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Saison 6, Episode 6

Première partie

Écrit par Phil Atcliffe

Édité par Peace Everett

Version française de


Traduction Hypérion

Note du traducteur : Vous allez, dans cet épisode, faire la connaissance du Docteur Fate. Il aurait été plus simple de traduire le nom de ce personnage (en anglais : Fate = Destin ou Destinée). J'ai toutefois préféré ne pas le traduire, car j'ai pensé que "Docteur Destin" (ou Docteur Destinée) ne serait pas très "harmonieux" dans le texte.

Un homme, endormi dans un lit. Une image assez ordinaire, mais un observateur minutieux aurait pu remarquer certaines choses étranges dans cette scène -- du moins, du point de vue de quelqu'un appartenant au 20ème siècle.

Pour commencer, quoique le décor avait l'air ultramoderne -- presque trop moderne; il ressemblait davantage au pont de "l'Enterprise" par les divers meubles et panneaux muraux de la pièce -- le lit était plutôt démodé, tout comme les vêtements éparpillés. Le lit pouvait dater de n'importe quelle époque -- on avait plus ou moins fait des lits à baldaquin au cours des siècles -- mais les vêtements étaient plus que certainement à la mode au tout début du 20ème siècle.

L'autre chose étrange était une lueur jaune qui apparaissait au centre de la pièce. Elle se mit à grandir d'un petit point à une sphère, puis s'étira pour former une longue et haute forme ovale et enfin devenir une silhouette humaine. La lueur disparut et la silhouette parla. La voix, quelque peu étouffée par un casque, était profonde et sonore, le genre de voix que l'on ne fait pas qu'entendre, mais que l'on sent en chacun de ses os. "HERBERT GEORGE WELLS…"

L'homme couché dans le lit s'étira et s'assit. Il chercha à tâtons une vieille paire de lunettes et toucha le panneau de contrôle à côté du lit avant de demander, "Qui est là ?"

"HERBERT GEORGE WELLS, NOUS AVONS BESOIN DE VOUS ."

Les lumières de la pièce s'allumèrent, révélant une femme bien bâtie dans un costume collant rappelant celui de Superman. Il était composé d'un haut et de collants bleus, mais les bottes, la cape et le "slip" -- qui ressemblait davantage à une gaine, remontant jusqu'aux trois quarts du torse et s'arrêtant juste sous les seins -- étaient dorés, tout comme les gants et le casque qui couvrait complètement le visage de la personne, n'en révélant que les yeux. Il n'y avait aucun emblème sur la poitrine; à la place, une courte chaîne autour du cou de la femme sur laquelle pendait une grande amulette d'or.

"Qui êtes-vous ?" cria Wells. "Comment êtes-vous entrée ? Que voulez-vous ?"

"JE SUIS LE DOCTEUR FATE. JE VIENS DEMANDER VOTRE AIDE POUR PRÉSERVER LA SOCIÉTÉ DANS LAQUELLE VOUS VIVEZ. VOUS DEVEZ RECTIFIER UNE ERREUR QUI MET EN PÉRIL L' AVENIR ' D' UTOPIA ' ."

"Je vous demande pardon ?" répliqua Wells, essayant de se réveiller complètement. "Une erreur ? Quel genre d'erreur ? Et comment peut-elle mettre ce monde en danger ?"

"VOUS AVEZ DEMANDÉ L' AIDE DE CLARK KENT ET LOIS LANE POUR CONJURER UN SORTILÈGE SUR LEURS ÂMES ."

"Quoi, oui… oui, en effet. Et nous avons réussi," dit Wells un peu surpris. Moins d'une demi-douzaine de personnes étaient au courant et cet intrus n'en faisait pas partie.

"VOUS AVEZ ÉVITÉ QUE LA MALÉDICTION NE SOIT JETÉE. IL FALLAIT LE FAIRE, CAR CE SORTILÈGE AURAIT PU EMPÊCHER L 'EXISTENCE DE NOTRE MONDE. MAIS VOTRE SUCCÈS A PERMIS AU BARON TEMPOS D' EXILER SIR CHARLES ET D' ÉPOUSER LADY LOISETTE. LE TRIOMPHE DE TEMPOS A DÉSÉQUILIBRÉ LA LUTTE ÉTERNELLE ENTRE LE BIEN ET LE MAL, L' ORDRE ET LE CHAOS ."

"Mais… mais nous avons corrigé cela ! J'ai amené M. et Mme Kent à une époque plus récente dans laquelle ils étaient le Solitaire et Lulu et où ils ont pu corriger cet équilibre en vainquant Tempus Tex."

"OUI, MAIS AU COURS DES SIÈCLES ÉCOULÉS ENTRE CES DEUX ÉPOQUES, LE MAL A EU UN AVANTAGE IMMÉRITÉ. SAVEZ - VOUS, HERBERT GEORGE WELLS, QUE VOTRE MONDE RISQUE UNE TERRIBLE MENACE ET QUE C' EST PENDANT CET INTERVALLE QU' EST NÉE CETTE MENACE. A MOINS QUE VOUS N' AGISSIEZ, CETTE UTOPIA DANS LAQUELLE VOUS DEMEUREZ FINIRA DANS LE FEU ET LE CHAOS ET AUCUNE CIVILISATION NE POURRA RENAÎTRE POUR TOUT REMETTRE EN PLACE ."

"A moins que je n'agisse ? Mais comment ? Quelle est cette menace et que dois-je faire pour la contrecarrer ?"

"VOUS DEVEZ SEULEMENT SAVOIR QUE LA MENACE A RÉSULTÉ DE L' HÉRITAGE DU BARON TEMPOS ET D' UNE NOUVELLE MALÉDICTION JETÉE PAR SON SORCIER SUR LES ORDRES DU BARON. VOUS DEVEZ RETOURNER À CETTE ÉPOQUE ET EMPÊCHER LE BARON D' ÉPOUSER LADY LOISETTE. ELLE DOIT SE MARIER AVEC SIR CHARLES, DE SON PROPRE VOEU. VOUS DEVEZ ÉGALEMENT AFFRONTER LE SORCIER ."

"Mais… si Sir Charles interrompt son exil pour épouser la Dame, la malédiction originale sera jetée, Mme Kent mourra pendant sa nuit de noces et cet endroit n'existera en aucun cas ! C'est impossible !" Il regarda la silhouette or et bleue. "Qui êtes-vous ? Je ne crois pas à votre menace -- je pense que vous faites partie d'un autre plan de Tempus pour abattre cette civilisation "ennuyeuse" qu'il déteste tant. Eh bien, je ne vais pas vous aider !"

Les petits yeux plissés sous le casque se mirent à étinceler comme un brasier. Wells frissonna. Il aurait voulu bouger, s'éloigner de ce regard perçant et de ses rayons écarlates, mais il était paralysé. Alors, il s'arrêta de vouloir bouger tandis que des images lui envahissaient l'esprit.

Plus tard, Wells ne parvint pas à se souvenir plus d'une fraction de seconde de ce qu'il avait vu pendant ces quelques instants, mais il n'était pas troublé; même si la plus grande partie de ce qu'il avait vu s'était évanouie très vite, il savait, au plus profond de son âme, que l'être qui se trouvait devant lui n'était pas l'instrument de Tempus. C'était une femme bonne -- non, un homme et une femme, unifiés en une forme actuellement féminine; mortelle, mais élevée pour ressembler à un dieu, chargée d'une impressionnante responsabilité pour agir comme l'instrument d'une des parties de l'implacable bataille qu'elle/il/ils avaient évoquée plus tôt, parcourant le temps et l'espace pour affronter et combattre les forces du mal qui se trouvaient devant eux.

Enfin, la lueur s'éteignit et Wells put de nouveau bouger. Mais maintenant, il n'en éprouvait plus le besoin. Et il fit d'un signe de tête à son compagnon. "Merci," dit-il humblement. "J'espère que vous me pardonnerez d'avoir douté de vous."

"POINT N 'EST BESOIN DE PARDON. LA BATAILLE ETERNELLE REQUIERT LA SAGESSE AUSSI BIEN QUE LA FORCE ET CONNAÎTRE SES AMIS -- ET ENNEMIS -- EST LE COMMENCEMENT DE LA SAGESSE ."

"VOUS N 'AVEZ PAS À VOUS INQUIÉTER POUR LES KENT. LEUR MARIAGE A ÉTÉ CONSOMMÉ, SANS MALÉDICTION, ET CELA NE CHANGERA PAS -- NE POURRA PAS -- CHANGER. LEUR MARIAGE ET LEUR UNION PHYSIQUE SONT DES ÉVÈNEMENTS LIÉS; TOUTES LES PÉRIODES POSSIBLES DE L' ESPACE TEMPS L' ONT MAINTENANT INCLUS. VOTRE MONDE POURRA EXISTER. L' INQUIÉTUDE MAINTENANT EST QU' IL CONTINUE À SURVIVRE ."

"Très bien," dit Wells. "Mais comment vais-je faire ? Je ne suis qu'un simple homme de lettres et un inventeur, pas un combattant. Et comment vais-je m'occuper du sorcier ?"

