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Saison 6, Episode 5

Première partie

Écrit par Crystal Wimmer

Avec l'assistance d'Annie Lansbury

Version française de


Traduction Hypérion

La structure de l'univers s'ouvrit juste un instant et une main la déchira pour se frayer un passage entre les deux mondes. Avec un grognement, la main passa à travers et fut suivie d'une seconde main. Et tandis que les deux mains ouvraient davantage la déchirure, une vague d'étincelles pénétra dans notre univers et un petit être surgit d'un air triomphant.

S'époussetant des parcelles de lumière qui le couvraient, Mxyzptlk regarda la Terre s'étendant devant lui avec une seule idée… prendre le pouvoir. Il avait été trop direct au cours de sa première tentative, laissant le Boy Scout vêtu de bleu le renvoyer dans sa dimension. Cette fois, il ne serait pas si négligent.

Il serait un dieu dans ce monde, tel était son but. Il donnerait aux mortels ce qu'ils désiraient et leur prendrait ce qu'il voulait. Mais, dans un premier temps, il devait trouver un moyen de s'occuper du Grand Garçon en Bleu. Le gardien de cette pitoyable planète était très puissant et ne devait pas être pris à la légère.

Se servant d'un appareil qu'il avait apporté de sa dimension, il fit en sorte de localiser chez lui son adversaire. Il allait surveiller et décider. Il allait surveiller et apprendre. Tous les mortels avaient un point faible. Ses nombreuses tentatives au cours des générations le lui avaient enseigné. Il y avait toujours une parcelle de vulnérabilité dans chaque héros. Il lui suffisait de l'identifier et de s'en servir. Le Boy Scout Bleu allait s'écrouler.

Lois soupira en posant Laura dans son berceau pour la cinquième fois cette nuit-là. Elle attendit quelques instants s'assurant que les yeux bruns du bébé restaient clos, puis elle sortit de la nursery.

Clark sourit quand sa femme entra dans la chambre sur la pointe des pieds. Il aurait voulu pouvoir partager avec elle sa capacité de voler afin qu'elle puisse échapper à l'enfant plus facilement. Il flotta silencieusement dans le couloir et prit Lois dans ses bras. Elle poussa un petit cri étonné quand il la souleva, mais suffisamment léger pour ne pas réveiller le bébé.

Clark radiographia la chambre pour s'assurer que Laura dormait toujours puis il flotta dans l'escalier jusqu'à la salle de séjour où ils purent enfin parler.

"Il n'est même pas dix heures, Clark." dit Lois, d'une voix déçue. "Je te parie qu'elle va se réveiller au moins dix fois avant que nous n'allions nous coucher."

Clark acquiesça d'un air absent en sortant de la cuisine pour lui apporter une tasse de thé. Elle avait raison, il le savait. "Maman dit qu'elle fait ses dents." dit-il en lui tendant la tasse. "Ça ne va pas durer longtemps."

Lois poussa un soupir déçu en buvant son thé. "D'abord, c'était 'c'est un nouveau-né', maintenant c'est 'elle fait ses dents'. Que va-t-il se passer la semaine prochaine ? Je n'ai pas dormi une nuit entière depuis un an." Elle savait qu'elle devenait grincheuse, mais elle était fatiguée.

Ils étaient tous deux contents d'avoir un peu d'intimité, maintenant que Martha et Jonathan avaient laissé la chambre d'ami pour prendre un petit appartement, mais leur départ les avait fait se lever plusieurs fois par nuit pour Laura. Cela était dû, d'une part, au fait que Lois l'allaitait et, d'autre part, parce que Laura avait tendance à se réveiller sans raison et avait du mal à se rendormir.

Clark essayait d'amener le bébé à Lois autant de fois qu'il le pouvait, mais c'était Lois qui devait se réveiller pour la nourrir. Malgré cela, elle ne voulait pas abandonner ses nuits à allaiter. Elle ne pouvait le faire qu'une ou deux fois par jour, grâce à la proximité de la garderie du Daily Planet, et c'était uniquement pendant la nuit qu'elle pouvait préserver sa réserve de lait.

Clark posa doucement sa main sur son bras. Il se sentait en partie responsable de sa mauvaise humeur. La plupart du temps, Lois faisait les frais des réveils en pleine nuit. Il était dehors à 'sauver le monde', comme elle lui disait souvent. Il faisait de son mieux pour être un bon père, pour être là pour sa femme et sa fille, mais il avait toujours l'impression d'en faire très peu.

"J'essayerai de lui donner un biberon cette nuit," proposa Clark.

Lois lui fit non de la tête. "Le problème ne vient pas des tétées," expliqua-t-elle. "Ça n'arrive qu'une ou deux fois par nuit, et je suis à moitié endormie. C'est toutes les fois où elle se réveille. C'est tellement difficile de la rendormir. Est-ce que les enfants de son âge ne font pas leur nuit ?"

Clark haussa les épaules. Il n'en savait rien. Il tendit la main et la posa sur sa jambe en la caressant doucement.

Lois posa sa main sur la sienne, acceptant ses excuses muettes. Elle ne voulait pas qu'il se sente encore plus mal, mais elle ne pouvait s'empêcher de se plaindre à l'occasion. Faisant un effort pour changer de sujet, elle essaya de reprendre la conversation qu'ils avaient avant que les cris de Laura ne les aient interrompus.

"Alors, tu m'emmènes où pour la Saint Valentin ?"

Il sourit un peu et l'embrassa sur la joue. "Tu es sûre de vouloir sortir ? Je sais que tu seras obligée de laisser le bébé."

Lois lui retourna son sourire et posa sa tasse de thé. Elle se colla contre son mari, profitant de sa chaleur. "Crois-moi, je suis prête à la laisser," dit-elle avec une pointe de sarcasme. "Au moins suffisamment longtemps pour passer une bonne nuit de sommeil. De plus, tes parents ont hâte de passer la nuit avec elle."

Clark posa sa tasse de thé et passa ses bras autour de sa femme. "Je ne sais pas," commença-t-il. Que dirais-tu de Paris ? Nous n'y sommes pas allés depuis une éternité et c'est l'endroit idéal pour un moment romantique."

"Mmmmm, un moment romantique," dit-elle nostalgique, tournant la tête pour l'embrasser. "Je suis tout à fait partante pour un peu de romantisme."

Clark sourit en embrassant doucement sa femme. Elle lui retourna son geste avec enthousiasme, se tournant pour le serrer dans ses bras.

Au moment où ses doigts glissaient le long des boutons de sa chemise, Clark redressa la tête d'un air résigné. Il fallut quelques instants à Lois pour se remettre et quand elle ouvrit les yeux elle vit son expression et soupira profondément. "C'est pour sauver le monde ou nourrir le bébé ?"

