Liaison fatale - 1 de 2 PDF Imprimer Envoyer

Saison 6, Episode 7

Première partie

Écrit par Kathy Brown

Version française de


Traduction Hypérion

LIAISON FATALE

"Oui, maman… Non, maman… Um euh… Eh bien, je pense-- … Oui, mais-- … Mais je--…"

Lois Lane coinça le téléphone à son oreille en faisant les cent pas dans le salon. A chaque instant, elle levait les yeux avec espoir vers l'escalier menant aux chambres pour écouter le moindre bruit provenant de la nursery. Il lui avait fallu 47 minutes (elle avait compté chacune d'elles) pour parvenir à arrêter les pleurs de Laura et la coucher enfin pour sa sieste, et Lois s'était ensuite écroulée sur le canapé du salon goûtant au calme et à la tranquillité. Mais maintenant, elle espérait presque que Laura se réveille et lui donne une excuse pour raccrocher le téléphone.

"Eh bien, en as-tu parlé à Papa ?… Alors tu devrais--… Oui, maman… Bien… D'accord, c'est très bien… Non, ça ne me dérange pas. Je te rappelle plus tard. Au revoir."

Lois raccrocha le téléphone et se dirigea à l'autre bout de la pièce. Elle ramassa un coussin sur le canapé et l'appuya contre son visage… et se mit à hurler.

Clark Kent, arrivant de la salle à manger, entra dans la pièce et regarda sa femme avec circonspection. "Euh, oh, qu'est-ce que j'ai manqué ?"

Lois retira le coussin et ronchonna. "Ma mère me rend FOLLE !"

Clark ne put s'empêcher de sourire. "Et c'est nouveau ?"

"Ne m'énerve pas," l'avertit Lois. "Et au fait, où étais-tu ?"

"Euh… je coupais un ruban pour l'inauguration du nouveau Centre de Loisirs du quartier nord. Je t'en ai parlé."

"Trois heures pour couper un ruban. Génial." Sa voix était sarcastique.

"Eh bien, une heure; et puis j'ai fait une petite ronde et je suis rentré. Bon sang."

"Je suis désolée, Clark." dit Lois en soupirant. "J'ai eu une mauvaise journée et j'avais bien besoin de me reposer, c'est tout. Laura a ce rhume et elle ne respire pas très bien, ce qui la fait pleurer… et plus elle pleure, plus elle est encombrée, et moins elle arrive à respirer. Elle est de mauvaise humeur, et maintenant je suis de mauvaise humeur. Je suis désolée qu'elle soit malade, mais quand elle hurle une heure durant… j'ai envie de la jeter dehors !"

"Lois !"

Lois leva les yeux au ciel. "Je ne vais pas le FAIRE; c'est juste une façon de parler. Tu es parti toute la journée et maintenant tu m'écoutes me défouler. Si tu ne peux pas être à la maison pour donner un coup de main, tu pourrais au moins apprécier ce que je-- " Lois s'arrêta soudain et mit sa main sur sa bouche, les yeux écarquillés. "Oh mon Dieu," s'exclama-t-elle d'une voix étouffée. "Je n'arrive pas à croire ce que je viens de dire." Levant les bras au ciel, Lois regarda Clark d'un air suppliant. "On aurait dit ma mère !!"

Clark prit la main de sa femme d'un geste apaisant et la conduisit vers le canapé. "Viens, assieds-toi et repose-toi. On dirait que tu as eu une mauvaise journée avec Laura, et le coup de téléphone de ta mère a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase."

Lois posa sa tête sur l'épaule de Clark et sentit sa mauvaise humeur s'apaiser. "Je suis désolée, Clark, je ne voulais pas m'en prendre à toi. Je sais que c'est terrible d'avoir l'air de ne pas croire où tu étais. J'ai confiance en toi; c'est juste que je viens de passer ces quinze dernières minutes au téléphone avec ma mère et elle me rend FOLLE."

Clark se mit à rire. "Tu l'as déjà dit au moment où tu hurlais dans ton coussin. Que s'est-il passé cette fois ?"

Lois renifla. "L'histoire se répète. Les mêmes vieux reproches… Je ne sais pas comment j'ai pu croire que les choses pouvaient s'arranger. Oh, bien sûr, au début ils avaient une conduite exemplaire, mais maintenant que la 'lune de miel' est terminée, ils retombent dans leur vieille routine. Mon père travaille tard et ma mère a des soupçons."

"Des soupçons ?"

"Papa a toujours travaillé tard -- et il passait beaucoup de temps à son bureau -- mais il y avait aussi des fois où il disait qu'il devait travailler le week-end ou le soir, et en réalité il voyait une autre femme. Quand il rentrait à la maison, ils commençaient à se disputer, et maman le questionnait pour savoir où il était et pourquoi il n'avait pas été à la maison pour donner un coup de main." Lois entoura son mari de ses bras. "Alors, je suis désolée d'avoir commencé à faire ça avec toi. J'ai confiance en toi et je sais que tu ne partirais pas si tu n'étais pas obligé de le faire."

Clark la tira contre lui. "Et je suis désolé de ne pas être rentré plus tôt. Si j'avais su, j'aurais écourté ma ronde. J'aurais dû savoir que Laura n'est pas facile à vivre quand elle est malade."

Ils restèrent assis en silence quelques instants, se contentant de savourer la paix et la tranquillité, quand Lois se mit soudain à rire. "Mon vieux, et Maman qui prend mal que Papa travaille à des heures indues. Si seulement elle savait le nombre de fois où tu dois t'envoler au beau milieu de la nuit pour répondre à des appels que toi seul peux entendre. Elle ne croirait jamais que tu ne couches pas à droite et à gauche."

Clark se recula un peu et releva du doigt le menton de Lois jusqu'à ce que leurs yeux se croisent. "Lois," dit-il avec sincérité, "Je ne pourrais jamais te tromper."

Lois sourit et posa ses lèvres sur les siennes. "Je sais," murmura-t-elle.

Clark la serra dans ses bras. "Mmm, on est bien," dit-il en l'embrassant. "La petite s'est endormie. Est-ce que tu veux faire… quelque chose ?"

Lois leva la tête. "En réalité," dit-elle avec un sourire, "Il y a quelque chose que j'ai eu envie de faire toute la journée."

"Oh, vraiment ?"

"Oui…" Lois s'assit au fond du canapé. "Tu peux me donner le magazine qui est là ? J'ai essayé de finir de lire cet article toute la journée, mais j'ai été tout le temps interrompue !"

"Clark se mit à rire. "Ce n'est pas exactement ce que j'avais en tête," lui dit-il honnêtement. "Mais si c'est vraiment ce que tu veux faire…"

Devant son hochement de tête désolé, il se redressa et prit le magazine qu'elle lui avait montré. Il se choisit un autre magazine et se remit à côté de Lois, content d'être assis avec elle à lire tranquillement.

Toutefois, quelques minutes plus tard, Clark se leva soudain en souriant. "Tu sais quoi, et si je faisais un saut à la boulangerie pour nous prendre quelque chose ? J'ai envie de gâteau à la banane depuis que j'ai arrêté ce cambriolage à la boulangerie de Kingston à midi. Je vais faire de mon mieux pour revenir avant que Laura ne se réveille."

Etant donné que Lois n'était pas quelqu'un qui discutait quand on allait lui chercher à manger, elle lui fit un petit signe de la main en souriant et reprit la lecture de son magazine.

Clark n'était pas parti depuis plus de vingt minutes quand la sonnerie de l'entrée retentit. Lois posa son magazine en soupirant. Ils étaient loin les jours où elle pouvait lire un magazine du début à la fin !

Regardant par le judas, Lois vit un livreur et ouvrit la porte avec un sourire surpris. "Des fleurs !"

"Résidence Kent ?" demanda le jeune homme. "Signez là."

"Merci beaucoup !" s'exclama Lois, tellement stupéfiée par l'énorme bouquet qu'elle faillit garder le stylo. 'Gâteaux, mon œil !' dit-elle rieuse en fermant la porte. Elle savait où s'était envolé son mari si précipitamment -- chez le fleuriste.

Lois mit le magnifique bouquet dans l'eau et posa le vase sur la table basse avant d'ouvrir la carte. Elle sourit en la lisant. Les termes étaient un peu théâtraux, même pour un mari, mais elle en appréciait quand même la teneur. Pour faire suite à leur récente conversation, c'était là une façon très touchante de lui montrer qu'il pensait à elle, et pas à une autre femme, quand il était obligé de partir.

Il ne se passa pas longtemps avant qu'elle n'entende le whoosh familier, suivi du tourbillon de son mari pour se changer dans des vêtements normaux. Quelques secondes plus tard, Clark arriva de la cuisine, un sac de pâtisseries dans la bouche et une tasse de thé dans chaque main. Il posa une tasse sur la table basse devant Lois et s'installa à côté d'elle.

"Ils venaient juste de faire une fournée de brioches à la banane et elles sentaient si bon que je les ai prises à la place des gâteaux," dit-il en ouvrant le sac. Clark remarqua alors les fleurs. "Hé, c'est nouveau… on ne les avait pas quand je suis parti, n'est-ce pas ?"

"Oh, écoutez-vous, M. Innocent," dit-elle en riant. Lois embrassa très fort son mari. "On les a livrées dès que tu es parti. Merci, elles sont magnifiques."

Clark accepta son baiser, mais quand ils se séparèrent, il eut l'air de ne pas comprendre. "Lois je n'ai pas envoyé ces fleurs. Es-tu sûre qu'elles nous sont bien destinées ? Peut-être que le livreur s'est trompé d'adresse."

"Il a dit 'résidence Kent'… et notre adresse est inscrite sur la carte…" Lois se saisit de la carte qu'elle avait posée sur la table. "Regarde, juste là, de Clark -- attends il n'est pas écrit de Clark. Il est écrit -- "

"Pour Clark Kent."

Lois et Clark se regardèrent, stupéfaits. Toutefois, l'expression de Lois se transforma en surprise, en se souvenant du mot accompagnant la livraison. Quand elle ouvrit l'enveloppe, tendant le mot à son mari pour qu'il le lise, elle le vit se tortiller. Et Clark Kent eut l'air soudain très mal à l'aise.

Chéri,

Je m'ennuie de toi chaque fois que nous sommes séparés. Mon amour pour toi surmontera tous les obstacles que nous traverserons. Sentir tes lèvres sur les miennes et nos corps pressés l'un contre l'autre me manque. Bientôt, mon chéri, nous serons réunis pour toujours.