"IL VOUS FAUT DES ALLIÉS. PRENEZ VOTRE MACHINE SPATIO - TEMPORELLE PLUTÔT QUE VOTRE TRACEUR D' ÂMES ET DEMANDEZ À CLARK KENT ET LOIS LANE DE VOUS AIDER. LEUR INTELLIGENCE, LEUR SAGESSE ET LES POUVOIRS DE SUPERMAN SERVIRONT À AFFRONTER LE BARON. QUANT AU SORCIER, TOUT CE QUE VOUS AVEZ À FAIRE EST DE LE DÉFIER; JE VOUS OBSERVERAI ET LORSQUE VOUS SEREZ AVEC LUI, JE VIENDRAI ."

"Pourquoi avez-vous besoin de moi ? Ne pouvez-vous pas l'affronter vous-même ?"

"NON. LE SORCIER A FAIT UN PACTE AVEC LES FORCES DU MAL POUR OBTENIR SES POUVOIRS. CERTAINS TERMES DU PACTE M' EMPÊCHENT DE L' ATTAQUER DIRECTEMENT. TOUTEFOIS, JE PEUX EMPLOYER DES AGENTS TOUT COMME ILS L' ONT FAIT ET AGIR À TRAVERS EUX. SI VOUS - VOUS TROUVEZ À MOINS DE 3 MÈTRES DE LUI, JE POURRAI PERCER SES DÉFENSES ET VENIR"

"Je vois. Bon, je suppose que je dois me mettre en route. Cela présente-t-il un caractère d'urgence -- je veux dire, dois-je partir immédiatement ou ai-je le temps de faire un brin de toilette ?"

"VOUS POUVEZ VOUS PRÉPARER COMME BON VOUS SEMBLE. VOUS DEVEZ TOUTEFOIS SAVOIR QUE PLUS VOUS RETARDEREZ VOTRE DÉPART, PLUS IL VOUS SERA DIFFICILE DE RÉUSSIR ."

"Dans ce cas. Je m'habille et je pars."

"BIEN ." Fate commença à étinceler et disparut peu à peu, "ses" derniers mots suspendus dans les airs pour se fondre dans le silence. "SOUVENEZ - VOUS, HERBERT GEORGE WELLS, FATE VEILLE…"

La matinée était belle et ensoleillée à Métropolis. Il faisait froid, mais ce n'était pas désagréable; en fait, la température était juste assez basse pour être stimulante et le soleil encourageait les gens à ne pas rester enfermés. C'était une belle journée faite pour s'affairer et se réjouir du contraste exaltant entre le froid et la chaleur générée par les exercices physiques.

'A moins, bien sûr,' songea Lois Lane, 'de venir de Krypton, dans ce cas on ne remarquait même pas le froid'. Elle regardait son mari, vêtu seulement d'un débardeur noir et d'un vieux short de gym, mettre de l'ordre après le petit déjeuner. C'était leur jour de congé et Martha et Ellen venaient de partir avec Laura pour profiter de leur art d'être grands-mères… en fait, elles étaient apparues à la porte d'entrée, avaient attrapé Laura et étaient sorties de la maison si vite que Lois se demandait ce qu'elles avaient en tête, mais elle n'était pas trop inquiète, même si les protestations de sa mère lui disant qu'elle n'avait pas à s'inquiéter de quoi que ce soit produisaient exactement l'effet inverse. Les ricanements de Martha n'y avaient rien changé, d'ailleurs….

Quant à elle, elle prévoyait de passer ce moment inattendu seule avec Clark en allant faire une petite promenade dans Centennial Park… pour commencer. L'idée d'un peu de paix et de quiétude tous les deux était merveilleuse, même si la température extérieure devait l'obliger à s'emmitoufler avec une épaisseur des vêtements les plus chauds qu'elle avait. Elle aurait pu envier la liberté de mouvement de Clark, mais le serrer dans ses bras était sa façon favorite de se réchauffer et les couches de vêtements allaient la gêner. 'De plus' pensa-t-elle, riant sous cape, 'ça veut dire que je vais le voir vêtu comme ça par n'importe quel temps… Yum !"

Clark fini la vaisselle et fila dans la chambre, émergeant à peine quelques secondes plus tard vêtu d'un jean et d'un tee-shirt, une chemise de coton par-dessus. Il se dirigea vers le portemanteau et prit sa parka et celle de Lois. Il tendit la sienne à Lois et se mit à chercher ses lunettes quand le carillon de l'entrée retentit.

Tandis que Lois se dirigeait vers l'entrée en enfilant sa parka, Clark regarda à travers la porte pour s'assurer s'il devait chercher immédiatement ses lunettes en super vitesse. Ce n'était pas nécessaire, mais la vue de leur visiteur n'était pas vraiment rassurante. "Oh, bon sang…." marmonna-t-il.

Lois, n'ayant pas de vision à rayons X, fut également surprise quand elle ouvrit la porte et découvrit Wells qui attendait à l'extérieur. "M. Wells ?" cria-t-elle.

"Bonjour, Mme Kent," répondit Wells avec son habituelle déférence. "Puis-je entrer ?"

"Eum… oui. Je vous en prie…." Lois et Clark se regardèrent. Ils avaient tous deux la sensation que leur matinée de détente était fichue, mais ne savaient pas pourquoi. "Nous ne vous avons pas vu depuis la naissance du bébé…" dit Lois, un peu mollement.

Wells s'illumina. "J'étais là ? Oh, oui, quelle bonne idée. Il faut que je note de le faire. J'espère que cette jeune demoiselle va bien ?"

"Oui, Laura va très bien," répondit Lois, s'écartant pour le laisser entrer. Faire la causette à propos de sa fille lui paraissait bizarre, mais ce n'était pas inhabituel quand elle rencontrait Wells. "En fait, elle n'est pas là, ses grands-mères s'occupent d'elle ce matin."

"Ah, alors, vous n'avez pas à vous inquiéter pour elle, elle est en de bonnes mains. Je suis désolé d'être privé du plaisir de faire sa connaissance, mais je dois admettre que je savais que vous seriez seuls aujourd'hui, sinon j'aurais choisi un autre moment pour vous déranger."

Lois se sentit un peu rassurée; elle était inquiète à l'idée que Wells veuille impliquer leur fille, mais il semblait qu'il soit délibérément arrivé au moment où Laura n'était pas là, mais en de "bonnes mains" -- donc la seule chose dont elle avait maintenant à s'inquiéter était ce qu'il attendait d'eux !

Elle suivit le visiteur dans la salle de séjour où il salua Clark. "Bonjour, M. Kent. Je suis terriblement désolé de vous déranger, mais j'ai bien peur d'avoir encore besoin de votre aide."

"Je savais que vous alliez dire ça !" ronchonna Lois, pas du tout contente de voir son rare moment de tranquillité avec Clark sur le point de disparaître. "Que se passe-t-il cette fois ? Qu'a fait Tempus, maintenant ?" Sa voix était devenue de plus en plus dure tandis qu'elle parlait, jusqu'à presque devenir enragée. Elle parut s'en apercevoir, car elle s'avança vers Clark et, essayant de se détendre, fit remarquer calmement, "Au moins il ne peut pas s'agir du sortilège -- ou si c'est ça, on a un gros problème ! Après tout, notre mariage a bel et bien été consommé et nous avons même une petite fille."

Sa voix prenait un ton inquiet tandis qu'elle poursuivait, si bien que Clark, même s'il partageait les mêmes angoisses, passa son bras autour d'elle et lui sourit en la serrant contre lui. "A qui le dis-tu…" murmura-t-il.

Malheureusement, bien que Lois ait parlé à voix basse, Wells dit à son tour, "J'ai bien peur, Mme Kent, que ceci soit lié à nos efforts dans le passé." Clark et Lois le regardèrent avec inquiétude et il se pressa, un peu embarrassé, "Oh, pas le sortilège. Je suis heureux de dire que vous n'avez pas à craindre davantage de problèmes de ce genre dans vos…. ah, rapports conjugaux."

Clark poussa un grand soupir et son souffle emporta presque Lois. Wells poursuivit, anxieux de changer de sujet, "Non, mais il est apparu que votre sacrifice en tant que Sir Charles et Lady Loisette, bien qu'ayant empêché le sortilège d'être jeté sur vos âmes, a eu d'autres effets qui sont… moins désirables."

"Nous le savions," dit Lois, "Mais n'a-t-on pas arrangé ça avec le Solitaire et Lulu ?"

"Apparemment pas," murmura Wells d'un air contrit. "Il semblerait qu'avoir permis au Baron Tempos de triompher, associé aux six ou sept siècles entre les deux époques que nous avons visitées, a conduit à une situation qui menace le futur de l'époque dans laquelle je vis aujourd'hui."

Sa voix avait un ton inquiet, mêlé d'une note suppliante. "M. et Mme Kent," demanda-t-il, "chaque fois que je vous ai précédemment croisés, il s'agissait de la sauvegarde de mon monde en empêchant les intrusions dans votre vie ; toutefois, maintenant, il n'y a aucune menace sur vous, seulement pour le futur que vous allez aider à créer, mais votre aide pour préserver ce futur n'en est pas moins vitale. Voulez-vous m'aider ?"

Lois et Clark se regardèrent. Clark dressa un sourcil; Lois soupira et hocha la tête, puis se tourna vers Wells et dit, "Oui, nous allons vous aider. Que devons nous faire ? Et quand ?"

Wells sourit et sortit un mouchoir de sa poche, un instant saisi par l'émotion. Quand il se fut repris, il commença. "Merci. Pour commencer, nous devons retourner à l'époque de Sir Charles et Lady Loisette et empêcher son mariage avec le Baron."

