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Saison 6, Episode 1

Deuxième partie

Par Barbara et Pam Jernigan

Édité par Peace

Version française de


Traduction Hypérion

Précédemment dans Lois et Clark, Saison 5 :
Episode 22, "C'est le Moment  (par Pam Jermigan)

"Poussez encore une fois, Lois," lui redit l'infirmière. Et elle se soumit. Lorsque le médecin et l'infirmière stabilisèrent la tête du bébé, il se retourna et les épaules passèrent. Une fois cette étape importante terminée, le corps du nouveau-né glissa facilement et Lois se détendit en pleurant de joie. Un son plus aigu se joignit à ses pleurs, quand le bébé découvrit ses poumons.

"Ecoutez ça," s'exclama le Dr McGrath avec satisfaction. "Et voyons voir… Lois, Clark… Félicitations, vous avez une fille."

"Heure de la naissance " annonça Judy en regardant la grande horloge murale, "1h53 du matin, mardi 18 août. Elle pleure normalement et sa peau est d'un joli rose."

"Trois kilos !" annonça une silhouette anonyme habillée de bleu. "Et 46 centimètres." Une autre infirmière mit une couche, des vêtements de coton et un petit bonnet au bébé qui braillait et l'enveloppa dans une couverture.

Une fois les premières observations faites, Judy prit la dernière des Kent en date et l'amena à ses parents. "Elle a un Apgar de neuf sur dix, Lois, ce qui veut dire qu'elle est en parfaite santé. Plus petite que je ne l'avais pensé, surtout pour un bébé né après terme, mais il n'y a rien d'anormal à ça."

Lois tendit les bras pour recevoir son bruyant petit bout de chou, sans faire attention à l'infirmière. "Bonjour, petit trésor," roucoula-t-elle doucement, et elle fut récompensée par l'apaisement des cris du bébé. De petits yeux essayèrent de s'ouvrir à la recherche du son familier. "Tu reconnais ma voix, trésor ? Tu l'as entendue pendant des mois, n'est-ce pas ?" fredonna Lois, d'une voix qu'elle reconnaissait à peine elle-même. Ceci, cependant, semblait rassurer le bébé.

Clark se pencha et caressa timidement du bout du doigt les joues du bébé. "Salut, toi… Je suis ton papa, et voici ta maman."

La tête du bébé se déplaça en cahotant à ce contact et sa bouche s'ouvrit en un "o". "Ah, j'ai entendu parler de ce réflexe, " gloussa doucement Lois. "Voyons si on peut bien l'employer." Maladroitement, elle sortit une épaule de sa chemise et déposa le bébé sur son sein. Le nouveau-né avait besoin d'aide pour se mettre en position, mais il s'agrippa ensuite avec une telle ardeur que Lois fut surprise. "Oh !"

"Ça fait mal, chérie ?" demanda Clark anxieux. Ils s'étaient mis d'accord sur le fait que l'allaitement serait un bon départ pour le bébé, mais aucun d'eux ne savait à coup sûr si ça allait marcher.

"Nonnn… pas vraiment," répondit prudemment Lois, "C'est juste étrange, c'est tout. Regarde-la !" Pendant un instant, le nouveau-né téta avec enthousiasme mais parut ensuite se désintéresser et abandonna sa prise afin d'observer les alentours. "Clark, tu aimerais la prendre ?"

Avec précaution, Clark souleva le petit bout de chou; même en lui maintenant la nuque, il avait à peine besoin de deux mains pour la tenir. "Elle ne pèse rien du tout," murmura-t-il, impressionné.

Lois se recouvrit. La pudeur avait momentanément perdu toute signification, mais elle commençait à avoir froid. Une des infirmières anticipant cette réaction commune, posa une couverture chauffante sur les genoux de la nouvelle maman. En baissant les yeux, Lois remarqua quelque peu surprise que le médecin semblait avoir terminé. Elle balaya la pièce du regard en essayant d'évaluer ce qui se passait, mais elle fut interrompue par le murmure surexcité de Clark. "Lois, elle me regarde !"

Elle regarda son mari et réalisa, qu'en effet, le bébé semblait examiner le visage de son père, une expression sérieuse sur ses traits délicats. "Elle est en train de t'évaluer," rétorqua Lois, en riant doucement. Au son de sa voix, le bébé ferma un peu les yeux et les rouvrit pour fixer sa mère. Lois, se soumit à son tour à l'examen du nouveau-né. "Oui, chérie, nous sommes tes parents. Nous ressemblons à ça. Tu es coincée avec nous."

Le bébé, bien sûr, ne fit aucun commentaire, mais après un long moment, elle ferma les yeux et sembla dériver vers le sommeil.

Clark regarda sa femme, les yeux rayonnants d'amour. "Je crois qu'on a réussi le test."

"Je t'aime, Clark."

"Moi aussi, je t'aime."

"Comment l'avez-vous appelée ?"

"C'est justement ce que j'étais en train de demander." rétorqua Ellen, à peine capable de cacher son impatience. "Peut-être que maintenant ils vont nous le dire."

"D'accord, d'accord," dit Lois en riant. "Maintenant que tout le monde est là, nous pouvons l'annoncer."

"Ce fut un choix difficile," ajouta Clark. "Nous avons envisagé beaucoup de prénoms au cours de ces derniers mois."

"Et puis, je me suis souvenue d'une histoire que vous m'aviez racontée, Martha." Lois sourit à sa belle-mère.

Martha eut un regard interrogateur et Lois se tourna vers ses parents pour leur expliquer. "Vous voyez, quand Martha et Jonathan ont adopté Clark, quand il était bébé, la famille de Martha a conclu qu'il était euh," elle regarda autour d'elle, ne sachant pas si elle allait rouvrir de vieilles blessures. "Le résultat d'une erreur de jeunesse."

"Tu veux dire un bâtard," exprima Sam. "Probablement une grossesse d'adolescente, ce n'était pas trop acceptable dans les années 60." Il remarqua l'ensemble des regards dégoûtés tournés vers lui. "Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?"

"Bref," continua Lois, "la famille de Martha pensait qu'elle faisait quelque chose de mal plutôt que quelque chose de bien et ils l'ont mise à l'écart -- refusant d'avoir affaire à elle. Sauf sa tante préférée."

Jonathan passa son bras autour de sa femme tandis que Martha souriait, comprenant où cela menait.

"Cette tante, vous voyez, a gardé le contact, et elle leur rendait visite quand elle le pouvait. Elle était presque la seule famille de Clark de ce côté-là, et il l'aimait beaucoup." La voix de Lois s'adoucit. "Elle est morte il y a 20 ans, mais ils se souviennent d'elle très tendrement. Et quand j'ai entendu parler d'elle, je savais que c'était le genre de femme à qui je voudrais que ma fille ressemble. Quelqu'un d'aimant, mais de fort également. Quelqu'un qui ferait le bien, quoi qu'il arrive."

Clark sourit tendrement à sa femme. "Avec toi comme mère, Lois, comment pourrait-elle être autrement ?"

"Bon, bref," dit-elle en rougissant. "On s'est mis d'accord sur le fait que ce serait un prénom idéal pour notre fille." déclara Lois, faisant signe à son mari de faire la grande annonce.

Clark eut un large sourire. "Allez, tout le monde, dites bonjour à… Laura Lane Kent."

Tensions

Saison 6, Episode 1

Première partie

Par Barbara et Pam Jernigan
(édité par Peace)

(traduction Hypérion)

Mardi 3 octobre, 3 h 05 du matin

Clark se posa doucement dans la salle de séjour de sa propriété et ferma silencieusement la fenêtre derrière lui pour ne pas réveiller Lois ou Laura. Flottant dans l'escalier jusqu'à son lit, il fut attiré, comme à l'ordinaire, par la lumière filtrant de la chambre de sa fille. 'Sa fille' songea-t-il en souriant.

Entrant dans la nursery, il fut immédiatement captivé par ce qu'il voyait. Assise dans le rocking-chair se trouvait sa femme, la mère de son enfant légèrement éclairée par une lumière tamisée. Elle s'était visiblement levée pour allaiter Laura. Lois et Laura étaient toutes les deux plongées dans un profond sommeil, avec le balancement rythmé d'une mère et de son enfant.

Il savait qu'il devait réveiller Lois et remettre Laura dans son berceau, mais il ne pouvait retirer ses yeux de ce miracle devant lui. La plupart des hommes trouvaient tout naturel de pouvoir un jour se marier et avoir des enfants. C'est-à-dire, la plupart des hommes normaux. Cette simple chose était tout ce qu'un super homme pouvait désirer, quelque chose qu'il n'aurait jamais espéré voir un jour arriver. Epouser Lois avait été le plus beau cadeau qu'il pouvait imaginer. Et maintenant être marié à Lois et être père ? Tout cela le faisait planer sur un petit nuage duquel il ne voulait pas tomber.

Pendant sa rêverie, Laura s'était étirée et avait réveillé Lois. Elle leva les yeux et vit Clark qui leur souriait. Regardant sa tenue, elle sourit.

"Je ne savais pas que Superman considérait la tétée de 3 heures du matin comme une urgence," murmura-t-elle en lui souriant.

Il regarda le costume qu'il portait toujours et lui sourit. "J'avais oublié que je portais toujours ce truc. J'allais me changer quand je vous ai vues toutes les deux…"

Captivé par les mouvements de Lois, Clark perdit le fil de ses pensées. Lois avait pris la décision d'allaiter Laura aussi longtemps qu'elle le pourrait. Ce n'était pas une chose avec laquelle il s'était senti à l'aise quand ils en avaient discuté. Il avait lu autant de livres sur le développement de l'enfant qu'il le pouvait pendant la grossesse de Lois et tous recommandaient l'allaitement maternel pour la multitude de bénéfices pour la mère et l'enfant. Mais il avait déjà tellement demandé à Lois en acceptant de porter son enfant. Ils n'étaient pas vraiment certains d'avoir ou non un *super* bébé et des effets que cela pouvait avoir sur Lois. Après avoir vu tout ce par quoi elle était passée pendant presque dix mois à porter leur enfant, c'était trop demander. Il avait décidé que ce devait être sa décision à elle seule. Et elle l'avait prise si vite qu'elle-même en avait été surprise.

Mais alors, pourquoi cela le surprenait-il ? C'était typiquement Lois. Si tu veux faire quelque chose, alors fais-le à 1000 pour cent. Et si les manuels recommandaient l'allaitement, même si cela signifiait qu'elle devait être de garde toutes les deux heures pendant des mois, alors c'est ce qu'elle devait faire. Et, à sa grande surprise, Lois paraissait prendre cette contrainte dans sa vie, dans sa carrière, comme un présent. Lois avait tissé un lien avec son enfant qu'il n'aurait jamais imaginé. Il avait vu ce lien se développer, remarqué cette atmosphère de paix, de compréhension et d'amour inconditionnel passant entre mère et enfant et il ne pouvait qu'envier cette complicité très spéciale.

