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Saison 5, Episode 4

par Sheila Harper


Édité par Kathy Brown

Déconseillé aux moins de 13 ans

Version française de


(traduction Hypérion)


INTRO

A sept heures du soir, la salle de rédaction du Daily Planet était habituellement calme et fermée pour la nuit, mais ce soir-là, la musique retentissait d'un radiocassette, des ballons bleu pâle et jaunes flottaient des balustrades tout autour de la salle et des douzaines de voix se disputaient les conversations. Une banderole au-dessus de l'ascenseur proclamait 'Félicitations, Jessie et Tom !' et un coin de la salle avait presque disparu sous une pluie de papiers cadeau et de présents pour bébé.

Lois Lane, hochant la tête et souriant à Maggie, de la publicité, qui racontait quelque histoire sur ses bêtises d'enfance, examinait discrètement la salle pour voir si son mari et partenaire Clark Kent était enfin arrivé... Il 'était enfin là-- Ah!...Son sourire s'illumina. Lois attendit que Maggie finisse son histoire, puis s'excusa et traversa la grande salle vers le bureau de Clark.

Dans leur coin, près de la salle de rédaction, la luminosité était un peu plus faible, le bruit de la fête un peu plus étouffé et Clark Kent, l'autre moitié de la meilleure équipe de reporters du Daily Planet, jouait avec le petit enfant couché dans le creux de ses jambes croisées. "Hé, chérie!" dit il avec tendresse, sans tourner la tête.

Lois glissa ses bras autour de ses épaules et l'embrassa dans le cou. "Bien deviné."

Clark tourna la tête et lui jeta un regard oblique. "Pas besoin de deviner."

"Ne me dis rien-- tu m'as entendu et senti venir."

Il lui fit signe que oui en souriant. "Et chaque terminaison nerveuse de mon corps était en état d'alerte."

"En état d'alerte, huh ?" Sa main glissa le long de sa poitrine, suivant la courbe délicieuse de ses muscles pectoraux, glissant inexorablement vers son flanc. "Chaque terminaison nerveuse ?"

"Sois sage," grogna-t-il, capturant sa main baladeuse et la retenant sur son cœur. "On est en public."

Elle prit le lobe de son oreille entre ses lèvres et le relâcha doucement. "J'essaie, mais... tu as été à ce sommet pour la paix pendant une semaine et j'ai été si seule."

Il ferma légèrement les yeux et poussa un profond soupir en se tortillant inconfortablement sur sa chaise. "Mon Dieu, Lois !" Il lâcha sa main pour saisir l'arrière de sa tête et l'embrassa. Alors qu'elle se laissait aller dans son étreinte, leur baiser se prolongea jusqu'à ce qu'ils oublient le Planet, la fête et le bébé sur les genoux de Clark.

Les yeux vagabondant, l'enfant mâchait son petit poing. Mais après quelques minutes sans être bercé ou chatouillé, sans avoir de grands yeux noirs qui le regardaient, il se tortilla la bouche et pleurnicha pour manifester son mécontentement.

Clark se recula, la respiration saccadée. "Le bébé... j'ai oublié... " Il relâcha Lois à contrecœur et se retourna pour regarder l'enfant sur ses genoux en secouant légèrement sa jambe sous la tête du bébé. "Tu te débrouilles bien avec les enfants."

Il leva sur elle son regard de braise et elle s'aperçut qu'elle avait eu tort de penser qu'il s'était libéré de leur étreinte aussi aisément. Il se racla la gorge et regarda le bébé qui cramponnait son doigt. "Tu as fait du bon boulot avec CJ." dit-il en la regardant. Son expression mélancolique le faisait souffrir. "Qu'y a-t-il, chérie ?"

Lois hocha la tête, regardant toujours le bébé. "Je pensais à CJ. C'est étrange, mais-- malgré les problèmes avec Tempus et la Kryptonite... et cette femme des Services sociaux..." Elle sourit lorsqu'il leva les yeux au ciel à la mention de Nancy LeClaire qui avait demandé à Superman de sortir avec elle. "...et tous ces autres problèmes d'avoir eu CJ avec nous," poursuivit-elle, laissant glisser son regard sur le bébé. "Je n'aurais jamais voulu manquer ça."

Lois regarda à nouveau Clark. "Après tout, nous savons au moins que nous pouvons avoir des bébés ensemble... si nous ne savons pas encore comment." Elle sourit à la joie qui inondait ses grands yeux noirs, puis fit une grimace de regret. "Mais le truc dingue c'est que... il me manque quand même."

Clark vit que ses yeux brillaient de larmes, il serra Tanner dans le creux de son bras et se leva. "Allez, assieds-toi une minute."

"Non, Clark, je ne veux pas-- vraiment--" protesta-t-elle, mais elle s'était déjà assise et prenait le bébé. Tanner fronça les sourcils à la vue de ce nouveau visage puis sourit tout à coup en agitant les bras. Lois lui toucha le poignet de son doigt et il l'attrapa, un sourire édenté jusqu'aux oreilles. Incapable de résister, elle sourit à son tour. "Tu es un ange, Tanner, " lui dit-elle, "mais notre bébé sera... super." Elle leva la tête et vit que Clark la regardait, l'expression à la fois tendre et triste. "Quoi ?" demanda-t-elle.

Il hocha la tête comme s'il ne pouvait pas trouver ses mots, puis il se pencha et l'embrassa tendrement

Étincelant dans la lumière ininterrompue du soleil tel un grand collier de perles, la station spatiale Prométhéus tournait lentement, recréant un semblant de gravité pour ses occupants. A l'intérieur de sa paroi fragile, dans l'un des modules réservés aux recherches nucléaires, un homme mince d'une vingtaine d'années était assis devant un ordinateur et lisait des lignes incompréhensibles de programme informatique. Son compagnon, de dix ans plus âgé, le front dégarni jusqu'au milieu du crâne, transpirait de nervosité. "Tu as déjà fini ?"

Le jeune homme se retourna sur sa chaise. "Non-- et je ne suis pas prêt de finir si tu n'arrêtes pas de m'interrompre." Il corrigea une ligne du programme et reprit sa lecture.

"Une fois que tu le démarres, Haskins ne peut plus s'y introduire et l'arrêter, c'est ça ?" L'homme nerveux se passait la main sur le peu de cheveux qui lui restait.

Une fois que je le démarre je ne peux plus l'arrêter." dit le jeune programmeur. "Ecoute, Cliff, si tu as la frousse--"

"Non, j'ai pas la frousse. C'est juste que... ils vont essayer de nous arrêter quand l'énergie va augmenter dans leurs ordinateurs, alors on n'a que cette seule chance, Dylan.

"A moins que ça marche. Alors, ils devront nous laisser aller de l'avant. Dylan éclata d'un rire démoniaque. "J'ai hâte de sortir ce 'trop dangereux' de la bouche d'Haskins."

ACTE 1

Lois ferma la porte derrière eux après qu'elle et Clark furent entrés dans la maison. Tandis qu'elle accrochait son manteau et se dirigeait vers la cuisine, il alla s'asseoir sur le canapé. "Tu avais raison," dit-elle, plongeant dans le réfrigérateur. "Jessie a eu l'air d'aimer le petit costume et l'ensemble."

"Mmm-hmmm," murmura Clark affirmativement.

"Mais il me semble qu'il va se passer un moment avant que Tanner ne puisse les mettre."

Cette fois ci la réponse de Clark fut celle d'un mari ordinaire, l'air de dire 'je n'écoute pas vraiment'. "Hmmm."

Elle apporta des grappes de raisin dans le séjour et enfila un grain dans la bouche de Clark, puis elle s'assit à côté de lui et en mangea un autre. "D'accord, Clark, vas y."

"Quoi ?"

"Tu es devenu tout d'un coup calme et triste quand tu m'as donné le bébé de Jessie."

"Il regarda ses mains. " Ce n'est rien."

Lois posa le raisin sur la table basse et mit ses mains autour du visage de Clark. "Clark, ne me ferme pas la porte."

"Désolé." Il tourna la tête pour embrasser la paume de sa main. "Quand tu tenais Tanner, je... j'imaginais que tu tenais notre bébé."

Elle fronça les sourcils en cherchant ses grands yeux noirs. "Et ça t'a rendu malheureux ?"

Il acquiesça d'un petit signe de tête et Lois posa ses mains sur les siennes. "Non, c'est pas ça, chérie, c'est--" Clark s'interrompit et prit une profonde inspiration. "Tu te souviens quand nous avons parlé d'avoir des enfants et que j'ai plaisanté à propos d'avoir de supers bébés, je me suis demandé... qu'arriverait-il si notre bébé... tu sais... tenait de moi."

"Super." murmura-t-elle répétant le mot qu'il venait de prononcer.

Il hocha la tête. "Oui, enfin, Maman dit que j'étais plutôt normal jusqu'à ce que j'aille à l'école, alors ce n'est pas comme si on avait à faire à des bébés qui volent, mais tout de même..."

Sa déclaration prit Lois par surprise. Elle ne lui avait pas parlé de son vieux cauchemar mais d'une manière ou d'une autre il avait deviné que cela l'inquiétait. C'était une peur idiote et elle ne pensait pas à ça. Clark lui avait dit ne pas avoir volé avant le lycée, mais peut être avait-elle seulement besoin d'entendre ces mots là : pas de bébés qui volent. Elle laissa échapper un petit rire. "C'est un soulagement. J'avais imaginé les appels hystériques du personnel de la garderie."

Clark ne semblait pas comprendre son ton léger car il lui répondit sérieusement. "Je ne crois pas qu'on pourrait prendre le risque d'une garderie. Ces choses là vont forcément arriver-- tôt ou tard-- et nous ne pourrons jamais expliquer la super vitesse-- ou un bébé qui vole. Pas après l'article de ce journal à scandales sur ta 'liaison' avec Superman."

D'un autre côté, pensait Lois, peut être que les bébés ne sont pas le vrai problème. Elle se souvenait vaguement de cet autre Clark lui parlant de la mort de ses parents quand il avait dix ans. 'Bien que je sois allé très vite.' Son petit sourire s'évanouit. "Tu as raison. Etant donné que nos descendants étaient-- seront sensibles à la Kryptonite, notre bébé ne sera probablement pas normal-- normal pour un Terrien-- et nous devrons faire avec."

"Peut être que..." Clark qui réfléchissait, hésita.

"Quoi ?"

"Peut être qu'on peut se débrouiller sans garderie-- si on écrit et on télécharge notre travail de la maison."

"Hmmm." C'est une chose à laquelle elle n'avait jamais songé, s'habiller et aller travailler représentaient seulement une infime partie d'avoir un job. Mais ils étaient journalistes et les articles venaient rarement les attendre au Planet. Quelle différence pouvait faire l'endroit où ils mettaient leurs ordinateurs et leurs téléphones ? "Aller aux réunions en peignoir de bain ? Où est-ce que je signe ?"

Cela le fit sourire et Lois effleura ses lèvres d'un baiser. Puis elle s'installa à côté de lui, sa main enfoncée sous sa veste et Clark glissa son bras autour de ses épaules. "Mais, Clark, il y aura un moment où l'on sera bien * obligés * d'avoir recours à une garderie. On va continuer à suivre des pistes, à rencontrer des sources."

Il prit une grande inspiration et hocha la tête. "On est partenaires. On pourra faire ça chacun à notre tour."

"Ça veut dire aussi s'occuper chacun son tour du bébé, partenaire." Lois n'était pas certaine qu'il comprenait ce que pouvait impliquer 'se débrouiller sans garderie'. "Tu ne pourras pas disparaître pour répondre aux appels au secours si c'est ton tour."

"Je sais." répondit doucement Clark. Il resta silencieux un long moment et poursuivit.

"Superman fera ce qu'il pourra... et ça devra suffire."

"Mais est-ce que ça suffira ?"

"Que veux-tu dire ?"

"Si on est tous les deux à la maison et que tu entends un appel au secours, tu iras. Tu devras le faire... parce qu'aucun de nous ne pourrait laisser mourir des gens juste parce que les aider tombe à un moment inopportun."

"Et...?"

"Ça veut dire que je vais terminer la plupart des tâches-- sans même pouvoir crier après toi parce que tu auras toujours une bonne excuse pour t'envoler et me laisser avec le bébé."