"Attendez une minute," dit Clark. "Je ne vais pas vous être d'une grande utilité si je suis en exil. Et je n'aime pas savoir Lois à la merci de cette brute. Ou faut-il que je rompe mon serment et retourne en Angleterre ?" C'était, à chaque minute, de moins en moins attirant.

"Oh, ce ne sera pas un problème, M. Kent. Vous voyez, nous n'allons pas nous servir de mon traceur d'âmes pour faire le voyage, nous allons utiliser ma machine spatio-temporelle et ainsi, vous et Mme Kent ferez le voyage en tant que vous-même, en tant que vos présentes incarnations. Il y aura là, pour ainsi dire, deux êtres de chacun de vous pendant que vous serez à cette époque."

"Ça pourrait rendre les choses plus faciles," dit Lois. Les hommes de Tempos n'auront aucune chance contre Superman ! Donc, que devons-nous faire ?"

"Eh bien, on m'a dit, que notre mission principale est de nous assurer que le Baron ne se marie pas avec Lady Loisette et qu'elle puisse ainsi épouser Sir Charles. Mais cela doit être son propre choix, aussi je présume que nous devons, en quelque sorte, la relever de la promesse qu'elle a faite à Tempos. De surcroît, nous devons, à un moment quelconque, nous efforcer de nous placer à moins de 3 mètres du sorcier du Baron; ceci pour veiller à ce qu'il ne jette aucune autre malédiction, à personne."

Lois plissa les yeux. "Attendez une minute !" cria-t-elle, soudain sur ses gardes. "On m'a dit' ? 'Je présume' ? On dirait que vous ne savez pas ! Que se passe-t-il ici ? Qui raconte cette histoire ? Et quel est son intérêt dans tout ça ?"

Wells inclina la tête vers Lois. "Très astucieux, Mme Kent. Vous avez tout à fait raison; j'agis en effet sur l'ordre de quelqu'un. Comme vous-même, j'ai été contacté par une personne qui m'a demandé d'entreprendre cette mission. Je sais très peu de choses sur cette personne, mais je peux vous assurer qu'elle est non seulement digne de confiance mais également un allié précieux. D'ailleurs, c'est elle qui s'occupera du sorcier si nous pouvons nous approcher suffisamment de lui."

"Je ne sais pas…" dit Lois, peu convaincue. "Je n'aime pas être dans le noir comme ça. Qui est cette femme ? Et si vous nous donniez son nom et quelques détails ?"

"Comme vous voulez, quoique je doute que le peu que je sache vous éclaire davantage que moi." Wells raconta aux Kent l'histoire de son visiteur, finissant avec, "Je sais que vous n'avez aucune raison de me croire. Je peux seulement vous dire que j'étais aussi sceptique que vous l'êtes maintenant, mais j'ai été complètement convaincu de la loyauté et la probité de cette femme -- et homme. Je ne peux pas vous convaincre de la façon dont j'ai été convaincu; je peux juste vous demander d'avoir confiance en moi comme j'ai confiance en elle -- ou plutôt, eux."

Lois et Clark se regardèrent. L'expression du visage de Lois posait une question évidente à laquelle Clark répondit calmement, "Je pense que nous devons le faire, Lois. Si ce 'Docteur Fate' est quelqu'un de mauvais, alors il faut qu'on le découvre en acceptant son projet -- et si nous ne faisons pas ce qu'elle demande et que c' est quelqu'un de bien, alors beaucoup de gens risquent de souffrir."

"Oui, tu as raison," dit Lois l'air découragé, "Mais je déteste ce genre d'incertitudes -- ne pas savoir qui a raison et qui a tort, tâtonner dans l'obscurité …"

Clark lui sourit d'un air rassurant. C'était un sentiment qui ressemblait si peu à Lois et il supposait qu'il était dû à sa déception que leur journée soit interrompue. Se forçant à ignorer les souvenirs plaisants que le mot 'tâtonner' évoquait, il essaya de l'encourager. "Penses-y comme s'il s'agissait d'une mission -- ce mystérieux docteur est-elle ce qu'elle paraît être ? Qu'y a-t-il de si important au sujet de ce sorcier ? On dirait que c'est un travail pour Lane et Kent, les journalistes d'investigation…"

Lois lui retourna son sourire. Et il avait raison; ce genre de puzzle était tout à fait dans leurs cordes. Elle le prit dans ses bras, apaisant son manque d'enthousiasme rien qu'en se serrant contre lui. Ils faisaient une si bonne équipe tous les deux; sorciers et mystérieux docteurs n'avaient qu'à bien se tenir !"

"D'accord," dit-elle, le relâchant et se dirigeant vers le canapé pour enfiler ses bottes. "Allons-y."

Ils terminèrent de s'habiller et Wells les conduisit à l'extérieur dans une allée voisine où ils trouvèrent la machine spatio-temporelle. "Vous avez de la chance que personne ne l'ait remarquée -- elle est presque trop ressemblante à celle du film de George Pal tiré de votre livre pour être vraie," commenta Lois.

"Oh, non, Mme Kent," répondit Wells. "Ça ne pouvait pas arriver. Vous voyez, elle n'était pas là il y a quelques secondes." Devant le regard interrogateur de Lois, il poursuivit. "Avec l'aide de quelques personnes de mon époque adoptive, j'ai équipé la machine d'un mécanisme permettant de la déconnecter de l'espace-temps. De cette façon, personne ne peut la prendre et je peux la faire apparaître quand je le désire. C'est une aide précieuse quand je voyage vers… des époques moins civilisées."

"Pratique…" murmura Lois.

"Quant à M. Pal… Je crois qu'il a basé la forme de la machine spatio-temporelle de M. Taylor d'après une petite esquisse que j'ai faite pour lui -- sur une serviette en papier, si je m'en souviens bien…" Ignorant les réactions étonnées de ses compagnons, Wells commença à manipuler les boutons de contrôle. "Sommes-nous prêts ? Très bien, notre destination est le nord de la France, une quinzaine de jours après le duel entre Sir Charles et le Baron…"

La machine spatio-temporelle apparut dans une clairière au cœur d'une forêt. Le soleil était haut dans le ciel et Lois était soudain en nage, ses vêtements chauds étaient trop épais pour ce qui semblait être un temps estival. Clark, bien entendu, n'en était pas affecté.

Elle descendit de la machine et dit à Clark qu'elle allait enlever un ou deux vêtements. Il acquiesça, ayant rapidement scanné la forêt environnante et n'ayant rien trouvé de plus gros qu'un écureuil dans le voisinage, toutefois, un groupe d'hommes se trouvant à environ deux kilomètres, avançait lentement vers eux par le sentier qui menait à la clairière.

Lois revint très vite, se sentant plus à l'aise juste en jeans et en chemisier. Elle mit le reste de ses vêtements dans la machine spatio-temporelle, sauf sa parka qu'elle jeta sur son épaule. Elle s'avança vers Clark et lui ôta ses lunettes. "Tu n'as pas besoin de ça," dit-elle, les mettant dans l'une des poches de sa chemise.

Wells sortit de sa poche un petit appareil et le manipula. La machine spatio-temporelle disparut avec son gémissement habituel. Il remit l'appareil dans sa poche et se tourna vers ses compagnons. "Bien," dit-il, "Voilà qui est fait. Maintenant, j'ai quelques petites choses à vous dire avant que les autres ne nous rejoignent…"

"Les autres ? Quels autres ?"

"Ah, eh bien, j'ai pris la précaution de faire une petite reconnaissance préliminaire avant de venir vous voir, Mme Kent. Comme M. Kent a dû s'en apercevoir, un groupe d'hommes se dirige par ici et sera là dans quelques minutes. "Il s'agit de Sir Charles et ses troupes, 'les hommes de la Fouine'. Pendant les deux semaines qui se sont écoulées depuis que Lady Loisette a promis d'épouser le Baron et Sir Charles d'accepter son exil, ils ont quitté l'Angleterre et ont vagabondé en France. Je crois qu'ils se dirigent vers la ville à quelques kilomètres au sud, peut-être pour se mettre au service du seigneur local, mais plutôt pour rejoindre le prochain groupe de Croisés embarquant pour la Terre Sainte. Evidemment, nous devons empêcher cela et j'ai pensé que cet endroit serait parfait pour les rencontrer et leur demander leur aide, au cas où nous en aurions besoin. Donc, dès que nous aurons parlé à Sir Charles, nous pourrons partir, aller sauver Lady Loisette et capturer Tempos."

"On dirait que vous avez tout prévu," dit Lois. "Mais êtes vous sûr qu'elle n'est pas déjà mariée ? Après tout, ça fait deux semaines ? L'Evêque personnel de Tempos a très bien pu les marier depuis des jours -- elle est peut-être enceinte à l'heure qu'il est !" Elle grimaça à cette idée révoltante (le Baron, pas la grossesse -- après tout, elle savait maintenant ce que c'était).

"Oui, ce serait fâcheux. Quoi qu'il en soit, j'ai vérifié et il semblerait que le Baron ait décidé que ce mariage ne se fasse pas dans la précipitation, mais plutôt, d'une manière plus conforme à son rang. Ou peut-être que son 'Evêque personnel', comme vous l'avez appelé, n'est pas aussi docile qu'il le voudrait. De toute façon, la cérémonie n'aura pas lieu avant au moins trois semaines."