Un mélange d'amour et d'intuition de reporter permettait à Lois de sentir ce que pensait Clark. Souriant légèrement, elle se leva doucement et se dirigea vers lui.

Elle s'avança et posa un doux baiser sur ses lèvres en murmurant. "Tu ne partages peut-être pas ça avec Laura, mais il y aura un million de choses que vous partagerez tous les deux et que je ne pourrai pas faire."

Clark les prit toutes les deux dans ses bras en prenant soin de ne pas réveiller Laura. "Et moi qui croyais que seuls les Kryptoniens pouvaient lire dans les pensées…"

Lois ricana. "Eh bien, je ne connais rien aux autres Kryptoniens, mais je n'ai jamais eu de problèmes avec un certain Kryptonien."

"C'est le moins qu'on puisse dire. Tu ne vas pas passer ton talent à Laura, n'est-ce pas ?"

Se retirant de ses bras, Lois se pencha sur le berceau et coucha Laura sous les couvertures. Une fois certaine qu'elle était profondément endormie, elle revint vers Clark et l'entraîna vers leur chambre. "Non, je pense qu'il y a quelques trucs que je vais garder juste pour toi…"

En riant, Clark saisit le ton de sa voix. Il la souleva et traversa le couloir en lui souriant. "J'espère bien. D'abord, n'est-ce pas pour ça qu'on en est arrivé là …"

 

Tôt le matin, entrepôt principal de la compagnie Amalgamated Transport

"Hum, excusez-moi ?" Jimmy essayait en vain d'attirer l'attention au milieu du brouhaha de l'entrepôt au moment où l'équipe du matin venait remplacer celle qui avait travaillé toute la nuit. Il n'avait jamais visité les installations d'ATC, aussi il n'était pas très sûr de savoir où il allait. "Je cherche un ami…?" Quelques employés pressés, engagés dans une discussion animée, passèrent à côté de lui. Ils ne semblaient pas faire attention à lui. "Il s'appelle Nick Flemming, il fait partie de l'équipe de nuit, si vous le connaissez…"

Après être entré un peu plus dans les lieux, il remarqua que les hommes ne faisaient pas que l'ignorer. Ils ignoraient également leur travail, rassemblés sur le parvis, parlant et faisant de grands gestes. Il s'avança vers le groupe le plus proche, curieux malgré lui. Il n'arrivait pas à saisir le sujet de la discussion, mais il était tout à fait clair qu'ils étaient en colère. Et aux regards soupçonneux que lui lançaient certains, il semblait très possible qu'ils puissent, sans raison aucune, retourner leur colère contre lui. Il fut soudain très content de porter sa vieille chemise de flanelle plutôt que le complet veston qu'il avait tout d'abord prévu de revêtir.

"T'es avec nous ?

Jimmy se retourna, surpris, tandis qu'une grande main se posait sur son épaule. Un homme d'un certain âge à l'air nerveux se planta devant lui, avec un regard sous-entendu, un peu trop près au goût de Jimmy.

"T'es avec nous ?" lui redit l'homme, pressant l'épaule de Jimmy. "Ou t'es contre nous ?"

"Avec, absolument," répondit Jimmy à la hâte, se dégageant avec difficulté de la pression du vieux bonhomme. Cela paraissait amuser le type, et de plus, son instinct de reporter en herbe flairait un article. "Est-ce que j'ai l'air d'un gars pouvant être contre vous ?"

Le vieil homme loucha vers lui encore un long moment, puis grimaça avec une espèce de sourire. "Nan, nan, je ne crois pas. Bon alors, tu viens à la réunion." Il attrapa l'épaule de Jimmy et le conduisit à l'intérieur de l'entrepôt, suivant les autres employés par la porte de derrière.

"En vérité, je cherchais mon ami," dit Jimmy. "Vous connaissez Nick Flemming ?"

Le vieux bonhomme leva la tête et réfléchit un instant, puis la hocha. "Non, ça m'dit rien. Il sera vraisemblablement à la réunion, de toute façon. Tout le monde y sera."

Tout ça est bizarre, pensait Jimmy. Chaque fois que ce gars parlait de la réunion, il avait un air drôlement lointain. Presque adorateur. "Je ne savais pas qu'il y avait une réunion aujourd'hui," risqua-t-il prudemment.

"C'est spécial. M. Hughes va parler."

"M Hughes ?"

"Tu ne connais pas M Hughes, mon garçon ?" Le vieil homme paraissait surpris. "Tout le monde ici connaît M. Hughes; c'est un homme très important. C'est le chef. Comment ce fait-il que tu ne le connaisses pas ? Tu es peut-être contre nous, après tout…"

"Non, non, pas du tout," Jimmy rassura son compagnon, essayant de dissiper son regain de paranoïa. "C'est juste que… euh, j'ai été malade…"

"Ah, eh bien, alors, ça explique tout. Tu connaîtras bientôt M. Hughes. Tu l'aimeras. Les yeux de l'homme brillaient de conviction. "Il va tous nous sauver."

Lois n'avait jamais été du matin, et les matins semblaient être de pire en pire après avoir passé la nuit à s'occuper d'un enfant. Pour autant qu'elle aimait sa fille, elle aurait volontiers, à l'instant même, échangé 100 doubles barres de chocolat contre un peu de sommeil. Entendant les cris persistants de sa fille dans l'interphone, elle se leva à moitié endormie pour se rendre dans la nursery. En jetant un coup d'œil, elle vit que Clark était déjà parti. Au moment où elle s'apprêtait à sortir du lit, Clark entra, gazouillant à Laura qu'il tenait au creux de ses bras.

En voyant que Lois était réveillée, il s'assit sur le lit à côté d'elle. Tendant la main vers elle d'un geste familier, il lui caressa la joue de son pouce. "Bonjour, beauté !" murmura-t-il.

Elle tendit les bras vers le bébé qui braillait et détourna les yeux en maugréant. "Oui, bien sûr, j'ai l'air très belle."

Clark lui inclina doucement la tête, la regardant droit dans les yeux pour accentuer ses mots. "Tu as toujours l'air très belle."

Lois sourit, encore étonnée de son support inconditionnel. "Libre à toi de passer outre les cernes que j'ai sous les yeux. Attends, bébé," chuchota-t-elle à Laura, "Maman va te donner à manger dans une seconde…"

Clark regarda Lois mettre tout en place afin que le bébé affamé puisse téter. "Chérie, je sais que tu as peu dormi ces derniers mois. Et je sais comme il t'est difficile de rester à la maison avec Laura à me regarder chaque matin partir travailler. Je m'en veux de te laisser ici…"

"Clark, ça va," Levant les yeux vers lui, elle poursuivit. "Je n'échangerais pour rien au monde les moments que je partage avec Laura. Même lorsque j'étais enceinte, je ne savais pas que j'aurais pu être si… si attachée à quelqu'un." Baissant les yeux vers le bébé, elle caressa la joue douce de sa fille. "Je n'aurais jamais pensé que je pouvais faire ça. Même quand Martha et toi me disiez que je serais une bonne mère, je ne croyais pas que c'était vrai. Après tout, regarde le temps qu'il m'a fallu pour réaliser combien je t'aimais. J'avais si peur de gâcher tout ça. J'ai si peur de tout gâcher."

Clark était bouleversé. Comment pouvait-elle encore avoir des doutes ? Relevant vers lui le visage de Lois, il essaya d'étouffer ses craintes. "Lois, relax. Après tout, j'ai une super oreille et tu l'as entendue avant moi. Comment peux-tu douter d'être une mère formidable ?"

"Bien sûr, je suis capable de m'occuper d'elle maintenant. Heureusement pour elle, j'ai tout ce qu'il faut et l'allaitement est pour nous une chose facile. Je veux dire, elle a de la chance que je n'ai pas à cuisiner pour elle. Mais que se passera-t-il quand elle sera plus grande ? Elle s'attendra à ce que je sache comment faire les choses… à … connaître les choses. Que ferai-je alors ?"

"Lois, s'il te plaît, n'oublie jamais que nous sommes ensemble. Tu as peut-être à faire le plus gros pour l'instant. Je veux dire, je suis Superman, mais je ne peux pas lutter contre la biologie," il se mit à rire, essayant de détendre l'atmosphère. "Mais nous serons toujours là pour elle. Le fait que nous ayons cette conversation…"

Lois se joignit à lui pour terminer sa pensée. "… prouve combien tu t'inquiètes. Oui, oui, je m'en souviens. Mais continue à me le dire, d'accord."

"Je te le dirai aussi souvent que tu en auras besoin. Comme tu l'as fait pour me convaincre que je serais un bon père."

"Eh bien, chez toi c'est inné, Clark. Peut-être que ça déteindra un peu sur moi."

"Lois, c'est inné chez toi aussi." Il tendit la main et la posa sur celle de Lois qui se trouvait sur la joue de leur fille. "Laura ne se plaint pas. Et maintenant qu'elle est un peu plus grande, je veux être là pour elle aussi. Je sais que tu meurs d'envie de retourner travailler."

"En réalité, pas autant que je l'aurais pensé," répondit-elle d'un ton légèrement surpris. "J'avais peur de devenir folle, à rester seule à la maison avec un bébé, mais c'était vraiment agréable… Bon, à part ne dormir que quatre heures d'affilée, me faire baver dessus quotidiennement et changer les couches. Ce truc n'est pas vraiment valorisant, si tu vois ce que je veux dire." Elle pencha la tête et sourit. "Je crois que je meurs d'envie de retourner travailler, après tout -- si au moins je pouvais me reposer !"

Clark se mit à rire. "Eh bien, j'ai beaucoup pensé à la garderie, étant donné que ton congé de maternité va bientôt se terminer -- tu es censée revenir le 3 novembre, exact ?" Devant son air morose, il poursuivit, "Maman a accepté de donner un coup de main jusqu'à ce qu'elle et Papa partent faire leur voyage à travers le pays, mais j'ai l'impression qu'ils aimeraient vite s'en aller."

"Oui, moi aussi. Ils n'arrêtent pas de regarder leurs cartes et de relire les brochures qu'ils ont sur un tas d'endroits historiques dans tout le pays -- sais-tu que Jonathan a emprunté mon portable l'autre jour pour surfer sur Internet ? L'un des guides d'information a un site Web, et il voulait jeter un œil. J'ai dû l'aider un peu pour se servir du navigateur, mais il a pigé tout de suite et est resté dessus pendant des heures…"

Clark hocha la tête. "Ça, c'est bien mon père. Il a vraiment hâte de faire ce voyage."