Clark n'eut pas besoin de répondre. Comme pour lui donner la réplique, les cris de Laura se propagèrent dans l'escalier avec un volume inquiétant. "Laisse-moi la prendre, cette fois, " dit-il à Lois.

Elle acquiesça d'un air absent, puis laissa sa tête retomber sur le canapé. Elle se dit qu'elle avait juste besoin de se reposer encore un peu et qu'elle se sentirait mieux lorsque Clark reviendrait.

Clark parvint très vite à calmer Laura. Il souffla sur l'un de ses anneaux dentaires, le gela et lui tendit. Au bout de quelques instants elle s'endormit en mâchonnant le plastique glacé. Clark la couvrit et sortit de la chambre.

Il trouva Lois profondément endormie sur le canapé. Il envisagea de la réveiller pour passer quelques instants avec sa femme mais décida qu'elle avait besoin de sommeil. La portant aussi doucement qu'il l'avait fait avec Laura, il flotta jusqu'au premier étage et la coucha sur leur lit. Il lui fallut un certain temps pour la déshabiller et la mettre sous les couvertures, puis il se dévêtit et la rejoignit.

Dès qu'il fut couché, Lois se tourna pour se blottir dans ses bras. La serrant contre lui, il ne put s'empêcher de sourire. "Tu crois que c'est dur," murmura-t-il à sa femme endormie, "Attends un peu qu'elle soit adolescente."

Il l'embrassa doucement sur le front et ferma les yeux. Avec un peu de chance, il pourrait dormir une heure ou deux avant que Laura ou le monde en général ne réclame l'attention de Superman.

La présence surnaturelle s'évanouit très vite, ayant obtenu ce qu'elle cherchait, puis réapparut dans la nursery. Elle prit peu à peu la forme d'un petit homme scintillant portant un costume ancien aux blanches manches bouffantes. Son petit sourire dément disparut quand il regarda l'enfant endormie.

"J'ai une idée," dit-il doucement. "Au lieu de l'obliger à partir, je vais tellement l'occuper qu'il ne se trouvera pas sur ma route. Hmm, une adolescente, voilà qui va certainement occuper Papa ?"

Dans un dernier éclat de rire et une profusion d'étincelles, la silhouette s'évanouit. L'enfant scintilla un instant, entourée par la lumière qu'avait généré Mxyzptlk, puis la lueur disparut. Ses yeux bruns s'ouvrirent un instant, aveuglés par la lumière, puis se refermèrent.

Lois s'étira langoureusement en se réveillant. Elle ne se souvenait pas s'être sentie un jour si reposée. La place dans le lit à côté d'elle était vide et froide, indiquant que Clark était levé et parti depuis un bon moment. Elle ne fut pas vraiment surprise étant donné qu'il était souvent debout avant elle. Après s'être étirée une dernière fois, elle éteignit la sonnerie du réveil. Elle ne le faisait plus très souvent, se basant sur la parfaite horloge biologique de sa fille.

Lois se redressa dans le lit en sursautant, les yeux fixés sur l'interphone silencieux posé sur sa table de nuit. Il était près de neuf heures du matin, Laura n'avait jamais dormi aussi tard. Lois se leva précipitamment en attrapant sa robe de chambre. Elle se rua dans le couloir avec à l'esprit des images de mort subite du nourrisson ou d'enlèvement d'enfant.

Elle parvint suffisamment à se contrôler pour ne pas claquer la porte en entrant. A l'inverse, elle l'ouvrit calmement et passa lentement la tête dans la chambre, terrifiée à l'idée de ce qu'elle allait trouver. Elle regarda sa fille quelques instants avec surprise, complètement stupéfaite. Enfin, ne sachant que faire d'autre, elle hurla aussi fort qu'elle pouvait, "Au secours, Superman !"

Clark redressa la tête en arrêtant le voleur devant le magasin qu'il venait de cambrioler. Il connaissait cette voix. En un éclair, il laissa l'heureux criminel qui se tenait devant lui sur le trottoir et se précipita auprès de sa femme.

Il ne comprit pas tout de suite ce qui n'allait pas. Il détectait les deux battements de cœur familiers dans la maison et, bien que celui de Lois soit un peu plus rapide que d'habitude, rien n'indiquait en quoi consistait le problème. Comme elle se tournait vers lui, il jeta un œil sur le berceau de sa fille.

Le bébé qu'il s'attendait à voir n'était pas là, et à sa place, se trouvait un bambin d'environ trois ans. Elle était debout se tenant aux barreaux du lit, légèrement instable sur ses pieds, et elle avait les cheveux longs et bruns les plus beaux qu'il n'avait jamais vus. Puis son regard croisa le sien et il frissonna. Il regardait dans ces yeux-là depuis sa naissance, y reconnaissant les siens et ceux de sa femme s'y refléter. C'était bien sa fille.

"Lois ?" demanda-t-il doucement, alors qu'elle tendait les bras à la petite fille. Laura connaissait sa mère et vint volontiers dans ses bras.

Lois se tourna vers lui avec une expression d'angoisse et d'incompréhension. "Il faut qu'on appelle le Dr Klein," dit-elle calmement, sa logique contrastant avec ses instincts maternels.

Le sens pratique de Lois parut ramener Clark à la réalité. Il acquiesça et se mit à réfléchir. "Je vais chercher mes parents," dit-il. "On ne peut pas l'amener à la garderie, ça c'est sûr."

Lois hocha la tête avec enthousiasme. Martha saurait quoi faire, pensait-elle, et le Dr Klein serait capable d'inverser ce qui était arrivé à leur fille. Tenant l'enfant comme si elle était en porcelaine, elle partit téléphoner. Clark la regarda s'éloigner puis s'envola par la fenêtre dans un "whoosh" familier.

Il pensait que ses parents accepteraient certainement de s'occuper de Laura. L'ouverture de la garderie du Daily Planet ne les avait pas vraiment contrariés, mais ni l'un ni l'autre n'avaient été enchantés de ne plus voir leur petite-fille quotidiennement. Il espérait ardemment qu'ils n'aient pas trouvé d'autres activités pour passer le temps.

Clark revint avec sa mère moins d'une demi-heure plus tard. Ils avaient décidé que son père viendrait plus tard en voiture, après avoir eu le temps de préparer quelques affaires et de s'organiser. Martha avait accepté de venir immédiatement. Ni la mère ni le fils n'étaient préparés à la scène qui les attendait.

Un bout de chou de trois ans tourbillonnait dans la pièce les bras écartés, couvert de confiture de la tête aux pieds. Il y avait des traces de confiture aussi bien sur les murs que sur la table. Lois était dans la cuisine, ramassant les morceaux de verre du pot de confiture cassé avant qu'ils ne blessent quelqu'un.