"Lois--"

Elle pressa ses doigts sur sa bouche pour le faire taire. "Clark, j'ai peur. Je finirai par t'en vouloir d'être Superman. Ou, si tu ralentis vraiment, tu commenceras à en vouloir au bébé -- ou à moi de travailler."

A sa décharge, Clark n'exprima pas la protestation qu'elle lisait dans ses yeux. "Que peut-on faire d'autre ?" demanda-t-il enfin.

Élever un super bébé en ville n'était pas une chose que deux personnes travaillant toute la journée pouvaient assumer seuls. "Donne à notre famille-- à nos amis-- une chance de nous aider."

"Les mettre au courant du secret de Superman ? Non."

Lois n'avait pas l'habitude de l'entendre parler sur ce ton. "Non ? répéta-t-elle incrédule.

Il expliqua avec difficultés, adoucissant ce qui avait été un ordre indubitable. "Savoir à mon sujet est trop dangereux. Pense à ce qui est arrivé à nos parents après qu'on l'ait dit à Sam. Quelqu'un a appris qu'il savait et ça les a presque tués. Je ne veux pas faire ça à nos amis uniquement parce que c'est un peu dur à la maison. On se débrouillera d'une manière ou d'une autre."

Sans le vouloir, elle avait touché un point sensible. Il l'avait aimé passionnément et ça lui avait tout de même pris deux ans avant se décider de se risquer à lui révéler son secret. "Clark, je ne veux pas dire que nous devons nous précipiter et le leur dire. Je veux juste dire que, s'il se passait quelque chose, il vaudrait mieux que ça se passe devant des gens qui se soucient de nous plutôt que devant une baby-sitter ou quelqu'un d'autre."

Il hocha la tête. "Plus il y aura de gens au courant, plus se sera facile que mon secret soit dévoilé. " Pendant un instant elle vit vraiment la peur dans ses yeux. "Chérie, je ne pourrais plus me regarder en face si quelque chose arrivait à nos enfants parce que j'ai été négligent."

Il ne comprenait pas et discuter n'aurait fait que le rendre plus entêté. Tout ce qu'elle avait à faire était de laisser tomber et le laisser assumer seul ses idées obstinées. "Oh, Clark..." soupira-t-elle.

Son manque d'arguments sembla le rassurer et elle le sentit se détendre contre elle-- de la façon dont il agissait après avoir partagé avec elle une de ses inquiétudes. Il se pencha pour l'embrasser, sa bouche s'attardant sur la sienne puis traînant le long de sa gorge. "Tu n'étais pas en train de dire que je t'ai manqué ?"

Cette conversation ne lui avait certainement pas fait oublier les désirs qu'il avait eus à la fête. Elle fit courir son doigt sur le devant de sa chemise. "Non, j'allais te le montrer. " Elle rejeta la tête en arrière avec un sourire sensuel et referma ses bras autour de son cou.

Dans le laboratoire nucléaire de Prométhéus, Dylan remontait la succession de codes pour vérifier les erreurs de frappe dans les programmes. "D'accord... c'est bon, alors on est prêts à y aller."

Cliff se passa la main sur le crâne et s'essuya le front d'un revers. Ce n'était pas un meneur, il ne voulait pas avoir de responsabilités si quelque chose tournait mal. "On peut-- ?"

Remarquant l'attitude de son partenaire qui lui laissait toute la responsabilité du projet, Dylan se renfrogna. "Tu hésites, Cliff ?" Tu ne veux pas rentrer dans l'Histoire comme l'un des hommes qui a mis au point le système de la fusion à froid ? Ou tu n'aimes plus l'idée de l'argent que va rapporter le brevet ?"

Cliff fixa le jeune programmeur. Je n'ai jamais fait ça pour l'argent."

"Oh, j'oubliais. Tu apportes un pouvoir bon marché sans limites aux masses opprimées en dépit de l'aveuglement de tes supérieurs. Oui, c'est bien. Tu ne t'intéresses  peut-être pas à la reconnaissance et à l'argent, mais moi si."

La colère remplaça la peur qui paralysait Cliff. "Alors, fais-le."

"D'ac.!" répondit Dylan en une courte réponse. A travers la vitre, ils apercevaient des lumières provenant de la pièce voisine. Des signes commençaient à défiler sur l'écran et le bruit du générateur parvenait de la petite pièce.

Au centre de la station spatiale, dans la salle de contrôle de Prométhéus, des lumières rouges et vertes clignotaient faiblement sur les consoles tandis que des chiffres et autres codes d'affichage défilaient sur les écrans disséminés dans la salle. L'opérateur, les chevilles croisées sur le rebord de la console de contrôle, tournait les pages d'un magazine osé, jetant périodiquement un œil sur le tableau lumineux autour de lui. Sur la console derrière lui, perdue parmi d'autres voyants lumineux, une lumière passait du vert à l'orange et l'affichage numérique d'un des écrans commençait à grimper.

L'affichage attira son attention. Il se rejeta en arrière pour regarder le voyant et dressa les sourcils lorsqu'il remarqua sa couleur. Reposant ses pieds par terre, il s'assit, pressa un ou deux boutons et ajusta quelques indicateurs, mais l'affichage continuait à grimper et le voyant était passé de l'orange au rouge. Il ouvrit le bouton de l'interphone et dit. "Rick, tu veux venir, s'il te plaît ? Quelqu'un a lancé T3 et je ne peux pas l'arrêter."

Rick Haskins, qui avait passé vingt ans dans les Marines avant de venir sur Prométhéus, entra à grands pas dans la salle de contrôle et se pencha sur l'épaule de l'opérateur pour regarder l'affichage. "Qui se sert du labo HR.4. Je ne me souviens pas avoir vu une demande d'autorisation.

L'opérateur haussa les épaules et Haskins ouvrit l'interphone vers le labo. "Ici la salle de contrôle de Prométhéus. Qui se sert du labo HR.4 ?"

Dans le laboratoire nucléaire de Prométhéus, Dylan et Cliff écoutaient la voix d'Haskins et échangeaient des sourires satisfaits. "Labo HR.4, ici la salle de contrôle de Prométhéus, répondez s'il vous plaît"


Depuis leur dernière conversation, le salon présentait un certain désordre. La veste de Clark pendait de travers sur le bord du canapé, alors que sa cravate était tombée par terre et avait été envoyée sous la table basse. La veste de Lois était en boule dans un coin du canapé et ses chaussures étaient allées finir leur vie l'une près de l'aquarium et l'autre devant la porte de la cuisine.

Les deux personnes sur le canapé étaient bien trop perdues l'une dans l'autre pour remarquer le désordre, leurs lèvres humides s'unissant et se désunissant, leurs soupirs et leurs légers gémissements emplissant la pièce tandis qu'ils s'enfonçaient plus profondément dans le sofa. La chemise de Clark était déboutonnée et pendait hors de son pantalon, le petit haut sans manches de Lois était à demi ouvert dans le dos et leurs mains impatientes recherchaient la douceur de la peau dénudée.

Alors que les mains de Clark glissaient sous son corsage, Lois releva la tête après un langoureux baiser et dit haletante. "Tu sais ce que j'aime dans le mariage ? On n'est pas tout le temps interrompus."

Clark ne put s'empêcher de la taquiner. Il se redressa, leva la tête et se figea comme s'il entendait un appel au secours.

"J'avais besoin de dire ça !" grogna Lois. "Qu'est-ce que tu entends ?"

Il se mit à rire et se pencha sur elle, attrapa le lobe de son oreille avec ses lèvres et l'aspira doucement. "Tu retiens ta respiration quand je fais ça." Il fit glisser le bout de son nez le long de son cou. "Et ça. Et ton cœur bat à cent trente." Sa main remonta le long de sa cuisse jusqu'à ce que ses doigts atteignent le bord de sa minijupe et il sourit. "Cent quarante."

Lois appuya sa main sur son torse nu, ses doigts se promenant sur ses muscles puissants. "Comme toi."

Clark glissa un bras sous ses jambes et l'autre dans son dos et se leva. "Et alors, où on va ?" lui demanda Lois l'air coquin, passant ses bras autour de son cou.

"Trouver un endroit pour travailler." Il avança vers les escaliers.

"J'aime travailler sur la table de la cuisine." dit-elle l'air innocent. Il s'arrêta surpris. "Je ne peux vraiment pas m'étaler ici."

Au milieu de ces sottises, Clark se mit à rire. "On essayera ça plus tard." dit-il. Et il la fit taire en l'embrassant tandis qu'il poursuivait son chemin vers leur chambre.

Dans le labo HR4, sur Prométhéus, le bourdonnement du générateur s'était transformé en rugissement. Dylan, les sourcils froncés et les bras croisés sur la poitrine, étudiait les chiffres qui défilaient sur l'écran. Il se pencha et enregistra une commande sur le clavier, mais rien ne se produisit. Le rugissement du générateur continuait, les chiffres défilaient toujours et les voyants, visibles à travers la vitre qui séparait les deux pièces, restaient rouges. Il sauta sur sa chaise devant le clavier et tapa une série de commandes, levant la tête à chaque seconde pour regarder le résultat.

Cliff se passa la main sur le crâne. "Qu'est-ce que c'est ? Que se passe-t-il ?"

"La ferme !" le coupa Dylan. Il essayait commande après commande, ses doigts volaient sur les touches. Il donna soudain un grand coup sur le clavier faisant sursauter Cliff. "Oh, mon Dieu, oh, mon Dieu !"

"Qu'est ce que c'est que ça ?"

"Le programme est pris dans une réaction en boucle et maintenant T3 tourne de travers. Il tire sa puissance des panneaux solaires."

Atterré, Cliff regarda Dylan et, faisant des calculs dans sa tête parvint à la même inévitable conclusion. "Il faut qu'on sorte d'ici !" cria-t-il en courant vers la porte.

Dylan l'attrapa par la manche. "Où cours-tu ? Quand T3 sautera, la station entière partira avec lui."

Cliff se laissa glisser le long du mur, s'écroulant par terre, le dos appuyé à la porte fermée. Les voyants rouges cauchemardesques qui clignotaient se reflétaient sur son visage comme des flammes vacillantes. Faiblement, par-delà le rugissement du générateur, il entendait le bruit sourd de coups frappés à la porte. "Dieu tout puissant, il y a plus de 300 personnes qui vivent ici !"

"OK," dit le garde chargé de la sécurité dans son micro. "J'ai arrêté un certain Docteur Cliff Benton et un Dylan Tierney. Ils viennent de surgir du labo il y une minute."

Dylan se débattait et essayait d'attraper le micro mais le deuxième garde l'attrapa par le bras et lui arracha. "Haskins !" hurla le programmeur. "C'est Tierney. T3 est pris dans une réaction en boucle ! On ne peut pas l'arrêter !"

Dans la salle de contrôle, Rick Haskins et l'opérateur écoutaient la voix désespérée de Dylan. "Est-ce que vous m'entendez ? Ça va sauter !"

Les lèvres serrées, Haskins ouvrit l'interphone général du module G. "Ici Haskins. Nous évacuons le module G immédiatement. Code 5. Vérification dans 15 minutes."

La voix d'Haskins résonna dans tous les laboratoires et les couloirs du module G. "Je répète. C'est un Code 5, évacuation du module G. Evacuez le module G immédiatement pour commencer un contrôle d'étanchéité du secteur. Le contrôle commence dans 14 minutes et 45 secondes.

Couché à côté de sa femme dans leur grand lit confortable, Clark regardait ses doigts courir sur la courbe soyeuse de sa joue et descendre le long de sa gorge. "Tu es si belle," murmura-t-il. "que ma mémoire n'est jamais fidèle à la réalité." Il se pencha et déposa un baiser sur sa bouche.

Lois s'approcha de lui pour prolonger son baiser mais il résista, laissant courir  ses lèvres entrouvertes, aussi légères qu'un soupir, sur ses joues, ses paupières et ses tempes. Sa douce caresse faisait frémir sa peau et elle frissonna tandis qu'il poursuivait sur le côté de son visage et de son cou. "Clark, s'il te plaît." murmura-t-elle, enfonçant ses ongles dans ses épaules nues.

Il leva la tête et sourit en regardant ses beaux yeux. "Chatouilleuse ? Ou impatiente ?"