"Ils ont hâte tous les deux," confirma-t-elle. "On ne peut pas les retenir plus longtemps. Alors, que va-t-on faire avec notre petit monstre ?"

Il lui jeta un regard sévère mais se retint de corriger le surnom. "J'ai pensé à ce truc de partage de travail dont nous avons entendu parler. Que dirais-tu si nous partagions les responsabilités ? On pourrait tous les deux travailler quatre jours par semaine. On pourrait chacun rester avec elle un jour par semaine -- on cherchera quelqu'un pour les trois autres jours, probablement ma mère. Ça nous laissera un peu plus de temps avant de devoir la mettre à la garderie."

"Tes parents ont été formidables de louer la ferme aux Hall et d'emménager ici. Mais Clark…" Lois fronça les sourcils, inquiète. "comment vas-tu faire pour rester à la maison avec elle ? Que se passera-t-il si quelqu'un a besoin de toi ?"

Il haussa les épaules avec un sourire peiné. "On devra peut-être s'occuper de quelques sauvetages d'urgence, éventuellement, mais… je dois avoir des priorités, Lois. Et Laura et toi êtes mes priorités. Je ne peux pas être partout à la fois et c'est ici que je veux être."

Lois savait combien il voulait que ça marche. C'était toujours pour elle un paradoxe que cet homme incroyable veuille juste être normal. Elle, à l'inverse, avait toujours eu des idées de grandeur, mais en y regardant de plus près, 'normal' était intéressant. Elle ne pouvait rejeter l'opportunité de voir si c'était possible.

"D'accord, Clark." Elle sourit, commençant à réfléchir davantage à la situation. "Je veux dire, je connais des bébés de son âge qui sont tout le temps à la garderie, mais je trouve que… moins elle passera de temps avec des étrangers, mieux ce sera." Sa voix était plus optimiste tandis qu'elle reprenait son sens pratique. "Je verrai avec Martha ce matin quand ils ont prévu de partir faire leur voyage. Pourquoi ne parlerais-tu pas à Perry de nos horaires de travail comme ça on pourra comparer nos notes au déjeuner. Tu nous emmènes déjeuner, n'est-ce pas ?"

"Comment pourrais-je manquer une occasion de passer un peu de temps avec les deux plus belles femmes du monde ?"

Lois se mit à rire et se pencha sur son épaule. "Tu es un sacré lèche bottes, Kent, mais ça marche."

"Eh bien, Kent," plaisanta-t-il à son tour, "Personne n'a jamais eu à s'en plaindre jusque là."

"Oui, eh bien, avant que ça ne te monte à la tête, n'oublie pas que tu dois encore t'occuper de mon petit déjeuner."

Clark se pencha et posa un petit baiser, d'abord sur la joue de sa fille, puis s'attarda sur les lèvres de sa femme. "C'est bien ce qui était convenu. Tu t'occupes du petit déjeuner de Laura et je m'occupe du tien." Il se leva en souriant et se dirigea vers la porte. "Et Deux Omelettes à la Kent qui marchent !"

Regardant les yeux de sa fille papillonner, elle se recoucha et soupira en souriant. 'Eh bien, Laura' pensa-t-elle. 'Tes parents ne sont peut-être pas parfaits, mais ton père n'est pas loin de l'être."

Donc, ce M. Hughes va "nous sauver", hein ? pensa Jimmy l'air sceptique en se laissant guider dans la grande salle. L'endroit était bondé, mais la véritable attraction consistait en une estrade installée contre le mur du fond. Il s'y dirigea d'instinct, pour être bien placé, en se disant qu'il aurait dû apporter son appareil photo. Il y avait deux rangées de chaises pliantes et un podium de fortune où étaient suspendus quelques fils électriques laissant à penser qu'il y avait un micro. Un petit groupe de personnes monta sur le podium, conduit pas un costaud en bleu de travail.

"Eh, Jimmy, tu es venu !"

Jimmy se retourna et vit s'approcher son ami Nick. "Nick ! Bon sang, que se passe-t-il ici ?"

Nick était un jeune homme maigre dont l'héritage grec était clairement reconnaissable à ses longs cheveux et sa silhouette. Il regarda autour de lui l'air mal à l'aise et se pencha pour murmurer à voix basse. "Il y a une réunion au sujet d'une grève et les gens sont vraiment en colère."

"Et alors, quelles sont les revendications ? J'veux dire, je n'y connais rien en matière de grève, mais j'imagine que certaines personnes peuvent s'énerver--"

"C'est justement ça, Jim, les revendications ne sont basées sur rien !" On a eu le même genre de choses dans les conditions du contrat de l'année dernière et ce n'était pas un problème -- mais ils discutent comme si c'était la fin du monde. Il se passe ici quelque chose de tordu et ça me fait peur."

Jimmy écouta un court instant. Nick travaillait à Amalgamated depuis des années, comme son père avant lui, et il n'était pas du genre excité; Jimmy le connaissait depuis le lycée. Nick et Jimmy n'avaient jamais, ni l'un ni l'autre, aimé le lycée, choisissant plutôt de faire un "vrai" travail; ce choix avait tissé entre eux des liens étroits. "Je ne sais pas ce que je peux faire, mais… D'accord, Nick, je vais rester dans le coin un petit moment. On verra bien."

"T'es un pote." Nick eut un sourire nerveux et reporta son attention sur ce qui se passait sur l'estrade. "Je crois qu'ils vont commencer."

Clark s'assit à son bureau et tapa consciencieusement les notes qu'il avait prises à la réunion du matin. Lois était maintenant en congé de maternité depuis deux mois, mais sa présence dans la salle de rédaction lui manquait toujours, il se retourna, sans s'en rendre compte, vers son bureau pour partager quelques nouvelles théories ou juste pour avoir son avis sur un point difficile. A cet instant, il aurait apprécié son avis sur le bon moment pour approcher Perry au sujet de leur planning. Le rédacteur en chef s'était terré dans son bureau toute la matinée à prendre des appels téléphoniques et faire de la paperasse, vérifier les frais mensuels l'avait toujours mis de mauvaise humeur. Remarquez qu'apprendre que Lois était prête à reprendre le travail pourrait en quelque sorte changer son humeur… Clark se leva, prêt à affronter le lion dans sa tanière, quand Perry le surprit en émergeant de son bureau en braillant dans la salle de rédaction.

"Très bien, tout le monde, je veux savoir pourquoi personne ne m'a apporté un article sur le ralentissement du travail à Amalgamated Transport ? Des cargaisons venant aussi bien de Métropolis que de l'extérieur ont pris du retard et j'ai entendu une rumeur de grève générale, peut-être bien dès aujourd'hui. Il y a un article à faire, mesdames et messieurs, et si nous n'en avons pas, je veux en connaître la raison !" Il lança un regard noir dans la salle de rédaction, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur une cible appropriée. "Jamison," poursuivit-il, d'une voix douce à laquelle il ne fallait pas se fier, "Je croyais que c'était votre spécialité, j'ai suffisamment de notes de restaurant avec les responsables syndicaux !"

Jamison déglutit et se leva pour répondre. "Monsieur, ils ne parlent pas. J'ai tout essayé, mais--"

"Essayez mieux !" lui lança Perry. "Et vous autres… je veux que vous tiriez toutes les ficelles que vous avez, toutes les ruses du manuel, et dénichez-moi cet article !"

"Ils veulent supprimer nos indemnités de maladie. Ils veulent qu'on renonce à nos vacances. Ils veulent qu'on paie plus cher pour des services médicaux de second ordre !" Hughes faisait de grands pas sur l'estrade, balayant la foule de son regard intense. "Ils veulent que *nous* fassions des sacrifices, pour pouvoir *eux* en profiter ! Allez-vous mettre vos enfants en péril pour gonfler leurs résultats financiers ?" Il s'arrêta, attendant la réponse.

Il ne fut pas déçu. La foule hurla "NON", plongée dans une sorte de délire par le discours passionné de la dernière heure.

Jimmy hocha légèrement la tête, étonné par la performance à laquelle il assistait. Hughes était un orateur accompli et son assistance lui mangeait dans la main. Jimmy était presque prêt à monter lui-même aux créneau, mais il résista pour conserver son objectivité journalistique. Des années d'enquête et son travail avec Lois et Clark lui avaient appris à ne jamais prendre les choses au pied de la lettre.

"Alors, quels pouvoirs avons-nous, mes frères ?" poursuivit Hughes avec persuasion. "Nous sommes opprimés, négligés. Les membres de la bonne société de Métropolis nous ignorent, dans leurs belles maisons et leurs grosses limousines. Les politiciens nous prennent pour des potiches et acceptent l'argent des riches ! Même les journaux font la sourde oreille, pas un journaliste n'a accepté de nous parler. Pas un seul !"

Impulsivement, Jimmy se redressa et cria, "Jimmy Olsen, Daily Planet -- je vous écoute !" Il fouilla dans sa poche, sortit sa carte de presse et la montra à la foule. Ils approuvèrent en grognant, mais Jimmy remarqua que Hughes se retenait à peine de tiquer.

"Venez ici, jeune homme," l'appela le responsable syndical. Tandis que la foule s'écartait pour laisser passer Jimmy, Hughes continuait son discours. "Mes frères, mes sœurs, voici un homme courageux, saluons le ! Même s'il travaille pour l'ennemi, son courage peut nous faire remporter la victoire, son rédacteur sera bien obligé de publier ses dires -- si vous participez tous !" Il aida Jimmy à grimper sur le devant de l'estrade, s'affichant avec lui tout en poursuivant. "Nous vous demandons de contacter le Daily Planet -- faites-leur savoir que vous voulez couvrir cette histoire. Il faut raconter notre histoire et ensemble nous pourrons la faire connaître au monde !" Il s'interrompit une fois encore sous les acclamations et, tandis qu'il attendait que s'apaise le grabuge, il se pencha vers Jimmy. "Si vous restez assis là-bas derrière, je vous accorde une interview dès que le rassemblement sera terminé. Vous êtes un type bien."

Jimmy remarqua son expression. Pour quelque obscure raison, cet homme n'était pas ravi de faire l'objet d'un reportage. Il hocha sèchement la tête et alla s'asseoir au fond de l'estrade, à côté des autres responsables syndicaux.