Lois soupira, soulagée. Clark, qui avait écouté pensivement, se joignit à la conversation. "Avez-vous pensé comment nous allons leur expliquer, pour moi ? Je veux dire, je ne veux pas que les gens me vénèrent comme un ange ou aient peur que je sois un démon ou un sorcier. Ils ne peuvent pas me faire de mal mais je ne veux pas qu'ils vous attaquent, vous ou Lois, s'ils paniquent."

"Vrai, vrai… J'y ai longuement réfléchi, mais j'ai le regret de vous dire que je n'ai trouvé aucune réelle conclusion. La meilleure que j'ai pu trouver est que je dois leur dire plus ou moins la vérité -- pas que vous venez d'une autre planète; j'ai peur que ce soit hors de leur compréhension -- mais que vous êtes un visiteur d'un autre pays qui a été doté de certains pouvoirs pour combattre le démon. Cela nous aiderait, je crois, si vous vous serviez de vos pouvoirs en tant que Superman. Le nom ne leur dira rien, mais le costume pourra représenter une sorte de cotte d'arme étrangère et l'idée d'un sauveur investi de pouvoirs magiques pour une quelconque quête fait partie des antécédents culturels de ces gens.

"D'accord," dit Clark pensivement. "Mais je ne me change pas avant que nous leur ayons parlé. Pas la peine de les bouleverser avec ça."

Tous trois s'assirent pour attendre à l'ombre de la forêt. Lois s'appuya contre Clark, qui l'entoura de ses bras avec plaisir. Ils parlèrent un moment de tout et de rien, jusqu'à ce qu'un groupe de dix hommes émerge de derrière les arbres. Quatre d'entre eux étaient à cheval et les autres à pied. Tous avaient l'air salis et fatigués par les voyages et deux d'entre eux -- un en particulier -- avaient des visages familiers.

Les nouveaux arrivants s'arrêtèrent surpris en voyant les trois voyageurs temporels. Indiquant à Lois et Clark de rester où ils étaient, Wells se leva et s'avança vers la petite troupe. Un ou deux hommes mirent la main sur le fourreau de leur épée ou saisirent leur arc, mais ils se détendirent quand Wells, visiblement sans arme et, à leurs yeux, inoffensif, s'approcha d'eux et leur cria joyeusement, "Bon après-midi, Messieurs ! Et vous aussi Sir Charles !"

"Bonne journée à vous, mes amis," répondit la voix légèrement lasse de l'un des cavaliers. Sir Charles, car c'était lui, descendit de cheval et s'avança droit sur Wells. En s'approchant, il sourcilla, essayant visiblement de chercher pourquoi Wells lui semblait familier. "Nous ne nous attendions pas à rencontrer quelqu'un sur cette route, moins encore quelqu'un qui nous connaisse. Et, pour dire la vérité, il me semble que je vous connais…" Il s'interrompit un instant et dit songeur, "Sir…Clark, de Kent, n'est-ce pas ?" Sa voix était tendue, presque dure. "Nous nous sommes rencontrés ce jour maudit où j'ai été banni d'Angleterre et que ma Dame…" Charles s'arrêta, ne voulant pas en dire davantage.

"Oui, oui, une bien regrettable affaire," répondit Wells. "Et… j'ai bien peur qu'il n'y ait eu un léger malentendu. Le Baron était assez impatient quand nous nous sommes rencontrés, vous devez vous en souvenir, aussi cela m'a semblé être une bonne idée sur le moment qu'il pense que c'était mon nom, plutôt que de donner des explications compliquées. En réalité je m'appelle Herbert Wells."

"Wells ? Alors, vous êtes du Sud Ouest de l'Angleterre, et pas du Kent ? Vous n'en avez pas l'accent, ni le genre de vêtements -- à dire vrai, je n'avais encore jamais vu pareils atours que les vôtres et ceux de vos compagnons."

"Eh bien, non, vous n'en avez jamais vu. Vous voyez, j'ai vécu, depuis quelques années, dans un pays lointain -- très lointain -- duquel proviennent mes vêtements. Mais ce n'est pas important. Ce qui est important est la raison pour laquelle je suis ici et dont je veux vous entretenir."

Sir Charles le regarda d'un air soupçonneux. "Alors, parlez. J'ai dans l'idée que cette rencontre n'est pas un hasard."

"Vous avez tout à fait raison; je vous attendais. Oh, mais vous pensez que je suis à la solde du Baron Tempos et envoyé ici pour vous surveiller ou même pour vous tuer." Le visage de Sir Charles indiqua clairement qu'il avait envisagé cette possibilité. "C'est exactement l'opposé, en fait. Mes compagnons et moi-même sommes ici pour vous aider, vous et Lady Loisette, à vaincre le Baron."

"Personne ne peut nous aider," dit Sir Charles avec un sourire amer. "J'ai choisi l'exil plutôt que la mort et elle… elle sera sa femme, si ce n'est déjà fait." Son visage reflétait la peine qu'amenait cette pensée.

"Ah, mais les choses ne sont pas aussi désespérées que vous pouvez le penser. Vous voyez, le sacrifice que vous et Lady Loisette avez fait l'un pour l'autre était très noble, mais je crains fort que le Baron Tempos ne renonce pas aussi facilement, aussi je suis venu avec de l'aide. Une aide très spéciale. Venez, je vais vous présenter mes amis."

Ils traversèrent la clairière, laissant les hommes de Sir Charles se reposer. Comme ils approchaient de Lois et Clark, le couple se leva. Lois apparut dans la lumière du soleil pour les accueillir, Clark derrière elle. A la vue de cette femme, Sir Charles s'arrêta dans son élan, surpris. Puis il se précipita vers Lois, l'attrapant par les épaules avec un étonnement incrédule et joyeux. "My Lady ?" cria-t-il. "Quel est ce miracle ? Comment êtes-vous arrivée ici ?!"

Il l'aurait prise dans ses bras et l'aurait embrassée, mais il fut arrêté par une voix sévère derrière la femme -- une voix qui était plus que familière au chevalier. "Il n'y a là aucun miracle, Sir Charles," dit la voix, "Et j'ai bien peur que cette dame ne soit pas Lady Loisette -- pas tout à fait… Permettez-moi de vous la présenter; son nom est Lois et elle est ma femme."

L'homme aux étranges vêtements s'avança, hors de l'ombre des arbres, et Sir Charles eut un mouvement de recul. C'était lui ! Cet homme était son double exact, même la femme avait le visage et la silhouette de son amour perdu.

Il recula de quelques pas, plutôt mal assuré et sortit son épée. Il la leva et la fit virevolter de l'un à l'autre d'une main tremblante. "De quelle diablerie s'agit-il ? lança-t-il, "Quelle magie noire avez-vous employée pour me torturer ainsi ?"

"Non, non, non…" dit Wells derrière lui. Sir Charles, qui avait un instant oublié l'autre homme se jeta immédiatement sur le côté, loin des trois voyageurs temporels, puis il se tourna face à eux, les tenant à distance à la pointe de son épée.

Les hommes de la Fouine entendirent le cri de leur chef et se précipitèrent pour répondre quand ils le virent l'épée à la main. Ils se saisirent de leurs armes et Sir Charles eut bientôt des renforts; Lois, Clark et Wells se trouvèrent encerclés par les hommes, chacun brandissant une épée ou un arc, flèche engagée et prête.

Clark grogna. Il fallait reprendre le contrôle, et vite. Les armes ne l'inquiétaient pas particulièrement -- les épées et les flèches n'étaient pas un problème pour lui et il était certain de pouvoir protéger Lois et Wells -- mais ils étaient là pour essayer d'aider ces gens et se lancer dans une bagarre n'était pas la meilleure façon de gagner leur confiance.

"Sir Charles, s'il vous plaît !" cria Wells, l'air un peu désespéré. "Ce sont les amis dont je vous ai parlé. Il n'y a ici aucune magie noire et personne ne veut vous torturer. Je vous en prie, laissez-moi vous expliquer…"

Sir Charles, contrôlant maintenant la situation -- du moins il le pensait -- essaya de reprendre un peu son contrôle et de considérer les paroles de Wells. Il était toujours en colère, mais devenait raisonnable. "Très bien," dit-il cassant, "Parlez ! Mais que la vérité sorte de vos paroles, afin que je vous dise clairement si je vois la duplicité et la traîtrise dans cette rencontre."

"Merci," dit Wells. "Premièrement, je vous prie de bien vouloir m'excuser pour le choc que vous avez subi. J'avais l'intention de vous avertir que vous alliez rencontrer des personnes qui vous ressemblaient énormément, à vous et Lady Loisette, mais vous avez vu la dame avant que je puisse le faire.

"Maintenant, laissez-moi vous présenter ces personnes." Il indiqua Clark. "Voici Lord Kal, un noble seigneur de la maison des El de Krypton, et voici…" Il s'inclina légèrement vers Lois "…Lady Lois, son épouse, autrefois de la maison des Lane de Métropolis."

Lois leva les yeux au ciel à ce 'titre' et Clark sourit. Wells avait l'air plutôt satisfait de cette petite invention et il poursuivit, "Ce sont des citoyens influents dans le pays d'où je viens et ils ont entendu parler de votre malheureuse situation, sans parler de la remarquable ressemblance entre eux et vous et Lady Loisette, ils se sont portés volontaires pour venir ici et essayer de vous aider à combattre le Baron Tempos."

