. "Merci, chérie," dit-il une fois son émotion passée. "Mais tu oublies quelque chose. Il pourrait aussi y avoir une Ultrawoman."
Lois prit une serviette éponge et enveloppa Laura. "Peut-être. Mais j'ai eu ton exemple devant les yeux pendant deux ans." Elle essuya les cheveux de sa fille avec une serviette. "Allons mettre notre fille au lit et ensuite on pourra prendre le dessert qui convient à un couple de héros.

Pas de réponse à la maison. Nick travaillait encore probablement tard, surprise, surprise. Chris composa le numéro de téléphone du bureau de son frère. "Hey, Nico, tu as la nouvelle adresse d'Alex ?" demanda-t-il quand son frère décrocha.
"A la maison. Pas ici." La voix de Nick paraissait distraite.
"Euh." ronchonna Chris. Il voulait se débarrasser de ce fichier le plus tôt possible. A quelle heure tu finis, ce soir ?"
"Je n'en sais rien. Tard. Je travaille sur quelque chose qui doit être terminé avant demain. Pourquoi ?"
"Tu peux adresser un paquet à Alex et le mettre à la poste ?"
"Je suppose. Il est prêt à partir ?"
"Bien sûr." Chris chercha dans l'un des tiroirs de son bureau et sortit une boîte d'expédition de disquette. "Affranchi et prêt à partir. Je passe en rentrant à la maison."
"Okay," dit Nick d'un air absent. "A tout à l'heure."

"Tape, tape petite main, roule, roule, roule joli moulin," chantait Clark à Laura, au rythme de la comptine. Elle riait, tournant la tête en lui souriant et applaudissant avec enthousiasme.
Lois se mit à rire et hocha la tête. 'Tape, tape petite main' était le livre favori de Laura. "Clark Kent, avec tout ça, le premier mot que dira ta fille sera tape-tape."
Il ne répondit pas avant d'avoir terminé le livre "Non," dit-il, "elle dira Papa avant."
"C'est ce que tu crois," dit Lois, frappant sa hanche contre son bras. "Je parie que son premier mot sera Maman."
"On parie ?"
"Dix dollars."
"Je vais le regretter," protesta Clark. Il se mit à rire et ajouta. "Que dirais-tu d'une soirée au choix pour le vainqueur ? Où tu veux et quand tu veux." Il dressa les sourcils dans une expression suggestive.
"Entendu," dit Lois et elle tendit les bras à sa fille. "C'est mon tour."
Il tint le bébé un instant contre lui, respirant son parfum. Levant les yeux, il regarda sa femme avec un petit sourire. "Je suis appelé au loin tellement souvent que je répugne à la laisser quand je ne vais nulle part."
A regret, il tendit Laura à Lois, mais elle l'arrêta au moment où il s'apprêtait à se lever du rocking-chair. "Non, ne te lève pas." Elle s'assit sur ses genoux, s'installa sur ses cuisses et se blottit contre sa poitrine. Il l'entoura de son bras et caressa les doux cheveux de Laura pendant que Lois arrangeait ses vêtements.
Clark sentit sa femme et sa fille se détendre contre lui quand Laura se mit à téter et il serra ses bras autour d'elles. Il posa un baiser sur le front de Lois, reconnaissant qu'elle comprenne son besoin d'intimité, mais il ne dit rien, sachant par expérience que le son de sa voix pouvait détourner Laura du sommeil. Il se balança sur le rocking-chair et caressa les bras de ses deux filles en petits cercles lents, souriant en voyant les yeux de Laura rivés sur le visage de Lois et écoutant les douces chansons que sa femme murmurait.
Après que Lois ait tourné Laura de l'autre côté, les yeux du bébé commencèrent à se fermer et Lois baissa la voix dans un murmure. Quelques minutes plus tard, les mâchoires de Laura ralentirent, se fermant et se détendant à intervalles de plus en plus longs, jusqu'à ce qu'enfin sa bouche s'ouvre. "Elle a l'air si petite et tellement sans défense comme ça." dit doucement Lois. '"Il est difficile d'imaginer qu'elle aura un jour des pouvoirs comme les tiens."
Clark prit la tête du bébé dans sa grande main. Elle avait tellement grandi ces neuf derniers mois, mais elle lui semblait encore si petite. "Je croyais que tu avais décidé que c'était Mxyzptlk qui lui avait donné des supers pouvoirs -- juste pour ajouter à la confusion."
Elle hésita, caressa la joue de Laura avec son pouce. "C'est ce que je pensais -- surtout parce qu'elle a volé très tôt. Est-ce que tu ne m'as pas dit que tu n'avais pas volé avant de rentrer au lycée ?" Comme il acquiesçait d'un hochement de tête, elle poursuivit. "Donc ça n'a pas l'air réel… d'avoir un demi Kryptonien plus puissant qu'un vrai. Mais quand j'y pense, Mix-sos-machin avait l'air trop … vrai … en pensant lui donner des supers pouvoirs en se contentant de la transformer en adolescente."
"Il a peut-être accéléré la possibilité qu'elle ait des supers pouvoirs comme il l'a fait avec d'autres choses," suggéra Clark, sa douce respiration contre la joue de Lois. Ou il s'est peut-être dit que les supers pouvoirs étaient l'héritage de la fille de Superman et il les lui a donnés."
"Peut-être." soupira Lois en arrangeant ses vêtements. "Mais, juste au cas où, je ferais mieux de mettre mon bluff au point très tôt."
"Ton bluff ?"
"Oui. L'habituer à m'obéir avant qu'elle ne découvre que je ne peux pas la forcer. J'espère qu'elle a hérité de ton caractère plutôt que du mien."
Clark lui caressa tendrement l'épaule. "Tu ne veux pas qu'elle soit attentionnée et passionnée--"
"-- et irresponsable et difficile et agressive ? Non merci." Elle baissa les yeux vers le bébé qui dormait dans ses bras et ses lèvres ébauchèrent un sourire. "Si sa personnalité ressemble un tant soit peu à la mienne, nous allons, elle et moi, passer des années à nous tenir tête. Et ne me dis pas que tu seras là pour me soutenir," dit-elle, arrêtant Clark dans ce qu'il s'apprêtait à dire. "Elle t'embobinera avant d'être assez grande pour aller à l'école et alors je serais obligée de vous tenir tête à tous les deux."
Elle se tourna et lui dit sévèrement. "Et ne t'avises pas de lui apprendre à faire ces yeux de chien battu."
"Non, chérie," dit-il, essayant de changer ses yeux de chien battu en un regard contrit.
"Bien?" Son clin d'œil lui indiqua qu'elle plaisantait.
"Maintenant qu'elle est prête à aller se coucher, si on passait au dessert ?" demanda-t-il, posant de doux baisers le long de son cou.
"Ça m'a l'air - -oh, oui, continue -- d'une bonne idée," dit Lois, reculant la tête pour exposer son cou à ses lèvres. "Pourquoi ne couches-tu pas Laura pendant que je vais… préparer le dessert ?"