Hughes poursuivit son discours avec la passion d'un pasteur d'autrefois en plein renouveau. "Oui, mes amis, ensemble nous avons le pouvoir. Si nous nous unissons, le puissant Daily Planet publiera l'article qu'il n'a pas envie de publier. Et si nous nous organisons vite, dans l'unité, nous pourrons obliger ces vampires de la direction à nous payer des salaires décents et à nous donner des privilèges convenables ! Mais nous devons nous unir ! Etes-vous avec moi ?"

"Oui !"

"Vous en êtes sûrs ? Le chemin sera difficile, mais nous devons avoir de la détermination et du courage ! Etes-vous déterminés ?"

"Oui !"

"Alors, mes amis, nous n'avons pas d'autre choix que de déclarer… la grève !"

"Grève, grève, grève !"

Lois posa Laura après l'avoir allaitée et se dirigea vers son portable, tasse de thé en main. Clark et elle avaient fait une liste des garderies qui paraissaient acceptables quand elle était enceinte mais Lois ne s'était pas sentie prête à choisir une garderie alors qu'elle-même ne savait pas comment s'occuper de son bébé. Toutefois, si elle avait l'intention de vite retourner travailler, son temps était compté, donc le moment était venu de se mettre au travail. Ils avaient passé des jours à chercher des garderies et en étaient arrivés à dresser une courte liste des cinq meilleures de leur choix. Toutes étaient agréées et accréditées par Métropolis aux normes fédérales. Deux d'entre elles leur avaient été recommandées par des collègues et les autres avaient une excellente réputation. Ils avaient inscrit Laura. Maintenant il leur restait juste à décider laquelle serait pour elle la meilleure.

Elle avait prévu d'appeler les cinq garderies et de convenir d'un rendez-vous avec Clark, maintenant qu'elle avait une meilleure idée des questions qu'elle devait poser. Ils n'accepteraient que ce qu'il y avait de mieux pour Laura. A sa grande surprise, les quatre premières acceptaient de les recevoir, mais une seule avait encore de la place. Et cette place ne serait libre que dans six mois. Elle était en train de composer le numéro de la dernière de la liste, l'école Winky Tink, quand elle entendit Martha frapper à la porte. Elle fit signe à Martha d'entrer puis reprit sa communication. Elle alla droit au but quand ils décrochèrent et fut, en quelque sorte, peu surprise de la réponse.

"Une liste d'attente, je vois. Alors remplir l'inscription c'était quoi, une plaisanterie cruelle de votre part ? Oh, ça nous met en tête de liste, c'est vraiment mieux…" Elle leva les yeux au ciel, puis réalisa où la menaient ses sarcasmes. "Eh bien, non, s'il vous plaît laissez-nous sur la liste, je me défoulais juste sur vous, vous comprenez. Pardon, je sais que ce n'est pas votre faute. Oui, c'est notre numéro… Merci." Raccrochant le téléphone, elle vit Martha dans l'escalier qui revenait de rendre visite à Laura. "Eh bien, c'était fructueux," soupira-t-elle en jetant son stylo sur le bureau.

"Que se passe-t-il, chérie ?" demanda Martha en la rejoignant dans la salle de séjour.

"Je pensais que j'avais enfin trouvé une garderie pour Laura -- je n'aimais pas y penser, alors j'ai remis ça à plus tard et maintenant je le paie. Les cinq qui me plaisent sont complètes à part une. Et dans celle-là, il y a une liste d'attente de six mois."

"Lois, vous savez que Jonathan et moi ferons tout ce que nous pourrons pour vous aider."

"Je sais, Martha, mais on ne peut pas se reposer sur vous indéfiniment. Clark et moi devons reprendre un semblant de vie normale. Et vous aussi. Je sais que vous désirez vraiment commencer votre voyage."

"Lois, Jonathan et moi avons parlé de ce voyage d'aussi loin que je me souvienne. On peut certainement attendre quelques mois de plus pour vous aider. Et ce n'est certainement pas une contrainte que de passer du temps avec notre petite-fille."

"Merci, Martha, mais Clark et moi devons vraiment trouver quelque chose. Il va parler à Perry pour que nous travaillions tous les deux quatre jours par semaine. De cette façon on pourra limiter le temps qu'elle passera à la garderie, en quelque sorte."

"Lois, est-ce que ça va marcher ? Clark croit-il vraiment pouvoir rester avec elle une journée entière ? Et Superman ?"

"Je sais, Martha," répondit Lois, se levant et commençant à faire les cent pas. "Mais vous connaissez Clark. Il est déterminé à être normal. Et je sais qu'il veut vraiment passer du temps avec elle."

Martha s'approcha de Lois et passa un bras autour d'elle pour arrêter ses allées et venues. "Eh bien, s'il y a une chose que j'ai apprise de vous deux, c'est que lorsque vous voulez quelque chose, vous trouvez toujours une façon d'y arriver."

Lois regarda Martha et sourit. "Je suppose que c'est quelque chose que nous avons appris de nos parents."

"Touché," dit Martha en riant.

"Alors, quand voulez-vous commencer votre voyage ?" Lois retourna vers sa chaise, s'assit et but son thé.

"Hum… eh bien, nous allons voyager en camping-car, comme ça nous pourrons aménager notre itinéraire et le moment où nous partons n'a pas grande importance -- mais Jonathan a découvert que le fabuleux festival Indien commence en novembre. C'est dans les Bad Lands, au Sud Dakota, alors ça va faire une drôle de route, mais nous pensions peut-être commencer par l'ouest, avant que le temps ne soit trop mauvais et revenir à une allure plus raisonnable. Bien sûr, on pourra toujours le voir plus tard--"

"Mais le temps que la neige fonde, vous voudrez peut-être rentrer à la maison," termina Lois à sa place.

"Eh bien, c'est possible," admit Martha avec un clin d'œil. "Ou peut-être qu'on ne voudra plus jamais rentrer à la maison ! Il y a tant de choses à voir dans ce pays. Jusqu'à ce que nous programmions tout ça, je n'avais aucune idée de ce que je manquais. C'est dommage de rater la chute des feuilles en automne, mais nous avons prévu ce voyage depuis deux semaines."

Lois se mit à rire. "On voit vraiment que vous avez hâte de partir ! Je suis étonnée que nous vous ayons retenus si longtemps."

"Vous ne nous avez pas retenus, ma chérie," lui confia Martha en riant. "On se sert de vous pour être près de notre petite-fille."

"Eh bien, il faudra que je m'y fasse." Avec un large sourire, Lois regarda sa montre. "Vous voulez bien patienter un moment ? Je meurs d'envie de prendre une douche et ensuite il sera l'heure de réveiller Laura et de la faire manger, le temps de l'allaiter, la changer, l'habiller et préparer ses affaires et il sera près de onze heures. On pourra aller faire une petite visite à Clark au Planet. Il y a certaines choses dont nous devons discuter avec Perry et ensuite Clark invitera ses trois femmes à déjeuner."

"Ça me va très bien, Lois."

"Enfer et damnation, mais où est donc ce garçon ?" grommelait Perry en arpentant la salle de rédaction. "Il est en retard."

Clark tressaillit en pensant à son ami. La mauvaise humeur du Chef était de pire en pire et il semblait que Jimmy allait le payer. "Eum, Chef, ?" dit-il hésitant.

"Quoi ?"

"Souvenez-vous, il a dit qu'il avait un rendez-vous ce matin et vous lui avez dit qu'il pouvait venir plus tard ?"

"Je lui ai dit pas plus tard que neuf heures, Kent," répondit Perry toujours énervé. "Et il est, oh, laissez-moi regarder…" Il regarda sa montre de manière théâtrale et la compara à la grande horloge murale. "Tiens, regardez ça, il est presque onze heures. Ne pensez-vous pas qu'il est plus de neuf heures ?"

"Eh bien, oui." répondit Clark, laissant Perry passer sur lui sa mauvaise humeur. On ne l'appelait pas Superman pour rien. "Mais je suis sûr que--"

Du coin de l'œil, il vit Jimmy sortir de l'ascenseur. La conversation infernale, qui se calmait déjà, se termina à son arrivée.

Perry se retourna lentement jusqu'à se trouver face à sa victime et être sûr de la complète attention de Jimmy. "Eh bien, merci beaucoup de venir te joindre à nous, Olsen. Que nous vaut cet honneur ?"

Jimmy rougit. "Eh bien, j'ai retrouvé mon ami à temps, à Amalgamated, mais il y avait un rassemblement auquel il voulait que j'assiste et je crois que ça a duré plus longtemps que je ne le pensais, et alors après, j'ai discuté avec quelques uns des orateurs, eum, un genre d'interview, et…" il était à bout de souffle incertain de la façon dont Perry allait prendre cela, soudain convaincu qu'il avait fait la pire des erreurs de sa brève carrière. "J'espère que j'ai bien fait ?" demanda-t-il d'une voix incertaine.

"Entendons-nous bien," dit prudemment Perry, l'air plutôt étonné. "Tu dis que tu étais à la réunion d'ATC et que tu as interviewé les responsables ?"

Jimmy regarda autour de lui d'un air nerveux et Clark lui fit un clin d'œil en levant le pouce et en lui faisant un grand sourire. "Eh bien, euh, oui, j'ai pris des notes."

Perry commença légèrement à sourire, d'abord à Jimmy puis à la salle de rédaction en général. "Mesdames et messieurs, pourquoi n'avez-vous pas tous d'aussi bonnes excuses ?"

"C'est pas une excuse, Chef !"

"Jimmy, je ne suis pas en colère, alors relax." Perry s'avança et posa son bras sur l'épaule du jeune homme. "J'ai passé la matinée à chercher des excuses aux journalistes -- cette interview est exactement ce qu'il nous faut. Ecris-la tout de suite, pronto, je la veux sur mon bureau à midi." Il tapa Jimmy sur l'épaule et partit à grandes enjambées vers son bureau.

"Moi, Chef ?" gloussa Jimmy, surpris de cette soudaine responsabilité.

Perry fit un geste de la main, ne daignant ni se retourner ni s'attarder. 'Tu as eu l'article, tu l'écris. Je vais trouver quelqu'un pour t'aider à le peaufiner…" Il leva le doigt. "Kent ! Cet après-midi vous aiderez Jimmy avec ça."

"Oui, monsieur !" répondirent en chœur Jimmy et Clark, l'un terrifié, l'autre amusé.

Perry arriva à son bureau et y entra, fermant la porte derrière lui. "Bon travail, mon garçon," murmura-t-il. "Je savais que tu avais ça en toi." Il se rappela les expressions des autres personnes et ricana. "J'adore sentir le parfum de la peur dans la salle de rédaction."