Sir Charles parut quelque peu apaisé par les paroles de Wells, mais il avait aussi l'air déprimé. "Je les remercie et vous aussi, Monsieur. Mais que peuvent faire deux personnes, nobles ou roturières, pour nous aider ? Ce qui est fait est fait -- je suis en exil et ma Dame est sur le point d'épouser le Baron, si ce n'est déjà fait…"

"Ah, eh bien, je peux au moins vous rassurer sur ce point. Lady Loisette n'est pas mariée; Tempos a fixé la date de la cérémonie dans trois semaines -- ce qui nous laisse suffisamment de temps pour nous assurer que cela ne se fera pas."

"Mais comment ? Je vous dis que je suis en exil et qu'ils sont en Angleterre, où j'ai juré de ne plus revenir. Même si j'ose y retourner, comment la simple douzaine d'hommes que nous sommes peut-elle affronter les gardes du Baron et son maudit sorcier ? Ma Dame doit être bien gardée; il ne prendra pas le risque de la perdre alors qu'il est sur le point de l'épouser -- ainsi que ses terres !"

Sir Charles regarda dans le vague. "C'est une folie. Vos compagnons ont toute ma gratitude, mais ils ne sont que deux…" sa voix se perdit dans un murmure.

"Normalement, je serais d'accord avec vous. Mais vous voyez, je connais l'armée de Tempos et son sorcier; c'est pourquoi j'ai demandé l'aide de Lord Kal. Ce n'est pas un homme ordinaire. Il a une tâche, une noble tâche -- vaincre le démon quand il le rencontre et s'assurer que la vérité et la justice prévalent. Pour l'aider dans sa quête, il a été doté de pouvoirs surprenants qui font de lui plus qu'un égal pour le Baron et ses hommes. C'est de cette façon qu'il est arrivé ici aussi vite et que nous nous sommes mis sur votre chemin. Si vous nous laissez vous aider, nous pourrons vous donner la chance d'arrêter le Baron et de sauver Lady Loisette.

"Je vois que vous ne me croyez pas -- en vérité, pourquoi me croiriez-vous ? Heureusement, il y a une manière facile de vous prouver que je dis la vérité. Demandez… disons, à quatre de vos hommes de tirer sur Lord Kal, l'un après l'autre… et regardez."

Les quelques minutes qui suivirent se passèrent en intense discussion. Sir Charles n'était pas convaincu, déclarant qu'il n'avait aucun désir de tuer un étranger. Même si Clark l'assurait qu'il n'était pas du tout inquiet qu'on lui tire dessus, le chevalier refusa, disant que la folie n'était pas une protection contre les flèches et qu'il ne voulait pas rendre veuve une femme ressemblant tant à sa bien aimée. Jusqu'à ce que Lois l'informe allègrement qu'elle n'avait aucune intention de devenir veuve et suggère qu'il demande à ses hommes de manquer leur cible s'il avait peur -- ils pouvaient le faire, n'est-ce pas ? Tout le monde avait entendu parler des prouesses d'archers des hommes de la Fouine -- et il consentit, bien que sceptique, à faire l'essai.

Tandis que les archers revenaient dans la clairière, Wells demanda à Clark de se changer et de revêtir son costume. "Lors Kal porte toujours les armes de sa maison dans une lutte ouverte," dit-il à Sir Charles. Clark tourbillonna pour revêtir son costume. Lois sourit -- le voir faire ça la faisait toujours frissonner, même après tout ce temps; Wells était impressionné, en dépit de ses connaissances "historiques"; et Charles et ses hommes étaient franchement stupéfaits.

Superman s'écarta du groupe et se tint imperturbable tandis que les archers levaient leurs arcs et visaient. Ils lancèrent leurs flèches presque simultanément, mais il y eut un léger intervalle entre la première et la dernière, ce qui était tout ce dont Superman avait besoin. En rapides successions -- mais pas trop rapides; les personnes qui regardaient devaient voir ce qui se passait -- il attrapa la première flèche en plein vol, laissa la seconde le toucher à la poitrine et se briser, incinéra la troisième avec sa vision infrarouge et, enfin, se servit de la flèche qu'il tenait pour transpercer la dernière, la coupant en deux. Il lança ensuite la première flèche de l'autre côté de la clairière, elle siffla en passant devant les visages étonnés des archers pour s'enfoncer dans un arbre, au-dessus des feuillages.

Un silence de mort régna dans la clairière. Personne ne bougeait, excepté Lois, qui se jeta sur Superman et l'embrassa. "Assez joli coup, Kal," lui murmura-t-elle à l'oreille. Clark se mit à rite et la serra dans ses bras.

Le petit jeu du couple, si simple et si naturel, brisa la paralysie retenant la compagnie entre ses griffes. Trois ou quatre des hommes commencèrent à reculer devant la mystérieuse silhouette en rouge et bleu; Frère Harry leva son crucifix, comme pour éloigner le démon, et Clark était sûr qu'il l'avait entendu murmurer "Par la Couronne de César !" mais Sir Charles se tenait sur ses gardes, quoique son épée soit baissée et son visage abasourdi.

"Vous voyez," cria Wells. "Et il a encore des pouvoirs bien plus grands. Mais n'ayez pas peur; il n'y a là aucune magie noire ou sorcellerie. Les pouvoirs de Lord Kal lui ont été transmis par son père, un grand érudit de la terre de Krypton, il a entrepris ce qui est connu comme l'Interminable Bataille -- et a quitté Krypton pour se battre pour la vérité et la justice et s'opposer au démon, à la tyrannie et la corruption quand il le faut. C'est la plus grande et plus noble quête qu'un Kryptonien puisse entreprendre, et ils sont peu à le faire, mais Lord Kal a été élevé pour aider les autres et la Bataille est certainement l'ultime expression de ce vœu…"

Clark avait suivi le raisonnement de Wells; le présenter sous ce jour quasi mythique était probablement le meilleur moyen de le faire accepter par les hommes de la Fouine et leur chef, sans le regarder comme quelqu'un de surnaturel -- ou pire, de divin. Le discours de Wells était, au goût de Clark, un peu trop emphatique, mais la légende qu'il racontait était assez proche de la vérité, aussi, Clark décida d'ajouter sa propre tournure à l'histoire. Il hocha la tête pour confirmer ce que Wells avait dit. "C'est exact. Mon père, Jor de El, savait que des temps obscurs allaient arriver au monde au-delà de Krypton, aussi il m'a donné ces pouvoirs par sa connaissance et est resté en arrière pour défendre sa terre et aider son peuple. Si je retournais sur Krypton, je serais juste un homme ordinaire, comme vous, mais quand je suis ailleurs, sur la terre, j'ai ces capacités qui, pour les autres, ont l'air magiques, mais sont vraiment le résultat des travaux de mon père sur l'œuvre de Dieu."

Clark s'aperçut que son discours était tout aussi emphatique, mais il avait l'air de marcher; Sir Charles avait perdu son expression stupéfaite, Harry avait baissé son crucifix et les autres s'étaient arrêter de courir. Clark décida de pousser plus loin son avantage. "Regardez, laissez-moi vous prouver ma bonne volonté. Vous avez vu certaines des choses que je peux faire et ainsi vous savez que j'ai certains pouvoirs. Maintenant laissez-moi vous démontrer que je suis de votre côté en vous aidant, d'une manière dont personne d'autre ne peut le faire." Il fit signe à Lois de s'approcher et lui murmura quelque chose à l'oreille. Elle parut surprise, mais acquiesça.

"Voici ma femme, qui représente autant pour moi que Lady Loisette pour vous," dit Clark à Sir Charles. Il prit la main de Lois et la conduisit vers son double en disant de sa manière la plus sérieuse. "Je vous laisse prendre soin d'elle, pour la protéger et la garder jusqu'à mon retour, pendant que je vais sauver votre Dame du Baron Tempos. Vos hommes et vous-même jurez-vous de la défendre comme si elle était Lady Loisette ?"

Le défi prit Charles au dépourvu. Pendant un instant, il eut l'air de ne pas savoir ce qu'il devait faire, mais l'appel de l'honneur était trop grand pour résister. Finalement, il retira la main de Lois de celle de Clark et la conduisit à Frère Harry. "Comme il vous plaira, Lord Kal," dit-il. Il avait l'air troublé. "Mais pour combien de temps ? Qui que j'aie pu être en Angleterre, je suis ici un homme d'armes ordinaire comme nous le sommes tous. Nous avons peu d'argent et aucun moyen de donner à votre Dame tout ce qui est dû à son rang…"

"Oh, ne vous inquiétez pas pour ça," dit Clark en riant. "Avec un peu de chance, je serai de retour dans moins d'une heure." Il partit, s'élevant lentement en faisant un petit signe de la main à Lois qui le lui retourna vivement, puis il accéléra et disparut presque instantanément. Derrière lui se trouvait un groupe d'hommes encore plus sidérés qu'ils ne l'étaient quelques minutes auparavant; sa femme qui murmurait, "Sois prudent… " avant de se retourner pour regarder les autres avec un petit sourire; et Wells assis à l'ombre d'un arbre qui le regardait d'un air songeur.