Je t'aimerai toujours,

moi

ACTE UN

Lex Luthor était assis à son bureau, regardant l'écran de l'ordinateur et tapant frénétiquement sur le clavier. Plus il tapait, plus sa mâchoire se contractait et plus il continuait à marteler les touches.

Sa femme, Beth, s'approcha de lui avec précaution. "Lex, chéri, le chef est prêt à servir le déjeuner dans la salle à manger… tu ne vas pas te joindre à moi aujourd'hui ? Tu as travaillé sur ce tableau toute la matinée. Tu devrais t'arrêter."

Lex lui fit un petit signe de la main sans parler et continua à regarder les chiffres devant lui.

Beth hésita, puis essaya encore. "Tu sais, je pourrais t'aider avec ça. Je suis une bonne dactylo et je peux entrer toutes les données dont tu auras besoin," lui proposa-t-elle. "J'aurais plus vite fait de le faire que toi avec deux doigts, et ainsi nous pourrons aller tous les deux déjeuner."

Lex se retourna précipitamment pour répliquer, mais s'arrêta en voyant l'air sérieux de sa femme. Il se détendit un peu et s'assit au fond de son fauteuil. "Je n'ai jamais eu de raison d'apprendre à taper. J'ai toujours payé des gens pour le faire. Je ne l'ai jamais regretté -- j'ai d'autres façons lucratives de passer le temps -- mais je dois admettre qu'il y a des moments où la pratique serait bien utile. Comme maintenant, où je n'ai plus les moyens de payer autant de personnel.

Beth fut surprise par cette allusion de vulnérabilité de la part son mari. "Je sais combien il t'a été difficile," répondit-elle enfin, "de repartir à zéro. Il y a quatre ans, tu étais la quatrième fortune du monde-- "

"La troisième."

"-- et tout a été vendu aux enchères. Mais depuis que tu es revenu à Métropolis l'année dernière, tu as fait un merveilleux travail en reconstruisant ton empire. Je sais que tu n'as plus les moyens que tu avais auparavant, mais tu es toujours un remarquable homme d'affaires, Lex, pour être allé aussi loin. On a l'impression que pour toi c'est facile.

Lex prit sa main et l'embrassa. "Merci, ma chère. J'aimerais seulement que ce soit aussi facile que cela, avec le peu de chance que j'ai eu ces derniers temps. C'est vrai, je suis considérablement riche, mais je crains d'être un peu trop endetté à mon goût." Toutefois, après quelques instants de réflexion, Lex sourit d'un air confiant. "Mais, je vais remédier bientôt à cette situation."

"Endetté ?" demanda doucement Beth, évitant presque de prononcer le mot.

Lex sourit avec indulgence. "Pas de quoi inquiéter ton charmant petit esprit, ma chère. Juste les affaires. Maintenant, sois une gentille fille et descends à la salle à manger pour m'attendre. J'aurai fini dans un petit moment et je te rejoindrai très vite."

"D'accord, Lex. Mais ne travaille pas trop.. je veux que tu manges. Il faut que tu gardes des forces."

Toutefois, Lex lui avait déjà tourné le dos et était retourné étudier son tableau, perdu dans son monde.

Beth Luthor regarda son mari avec regret avant de fermer la porte du bureau.

"Endetté," dit-elle doucement en traversant le couloir. "Emprunter de l'argent pour faire des investissements ou des achats, en espérant vendre à un meilleur prix que tu ne les as achetés, 'et ainsi faire un profit substantiel.'

Lois Lane sortit du quartier général de la police et descendit les marches jusqu'au trottoir. Elle cligna des yeux devant le soleil matinal, attendant que son mari la rejoigne après s'être écarté pour lui ouvrir la porte. "Voilà un lundi matin de perdu," marmonna-t-elle. Quand Clark l'eut rejointe, elle lui fit part de ses remarques. "Depuis des mois, maintenant, des gens sont retrouvés morts à Métropolis et la police n'a toujours pas de suspects !"

Clark soupira. "Je sais. Je pensais qu'en venant ici aujourd'hui on pourrait tirer quelque chose d'Henderson, mais il n'a pas parlé."

"Comment peut-il se taire ? Des cadavres sont semés ça et là. Il doit y avoir un tueur en série en liberté."

Clark hocha la tête. "Je ne sais pas, Lois. La façon d'opérer a l'air d'être la même, mais ça ne colle pas toujours. Et la police n'est pas parvenue à établir un lien entre les victimes; elle pense qu'il s'agit juste de violence aveugle. J'ai étudié les dossiers des premières victimes il y a quelques mois et rien de suspect ne m'a frappé."

"A part pour cette femme qui a drogué ma mère," lui fit remarquer Lois. "C'était l'une des premières victimes et elle était très suspecte !"

"Je ne peux pas dire le contraire, mais je n'ai pas pu trouver de lien entre elle et les précédentes victimes. Rien ne prouve que ces meurtres sont liés. De plus, la police a conclu à un suicide concernant sa mort et ne l'inclut même pas au nombre des victimes."

Lois s'arrêta à côté de sa voiture et ouvrit la portière côté conducteur. "Il se passe quelque chose, Clark, je le sens. Nous avons été tellement distraits ces derniers temps que nous n'avons pas eu le temps d'enquêter sur les récentes victimes. Je pense que c'est la première chose que nous devons faire."

Clark ricana en s'asseyant sur le siège passager. "Tu appelles se battre pour la garde de Laura, apprendre que ma mère se retrouve engagée dans un mouvement protestataire et voir notre fille se transformer en adolescente en une nuit, distrayant ? "Il fit un clin d'œil à sa femme. "Bon sang, quelle métaphore."

Lois lui sourit derrière son volant. "Hé, n'oublie pas que quelqu'un fait du gringue à mon mari. Tu crois que je n'ai pas remarqué toutes ces fonctionnaires de police et que je ne les ai pas vues te faire les yeux doux."

"Tu penses au petit mot et aux fleurs ? Lois, je te l'ai dit je ne pourrais jamais-- "

Devant l'expression inquiète de Clark, Lois leva la main pour le rassurer. "Oui, j'y pensais, et non, je ne crois pas que tu puisses me tromper." Elle lui sourit tendrement et lui caressa le menton du bout des doigts. "J'ai confiance en toi, tu t'en souviens ?"

Clark embrassa la paume de sa main. "Je m'en souviens, et j'ai moi aussi confiance en toi," répondit-il doucement. "Je pense qu'il s'agit d'une plaisanterie."

"Pour toi, c'est facile à dire. On ne t'a pas raccroché au nez trois fois au téléphone hier," dit Lois sèchement en retirant sa main pour démarrer la voiture.

"Eh bien, peut-être qu'ils poussent trop loin la plaisanterie. Allons déjeuner en vitesse et nous retournerons au journal. On ouvrira nos oreilles au Planet pour voir si on peut apprendre quelque chose."

"Ça me va." Lois se tourna soudain vers son mari avec un petit sourire malicieux. "Hé, peut être que Ralph n'a plus le béguin pour moi et a reporté son attention sur toi."

Lois se mit à rire devant l'expression horrifiée de Clark et s'engagea dans la circulation.

"Tout comme le journal, la salle de rédaction du Daily Planet est divisée en deux parties…"

Jimmy Olsen traversait la salle de rédaction en faisant de grands gestes, suivit d'une attirante jeune femme. "Les Sports et les Annonces sont au deuxième étage, alors que la Mode, les Spectacles et les Nouvelles Locales sont au troisième. Nous recevons la majeure partie des nouvelles internationales par télex -- et aussi des bureaux du Planet à l'étranger ou encore d'autres agences de presse -- quoi que parfois nos reporters locaux peuvent en avoir aussi directement. Comme lorsqu'ils rencontrent Superman après un sauvetage international et qu'il leur donne une interview."

"Où se trouve la Section Mode ?" demanda la jeune femme, l'air plutôt chamboulé par la superficie des locaux.

"C'est de là que nous venons," lui expliqua Jimmy. "Après cette porte, là derrière, vous prenez à gauche…" Il s'arrêtèrent tous deux tandis que Jimmy indiquait la direction. "Quand on vous aura trouvé un bureau vous pourrez vous installer à la rubrique Mode, mais comme Mme Lawrence, la rédactrice de la Rubrique Mode, est absente cet après-midi pour un rendez-vous chez le médecin, il n'est pas certain qu'on vous mette là tout de suite. Le bureau du Personnel a dit que vous pouviez remplir les formulaires d'embauche ici, au Département des Nouvelles Locales. Il y a un bureau libre depuis que l'un de nos reporters est parti travailler à l'étranger."

La femme acquiesça et Jimmy la conduisit à son bureau. "Merci, Jimmy. Je vous remercie de votre aide. Je ne crois pas que j'aurais pu trouver mon chemin sans me perdre. Des personnes du service m'ont emmenée déjeuner avec eux, mais je vais me retrouver seule jusqu'au retour de Mme Lawrence."

Jimmy sourit. "Pas de problème… Kate, c'est bien ça ?" Devant son approbation, il poursuivit. "Je me suis quelques fois perdu les premiers temps où j'étais au Planet. Mais vous allez vite vous y faire. " Jimmy regarda sa montre. "Euh, oh, il faut que j'y aille… j'étais censé aller chercher des dossiers pour Lois et elle va revenir dans quelques minutes. Quand elle appelle de sa voiture sur son portable, vous pouvez être sûre qu'elle a hâte d'avoir des informations. A plus tard, Kate."

"J'espère que Jimmy aura les dossiers quand nous rentrerons," dit Lois, en regardant avec impatience les voyants de l'ascenseur qui s'élevait. "Il doit y avoir un lien entre ces meurtres, et je vais le trouver."

Clark se mit à rire. "C'est pour ça que je t'aime. Tu ne laisses jamais rien tomber facilement."

Lois lui sourit par-dessus son épaule. "Ce n'est pas la seule chose pour laquelle tu m'aimes, n'est-ce pas ?" lui dit-elle en plaisantant.

Clark éclata de rire. "Non, c'est juste l'une d'entre elles."

"Très bien." Lois se retourna en riant et se mit sur la pointe des pieds pour lui donner un petit baiser. "Je ne faisais que vérifier."

Elle changea toutefois d'attitude quand la sonnerie de l'ascenseur annonça l'arrivée de l'équipe de reporters du Daily Planet dans la salle de rédaction. Lois avait à peine commencé à descendre l'escalier vers la rubrique des Nouvelles Locales quand elle aperçut sa proie.

"Jimmy ! As-tu les dossiers que je t'ai demandés ?"

Jimmy posa une pleine brassée de dossiers sur le bureau de Lois. "Demandez et vous obtiendrez, oh, brillante journaliste d'investigation."