"Je te vois demain à l'entraînement de base-ball," dit Chris en se dirigeant vers la porte du labo de Nick. A mi-chemin il s'arrêta et ajouta, "Tu n'oublies pas le colis, n'est-ce pas, Nico ? J'aimerais vraiment qu'Alex y jette un œil dès qu'il le pourra."
"Qu'y a-t-il de si important ?" dit Nick en émergeant de ses préoccupations en réponse à l'intensité de la voix de son frère.
Chris haussa les épaules et remonta ses lunettes sur son nez, sa queue de cheval flottant quand il leva la tête. "C'est au sujet d'un travail qui… m'inquiète." Il hésita. "Ce n'est sans doute pas grand-chose. Mais je veux en être certain."
"D'accord. Je m'en occupe." acquiesça Nick, retournant au délicat démontage de son rayon conducteur. Il ne remarqua même pas la porte se refermer derrière Chris.

"Non, Lex, pas Laura !"
Clark se réveilla en sursaut au cri désespéré de Lois. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son visage était couvert de sueur, il se tourna et découvrit Lois paisiblement endormie à ses côtés. C'était un rêve, pensa-t-il soulagé. La tension se voyait sur ses muscles et il posa un baiser sur le front de Lois et se recoucha, regardant à travers le mur de la chambre voisine pour s'assurer que Laura allait bien.
Elle s'était découverte et ronchonnait dans son sommeil, il sortit donc du lit et se dirigea pieds nus jusqu'à sa chambre. Elle se calma quand il remonta la couverture sur elle et lui caressa tendrement le dos. "Papa t'aime, mon trésor,' murmura-t-il. "Je ne laisserai jamais personne te faire du mal."
Un telle promesse était plus facile à dire qu'à tenir, même pour Superman. En dépit de l'heureuse conclusion que le procès pour négligence leur avait apportée, Clark était encore troublé par les questions sans réponses dans cette affaire et par la crainte de perdre sa petite fille. Parfois, spécialement après un cauchemar comme celui qu'il venait d'avoir, il était certain que Lex Luthor était derrière ces accusations, que tout cela était fait dans le but de contrôler 'la fille de Superman'. Mais cela signifiait que ce Luthor n'était pas un clone, qu'il était l'homme qui savait que Clark Kent était Superman. Toutefois, huit mois d'enquête n'avaient pas apporté la moindre preuve pour réfuter l'histoire du clone de Luthor qui l'avait emprisonné et Clark commençait à douter de ses instincts… jusqu'à ce dernier mois, quand le Dr Klein avait enfin décodé une partie des fichiers que Clark avait copiés sur le réseau de la LexCorp. Les parties décodées contenaient suffisamment d'informations pour convaincre Lois (qui avait essayé de voir l'histoire de Luthor de façon impartiale) qu'il avait menti, qu'il n'y avait jamais eu de clone.
Et cela signifiait que l'homme qui vivait au grand jour à Métropolis connaissait la véritable identité de Superman.
Pendant un an et demi, il avait eu la chance que Lex ne les importune pas -- à moins, bien sûr, qu'il soit celui qui avait élaboré ce procès pour négligence envers un enfant six mois plus tôt. Mais il aurait été fou d'attendre de lui qu'il continue à ignorer l'opportunité de frapper le point faible de ses ennemis ou d'abandonner l'idée de posséder quelque chose qu'il voulait -- ce qui voulait dire que Lois et Laura étaient en danger tant qu'il était libre.