Elle posa ses mains sur ses joues. Tu n'es pas le seul à avoir perdu patience quand on s'est marié." Elle redressa la tête et posa ses lèvres contre les siennes. Quand elle se recula, Clark eu un murmure de protestation et son visage chercha le sien jusqu'à capturer ses lèvres.

"Rick, c'est pas bon, " dit l'opérateur, un brin d'hystérie dans la voix. Même en sachant ce qu'a fait Tierney, je ne peux pas l'arrêter."

"Tu peux limiter ça au module G ?" demanda Haskins.

Son subordonné hocha négativement la tête, avalant sa salive. "Quand T3 sautera, Prométhéus partira avec lui."

Haskins, le visage blême fixa l'opérateur comme s'il n'avait pas entendu-- ou compris. Puis il tendit la main vers le tableau et ouvrit la ligne avec EPRAD. "Contrôle au sol, ici Prométhéus..."

Il couvrit le micro de sa main et dit. "Lance l'ordre d'évacuation Code 1. Je veux tout le monde hors de G, comme ça, on pourra fermer les sas et désarrimer le module.

"Ça ne va rien donner de bon."

"Ferme la et fais-le." répondit violemment Haskins. ''J'ai une idée''.

Dans le module G, les gens sortaient en masse des laboratoires et des bureaux, courant en essayant d'arriver aux sas qui se refermaient derrière eux. L'évacuation était rendue plus horrible par les hurlements de la sirène d'alarme et le clignotement des voyants rouges. Un vieil homme tomba et un jeune homme et une femme l'attrapèrent chacun sous un bras pour l'aider à parvenir au sas avant qu'il ne se ferme.

Dans la salle des commandes, Haskins demanda : ''Combien de temps ?''

L'opérateur, mettant de côté sa panique pour le moment, scruta ses moniteurs.  ''Encore vingt-cinq minutes.''

''Ça doit marcher !'' murmura Haskins.  '' Croisons les doigts et prions pour qu'il écoute en ce moment la télévision.''

Couchée sur Clark, le visage blottit dans le creux de son épaule, Lois passait son doigt le long  de ses muscles pectoraux, souriant en repensant à leur récente étreinte.

Les lèvres de Clark effleuraient le haut de sa tête tandis que sa main caressait le creux de son dos pour s'attarder sur sa taille. Elle redressa la tête et regarda, le regard rêveur et distant, ses grands yeux bruns remplis d'amour. "Oh, Clark, c'était... incroyable."

Un tendre sourire se dessina sur sa bouche et il lui caressa la joue. "Ça continue de s'améliorer."

Elle lui sourit et tourna la tête pour embrasser la paume de sa main. "Je sais. Tu m'as manqué la semaine dernière."

La main de Lois remonta de sa taille, passa sur son ventre musclé, la courbe de ses pectoraux, sa poitrine tendue, jusqu'à une épaule suffisamment puissante pour parvenir à arrêter une station spatiale sur orbite. "Je suis heureuse pouvoir encore te distraire après une année de mariage."

Clark frissonna et ferma légèrement les yeux, puis les rouvrit pour croiser son regard de braise. "Tu plaisantes ? N'ai-je pas été assez clair ?"

"Je suis un peu lente, ce soir," commença-t-elle traçant le contour de sa bouche et souriant encore tandis qu'il embrassait son doigt. "Peut être que tu pourrais encore me montrer..." Lois prit son visage entre ses mains et l'embrassa.

Clark prolongea leur baiser, sa bouche s'inclinant sur la sienne. Elle accueillit son geste de tendresse quand soudain elle sentit son corps se tendre. Il releva la tête, cette si familière expression sur le visage et elle retint l'envie de le tirer contre elle et l'embrasser jusqu'à ce qu'il oublie tout sauf elle. "C'est pour de vrai ? " demanda-t-elle, espérant qu'il essayait seulement de la taquiner.

"Un flash d'infos à côté." dit-il en fronçant les sourcils. "Une urgence ou quelque chose de ce genre. Ils demandent Superman, Lois--"

Elle le lâcha et il sortit du lit comme un éclair pendant qu'elle prenait sa robe de chambre. Elle le suivit dans le séjour tout en attachant sa ceinture. Il avait revêtu son costume et se tenait debout devant la télé, regardant le bulletin d'information, la mâchoire serrée et l'air déterminé.

"-- dix minutes écoulées et toujours pas de nouvelles de Superman. Je vous rends l'antenne Carmen."

La présentatrice de LNN regardait la caméra avec une expression lugubre. "Merci, Mike, pour ce reportage en direct d' EPRAD. Si vous venez juste de nous rejoindre, nous venons d'apprendre qu'un réacteur nucléaire incontrôlable sur la Station Spatiale Prométhéus est sur le point d'entrer en phase critique et d'exploser dans les dix prochaines minutes. L'explosion pourrait détruire la station spatiale, tuant les 317 colons qui se trouvent à bord. Les autorités d' EPRAD essayent de contacter Superman--"

Lois serra les bras. "Oh, mon Dieu, Clark-- Madame Platt et Amy sont là-haut."

"Je sais." Il poussa un profond soupir et l'embrassa, posant la main sur sa joue. "Je dois y aller."

Elle posa sa main sur la sienne et déposa un baiser dans sa paume. "Sois prudent. J'ai besoin que tu reviennes."

"Je reviendrai." promit-il. Et, ouvrant la fenêtre  il s'envola dans la nuit noire. Derrière lui, Lois regardait le ciel étoilé, essayant de ne pas penser combien un sauvetage dans l'espace pouvait être dangereux, même pour Clark. Elle passa nerveusement la main sur son alliance. Tout ira bien, se dit-elle. Il va secourir les colons d'une manière ou d'une autre et reviendra sain et sauf. C'est forcé.

Après un vol vers Prométhéus qui l'avait poussé jusqu'aux limites de sa vitesse, il était attendu et fut rapidement escorté jusqu'à la salle de contrôle. Là, Clark se trouva devant un Rick Kaskins reconnaissant qui ne perdit pas de temps en remerciements. "Nous avons désarrimé le module G-- le module contenant le réacteur endommagé."

"Et vous voulez que je l'emmène loin de la station spatiale." termina Clark.

"Oui." répliqua Haskins, soulagé par la rapidité de compréhension du super héros. "On ne peut pas le fermer, vous devriez le sortir du secteur avant qu'il n'explose.

Clark n'hésita pas. "Montrez-moi où est le module G et je pourrai commencer. On a presque plus de temps."

A hauteur orbitale, l'espace était froid et silencieux, les molécules dansantes de l'atmosphère étaient trop largement dispersées pour que Clark lui-même puisse respirer. Il prit une grande inspiration avant de quitter la station et la retint. A l'extérieur de Prométhéus, il resta un moment à étudier le module désarrimé. Le module G était semblable à celui qu'il avait placé sur orbite, aussi, il savait qu'il pouvait le déplacer. Et le remorquer par l'une des rampes de lancement serait probablement la manière la plus rapide de le sortir du secteur.

Clark trouva vite une prise et commença à tirer. Rien ne se passa et il mit toute sa force et ses espoirs pour vaincre l'inertie de l'énorme module. S'il ne parvenait pas à le sortir du champ de Prométhéus avant qu'il n'explose...

Il le sentit vibrer et il puisa dans des réserves qu'il ne pensait même pas avoir. Son cœur battait à tout rompre, ses muscles se gonflaient sous l'effort, l'air qu'il ne pouvait retenir s'échappait entre ses dents tremblantes. S'il vous plaît... s'il vous plaît, priait-il, comptant dans sa tête les précieuses secondes. La vibration augmentait--

-- et d'un seul coup, le module vacilla.

Une fois qu'il eut bougé, il lui fallut moins d'efforts pour le déplacer et Clark mit toute son énergie à intensifier sa vitesse autant qu'il le pouvait. La station spatiale semblait tomber loin de lui tandis que, remorquant le module, il déchirait la nuit éternelle.

Dans la salle de contrôle, l'opérateur enregistrait la distance parcourue entre Superman et la station spatiale. Il regardait le compte à rebours avant l'explosion.

"C'est bon ? " demanda Haskins. Il se pencha sur l'épaule de son subordonné.

Un muscle de la mâchoire de l'opérateur tressauta. "Ce sera juste."

Filant à travers le noir désert, Clark se contracta pour augmenter un peu plus sa vitesse, mais il n'était plus dans les temps. Derrière lui, le corps du module explosa en silence dans un jaillissement de flammes rouges et jaunes. Il sentit la secousse à travers le métal de la rampe de lancement et, jetant un œil derrière son épaule, vit que le feu se propageait sur lui. L'onde de choc de l'explosion le frappa de plein fouet alors qu'il se jetait loin du module." Lois !" cria-t-il.

Dégringolant comme une poupée de chiffon au cœur d'une avalanche, il fut propulsé en un éclair à travers l'espace à une vitesse vertigineuse, enveloppé d'une particulière lueur rouge et bleue. Meurtri, souffrant, incapable de réduire sa vitesse, essayant de conjurer la mort suffocante qui l'attendait, Clark tendit les bras vers Lois, se cramponnant en pensant à elle alors que les étoiles tournaient autour de lui.

Ailleurs, un peu plus tard, l'onde de choc relâcha son étreinte. Les ténèbres étaient mouchetées d'étoiles. Un frisson glacé à dresser les cheveux lui courut dans le dos quand il sentit une pression dans sa poitrine qui lui rappela qu'il ne pouvait retenir indéfiniment sa respiration. Il tournoya pour se placer face à l'endroit d'où il venait et vit l'éclat éblouissant du soleil, l'astre était seulement un peu plus petit qu'il n'apparaissait sur Terre. Ses muscles tendus par la peur se relâchèrent et il scruta l'espace pour regarder s'il voyait la planète bleue qu'il appelait sa maison.

Rien

Mon Dieu. Il devait être de l'autre côté. Pas de signal bleu lumineux pour le guider. Augmentant sa vision il essaya encore... et encore... et trouva un croissant de lumière aussi mince qu'un cheveu presque au-dessous de lui. Il s'élança vers lui, vers la Terre... et la sécurité... et Lois.

Clark voltigeait en chancelant devant la fenêtre de leur propriété. Il avait mal à la tête, sa vue essayait encore de se remettre de son vol de retour désespéré dans l'atmosphère et de plus il voulait plus que tout se laisser tomber dans les bras de Lois et la laisser le réconforter de son amour. Il tendit le bras et poussa la fenêtre mais elle ne s'ouvrit pas.

Il fronça les sourcils. Fermer la fenêtre après son départ était une chose, mais la verrouiller ? Il frappa doucement au carreau, ses paupières se fermant pendant qu'il attendait qu'elle réponde. Quand il entendit la fenêtre s'ouvrir, il ouvrit les yeux.

-- et resta bouche bée.

Les cheveux coupés courts de Lois n'étaient plus là, à la place, elle portait de longs cheveux attachés dans la nuque avec une barrette. Elle le fixa d'un air incrédule. "Lois ?"

Elle se mit à pleurer, retenant quelque peu sa respiration, tandis que les larmes coulaient le long de ses joues. "Mon Dieu, Clark, j'avais tellement peur que tu sois mort."

Ses pleurs le firent bien plus souffrir que ne l'avait fait l'explosion nucléaire ou la privation d'oxygène. Maudissant en silence les présentateurs télé de l'avoir terrorisée par l'annonce prématurée de sa mort, il entra dans le séjour et la prit dans ses bras. "Lois, chérie--"

A ces mots, elle se mit  à pleurer encore plus fort. Clark fronça les sourcils de confusion mais poursuivit. "--ça va. L'explosion m'a expédié de l'autre côté de la Lune mais n'a rien fait de plus que me donner mal à la tête." Il ne pensait pas que le moment était bien choisi pour ajouter qu'il était presque mort du manque d'oxygène avant d'avoir atteint la Terre. "Je suis revenu tout de suite."

Elle redressa la tête à ces mots et chercha ses grands yeux bruns inquiets. Ses larmes s'arrêtèrent de couler et elle essuya ses joues. Se reculant, elle hocha la tête et examina son visage comme s'il lui avait soudain poussé des cornes. "Mais non, Clark, Tu n'es pas rentré tout de suite." Elle avait l'air blessé, accusatrice-- et perplexe. "Tu es parti depuis trois ans."