Lois ne put se retenir de sourire à l'exaltation de Jimmy. "Eh bien, on a l'air de bonne humeur ?" Lois examina la salle de rédaction du regard, puis se retourna vers Jimmy d'un air entendu. "Laisse-moi deviner, la nouvelle employée à six heures ?"

Jimmy se retourna pour regarder derrière lui et vit la jeune femme à qui il avait fait faire le tour du journal, assise à son bureau quelques mètres plus loin. Quand il se retourna vers Lois, il fit semblant d'être blessé. "Lois, je suis choqué. Vous savez que j'ai une petite amie."

Lois ricana. "Uh huh… et je sais aussi que tu aimes faire du lèche-vitrines, même quand tu n'as pas l'intention d'acheter quelque chose."

"Quoi... ? Je-- je… je ne…" grinça-t-il. "Est-ce à ce point flagrant ?"

Lois leva les yeux au ciel. "Bon sang ! Ne t'en fais pas, je ne vais pas le dire à Penny, quoique je parie cent dollars que je n'ai rien à lui apprendre qu'elle ne sache déjà." Lois donna un petit coup de coude à Jimmy. "Contente-toi de garder tes yeux et tes mains dans tes poches, Don Juan, et tout ira bien."

"Je vais m'en souvenir," lança Jimmy avec un sourire, redevenant soudain lui-même. "Bon, maintenant, il vaudrait mieux que je retourne travailler, avant que Perry n'ait ma peau. Si vous avez besoin que je fasse d'autres recherches, dites-le moi." Et il s'éloigna.

Lois lui sourit avec gratitude. "Merci, Jimmy." Quand il fut parti, Lois s'installa sur sa chaise et ouvrit le premier dossier.

Clark était à son bureau en train d'écouter ses messages sans s'apercevoir que les yeux d'une femme étaient posés sur lui pendant qu'il prenait des notes. Un sourire craintif traversa le visage de la jeune femme en le regardant travailler et elle mit ses dossiers de côté et sortit un petit miroir de son sac. Après avoir arrangé ses cheveux et son rouge à lèvres, elle se leva et traversa la salle vers son bureau.

La jeune femme se plaça nerveusement face au bureau de Clark, son sourire se dissipant en voyant qu'il ne semblait pas la remarquer. Et enfin, incapable de se retenir, elle dit. "Salut, Clark."

Clark leva les yeux vers la jeune femme qui se tenait devant lui. Ses yeux étaient sombres d'impatience en attendant sa réponse. Il la regarda quelques instants en essayant de la reconnaître. Son visage lui semblait quelque peu familier et elle agissait comme si elle le connaissait…

Soudain Clark eut un éclair de lumière et la reconnut. "Kate ? Kate Martin ! Je n'arrive pas à le croire; ça fait combien de temps ?!" Clark se leva et serra la main de Kate, mais elle se jeta dans ses bras.

"Pourquoi ne m'avez-vous pas dit que vous étiez en ville ?" demanda Clark en se reculant.

"Eh bien, en vérité," répondit-elle d'un air content, "Je-- "

Lois leva les yeux de ses dossiers à cette soudaine conversation et reconnut la jeune femme qui se trouvait avec Jimmy quelques instants auparavant. Comme la femme se tenait entre son bureau et celui de Clark , Lois se leva pour se présenter. "Bonjour," dit-elle, interrompant les explications de Kate. "Je suis Lois Lane, la… partenaire de Clark." A ces mots, elle fit un clin d'œil à son mari.

Kate parut surprise de découvrir une autre personne s'interposant entre elle et Clark, mais elle se reprit très vite. "Ravie de faire votre connaissance, Lois," dit-elle. "J'ai vu votre nom à côté des articles de Clark."

Clark s'empressa de faire les présentations. "Lois, voici Kate Martin. Kate et moi avons travaillé ensemble à Smallville. Elle a fait un stage au Smallville Press quand j'en étais le rédacteur. Il y a de ça… bon sang, huit ans maintenant ? Neuf ?"

Kate acquiesça d'un petit signe de tête. "Je sais, je n'arrive pas à y croire." Elle se retourna et regarda Clark dans les yeux. "On dirait que c'était hier…"

Lois dressa les sourcils. L'expression de Kate était évidente. La jeune femme avait visiblement le béguin pour son mari. Curieuse d'en savoir plus sur cette femme, Lois proposa. "Clark, je crois que Kate travaille ici, maintenant. N'était-ce pas vous qui étiez assise à l'ancien bureau de Frank, Kate ?"

Kate hocha la tête. "Uh huh; je suis censée avoir un bureau demain, mais on m'a dit de prendre celui-ci cet après-midi."

Clark était étonné, mais visiblement content. "Vous travaillez pour le Planet ? C'est formidable. Qu'est-ce que vous allez faire ?"

"Eh bien, je commence au bas de l'échelle -- je travaille comme assistante de Mme Lawrence à la rubrique Mode. Au début je vais faire beaucoup de secrétariat et de remaniement, mais si je travaille dur, je pourrais peut-être devenir un jour à mon tour rédacteur en chef. C'était mon but depuis bien longtemps -- travailler pour un grand journal. Alors, j'ai décidé d'essayer ! J'ai emménagé à Métropolis et j'ai obtenu un rendez-vous avec Mme Lawrence, et je suis là."

Clark sourit devant l'attitude enjouée et sérieuse de Kate. "Eh bien, c'est un bon point pour vous. Et bienvenue à Métropolis. Il faut que vous veniez dîner chez nous un de ces jours." Clark regarda Lois, qui sourit et acquiesça poliment.

Kate regarda un instant Lois, puis se tourna vers Clark, "Nous ?" demanda-t-elle, intriguée.

Clark prit la photo qui se trouvait sur son bureau. Il la tourna vers Kate. "Lois est ma femme," s'exclama-t-il en souriant. "Et cette jolie petite chose," poursuivit-il fièrement, en montrant la photo, "est notre fille, Laura."

Kate regarda la photo. "Vous êtes marié ?" Elle regarda Lois qui sourit et acquiesça. "Oh… je… eh bien…" La jeune fille paraissait à court de mots. Puis elle ajouta faiblement, "Félicitations."

Il y eut un léger instant de gêne, tandis que tous trois se regardaient, et Lois ne put s'empêcher d'être soulagée par l'arrivée intempestive de Jimmy.

"Lois," s'exclama-t-il, la voix un peu plus forte qu'à l'ordinaire. "J'ai trouvé un autre dossier concernant les informations que vous m'avez demandées. J'ai pensé que ça pouvait être intéressant."

Lois lui sourit et prit le dossier qu'il lui tendait. Elle remarqua que les yeux de Jimmy n'étaient pas dirigés vers elle, mais vers Kate. Lois ricana en son for intérieur et hocha la tête. "Merci, Jimmy."

Clark avait, lui aussi, l'air ravi de cette interruption et il fit un petit sourire à Kate avant de se tourner vers Lois. "Bon, Lois, si on se remettait au travail ?"

Lois acquiesça. "Oui, on ferait bien. Ravie d'avoir fait votre connaissance, Kate."

Kate sourit, mais Lois ne put s'empêcher de remarquer que son sourire était quelque peu forcé. "J'ai été ravie de vous rencontrer, moi aussi."

Tandis qu'ils retournaient s'asseoir, Lois regarda Kate qui s'installait à son bureau et parlait avec Jimmy. "Est-ce que quelque chose dans la réaction de Kate t'a paru étrange, Clark ?"

Clark eut l'air surpris. "Que veux-tu dire ? Tu n'aimes pas Kate ?"

"Oh, non, ce n'est pas ça. Elle a l'air très gentille. C'est juste-- " Lois réfléchit une minute et haussa les épaules. "Non, ce n'est rien. Je suis sûre qu'elle est juste nerveuse de commencer un nouveau travail." Décidant qu'il valait mieux changer de sujet, Lois lui montra le dossier. "J'espère qu'il y a des informations plus intéressantes là-dedans que nous n'en avons eu ce matin au quartier général de la police."

L'après-midi passa rapidement, mais à la fin de la journée, Lois et Clark n'étaient pas moins déçus qu'ils ne l'avaient été au commissariat de police. Les recherches que Jimmy avait faites sur les différentes victimes offraient un large éventail d'informations. Il y avait des personnes de différents milieux -- des collectionneurs, des marchands d'art, des hommes d'affaires et des sans domicile fixe, des gens ayant un lourd passé criminel et d'autres n'ayant même jamais eu une contravention.

Découragés, Lois et Clark décidèrent d'arrêter et de reprendre leur fille à la garderie à l'étage inférieur.

Quand ils furent rentrés à la maison, Lois allaita Laura pendant que Clark préparait un petit dîner. Il revint dans la salle de séjour au moment où Lois reboutonnait son chemisier.

'Viens, là mon trésor," dit Clark à sa petite fille. "Allons changer ta couche et Maman et Papa pourront dîner, à leur tour." Il se tourna vers sa femme. "Lois, le dîner est presque prêt. Tourne juste un peu la sauce pour éviter que ça brûle, d'accord ?" Au petit signe de tête de Lois, Clark et Laura grimpèrent l'escalier.

Lois entra dans la cuisine et sourit en respirant les différents arômes. Il n'y avait là rien de fantaisiste -- juste un peu de poulet sauce aigre-douce que Clark avait préparé pendant le week-end et qu'il avait fait réchauffer -- mais elle avait faim. Remarquant que la sauce bouillait, Lois baissa le feu et sortit deux assiettes. Plaçant une généreuse cuillerée de riz au centre de chacune, elle était sur le point de recouvrir chaque assiette de sauce quand le téléphone sonna.

"Clark ?" appela-t-elle. "Tu peux t'en occuper ?"

"Je ne peux pas, chérie," lui répondit-il. "Je suis en train de changer Laura."

Lois posa maladroitement la casserole et l'assiette et décrocha le téléphone. "Allô ?"

Elle fut surprise que personne ne réponde. Elle commença à s'énerver. "Allô ?" demanda-t-elle encore, sa voix reflétant maintenant la colère. Sentant sa mauvaise humeur éclater, elle tapa sur le téléphone, "Qui que vous soyez, arrêtez de nous appeler !"

Clark arriva tenant Laura dans les bras, juste à temps pour voir Lois raccrocher avec colère le téléphone. "Qu'est-ce que c'était ?"

Lois hocha la tête et essaya de se calmer. "Juste un cinglé," répondit-elle entre ses dents. "J'aimerais que, qui que soit cette personne, elle arrête de nous appeler et nous laisse tranquilles. Ça commence à devenir lassant."