Elle avait une serviette enroulée sur la tête comme un turban et le téléphone coincé entre son épaule et son oreille. "Oui, Maman. Je sais, Maman. On va essayer d'arranger quelque chose, Maman. Il faut vraiment que j'y aille… Non, je n'essaye pas de t'éloigner de ta petite-fille, je sais que tu es une partie importante de sa vie."

Lois continuait de hocher la tête en tenant le téléphone pour surveiller sa fille et vit que Clark était arrivé avec des renforts. Avec un soupir de soulagement, elle fit encore des excuses à sa mère et parvint enfin à mettre fin à la conversation, "attends que ta fille grandisse, tu seras enfin par quoi je suis passée" lui résonnant dans les oreilles. Elle se tourna vers son mari avec un regard inquiet.

Clark s'avança tout de suite et consola sa femme avec un baiser. Il sourit à la douce saveur de raisin sur ses lèvres. Il était prêt à poser la question quand Lois se lança dans ses explications.

"Elle était assise à table et mangeait un toast, et je me suis dit que je pouvais prendre une petite douche avant que le Dr Klein n'arrive. Je ne me suis pas absentée plus de cinq minutes et je ne sais pas comment elle a pu faire tout ce bazar. Elle ne savait même pas marcher quand je l'ai laissée, et maintenant regarde-la !"

Martha et Clark ne faisaient que ça. Laura continuait de tourbillonner jusqu'à ce qu'elle tombe complètement étourdie. Elle se releva en riant aux éclats, parsemant le tapis de taches violettes et se remit à tournoyer. Martha prit la situation en mains en hochant la tête.

"Eh, Trésor," dit-elle d'une voix douce et mélodieuse. "Que dirais-tu d'un bon bain moussant pendant que maman et papa essaient de trouver une solution ?" Laura sourit en entendant cette voix agréable et attrapa sa grand-mère avec ses mains poisseuses. Martha prit l'enfant dans ses bras en souriant tendrement et l'emmena à la salle de bains.

Clark se trouvait face à une Lois très frustrée. Après avoir regardé la pièce, il fit un rapide aller-retour entre la cuisine et la salle de séjour pour tout ranger. Lois regarda cet éclair nettoyer la maison, mettant le verre brisé dans la poubelle et détachant la confiture du canapé. Quelques secondes plus tard, son mari se matérialisa, vêtu d'un pantalon de survêtement et d'une chemise blanche.

"Tu as rangé tout ce bazar en moins de temps qu'il n'a fallu à ta fille pour le mettre," dit ironiquement Lois en s'asseyant sur le canapé humide fraîchement nettoyé.

Clark sourit devant la résignation de sa femme. "Tu t'es très bien débrouillée," lui dit-il.

Elle hocha la tête avec un triste sourire. "J'ai appris à m'attendre à l'inattendu quand j'ai épousé Superman." lui expliqua-t-elle. "Des enfants vieillissant d'un an en une journée ne doivent pas être quelque chose d'extraordinaire, n'est-ce pas ?"

Clark hocha négativement la tête. "J'en ai parlé à Maman. Elle m'a dit que j'ai grandi normalement, alors je pense que ce n'est pas normal."

"Bon alors, peut-être que le Dr Klein saura ce qui se passe," dit-elle en se levant. "Il a dit qu'il serait là dans une heure, aussi il vaudrait mieux que je m'habille. Je ne m'attendais pas à ce que Laura l'ouragan ait besoin qu'on la surveille à ce point."

Clark se leva en même temps qu'elle et l'embrassa sur la joue. "On va trouver ce qui se passe et les choses vont redevenir normales."

Lois acquiesça d'un petit signe de tête en se dirigeant vers l'escalier. Arrivée à mi-palier, elle se retourna vers son mari et lui dit. "C'est quoi, normal ?"

Le Dr Klein remit son stéthoscope dans son sac et se tourna vers les parents anxieux. Il ne se sentait pas très à l'aise à exercer la médecine, mais il comprenait leur réticence à appeler le pédiatre de Laura.

"Elle a l'air d'aller bien," dit-il un peu confus. "Le processus de vieillissement s'est certainement accéléré, mais il semble être stabilisé pour le moment. Je n'ai aucune idée de ce qui a pu provoquer cette accélération de son développement, mais je suis certain que ce n'est pas le résultat de sa constitution génétique."

Lois ferma les yeux, soulagée, et accepta cette information. Sa peur la plus grande était que le patrimoine génétique de Clark et le sien ne soient pas aussi compatibles qu'ils l'avaient espéré et que Laura soit en train d'en souffrir. "Si ça ne vient pas de nous, alors qu'est-ce que c'est ?" demanda-t-elle un peu désespérée.

Le Dr Klein s'assit et la regarda un instant. "Il s'agit peut-être simplement d'un produit radioactif auquel elle a été exposée, bien que je n'aie aucune idée de ce à quoi elle a bien pu être exposée. C'est peut-être un effet naturel de son organisme Kryptonien né sous un soleil jaune."

"Mais Clark ne s'est pas développé à cette vitesse," le coupa Martha, s'avançant pour rhabiller le bambin qui ronchonnait. Laura avait pleurniché pendant sa prise de sang mais l'attention de sa grand-mère la calma très vite.

"D'après ce que vous dites," poursuivit Bernard presque pour lui-même. "Et étant donné qu'il n'est pas né sous un soleil jaune. C'est peut-être cela l'élément manquant."

"Quand s'arrêtera son développement ?" demanda brusquement Clark.

"Pour le moment, il est arrêté," répondit-il. "Sans examens et équipements plus approfondis je ne peux vous donner que mes impressions. Même avec les équipements, il ne s'agira toujours que d'hypothèses, car aucun de nous n'a jamais fait ce genre d'examens." Il leva un peu le tube à essai contenant le sang de Laura. "Nous savons au moins qu'aucun "super' pourvoir n'a encore surgi, pas plus qu'une quelconque aura, nous en saurons plus avec le temps."

Après avoir terminé d'habiller sa petite-fille, Martha tendit le bambin à Lois. Lois la prit dans ses bras tendrement et Laura s'endormit très vite dans les bras de sa mère. Aussi différente que semblait l'enfant, elle était toujours très clairement sa fille. Elle connaissait ses parents, elle serrait toujours le même jouet mâchonné tout délabré et avait les mêmes habitudes qui leur faisaient aimer leur fille.

Lois fut réveillée en sursaut de ses pensées par la sonnerie du téléphone. Clark décrocha le combiné et dit quelques mots. Il écouta un instant, répondant brièvement, puis s'avoua finalement vaincu par son rédacteur en chef. Quand il se tourna vers Lois, il avait un air résigné, presque heureux.