Lois souriait en sortant de l'ascenseur, il n'existait rien au monde de semblable au brouhaha de la salle de rédaction du Daily Planet. Regardant autour d'elle, elle remarqua que tout semblait en ordre. Carl, du service Tourisme, descendait le couloir à toute vitesse en direction du laboratoire photo. Ralph était au téléphone, les pieds sur le bureau. Et Clark était à son bureau, tapant sur son ordinateur.

Lorsque Martha et Lois s'avancèrent vers le bureau de Clark, elles furent le point de mire de la majorité des femmes de la salle de rédaction. Pendant que Martha les amusait en montrant sa petite-fille, Lois se dirigea vers Clark. Clark avait, bien sûr, entendu le vacarme et s'approchait déjà d'elle.

"Salut, chérie," l'accueillit-il en la prenant dans ses bras. "Tu ne peux vraiment pas rester loin du bureau, n'est-ce pas ?"

Elle sourit. "Eh, je ne suis pas venue ici depuis trois semaines. Je vois que rien n'a changé."

"Pas trop," lui affirma-t-il gaiement, puis il lui montra son bureau. "A part une petite exception. Je ne pouvais plus supporter de voir cette pauvre plante morte. J'ai trouvé l'opportunité de lui donner une sépulture convenable."

"Tu t'es débarrassé de ma plante ? Elle n'était pas morte. Elle était juste endormie."

"Crois-moi Lois, c'est moi qui ai grandi dans une ferme, tu t'en souviens ? Elle était morte."

"D'accord, je suppose que je peux en avoir une autre."

"Lois, ne sacrifie pas d'autres plantes, d'accord ? Je suis sûr que nous pouvons trouver quelque chose pour remplir cet espace vide sur ton bureau." Désolé d'avoir soulevé ce sujet, Clark décida de diriger la conversation dans une autre direction. "Alors qu'est-ce qui vous amène au journal, Maman et toi ? Je pensais que je ramenais à déjeuner à la maison."

"Oh, tu nous offres toujours à déjeuner, seulement tu nous emmènes dehors, Martha, Laura et moi. On a décidé qu'on devait un peu sortir de la maison. Et je voulais savoir comment s'était passée ta conversation avec Perry."

"Eh bien, en réalité, je n'ai pas encore eu l'opportunité de lui parler." Le visage expressif, il poursuivit, "Crois-moi, il n'est pas d'humeur réceptive. Où est Papa ?"

Il a rendez-vous avec Al pour une partie d'échecs passionnée -- c'est le gars qu'il a rencontré dans le métro il y a quelques années, tu te rappelles ? Martha est si heureuse qu'il ait un ami à Métropolis. Elle s'inquiétait de lui trouver quelque chose à faire pour lui enlever la ferme de l'esprit." Se retirant des bras de Clark, Lois lui prit la main et le conduisit vers les ascenseurs. "Eh bien, allons déjeuner et ensuite nous irons parler ensemble à Perry. Il faut qu'on parle de ce que j'ai trouvé à propos de la garderie."

"Laisse-moi finir cet article et on pourra s'en aller. C'est le temps qu'il te faudra pour enlever Laura à ses admirateurs."

"D'accord," dit-elle en souriant, se dressant pour lui donner un baiser. "Je vais dire à Perry qu'on veut lui parler quand on reviendra."

Enrico O'Reilly entra silencieusement dans le bureau, s'arrêtant un mètre avant le grand fauteuil.

"Ah, Enrico," l'accueillit Lex, se retournant vers son homme de confiance. "Comment s'est passée votre matinée ?"

"Pas trop mal," dit Enrico en souriant à belles dents. "La réunion s'est déroulée exactement comme on l'avait prévu et ils ont officiellement déclaré la grève."

"Quel dommage," Lex tira une bouffée de son cigare. "Le prix des actions n'a pas encore baissé, mais avec un peu de chance il coulera comme une pierre d'ici demain. Et quand la compagnie sera incapable de résoudre les différends…"

"Vous pourrez prendre le pouvoir," conclut Enrico.

"Pas 'prendre', je pourrais reprendre." Il se pencha pour le souligner. "Ce qui était mien, je le reprendrai." Il s'interrompit, se détendant pleinement au fond de son fauteuil. "De plus, les compagnies de transport sont utiles à beaucoup de choses."

"Comme vous voudrez, patron."

Lex sourit faiblement. "Ceci, mon cher Enrico, est l'une des qualités que j'admire le plus chez vous. Quoi qu'il en soit, j'ai une autre livraison pour vous." Il sortit un imprimé de son premier tiroir et lui tendit. "Une nouvelle liste de revendications pour notre M. Hughes à présenter à la direction." Il eut un petit sourire satisfait. "Au premier abord, très raisonnables… mais malheureusement tellement exorbitantes à réaliser. Aucune compagnie ne pourrait les accorder, en vérité, je suis assez content de moi."

Enrico prit la feuille avec un petit hochement de tête et sortit, aussi silencieusement qu'il était entré.

Lois avait choisi son restaurant italien favori (hors d'Italie) pour déjeuner. Clark passa la majeure partie du repas à tenir Laura, gazouillant en la regardant dormir. Elle ne se lassait pas de les regarder tous les deux, sachant ce que représentait pour lui le fait d'avoir un enfant. Mais elle ne pouvait pas non plus résister à l'occasion de le taquiner.

"Vous savez, Martha, je suppose que c'est une bonne chose que Clark aille travailler dans la journée. C'est le seul moment où Laura peut un peu se reposer.

"Je sais, Lois," dit Martha en souriant. "Je l'ai vu la réveiller juste pour la prendre."

Levant sa main libre, il tenta de les arrêter avant qu'elles ne commencent. "D'accord, mesdames. Je sais quand je suis en infériorité. Je ne vais pas m'excuser d'aimer ma fille et je nie la réveiller pour la tenir. Elle dort mieux quand elle est dans les bras. C'est bon pour elle de savoir qu'elle est aimée."

Lois et Martha se regardèrent et se mirent à rire. Clark était une cible si facile. Elles décidèrent d'y aller doucement avec lui aujourd'hui. "D'accord, Clark," dit Lois en riant, en faisant un clin d'œil à Martha. "C'est bon pour elle de savoir qu'elle est aimée. C'est la seule chose dont elle n'aura jamais à s'inquiéter. Nous savons tous combien cette petite fille est aimée. Mais maintenant elle se réveille, alors passe-moi le relais. C'est l'heure de manger pour elle aussi et je ferais bien de commencer avant qu'elle ne se mette à crier."

Clark, regrettant de la laisser si vite, se pencha et embrassa son front, s'imprégnant du doux parfum de poudre et de lotion de bébé. Après un dernier baiser sur la joue, il passa Laura à Lois. Il regardait Lois l'installer dans le creux de son bras tandis qu'elle déboutonnait son chemisier de l'autre main. Bien que ceci soit devenu une sorte de routine à la maison, c'était une chose qu'il n'avait pas l'habitude d'observer ailleurs.

"Lois, chérie, nous sommes en public." Il se tortilla mal à l'aise sur sa chaise, regardant tout autour de lui pour s'assurer que personne ne lorgnait sa femme. "Tu ne crois pas que tu devrais faire ça aux lavabos des dames ?"

"Clark c'est une chose totalement naturelle. Les femmes font ça tous les jours depuis des milliers d'années. De plus, avec ce chemisier, personne ne verra rien."

"Mais…"

Lois se tourna vers Martha pour obtenir de l'aide. "Martha, dites-lui."

"Clark, elle a raison. Il n'y a rien de mal au fait qu'une femme allaite son bébé."

"Et je suis d'accord, mais est-ce vraiment approprié à une table de restaurant ?"

"Eh bien, Clark," commença lentement Martha, "C'est évidemment une chose à laquelle je n'ai jamais été confrontée. Et je peux t'assurer que ton père aurait eu la même réaction que toi. A notre époque, l'allaitement en public n'était pas un acte acceptable. Mais nous sommes dans les années 90, Clark. Les femmes ont le droit d'être des femmes et n'ont plus à se cacher."

"D'accord, d'accord," concéda Clark. "Si ça vous convient à toutes les deux, je suppose que c'est d'accord. C'est juste que c'est ma femme que les gens regardent, pas seulement la mère de Laura. Je crois que ça me met mal à l'aise."

Lois se pencha et l'embrassa sur la joue. "Merci de te souvenir que je suis toujours une femme. Mais je ne vais pas me balader et m'exposer, Clark."

"Je sais, chérie. Je crois que c'est juste une chose à laquelle je dois m'habituer."

"Eh bien, on ne mangera plus aussi souvent dehors, comme ça tu te sentiras mieux." Elle sourit d'un air malicieux. "Et le livreur de pizza est habitué depuis le temps."

"Mince alors, je me sens beaucoup mieux."

"Je suis désolée, Clark," dit Lois, bien que l'effet soit gâché par le ton de sa voix. "Je ne veux pas te mettre mal à l'aise, mais honnêtement, j'ai du mal à penser à ceci autrement que de nourrir un bébé. Sein, biberon, du moment qu'elle mange, on s'en fiche ? Et je suis sûre que cette chaise est un peu plus confortable que les germes qui se trimballent dans les lavabos des dames."

"Je crois que là, tu marques un point," concéda Clark, puis il décida une fois encore de passer à un autre sujet. "Pour parler d'autre chose, Lois, tu as dit que tu avais des nouvelles de la garderie ?"

Elle fit grise mine. "J'ai de mauvaises nouvelles de la garderie. Tu te souviens de notre courte liste des cinq meilleurs centres ? Je les ai appelés toute la matinée et un seul a de la place. Et ce n'est pas avant six mois."

"Wow. Je crois qu'on aurait dû envoyer l'argent à l'école Winky Tink quand ils nous ont envoyé le formulaire, hein ?"

"Je le crois aussi. Je les ai appelés également et ils n'ont pas du tout de place. Je ne sais pas ce qu'on va faire, Clark." Lois regarda Laura qui tétait avec contentement, ignorant la discussion sur son avenir. "On ne peut pas la laisser à n'importe qui."

Clark lui caressa la main d'un geste encourageant. "Lois, on ne va pas la laisser à n'importe qui. Nous allons parler à Perry de nos horaires de travail et trouver quelque chose. Peut-être qu'on pourra avoir quelqu'un trois jours par semaine, les jours où on ne peut pas s'en occuper nous-même."

"Vous savez que Jonathan et moi vous aiderons aussi longtemps que vous aurez besoin de nous. C'est la première raison qui nous a fait emménager ici, pour être près de vous et notre petite-fille," ajouta Martha.

"Merci, Maman. Mais je sais que Papa et toi êtes prêts à partir faire votre voyage. On ne veut pas que vous le reportiez à cause de nous."