La seule idée qu'elles soient en danger crispait tant Clark qu'il pouvait à peine respirer. Il voulait voler au-dessus de Métropolis et s'assurer qu'il n'y avait aucun danger; il voulait voir si le Dr Klein avait trouvé des preuves du mensonge de Luthor dans les dossiers de la LexCorp; il voulait enquêter sur le passé des victimes et trouver un lien avec Luthor; il voulait emmener sa femme et sa fille loin de cette menace--
--et il ne pouvait rien faire de tout cela. Du moins, pas au beau milieu de la nuit.
Contrôle-toi, pensa-t-il. Il avait passé toute sa vie à se contrôler. Il prit une profonde inspiration et caressa Laura.
"Qu'est-ce qu'il y a, Clark ?" demanda Lois, posant la main sur son épaule nue. "Est-ce que Laura va bien ?"
Il poussa un léger soupir. "Oui. Elle s'est découverte, elle était fatiguée, je l'ai recouverte et elle s'est rendormie."
Lois glissa ses bras autour de sa taille et posa sa tête entre ses épaules. "Tu te souviens de la première semaine où nous l'avons mise dans cette chambre ? Je me suis réveillée au milieu de la nuit et tu étais parti. Et puis, je t'ai trouvé là, à la regarder, juste pour t'assurer qu'elle respirait encore."
Il tourna la tête et enfouit son visage dans ses cheveux. "Je sais. Je m'angoisse trop."
"Parce que tu t'inquiètes trop," lui dit-elle vivement. "De quoi s'agit-il, ce soir ?"
Il rit doucement, sans en avoir envie. Il ne savait pas pourquoi il essayait de cacher quelque chose à Lois ; elle le découvrait toujours. "Un rêve. A propos de Luthor."
Elle haussa les épaules. "Euh." Mais ses mains glissaient déjà sur ses hanches, le serrant contre lui et sa voix était douce et pleine de séduction. "Si tu reviens te coucher, je pourrai te donner quelque chose d'autre à quoi penser."
Il se pencha et glissa un bras derrière ses genoux puis la souleva dans ses bras. "Je t'aime, Lois," murmura-t-il en l'embrassant, tout en la ramenant dans la chambre.

"Etes-vous certain qu'il va tenter l'expérience avec la pierre Zélig ?" demanda Lex Luthor. Il se bascula en arrière sur sa chaise, les pieds sur le magnifique bureau de chêne et se frotta le coin des yeux entre le pouce et l'index. L'opéra avait duré plus de temps qu'il n'avait pensé et il était tard.
La voix d'Asabi dans le téléphone était aussi distincte que s'il avait été là. "Ses subventions inépuisables, les recherches de toute sa vie… tout cela sera fonction de sa démonstration de demain. Il se servira de la pierre."
"Bien. Donnez-moi les résultats quand il vous rapportera la pierre."
Lex raccrocha le téléphone et regarda avidement les lumières de Métropolis. Il pourrait être plus facile que prévu d'attirer ce petit savant loin de Gendell avec la promesse de fonds sans limite, mais Lex détestait dépenser l'argent ou révéler ses intérêts dans le projet avant d'avoir la preuve qu'il marche. Demain -- si Asabi lui disait que la machine fonctionnait -- il aurait largement le temps de devenir le sauveur financier du projet.
Le problème avec la pierre Zélig, il le savait depuis longtemps, était qu'elle était trop personnelle. Il fallait serrer la main de la victime pour effectuer un transfert. Mais avec cette petite machine amplifiant et concentrant le pouvoir de la pierre… la programmation était effective à distance. Même Superman ne serait pas invulnérable à un tel transfert.
FIN DE L'ACTE 1