FIN DE L'ACTE 1

ACTE 2

Dans le séjour, Lois enleva sa barrette et arrangea sa chevelure brune autour de ses épaules. Clark descendit, vêtu d'un tee-shirt noir, soulignant ses épaules musclées et ses pectoraux et d'un jean qui moulait ses cuisses. "Tu as gardé toutes mes affaires." dit-il.

"Uh-huh," répliqua-t-elle l'air absent. Elle leva son regard vers lui --et y vit l'épuisement et la teinte grisâtre de sa peau. "Clark, que s'est-il passé ?" demanda-t-elle, plaçant sa main sur sa poitrine.

Il hésita. "J'ai... manqué d'air avant de revenir. Je suis revenu à moi dans un cratère de l'Antarctique."

Le souffle tremblant, elle dit. "Oh, mon Dieu, c'est pour ça-- Quand tu n'es pas revenu de l'explosion, les journalistes ont rediffusé la séquence qui a été filmée quand tu as arrêté l'astéroïde. Ils ne cessaient de dire que tu avais besoin d'une réserve d'oxygène et nous ont rappelé une centaine de fois que tu ne pouvais survivre sans air." Sa voix était haute et tendue. "Le-- service funéraire a eu lieu deux semaines plus tard. Je l'ai couvert pour le Planet." Sa voix se cassa et elle se détourna, les épaules tremblantes.

Clark posa doucement les mains sur ses épaules. "Lois... je suis désolé que tu aies dû traverser ça."

Elle rit un peu par-delà ses larmes. "Pourquoi t'excuses-tu ? Tu as failli mourir..." A ces mots, sa voix se cassa, elle se retourna et se blottit dans ses bras, étouffant ses sanglots contre sa poitrine. "J'ai eu si peur pour toi. Et j'étais si seule."

Il caressa ses cheveux, la joue posée contres ses mèches soyeuses et la serra contre lui. "J'ai eu peur aussi." admit-il. "J'avais peur de disparaître là-bas et de ne plus jamais te revoir."

Lois glissa ses mains autour de sa taille, le réconfortant et se réconfortant, elle aussi. Elle essuya ses yeux humides sur sa chemise et leva la tête, souriant vaillamment. "Je ne sais pas si je m'en serais sortie sans tes parents. Ils ont été--"

Il se raidit. "Mes parents ? Oh, mon Dieu, ils pensent aussi que je suis mort." Il jeta un œil  sur le téléphone. "Je dois les appeler."

Elle agrippa son bras quand il se déplaça. "Non, Clark, attends. Tu dois d'abord rencontrer quelqu'un."

"Lois--" commença-t-il, impatient.

"S'il te plaît, Clark," dit-elle "c'est important."

Regardant ses yeux qui l'imploraient, il reconnut qu'il ne serait jamais capable de lui refuser quoi que ce soit et, encore une fois, il mit de côté ses inquiétudes pour satisfaire sa requête. "D'accord."

Clark suivit Lois au premier étage jusqu'à la chambre d'amis et attendit sur le pas de la porte pendant qu'elle allumait la lumière. Il eut le souffle coupé. La chambre était devenue méconnaissable: des Superman peints volaient sur les murs, une pile de cubes jaunes et un camion en plastique bleu traînaient par terre à côté de l'armoire, et des lits superposés à l'armature rouge se trouvaient contre un mur . Un petit garçon aux cheveux bruns-- d'environ deux ans, estima Clark-- dormait dans le lit du bas.

Lois s'approcha du lit et caressa doucement la joue de l'enfant. Il ouvrit de grands yeux bruns à moitié endormis et sourit en se frottant les yeux et en lui tendant les bras. "Viens mon trésor." murmura-t-elle le prenant dans ses bras et le portant sur sa hanche avec aisance.

Clark resta immobile, étudia le bambin aux yeux bruns et aux cheveux noirs dans les bras de Lois. "Lois ?" sa voix se cassa.

Les yeux du petit garçon restaient fermés et son pouce était fermement enfoncé dans sa bouche. Lois caressa les cheveux soyeux de l'enfant et sourit tandis qu'il posait la tête contre son épaule. Elle prit une grande inspiration. "Clark, je ne sais pas quoi dire ni comment tu vas prendre ça-- parce que c'est tellement énorme. Peut-être que tu ressentais la même chose quand tu voulais me dire que tu étais Superman, parce que c'était énorme aussi, mais c'était surtout ton secret. Mais ça non, aussi, je ne vais pas laisser tomber comme tu l'as fait, car tu dois savoir--"

"--Chérie," l'interrompit-il. Il aurait éclaté de rire s'il n'avait pas été au bord des larmes. Il y avait certaines choses qui vraiment ne changeaient pas. "Dis-le moi, c'est tout."

Elle se mordit la lèvre, retenant ses émotions. "Clark, voici ton fils. Clark Jerome Kent, Jr. Un petit sourire impatient se dessina sur son visage et elle ajouta. "CJ, pour abréger."

CJ. Elle avait appelé leur bébé comme lui et comme le jeune descendant dont ils avaient pris soin. Les larmes lui picotaient les yeux. "Notre fils... Oh, mon Dieu, Lois !" Il les prit tous les deux ans ses bras appuyant son visage contre celui de Lois.

Martha pleurait, penchée sur l'épaule de Jonathan, recouvrant sa bouche de sa main et tenant le téléphone sans fil à son oreille. Jonathan avait l'autre téléphone et il murmurait. "Mon fils, mon fils."

Clark s'assit seul dans le séjour et avala sa salive, encore tout retourné d'avoir appris qu'il était père. "C'est dur, Maman, Je vous ai vu la semaine dernière et maintenant je découvre que vous me croyez mort depuis trois ans."

Jonathan, commença. "Fiston, nous savions que rien ne t'empêcherait de revenir si tu étais encore en vie--"

"-- mais quand nous avons vu que tu ne revenais pas, nous avons perdu l'espoir." termina sa mère. "Mais Lois, jamais. Elle était certaine que tu étais vivant... quelque part."

"Lois-- il y a moins d'une heure, nous étions en train-- Clark avala le reste de sa phrase, quoique ses parents avaient probablement une bonne idée de ce que Lois et lui faisaient. "-- et soudain, je suis le père d'un enfant de deux ans, elle a dû vivre ça toute seule."

"Pas complètement seule." dit Jonathan.

"Chéri, Lois est venue tout de suite, d'abord quand tu as disparu et ensuite quand elle a découvert qu'elle était enceinte. Et après la naissance de CJ, on a déménagé à Métropolis pour lui donner un coup de main."

"C'est une femme très spéciale, fiston."

"Je sais, Papa, Il fallait qu'elle soit spéciale pour supporter ça."

Martha fit chorus. "Et CJ est la chose la plus mignonne qui puisse exister. Il te ressemble tellement au même âge."

Lois entra dans la salle de séjour à cet instant et le visage de Clark s'illumina de ce sourire qu'il ne réservait qu'à elle. "Maman, Papa, je dois y aller, mais je passerai vous voir demain... OK, je le ferai. Au revoir."

Il raccrocha le téléphone. "Maman te dit 'bonjour'. Est-il retourné se coucher facilement ?"

Lois lui fit un petit signe de tête affirmatif. "Dieu merci, il a ton tempérament." Elle croisa ses grands yeux bruns et ajouta comme elle l'avait dit à leur premier rendez-vous. "Le fils parfait."

Il s'approcha d'elle et lui prit les mains, un sourire se dessinant sur le coin de sa bouche indiquant qu'il se souvenait. "Maman a dit que tu étais la seule à n'avoir jamais perdu l'espoir."

"Je ne pouvais pas. Je pouvais te sentir... me tendre les bras. C'était comme une communication ouverte entre nous--" Elle renifla et s'essuya à nouveau les yeux. "Seulement je n'entendais pas ce que tu essayais de me dire."

"Lois, chérie." Il posa la main sur sa nuque et lui caressa la joue avec son pouce. "Penser à toi m'a gardé conscient-- m'a gardé vivant après l'explosion du réacteur."

Elle posa sa main sur la sienne et ferma les yeux. "Ta façon de me toucher-- ça m'a tellement manqué."

Clark se pencha pour l'embrasser, ses lèvres s'accrochant aux siennes, sa main libre remontant pour entourer son visage. Leur baiser se prolongeait tandis que la passion les enflammait et il se rapprocha d'elle, pressant son corps contre le sien. "Lois," murmura-t-il, défaisant  à tâtons les boutons de son chemisier et le faisant glisser de ses épaules. Il interrompit leur baiser pour faire glisser ses lèvres le long de son épaule nue.

Lois frissonna. Elle en avait rêvé, nuit de solitude après nuit de solitude, s'imaginant dormir dans ses bras, se rappelant ses mains et sa bouche courant sur son corps--

-- mais après trois années, les souvenirs étaient presque devenus un rêve et elle devait subitement affronter la réalité. Sa dérobade était à peine visible, plus mentale que physique, mais Clark s'en aperçut et leva la tête pour demander. "Lois ?"

Elle ne put croiser son regard brûlant. "Je-- uh-- On peut aller se promener ?"

Il plissa les yeux en examinant son visage, mais acquiesça. "D'accord."

Elle se releva, reboutonna son chemisier et attrapa le répertoire téléphonique, le feuilletant avec agitation. "Laisse moi appeler les Papoulos. Patti pourra surveiller CJ jusqu'à notre retour."

"Papoulos ?"

"Oh, c'est vrai, tu ne-- Ils habitent en bas de la rue. Kathleen travaille au Planet et sa fille Patti surveille CJ quand tes parents ne peuvent pas le faire."

"Est-ce qu'elle sait ?"

"Sait ?"

Clark lui fit leur petit signe d'envol de la main et Lois comprit soudain. "Oh ! Non, tu avais raison. CJ est un petit garçon ordinaire. Jusque là."

Dehors, les rues étaient sombres et désertes et Lois et Clark marchaient côte à côte se touchant à peine. "Si j'ai bien compris, une minute tu sauvais la station spatiale et la suivante tu frappais à ma-- notre fenêtre et trois ans s'étaient écoulés."

A son hochement de tête, elle continua. "C'est plutôt évident que tu as fait un bond dans le temps. Mais comment ?"

Clark commença lentement. "J'étais à ma vitesse maximum au moment où le réacteur a explosé et il m'a projeté au loin. Je pense qu'il est possible que cette décharge m'ait projeté à la vitesse de la lumière pendant une seconde-- et j'ai volé jusqu'ici. Lois--"

Elle reconnaissait ce ton. Il avait été patient et l'avait laissé trouver une  place plus neutre pour cette conversation, mais maintenant il voulait une réponse. Et elle n'avait rien à lui donner, excepté-- "Je sais, Clark. C'est juste-- trop tôt. Je te regarde et c'est comme si je voyais double-- le vrai toi et les souvenirs. J'ai attendu pendant trois ans. Je ne peux pas... j'ai juste besoin d'un peu de temps-- avant que nous..."

Lois vit le désir et la douleur dans l'expression qu'il s'empressa de dissimuler et elle réalisa soudain ce que cela représentait pour lui. En un instant, il était passé du mari tant aimé et tant désiré à un étranger, laissé à la porte de sa chambre. Elle posa doucement la main sur son bras. "Clark--"

"Ça va aller, Lois." dit-il, un tout petit sourire au coin des lèvres. "Je crois qu'on a besoin tous les deux de se faire à tout ça."

Leurs pas les menèrent jusqu'au parc où tant d'événements importants de leur relation s'étaient passés et ils s'assirent sur le rebord de la fontaine. Lois passa ses doigts dans l'eau froide en pensant à quel point leur vie venait de se modifier une fois encore.

Apparemment, Clark avait, lui aussi, pensé au bouleversement de sa vie. "Enquêter sur un trafic d'armes entre la Somalie et le Sud Yémen ? C'est ce que Perry et toi pouviez trouver de mieux." plaisanta-t-il.

Oh ! Mon Dieu, combien de fois avait-il essayé de se dérider alors qu'il regardait les ruines de sa vie et de ses rêves ? Elle retint ses larmes et essaya d'égaler son courage. "Dénicher un article n'est pas si facile que tu le penses." Elle l'éclaboussa et il se recula en riant. "Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais c'est comme ça que la Lois du Métropolis parallèle a disparu. excepté que c'était au Congo... je crois."