"L'un de nous doit au moins aller travailler," dit-il. "Perry dit qu'il y a un gros problème au centre commercial. Quelque chose à propos d'un nouveau groupe de rock encourageant les adolescents à la violence." Il regarda sa fille qui dormait paisiblement dans les bras de Lois et sourit légèrement. "Et si Superman s'occupait de cette situation pendant que tu la mets dans son lit ?"

Lois acquiesça pensivement, ses instincts maternels combattant la quête d'un Pulitzer. Après un long moment de réflexion, elle décida de s'occuper d'abord de sa fille. "Il faut que je la couche et que je m'assure qu'elle est bien installée, ensuite j'irai te rejoindre." Elle baissa les yeux vers l'enfant endormie dans ses bras avec une inquiétude visible. "Je serai là-bas dès que je le pourrai."

Clark acquiesça d'un petit signe de tête puis posa un baiser, d'abord sur le front de sa fille, puis sur la joue de sa femme. "On va trouver ce qui se passe," lui dit-il gentiment. Il était habitué à laisser sa famille en pleine crise et il le fit encore en disparaissant par la fenêtre dans un tourbillon et un 'whoosh'.

Clark comprit immédiatement ce que Perry hurlait dans le téléphone. La galerie nord du centre commercial de Métropolis, un endroit d'ordinaire en pleine activité, était maintenant pleine de monde. La majorité de la foule était composée d'adolescents et aucun d'eux n'avait l'air très courtois.

Superman fit une ou deux interventions rapides pour éviter d'éventuelles blessures, sans prendre garde à la musique de fond étrange et agaçante. Il suivit les disputes qui montaient entre les adolescents et leurs parents puis il arriva au podium où sévissait le groupe de rock.

Le groupe jouait très fort et sa musique était agressive et Clark ne comprit pas un mot de ce qu'il chantait. Seuls les adolescents aux cheveux longs comprenaient les paroles et ils étaient tous regroupés autour d'un petit personnage que Clark ne pouvait par voir clairement. Il s'approcha, survola la foule et finit par apercevoir le lutin. Il eut le souffle coupé quand il se rendit compte que ses suppositions étaient tout à fait fondées.

Mxyzptlk flottait "assis", les jambes croisées, au-dessus de l'estrade. Il tendait les bras vers le ciel, recevant l'adoration des adolescents avec une expression radieuse.

"Mxyzptlk !" s'exclama Clark, les souvenirs d'un certain Noël lui revenant à l'esprit.

Le lutin le regarda. "Monsieur Mxyzptlk, s'il vous plaît !" répliqua-t-il d'un ton exaspéré. "Je ne pense pas que mes adeptes acceptent un quelconque manque de respect."

Superman regarda le groupe qui l'entourait -- des adolescents frénétiques qui avaient l'air de chercher la bagarre. Ils avaient fait de considérables dommages dans cette partie du centre commercial, ayant cassé des vitrines et renversé des poubelles dans leur désir d'être plus près de leur chef. Il réfléchit aux options qu'il avait, comme prendre les adolescents à bras le corps, les éloigner de leur chef et les ramener chez eux, avant de les rendre enfin à la raison.

"Pourquoi êtes-vous ici ?" demanda-t-il au lutin. Il s'éleva et Mxyzptlk le suivit au-dessus de la foule tandis qu'en dessous, ses adeptes l'acclamaient.

"Je suis là pour prendre le pouvoir sur ton monde," répondit Mxyzptlk. "La dernière fois je n'ai pas été assez malin… J'ai voulu tout avoir d'un seul coup. Cette fois, j'ai prévu de faire les choses plus prudemment. D'abord les enfants, puis leurs parents. Bientôt, ils vont tous me vénérer." Il sourit de bonheur que les adolescents reportent sur lui leur attention, puis il regarda Clark. "Et tu ne me renverras pas," dit-il fermement. "Tu as tes propres problèmes à régler, Papa."

A cet instant, Clark réalisa que Mxyzptlk était peut-être derrière ce qui était arrivé à Laura. Bien qu'étant un homme raisonnable, il ne parvenait jamais à rester calme quand sa famille était menacée. Il allongea le bras pour se saisir du lutin et fut récompensé par une explosion de feux d'artifice et de papiers lui explosant à la figure quand le petit être disparut par magie.

Clark se retrouva flottant au-dessus de l'estrade, recouvert d'éclats scintillants et face à une bande d'adolescents mécontents que leur chef ait disparu. Il descendit de l'estrade et fit face aux adolescents. Alors qu'ils s'avançaient vers lui de manière menaçante, Clark entendit la voix familière. "Si tu penses que ce qui se passe est terrible, attends un peu de voir ce qui va arriver !"

Deux heures plus tard, Clark, très fatigué, rentra à la maison. Il était complètement épuisé par les multiples voyages qu'il avait faits dans de nombreuses maisons. Il savait que les enfants n'étaient pas vraiment responsables de ce qui s'était passé et, bien que sachant que cela lui prendrait du temps, il s'était débrouillé pour que personne ne soit blessé. Heureusement, la disparition de Mxyzptlk avait permis à l'hystérie du groupe de disparaître et il put raccompagner les adolescents chez eux avec un minimum d'intervention des forces de police.

Clark salua rapidement sa mère, puis flotta dans l'escalier pour jeter un œil sur sa fille qu'il avait quittée en train de dormir. Il fut époustouflé quand il vit une enfant d'environ cinq ans, qui dormait sur un matelas posé par terre. Maintenant, plus que jamais, il était sûr que c'était l'œuvre d'un certain lutin malveillant.

Clark se promit que Lois et lui ne laisseraient pas tomber jusqu'à ce que tout rentre dans l'ordre. Ils étaient passés par tant de choses pour que leur fille leur soit rendue qu'ils n'allaient pas laisser un être interdimensionnel la leur ravir.

Savoir qu'il ne s'agissait pas de quelque chose de naturel le rassurait quelque peu. Même si elle grandissait anormalement, il était assez confiant qu'en se débarrassant du lutin il pourrait ramener les choses à la normale. Chose curieuse, ceci était bien plus simple à admettre sur le plan émotionnel que l'hypothèse de voir son développement devenir permanent. Il hocha la tête et sourit légèrement. La vie était vraiment étrange quand la magie était plus facile à accepter que la réalité.

Quand il se fut assuré que sa fille allait bien, du moins étant donné les circonstances, il dit un rapide au revoir à sa mère et partit pour le Planet. Il trouva sa femme au téléphone, interrogeant le chef de la police sur les événements de la journée. Il attrapa deux tasses de café, une pour lui et l'autre pour Lois, et s'avança vers son bureau au moment où elle raccrochait le téléphone.

Il posa les deux tasses sur le bureau, la laissant mettre ses idées sur son bloc-notes, puis lui demanda le sujet de sa conversation, bien qu'en ayant une assez bonne idée.