ACTE 2
La lumière du jour naissant qui traversait la fenêtre du laboratoire piqua les yeux de Nick et il les frotta avec lassitude. La pierre Zélig n'était pas de la même taille que le rubis dont il se servait et la mettre dans le petit espace et recalibrer son équipement lui avait pris une bonne partie de la nuit. Mais il était trop surexcité et trop inquiet pour dormir jusqu'à ce qu'il sache si ça marchait ou non.
Mais si ça marchait ? Comment pourrait-il se servir de quelque chose qui transférait la personnalité d'un corps vers un autre pour convaincre Grant Gendell que ses informations sur le projet de transfert étaient possibles ?
Il se posait encore des questions quand il ferma le dossier sur la machine betacam et serra les vis qui la fermaient, puis il prit ses sujets d'expérience. Les deux chiens qu'il avait sauvés de la fourrière commencèrent à aboyer quand il ouvrit leur cage et Jolly fourra son museau dans la main de Nick pendant que Lucky suivait sa piste, la tête baissée, reniflant le carrelage du laboratoire. Il les attacha côte à côte le long du mur et leur donna un biscuit pour chien. Après avoir englouti le biscuit, les chiens s'assirent en agitant la queue, attendant avec espoir d'en avoir un autre.
Nick s'installa à côté de Jolly, posa la main sur la tête du chien et dit, "Fais une roulade, mon garçon." Jolly s'allongea immédiatement et fit une roulade, puis il le regarda et haleta avec un sourire de chien attendant sa récompense. "Tu es un bon garçon," lui dit Nick en lui caressant la tête et en lui donnant un autre biscuit.
Mais quand il posa la main sur la tête de Lucky et lui dit de faire une roulade, le chien resta assis et le regarda sans comprendre malgré son air d'adoration. Nick essaya encore et Lucky aboya et sauta sur lui. Il caressa la tête du chien d'un geste absent et se dirigea vers la table où il entra les résultats comme il l'avait fait tous les jours pendant un an.
En hésitant, Nick prit la machine qu'il appelait son 'rayon conducteur" et la mit en marche. Visant à travers une sorte de caméra oculaire, il centra les chiens dans le cadre et fixa la lentille, puis il appuya sur la gâchette. Une lumière blanche, comme un flash d'appareil photo, sortit de l'ouverture au bout de la machine, figeant les deux chiens surpris. Quand la lumière s'éteignit, les chiens étaient toujours figés.
Nick posa son rayon conducteur et s'approcha des chiens qui commençaient à gémir et à se renifler. Il s'installa près de Jolly et le caressa, puis il lui demanda de faire une roulade. Le chien le regarda puis se tourna pour renifler Lucky. Nick essaya encore, mais cette fois avec Lucky, qui avait posé son museau humide dans sa main. Après un instant d'hésitation, le chien s'allongea et roula sur lui-même.
Pendant un instant Nick le regarda incrédule. "Oh mon Dieu," murmura-t-il, puis il prit Lucky dans ses bras et le serra contre lui, enfouissant son visage dans la fourrure du chien.

Dans le miroir, Clark regardait, d'un air approbateur, Lois étendre une longue et fine jambe tandis qu'elle remontait son bas noir. Elle portait un soutien-gorge de dentelle et un petit slip qui lui donnaient envie d'oublier qu'il devait se préparer pour aller travailler. "Tu sais," dit-il, "c'est une bonne chose que j'aie une super volonté ou on pourrait bien être vraiment en retard ce matin."
Lois se mit à rire et lui jeta un regard de velours en remontant son porte-jarretelles sur ses hanches. "Oui, mais si tu étais en train de te raser comme tu es censé le faire au lieu de me regarder m'habiller--" elle glissa jusqu'à la salle de bains et jeta un œil à Clark dans le miroir par-dessus son épaule nue--"Tu n'aurais pas à exercer ta volonté."
Il sourit. "Rabat-joie." Il lui prit alors la main et murmura, "Fais attention," concentré sur son reflet dans le miroir, il balaya un invisible rayon sur sa mâchoire et son menton et à chaque endroit qu'il regardait, sa barbe noire disparaissait.
Pendant une seconde, une légère lueur se vit dans ses yeux bruns, mais c'était là le seul signe qu'il était en train de se servir de sa vision infrarouge. "C'est fait ?" demanda-t-elle.
"Oui. Aussi lisse que les fesses de Laura," se vanta-t-il. "Tu veux sentir ?"
"Il ne vaut mieux pas. Je ne veux pas trop en demander à ta volonté." Elle se mit à rire d'un air coquin et lui donna une petite tape sur les fesses par-dessus la serviette de bain qu'il portait. "Maintenant, pousse-toi. J'ai besoin de la glace."
Clark échangea obligeamment sa place avec sa femme qui ouvrit sa trousse de maquillage et commença à se 'refaire le visage'. "Et ça," dit-il, sa volonté disparaissant un peu tandis qu'il se penchait pour poser un baiser entre sa nuque et ses épaules, "C'est une totale perte de temps."
"Quoi ?" demanda-t-elle en fronçant légèrement les sourcils.
"Tu essaies de te faire plus belle." Il caressa la courbe de sa nuque du bout des lèvres. "Tu ne peux pas être autrement que parfaite."
Lois se recula et passa sa main autour de son cou. "Je croyais que les garçons utilisaient ce genre de stratagème avant d'être mariés." Sa voix était douce et amoureuse.
Il glissa ses bras autour de sa taille et la tira contre lui. "Nous, les hommes de l'espace, avons une réputation à protéger."
Elle eut un petit sourire espiègle. "J'aime ton idée de réputation. Mais…"
Il soupira à son tour et se recula "Il faut qu'on aille travailler. Je sais." Clark s'apprêtait à sortir de la salle de bains mais il hésita et se retourna. "Je ne pense pas que tu veuilles faire l'école buissonnière aujourd'hui."
Elle soupira elle aussi, ses seins qui se soulevaient sous la dentelle noire de son soutien-gorge le perturbaient. "Je ne peux pas, chéri. J'ai une interview à huit heures et demie avec l'un des responsables de l'école et il m'a fallu deux semaines pour l'obtenir, je ne veux donc pas la rater." Elle regarda sa montre. "En parlant de ça…"
"D'accord, d'accord. Je vais faire le petit déjeuner," promit-il, puis il redressa la tête, à l'écoute "Laura en a assez d'être dans son lit, elle aussi. On dirait que c'est un travail pour…" Il tourbillonna et s'arrêta soudain, vêtu d'un pantalon, d'une chemise et d'une cravate, puis d'un air épanoui il mit ses lunettes et ajouta, "Super Papa."
Lois lui jeta une serviette et il se mit à rire et fila dans le couloir.