Son sourire s'évanouit et il regarda le ciel sombre puis se retourna pour dire. "C'est si étrange. Perry au courant. Mes parents vivant à Métropolis. Toi-- nous devenus parents. CJ... Lois, je ne sais pas comment me faire à tout ça."

Lois regarda ses mains un instant. "Quand tu as disparu, je ne savais pas comment j'allais faire. Comment affronter chaque jour sans toi. Et puis j'ai découvert que j'étais enceinte..." Elle arrangea une mèche de cheveux derrière son oreille. "Après tous nos espoirs et nos inquiétudes... et tu n'étais pas là pour partager ça."

Levant les yeux vers le visage tendu de Clark, elle posa doucement sa main sur sa joue. "Etre enceinte de toi m'a donné une raison de survivre. Spécialement quand c'était si long et que tu ne revenais pas. Et il me semblait que CJ était la seule partie de toi que j'aurais jamais..."

Elle baissa la main le regard perdu dans le passé. Après un long moment, elle dit. "Je ne sais pas non plus comment faire à part juste... continuer."

Il ferma les yeux devant son expression douloureuse. Durant toute sa vie, il n'avait rien voulu d'autre que la rendre heureuse et il semblait que tout ce qu'il faisait n'était que de la faire pleurer... "Je t'aime, Lois. Et je te laisserai tout le temps dont tu auras besoin."

Elle arrangea une mèche rebelle qui tombait sur son front. "Je sais."

Clark déambulait silencieusement dans le couloir, s'arrêtant devant la chambre de Lois. la porte était entrouverte-- ainsi elle pouvait entendre CJ la nuit, comme elle l'avait dit-- et il ferma les yeux, écoutant les battements de son cœur. Elle était endormie, la respiration profonde et régulière, un son qui lui était aussi familier que sa propre image dans le miroir. La souffrance lui remplit le cœur presque comme une douleur physique et il se glissa dans la chambre tel un fantôme du passé. Comme il l'avait déjà fait, il s'assit sur la chaise près de la fenêtre et la regarda dormir, trouvant paix et intimité à la vue de sa bien-aimée.

"Maman fait dodo ? " demanda une toute petite voix tandis que de petites mains caressaient la joue de Lois.

"CJ vas-t'en." grogna Lois remontant les couvertures sur sa tête. "Ce n'est pas encore l'heure de se lever."

"J'ai bien peur que si, chérie. J'ai arrêté le réveil pour que tu puisses dormir pendant que je préparais CJ."

Ses yeux s'ouvrirent et elle rejeta les couvertures d'un coup sec. "Clark ?"

Il portait un pantalon noir et une chemise bordeaux aux manches roulées jusqu'aux coudes et ressemblait tellement au cow-boy du Kansas qui lui avait donné son amitié il y avait tant d'années qu'elle en avait la gorge serrée. Il se pencha et embrassa doucement sa bouche. "Bonjour."

"Ce n'était pas un rêve." murmura-t-elle caressant son visage.

"Pas à moins que nous n'ayons fait le même." Il lui sourit et son cœur se gonfla tellement qu'elle pensait qu'il allait exploser. Elle passa son pouce sur les lèvres de Clark.

"Papa, papa ! Ze veux manzer !" demanda CJ interrompant leur moment de tendresse.

Lois et Clark échangèrent un sourire contrit. "Papa ?" demanda-t-elle pendant que leur fils tapait impatiemment sur le bras de son père.

Clark se leva, ajoutant avec hésitation. "Tu es d'accord que je lui aie dit ça, n'est pas ?"

Elle rejeta les couvertures et s'assit, balançant ses jambes sur le côté du lit, sa fine chemise de nuit épousant ses formes gracieuses. "Bien sûr que c'est d'accord-- Papa."

Il lui sourit intensément tandis que son regard sombre glissait sur ses courbes parfaites et ses longues jambes nues. Il avala sa salive-- et regarda son fils qui le tirait par la main et récitait. "C'est l'heure de dézeuner, Papa ! Viens manzer !"

"Je crois que CJ a faim." dit-il. Et le petit garçon répéta. "Z'ai faim."

Clark se mit à rire et laissa CJ le conduire hors de la chambre. Par-dessus son épaule, il dit à Lois. Le petit déjeuner est prêt quand tu veux."

Après avoir déposé CJ avec Jonathan et Martha, Lois et Clark, sortant de l'ascenseur, entraient dans la salle de rédaction du Daily Planet et il marqua un temps d'arrêt en regardant les petits changements qui avaient été faits depuis trois ans. Au milieu, Jimmy Olsen leva les yeux de son ordinateur et resta bouche bée. Il se leva d'un bond, fit le tour de son bureau et monta la rampe d'accès. "Clark ! Clark ! Mon Dieu, vous êtes là." Il se précipita sur son ami et tomba dans ses bras avec tellement d'enthousiasme qu'il fit basculer Clark en arrière.

"Jimmy, c'est bon de te revoir." dit Clark, prenant à son tour le jeune homme dans ses bras et lui donnant une tape amicale dans le dos. Il le tint à bout de bras. "Hé, regarde toi !"

Les cheveux de Jimmy étaient plus courts que trois ans auparavant et il portait une veste de sport sur une chemise au col déboutonné et un pantalon Docker. Il se mit à rire. "Vous savez ce que c'est ? Les chemises de flanelle ne faisaient pas assez professionnel. Mais vous, Clark, vous n'avez pas du tout changé."

"Merci."

Leurs bruyantes retrouvailles avaient attiré l'attention des autres membres du personnel qui se précipitaient vers la rampe pour accueillir Clark. Pendant quelques minutes, il s'occupa de serrer les mains et embrasser les joues des gens qui l'avaient connu trois ans plus tôt. Jimmy restait près de lui, le bombardant de questions. "Clark, qu'est-il arrivé ? Où étiez-vous ?"

Clark émergea une fois encore d'une autre étreinte parfumée, rougissant un peu en croisant le regard de Lois. "C'est une longue histoire, Jimmy. Laisse moi dire bonjour à Perry et je te raconterai tout."

Clark prit Lois sous son aile et tous trois se frayèrent un chemin à travers la foule à laquelle étaient venus se joindre les nouveaux employés curieux et, cette fois, Lois fut celle qui répondit aux questions. "Oui, voici mon-- mon partenaire. Il était perdu depuis quelques années."

Clark se raidit et elle lui jeta un regard interrogateur en le poussant du coude. "Mais il ferait mieux de rester, maintenant. Les nominations pour le prix Kerth sont juste dans deux mois."

Quand ils eurent laissé l'attroupement, Jimmy demanda. "Alors, Clark, vous avez vu le petit paquet surprise que vous avez laissé à Lois ?"

"Jimmy !" gronda Lois.

Abandonnant son air distrait, Clark répondit. "Quoi ? Oh-- " Et lança un regard à Lois, le rouge lui montant aux joues. "Oui, CJ et moi commençons à nous connaître."

Jimmy se mit à rire, lui donnant une petite tape dans le dos. "Clark, mon vieux !" dit-il l'air approbateur.

Perry White, rédacteur en chef du Daily Planet, les attendait à la porte de son bureau, le sourire aussi illuminé que s'il venait de découvrir qu'Elvis était encore vivant et allait lui donner une interview exclusive. "Clark --Clark," dit-il, serrant la main du jeune homme et lui donnant une tape amicale sur l'épaule. "Lois n'a pas arrêté de me dire que vous étiez vivant quelque part, mais je n'aurais jamais pensé..." Il se racla bruyamment la gorge. "Je suis si heureux que vous soyez de retour, fiston ? Nous-- Métropolis--!"

Il s'arrêta soudain de parler et se rattrapa en clouant Jimmy sur place prenant son air de 'rédacteur en chef'. "Olsen, il me faut ton article sur mon bureau dans une heure si tu veux être dans l'édition de d'aujourd'hui !"

"Article ?" demanda Clark.

"Article sur l'informatique-- trois fois par semaine." répondit fièrement Jimmy. Clark dressa les sourcils le regard impressionné. Jimmy poursuivit. "Mais, Chef, je veux entendre ce qui est arrivé à Clark."

"Quand tu auras fini ton article." lui répondit Perry.

Voyant la déception de Jimmy, Clark intervint. " Je viendrai te voir à ton bureau et je te raconterai toute l'histoire, c'est promis."

Jimmy lui fit un grand sourire. "Merci, Clark." Il retourna vers son bureau tandis que les trois autres entraient chez Perry.

Le gamin qui avait pris sa place comme 'homme à tout faire' l'arrêta. "Jimmy, c'est qui avec Lois."

"Son autre moitié." répondit-il en hochant la tête et en réalisant que la réapparition de Clark fichait à l'eau ses vues sur Lois. "On dirait que Lane et Kent sont de retour au travail."

"Laissez-moi remettre ça dans l'ordre." dit Perry. " Les trafiquants d'armes vous ont trouvé sur leur bateau et ils allaient vous tirer dessus quand vous avez sauté par-dessus bord au milieu de l'océan--"

"Le Golfe d'Aden, en réalité." ajouta Clark. Il haïssait ce genre d'excuses, c'était un piètre menteur et ça se voyait.

"Le golfe d'Aden." répéta Perry. "Et une tempête vous a fait dériver jusqu'à une île déserte où vous avez échoué jusqu'à ce qu'un navire cargo vous ait récupéré il y a deux jours. C'est bien ça ?"

Lois regarda Clark d'un air de dire 'je te l'avais bien dit'. Ils avaient tant de fois entendu ce ton de Perry-- généralement quand il voulait descendre un article qu'ils écrivaient ou tourner leurs recherches en dérision ou bien encore remettre en cause l'intelligence de ses deux reporters. Clark haussa les épaules et hocha la tête.

Perry les regarda encore un moment en dodelinant. "C'est l'excuse la plus désolante que j'aie jamais entendu." dit-il enfin. "Mais je n'aurai jamais cru la moitié des choses qui vous sont arrivées à tous les deux si je ne les avais vues de mes yeux, alors je pense que ceci n'est pas vraiment pire."

"Lois et vous ne m'avez pas laissé beaucoup de choix avec cette histoire de trafic d'armes en Somalie ?" Se plaignit Clark, un petit sourire démentant son ton grognon.

Lois lui donna un petit cou de coude. "Estime-toi heureux qu'on se soit souciés de te couvrir." dit-elle. Perry saisit  la plaisanterie dans sa voix. Ses yeux le picotaient un peu et il se retourna pour cacher son émotion et alla s'asseoir à son bureau. Ça faisait si longtemps, qu'il avait presque abandonné l'espoir de revoir un jour la Lois que Clark avait si bien su faire sortir de sa coquille. Mais il ne voulait pas leur parler de ça. "Bien, Clark, si vous voulez reprendre votre ancien travail, il est à vous."

"Merci, Perry." le remercia Clark. "J'apprécie énormément."

Le rédacteur en chef hocha la tête. "Commencez seulement par m'apporter des articles pour faire la Une. Vous me remercierez assez. Ça, et, vous voir-- votre autre vous-- nettoyer les rues des criminels. dit-il l'air satisfait. "Ça sera bien d'avoir à nouveau des exclusivités sur Superman. En fait, pourquoi, n'écrivez-vous pas celle-là, Clark ? Le retour de Superman."

"Uhh, je ne-- " commença Clark en fronçant les sourcils.

Lois l'interrompit. "Superman n'est pas encore de retour et il n'est pas prêt de l'être. Pas avant un moment.

"Quoi ? Je croyais que vous m'aviez dit-- Vous savez."

"Non, c'est vrai, " dit Lois. Mais..." Elle regarda Clark cherchant son aide.

"Clark Kent et Superman ne peuvent pas disparaître et réapparaître ensemble ou bien les gens vont deviner. Et alors, Lois et CJ et mes parents et tous les gens qui me sont chers seront en danger."

Perry fronça les sourcils. "Très bien." dit-il à regret, puis se tournant vers Clark. "Mais soyez sûr de ne pas vous faire prendre le scoop sur l'article du 'retour'."

Clark se mit à rire. "Je crois que vous pouvez compter dessus sans problème, Chef. Y a-t-il quelque sur quoi vous voulez que je commence à travailler ?"

"Pas encore. Aidez Lois avec son article-- elle commence à le faire traîner et je veux qu'il soit prêt pour l'édition de demain matin."