"Eh bien, je voulais juste avoir la confirmation du chef de la police qu'il se passe quelque chose de bizarre. Apparemment, Superman vient de ramener son fils chez lui. Michael se trouvait dans l'émeute déclenchée par les autres gamins au centre commercial." Avec un doux sourire, elle toucha le bras de son mari. "Superman doit être épuisé d'avoir ramené chez eux tous ces enfants pour leur éviter des problèmes."

Il sourit, avec reconnaissance de sa compréhension. "Ça n'aurait pas été aussi difficile si les enfants avaient voulu partir de leur plein gré."

En réalité, les gamins étaient rentrés en se débattant et en hurlant de rage et, s'il n'avait été invulnérable, il se serait retrouvé plein de bleus et de morsures. Les enfants étaient certainement déraisonnables quand on les provoquait.

Lois hocha la tête et ajouta quelques mots sur son bloc-notes. "Le chef de la police pense que quelqu'un provoque ces émeutes, un genre de leader. Il a dans l'idée que si on peut en trouver la raison et isoler cette personne, on pourra reprendre le contrôle sur la jeunesse."

Clark hocha la tête en signe d'acquiescement, mais eut l'air peu convaincu. "Que se passe-t-il ? Qu'est que tu ne m'as pas dit ?" demanda Lois inquiète.

"J'ai trouvé leur chef," lui répondit-il. "Et il a pratiquement admis que ses intentions étaient de diriger le monde, à commencer par les enfants."

Lois se leva d'un bond. "Alors, attrapons-le," annonça-t-elle subitement.

"Ce n'est pas si facile," lui répondit-il. "Il faut qu'on se parle." Il regarda autour de lui et vit que la salle de conférence était libre. Il y conduisit sa femme, la fit entrer et ferma la porte derrière eux.

Clark prit un moment pour rassembler ses pensées. Il lui semblait assez ironique de pouvoir discuter de cela dans la salle de conférence. C'était dans cette même pièce qu'ils avaient combattu le lutin la première fois. Clark écarta cette pensée et se tourna vers sa femme qui attendait patiemment.

"Lois, tu te souviens de ce petit bonhomme de l'autre dimension ? Le type qu'on a renvoyé en lui faisant dire son nom à l'envers… Mxyzptlk ?" lui demanda-t-il.

Lois se rappelait assez bien de ce Noël particulier, bien que ses souvenirs du petit vilain interdimensionnel étaient assez sommaires… "Je m'en souviens," lui répondit-elle.

Clark finit par lui répondre dans un soupir, "Il est revenu."

Lois enregistra l'information quelques instants avant de répondre. "Est-il également à l'origine de ce qui arrive à Laura ?"

"Je le crois," répondit Clark. "Je veux dire, tout concorde, mais il s'est bien gardé de dire qu'il était responsable. Oui, je suis sûr que c'est lui. Il faut qu'on le renvoie."

"Tu as une idée de la manière dont on doit s'y prendre ?" lui demanda-t-elle. Savoir que le lutin affectait sa fille rendait un peu difficile la façon de le combattre et la rendait également plus urgente.

Clark réfléchit quelques instants puis s'avança et posa ses mains sur les épaules de Lois. "Pas la moindre," dit-il calmement. "Pas encore."

Elle hocha la tête sentant sa frustration. "Alors il faut qu'on en trouve une."

Perry choisit ce moment pour passer la porte de la salle de conférence. "Je savais que je vous trouverais là tous les deux," dit-il déchaîné. "C'est le plus grand article depuis les Beatles et mes meilleurs reporters se cachent ici. Qu'est-ce que vous avez ?"

Clark laissa ses mains sur les épaules de sa femme et remit à Perry la version papier de ce qu'il avait vu. Il y avait jeté une ou deux citations de Superman s'assurant d'omettre une quelconque référence à Superman appelé "Papa" devant la foule.

"Donc, si nous parvenons à éliminer le chef du groupe de chanteurs," conclut Clark, nous devons arriver à empêcher les adolescents de se rassembler."

Perry réfléchit quelques instants et demanda, "Vous avez une idée d'où sort ce type ? Après tout, on n'avait jamais entendu parler de lui il y a une semaine et maintenant sa musique passe sur toutes les stations et tous les gamins que je connais ont son CD."

Clark jeta du regard un appel au secours à Lois et elle répondit très vite à Perry. "Vous savez, Chef, dans l'industrie musicale, les ventes grimpent terriblement vite. Quelquefois, ça paraît presque… magique."

Perry hocha la tête en marmonnant. "Bien, on dirait que Clark a bouclé l'article sur le centre commercial. Lois, si vous faisiez un article parallèle sur le problème de l'absentéisme à l'école ? D'après LNN, les lycées étaient vides ces deux derniers jours. Je n'arrive pas à croire que vous les ayez laissés nous devancer là-dessus."

Avec un hochement de tête, Perry se tourna pour partir. Avant de quitter la salle, il se retourna vers le couple. "Hé, où est votre bébé ? J'ai remué ciel et terre pour ouvrir cette garderie et la faire tourner et vous ne daignez même pas y laisser ma petite journaliste favorite."

Lois ne put s'empêcher de sourire. Clark et elle avaient en effet fait pression pour que la garderie ouvre rapidement. Elle ne doutait pas d'avoir rendu la vie difficile à Perry jusqu'à l'ouverture du centre. Après des semaines de réclamations et de pourparlers sur des choses allant du personnel aux mesures de sécurité, Lois et Clark avaient, avec joie, été les premiers à inscrire leur fille.

La garderie était opérationnelle depuis plus de trois semaines et c'était le premier jour d'absence de Laura. En dépit de quelques menus problèmes d'ajustement, Laura s'était très bien adaptée à ses puéricultrices. C'était un gentil bébé, après tout, et elle avait l'air d'être heureuse partout où on lui montrait de l'affection. Ajouté à cela qu'elle était devenue une sorte de célébrité après l'activisme de ses parents à créer le centre, et elle était entourée d'attention.

Lois s'était plus facilement adaptée à travailler toute la journée qu'elle ne l'avait pensé. Elle pouvait faire un saut pour voir Laura une ou deux fois par jour et parvenait même à l'allaiter. Certains aspects du travail à la maison lui manquaient et ils arrivaient plus d'une fois en retard au journal en raison des complications dues au partage des responsabilités matinales et à l'obligation de jongler avec les appels concernant Superman, mais, en général, ils géraient ces nouvelles circonstances avec leur faculté habituelle.

Elle savait que Perry s'était glissé à l'étage inférieur, à la garderie du Planet pour jeter un œil aux enfants, mais elle avait espéré qu'il ne remarque pas l'absence de Laura. "Elle avait un peu de fièvre ce matin, et nous avons eu peur qu'elle soit contagieuse, aussi nous l'avons laissée avec la mère de Clark."