"Il a dit qu'il allait vérifier la sécurité de ces fichiers," dit Owen Preece, se tenant devant le bureau de Lex Luthor.
Luthor feuilletait quelques feuilles de papier pendant que le Directeur du Programme Technologique se balançait d'un pied sur l'autre. Enfin, le milliardaire leva les yeux. "Si vous interrogiez son ordinateur, pourriez-vous dire s'il a eu accès à ces fichiers ?"
"Oui, probablement, mais…"
"Mais ?"
"Pourquoi ne lui demandez-vous pas ?"
Luthor se jeta en arrière sur sa chaise avec un petit sourire condescendant . "J'ai été orphelin à quatorze ans et je suis parti de rien et pourtant je suis devenu la troisième fortune du monde, et même maintenant que j'emploie des milliers de personnes rien que dans cette ville, ce que je suis parvenu à si bien accomplir est dû en majeure partie à mon habileté à évaluer les caractères. Est-ce que vous comprenez ce que je dis ?"
Owen se sentit rougir jusqu'aux oreilles et murmura, "Je vais vérifier son travail."
"Bien. Est-ce qu'il est en train de travailler maintenant ?"
"Non. Il ne vient pas avant onze heures."
Luthor jeta un œil à sa montre. "Alors vous avez quelques heures. Je suis certain que ce sera suffisant."
Il ne fallut pas longtemps au directeur pour savoir quelle était la bonne réponse à donner. "Je suis sûr que ça suffira."

La blanche lumière aveuglante brilla et une fois encore les chiens s'assirent comme s'ils étaient figés sur place. Mais cette fois, au lieu de gémir, ils se levèrent après quelques instants et s'ébrouèrent vigoureusement. Quand Nick leur tendit la main et s'assit à côté d'eux , ils s'assirent de nouveau en haletant, la langue pendant au coin de la gueule.
Il hésita, puis tendit la main vers les animaux. Jolly frotta son museau contre la paume de Nick, alors que Lucky la renifla brièvement et baissa la tête pour renifler ses chaussures. Le cœur battant à tout rompre, Nick commença, "Roule--" mais sa voix se cassa et il essaya encore, "Roule, mon garçon." Comme auparavant, Lucky l'ignora, mais immédiatement, Jolly se coucha et roula sur le dos.
A genoux, les bras autour des corps de Lucky et Joly, Nick comprit les conséquences de ce qui venait de se passer. Il avait oublié la visite de Gendell à une heure et demie. Il avait oublié de dormir. Cela n'avait aucune importance. Il se préparait déjà à faire une autre série d'expériences pour tester les paramètres de cet incroyable processus.