"Tu vas bien ?" demanda Clark en posant la main sur son épaule. "Tu as l'air toute retournée."

Lois retira la main de Clark de son épaule et se dirigea vers les assiettes. "Non, je vais bien. Je suis juste en colère, c'est tout."

Clark regarda un instant sa femme d'un air inquiet, puis il posa Laura dans sa balancelle à côté de la table en essayant de conserver une voix enjouée. "Voilà, mon bébé… tu peux te balancer pendant que Maman et Papa mangent."

Le dîner fut très vite servi et, bien que Lois se sente quelque peu distraite par la série de coups de téléphone anonymes des derniers jours, elle fit de son mieux pour mettre ses pensées de côté et se réjouir de l'opportunité qu'elle, Clark et Laura avaient d'être enfin en famille.

Après une agréable soirée à parler et à jouer avec Laura, Lois se sentit plus détendue quand arriva l'heure de coucher Laura. Clark proposa de le faire et dit à Lois d'en profiter pour se détendre. Lois n'eut pas besoin d'autres encouragements. Le temps que Clark revienne dans la chambre une heure plus tard, Lois était déjà couchée et lisait un magazine.

"Bien, Laura est profondément endormie," dit Clark en retirant sa robe de chambre. Il la posa sur le dos d'une chaise et se glissa sous les couvertures. "On dirait que nous allons enfin avoir un peu de temps pour nous."

Lois posa le magazine sur ses genoux et lui sourit d'un air fatigué. "Ces moments semblent être de plus en plus rares ces derniers temps."

"Tout à fait vrai." Il montra le magazine sur ses genoux. "Qu'est-ce que tu lis ?"

"Oh, j'étais en train de lire un article sur les maisons anciennes de Métropolis. Métropolis Today a fait un reportage sur le sujet ce mois-ci et j'ai pensé que ça pouvait être intéressant."

"Ça m'en a tout l'air. J'aimerais bien y jeter un œil quand tu auras fini."

"Tiens," lui dit Lois, en lui tendant le magazine. "Je suis épuisée. Je crois que je vais m'allonger quelques instants."

Clark prit tout son temps pour lire l'article, se réjouissant pour une fois de ne pas avoir à faire quelque chose en vitesse. Il sursauta toutefois quand la sonnerie du téléphone de la table de nuit retentit. Lois ronchonna.

"Qui peut bien appeler à cette heure de la nuit ?" se demanda Clark à haute voix. "Il est presque onze heures."

Lois soupira. "Je n'en sais rien, mais je le prends. "Elle se tourna et décrocha le téléphone. "Allô ?"

Dès qu'elle eut prononcé ces mots elle entendit un clic et la ligne fut coupée. Contrariée, elle raccrocha violemment le téléphone.

Clark la regarda d'un air inquiet. "Encore raccroché ?"

"Oui," grommela Lois. Elle se retourna pour regarder Clark. "Clark, il faut qu'on trouve qui fait cela. Ça dépasse les bornes. J'aurais eu tendance à dire que les fleurs étaient une plaisanterie, mais tous ces coups de téléphone donnent la chair de poule. Qu'est-ce qu'on peut faire?"

Clark se passa la main dans les cheveux. "Peut-être qu'on pourrait arrêter quelques temps la sonnerie. Celui qui fait ça va sans doute finir par se fatiguer de parler au répondeur et il arrêtera d'appeler. Il s'agit peut-être de sales gamins; les fleurs n'ont peut-être rien à voir. " Devant le regard sceptique de Lois, il soupira. "Je sais, je n'y crois pas non plus," admit-il.

"Même en admettant que les coups de téléphone soient juste des farces d'écoliers, quelqu'un t'a envoyé un petit mot romantique avec les fleurs." Lois fronça les sourcils. "Et il n'y a qu'une seule personne que l'on connaisse qui est obsédée par toi -- et qui me déteste."

"Qui ?" Ce fut au tour de Clark de paraître sceptique.

"Mlle Bailey, des Services Sociaux. Tu te souviens de ce que le détective privé de Constance Hunter a découvert pendant le procès ? Que Bailey a commencé à avoir le béguin pour toi quand elle a fait notre évaluation en tant que parents adoptifs -- et que c'est pour cela qu'elle a été si agressive à essayer de prouver que j'étais une mère indigne, parce qu'elle était jalouse de notre relation ?"

Clark n'était pas contre mais paraissait en douter. "Je crois que l'on devient un peu paranoïaques."

Lois se rallongea sur l'oreiller en ronchonnant. "Bien.. Mais ne viens pas dire que je ne t'avais pas prévenu quand tu trouveras un lapin qui cuit sur le fourneau."

Clark ricana et retourna à son magazine. "Entendu."

Il continua de parcourir le magazine pendant quelques minutes. Soudain il se redressa. "En parlant de paranoïaque…" commença-t-il, se penchant pour regarder une photo plus en détails.

Lois reconnut son intonation et le regarda. "Quoi ?"

Clark tourna vers elle le magazine afin qu'elle puisse voir la photo. "Regarde cette photo. Tu reconnais quelque chose ?"

Lois lui retira le magazine des mains. "Mme Beth Luthor a déjà tant donné à Métropolis. Elle nous fait maintenant faire le tour de sa magnifique résidence," lut Lois à haute voix. Elle eut un petit cri étouffé. "Oh, mon Dieu, ça me fait vomir."

"Regarde la photo du bureau de Luthor. Ce qui est accroché sur le mur derrière son bureau ?"

Lois se redressa et étudia la photo. "On dirait une épée… l'épée d'Alexandre le Grand qu'il possédait ?"

Devant le petit signe de tête de Clark, elle se remit à étudier le reste de la photographie. Elle montra différents objets. "Lex adorait parler de ses antiquités. Cette frise au-dessus de la cheminée, il m'a dit qu'elle venait de l'ancienne Egypte. Et ce vase de la Dynastie Ming." Lois leva les yeux vers Clark. "Mais tous ces objets ont été vendus aux enchères il y a cinq ans quand Lex -- ou son clone ou qui que ça ait pu être -- s'est suicidé en sautant de la Tour Luthor. Même les objets qu'il a légués à Arianna Carlin ont été vendus aux enchères quand elle a eu besoin d'argent pour payer ses factures."

"Si bien qu'on se demande comment il a pu les récupérer aussi rapidement, n'est-ce pas ? Ça fait seulement, combien, un an et demi qu'il est revenu à Métropolis, en déclarant qu'il avait été kidnappé et remplacé par son clone juste avant l'achat de l'immeuble du Daily Planet ?"

"Juste après qu'il m'ait demandée en mariage, mais avant que je lui aie répondu."

"Alors que s'est-il passé ? Les gens lui ont juste retourné ses antiquités par bonté d'âme ? La voix de Clark était sarcastique.

"Il a pu les racheter," s'opposa Lois. Normalement Clark était celui qui avait la voix de la raison, mais quand il s'agissait de Lex Luthor, leurs rôles s'inversaient fréquemment. "Mais quand même -- s'il a pu acquérir tous ses vieux 'trésors', je me demande quelles parts de son ancienne vie il va essayer de reprendre. Quand Lex veut quelque chose, il ne s'arrête pas avant de l'avoir obtenu."

Et alors que ces mots restaient en suspens, Lois et Clark se regardèrent. Chacun savait intuitivement ce que l'autre pensait -- leurs souvenirs de Lex kidnappant Lois après leur premier mariage leur revenaient en mémoire. Ils frémirent tous les deux, malgré leurs efforts.

Ils restèrent assis en silence un long moment, chacun perdu dans ses pensées, jusqu'à ce que Clark finisse par dire calmement. "Et si l'histoire de Lex au sujet du clone était un mensonge ?"

La gorge de Lois serra. "Nous l'avons pensé depuis le début, depuis qu'il est revenu. Mais la police et les juges ont décidé qu'il disait la vérité."

Clark hocha légèrement la tête. "Non, ils ont dit qu'ils ne pouvaient pas prouver que son histoire était fausse. Ce n'est pas la même chose que prouver que c'est la vérité."

"Je veux que ce soit la vérité," reconnut Lois. "Je veux croire que le monstre qui a fait toutes ces horribles choses est mort. Je veux savoir que la personne qui m'a kidnappée et a essayé de te tuer ne pourra plus jamais nous faire de mal. L'autre hypothèse-- "

"-- est trop effrayante pour y penser."

"Oui," murmura-t-elle.

Clark prit Lois dans ses bras. "Cela m'effraie aussi. Je n'ai aucune confiance en Luthor -- même si son histoire est vraie, c'était un criminel bien avant qu'il prétende avoir été remplacé. Mais s'il a orchestré tout cela, nous avons un gros problème."

"Parce qu'il sait que tu es Superman."

"Et il peut s'en servir contre moi -- ou toi."

"Ou Laura."

Clark soupira en tremblant et serra Lois contre lui. "Je pense," dit-il doucement après un long moment, "que Luthor dise ou non la vérité au sujet du clone, qu'il est toujours dangereux, et rien ne réussira à me convaincre du contraire. Nous avons baissé notre garde cette dernière année. Nous avons été tellement occupés -- d'abord par ta grossesse, puis par Laura -- et nous nous sommes laissés aller à penser que tout allait bien. Et peut-être que c'est vrai. Mais je ne veux plus me laisser distraire davantage. Laura et toi êtes trop importantes à mes yeux pour vous mettre en danger, juste parce que je n'ai pas été assez vigilant. Je ne pourrais plus vivre s'il arrivait quelque chose."

Lois enfonça sa tête contre la poitrine de Clark, ayant besoin de sentir sa force. Elle savait que Clark avait raison -- ils s'étaient laissés aller à penser qu'ils étaient en sécurité car l'autre hypothèse était trop effrayante pour y songer. Mais quand il s'agissait de Luthor, ils ne devaient jamais baisser leur garde.

"Ne t'inquiète pas, chérie," murmura Clark. "Je ne le laisserai pas te faire de mal -- plus jamais."

ACTE DEUX

"Dépêche-toi, Clark, ou on va être en retard." dit Lois dont la voix montait dans l'escalier.

"On a presque fini," lui répondit-il en se débattant pour enfiler une chemise propre à un bébé qui gesticulait. D'une voix plus calme, il s'adressa à la petite fille sur la table à langer. "Et toi, jeune fille, ne vomis plus avant que nous soyons sortis !"

Laura gazouilla avec un sourire en le regardant et Clark se mit à rire. "Tu aimes nous faire tourner en bourrique, n'est-ce pas ?" lui dit-il. "Hein ?"

"Clark !"