"Il a raison, Martha, nous vous en avons déjà assez imposé. Ne remettez pas votre voyage. On va trouver quelque chose."

"Oh, ça n'est pas une imposition, Lois." la rassura Martha. "Nous avons adoré nos deux mois ici et, souvenez-vous, on a déjà fait quelques petits voyages. Etre loin de la ferme c'est déjà pour nous des vacances; ça ne présente aucune difficulté de vous aider."

Clark sourit à sa mère. "Merci, Maman. Pour tout. Je ne sais pas ce qu'on aurait fait sans vous. Vous avez tant fait pour nous – nous ne vous remercierons jamais assez."

"Chérie, la famille est faite pour ça," répondit Martha, en souriant, "Alors, qu'allez-vous faire ?"

"Nous avons parlé de prolonger mon congé de maternité," répondit Lois, tendant prudemment la main par-dessus la tête de son bébé pour prendre un autre morceau de son déjeuner. "Mais je n'ai pas gardé beaucoup de jours—"

Clark se pencha vers sa mère en expliquant, "Ce n'est pas qu'elle ait pris des vacances, tu comprends, mais si tu ne prends pas tes congés dans l'année, ils ne sont pas cumulés, ils te paient un montant forfaitaire."

Lois acquiesça. "Et je vais plutôt garder le temps qu'il me reste pour les urgences, au cas où Laura serait malade et aurait besoin de moi."

Clark poussa un profond soupir. "Eh bien, Lois, pourquoi pas ta mère ? Elle est toujours après nous pour passer plus de temps avec Laura. Peut-être qu'elle peut nous aider jusqu'à ce qu'on trouve autre chose."

"Oh, je ne sais pas, Clark," Lois fronça les sourcils avec une réticence instinctive, son esprit revenant aux innombrables déceptions dont elle avait souffert à cause de l'attitude de sa mère dans le passé.

"Lois, je sais que vous avez eu des différends, mais elle essaie vraiment d'arranger les choses. Elle a élevé la femme que j'aime, alors je crois que je peux lui faire confiance pour s'occuper de ma fille. Et elle est infirmière, au cas où Laura tomberait malade."

"Oui, mais Clark, cette histoire d'alcoolisme m'inquiète…"

"Elle est sobre depuis près de cinq ans, maintenant," lui rappela Clark gentiment. Il avait beaucoup pensé à tout ça et était convaincu que ça pouvait marcher. Si seulement il pouvait persuader Lois. "Et tu sais que je peux les surveiller dans la journée, elle ne saura même pas que je suis là."

"Je sais qu'elle adorerait ça, Lois" ajouta Martha avec tact. "Je crois qu'elle est un peu jalouse du temps que Jonathan et moi passons avec Laura. Je sais que ça représenterait beaucoup pour elle. Et pour vous aussi, ma chérie."

Lois regarda tour à tour son mari et sa mère et soupira. Elle savait que ses appréhensions n'étaient pas logiques, alors elle capitula. "Je suppose qu'on peut essayer…"

"C'est ça, Lois," Clark lui sourit d'un air encourageant. "Je sais que tu surprotèges Laura, moi aussi. Mais je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire."

"Eh bien, je l'appellerai cet après-midi et je verrai ce qu'elle en pense. Je ne sais même pas si elle aura le temps avec ses responsabilités à la Fondation Superman. Et tout dépend de ce que va donner notre conversation avec Perry."

"Et il n'y a qu'une façon de le savoir," dit Clark, en prenant la note. "Allons voir ce que le Chef va nous dire."

"Pas moi, merci," dit Martha en se levant. "Je veux retrouver ton père, Clark. Si vous pouvez me déposer ?"

"On peut," accepta Clark. "Et en route, Lois, je te raconterai le dernier gros sujet sur lequel Jimmy est tombé…"

Lois et Clark se dirigèrent avec Laura vers le bureau de Perry, sachant qu'ils ne seraient plus acceptés dans la salle de rédaction si Perry ne passait pas quelques instants avec le bébé. Lois était toujours étonnée de voir comment des adultes intelligents en étaient réduits à gazouiller bêtement quand il y avait un bébé dans les environs. Et Perry ne faisait pas exception. Tout comme il avait toujours considéré Lois et Clark comme ses enfants, Laura était maintenant sa petite-fille adoptive. Tout d'abord avec hésitation, puis avec un peu plus d'assurance, il avait commencé à passer chez eux le soir pour tenir Laura, apportant souvent un nouveau jouet qu'il avait acheté. Donc, ce ne fut pas une surprise que Perry réquisitionne Laura des bras de son père à la seconde où ils passèrent la porte.

"N'est-ce pas la petite chose la plus adorable qui existe," gazouilla Perry, jouant avec la main de Laura jusqu'à ce qu'elle lui attrape le doigt. "Je crois qu'elle a encore grandi depuis la dernière fois que je l'ai vue."

"Eh bien, vous n'êtes pas venu nous voir depuis presque une semaine, Chef," dit Clark en souriant. "Et elle joue avec le hochet que vous lui avez apporté."

"C'est vrai ?" demanda Perry à Laura, en souriant béatement. "Est-ce que la petite Laura aime son nouveau petit hochet ?"

Lois ne put se retenir de sourire en les regardant. Devant elle se trouvaient l'amour de sa vie et son père adoptif gazouillant devant sa fille. Si quelqu'un lui avait dit six ans plus tôt quand elle avait interrompu l'entretien de Clark avec Perry qu'elle se tiendrait là aujourd'hui en tant qu'épouse et mère, elle l'aurait envoyé directement chez les fous.

"Euh, Clark on est venu pour parler de quelque chose à Perry, souviens-toi ?" le pressa Lois.

"C'est vrai." Se retournant vers Perry, il revint au cœur du sujet. "Perry, Lois et moi essayons de trouver une garderie pour Laura. Nous avons discuté de ce qui serait le mieux pour elle. Nous voulons essayer de limiter le temps qu'elle passera à la garderie. Aussi, nous nous sommes demandés si Lois et moi pourrions travailler quatre jours par semaine."

"On serait ensemble trois jours," interrompit Lois, "et on ferait un jour en solo. Il faut qu'on définisse ces jours pour adapter les articles sur lesquels on travaille, bien sûr, mais vous savez que nous n'avons jamais eu un emploi du temps très strict."

Clark acquiesça et conclut, "De cette façon, chacun de nous sera avec Laura une journée entière et elle n'ira à la garderie que trois jours par semaine."

"On pourra probablement aussi travailler un peu à la maison," ajouta Lois, essayant de l'amadouer. "Vous savez qu'on a toujours travaillé dur, au bureau ou à l'extérieur. Ce sera techniquement un temps partiel pour nous deux, je crois, mais…" elle regarda son mari. "nous pensons tous deux qu'il est important pour Laura que nous soyons près d'elle aussi souvent que possible."

Perry regardait Laura et lui souriait pendant qu'ils parlaient. Aux derniers mots de Lois, il regarda Clark puis Lois. "Et bien, je, ah… je ne sais pas quoi dire. Je veux moi aussi ce qu'il y a de mieux pour cette petite fille. Je sais ce que j'ai manqué pendant toutes ces années avec mes enfants, alors je comprends pourquoi vous voulez faire ça. Je ne veux pas non plus perdre la meilleure équipe de journalistes que j'ai jamais eue."

Lois traversa la pièce et se mit à côté de Clark en l'entourant de son bras pour marquer leur association. "Et on ne veut pas s'en aller, croyez-moi. Travailler au Planet a été la meilleure chose de ma vie--

"--les profits ont été exceptionnels," interrompit Clark avec un sourire, regardant amoureusement sa femme et partenaire.

Elle l'ignora. "-- et je ne voudrais pas perdre ça. Mais nous devons aussi trouver le meilleur moyen de nous occuper de notre fille."

"Eh bien, on dirait que vous y avez tous les deux beaucoup pensé. Et je ne peux qu'être d'accord avec ce que vous avez dit. Je dois admettre qu'au fond de moi, j'étais un peu inquiet de perdre l'un d'entre vous. Aussi je ne suis pas contrarié de vous garder tous les deux." Il leva le doigt en avertissement. "Toutefois, je dois voir ça avec la direction et je vais leur présenter ça comme un arrangement à l'essai. On verra si ça marche dans les prochains mois. Ne pensez pas que je vais en accepter moins de chacun de vous. Je vais en attendre davantage et, si je ne l'obtiens pas, il faudra changer de stratégie."

"Vous l'aurez," accepta Lois.

"Alors, qu'avez-vous prévu pour la garderie ?"

"Eh bien, Chef," répondit Clark, "On a encore quelques petites choses à régler. Il semble qu'il y ait des listes d'attente pour les meilleurs centres. Il faut qu'on cherche une personne ou un endroit pour s'occuper de Laura."

"Vous savez, Perry," ajouta Lois, "Je suis étonnée qu'une entreprise de l'envergure du Daily Planet n'ait pas de garderie. Après tout, il a ici des gens qui travaillent toute la journée. Pourquoi n'avons nous pas d'équipements pour installer une garderie pour les employés ?"

"Eh bien, quand Franklin a acheté le Planet on a parlé d'en ouvrir une dans les anciennes salles des microfiches. Mais quand il a vendu, le projet est en quelque sorte tombé à l'eau. Je crois que personne ne l'a ressorti après ça, alors il n'a jamais été mis en route."

"Eh bien, quelqu'un doit le ressortir," répondit Lois, serrant les mâchoires avec détermination. Avec un regard rusé, elle dit, "Vous savez, j'ai vérifié ce matin, le Métropolis Star a installé une garderie. Je détesterais quitter le Planet, mais…"

"Lois, tenez votre langue !" gronda Perry. "Très bien, je parlerai à la direction de votre temps partiel et de l'installation du centre. En attendant…" Laura s'agita et Perry la rendit à sa mère "Lois, si vous avez le temps de discuter de ça avec les gens, vous avez le temps de travailler -- prouvez-moi que vous pouvez travailler pendant que vous êtes à la maison avec le bébé. Je veux que vous fassiez quelques recherches sur Amalgamated. Je suppose que Clark vous en a parlé ?"

"Il m'en a touché deux mots," confirma Lois, soudain assaillie par la peur d'avoir en quelque sorte perdu son calme. Peut-être que pousser Perry n'avait pas été très intelligent. Elle remit Laura dans sa chaise et fit taire ses doutes; elle pouvait le faire.

"Bien, prenez une copie de ce qu'a écrit Jimmy -- Clark, elle est prête à être peaufinée et vous attend dans votre corbeille – et amenez-moi tout ce que vous pouvez trouver. J'ai déjà un enquêteur dessus, mais vous avez tous les deux les indics et l'expérience pour analyser ce que vous trouvez; c'est ça que je veux."