Clark avait bien l'intention d'être prudent. Ayant partagé la vie de Sir Charles un court moment, il découvrit qu'il parvenait à se souvenir de certains détails de cette période, comme l'emplacement du château du Baron Tempos et les terres de Lady Loisette. Le ciel était clair tant en Angleterre qu'en France et il resta en altitude -- suffisamment haut pour ne pas être vu du sol, bien que lui, évidemment pouvait tout voir -- pour chercher Lady Loisette. Il n'eut pas de chance au manoir de Lady Loisette, ce qui ne le surprit pas pour le moins; connaissant Tempos, il était certain que le Baron la tenait sous bonne garde et, où mieux le pourrait-il que dans "son" château (qui était en réalité une demeure royale, mais que Tempos utilisait comme une citadelle personnelle).

Effectivement, il découvrit Lady Loisette dans une chambre de l'une des tours du château. A moitié dans la chambre en réalité, puisqu'elle était accoudée à la fenêtre, regardant vers l'horizon. C'était parfait -- il aurait pu plonger et l'attraper si vite que personne n'aurait pu le voir -- mais, comme d'habitude, les choses ne se passaient pas aussi facilement, car même s'il commençait à descendre en super vitesse, elle avait tourné la tête, écoutant visiblement quelque chose et elle se dirigea à l'intérieur de la pièce."

'Trop facile,' pensa-t-il. Poursuivant sa descente, il regarda à travers le mur et la vit s'asseoir sur le lit, à côté d'une femme d'un certain âge (une camériste ? Une dame de compagnie ? Un chaperon ? Une gardienne ?) qui lui brossait les cheveux. Il décida de rester à l'écart pour avoir une meilleure idée de qui était cette femme; si elle était loyale à Loisette, alors il pourrait l'emmener elle aussi, mais c'était bien le genre de Tempos de mettre quelqu'un de chez lui pour surveiller sa promise, auquel cas Clark ne voulait pas qu'elle se doute que la Dame était sur le point de s'en aller.

Ses craintes finirent par se justifier. La femme termina de brosser les cheveux de Loisette, puis les tressa et les releva. Après avoir aider sa "maîtresse" à enfiler sa robe, elle fut congédiée sèchement par la jeune femme et sortit en verrouillant la porte derrière elle.

'Certainement une domestique de Tempos,' pensa Clark.

Un rapide coup d'œil lui indiqua qu'il n'y avait pas de garde devant la porte de la chambre et que personne ne surveillait la tour, Clark sentit donc qu'il pouvait approcher sans danger. Il voltigea devant la fenêtre. "Lady Loisette…." appela-t-il doucement. Pas de réponse.

Il appela encore. Cette fois-ci elle l'entendit et son visage s'illumina de surprise, reconnaissant, pleine d'espoir, le son de sa voix. Elle se tourna et découvrit Clark qui enjambait la fenêtre et elle se précipita sur lui les bras grands ouverts et les yeux pleins de larmes de joie. "Charles !"

Clark détestait faire ça, mais il l'attrapa par les épaules avant qu'elle ne puisse l'atteindre et la retint, doucement mais fermement, à bout de bras. "Lady Loisette," commença-t-il calmement, "Je suis vraiment désolé, mais je ne suis pas celui que vous croyez." Elle le regarda un long moment, confuse et blessée, les espoirs qu'elle avait eus quelques instants plus tôt s'envolant autour d'elle. La vue de son visage en larmes, si semblable à celui de Lois, déchira le cœur de Clark et il poursuivit tout de suite, "Je sais que je lui ressemble -- beaucoup -- mais je ne suis pas Sir Charles. Je suis…eum, Lord Kal de Krypton et je suis ici pour vous conduire à Sir Charles, si vous me faites confiance."

"Mais… mais…" bégaya-t-elle, n'ayant pas vraiment saisi ce qu'il avait dit, mis à part qu'il n'était pas son bien-aimé. "Votre visage… votre voix… sont ceux de Charles à s'y méprendre. Comment cela se peut-il ? Qui êtes-vous ?

"Je vous ai dit mon nom. Je sais que c'est difficile pour vous de l'accepter -- vous auriez dû voir la réaction de Sir Charles ! -- mais nous pourrons très vite éclaircir cela une fois que nous serons loin d'ici, si vous voulez bien avoir confiance en moi."

Loisette paraissait ne pas avoir entendu ces derniers mots, ayant plutôt retenu son aparté sur Sir Charles. "Vous l'avez vu ?" cria-t-elle. "Quand ? Où ? Comment va-t-il ?"

Clark commençait à s'inquiéter que Loisette ne fasse trop de bruit; et c'était justifié. Des pas dans les escaliers annonçaient le retour de la vieille femme, accompagnée de deux hommes d'armes. "Chhhh…" murmura-t-il, "Oui, je l'ai vu. Il va bien -- il est en vie, en bonne santé et libre; et vous lui manquez beaucoup. C'est pour cette raison que je suis là : pour vous faire sortir d'ici, loin du Baron Tempos et vous amener à lui. Mais nous devons partir; votre domestique revient et elle est accompagnée de deux gardes…"

"Oh. Oui, bien sûr -- je monte à cheval cet après-midi et je ne vais nulle part sans Maud et quelques gardes car Monseigneur Tempos pense qu'il faut me 'protéger'…" Son humeur, amère à l'idée de la 'protection' de Tempos, se changea en inquiétude. "Il faut vous cacher ! Vite, avant qu'ils n'entrent et ce soir nous pourrons nous échapper d'ici."

Elle chercha très vite dans la pièce un endroit acceptable pour le cacher, décida que sous le lit était la meilleure option et essaya d'y traîner Clark. Il ne bougea pas. Il avait espéré emmener Loisette sans que personne ne s'en aperçoive, mais il était trop difficile de discuter avec elle quand elle était comme ça, comme Lois l'avait toujours été, et il se résigna à ce que son évasion soit découverte presque immédiatement. Il n'allait certainement pas se cacher sous le lit -- une aventure en pleine Angleterre médiévale était une chose; un vaudeville en était une autre !

"Non, Madame !" dit-il fermement, l'attrapant par les épaules et la tenant encore une fois à bout de bras. "Croyez-moi, je n'ai pas besoin de me cacher. Ce dont nous avons besoin, par contre, c'est de sortir d'ici. Maintenant, s'il vous plaît, venez avec moi et je vous amènerai à Sir Charles en moins d'une minute."

Elle leva les yeux vers lui, déconcertée, inquiète et incrédule et croisa son regard qui la priait silencieusement de lui faire confiance. Elle vit en lui quelque chose qui la rassura et elle se détendit. "Très bien, Monseigneur…" dit-elle, un peu plus calme. "Mais comment allons-nous partir ?" Elle se regarda de haut en bas. "Ce n'est pas une tenue pour l'escalade et les hommes, là en bas, vont sûrement nous voir."

"Ce n'est pas un problème. Faites-moi confiance et n'ayez pas peur…"

A cet instant, on frappa à la porte. "Madame," parvint la voix de Maud. "Votre escorte attend."

Très vite, Clark souleva Loisette. Elle fut surprise de ce geste qui aurait pu être considéré comme une familiarité excessive de sa part, mais ne dit rien. "Maintenant, n'ayez pas peur, d'accord ?" la rassura-t-il. "En fait, vous devriez fermer les yeux -- ne les ouvrez pas avant que je vous le dise et nous serons avec Sir Charles, Harry et les autres avant que vous ne vous en rendiez compte."

Il y eut un autre coup à la porte et Maud appela, "Madame ?" Le bruit de la clé dans la serrure fut pour Clark le signal de décoller et il s'envola par la fenêtre en un éclair. Derrière lui il entendit la clameur de Maud et des gardes cherchant dans la chambre la Dame disparue.

Comme il l'avait demandé, Loisette garda les yeux fermés dès l'instant où Clark eut quitté la chambre du château. Elle était déroutée par toute cette affaire et n'avait aucune idée de ce qui s'était passé tandis que Clark la transportait vers la France, mais ça n'avait en quelque sorte aucune importance. D'une façon qu'elle ne pouvait définir, elle avait confiance en cet homme, cet incroyable étranger qui ressemblait tant à son bien aimé Charles. Etre dans ses bras, quelque chose qui n'arrivait presque jamais à une dame de sa condition, à l'intérieur ou à l'extérieur d'une chambre à coucher, n'était pas intimidant, ni même palpitant, mais apportait juste un peu de baume au cœur. Elle n'avait pas vraiment cru qu'il pouvait faire ce qu'il disait, mais toute chance de s'échapper, de faire quelque chose, était préférable que d'attendre désespérément que Tempos insiste pour qu'elle conclue leur "marché". Et maintenant, grâce à la paix intérieure qu'elle ressentait, tandis qu'il accomplissait quelque miracle, elle commençait à espérer pouvoir vraiment retrouver son bien aimé.

Clark ne la déçut pas; il se posa lentement devant Sir Charles et posa doucement Lady Loisette. "Tout va bien ?" demanda-t-il gentiment. Elle ouvrit les yeux et acquiesça, pas encore revenue du monde des profondeurs dans lequel elle flottait pendant qu'ils voyageaient. "Dans ce cas, il y a ici quelqu'un qui veut vous voir…"

Elle se retourna et vit Charles. Elle allait se précipiter vers lui, mais ce fut inutile; il était déjà là et elle se retrouva pressée contre lui dans une étreinte passionnée.

Clark regarda ailleurs, comme tout le monde, et chercha Lois. Il la découvrit de l'autre côté de la clairière et s'avança vers elle. "Salut."