"On arrive !" Satisfait que Laura soit à nouveau présentable, Clark la prit dans ses bras, se précipita dans les escaliers et arriva en coup de vent devant Lois, qui se préparait à ouvrir la porte. "Allez, chérie, qu'est-ce qu'on attend ?" lui dit-il en souriant.

Lois ne put s'empêcher de sourire en les laissant sortir de la maison tandis qu'elle fermait la porte derrière elle. Elle regarda sa joyeuse petite fille qui gigotait dans les bras de Clark. "Huit mois et elle aime déjà voler; c'est bien ta fille."

Clark enserra Lois de son bras libre. "Et la tienne," dit-il en riant, en posant ses lèvres sur les siennes.

En installant Laura dans son siège et en mettant leurs nombreux sacs dans le coffre de la voiture, Lois s'étonna qu'ils aient pu quitter la maison dans la matinée. Quand les parents Kent étaient chez eux, les choses se passaient plutôt mieux -- le petit déjeuner les attendait sur la table quand ils descendaient et Laura était changée et habillée pendant que Lois et Clark déjeunaient en paix. Et bien sûr, les seuls sacs que portaient les deux journalistes ne contenaient que le travail qu'ils avaient apporté la veille au soir.

Aussi merveilleux que ce soit d'avoir une baby-sitter à la maison en permanence, l'espace s'était rétréci dans la maison. Aussi lorsque Martha et Jonathan avaient trouvé une location peu onéreuse quelques pâtés de maisons plus loin, ils s'étaient empressés de signer. Lois et Clark avaient été surpris -- ils n'avaient pas pensé que les Kent pourraient accepter de mettre de l'argent dans un appartement, même petit, spécialement depuis que Lois et Clark avaient prévu de mettre Laura à la garderie du Daily Planet dès qu'elle ouvrirait. Mais le prix du loyer était intéressant, et il permettait au Kent d'avoir un pied à terre à Métropolis, un endroit où ils pouvaient mettre leurs affaires pendant qu'ils partaient en voyage, tout en aidant un jeune professeur de l'Université de Métropolis pendant qu'il travaillait Outre-Atlantique. Et bien sûr -- comme Lois l'avait prévu -- plus ils découvraient leur petite-fille, moins leurs voyages devenaient fréquents.

Bien entendu, Jonathan et Martha se préparaient à partir en voyage. Mais cette fois, il prévoyaient de ne s'absenter que quelques semaines -- et ils avaient déjà arraché à leur fils la promesse de pouvoir s'occuper de leur petite-fille quand ils reviendraient. Mais pour l'instant, Laura était inscrite à la garderie du Daily Planet quatre jours par semaine.

Il avait fallu à Lois et à Clark une quinzaine de jours pour retrouver leurs habitudes matinales. En s'attelant tous deux à la tâche, il parvenaient en général à sortir de la maison avec Laura à une heure respectable -- à part quand Laura leur vomissait dessus quand ils atteignaient la porte, évidemment.

Assise au volant de la Jeep, Lois se faufila habilement dans les rues de la ville, conduisant juste un peu plus agressivement que d'ordinaire pour rattraper le temps perdu. Elle se dit qu'elle s'était plutôt bien débrouillée pour les amener sains et saufs à destination -- Clark n'avait cramponné le tableau de bord que deux fois pendant les quinze minutes de trajet quand Lois avait adroitement donné un coup de volant pour sortir de la circulation.

Enfin ils étaient arrivés entiers et en bon état -- du moins si "en bon état" voulait dire aussi traverser les couloirs du Daily Planet en trimbalant plusieurs sacs surchargés et un bébé de sept kilos.

"On y est," dit fièrement Lois quand ils arrivèrent devant la porte de la garderie, peinte aux couleurs vives. La directrice du centre, Mme Ruth Wilson, leur ouvrit la porte avec un chaleureux "bonjour" et aida Lois avec les sacs.

"Ce sac gris contient quelques vêtements de rechange pour Laura, au cas où," expliqua Lois, en tendant le sac à Ruth. "Et ce sac Thermos trois biberons de lait maternel. Pouvons-nous les mettre au réfrigérateur ?" Devant le petit signe de tête affirmatif de la femme, Lois poursuivit, "Laura est encore un peu enrhumée, mais le pire semble être passé…"

Les deux femmes organisèrent les affaires de Laura pendant que Lois continuait à informer la directrice de l'état de Laura. Toutefois, tandis qu'elles discutaient, Lois regarda autour d'elle avec surprise. "Mais où est Clark ?" se demanda-t-elle à haute voix. "Il doit être encore dans le couloir."

Tandis que Mme Wilson portait les biberons de Laura à la cuisine, Lois se retourna et se dirigea vers la porte d'entrée du centre puis dans le hall du Daily Planet. Elle ne vit pas immédiatement Clark, mais en jetant un œil dans le hall, un rire familier attira son attention. Lois regarda vers la cafétéria et découvrit son mari -- partageant un cappuccino avec Kate Martin.

Lois vit Clark tendre Laura à Kate pendant qu'il sortait quelques dollars de son portefeuille pour payer les deux cafés. Kate faisait des petites grimaces et elle chatouilla l'enfant jusqu'à ce que Laura éclate de rire. Prenant une gorgée de café, Kate reporta ensuite son attention sur Clark, lui disant quelque chose qui le fit sourire fièrement. Lois se tendit en remarquant la façon dont Kate touchait le bras de Clark, et la manière dont Clark était absorbé, se penchant pour écouter Kate, les yeux brillants d'une plaisanterie échangée.

En regardant cette autre femme tenir sa fille et flirter avec son mari, Lois ressentit une pointe de jalousie. Les mots que sa mère répétait constamment pendant son enfance résonnaient dans la petite part d'insécurité qu'elle avait à l'esprit … 'il te trompe, tu ne dois pas lui faire confiance.'

Toutefois, en regardant Clark gazouiller devant sa fille, Lois chassa les voix du passé. Elle avait totalement confiance en Clark -- et rien ni personne ne pouvait la faire douter de son amour pour elle.

Avec une confiance retrouvée, Lois traversa le hall d'entrée vers le couple. "Bonjour," dit-elle gentiment à Kate, ne laissant pas paraître dans sa voix les doutes qu'elle avait eus. Elle n'allait pas donner à cette jeune femme la satisfaction de découvrir qu'elle l'avait considérée comme une menace.

Clark regarda sa femme avec un sourire heureux. Lois remarqua que Kate paraissait déçue, mais Clark n'avait pas l'air de se sentir coupable.

"Salut, chérie !" dit-il en reprenant Laura des bras de Kate. "Est-ce que tout est en ordre ? Laura et moi allions te suivre quand Kate s'est arrêtée pour nous dire bonjour." Clark lança un petit sourire à Kate, que la jeune femme lui retourna.

Lois se contenta de sourire d'un air entendu. "Ah, elle s'est arrêtée pour dire bonjour ? Bon, c'est très bien que vous ayez pu tous les deux rattraper le temps perdu. Mais maintenant," elle tourna son sourire vers Clark, "nous ferions mieux de déposer Laura et de monter ou Perry va *nous* faire rattraper le temps perdu en nous faisant rester tard ce soir."

"C'est vrai. A plus tard, Kate."

"D'accord, Clark ! A plus tard," répondit la jeune fille. "Et au revoir, petite Laura… j'ai beaucoup aimé te prendre dans mes bras.'

Ce n'est que lorsqu'ils arrivèrent à la garderie que Lois se rendit compte que Kate l'avait ignorée. 'Très intéressant," pensa-t-elle. Le béguin que la jeune fille avait pour Clark était si flagrant qu'il en était presque embarrassant. Cette idée -- ajoutée au fait que Clark ne semblait même pas l'avoir remarqué -- la fit éclater de rire.

"Quoi ?" demanda Clark en levant la tête.

Lois fit un geste de la main pendant qu'il amenait Laura dans la salle et lui retirait son manteau. "Rien; vraiment, ce n'est rien." Puis elle regarda le gobelet de café qu'il tenait. "Dis donc, vas-tu m'en offrir un ou c'est juste pour Kate ?"

Clark parut perdu quelques instants jusqu'à ce qu'il remarque ce qu'elle regardait. "Oh… Oh !" Lois pensa qu'elle l'avait 'eu' jusqu'à ce qu'il prouve une fois de plus qu'il était plein de surprises. Il lui tendit le gobelet. "En vérité, c'est pour toi. J'ai déjà bu le mien." La façon dont Lois le regarda le fit changer d'attitude. "Quoi ?" demanda-t-il, un peu timidement.

Lois hocha la tête et lui sourit chaleureusement. "Tu," dit-elle simplement, "ne cesseras jamais de me surprendre." Lois eut l'air de vouloir en dire plus, mais à ce moment Mme Wilson s'avança vers eux et tendit les bras à Laura.

"Bonjour Clark, re-bonjour, Lois. Les biberons de Laura sont tous au frigo et j'ai mis des couches et des vêtements pour elle dans son casier… je pense que tout est en ordre."

Clark serra sa fille dans ses bras et l'embrassa puis il la tendit à Lois pour qu'elle fasse la même chose. Ils tendirent à Ruth Wilson le bébé qui souriait et elle l'accepta chaleureusement. Mais au moment où Lois et Clark allaient partir, ils se retournèrent vers leur bébé qui pleurait.

"Oh, Laura, chérie, ne pleure pas !" la supplia Lois. Elle regarda Ruth avec désespoir. "Elle était si gentille le premier mois où nous l'avons amenée. Je ne comprends pas pourquoi elle fait ça ces derniers temps."

Mme Wilson caressa le dos de Laura et dit calmement -- tant pour l'enfant que pour les parents. "Je sais que c'est dur, Lois. Mais croyez-moi, elle s'arrête de pleurer dès que vous vous en allez. C'est seulement de vous voir partir qui est difficile pour elle. Dans quelques minutes, elle ne se souviendra que des bons moments qu'elle passe ici et sera ravie de rejoindre les autres enfants."

Après quelques instants à essayer de calmer Laura, Lois et Clark admirent qu'ils rendaient les choses plus difficiles en restant -- autant pour eux que pour Laura. Ils donnèrent à leur fille un dernier baiser et se forcèrent à lui faire un petit signe enthousiaste en se dirigeant vers l'ascenseur.

"Je déteste la laisser quand elle pleure comme ça," dit Clark avec émotion dès que la porte fut fermée.

Lois lui caressa gentiment le bras. "Je sais, moi aussi. Ruth dit que huit mois est un âge où la 'séparation est difficile' et qu'il est tout à fait normal que Laura se mette à pleurer. Nous sommes censés agir en confiance et montrer à Laura qu'il n'y a rien à craindre."