"Perry, compatissant, hocha la tête. "Rien de sérieux ?" demanda-t-il, d'un ton inquiet.

"Juste un rhume," répondit Clark, espérant qu'il n'allait pas pousser plus loin son interrogatoire.

Perry acquiesça une fois de plus. "J'espère qu'elle ira bientôt mieux, c'est la plus jolie du groupe." Avec un petit sourire, il sortit de la salle, fermant la porte derrière lui.

"Bon, essayons de travailler un peu," dit Lois à son mari. "J'ai dans l'idée que Superman va être terriblement occupé, alors il faut qu'on profite du temps dont tu disposes."

Clark acquiesça et suivit sa femme à l'extérieur de la salle de conférence. En ouvrant la porte, elle eut une expression étrange. Il la regarda d'un air interrogateur et fut gratifié d'un sourire timide.

"Je n'ai pas pu l'allaiter ce matin," lui dit-elle doucement. "Je me suis servie du tire-lait, mais ce n'est pas pareil. Je suis un peu… mal à l'aise."

Clark, compatissant, hocha la tête. "Je peux faire quelque chose ?"

Lois lui fit non de la tête. "J'ai pris du Tylenol et je me servirai encore du tire-lait en rentrant à la maison. Il faudra le faire tant que Laura ne sera pas revenue à son état normal."

Clark la regarda quelques instants en réfléchissant à ce qu'il voulait dire. Lois remarqua son regard et hocha catégoriquement la tête. "Non." lui dit-elle fermement. "Je ne vais pas laisser tomber. S'il s'agissait de la décision de Laura ou de la mienne, alors je pourrais y réfléchir, mais je ne vais pas laisser cette créature nous enlever ça."

Clark embrassa doucement sa femme sur le front, fort peu surpris qu'elle veuille se battre pour cela. Elle faisait tout avec cœur, aussi bien être journaliste qu'être mère, elle ne laissait rien se mettre en travers de sa route. C'était en partie la raison pour laquelle il était tombé amoureux d'elle. Lui caressant l'épaule d'un geste rassurant, il la conduisit hors de la salle de conférence et ferma la porte derrière eux.

Lois n'avait pas sous-estimé les obligations de Superman pour la journée. Comme elle l'avait craint, l'impact du lutin se faisait sentir en ville.

Superman se démenait pour arrêter diverses émeutes d'adolescents. Chaque fois, il arrivait trop tard pour voir leur meneur, si tant est que Mxyzptlk ait été effectivement présent. Aucun adolescent en ville ne paraissait immunisé contre les effets de la musique. Les écoles étaient désertes, et les responsables chargés de faire respecter les règlements de la scolarisation n'avaient aucun moyen d'y parvenir. La musique elle-même semblait inciter à la violence et les gamins avaient l'air de prendre plaisir à mettre la ville à sac.

Lois passa la journée au Planet à essayer de ne pas se laisser abattre par les comptes rendus de Clark sur la tournure des événements. Ceux-ci étaient toujours accompagnés d'une déclaration de Superman et de sa frustration de ne pouvoir ni localiser ni éliminer le lutin.

Après le troisième appel de Clark de la matinée, Lois décida de téléphoner chez elle pour prendre des nouvelles de Laura. Jonathan, tout essoufflé, répondit au téléphone. "Allô, résidence Lane-Kent… Attends Trésor, Grand-Papa répond au téléphone."

Lois entendit le rire de sa fille. "Vite, Grand-papa, je veux encore jouer au cheval. Cette fois on va très vite. Plus vite que le train tchou-tchou."

Jonathan entendit rire la personne à l'autre bout du fil. "Elle vous mène par le bout du nez, hmmm."

"Ce dont je suis ravi. Lois, cette adorable petite fille nous a fait aujourd'hui rajeunir de 20 ans Martha et moi. C'est un plaisir de la regarder. Clark avait la même curiosité à son âge. Il voulait tout savoir, et elle est exactement pareille."

"A qui tu parles, Grand-papa ? Je les connais ? Est-ce que c'est Maman ? Est-ce que c'est mon Papa ?"

Lois entendit Jonathan demander à sa fille. "Et si tu le découvrais par toi-même, Mlle Curieuse."

Laura se mit à rire et en prenant le téléphone. "Grand-papa, je m'appelle Laura, pas Mlle Cuyeuze.

Imitant son Grand-père, Laura prit le téléphone. "Allô, résidence Lane-Kent. Qui est-ce ?

Lois fut surprise par le flot d'amour que lui apportait le son de la voix de l'enfant. Elle eut les larmes aux yeux en pensant à ce qui avait été ôté à son bébé. Elle s'éclaircit la gorge et s'essuya les yeux avant que quelqu'un ne la voie ou ne l'entende. "C'est Maman, Poussin. Tu es gentille avec Grand-papa et Grand-maman ?" Elle maintint sa voix calme et regarda autour d'elle pour s'assurer que personne n'écoutait la conversation. Elle aurait eu un peu de mal à s'expliquer.

"Mammman ! "C'est Maman, Grand-papa ! Oh, Maman, moi suis très gentille."

"Non, non… On dit je suis très gentille."

"D'accord," dit une petite voix. "Moi suis contente que tu es gentille aussi."

Lois se mit à rire aux éclats. "Oh, Laura. Qu'est-ce que tu as fait ce matin ?"

Lois s'assit au fond de sa chaise et écouta sa fille lui raconter ses activités de la matinée. Laura lui raconta tout ce qu'elle avait fait ces dernières heures. "Tu sais ce que j'aime le mieux de tout ?" dit-elle enfin.

"Qu'est-ce que c'est, Poussin ?"

"C'est que tu m'appelles et me parles au téléphone. J'aime parler au téléphone. Tu vas encore appeler et parler avec moi ? C'est presque comme si tu étais ici avec moi."

Lois sentit monter en elle un amour aussi fort que celui qu'elle ressentait pour Clark. "Tu sais, Trésor, tu sais je vais le faire. Te parler a été pour moi aussi le meilleur moment de la journée."

"Maman, Grand-maman veut te parler. Elle me dit de te dire de ne pas raccrocher. Ça veut dire quoi raccrocher ?"

"Ça veut dire qu'elle veut que tu lui passes le téléphone. Maman et Papa t'aiment, Bébé. Au revoir."

"Pas Bébé ! Je suis une grande fille maintenant. Je t'aime, Maman. Au revoir."

Martha prit le téléphone tandis que Laura courait vers son Grand-père. "On fait le cheval, on fait le cheval !" Lois entendit les grands éclats de rire de Laura et imagina Jonathan paradant dans le salon et la salle à manger à jouer le cheval de Laura.