"Salut," répondit-elle. "Je suis venue là, loin de Charles, pour ne pas effrayer Loisette. Il va lui parler de nous, comme ça nous n'aurons pas une répétition de ce qui est arrivé quand il t'a vu. Comment ça s'est passé ?"

"Bien… quoiqu'elle ait été aussi difficile à convaincre que tu l'es, parfois. Je suppose que…"

Lois se contenta de le regarder avec sa (tristement) célèbre expression "Oh, oui ?", adoucie par un petit sourire au coin des lèvres. Son regard descendit à un certain endroit de sa poitrine; elle prévoyait visiblement de lui faire payer ça. Clark admit sa défaite et décida de continuer à parler, la meilleure façon de la distraire et de garder son esprit concentré sur ce qu'ils avaient à faire; il y aurait bien assez de temps plus tard pour une revanche.

"Je n'ai pas vu Tempos, en fait, aussi il faudra que j'y retourne plus tard pour m'occuper de lui. Malheureusement, ils ont maintenant dû découvrir que Lady Loisette est partie, alors ils vont sans doute m'attendre. Ce ne sera pas vraiment un problème.

"Hmmm… je n'en suis pas si sûre, Clark. Souviens-toi de ce que tu as dit la dernière fois à propos du sorcier ? Si les méchants savent que Loisette s'est échappée, Tempos pourrait bien décider de lui faire jeter une autre malédiction. Je n'ai vraiment pas envie de rentrer à la maison pour une vie d'abstinence…"

"Bien pensé. Mais ne t'inquiète pas, chérie. Il m'a fallu à peine deux minutes pour aller chercher Loisette; attraper Tempos ne me prendra pas aussi longtemps, car je n'ai pas à craindre d'être vu."

"Je ne sais pas, Clark. Est-ce que les choses sont toujours aussi simples pour nous ? J'ai, en quelque sorte, un mauvais pressentiment… je pense qu'il vaudrait mieux que tu m'emmènes avec toi."

"Non, Lois. Je ne veux pas que tu--"

"Je crois que je suis d'accord avec Mme Kent," les interrompit Wells. Vous voyez, j'ai bien peur que vous ne deviez m'emmener et si vous avez besoin d'un 'assistant', il serait plus sage d'en avoir deux -- particulièrement si l'un d'entre eux est Mme Kent. Elle est… ah, connue, pour vous aider dans les situations délicates, vous savez…"

Lois dressa les sourcils et sourit. Elle trouvait encore difficile de croire qu'elle serait honorée dans le futur pour avoir été l'un des fondateurs d'Utopia, mais il était bien agréable d'entendre qu'elle obtenait quelque reconnaissance en aidant Clark.

Clark paraissait peu convaincu. "Qu'entendez-vous par, je vais devoir vous emmener ?"

"Ah, eh bien, vous vous souvenez que nous devons 'affronter' le sorcier de Tempos -- ce qui veut dire, être à moins de 3 mètres de lui. Ce qui m'inquiète est que le Docteur Fate n'a pas dit lequel d'entre nous devait s'approcher aussi près et si c'était moi, en particulier. J'ai repensé à notre conversation pendant que vous étiez parti et je n'ai pas pu me décider. 'SI VOUS - VOUS TROUVEZ À MOINS DE 3 MÈTRES DE LUI,' a-t-elle dit. Mais quel vous ? Singulier ou pluriel ?" Wells hocha la tête. "Je n'en sais vraiment rien …"

"…et on ne peut pas prendre le risque," termina Clark. Il n'aimait pas ça du tout, mais il savait qu'il n'avait pas d'autre choix. Wells avait raison; si ce 'Docteur Fate' devait être d'une aide quelconque -- et ils n'étaient même pas certains de savoir si elle faisait ou non partie des gentils ! -- alors la possibilité que Wells soit celui qui doive affronter le sorcier devait être envisagée. Cette complication supplémentaire expliquée, Clark savait de par ses expériences précédentes, que Lois n'allait pas envenimer les problèmes et pouvait même les tirer du pétrin, comme elle l'avait déjà fait en de nombreuses occasions.

La décision étant prise, il était temps de partir. Clark souleva Lois et indiqua à Wells de s'accrocher. "Grimpez, M. Wells."

"Euh… très bien," dit Wells hésitant. Il se plaça derrière Superman et il se passa quelques instants d'embarras (pour lui, pas pour Clark) à essayer de trouver une prise solide sur Superman. Il n'y arriva pas et se mit à rougir suffisamment pour faire concurrence à la cape de Superman.

Pour finir, Superman posa Lois et prit chacun de ses compagnons par la taille. "Désolé…" murmura-t-il à l'oreille de Lois. Lois l'embrassa : elle pouvait tolérer que Clark la porte d'un seul bras -- après tout, elle avait les mains libres…"

Tous trois s'élevèrent lentement, laissant à Wells le temps de s'accommoder à cette sensation, puis foncèrent dans le ciel. Lois entoura Clark de ses bras et l'embrassa encore. Il sourit, mais il devait se concentrer sur son vol.

Ils atterrirent près d'un bouquet d'arbres à côté des murs du château et Clark tourbillonna pour remettre ses vêtements normaux. Au regard surpris de Lois, il répondit, "M. Wells et toi avez fait du beau travail; mais maintenant vous m'avez rendu nerveux. Aussi, comme l'a fait M. Wells, je pense qu'une petite reconnaissance s'impose -- une reconnaissance aux rayons x." Il fronça les sourcils et se mit à balayer le château de sa super vision.

"Hmmm… tout à l'air calme. Presque trop calme. -- ils ont dû découvrir que Lady Loisette est partie mais on ne le dirait pas en les observant.

"Le Baron est là, mais il déjeune tranquillement dans la salle à manger. On dirait que personne ne lui a dit que Loisette est partie…"

Peut-être qu'ils ne l'ont pas encore découvert," dit Lois. "Ça ne fait que…quoi, moins de dix minutes que tu es arrivé la première fois ? Si elle avait essayé de se sauver toute seule, elle ne serait pas allée bien loin. Cette Maud et les gardes sont probablement en train de courir dans tous les sens et la cherchent désespérément, ne voulant pas dire au Baron qu'elle est partie. Il ne sera pas content quand il le découvrira…"

"Je crois que tu as raison, Lois. Ils sont là…" Il s'interrompit quelques instants, puis poursuivit, "Oui, ils m'ont l'air complètement paniqués. Elle cherche dans les cuisines, les garde-robes -- ce sont les toilettes -- partout; l'un des types est allé voir dans les écuries et l'autre a l'air de faire le tour des remparts et des fortifications."

Clark continua de scanner le château, mais ne dit rien de plus. Lois était, elle aussi, devenue silencieuse et paraissait songeuse. Un instant plus tard, elle était sur le point de dire quelque chose quand Clark reprit. "Où est donc ce diable de sorcier ? Oh-oh… je crois que Maud est sur le point de dire au Baron que Loisette est partie. Bon sang, elle parait contrariée …"

"Vite !" dit Lois, "Emmène-moi à la chambre de Loisette. Je vais me faire passer pour elle et je vais les tromper pendant que tu t'occuperas du sorcier."

Clark jeta à Lois un regard surpris, puis à Wells qui acquiesça. "Une excellente idée, ma chère," dit le voyageur temporel. "Mais il faut vous presser, Mme Kent aura besoin de temps pour se changer et Tempos va sans aucun doute se précipiter vers sa chambre quand il saura que Lady Loisette a disparu."

Clark avait des doutes quant à cette idée, mais il était en minorité et n'avait pas de meilleur plan -- et, comme l'avait dit Wells, ils n'avaient pas le temps de trouver autre chose. Il souleva donc Lois et ils s'élancèrent dans les airs, se précipitant comme un éclair, en une fraction de seconde dans la chambre de la tour, déserte pour l'instant.

Clark posa Lois et alla vérifier la porte qui avait été verrouillée, pendant qu'elle fouillait dans les commodes, cherchant quelque chose, comme une robe, qu'elle pourrait vite passer sur ses vêtements du 20ème siècle. Elle ne voulait pas être obligée de courir dans un costume médiéval s'il devait y avoir de l'action et elle avait le sentiment qu'il y en aurait avant que toute cette affaire soit terminée.

A l'instant où elle venait de trouver une robe avec le genre de manches et col voulus pour cacher son chemisier (elle était, étrangement, dans les tons bordeaux), un rugissement de colère se fit entendre dans le grand couloir. "Elle lui a dit…" murmura Clark.

"Ce n'est pas grave," dit Lois. "Vite, aide-moi à mettre ce truc avant qu'ils n'entrent."

Sitôt dit, sitôt fait. Il y eut une sorte de grand coup de vent et Lois se retrouva vêtue de la robe bordeaux. 'Un de ces jours, il faudra que je lui demande comment il fait ça sans que je m'en aperçoive,' pensa-t-elle.

Clark se recula pour la regarder. "Eh, joli," dit-il. Il regarda à travers le mur et vit, comme il s'y attendait, le Baron, dans une colère noire, traversant la cour jusqu'à la tour, traînant la misérable Maud derrière lui. "Il arrive. Il faut que je m'en aille… Sois prudente, hein ? Souviens-toi, si tu as besoin de moi --"

"Je n'ai qu'à hurler"-- je sais, je sais. Je le ferai. Maintenant embrasse-moi et vas-t'en."

Le couple s'embrassa, vite et avec passion et Clark, après avoir radiographié une dernière fois les alentours, disparut par la fenêtre, laissant sa femme avec un gentil sourire aux lèvres.