Toutefois, Clark paraissait toujours contrarié et continuait à jeter de longs regards vers les portes de la garderie tandis qu'ils marchaient dans le couloir. "C'est dur," admit-il. Il tira sur son oreille, montrant qu'il super écoutait. "Ce n'est pas que j'écoute automatiquement ses cris, mais quand je les perçois, il m'est vraiment difficile de ne pas les entendre."

Au moment où ils entraient dans l'ascenseur, Lois passa ses bras autour du cou de son mari et se blottit contre lui. "Tu es un bon papa," lui dit-elle en souriant. "L'année prochaine, elle entrera probablement dans la garderie sans se retourner et tu te sentiras misérable parce que tu croiras qu'elle n'a plus besoin de toi."

"Sans doute. C'est juste que -- " Sentant remonter son émotion, il s'interrompit et hocha la tête. Puis il regarda sa femme avec un doux sourire et pencha son front contre le sien. Sa voix se fondit en un murmure. "je suis tellement heureux que nous ayons fait un bébé. Je vous aime tant toutes les deux."

Lois lui fit un petit sourire. "Et je t'aime aussi. Tellement."

Ils étaient encore en train de s'embrasser quand les portes de l'ascenseur s'ouvrirent.

Plus tard, ce matin-là, Lois s'avança vers Clark assis à son bureau sur lequel papiers et dossiers recouvraient presque toute la surface du plan de travail. "Tu as trouvé ?" lui demanda-t-elle, remarquant qu'il travaillait sur la liste des récents meurtres à Métropolis.

Clark raya un autre nom de la liste et se passa la main dans les cheveux. "Peut-être… je n'en suis pas encore sûr. J'ai trouvé quelques petites choses que l'on peut considérer insolites -- mais quand j'y regarde de plus près ça a plutôt l'air d'une coïncidence."

Lois tira sa chaise. "Bon, mettons-nous tous les deux au travail. Je viens de finir mon article sur le projet municipal de réaménagement de la 44ème rue. Alors j'ai un peu de temps pour t'aider à étudier ces dossiers."

Les deux reporters travaillèrent un moment, vérifiant et recoupant la liste des victimes, essayant de trouver un point commun qu'ils auraient pu manquer plus tôt. Ils étaient sur le point d'admettre leur défaite quand Lois se dressa soudain. "Clark, donne-moi la feuille que je viens de lire… j'ai peut-être quelque chose."

Tandis que Clark attendait impatiemment, Lois vérifia à nouveau ses informations, d'un air d'abord étonné puis songeur. Elle tendit enfin à Clark une liste avec quatre noms entourés. "Est-ce que ces noms te disent quelque chose ?"

Clark regarda la liste, puis fronça les sourcils. "Eh bien, Arthur Coogan était marchand d'art sur Upper East Side… et Karl Heinz n'était-il pas dans l'import/export ? Du genre véreux ? Mais je ne reconnais pas ces deux autres noms… Anne Maxwell et Robert Turner."

Lois reprit la liste. "Anne Maxwell est -- était -- expert en antiquités et Robert Turner était supposé faire du marché noir d'objets rares."

Clark haussa les épaules. "D'accord, ils faisaient tous du commerce d'objets de valeur, certains légalement, certains bien moins. Mais ça ne fait jamais que quatre personnes parmi combien ? Vingt meurtres dans les six derniers mois ? Quel est le rapport ?"

"Et si je te dis que tous les quatre…" Lois fit pivoter sa chaise, tendit la main de l'autre côté de l'allée et prit un exemplaire du magazine Métropolis Today du mois sur le coin de son bureau. Elle ouvrit le magazine devant Clark de façon théâtrale. "assistaient à la vente aux enchères des biens de Lex Luthor il y a cinq ans."

Clark laissa échapper un petit sifflement en regardant le magazine que lui et Lois avaient parcouru la veille au soir. Il regarda avec attention les objets qui se trouvaient sur la photographie. "Et ils ont acheté certains de ces objets ?"

Lois hésita. "Eh bien, je n'en suis pas sûre… pas encore. Mais je sais qu'ils étaient là. J'ai suivi la vente aux enchères. J'avais, cet été-là, l'impression d'en finir avec Lex en voyant tous ses biens dispersés aux quatre vents." Lois balaya ce souvenir et poursuivit d'un air déterminé. "J'ai le drôle de sentiment que si nous obtenons une liste de tous les biens vendus aux enchères et de qui les a achetés, et que nous comparons cette liste avec celle des victimes, nous pourrions bien trouver quelque chose d'intéressant."

Lois et Clark se regardèrent, les yeux brillants d'une excitation que seul un article brûlant pouvait apporter. Ils se tournèrent ensemble vers le centre de la salle de rédaction. "JIMMY !"

A peine les mots étaient-ils sortis de leur bouche qu'une bruyante explosion secoua la salle de rédaction. Certains employés surpris se cachèrent sous les bureaux tandis que l'immeuble du Daily Planet tremblait. Il ne se passa pas longtemps avant que les gens ne se pressent près des fenêtres pour voir ce qui s'était passé. Des cris excités retentissaient. "Un immeuble a explosé ! Je vois la poussière… on dirait que c'est au-dessus de la 43ème ou de la 44ème rue !"

Lois se tourna vers son mari et vit que, tout comme elle, il avait les yeux écarquillés. "Vas-y. Je vais voir si Laura va bien et je te retrouve là-bas."

Clark acquiesça et disparut simplement de sa chaise, Lois battit des paupières étonnée. Il était rare que Clark prenne le risque de s'envoler quand la salle de rédaction était pleine de monde, sans même essayer de trouver une excuse expliquant la raison de la disparition de "Clark". Quel que soit l'endroit qui avait explosé, son attention immédiate était requise.

La grosse voix de Perry résonna depuis la porte de son bureau, attirant l'attention de tout le monde. "Ecoutez tous ! Le vieil immeuble Dexter sur la 44ème rue vient d'exploser. La police a déjà évacué le secteur autour de l'immeuble. Il semblerait qu'il s'agisse d'une nouvelle explosion de gaz. Robertson ! Appelez la compagnie de Gaz et d'Electricité de Métropolis; voyez ce qu'ils font pour aborder la situation. Kruller et Jones, je veux que vous…"

Perry continuait d'organiser ses troupes mais Lois ne l'écoutait plus. Elle avait déjà attrapé son sac et son manteau et était déjà à mi-chemin de l'escalier. Elle devait d'abord aller voir Laura, bien sûr, et vérifier que tout était en ordre à la garderie. Mais du moment que tout allait bien pour sa fille, elle était impatiente de se rendre sur les lieux de l'explosion.

Elle avait écrit quelques mots sur l'immeuble Dexter ce matin-là -- il faisait partie du pâté de maisons prévu à la démolition pour faire place au nouveau projet de réaménagement municipal. Elle était sûre de pouvoir trouver un lien pour réunir les deux articles.

Lois ne mit pas longtemps à trouver le lien.

Après avoir interrogé la foule pour obtenir des témoignages sur ce qui s'était passé et posé quelques questions pertinentes au cours de la conférence de presse donnée par le Maire, le lieutenant de police et Superman, Lois avait suffisamment de notes pour rédiger un article sur l'explosion. Toutefois, les réponses évasives qu'elle avait reçues des officiels avaient éveillé son intérêt.

Chose curieuse, bien que l'immeuble Dexter se trouve dans la zone de réaménagement déclarée par la municipalité et que l'on s'attende à ce qu'il soit condamné d'un jour à l'autre, le responsable de l'Urbanisme -- que Lois avait coincé à deux rues de l'explosion -- admit avec réticence que la municipalité n'était pas encore propriétaire de l'immeuble. Encore plus étrange, l'homme refusa de donner le nom de l'actuel propriétaire.

Piquée par la curiosité, Lois passa les heures suivantes à ouvrir ses oreilles et à rendre visite à certains de ses informateurs les plus sérieux. Quand elle revint enfin dans la salle de rédaction, un peu plus tard cet après-midi-là, elle avait un bloc-notes rempli de griffonnages et une demande de recherches pour les Archives afin qu'on lui sorte quelques anciens dossiers.

Après s'être arrêtée à la garderie pour voir comment allait sa fille -- et pour l'allaiter, tant pour son bien-être que pour celui de Laura -- Lois retourna dans la salle de rédaction pour taper son article et résumer ses notes. Elle fut heureuse de voir que Clark l'avait précédée et était en train de taper furieusement sur le clavier de son ordinateur.

Lois s'arrêta pour regarder par-dessus l'épaule de Clark pendant qu'il tapait. "Bien…" lui dit-elle, après avoir lu quelques paragraphes. Clark s'arrêta de taper et fit défiler avec sa souris le reste du document afin qu'elle puisse le lire. Plus Lois lisait, plus elle hochait la tête en signe d'acquiescement. "Très bien, Clark… c'est vraiment bon." Elle indiqua un paragraphe particulier. "Tu es sérieux ? Vingt blessés, mais pas de morts ?"

Clark ajusta ses lunettes. "Oui, on a eu de la chance. L'ensemble du quartier a été bouclé la semaine dernière pour permettre la destruction de l'immeuble voisin. Et regarde ça -- on a demandé ce matin aux employés qui auraient dû se trouver en pleine ligne de mire, de laisser tomber le travail avant même qu'ils ne commencent en raison d'un mauvais fonctionnement du matériel. Ils auraient tous été tués s'ils s'étaient trouvés sur le chantier -- l'explosion a démarré dans l'immeuble Dexter, mais elle a aussi emporté les deux immeubles condamnés qui se trouvaient de chaque côté."

"Donc, la municipalité a économisé la démolition de trois immeubles à cet endroit," observa Lois. "Et n'a pas perdu une vie dans la foulée. Quelle drôle de coïncidence."

"Ou quel saboteur très moral," murmura Clark.

Tout comme lui, Lois baissa la voix. "Est-ce que Superman pense qu'il s'agit d'un sabotage ?"

"Je n'en suis pas encore sûr," répondit Clark, "mais, il y a quelques petites choses qui n'ont pas l'air normales. Je n'en ai encore mis aucune dans mon article. Mais Superman va suivre l'enquête de près pendant les prochaines semaines. Je suis sûr qu'il me donnera une interview si je lui demande gentiment." Cette dernière déclaration fut accompagnée d'un clin d'œil, ce qui fit sourire Lois.

"Bien, j'ai moi aussi certaines pistes à suivre. Rien encore de concret, mais je veux vérifier certaines rumeurs. Je crois que nous allons tous deux être très occupés ce week-end."