"Merci, Perry." dit Lois d'une voix sarcastique en se dirigeant vers la porte.

"Oh, et Clark--"

Il se retourna. "Oui, Chef ?"

"Quand vous aurez fini de déballer cette histoire à dormir debout sur l'île déserte, je veux entendre la véritable histoire"

Il acquiesça. "D'accord."

Clark se tenait debout derrière  Lois, assise à son bureau, une main posée sur le dos de sa chaise et penché en avant pour regarder l'article ouvert sur son ordinateur. "Puis-je ?" demanda-t-il. Elle lui passa le clavier. Il fit défiler rapidement les pages sur l'écran lisant l'article en super vitesse pendant qu'elle regardait, l'air concentré. Ça faisait longtemps qu'il n'avait pas lu comme ça derrière son épaule et ça paraissait si normal, sauf que sa main aurait dû se trouver sur son épaule.

"Alors, quel est le problème ?" demanda-t-il.

"Tu ne me touches pas." Lois comprit alors de quoi il parlait et elle rougit. "Je-- um-- Perry veut 2500 mots et je n'arrive pas à en faire plus de 2000. Et j'ai fait du remplissage pour y arriver."

"J'avais remarqué."

Elle haussa les sourcils à sa remarque et il la regarda de la même façon. "Tu ne veux pas d'un partenaire qui ne fasse pas le poids, n'est-ce pas ?" la questionna-t-il.

Il y avait quelque chose d'étrange dans sa façon de dire 'partenaire', mais Clark poursuivit avant qu'elle n'ait pu le questionner. "Et si on faisait un papier sur-- sur la situation familiale des enfants du divorce ?"

Lois grimaça. "Trop juste, Et si on parlait des problèmes qu'entraînent les batailles pour le droit de garde ? On pourrait interviewer quelques personnes pour étoffer le sujet."

"Comme le Docteur Friskin ou quelques 'combattants' ?"

"Ou survivants." dit-elle sèchement.

Il lui caressa l'épaule avec compassion puis il fronça les sourcils, songeur. "Survivants... ça pourrait marcher." Il la regarda. "D'accord, et ça ? Survivants. Les survivants de la bataille pour les droits de garde-- Comment ça affecte leur vie future."

Lois acquiesça. Mon Dieu, comme ça lui avait manqué-- cette façon qu'ils avaient de se renvoyer les idées, chaque suggestion inspirant à l'autre une idée.

"J'aime ça. J'appelle le Docteur Friskin pendant que tu cherches quelques groupes de thérapie 'd'enfants du divorce' ?"

"D'accord." dit Clark et il se redressa pour regarder autour de lui. "Si je peux trouver un téléphone."

"La salle de conférence ?" suggéra-t-elle décrochant son appareil.

Il commença à traverser la salle mais après quelques pas il fit marche arrière et se dirigea vers la réserve pour prendre un bloc-notes et un stylo. En chemin il salua des visages familiers. Jimmy tapait frénétiquement sur son clavier et il ne voulut pas le déranger.

Le bloc-notes en main, il remonta le couloir vide, après avoir fermé la porte de la réserve, à l'instant où Cat Grant, vêtue d'une minijupe de cuir, se glissait derrière lui. "Bonjour, Clark." dit-elle d'une voix rauque en lui envoyant un baiser.

"Bonjour." répondit-il automatiquement avant de réaliser de qui il s'agissait. "Cat ?" Il la suivit au détour de la salle de rédaction mais elle n'était plus en vue.

Interloqué, il s'arrêta. Elle était exactement pareille que six ans plus tôt. Et même pour quelqu'un comme elle, cultivant un air de sophistication blasé, son manque total de réaction à sa réapparition après trois ans était étonnant. Il hocha la tête et se rendit près de Lois qui venait de raccrocher le téléphone. "Depuis quand Cat est-elle revenue au Planet ?" demanda-t-il.

"Elle n'est pas revenue." Lois composa un autre numéro et mit le combiné à son oreille.

"Mais je viens juste de..." Clark baissa ses lunettes pour radiographier les pièces menant à la salle de rédaction. Rien. Il remonta ses lunettes en fronçant les sourcils.

Attablée au petit café à côté du Planet, Lois étalait ses notes après avoir poussé quelques assiettes sur le côté. Clark esquiva un sourire, mais elle leva les yeux et le remarqua. "Quoi ?" demanda-t-elle.

"J'étais en train de me souvenir de ce que tu disais à propos de travailler sur la table de la cuisine... Où tu pouvais vraiment t'étaler."

Elle fit un effort de mémoire. Puis. "Oh," Et elle se mit à rire. "On n'a jamais pu essayer."

Le regard sombre de Clark rencontra le sien et elle frissonna au profond désir qui se dégageait de son expression. Il lui caressa la main et chaleur et frissons la parcoururent. "Lois..."

Elle pouvait à peine respirer à cause des violentes palpitations de sa gorge. Elle avait oublié combien son désir éveillait en elle une réponse incontrôlable de son corps-- et ces émotions-- l'effrayaient. Trois ans à refouler ces sentiments intenses, c'était trop et ses yeux se perdirent dans le vague. "Je-- euh-- j'ai oublié comme nous avions l'habitude de rire ensemble." parvint-elle à dire le souffle coupé.

Clark prit une grande inspiration et retira sa main les lèvres serrées. Il avait l'air à la fois proche et lointain, comme il l'avait été la première fois où elle avait refusé sa demande en mariage. Elle détestait cette expression sur son visage si ouvert-- et elle se détestait d'en être la cause.

Mais-- n'était-ce pas la deuxième fois qu'elle la voyait aujourd'hui ? La première fois... "Qu'est-ce que j'ai dit tout à l'heure ? Quand je t'ai présenté aux autres membres du personnel ?"

Elle voyait qu'il se souvenait.

"Rien."

"Non, Clark, qu'est-ce que c'était ?" insista-t-elle. Lois Lane n'était pas l'une des meilleures journalistes du pays pour rien et elle n'allait pas laisser ce poisson s'en tirer comme ça.

Il vit son air résolu et haussa les épaules. "Tu leur as dit que j'étais ton partenaire."

"Et...?"

Son regard se leva vers le sien puis revint sur la table. " Lois, je ne suis pas seulement ton partenaire. Je suis ton mari... non ?"

C'était ça ? C'est parce qu'elle l'avait appelé son partenaire plutôt que son mari ? Soulagée, elle retira si vite la main de ses genoux qu'elle en fit tomber son sac par terre. Elle posa sa main sur celle de Clark, son alliance et sa bague de fiançailles brillant sous les rayons du soleil.

Clark retourna sa main et l'enferma dans sa sienne, passant son pouce sur ses bagues. Il ferma un instant les yeux et quand il les rouvrit, son regard lointain s'était changé en un regard d'espoir. D'une voix douce et rauque il demanda. "Tu m'aimes encore ?"

Elle le regarda droit dans les yeux. "Je n'ai jamais cessé de t'aimer."

Il porta sa main à ses lèvres. Perdus dans les yeux l'un de l'autre, ils ne remarquaient pas le garçon qui nettoyait la table. "Chérie...' commença Clark entrelaçant ses doigts avec les siens.

En souriant, Lois attendait qu'il poursuive--

-- et soudain son expression changea et elle écarquilla les yeux.

"Quoi ? " demanda Clark.

"Y a-t-il une troupe de représentations historiques à Métropolis ?"

"Tu me demandes ?" Il se retourna et regarda derrière lui pour découvrir des soldats anglais vêtus de tuniques rouges marchant en formation, carabines baissées. Un mouvement retint l'attention de Clark et il vit plusieurs hommes portant des vêtements modestes et rugueux s'échapper derrière les voitures stationnées et braquer leurs armes vers les colonnes anglaises. Un officier à cheval cria, "Feu !" et les fusils anglais se mirent à cracher du feu et des balles de plomb-- de vraies balles de plomb, constata Clark avec horreur. Un des hommes aux vêtements modestes s'effondra comme une masse et les vitres des voitures volèrent en éclats dans la rue.

Mais avant même que Clark n'ait eu le temps de défaire sa cravate et de se préparer à intervenir, les soldats avaient disparu et les seuls bruits de la rue étaient ceux de la circulation et d'un bébé qui pleurait. Clark baissa ses lunettes et radiographia la rue couverte de débris de verre, mais les combattants étaient partis, même l'homme qui avait été touché.

FIN DE L'ACTE 2

ACTE 3

"Où sont-ils passés tous les deux ?" marmonnait impatiemment Perry qui se tenait debout devant la télévision, Jimmy à ses côtés. "A quoi ça sert d'avoir des journalistes de renommée mondiale quand ils ne sont jamais..." Il entendit s'ouvrir les portes de l'ascenseur et se retourna. "Lois ! Clark ! Venez là !"

Clark se mit à rire et leva la tête l'air de rien. Au milieu de sa vie totalement bouleversée, c'était un plaisir de voir que certaines choses n'avaient pas changé. Il suivit Lois qui dit. "Perry vous ne devinerez jamais ce qu'on a vu--"

Le rédacteur en chef leva la main pour obtenir le silence. "Pas maintenant, Lois. Ecoutez."

"-- apparitions et disparitions étranges aujourd'hui. Est-ce que nous avons--? La présentatrice de LNN s'interrompit, écoutant son oreillette. "Oui, c'est-- nous avons l'image vidéo d'un témoin des événements qui se sont produits au Centre Spatial d' EPRAD ce matin."

L'écran changea pour laisser apparaître l'image brouillée d'une femme et de deux enfants se trouvant devant la porte du centre spatial et faisant de grands gestes à la caméra qui pivotait pour se fixer sur la rampe de lancement vide.

Lois croisa les bras et regarda Clark en levant les yeux au ciel. Il était concentré sur l'écran de télé mais lui jeta un regard et lui caressa doucement l'épaule, lui faisant un petit signe de tête en indiquant l'image. Elle regarda à nouveau l'écran et son épaule se contracta sous la main de Clark quand, en un instant, l'image amateur de la rampe de lancement vide se remplit de métal et de gaz en fusion et du rugissement d'un engin monumental. "Qu'est-ce que--"

L'image se mit à tanguer, allant d'un zoom à une vue élargie, le film n'était qu'un brouillard jaune et blanc jusqu'à ce que l'autofocus se stabilise sur le nouveau point de vue. Il y eut un léger murmure de surprise au sein de l'équipe du Planet à la soudaine netteté de l'image-- d'une fusée sur la rampe de lancement, les moteurs crachant le feu pour décoller.

Clark reconnu immédiatement le module de la station spatiale et sa main se pressa sur l'épaule de Lois. Après tout, il avait porté ce module-- et ce dernier avait même failli le tuer-- la veille. "Prométhéus." lui murmura-t-il à l'oreille.

Les yeux de Lois s'écarquillèrent et elle dit ce qu'il ne parvenait pas à dire, élevant la voix pour être entendue par delà le bruit des moteurs rugissants. "Perry, n'est-ce pas-- n'est-ce pas Prométhéus ?"

Perry regarda ses deux journalistes, ses yeux s'attardant sur le visage impassible de Clark. Il se retourna vers le téléviseur. "C'était il y a plus de sept ans, Lois. Vous devriez vérifier."

Son dernier mot se fondit dans un silence au moment où la fusée disparaissait aussi vite qu'elle était apparue. Sur l'écran un guide et son armée de touristes redressaient la tête avec précaution. Puis la scène fut coupée par la présentatrice de LNN. "C'était l'intégralité du document amateur pris hier au centre spatial d'EPRAD. Voici un reportage de Mike--"

Perry passa ses doigts sous sa gorge l'air de dire 'coupez' et la télé se tut. "Bien ? demanda-t-il à Lois et à Clark.

"On a vu quelque chose de semblable au déjeuner." dit-elle. "Une bataille de la Guerre Révolutionnaire au beau milieu de la rue. Je regardais et ils étaient là et 'bang' ils avaient disparu.

Clark acquiesça. "Je l'ai vu aussi. Et j'ai également vu--" Il hésita, conscient de la signification de sa précédente rencontre. "-- Cat Grant dans le couloir ce matin. Elle est passée à côté de moi et a disparu dans la salle de rédaction."

"Cat est en ville ?" Lois dirigea sa question vers Perry.