Il ne se passa pas longtemps avant que des pas lourds, un rugissement de colère et des pleurs presque hystériques n'arrivent dans l'escalier annonçant l'arrivée du Baron et de la malheureuse Maud. D'autres pas et un cliquetis métallique indiquaient qu'ils n'étaient pas seuls, mais escortés d'un petit défilé de plusieurs gardes.

La porte s'ouvrit dans un fracas pour révéler un Tempos furieux. Lois avala sa salive et se tourna vers les nouveaux arrivants avec un visage qu'elle espérait impassible. Elle dut lutter pour garder cette impassibilité quand le Baron la vit; déjà en colère au point d'avoir une apoplexie, il piqua carrément une crise de nerfs à la calme présence, là où elle devait être, de la femme soi-disant évadée, et Lois ne savait pas si elle devait reculer ou lui rire au nez. Réflexion faite elle prit le parti de rire -- il n'était pas question qu'elle l'autorise à lui faire peur !"

Elle ne rit pas et quelle que soit l'envie qu'elle avait eue de le faire, celle-ci disparut immédiatement quand Tempos fustigea violemment Maud, envoyant la pauvre femme à terre où elle gisait sans bouger. Lois ne pouvait dire si elle était inconsciente, morte ou si elle faisait semblant pour échapper à d'autres coups.

Lois était furieuse de cette brutalité insensée et sa réaction instinctive fut de frapper Tempos de plein fouet d'un coup de karaté, pour lui apprendre à respecter les femmes -- Clark lui avait dit que Maud était à la solde de Tempos, mais cela ne voulait pas dire qu'il pouvait agresser cette femme en toute impunité -- mais elle se regarda et réalisa que, non seulement elle n'était pas habillée pour ça, mais encore que toute tentative d'attaquer le Baron la conduirait simplement à se faire arrêter par ses gardes. Elle lutta donc contre sa violente envie, laissant sa colère s'exprimer en protestant avec une arrogance outragée pour jouer son rôle, "Monseigneur ! Qu'est-ce que cela signifie ? Pourquoi frappez-vous ainsi cette pauvre Maud ?"

Presque sans le vouloir son ton devint sarcastique. "Elle n'est, pour vous, rien d'autre qu'une servante, mais est-ce vraiment pour cela que vous l'avez engagée ? Alors pourquoi la frapper ?"

Lois commença à s'inquiéter en voyant Tempos se redresser et respirer profondément sans dire un mot. Elle avait peur que ce qu'elle venait de dire ressemble plus à un mélange de Lady Bracknell ou de son propre 20ème siècle et que Tempos ne découvre l'imposture.

Ses inquiétudes furent sans fondement. "Cette… cette fille de cuisine a eu l'effronterie de se glisser dans mes appartements en déclarant que vous aviez disparu." bégaya le Baron. Il donna un coup de pied à Maud, mais la malheureuse femme s'était suffisamment remise pour se mettre hors de sa portée. Elle se recroquevilla contre le mur, effrayée et misérable, jusqu'à ce que Tempos dise à l'un de ses hommes "Débarrassez-moi d'elle !" -- après quoi, la vieille domestique fut emportée, sans doute pour prendre ses nouvelles fonctions dans la hiérarchie du château.

Le silence régna dans la chambre jusqu'à ce que Tempos, qui regardait Lois, se mette à hurler, "Quant à vous, Madame, vous pouvez oublier votre promenade à cheval d'aujourd'hui. Vous resterez ici jusqu'à ce que je vous appelle. Et pendant que vous attendez, profitez-en pour vous coiffer correctement ! J'ignore ce que vous avez fait pendant que cette femme stupide cédait à la folie, mais vous avez l'air d'un hérisson !" Sur ce, il se tourna et s'apprêta à sortir, ses gardes détalant pour s'écarter de son passage.

Lois, encore inquiète à la pensée qu'elle aurait pu flancher, fut soulagée de ne pas avoir à monter à cheval. Elle n'était pas très bonne cavalière et Lady Loisette l'était probablement. Rester au château lui convenait très bien, Tempos devait penser qu'il l'avait mise sous clé, mais il ne savait pas que Lady Loisette était partie depuis longtemps et Lois ne resterait là que le temps qu'elle et Clark le décident et pas davantage.

Elle était restée silencieuse pendant la colère de Tempos, mais la plaisanterie sur ses cheveux l'avait mise en colère. Elle allait répliquer, puis réfléchit et décida qu'un trait d'esprit lui ressemblerait davantage, aussi elle interpella le Baron qui s'en allait, "Et comment, je vous prie, vais-je arranger ma coiffure pour votre plaisir, sans l'aide de Maud, Monseigneur ? Même si elle était votre espionne, elle pouvait en tout cas m'aider à me vêtir !"

A ces mots, Tempos se retourna et éclata de rire, se réjouissant de son courroux. "Très bien, très bien," grogna-t-il en réponse, "Je vous envoie quelqu'un." Il avait l'air mécontent -- mais, en général, il en avait toujours l'air -- ce qui convenait très bien à Lois, pas seulement pour le principe, mais également parce que s'il était furieux, il risquait moins de remarquer les gaffes qu'elle pouvait faire et elle avait toujours peur d'agir comme elle-même plutôt que comme Lady Loisette.

Elle avait raison d'être inquiète. En sortant d'un pas lourd, le Baron réfléchissait, mais il était plus intrigué qu'en colère. Il se dirigea dans le couloir, mais s'arrêta tout à coup à mi-chemin. Son arrêt subit causa la stupéfaction des gardes qui le suivaient et qui, un court instant, ne ressemblèrent à rien d'autre qu'à une rangée de supporters dans leur tentative désespérée d'éviter de se heurter à leur seigneur; Tempos n'avait pas la réputation de refréner ses réactions dans ce qu'il considérait être un affront à sa dignité seigneuriale de la part de ses vassaux -- ni de qui que ce soit d'autre.

Les gardes parvinrent juste à temps à se mettre à peu près en ordre; Tempos n'appréciait pas non plus les hommes qui ne parvenaient pas à maintenir ce qu'il appelait une discipline correcte. Mais quand le Baron se retourna, la seule évidence de la folle bousculade des gardes qui se dressaient, attentifs, était une légère ondulation du rang. Ceci aurait pu suffire à leur seigneur pour leur infliger un blâme, mais il était préoccupé et ne le remarqua pas; mais l'un des gardes aurait préféré le blâme, car il pâlit quand Tempos pointa son doigt vers lui et hurla, "Vous ! Allez dire à mon sorcier que je veux le voir ! Je serai dans la grande salle."

Le malheureux homme d'armes se contenta de saluer et recula pour laisser passer ses compagnons tandis que Baron s'éloignait à grands pas. A contrecœur, il se dirigea vers le coin le plus désert du château; la seule personne aux alentours était une sentinelle sur les remparts et il avança aussi loin que possible de la partie du mur sur laquelle se tenait le garde.

Il frappa avec hésitation à la grande porte en bois, comme s'il voulait que la personne de l'autre côté ne l'entende pas -- ce qui n'était pas loin d'être vrai. Il n'y eut pas de réponse et le garde s'apprêtait à partir d'un pas pressé et soulagé quand une voix lui parvint de l'autre côté de la porte: "Qui est-ce ? Allez-vous en -- je suis occupé !"

"Seigneur Sorcier," bégaya nerveusement le garde, "Le B-Baron Tempos veut vous voir, d-dans la grande salle…"

Il y eut derrière la porte un bruit ressemblant à un grognement. "Que veut-il ? Dites-lui que je le verrai plus tard -- J'ai des choses importantes à faire pour l'instant… n'est-ce pas Morganna ?"

"S-seigneur," insista le garde, dont la voix était maintenant prise de panique, "Monseigneur Tempos ordonne votre présence, dans la grande salle, im-immédiatement !"

Le sorcier parut hésiter. Après quelques instants de silence, la voix répondit, "Très bien, très bien. Je serai là dans un instant. Je dois mettre de l'ordre avant de venir. Maintenant allez-vous en !"

Le garde n'eut pas besoin qu'on le lui répète. Il prit la fuite…

Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.

 


Comme promis, au cas où vous auriez des problèmes pour comprendre certains mots utilisés au Moyen Âge, voici un petit lexique.

Azur : Bleu (terme héraldique -- une des couleurs du blason - en gravure il s'indique par des tailles horizontales).

Cotte d'arme : tunique légère portée par dessus l'armure, sur laquelle se trouvent les armes de la personne qui la porte ou celles de son seigneur (ceci afin de reconnaître son adversaire).

Falot : personne insignifiante (avec une insinuation de stupidité).

Garde-robe : lieu où l'on plaçait la chaise percée, lieux d'aisance (les toilettes modernes).

Gueules : Rouge (terme héraldique -- une des couleurs du blason - en gravure il s'indique par des tailles verticales).

Hallebarde : Arme en forme de pique de 1,80 m à 2,40 - fer pointu à lames latérales.

Manant : autre mot désignant un serf ou un paysan (avec une insinuation d'attitude grossière comme le "rustre" moderne).

Suzerain : seigneur qui possédait un fief de qui dépendaient d'autres fiefs et à qui les nobles de rang inférieur ou chevaliers devaient allégeance.

Vilain : paysan libre (en opposition au serf) travaillant sur une parcelle de terre qu'il "louait" à son seigneur.