"Alors, allons-y."

Le reste de l'après-midi passa rapidement, et Lois et Clark purent rédiger les premières trouvailles qu'ils avaient faites en un article et le remettre à Perry avant 6 heures. Après avoir assuré Perry qu'ils feraient ce soir-là d'autres recherches, il allèrent chercher Laura et prirent le chemin de la maison à 6h30.

Lois s'effondra sur le canapé avec un soupir d'épuisement pendant que Clark retournait à la voiture pour prendre tous les sacs. Laura s'était endormie dans la voiture sur le chemin du retour et ils l'avaient simplement laissée sur son siège et déposée dans la maison pour qu'elle continue son petit somme. Bien sûr, cela voulait dire qu'elle ne s'endormirait que très tard ce soir-là, mais à ce moment-là Lois était trop fatiguée pour s'en inquiéter. Elle verrait cela plus tard après avoir eu la chance de se relaxer et de manger le repas qu'ils avaient acheté en revenant à la maison.

Clark déposa le reste des sacs dans l'entrée et jeta le courrier sur les genoux de Lois en se dirigeant vers la cuisine.

Après qu'elle se fut reposée quelques instants dans le séjour, une odeur de poulet conduisit Lois dans la cuisine et elle le rejoignit.

Mmm, ça sent bon," dit-elle en remplissant les verres d'eau fraîche et en attendant que Clark ait rempli les deux assiettes. "Je n'arrive pas à me souvenir de la dernière fois où Laura a dormi pendant le dîner, mais c'est vraiment bien de manger en paix pour une fois. Pauvre petite chose, ce rhume doit vraiment l'avoir assommée."

"C'est triste qu'elle soit malade, mais c'est intéressant," dit Clark, en mangeant un peu de riz. "Je veux dire qu'apparemment; Laura peut attraper un rhume. Pourtant nous savons depuis notre rencontre avec Mxyzptlk le mois dernier qu'elle aura des pouvoirs en grandissant."

"C'est vrai," admit Lois. "A moins que Maître-Mix lui ait fait quelque chose pour lui donner des pouvoirs. Peut-être que cela ne venait que de lui."

Clark réfléchit en mangeant un œuf dur. "Je suppose," dit-il en souriant, "qu'il va nous falloir attendre qu'elle grandisse pour le découvrir."

Lois se pencha et ouvrit la bouche, lui montrant qu'elle désirait qu'il partage avec elle son amuse-gueule. "Exactement comme cela doit se passer," et elle sourit tandis qu'il cédait à sa demande.

Après quelques mots, Clark remarqua que Lois avait amené le courrier avec elle. "Bonnes nouvelles ?" demanda-t-il, en tendant la main.

"Je ne sais pas; je ne l'ai pas encore regardé."

Clark tria le courrier par destinataire et tendit le sien à Lois. Lois regarda une à une les enveloppes… facture, facture, magazine… "C'est quoi celui-là ?" demanda-t-elle, lui montrant une enveloppe blanche. "Il n'y a pas d'adresse d'expéditeur."

"Ouvre-la et tu le sauras," lui suggéra Clark en se levant pour remplir son assiette.

Lois mit son assiette de côté et déchira l'enveloppe. L'adresse était tapée à la machine et la lettre avait été postée à Métropolis, mais il n'y avait aucune autre indication de sa provenance. En lisant la feuille de papier pliée à l'intérieur et en commençant à la lire avec curiosité, Lois se sentit pâlir.

Entendant son petit cri étouffé, Clark, qui se trouvait devant l'évier, se retourna. "Qu'est-ce qui ne va pas ? Qu'est-ce que c'est chérie ?"

D'une main tremblante, Lois lui tendit la lettre.

Il ne vous aime pas, Lois. Il veut vous quitter. Vous essayez de le retenir, mais vous n'y arriverez pas. Laissez-le partir pour qu'il puisse être heureux. Il n'aime que moi.

-- Vous savez qui

Clark finit de lire et regarda Lois, d'un air plein d'inquiétude et d'anxiété. "Lois tu sais que rien de tout cela n'est vrai -- "

Bien que visiblement secouée, Lois lui fit un petit signe de tête affirmatif. "Je sais. Mais quelqu'un essaie de tout faire pour semer le trouble entre nous. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on nous fait cela ?"

"Je se sais pas," reconnut Clark en poussant un profond soupir. Il s'avança et prit sa femme dans ses bras, la serrant très fort . "Mais tu peux compter sur une chose -- peu importe ce que cette personne essaie de faire, personne ne se mettra entre nous."

Lois et Clark firent de leur mieux pour sortir la lettre perturbante de leur esprit en se préparant à se rendre au Planet avec Laura le lendemain matin. Avec tous les articles et les enquêtes sur lesquels ils devaient travailler, ils savaient qu'ils ne pouvaient pas se permettre de se laisser distraire. Pourtant il y avait dans l'air une certaine tension dont ils ne pouvaient pas se défaire.

Après avoir installé Laura à la garderie, Lois et Clark montèrent à la salle de rédaction. Ils décidèrent que leur meilleur plan d'attaque était de se jeter dans le travail, et Clark passa donc presque toute la matinée à essayer de trouver la liste des personnes présentes en 1994 à la vente aux enchères des biens de Lex Luthor, pendant que Lois continuait d'enquêter sur l'explosion de la veille.

Il était presque l'heure du déjeuner quand Lois fit signe à Clark de la rejoindre dans la salle de conférence. "Quelque chose avec la liste de la vente aux enchères ?"

"Un peu," répondit Clark. "J'ai obtenu une copie du registre des personnes se trouvant à la vente ce jour-là, mais il va falloir du temps pour déchiffrer les signatures. Le travail le plus dur a été d'obtenir la liste de ce qui a été acheté et par qui. La salle des ventes reconnaît avoir une liste, mais ils font traîner pour me la donner. J'irai là-bas cet après-midi s'ils continuent à me faire tourner en bourrique."

Lois sourit. "Tu iras regarder à travers leurs fichiers, hein ?"

Clark haussa les épaules. "Quand il s'agit de Luthor. Je dois faire ce qu'il faut."

Lois eut un petit rire moqueur en entendant le nom de Lex. "En parlant de ça, j'ai trouvé là quelques trucs intéressants."

Clark dressa la tête en voyant les piles de papiers recouvrant la table de conférence. "Est-ce que tout cela concerne l'immeuble Dexter ?"

"Oui, tu as une minute pour que je te mette au courant ?"

Clark s'assit. "Vas-y."

"Eh bien, étant donné que le premier adjoint a été tellement évasif sur l'identité de la personne qui possède le Dexter, j'ai commencé à fouiller. Il s'avère que jusqu'à la semaine dernière, il appartenait à un promoteur qui espérait le restaurer dans toute sa gloire des années 30 et y ouvrir un casino."

"Pourquoi ne l'a-t-il pas fait ?"

"Il n'a pas pu obtenir le permis de la Mairie -- ils voulaient les terrains pour le réaménagement de la 44ème Rue et ont changé les endroits de la ville où les jeux sont autorisés. La municipalité a pensé pouvoir forcer le type à vendre en lui refusant le permis. En fait, ils ont même anticipé et rempli les papiers condamnant l'immeuble, pensant être propriétaires cette semaine. Mais le promoteur les a ignorés et a vendu l'immeuble à quelqu'un d'autre la semaine dernière -- et tiens-toi bien, pour un prix supérieur à celui que proposait la Mairie. Deux millions de dollars ! La ville n'offrait que 500.000 dollars."

Clark se mit à rire avec incrédulité. "Qui peut payer deux millions de dollars un immeuble qui va être condamné par la ville dans quelques jours ?"

Lois lui tendit une feuille de papier de la pile qui se trouvait devant elle. "LBL Immobilier."

"Qui ?"

"C'est ce que j'ai dit. Ils ne sont pas enregistrés à l'Association des Agents Immobiliers de Métropolis, le groupe commercial auquel la plupart des agences appartiennent. La Chambre de Commerce n'a jamais entendu parler d'eux; ils ne sont pas inscrits au Répertoire des Entreprises. On dirait qu'ils n'existaient même pas il y a trois semaines. Une nouvelle société, dirigée par des administrateurs anonymes. Et ils n'ont pas un seul employé."

"Société écran ?"

"Exact. Et devine qui se cache derrière cette société écran ?"

Clark sourit en regardant la mimique de Lois. "Tu ressembles au chat qui a avalé un canari -- laisse-moi deviner… Lex Luthor ?"

Lois battit des paupières. "T'as gagné. LBL Immobilier est une toute nouvelle filiale de la LexCorp."

Clark eut l'air songeur. "Donc, Luthor achète un immeuble condamné à un prix ridiculement exorbitant… et celui-ci explose quelques jours après." Il grogna. "Ça ressemble à la vente du Daily Planet il y a cinq ans.. Je parie qu'il l'a assuré pour un gros paquet, puis qu'il l'a fait sauter pour avoir l'argent. Une escroquerie à l'assurance paraît un peu simpliste de la part de Luthor, mais je suppose que ce type est prêt à tout pour regagner sa fortune."

Lois eut un petit sourire satisfait en lançant sa dernière bombe. "Plus prêt à tout que tu ne le crois. Il n'avait pas d'assurance."

"Quoi ??"

Lois Lane sourit à son mari. "C'est ce que j'ai dit. Pas d'assurance. Mais je pense avoir trouvé pourquoi Lex a tout d'abord acheté l'immeuble. On dit dans la rue -- et ceci m'a été confirmé par deux informateurs différents -- qu'il y aurait quelque chose de caché dans les murs de l'immeuble. Cet immeuble était l'un des bâtiments de Métropolis appartenant à la pègre il y a soixante ans."

Clark se redressa sur sa chaise. "C'est exact ! Je me souviens maintenant avoir lu ça à propos du Dexter. Souviens-toi quand ce groupe de terroristes nous a pris en otages dans la salle de rédaction il y a cinq ans ? Quand ils étaient à la recherche d'un coffre caché dans les murs du Planet à l'époque où celui-ci était un bar clandestin ? Après avoir entendu l'histoire de l'immeuble du Daily Planet, j'ai entrepris quelques recherches sur les autres bâtiments de la ville. Le Dexter avait son propre casino souterrain -- un des plus connus -- à cette époque. Apparemment, les deux patrons de la pègre étaient des ennemis jurés."

"Eh bien, ils avaient visiblement une chose en commun -- ils aimaient tous deux cacher leur argent au cas où il y aurait une descente. La rumeur dit qu'il y aurait huit millions de dollars en bons au porteur cachés dans les murs du bâtiment, mais personne ne sait exactement où ils se trouvent."