Lois descendit presque en courant la rampe d'accès au bureau du Daily Planet, se précipitant derrière son ordinateur pour commencer à rédiger l'interview qu'elle venait d'avoir avec l'un des membres les plus importants de la direction de l'école. "Hé, Clark !" l'appela-t-elle, se glissant sur sa chaise en jetant son sac à main dans un tiroir vide tout en ouvrant le programme d'accès au réseau.
Il s'arrêta derrière elle et lui tendit une tasse de café. "Hé, chérie. Bonne interview ?"
"Absolument," lui dit-elle, feuilletant son bloc-notes pour trouver la bonne page. "Ce sera parfait après la conférence de presse du directeur de cet après-midi sur les nouveaux projets d'amélioration de l'école." Elle remarqua enfin le café à côté de son clavier et sourit en rejetant la tête en arrière contre son mari. "Merci."
Clark posa un baiser sur le bout de son nez. "De rien," dit-il. Et il retourna vers son bureau.
Il était à mi-chemin quand la voix de Lois l'arrêta. "Chéri ?"
"Oui ?" Il se tourna vers elle.
Lois lui montra le carnet de rendez-vous qui s'affichait sur son écran. "Tu emmènes toujours Laura à sa visite chez le médecin, n'est-ce pas ?"
Il sourit. "Dix heures. Je n'ai pas oublié."
"Bien. Ça va me laisser la chance de finir cet article avant la conférence de presse."
"Ou avant que Perry ne trouve quelque endroit où nous envoyer," ajouta Clark, faisant un signe de tête vers le bureau du rédacteur en chef en s'asseyant devant son ordinateur.

Les cabinets médicaux marchaient sur rendez-vous, mais pas la vie d'un super héros. Clark se débarrassait de son travail avant d'aller chercher Laura à la garderie quand un brouhaha devant les écrans de télé attira son attention. En sourcillant, il recula sa chaise et fit le tour de son bureau.
Lois leva les yeux. "Qu'est-ce-- ?" commença-t-elle, mais l'expression de Clark lui indiqua qu'il s'agissait d'un travail pour Superman et elle se leva immédiatement et le suivit.
"--ne savons pas ce qui se passe. L'avion a décollé normalement mais il semble maintenant qu'il fasse demi-tour et qu'il revienne," dit le journaliste de LNN.
Le présentateur s'interrompit et sa voix, calme à l'ordinaire, était inquiète et tendue. "Nous venons d'avoir des informations de la tour de contrôle. Le pilote a indiqué que l'appareil a perdu deux moteurs et qu'il va tenter de revenir sur la piste. Le vol 1124 de Londres transporte 346 passagers, parmi eux la nouvelle vedette anglaise de la chanson . . ."
Lois voulut regarder ce que faisait Clark, mais tout ce qu'elle vit fut la porte de la cage d'escaliers se refermer. Elle sourit. Une fois encore, il allait intervenir pour empêcher une tragédie. Rêveuse en pensant à l'homme extraordinaire qu'elle avait épousé, elle sursauta quand quelqu'un lui toucha le bras.
"Lois ?" demanda Jimmy Olsen. "Il y a un signal sur votre écran."
"Merci, Jimmy." Elle jeta automatiquement un œil à sa montre -- et soudain réalisa ce que signifiait ce signal. Bon sang ! Elle se précipita vers son bureau, attrapa son sac à main et courut vers la rampe d'accès menant à l'ascenseur.
"Lois !" l'appela Perry White. "Où allez-vous ? Il y a un crash à couvrir."
"Clark s'en occupe, Perry," dit-elle en appuyant sur le bouton de l'ascenseur. "Il faut que j'emmène Laura chez le médecin." Elle n'avait toujours pas terminé son article sur l'école. Elle tapa impatiemment sur le bouton en marmonnant. "Alors il n'a pas oublié. C'est bon de le savoir."

Après l'éclair de lumière blanche, les animaux restèrent immobiles -- mais cette fois plus longtemps. Nick les regarda d'un air inquiet; au bout de cinq minutes, comme ils n'avaient pas bougé, il s'agenouilla à côté d'eux, pour vérifier leur pouls et leur respiration. C'était peut-être des animaux de laboratoire, il ne pouvait s'empêcher de les considérer comme des animaux de compagnie.
Quand il le caressa, Jolly ouvrit les yeux et chancela. Il tituba et les poils de son dos se dressèrent. Il ouvrit la gueule et un miaulement lugubre sortit de sa gorge. Nick s'accroupit. Le son n'était pas un mugissement, il ressemblait plutôt à celui d'un chat en train de se battre, mais avec une pointe de terreur qui lui faisait dresser les cheveux sur la tête.
Il se tourna vers le chat couché à la place de Jolly. Les yeux félins s'ouvrirent et fixèrent d'un air suppliant le visage de Nick alors que le chat posait son museau dans sa main. "Tu es un bon garçon, Jolly," murmura-t-il, caressant la douce fourrure.