Clark hocha la tête. "Tu ne comprends pas. Ses cheveux. Ses vêtements, sa façon de me dire bonjour-- C'était comme le premier jour où je suis arrivé au Planet."

Perry fronça les sourcils, perdu dans ses pensées. "D'accord, vous deux. Mettez-vous là-dessus. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais il y a un article là-dessous et je veux que le Planet ait l'exclusivité." Il fit demi-tour et entra dans son bureau signalant au remplaçant de Jimmy de le suivre.

Au bureau de Lois, Clark et elle discutait de savoir par où commencer. "D'accord, qu'est-ce qu'on a ? Elle énuméra les indices sur ses doigts. "Ta vision de Cat-- d'il y a six, sept ans ?"

Il acquiesça. "Le module Prométhéus à EPRAD-- d'il y a à peu près sept ans."

"Et la bataille de rue des tuniques rouges-- d'il y a 200 ans. Est-ce que tout cela est réel ? Est-ce que ce sont des hallucinations ?"

"Les balles ont brisé les vitres des voitures dans la rue." lui rappela Clark.

"Et j'ai vu des marques de brûlé sur la base de lancement après la disparition du module ? ajouta-t-elle. "Et, à moins que quelqu'un ne sache comment reproduire une hallucination."

Il se mit à rire. "Je crois qu'on peut éliminer celui-là. Alors, où va-t-on après ?"

Il se regardèrent. "S.T.A.R. Labs dirent-ils en chœur.

Ils sortirent de l'ascenseur vers le parking souterrain en parlant encore de leur article. "Trois incidents étranges avec quoi en commun ?" poursuivit Lois.

"Apparents mouvements dans le temps." dit Clark

"Tous à Métropolis"

"Et tous se sont produits... depuis mon retour."

Lois cessa de chercher ses clefs dans son sac et le regarda brusquement. "Tu penses--?" Elle s'arrêta, se sentant tout à coup étourdie et agrippa Clark, rassurée de sentir ses solides biceps sous sa main. Il passa ses bras autour d'elle, la tenant près de lui dans un geste protecteur. Le garage frais et ombragé oscillait--

"Que se--"

-- pour se fondre sous un soleil scintillant.

"-- passe-t-il ?" termina Lois.

Clark regarda autour de lui. De l'herbe, des fleurs, des arbres. des coins d'ombre entourant une prairie ensoleillée. Il sentait la chaleur du soleil sur sa tête et ses épaules et entendait le léger bourdonnement des abeilles butinant les fleurs, le chant distant des oiseaux, le murmure d'un torrent. La brise avait le parfum des fleurs et de l'herbe qui pousse. "Je crois qu'on s'est déplacés."

Elle redressa la tête, saisie par le cadre sylvestre. "Si on est toujours à Métropolis, ça doit être le passé."

Il hocha la tête négativement. "Non. Ce n'est pas sauvage. Ça a été planté et c'est entretenu."

Elle commença à protester, puis s'interrompit. "Je suppose que tu dois savoir-- cow-boy." Elle lui jeta un regard en coin pour voir comment il prenait le souvenir ce snobisme qu'elle affichait jadis à son égard. "Moi, je trouve ça sauvage."

"Lois, Centennial Park te paraît sauvage." la taquina-t-il, souriant par-dessus son épaule tandis qu'il avançait de quelques pas. Il baissa ses lunettes pour voir ce qui se trouvait par-delà leur décor idyllique. Au-delà des arbres il y avait... encore plus d'arbres et des prairies artistiquement dessinées comme celle où ils se trouvaient. Pas de village, pas de fermes, pas d'usines. Juste un parc gigantesque, une cour pour--"

"Il y a des gens à environ huit cents mètres d'ici."

"Clark, regarde ça !"

L'excitation dans sa voix l'arracha à ses explorations et il se tourna de son côté. Lois avait découvert un banc sous un arbre et examinait une télécommande insérée dans l'un des accoudoirs. Elle effleura la télécommande et une femme apparut soudain devant eux.

"Bienvenue à Renaissance Park." dit la silhouette féminine dont les vêtements rappelaient vaguement ceux que portait Tempus la première fois qu'ils l'avaient rencontré. Des panneaux de signalisation poussaient autour d'elle. "Pour en savoir plus sur les services du parc, appuyez sur le bouton approprié, s'il vous plaît."

Clark avait déjà baissé ces lunettes et radiographiait l'étrange femme. "Un hologramme." dit-il.

"Hmmm. Histoire, Présentation, Activités, Aires de Repos, Sorties," lisait Lois. Elle se tourna vers Clark. "Qu'en penses-tu ?"

"Je pense que cette technologie est loin de celle que vous avons aujourd'hui."

"Ça je le sais. Ce que je veux dire c'est, que crois-tu que je devrais essayer ?"

"Aires de Repos ?"

"Ah, ah !" Son regard aurait fait fondre n'importe quel homme à sa place, mais Clark remarquant dans ses yeux une lueur approbatrice, se mit à rire.

Elle appuya sur le bouton 'Histoire' et retira sa main en se frottant les doigts. "Ça picote." expliqua-t-elle devant le regard inquiet de Clark. "Mais c'est froid."

L'hologramme de la femme réapparut. "Renaissance Park a été construit en 2215 pour commémorer la rénovation des anciennes terres côtières dépouillées. Grâce à l'exploitation de la technologie de la fusion et l'élimination de la pollution provoquée par les déchets des combustibles..."

Par-delà la voix de l'hologramme, Clark entendait le son d'une pompe mécanique et il baissa ses lunettes pour regarder à travers le sol sous leurs pieds. Profondément, sous la surface, il découvrit une ville, des immeubles dressés vers un ciel brillant mais indéfinissable, des gens qui marchaient ou traversaient sur des trottoirs roulants.

Il remit ses lunettes sur son nez au moment où Lois disait, "Clark, tu ne le croiras jamais, on est à--"

"-- Métropolis." dirent-ils ensemble.

Le parc s'évanouit et Lois se retrouva dans les bras de Clark à l'instant où l'herbe et les arbres se dissolvaient pour faire place à la rue face au parking du Planet.

"C'est pire qu'un tour dans le Tonneau Centrifuge." dit Lois en titubant.

Clark fonça les sourcils d'un air préoccupé et garda sa main autour de sa taille. "Tu vas bien ?"

Elle pressa ses mains sur ses tempes. "Je crois que oui. Oui, ça va aller, dès que tout aura fini de tourner." Elle baissa les mains et les posa sur la poitrine de Clark. "Clark, est-ce que je l'ai entendu dire '2215' ?"

Il lui fit oui d'un signe de tête et elle poursuivit. "On a voyagé dans le futur ! Mon Dieu, quelle histoire ! Est-ce que tu penses que c'est aussi ce qui s'est passé avec les autres apparitions ? Des gens-- des objets-- sortis du temps ?"

"Je crois que oui, Lois, mais--"

"C'est tellement incroyable. Il faut qu'on aille à S.T.A.R. Labs parler au Docteur Klein." Elle regarda autour d'elle. "Où est ma Jeep ?"

"Dans le garage-- où nous étions avant de nous balader dans cette prairie."

Son agitation la frappa et elle ne comprenait pas pourquoi il était si troublé. "Qu'est-ce que tu dis ?"

"Trente mètres par-là," il indiqua le garage. "Et on aurait dû être dans ce mur quand on est revenus."

Ses yeux s'écarquillèrent. "Comme-- comme les touristes qui ont presque été grillés par Prométhéus quand il a soudain réapparut sur la rampe de lancement ?"

"Exactement comme ça." Sa voix était sérieuse et, malgré ses lunettes, elle reconnaissait le visage grave de Superman.

"Il faut qu'on aille à S.T.A.R. Labs." murmura-t-elle, mais cette fois ci, elle ne pensait pas à l'article.

Lois conduisait la Jeep avec sa maîtrise habituelle pendant que Clark inscrivait sur un bloc-notes les questions à poser au Dr Klein. "Doit-on dire au Dr Klein que nous pensons que Superman a eu un accident spatio-temporel ?" demanda-t-il.

Elle fronça les sourcils devant ses incertitudes. "Bien sûr. Pourquoi pas ?"

Il tapota le bout de son stylo sur le bloc-notes. C'est un peu risqué, tu ne crois ? Il pourrait..."

"Quoi ? Oh !" Lois vit enfin ce qui l'inquiétait. Il a été très surpris quand il a découvert que j'étais la petite amie dont parlait Superman."

"Il sait ?"

"C'était mon médecin quand j'étais enceinte de CJ." Devant son regard, elle ajouta sur la défensive. "Eh bien, après tous les examens qu'il t'avait faits, il en savait plus sur la physiologie de Superman que n'importe qui."

Clark paraissait toujours consterné et Lois demanda. "Quoi ?"

"Rien. C'est juste que j'étais inquiet que les gens découvrent pour le bébé... pour CJ... et maintenant, on dirait que tout le monde est au courant."

Le téléphone portable sonna et Clark y répondit tandis que Lois manœuvrait la Jeep dans la circulation. "Oh, bonjour, Maman." dit-il. Puis écoutant un instant. "Dîner ?" Laisse moi voir avec Lois. "Il couvrit l'appareil et haussa les sourcils pour la questionner.

Elle lui fit signe que oui. "Bien sûr, mais dis-lui bien qu'on travaille sur un article et qu'on arrivera peut-être tard."

Acquiesçant, il dit dans l'appareil. "C'est génial, Maman. Mais je ne suis pas sûr qu'on en aura fini avec cet article… D'accord. Tout ce que tu feras sera parfait… A tout à l'heure." Il coupa le téléphone. "Poulet et boulettes." dit-il à Lois.

Elle freina au feu rouge en râlant. "Les dîners de ta mère me coûtent une heure supplémentaire sur le tapis de jogging."

Le regard approbateur de Clark glissa le long de son corps. "On dirait que ça ne te fait pas de mal."

Sa voix était comme une chaude caresse sur sa peau. Le souffle coupé, elle se retourna pour le regarder-- et se perdit aussitôt dans ses yeux. "Clark."

Le bruit de plusieurs klaxons lui fit brusquement reporter son attention sur la route et elle pilota la Jeep pour descendre la rue.

"Dr Klein, vous avons quelques questions à vous poser." dit Lois alors qu'elle et Clark entraient dans le laboratoire du savant à S.T.A.R. Labs.

Il leva la tête de l'expérience qu'il surveillait et poussa ses lunettes sur le haut de son crâne. "Lois-- et Clark !" Il s'avança et serra vigoureusement la main de Clark. "C'est bon de vous voir en vie. Que s'est il passé quand--" il baissa la voix--"Superman… a disparu il y a trois ans."

Clark fronça les sourcils et regarda Lois. A son signe d'encouragement, il prit une profonde inspiration, adoptant une attitude plus 'Superman'. "Je n'ai disparu nulle part. L'explosion m'a projeté à mi-chemin de la lune et je suis revenu aussi vite que je le pouvais. Mais quand je suis arrivé, trois années s'étaient écoulées."

"Hmm," murmura Klein. "Quand un corps approche la vitesse de la lumière, le temps qui s'écoule pour lui est différent de celui du reste de l'univers.

Clark réfléchit à ces mots. "Alors, si j'étais allé assez vite, il se serait passé quelques minutes pour moi alors que sur la Terre trois années se seraient écoulées."

Klein acquiesça. "Cela suivrait les lois de la physique telles que nous les connaissons."

Lois les interrompit, agacée par leur conversation technique. "Dr Klein, au sujet de ces mystérieuses apparitions et disparitions d'objets et de gens ?"

"Déplacements temporels ?" demanda Clark.

"C'est ce qui s'est passé, oui." Le Dr Klein l'étudia un moment et dit. "Quand êtes-vous revenu-- par rapport à ces déplacements temporels ?"

Clark regarda Lois et elle haussa les épaules et dit. "Environ dix heures avant la première manifestation."

Klein poussa un profond soupir. "C'est ça. C'est un déplacement spatio-temporel. C'est la seule chose qui puisse expliquer les signes de chaos qui s'ensuivirent."

"Les signes de chaos qui--' De quoi parlez-vous ? demanda Lois.

Sa question le sortit de son rêve théorique. "Je ne vous l'ai pas dit ?"