"Bonjour, ma chérie. Est-ce que Clark et vous avez trouvé quelque chose ?"

"Rien encore, Martha. Clark a téléphoné plusieurs fois pour me dire où il avait cherché et j'entends monter la tension dans sa voix chaque fois qu'il appelle. Je ne peux pas vous dire combien je vous remercie de vous occuper de Laura. Je suis à la fois soulagée et un peu jalouse. J'aimerais que Clark et moi soyons auprès d'elle.

"Je sais, ma chérie. Jonathan et moi avons le temps de nous occuper de votre petite demoiselle. Elle est tellement spéciale, Lois. Je crois que nous allons tous deux bien dormir cette nuit. Elle nous a aujourd'hui donné beaucoup d'espoir. Mais je vois qu'elle est fatiguée. Je pense qu'une petite sieste serait la bienvenue."

Lois approuva les dires de sa belle-mère. "Merci encore pour tout ce que vous avez fait. Laura n'est pas la seule à être spéciale dans cette famille."

"Chérie, nous vous aimons tous plus que la vie elle-même. Nous serons là chaque fois que vous aurez besoin de nous. C'est ça la famille."

Pour la millième fois, Lois remercia cette femme merveilleuse qu'elle avait appris à aimer presque autant que l'aimait son fils.

"Martha…"

"Pas un mot de plus. Ne vous inquiétez pas pour Laura. Elle est saine et sauve. Clark et vous devez trouver ce qui lui est arrivé et qui en est la cause."

"On s'en occupe, Martha, on s'en occupe… Je rappellerai plus tard si j'ai un moment."

"D'accord, ma chérie. Faites attention. Au revoir."

"Au revoir, Martha. Dites à Laura que je l'aime."

"Je vais le faire, ma chérie. Ne vous inquiétez pas."

Lois souriait encore en raccrochant le téléphone. Elle se dégrisa en regardant ses notes sur le dernier appel téléphonique de Clark. Elle but une gorgée de café en grimaçant et s'installa derrière son ordinateur. La journée allait être longue.

Il était assez tard quand Lois demanda enfin de rentrer à la maison. Perry fut conciliant et l'assura qu'il prendrait ses messages et que personne ne la devancerait sur cet article.

La "maladie" de sa fille lui servant heureusement d'excuse pour partir, Lois dit bonsoir à Perry et rentra chez elle en vitesse. Elle se demandait si elle arriverait à l'heure pour voir sa fille ou si Martha et Jonathan l'avaient déjà couchée. Elle arriva à la maison à temps pour se joindre à ses beaux-parents pour un dîner tardif. Elle essaya de ne pas avoir l'air surpris en voyant sa fille.

Laura paraissait avoir neuf ou dix ans. Jonathan expliqua qu'elle s'était réveillée comme ça après sa sieste. Il semblait que son développement se produisait quand elle dormait et ils ne l'avaient donc pas trop encouragée à aller se coucher.

"Bonsoir, Maman," dit Laura à sa mère qui s'approchait de la table.

"Bonsoir, Poussin." Lois faisait de son mieux pour se remettre du choc et de l'inquiétude qui commençait à la submerger. Elle entendit le ton tendu de sa voix et essaya de rester calme.

"Maman, qu'est-ce qu'il y a ?" La main de Laura, maintenant deux fois plus grosse que quelques heures plus tôt, toucha la joue de sa mère. "Laura ne veut pas que Maman soit triste. Maman sourit à Laura."

Lois embrassa la paume de sa fille et fut surprise qu'elle ait toujours la même odeur que la petite main de son bébé la veille au soir. "Trésor, je ne peux jamais être triste quand je suis avec toi. Papa et toi êtes ma source de joie et d'amour."

La petite fille caressa la joue de sa mère. "On le sait, Maman… On le sait tous les deux."

Pendant un instant Lois frissonna, un autre lointain moment lui revenant… Superman se tenant devant elle pendant qu'elle lui disait…"Si quelque chose devait m'arriver, dites à Clark que je l'aimais."

Lois revint au présent. " Maman, tu as faim ? Laura a très faim."

Martha entra à cet instant dans la salle de séjour avec un plateau. Elle posa une assiette devant la mère et une devant la fille. "Maintenant je ne veux pas qu'une de vous quitte cette table jusqu'à ce que ces assiettes soient vides. Vous avez toutes les deux besoin de manger."

Lois regarda Laura prendre sa fourchette et commencer à manger la purée dans son assiette. Ce n'est que lorsqu'elle essaya de manger le poulet que Lois prit sa fourchette et son couteau et le coupa pour elle.

"Maman, mange aussi ?" dit Laura la bouche pleine.

"Oui, je vais manger aussi. J'ai très faim."

"C'est une drôle de bavarde," dit doucement Jonathan. "On dirait qu'elle découvre un nouveau mot à chaque minute. Elle les emploie assez correctement. Je n'avais jamais rien vu de pareil."

Pendant le reste du repas, les adultes discutèrent en essayant de ne pas regarder Laura manger. L'enfant parvint à vider trois assiettes avant de ralentir, surprenant les trois grandes personnes.

"Je dois dire une chose, elle a le même amour pour la nourriture que son père," dit Martha. "Elle a mangé tout ce que je lui ai donné aujourd'hui sans faire la difficile."

"C'est bon à entendre," ajouta Lois. "Je m'inquiétais de savoir si elle accepterait la nourriture solide, mais je vois qu'il n'y a pas de problème."

Martha et Jonathan se regardèrent en souriant. "Eh bien, on a eu un petit problème cet après-midi après qu'elle se soit réveillée de sa sieste."

Jonathan se pencha sur la table en regardant sa petite-fille. "Cette jeune fille a un faible pour les sucreries. Elle a découvert un tiroir plein de barres de chocolat, de cookies et de brownies et avant même que l'on s'aperçoive qu'elle avait mis le nez dedans elle avait avalé le tout."

"Quand on a compris ce qu'elle avait fait, tout ce qu'elle a dit c'est, 'Encore, s'il vous plaît'," ajouta Martha.

Il se mirent tous à rire tandis que Laura les regardait en souriant. "Je pense que la pomme ne tombe pas loin de l'arbre quand il s'agit de chocolat."

Les trois adultes éclatèrent de rire. "Où as-tu entendu ça, Poussin ?" lui demanda Lois en souriant.

"J'ai entendu Grand-papa et Grand-maman le dire quand j'ai mangé les sucreries."

"Eh bien, Chérie, dans ton cas, tu tiens ça des deux branches de ton arbre généalogique," dit Martha.

Lois se pencha et embrassa Laura.

Laura ricana. "Je t'aime, Maman."

Je t'aime encore plus, Bébé."

"Je ne suis pas un bébé ! Je suis une grande fille."