Si ça n'avait pas été le souci de réorganiser son travail pour faire quelque chose dont Clark était supposé s'occuper, Lois aurait adoré emmener Laura à sa visite de neuf mois. Il y avait une certaine satisfaction à montrer sa petite fille brillante, magnifique et en bonne santé, en particulier quand Laura se conduisait comme un ange alors que les autres enfants dans la salle d'attente ronchonnaient, pleuraient ou piquaient des colères. En dépit de son irritation à la disparition inopportune de Clark, Lois souriait en attachant sa fille sur le siège de bébé à l'arrière de la Jeep.
Elle entendait, tout près de là, le 'whoosh' de son mari qui approchait et termina délibérément d'installer Laura avant de se retourner pour le regarder.
"Comment ça s'est passé ?" demanda-t-il, se tenant devant elle dans son habituelle posture de Superman, bras croisés, jambes plantées comme de jeunes chênes, cape au vent.
En entendant cette voix familière, Laura commença à s'agiter, et se mit à crier en tendant les bras vers son papa.
"Oops," ajouta-t-il, jetant un œil autour de lui pour voir si quelqu'un avait remarqué la réaction de sa fille.
Lois dressa les sourcils. Après avoir passé une semaine à s'occuper toute seule de Laura et avoir fait des excuses à répétition pour expliquer l'absence de Clark à un rédacteur en chef irrité et sceptique, elle ressentait une jubilation indigne devant la déconvenue de son mari. "Il vaudrait mieux que tu n'aies pas ton costume le jour où elle sortira 'papa' pour la première fois." Son air ahuri lui indiqua qu'il n'avait jamais pensé à cette éventualité. Elle se retourna et jeta le sac de couches sur le siège arrière de la Jeep. "Tu as besoin de quelque chose ?" demanda-t-elle, en se reculant pour fermer la portière.
Il ressemblait à un chiot qu'on venait de gronder et qui ne savait pas pourquoi. "Je voulais juste savoir… comment s'était passée la visite."
"Bien." Il tressaillit devant sa brusquerie et elle s'adoucit un peu et ajouta. "Elle est en parfaite santé, parfaitement magnifique, parfaitement sage et elle se développe parfaitement."
Clark hocha la tête, un petit sourire au coin des lèvres. "Bien. Alors je te retrouve au journal." Laura tendait toujours les bras vers lui, babillant de plaisir, mais Lois entendait la déception monter dans sa voix. "Eum, peut-être qu'on devrait parler de ça." Il pencha la tête vers le bébé.
En ouvrant la porte conducteur, Lois acquiesça. "Je crois que tu as raison. On se retrouve au bureau."

"Il avait une copie des fichiers sécurisés dans un dossier caché de son ordinateur, mais il l'a effacée hier soir." La voix de Preece dans le téléphone semblait à la fois soulagée et anxieuse. "Je ne sais pas s'il l'a emportée, mais s'il l'a fait c'est probablement en format zip sur une disquette à cause de la taille."
Lex attendit, les paupières closes. Trifyllis était un surdoué de l'informatique, le meilleur qu'il avait employé. Pourquoi ce jeune homme était-il allé fourrer son nez dans ces fichiers ? Lex Luthor n'aimait pas le gaspillage et avoir anticipé cette possibilité ne rendait pas agréable cette décision nécessaire. "Merci, Owen." Il raccrocha et composa un autre numéro. "Enrico, j'ai besoin de vous voir. J'ai un travail pour vous."

Lois eut à peine le temps de couper le contact avant que Clark n'ouvre la portière arrière et sorte Laura de son siège. Au moins, cette fois, il était habillé normalement. Bien que ça ne fasse aucune différence pour Laura qui riait et gesticulait pour être avec son père.
Avec ou sans lunettes, les cheveux tirés en arrière ou lui retombant sur le front, vêtu d'un jean, d'un costume ou de ses collants bleus -- Laura reconnaissait Clark quelle que soit la façon dont il était habillé. Lois soupira. Bien sûr, il n'avait jamais essayé de laisser sa fille penser qu'il était deux personnes différentes.
Il prit sans effort le bébé et le sac de couches sur un bras et s'apprêtait à prendre Lois par la taille de l'autre, mais son attitude le laissa à distance. Il fixa Laura pendant qu'ils traversaient le garage, lui parlant et l'écoutant babiller comme s'il la comprenait parfaitement. Mais une fois que les portes de l'ascenseur se fermèrent, il tendit la main pour appuyer sur le bouton 'stop' sur le panneau de contrôle et dit, " Lois, je suis désolé. Je ne voulais pas te laisser tomber, spécialement alors que tu travaillais sur un article."
S'il avait dit un mot pour s'excuser personnellement, pour lui rappeler que plus de trois cents vies dépendaient de sa 'fuite', Lois aurait été obligée de l'excuser, mais la colère serait montée en elle. Mais il ne commit pas cette erreur et elle sentit sa gorge se serrer en regardant ses yeux bruns malheureux. "Oh, Clark," soupira-t-elle, en posant la main sur son bras. "La semaine a été longue et je suis fatiguée."
"Je sais, chérie," Il se pencha et posa un baiser sur sa bouche. "Je suis désolé."
Lois détacha doucement les doigts de Laura qui lui emprisonnaient les cheveux. Elle ne pouvait pas vraiment rester en colère après lui très longtemps et son ressentiment s'apaisa, comme la veille au soir quand il avait fait le dîner et s'était occupé de Laura. "Comment ça s'est passé à l'aéroport ?"
"J'ai posé l'avion sans problèmes, mais je crois qu'il s'agit d'un sabotage des moteurs. Je vais écrire ça dès que j'aurai déposé Laura." Il relâcha le bouton 'stop' et l'ascenseur s'éleva et s'arrêta au premier étage.
"Quelque chose que Lane et Kent devraient explorer ?" demanda-t-elle comme il sortait de l'ascenseur.
Il acquiesça. "Je le pense. Dès que nous en aurons terminé avec l'article sur les améliorations de l'école.