"On y va, Chef."

"Pas de problème, Perry." Lois tendit à Clark le sac de couches et prit le siège de Laura. On s'y met tout de suite. Tu sais, Clark," dit-elle en sortant, "quelqu'un a-t-il parlé avec la direction de cette boîte ?"

Clark accompagna sa femme et sa fille à la voiture, puis retourna à son bureau. Il devait regarder l'article de Jimmy et avait quelques coups de téléphone à donner pour obtenir un entretien avec les responsables des négociations à Amalgamated. Remerciant le temps d'attente à chaque communication téléphonique, il réussit à finir les deux choses à peu près en même temps.

Il leva les yeux et découvrit Jimmy qui tournait autour de lui d'un air anxieux. "Eum, salut. Je me demandais juste si vous aviez eu le temps de jeter un œil à mon article ?"

Clark se mit à rire et lui tendit l'imprimé qu'il avait corrigé. "Pour cette interview, Jimmy, le plus tôt sera certainement le mieux. Le Chef se rongeait presque les ongles ce matin quand il semblait qu'on allait passer à côté de cet article, personne n'a pu arriver à parler avec ces types."

"Ils ont dit le contraire, qu'aucun journaliste n'a voulu leur parler." Jimmy hésita et poursuivit, "Si bien que ça me donne à réfléchir sur les autres trucs qu'ils m'ont dits."

"Toujours réfléchir, Jimmy," commenta Clark. "Très peu de gens te raconteront l'autre version de l'histoire."

"Vrai." Jimmy se plongea dans le silence en regardant le papier que Clark lui avait donné.

"C'est bien écrit," le rassura Clark. "Arrange-le juste à ces deux endroits et il sera bon à donner à Perry. Et si tu te dépêches, tu pourras l'avoir terminé à temps pour venir avec moi; je viens d'obtenir un rendez-vous avec la direction d'Amalgamated.

Le visage de Jimmy s'illumina. "Moi ? Vraiment ?"

"Bien sûr. Tu as parlé au personnel, tu aurais dû parler à la direction. On va avoir l'autre version de l'histoire."

Lois quitta le Planet telle une femme en mission. Laura était maintenant réveillée et allait sans doute rester éveillée encore une heure, mais si elle mettait le siège de façon à ce que le bébé puisse voir par la fenêtre, ça l'occuperait pendant un petit moment. Moment que Lois pourrait utiliser à passer quelques coups de téléphone et faire des recherches sur Internet. Elle regarda sa montre. Dans seulement quelques heures, il serait l'heure du prochain rendez-vous de Laura chez le médecin. Martha avait prévu de venir avec elle. Lois caressa brièvement l'idée d'envoyer seules Martha et Laura, mais l'écarta. Laura passait en premier. Elle n'avait qu'à faire tout ce qu'elle pouvait entre-temps.

Clark et Jimmy s'inscrivirent à l'impressionnant bureau d'accueil et reçurent les indications pour se rendre au bureau de Walter Barnes, le principal négociateur agissant aux intérêts de la direction d'Amalgamated Transport.

Jimmy bondissait tandis que l'ascenseur montait doucement. "Bon sang, j'ai des tonnes de questions à poser à ce personnage. Après tout, si seulement la moitié des trucs que j'ai entendus ce matin est vrai… vous avez vu qu'on a demandé au syndicat de renoncer à ses indemnités de congé de maladie ? C'est vraiment pas juste. Eum," Une pensée le traversa. "ça vous ennuie si je pose des questions, CK ?"

Clark se mit à rire. "Essaie juste d'être poli, d'accord ? Je veux entendre sa réaction sur ce qu'on t'a dit. Pourquoi ne me laisses-tu pas commencer ?"

Jimmy tendit les mains devant lui. "Pas de problème, CK, c'est vous le patron."

Clark se demanda un bref instant si Lois avait ressenti cela en traînant son subalterne. Il sourit. Non, elle avait été bien plus désagréable et lui, par conséquent, avait réagi plus agressivement. C'était amusant de voir comme la vie pouvait changer.

L'ascenseur sonna à leur arrivée et les portes s'ouvrirent, révélant une somptueuse suite moquettée, bourdonnant d'une activité silencieuse. Comme on leur avait indiqué, les deux reporters continuèrent tout droit et à droite. Clark sut qu'ils étaient presque arrivés à destination en entendant une voix de femme dire "bureau de M. Barnes, ne quittez pas, merci…" Il fronça les sourcils, concentré. Il ne savait pas pourquoi, mais la voix lui paraissait familière. Il cherchait encore tandis qu'ils tournaient au dernier coin

"Penny !?" Jimmy s'arrêta net.

Elle leva les yeux, surprise de leur arrivée et sourit. Elle leva le doigt, leur demandant d'attendre le temps de prendre encore deux autres appels et Clark en profita pour regarder autour de lui. Ils étaient dans une sorte de cul-de-sac; avec le bureau de la secrétaire dans un couloir vide et trois portes s'ouvrant du couloir vers, supposait Clark, les bureaux de la direction.

Penny raccrocha le téléphone. "Bonjour, Clark, juste à l'heure. Salut, Jimmy." Elle fit un sourire chaleureux à son petit ami. "Je ne m'attendais pas à te voir."

"Je ne m'attendais pas non plus à te voir ! Qu'est-ce que tu fais ici ? Et l'école de journalisme ?"

Elle haussa les épaules. "Je donne juste un coup de main temporairement, en dehors de mes cours. La vieille secrétaire de Papa a démissionné et il n'a pas pu--"

"Pardon, attendez une minute," l'interrompit Clark, essayant de comprendre. "Votre père ?"

"Eh bien, oui, Walter Barnes, Penny Barnes…" répondit-elle tout de suite. "C'est juste le temps qu'ils arrivent à régler cette histoire de grève, après il prendra un remplaçant dans le personnel. Et il est impatient de vous voir, alors je ne vous fais pas attendre."

Clark regarda Jimmy, qui paraissait cloué sur place. Cette histoire prenait une tournure intéressante, mais ça ne faisait pas vraiment de différence pour Clark. Pour Jimmy, toutefois, ça semblait être une autre histoire. Il se pencha vers Clark et lui confia dans un murmure étranglé. "Je n'ai pas encore rencontré son père !"

"Eh bien, alors, le moment est venu, non ?" Il tapa dans le dos de Jimmy, le conduisant vers la porte indiquée. "Soit juste poli et professionnel. Tu peux le faire."

Walter Barnes se leva, la main tendue, quand ils entrèrent. C'était un homme distingué en fin de cinquantaine, jugea Clark, à l'expression bienveillante. "Bienvenue, messieurs, je suis Walter Barnes. Et voici mon collaborateur, Dennis Shenckman." Il indiqua un petit homme assez jeune à côté de lui, qui souriait timidement.

"Clark Kent, Daily Planet." se présenta-t-il. "Et voici James Olsen, mon partenaire." Ils échangèrent des poignées de main et s'installèrent tous dans leurs chaises respectives.

"Olsen, hein ?" songea Barnes, regardant Jimmy d'un œil attentif, mais il ne chercha pas le rapport. "Eh bien, M. Kent, je suis ravi de vous parler. Je suis votre travail depuis des années et vous avez une réputation d'honnêteté et d'impartialité."

"Merci." Clark hocha la tête, reconnaissant. "Je fais de mon mieux. Comme vous le savez, je suis là pour connaître tout ce que je peux à propos de cette grève. Nos sources nous ont indiqué que la direction d'Amalgamated avait fait des demandes scandaleuses et je voudrais savoir—"

"Vos sources ?" grogna Shenckman. " Vous voulez parler de sources dans le syndicat. Pour ce qui est scandaleux, ils s'y connaissent."

"Dennis, s'il vous plaît," Barnes fit taire son assistant. "Je ne crois pas que nous ayons été excessifs dans nos demandes, mais je ne nie pas qu'il a été très difficile de traiter avec le syndicat cette année."

Jimmy se tortilla sur sa chaise et Clark le regarda, s'attendant à une soudaine intervention. Rien. Apparemment, Jimmy était complètement pétrifié par la présence du père de sa petite amie. Il réprima un sourire. Bien, Clark devrait donc poser les questions.

"Pouvons-nous reprendre tous les points un par un ?"

Barnes acquiesça. "Je vais écouter ce que vous avez à dire et j'espère que vous écouterez ce que j'ai à dire."

"Entendu." Clark regarda ses notes. "Premièrement, je me suis laissé dire qu'on demande au syndicat de renoncer à ses indemnités de congé de maladie ?"

"Oui et non," répondit Barnes. La moyenne dans l'industrie est de quatre jours par an, nous en offrons actuellement six. Nous voulons les réduire, c'est exact, mais nous offrons en retour une plus large assurance pour incapacité de courte durée. Je crois que ce sera un net avantage pour les travailleurs. Le syndicat, d'un autre côté, demande une augmentation de la durée d'incapacité et quatre jours de maladie en plus par an. Nous ne pouvons pas nous permettre les deux."

L'interview se poursuivit de cette manière, Barnes et Shenckman réfutant ou expliquant chaque contestation. Clark était très songeur en rassemblant ses notes et il se leva. "Merci, messieurs, pour cette interview très constructive."

"Mais de rien" répondit Barnes. "N'hésitez pas à nous appeler si vous voulez d'autres détails."

Clark attendit qu'ils aient atteint la relative intimité de l'ascenseur avant de parler. "C'était intéressant, n'est-ce pas ?"

Jimmy acquiesça d'un petit signe de tête. "Cette histoire est, évidemment, différente de celle que j'ai entendue ce matin." Il s'interrompit, puis poursuivit lentement. "Mais je ne suis pas certain d'avoir cru non plus ce qu'ils ont dit." Il regarda Clark pour voir la façon dont il prenait ça.

"Eh bien, j'aime penser qu'il y a quelques personnes honnêtes en ce monde," répondit Clark, "mais malheureusement, il ne faut pas y compter."

Rassuré de ne pas avoir suivi la mauvaise voie, Jimmy redressa les épaules. "Je crois que je veux à nouveau parler aux responsables syndicaux."

Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur l'entrée et les deux reporters se dirigèrent vers le parking. "Bonne idée, Jimmy. Demande à Jamison; il doit avoir leur numéro et il doit savoir comment les contacter."

Tandis qu'ils sortaient du complexe, ils remarquèrent un piquet de grève. "Ça a été vite," commenta Jimmy négligemment. "Ils ne se sont mis en grève que ce matin."