Clark hocha la tête d'un air songeur. "Tu penses que Luthor a trouvé l'argent, puis a fait sauter l'immeuble pour cacher les preuves ? Le fait de ne pas être assuré serait le meilleur moyen d'avoir les enquêteurs sur le dos -- tu sais ils vont le surveiller de près en apprenant qu'un autre bâtiment lui appartenant a explosé 'accidentellement'.

"Justement -- la vente n'a été officiellement faite que quelques heures avant l'explosion. Il n'a pas pu avoir le temps de trouver les bons au porteur. Et, d'après Bobby le Morfal, Lex est très contrarié de ce qui est arrivé."

Clark eut l'air sceptique. "Il joue peut-être la comédie… tu sais aussi bien que moi que cet homme est un menteur professionnel."

Lois haussa les épaules. "C'est possible, mais je ne le pense pas. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que Lex Luthor est en ce moment un comédien mécontent !" dit-elle avec jubilation.

Lex Luthor tapa si fort du poing sur son bureau que sa photo de mariage tomba. "Pas d'assurance ?!?!" rugit-il.

Le petit homme à lunettes se tenant devant son bureau trembla et essuya la sueur sur son front. "Je suis désolé, M. Luthor, je ne sais pas ce qui s'est passé ! J'ai remis moi-même les documents à la compagnie d'assurance il y a deux semaines, mais quand ils ont sorti votre dossier aujourd'hui pour la déclaration de sinistre, ils ont dit que les documents étaient incomplets. J'en ai amené une copie." L'homme tendit nerveusement un dossier à Lex. "On dirait que c'est votre écriture -- quoique vous en soyez seul juge -- mais le document n'est qu'à moitié rempli et il n'est pas signé. Ils refusent donc d'enregistrer la déclaration de sinistre !"

Lex baissa la voix avec un grognement à peine contenu. "Je me moque des excuses qu'ils avancent. Vous y retournez maintenant et vous arrangez ça.. Ou c'est vous qui allez avoir besoin d'une assurance !

"O-oui, monsieur… bien sûr, monsieur… Je vais le faire."

Lex Luthor faisait les cent pas dans son bureau après avoir envoyé son soi-disant avocat se précipiter hors de chez lui avec la peur de sa vie. Lex avait presque envie d'envoyer Enrico O'Reilly après lui pour le tuer juste par rancune. Mais pour une quelconque raison, il croyait l'histoire de cet homme -- que les documents étaient complets quand ils les avaient apportés à la compagnie d'assurances.

Lex se souvenait d'avoir rempli et signé le formulaire -- et de l'avoir remis à son avocat pour qu'il l'apporte. Il était inconcevable que quelqu'un ait remplacé les documents, d'autant que Lex n'en avait produit qu'un exemplaire. Oui, il lui avait fallu un ou deux jours pour remplir ce formulaire mais les papiers n'avaient jamais quitté son bureau tant qu'il travaillait dessus. Alors à moins que quelqu'un à la compagnie d'assurance n'ait eu un appareil pour faire disparaître l'encre sans la moindre trace, il n'y avait aucune raison pour que sa signature ait disparu.

Cependant, cette dernière catastrophe, devait admettre Lex, commençait à paraître habituelle. Des choses étranges étaient arrivées depuis quelques semaines. Des affaires considérées sûres étaient tombées à l'eau. Des employés supposés fidèles quittaient la ville comme si quelqu'un les avait éloignés. Des chiffres avaient été modifiés dans les dossiers financiers de la LexCorp ce qui avait causé d'énormes erreurs de comptabilité avant qu'on ait pu le découvrir.

De pareilles erreurs n'arrivaient pas comme ça -- pas à lui et ne venaient certainement pas de lui.

Lex regarda par la porte vitrée, loin au-delà de Métropolis. Normalement, cette vue le faisait jubiler. Ceux qui voulaient le voir devaient lever les yeux. Mais aujourd'hui, Lex serrait les dents. Car il était pour lui tout à fait clair que sa 'malchance' était une machination. Il n'y avait aucune autre explication.

Quelqu'un osait traquer Lex Luthor.

Clark Kent regardait sa femme taper ses notes. Lane le Chien Enragé était définitivement sur une piste et sentait la victoire. Clark connaissait suffisamment sa partenaire pour savoir qu'une fois qu'elle avait flairé quelque chose d'aussi gros, personne sur Terre ne pouvait lui cacher la vérité.

Attendant que Lois s'arrête de taper pour enregistrer son fichier, Clark s'accroupit à côté d'elle alors qu'elle était assise à son bureau. "Ravi de voir que tu vas mieux," murmura-t-il.

"Me sentir mieux ?" demanda-t-elle d'un ton distrait.

"Au sujet des lettres."

Lois fronça le nez et s'arrêta de taper d'un seul coup. "Oh, ça. Ecoute, c'est peut-être un truc de Lex Luthor pour nous distraire de nous occuper de lui. " Ses mots étaient aussi provocants que sarcastiques. "Je parie que toute cette histoire de désaxée est un stratagème, juste pour détourner mon attention."

Ses railleries furent interrompues par la forte sonnerie du téléphone à côté d'elle. Lois et Clark sursautèrent tous les deux et regardèrent le téléphone d'un air anxieux.

"Ou peut-être pas…" dit Lois, sa bravade toujours présente.

"Laisse-moi le prendre," proposa Clark en décrochant le téléphone. "Daily Planet, Clark Kent à l'appareil."

Lois examina son visage tandis qu'il écoutait, et se détendit quand il sourit et couvrit l'appareil avec sa main. "C'est seulement la garderie,' murmura-t-il.

Toutefois, son visage devint bientôt sérieux . "Non, je n'ai absolument pas fait ça," disait-il dans le téléphone. "Bien, qui était-ce ? De quoi a-t-elle l'air ? Non, vous avez fait ce qu'il fallait. On descend tout de suite."

Lois cramponna la manche de son mari pendant qu'il raccrochait le téléphone. "Oh, mon Dieu, qu'est-ce qui ne va pas. Est-ce que Laura va bien ?"

Clark posa une main rassurante sur son épaule. "Laura va bien. Elle fait la sieste."

"Alors que s'est-il passé ?? Ta main était tellement crispée que j'ai cru que tu allais pulvériser le téléphone."

Clark se leva et prit la veste de son costume posée au dos de sa chaise. "Laura va bien. Mais quelqu'un -- une femme -- vient d'essayer de la prendre en disant au personnel que je lui avais demandé de me la monter. Ils ne l'ont pas laissée entrer, et elle s'est mise en colère et elle est partie.

Lois se leva d'un bond et attrapa son sac. "Je te suis."

Lois et Clark traversèrent le couloir aussi vite qu'ils le purent pour se rendre à la garderie. Ils découvrirent trois puéricultrices très secouées, y compris Ruth Wilson, la directrice.

"Oh, Lois, Clark, je suis tellement contente que vous soyez là," leur dit Ruth dès qu'ils arrivèrent dans l'entrée. "Laura va bien -- elle ne s'est même pas réveillée de sa sieste -- mais nous sommes toutes très contrariées, comme vous pouvez l'imaginer."

"Ruth, que s'est-il passé ?" Lois tremblait un peu, mais s'était calmée après avoir vérifié le berceau pour s'assurer que Laura était bien en train de dormir paisiblement.

La gorge de Ruth se serra et elle les accompagna vers une autre jeune femme. "Susan se trouvait dans le dortoir des enfants quand la femme est entrée. Je la laisse vous expliquer ce qui s'est tout d'abord passé."

Susan parla à toute vitesse, visiblement très excitée. "J'étais dans la pièce, en train de donner le biberon à l'un de nos bébés, quand elle est entrée. Elle n'a pas dit son nom, mais elle a dit qu'elle était là pour prendre Laura Kent. Je lui ai dit qu'elle n'était pas autorisée à prendre Laura et lui ai demandé pourquoi l'un de vous ne le faisait pas. Tout d'abord elle a été très gentille, me disant que vous, M. Kent, lui aviez demandé de prendre le bébé et de vous l'amener. Elle a dit que vous aviez beaucoup de travail et aviez besoin de son aide. Quand elle a commencé à entrer dans la salle, ça m'a rendu nerveuse -- je ne savais pas pourquoi, mais je ne la croyais pas. Je lui ai dit qu'à moins que M. Kent ne nous contacte directement pour donner son autorisation, nous ne lui laisserions pas Laura."

Ruth Wilson l'interrompit. "C'est là que je suis arrivée. Comme l'a dit Susan, la femme était très gentille au début, mais continuait à insister que Clark voulait qu'elle prenne le bébé. Quand je lui ai dit que seuls M. et Mme Kent pouvaient retirer Laura du centre et lui ai suggéré que nous allions dans mon bureau pour vous téléphoner, elle s'est énervée et elle est partie."

Clark poussa un profond soupir. "L'aviez-vous déjà vue auparavant ? De quoi a-t-elle l'air ?"

"Elle avait l'air jeune, mais c'est difficile à dire car elle portait des lunettes et un foulard de soie qui lui couvrait les cheveux," répondit Ruth.

"Jeune comment ?" la pressa Clark.

"La vingtaine, probablement. Jolie. Elle était vêtue élégamment."

"J'ai pu voir des cheveux noirs sortir du foulard," dit Susan, essayant de se rendre utile.

Lois et Clark froncèrent les sourcils. Cette description était mieux que ce qu'ils avaient avant, mais elle était encore trop vague pour être vraiment utile.

"Oh, j'aurais aimé avoir une caméra de sécurité," gémit Ruth. "Aucune de nous ne l'avait jamais vue avant, mais peut-être que si on avait une photo, l'un de vous pourrait la reconnaître. Elle était si gentille au début, mais quand elle s'est énervée, elle m'a rendue nerveuse. Et elle disait des choses étranges."

"Qu'a-t-elle dit -- exactement ?"

Ruth réfléchit, rassemblant ses souvenirs. "Elle a dit… laissez-moi m'assurer de le redire exactement de la façon dont elle l'a dit… Oh, je sais. Quand je lui ai dit que seuls M. et Mme Kent pouvaient prendre leur bébé, elle a lancé qu'elle 'était la future Mme Kent'. Et puis elle s'est emportée. La future Mme Kent ! Qu'est-ce que ça signifiait ??"

Lois et Clark se regardèrent. Ils savaient exactement ce que ça signifiait. Leur désaxée n'allait pas laisser tomber -- et elle devenait sans aucun doute plus agressive.

 

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.