"Docteur Trifillys, je suis un homme occupé. Je présume que vous avez une raison pour faire ce truc avec les animaux ?" dit Grant Gendell, s'installant sur le tabouret et regardant autour de lui dans le laboratoire.
Nick réagit à la remarque, 'Non, j'essaie de commencer une carrière de dresseur,' et au lieu de cela il répondit "Je veux vous montrer qu'un des chiens fait un tour que l'autre ne fait pas."
Le milliardaire hocha la tête et se cala sur son siège.
Etrangement, quand Gendell était arrivé à une heure et demie, Nick avait oublié le rendez-vous au cœur de ses pensées un jour plus tôt. Trente secondes avant que Gendell et l'un de ses assistants n'entrent dans le laboratoire, Nick avait prévu un plan pour une démonstration, mais les premières réponses n'avaient pas été assez prometteuses.
Il prit le rayon conducteur et le posa sur son épaule comme une caméra vidéo, faisant le point jusqu'à ce que les deux chiens soient dans le même plan. L'homme qui accompagnait Gendell parlait à voix basse, mais Nick l'ignora. Le transfert ne nécessitait pas le silence ou la concentration et il n'avait donc pas besoin de s'inquiéter de ces distractions.
Une nouvelle fois la lumière blanche jaillit, captura les chiens et les figea, surprenant son auditoire qui se cacha instinctivement les yeux. Une fois encore, les chiens restèrent hébétés après la disparition de la lumière et commencèrent à gémir. Nick posa son appareil et s'approcha des chiens pour les caresser et les rassurer.
Il se retourna et regarda Gendell et le "costume-cravate" à ses côtés. "Avant, ce chien--" Il montra Lucky-- "ne savait pas faire une roulade sur commande. Mais maintenant…" Caressant la tête de Lucky, Nick fut rassuré quand le chien enfonça son museau dans sa paume et il lui ordonna, "Fais une roulade, mon grand."
C'était une bonne chose, réfléchit Nick, que Jolly soit assez obéissant pour exécuter un ordre alors qu'il venait à peine d'être projeté dans un autre corps. Avec la rapide réponse d'un animal de cirque, il se coucha par terre et roula, puis il se remit sur ses pattes et s'ébroua vigoureusement.
Gendell s'était levé. "Mais c'est--" Il hocha la tête, regardant d'un animal à l'autre. "Il ne comprenait pas cet ordre il y a une minute."
"C'est exact," dit Nick.
Le milliardaire étudia un instant les animaux. "Quand pourrez-vous commencer les tests sur des humains ?"
"Je ne peux pas," lâcha Nick.
"Et pourquoi pas ?"
"Parce que…" Même si cela devait lui coûter l'appui de Gendell, Nick ne pouvait utiliser ce processus sur des gens. "Parce que ça ne copie pas les informations d'un cerveau à un autre. Ça les transfère."
Gendell fronça les sourcils. "Transfère ? Qu'est-ce que vous dites ?"
"Ça-- supprime les informations du cerveau initial quand elles sont transférées à la cible."
"Alors, ce chien--" Gendell montra "Jolly."
"Ne sait plus comment faire une roulade. C'est exact, "dit Nick. "Je ne peux pas prendre le risque de l'utiliser sur les gens avant de résoudre ce problème. Jusqu'à ce que je puisse vraiment recopier toutes les informations…" Ou la personnalité, réalisa soudain Nick. Cette pierre Zélig pourrait bien être la fin de son rêve.
Gendell partit avec la promesse de renouveler ses fonds pour trois ans supplémentaires et Nick composa immédiatement un numéro familier. "Allô, Asabi ?" commença-t-il. "Au sujet de la pierre Zélig…"

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.
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