"Oui. Et regarde les panneaux ? Ils ont été faits par un imprimeur; c'est drôle qu'ils aient pu les faire aussi vite, n'est-ce pas ?"

Une fois revenu au Planet, Jimmy ne perdit pas de temps pour continuer son article. C'était peut-être arrivé par accident, mais il n'allait pas laisser passer cette opportunité. "Hé, Jamison, mon vieux ! J'ai besoin d'un coup de main…"

Le reporter le regarda et sourit. "Salut, Olsen, je vois que tu es monté en grade. Et je serais ravi de t'aider si tu as besoin de quelque chose pour cet article."

Jimmy rougit. "Eum, oui, je crois que c'est plutôt ton rayon ? J'espère que tu ne m'en veux pas…"

Jamison haussa les épaules. "Au moins le Planet a eu l'article, c'est ce qui compte. Je n'ai pas pu y arriver, aucun de mes contacts n'a voulu me parler." Il fronça les sourcils. "C'est bizarre, comme s'ils avaient peur de quelque chose. Il y a quelque chose de tordu là-dessous. Bref, qu'est-ce que tu veux ?"

"Des numéros de téléphone – Il faut que je parle encore avec Hugues ou une des personnes que j'ai vues ce matin, si je ne peux pas le joindre -- il y avait une femme nommée Susan quelque chose."

Jamison attrapa son agenda. "Des numéros de téléphone, je peux te donner ça. J'espère seulement qu'ils seront plus enclins à te parler qu'à moi."

Jimmy haussa les épaules. "On va voir. Merci, mon vieux."

Après quelques coups de fil, Jimmy apprit que M. Hugues n'était pas libre, mais que Susan Mallory, l'un des autres représentants syndicaux qu'il avait vus sur le podium ce matin là, acceptait de répondre à ses questions.

"Oh, oui" répondit-elle à sa première question, "Je suis au courant du programme d'incapacité provisoire. Vous ont-ils dit que ce n'était pas dans leur contrat original ? Ils ne sortent ça que lorsque nous protestons contre la perte de trois jours de maladie. Et nos membres ont beaucoup trop de paperasserie à faire."

Jimmy sentit ses sourcils se dresser en notant tout ça. C'était en effet une autre version qu'il avait eue de la direction concernant ce désaccord. Il se demanda lequel d'entre eux disait la vérité ou s'il n'avait entendu que des mensonges d'un côté comme de l'autre, mais un bon reporter ne devait retranscrire que ce qu'on lui disait. Il fallait être un sacré bon reporter pour trouver "la vérité".

"Vous devez comprendre," poursuivit-elle, "Je ne fais rien d'autre qu'aider nos membres; c'est pour ça qu'ils m'ont élue. Amalgamated a toujours été une bonne compagnie pour qui travailler, mais cette année… cette année nous devons nous battre uniquement pour préserver les avantages que nous avons depuis des années, comme obtenir une augmentation de salaire qui couvre les frais d'absence. Et c'est pour nous une véritable surprise."

"Je comprends," répondit-il, reconnaissant la sincérité de sa voix. "J'ai quelques autres questions à vous poser, si ça ne vous ennuie pas…" Jimmy reprit la liste de questions avec elle, entendant une nouvelle version pour la plupart d'entre elles; il lui semblait perdre la tête le temps que la conversation se termine. Bon sang, c'était beaucoup plus compliqué que ça en avait l'air. C'était une bonne chose qu'il ait jusqu'au lendemain matin pour rassembler tout ça en un article lisible, il lui fallait du temps pour comprendre.

Après le rendez-vous chez le médecin; Lois et Martha rentrèrent à la maison et trouvèrent Clark et Jonathan dans la cuisine préparant ce que Lois appelait "la cuisine du Kansas". Jonathan arrosait un rôti pendant que Clark faisait des biscuits. Elle savait, d'après son expérience personnelle, que Clark avait indéniablement hérité du talent de Martha pour les biscuits et, pendant qu'elle devait allaiter, elle rationalisait, elle avait besoin de calories supplémentaires.

Lois ouvrit la porte de la cuisine à Martha qui portait Laura, et sourit quand elle vit ce que portait Clark -- le tablier Superman qu'elle lui avait offert l'année précédente. "Je les adore quand ils font la cuisine, pas vous, Martha ?"

Jonathan leur fit un clin d'œil. "Il faut bien que quelqu'un le fasse, étant donné que vous, mesdames, vous vous baladez en ville?"

"Eh bien, pour ta gouverne, nous étions chez le pédiatre, merci." rétorqua Martha en posant le siège de Laura sur le plan de travail de la cuisine. "De plus, c'est la première chose productive que tu fais de la journée."

"Attention," lui répondit-il en souriant. "Ou tu n'en auras pas."

"Allons, allons," intervint Lois, "c'est ma cuisine et j'aimerais juste dire… que ça sent drôlement bon. Et si vous ne me laissez pas manger quelque chose, je ne vous laisserai pas tenir le bébé."

"Je reconnais bien là ma redoutable femme d'affaires," dit Clark en souriant. Retirant son tablier, il s'avança pour prendre sa femme dans ses bras et sortit Laura de son siège. Il la tint en l'air et l'embrassa puis l'installa dans ses bras et lui demanda. "Et comment va mon petit ange ? Le docteur t'a-t-il donné de bonnes notes ?"

Lois sourit; elle adorait regarder Clark fondre devant leur fille. "Elle a eu une excellente note de bonne santé. Elle est au-dessus de la moyenne des enfants de son âge. Le Docteur Langdon est très content de son développement."

Clark continua à jouer avec Laura, lui parlant le langage des bébés. "Bien sûr que tu es au-dessus de la moyenne. Tu es notre fille… comment pourrais-tu être autrement que parfaite ?" Laura semblait d'accord avec Clark, elle le regardait en tendant la main vers son visage. "Tu sais que je parle de toi, n'est-ce pas ?"

Lois réprima un sourire aux effusions de Clark et continua son rapport. "J'ai appelé Maman en rentrant à la maison. Elle était tellement excitée à l'idée de peut-être s'occuper de Laura et elle a insisté pour donner un coup de main deux à trois jours par semaine. Elle viendra même demain pour se tenir au courant de son emploi du temps." S'approchant de Clark, elle posa sa tête contre son épaule et poussa un profond soupir. "Est-ce que je peux venir avec toi au bureau demain ? Je ne sais pas si je suis prête à passer une journée entière avec Maman."

Clark posa sa tête contre la sienne et se mit à rire. "C'est pas si terrible que ça, chérie. Tu dis toi-même que c'est une femme différente quand Laura est là."

"Vrai. Mais c'est parce que Martha vient à mon secours quand elle commence à me dire que je fais mal quelque chose et comment ça doit être fait. Je ne sais pas si je vais pouvoir m'en sortir toute seule avec elle."

"Ça ira bien. Souviens-toi qu'elle vous aime Laura et toi et qu'elle veut seulement ce qu'il y a de mieux pour vous."

Jonathan avait écouté leur conversation en continuant tranquillement à préparer le dîner. Alors qu'il mettait le rôti dans le four, il décida de se joindre à la conversation. "Tu sais, je ne crois pas que nous ayons jamais parlé de ça avant, Clark. Quand Martha et moi avions des problèmes pour avoir un enfant, tout le monde se précipitait pour nous donner son avis. Tous les gens, spécialement nos parents, n'arrêtaient pas de nous dire que telle ou telle chose pourrait nous aider. On a d'abord pris ça sans se démonter mais à mesure que le temps passait et que nous avons découvert que nous ne pouvions pas avoir d'enfants, les gens arrêtèrent tout à coup d'évoquer le sujet. Ce n'est que lorsque nous t'avons trouvé, Clark, que j'ai réalisé ce qui se passait. C'était juste leur façon de s'impliquer. Les gens veulent vous aider en vous faisant profiter de leur expérience. Et, bien sûr, quand les choses s'avèrent être une situation qu'ils n'ont pas expérimentée, la plupart d'entre eux évite tout à coup d'aborder le sujet."

Jonathan posa ses gants de cuisine sur le plan de travail et s'avança vers Martha pour la prendre contre lui. "Les choses ont carrément changé après que nous t'ayons trouvé, fiston. Tout le monde revenait pour donner ses idées sur la façon dont un enfant devait ramper, faire ses premiers pas et dire son premier mot. Et tu sais, peu importe combien de personnes donnaient leur avis, il était toujours différent de celui des autres. En vérité, chaque enfant fait des choses, apprend des choses à son propre rythme… quand il est prêt. Si vous avez cinq enfants, chacun d'eux aura sa propre vie et sa propre façon d'apprendre les choses. Je crois que ce que j'essaie de dire c'est que, quels que soient les avis que nous vous donnerons, nous ou quelqu'un d'autre, souvenez-vous juste que c'est l'opinion de Laura qui compte vraiment. Et Lois, Ellen a peut-être l'air un peu…"

"Névrosée," termina Lois pour lui.

"Trop obligeante. Souvenez-vous que c'est juste sa façon de montrer qu'elle aimerait parler avec vous de votre enfance. Je pense que si vous lui demandez comment vous et Lucy vous êtes développées, vous arriverez mieux à la comprendre. Et vous pourriez peut-être même découvrir qu'elle a quelques bonnes idées."

Lois s'écarta de Clark et traversa la pièce vers Jonathan. Elle tendit les bras et l'embrassa. "Merci Jonathan. Je n'avais jamais pensé à cela de cette façon. Je vais faire un essai." Lois se tourna et fit un clin d'œil à Martha. "Après tout, qu'est-ce que j'ai à perdre… autre que la raison."

Ils avaient presque fini de dîner quand Lois remarqua l'expression absente qu'elle connaissait bien sur le visage de Clark. "Qu'est-ce que c'est ?"

"J'ai entendu la radio de la police en bas de la rue," répondit-il l'air absent en se levant. "Ils sont inquiets au sujet des manifestants au siège d'Amalgamated et ils envoient une voiture pour vérifier. Je crois que je ferais bien, moi aussi, d'aller vérifier, peut-être que je pourrai écraser cela dans l'œuf."

Lois soupira – encore une soirée fichue. Mais c'était pour la bonne cause, comme toujours. "Vas-y et vois ce que tu peux faire. On sera là quand tu rentreras."

"Merci, chérie." Il s'arrêta assez longtemps pour lui donner un baiser, puis se jeta en arrière à toute vitesse en tourbillonnant pour revêtir son costume et fila.


Les personnages de cet épisode sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucun non respect des droits n'est délibéré de la part de l'auteur ou du Season 6 group, toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs © 1998.