"Oui, Chérie, tu n'arrêtes pas de me dire ça, mais j'ai du mal à croire que tu es devenue si grande. Maintenant, finis de manger."

"Je suis fatiguée, Maman." dit Laura après avoir terminé son dîner. "Je veux dormir, maintenant."

En soupirant, Lois se leva et s'avança vers sa fille. Elle caressa les longs cheveux de la petite fille, qui lui arrivaient presque à la taille, et ferma les yeux pour retenir ses larmes. Elle avait peur, tout comme les parents de Clark, de ce qui pouvait arriver pendant le sommeil de l'enfant."

"D'accord, Chérie. Je monte avec toi," dit-elle enfin résignée.

Lois tendit la main à Laura et monta l'escalier. Elle ne parvenait pas à croire à quel point les gestes de l'enfant s'étaient coordonnés en quelques heures. Pourtant Laura paraissait très fatiguée et Lois ne voulait pas risquer qu'elle s'écroule.

Elle brossa les cheveux de Laura et les tressa pour la nuit. Puis elle lui enfila un tee-shirt de Clark et l'installa dans un sac de couchage sur le parquet de la nursery. Laura était déjà trop grande pour le matelas du berceau et ils n'avaient pas eu le temps de s'organiser autrement.

Elle s'assit assez longtemps à côté de l'enfant jusqu'à ce qu'elle s'endorme, puis elle laissa couler les larmes qu'elle retenait. Elle était toujours assise, caressant les cheveux de sa fille, quand Clark la rejoignit.

Clark fit de son mieux pour cacher sa surprise de voir sa fille si grande. Il voyait que Lois avait du mal à gérer la situation et il ne voulait pas l'inquiéter davantage.

Il était complètement épuisé, tant physiquement que mentalement, et avait finalement décidé de laisser la police prendre le relais. La tension au sujet de sa fille et les activités de la journée l'avaient aussi fatigué que s'il avait combattu plusieurs catastrophes naturelles. Il caressa doucement l'épaule de Lois et sursauta en remarquant ses larmes quand elle se tourna vers lui.

Il la souleva doucement et la fit sortir de la pièce pour la conduire vers leur chambre.

"Maman est en train de faire la vaisselle, puis ils iront tous les deux se coucher," lui dit-il. "Je pense qu'ils n'ont plus autant d'énergie qu'avant pour faire du baby-sitting."

"Je crois qu'elle leur a donné du fil à retordre," répondit calmement Lois. Elle attendit quelques instants avant de se préparer pour se coucher. Clark ne la pressa pas. Il savait qu'elle avait besoin de temps pour se remettre. Quand elle parla enfin, sa voix était dure. "Si nous nous débarrassons du diablotin, Laura redeviendra normale, n'est-ce pas ?"

Clark sourit à ces mots. "C'est le but."

"Comment le reste du monde tient-il le coup ?" lui demanda-t-elle. "Je vois que tu es rentré. Est-ce que ça va mieux ?"

Clark soupira et arrangea les couvertures. "Non," répondit-il. J'ai finalement décidé de laisser la police se débrouiller. On s'occupera des poursuites juridiques plus tard, et comme leurs propres enfants sont impliqués, les policiers vont être assez indulgents. Je ne pense pas que les enfants risquent d'être blessés. Ils n'utilisent pas la violence contre la police, juste contre les biens.

Lois acquiesça. Elle avait remarqué les cernes autour de ses yeux et ressentait presque sa fatigue. Superman lui-même avait besoin de se reposer quand il était sous pareille tension. Elle savait qu'il était ici pour elle, plus que pour lui-même, mais elle ne le questionna pas. Elle se coucha à côté de lui et le laissa la serrer contre lui.

"Maman dit qu'elle marche et qu'elle parle," murmura-t-il. "Je savais que j'allais manquer des tas de choses en travaillant, mais ça c'est ridicule."

Lois se mit à rire, essayant désespérément de prendre la situation avec humour. "Elle te ressemble de plus en plus à chaque minute."

Il lui sourit et la serra dans ses bras. "Nous allons tout arranger. Je le sais. C'est ce que nous faisons toujours."

Lois hocha la tête et se laissa sombrer dans le sommeil, la tête posée sur la poitrine de son mari. Elle pria silencieusement pour que les choses s'arrangent le lendemain..

Le petit déjeuner était tendu dans la maison des Kent. Réunis autour de la table, les adultes discutaient de la situation, tandis que Laura, maintenant adolescente les regardait avec intérêt.

Laura était maintenant pratiquement aussi grande que Lois. Ses cheveux bruns toujours tressés lui arrivaient presque aux genoux. Son visage était la reproduction de celui de sa mère pour les pommettes et les lèvres, et elle avait de son père les longs cils et l'expression sérieuse. Martha ne cessait de regarder de Laura à ses parents, étonnée des similitudes présentes sur le visage de l'enfant.

"Je ne peux pas aller travailler," dit finalement Lois. "J'ai peur de m'en aller et qu'elle ait grandi à mon retour."

"Lois, Perry est suffisamment contrarié que je l'ai appelé pour me faire porter pâle. On a besoin de Superman et je n'ai pas d'autre choix. Nous devons renvoyer ce type dans son monde et retrouver notre fille"

"Clark a raison, ma chère. Nous pouvons rester avec Laura," répondit Martha. Elle est sûrement plus facile à garder qu'elle ne l'était hier."

"Voilà," dit fermement Clark. "Ils peuvent rester avec Laura et tu peux aller travailler."

"Je reste ici," dit Lois en se levant. "C'est tout à fait normal que je reste à la maison quand ma fille est malade. Et mieux encore si toi aussi tu es malade, ce que tu as dit à Perry. C'est dit."

Laura se leva en regardant les adultes autour de la table. "Je ne suis pas un bébé !" cria-t-elle. "Vous n'avez pas à me surveiller et à parler comme si je n'étais pas là !" Sur ce, elle se retourna et grimpa l'escalier jusqu'à sa chambre, les laissant sans voix.

Martha la regarda et eut du mal à se retenir de rire. Elle ressemblait tant à Lois quand elle s'était mise en colère que l'effet en était comique. Le rire de Martha s'arrêta subitement quand ils entendirent un bruit caractéristique de bois brisé.

Clark fut le premier à l'étage. Il regarda sa fille qui paraissait plus surprise que lui. Elle tenait la porte par la poignée à la force de sa main. Elle l'avait visiblement arrachée de ses gonds dans sa colère.

Ses yeux bruns surpris croisèrent ceux de son père et il crut y voir un soupçon de frayeur. Il se retourna et découvrit la même surprise dans l'expression de sa femme et celle de ses parents. Il semblait que Mxyzptlk n'était pas le seul problème auquel ils avaient à faire face.

 

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.