Le savant attaqua d'un ton professoral. "En admettant que ces gens et ces objets soient déplacés dans le temps plutôt que spontanément générés, ces croisements de l'histoire sont probablement le résultat d'une déchirure dans le continuum espace temps."

Lois cligna des yeux et automatiquement prit son air de reporter qui voulait dire 'j'arrive à suivre tout ce qu'il dit', oubliant l'horreur croissante dans le regard de Clark. "Ce qui veut dire ? s'empressa-t-elle de demander.

"Ce qui veut dire que les croisements de l'histoire vont empirer jusqu'à ce que le flux du temps régulier s'évanouisse." Puis, aux regards que lui lançaient ses visiteurs, il ajouta avec consternation, "Ai-je été encore trop direct ?"

"Avez-vous une idée du temps que ça va prendre ?" demanda Clark

Le Dr Klein tapa quelques commandes sur son ordinateur et se retourna vers les deux reporters tandis que le programme se chargeait. "J'ai fait quelques calculs et j'ai essayé de simuler les conséquences, mais-- Bien, voyons voir ce que ça donne." ajouta-t-il tandis que l'écran oscillait et affichait quelque chose qui ressemblait à un voile jeté sur des jouets éparpillés. Excepté que le voile était comme un filet, dans un coin le filet était déchiré. Comme il entrait d'autres commandes le coin déchiré commença à s'étendre comme un pull effiloché jusqu'à ce que l'image ne ressemble plus longtemps à un voile mais à une boule de vieux effets déchirés " Hmmm," murmura-t-il en sourcillant comme il examinait les chiffres sur le côté de l'image. Il se tendit, jeta à nouveau un œil à l'écran puis regarda Lois et Clark. "C'est une estimation grossière, vous comprenez et je n'ai même pas testé mon hypothèse pour être sûr qu'elle était correcte--"

Lois l'interrompit, "Dr Klein, s'il vous plaît ?"

Bien, étant donné les circonstances actuelles d'accélération, si vous ne rétablissez pas la situation avant les prochaines 36 heures vous ne pourrez plus du tout la rétablir.

Clark brisa le silence pesant qui s'en suivit. "La rétablir ? Que puis-je faire ?"

Le Dr Klein éteint son écran et commença à fermer ses autres expériences, soudain trop occupé pour croiser le regard de Clark. "Etant donné que votre voyage spatio-temporel a provoqué la déchirure--"

Lois s'énerva, prenant la défense de son mari. "C'est ridicule ! Les voyages temporels ne font pas ça. J'ai-- j'ai--" Elle hésita puis décida de partager son expérience avec le savant. "J'ai voyagé dans une machine spatio-temporelle et ça n'a jamais eu de tels effets."

"Vraiment ?" Le Dr Klein était tout à coup distrait. "Qui--"

"On a rencontré un voyageur spatio-temporel qui-- ça ne fait rien," dit-elle, sentant Clark bouillir d'impatience à côté d'elle. "Ce n'est pas important. Ce qui est important c'est que nous avons voyagé dans le temps et il ne s'est rien passé."

Sourcillant, le Dr Klein considéra son hypothèse. Après un moment, il hocha la tête. "Non, je sais que j'ai raison. C'est la seule chose qui-- Peut être qu'une machine conçue pour traverser le temps pourrait--"

Il s'interrompit, stupéfait. A la sensation familière, Clark prit Lois contre lui et saisit le bras du Dr Klein tandis que les murs oscillaient.

--et se dissolvaient dans une rue crasseuse devant un immeuble en démolition dont la peinture du revêtement en bois et des avant-toits pendait en lambeaux. Clark regarda en bas de la rue et vit quelques voitures anciennes garées le long du trottoir, des hommes en vestons croisés, pantalons à larges jambes et chapeaux mous, des femmes en robe à taille basse mi-mollets, cheveux courts et chapeaux cloche, des garçons en culottes de golf et casquettes de vendeur de journaux. Peut-être que ces gens marchaient dans la rue avant, mais maintenant ils s'étaient rassemblés et murmuraient en pointant du doigt.

"Quand ?" demanda Lois, levant sa tête de la poitrine de Clark et se reculant un peu.

"Mille neuf cent vingt, je pense," répondit-il.

A côté d'eux, le Dr Klein hochait la tête et regardait autour de lui. "C'était--" Il examina les environs rejeta la tête en arrière, comme pour enlever une mèche imaginaire. "C'est incroyable ! Où--? Quand--? murmura-t-il. "Les années vingt, je parierais. Ces femmes ont l'air de garçonnes des années vingt. Mais où ? Métropolis ?"

Fasciné et pressé d'explorer les alentours, le savant fit quelques pas et Clark lui serra le bras d'une main inflexible. "Dr Klein, ne bougez pas. Nous sommes exactement où nous étions auparavant--"

"--et si vous bougez vous pourriez finir dans un mur quand nous reviendrons." termina Lois.

Le Dr Klein écarquilla les yeux et ce qu'il vit sur leur visage sembla le convaincre car il se rapprocha d'eux. Prenant avantage de son silence inhabituel, Lois poursuivit, "Vous disiez quelque chose avant cette modification du temps, sur ce que pourrait faire ou non une machine spatio-temporelle ?"

"Quoi ? Oh, oui." Il reporta son attention loin de leur curieuse audience. "Je suppose qu'une machine conçue pour cela pourrait glisser entre les fils de la structure du temps, façon de parler, mais ce n'est pas ce qui se passe ici. Vous-- Superman-- vous--" Il paraissait embarrassé de savoir que Clark Kent était Superman et regarder Clark en face et l'appeler Superman était deux choses différentes. "C'est un accident d'une force brutale qui vous a amené ici-- ou là," ajouta-t-il troublé par les contradictions de leur position actuelle.

Lois ouvrit la bouche pour le questionner davantage, quand un bruit de pneus qui dérapaient couvrit ses paroles. Une voiture freina dangereusement au coin de la rue et un homme en costume sombre se pencha à la vitre tirant des coups de feu avec un fusil automatique. Du haut en bas de la rue, les gens se jetaient sur le pavé, leurs cris terrifiés rivalisant avec le son des moteurs qui grondaient, les pétarades du fusil et les pneus qui grinçaient.

"Couchez-vous !" Ordonna Clark par-dessus son épaule quand le jet de balles arriva vers eux, les mains dans le brouillard alors qu'il attrapait les balles de plomb.

Le Dr Klein tomba maladroitement sur le sol suivit de Lois qui tomba plus lentement. Elle leva la tête, regardant Clark baisser ses lunettes et concentrer sa vision à infrarouge sur le fusil du gangster. L'arme commença à fumer et se mit à luire et le bandit jura violemment et la laissa tomber dans la rue. Il hurla quelque chose au conducteur et la voiture pétarada au moment où la rue et les immeubles disparaissaient encore--

--et se dissolvaient dans les murs familiers du laboratoire du Dr Klein à STAR Labs.

Clark s'accroupit et aida Lois à s'asseoir. Elle se cramponna à lui et ébaucha enfin un petit rire. "Si ça continue, il va me falloir quelque chose pour le mal de mer. Dr Klein--"

Elle se retourna pour regarder le savant toujours couché par terre curieusement ramassé sur lui-même. Clark fronça les sourcils, la relâcha pour attraper l'homme et frissonna en touchant le docteur. Doucement, prudemment, Clark le retourna redoutant la confirmation de ce qu'il pressentait.

Les yeux du Dr Klein étaient à moitié ouverts et seul un petit point rouge se voyait sur sa chemise blanche quand sa veste de tweed s'ouvrit. Lois, la main sur sa bouche, avait le souffle coupé, tandis que la main de Clark glissait sur les yeux du savant pour les fermer. "Oh, mon Dieu, Clark, il est--"

"--mort." Il inclina la tête devant le corps. "J'aurais dû faire plus attention. J'aurais dû arrêter ces gangsters avant qu'ils ne tirent."

Sa douleur et sa culpabilité l'étonnaient détournant son esprit de la mort horrible du Dr Klein. Clark n'en avait-il pas fini depuis longtemps avec les limites de sa responsabilité ? Mais sa détresse la toucha et elle posa doucement la main sur son épaule. "Clark …"

Il gardait obstinément la tête baissée et elle poursuivit, "Tu ne peux pas tout faire. Ce n'était pas ta faute."

"Non. Il est mort parce que j'ai été inattentif…distrait." Il releva la tête et elle vit les larmes rougir ses yeux. "Lois, ça aurait tout aussi bien pu être toi."

"Mais ce n'était pas moi. Je vais bien. "Elle prit son visage entre ses mains. "Je vais bien."

"Je sais." La prenant dans ses bras, Clark appuya son front contre le sien. "Mais que se passera-t-il la prochaine fois, et la suivante ?"

"Clark tu ne peux pas te torturer comme ça. Nous avons toujours--"

Il hocha la tête. "Je ne parle pas des autres choses qui nous sont arrivées. J'veux dire, ce truc du temps, cette déchirure de l'espace-temps, c'est de pire en pire et maintenant on a perdu la seule personne qui savait comment rétablir la situation.

FIN DE L'ACTE 3

ACTE 4

Lois regardait Clark horrifiée, réalisant le lourd fardeau de culpabilité qu'il portait. La mort du Dr Klein était plus que la seule perte d'une vie, elle pouvait signifier la fin de toute vie. "Oh, mon Dieu." murmura-t-elle. Mais Lois Lane n'avait jamais accepté l'inévitable avant et elle n'allait pas commencer maintenant. "Alors c'est à nous, Clark. Nous devons trouver comment réparer cette déchirure."

En dépit de ses paroles de bravoure, l'expression égarée du visage de Clark l'effraya, il croulait sous le poids de sa responsabilité dans cette situation. Mais sans lui, ils ne pouvaient réparer ce qui avait si mal tourné. Effrayée et ayant plus besoin de sa force tranquille qu'elle ne voulait l'admettre, Lois agrippa les épaules de Clark et le secoua-- ou essaya de le faire. " Clark, secoue-toi!" cria-t-elle. "Le Dr Klein a dit que nous perdons du temps."

Sa voix paniquée le toucha et il la fixa. Il la regarda un moment l'air étonné puis son expression se raviva en pensant à ce qu'elle avait dit. "Lois, comment peut-on arranger quelque chose comme cela."

Elle hocha la tête, ajoutant avec obstination. "Le Dr Klein croyait que tu pouvais le faire, alors il doit y avoir un moyen."

"Oui. Eh bien, il a dit que j'étais celui qui, dans un premier temps, avait provoqué la déchirure. "Clark réfléchissait à ce qui s'était passé depuis qu'il avait sauvé Prométhéus. "C'était déjà assez difficile de penser que la vie de 300 colons était en jeu, mais ça-- c'est la fin de tout." Il hocha la tête un triste sourire étirant le coin de sa bouche. "Toute cette situation est si irréelle que je continue à croire que ça doit être un rêve. Et que je vais me réveiller avec toi dans mes bras et découvrir que rien de tout ça ne s'est passé."

Lois sourit tristement et posa la main sur sa poitrine. "Je sais. Je--" Elle s'interrompit une idée lumineuse naissant sur son visage. " 'Rien de tout ça ne s'est passé…' Clark, c'est ça ! Si tu retraversais la déchirure--"

"--je pourrais arrêter tout ça avant que ça n'arrive." termina-t-il, saisissant immédiatement ce qu'elle essayait de dire. "Mais comment vais-je retourner à mon époque.

"Comment va-t-il retourner à son époque ?" disait Lois, versant le poulet et les boulettes dans un saladier en plastique. L'appartement de Martha et Jonathan Kent avait une très grande cuisine familiale et le couple était en train de laver la vaisselle dans l'évier à double bac. "Ce que j' veux dire c'est que, même si on arrive à trouver un moyen de le propulser de la même façon dont l'a fait l'explosion, comment pourrons-nous être sûrs qu'il rentrera et ne sera pas projeté plus loin ?"

Martha s'arrêta, réfléchissant tandis qu'elle tenait une assiette qui dégoulinait d'eau savonneuse. Elle regarda Jonathan, puis laissa glisser l'assiette dans l'eau claire. "Il y a un bout de temps que je n'ai pas lu Hawking," commença-t-elle, "mais si l'importance se fait sentir à ce moment précis, je pense que nous pouvons assumer que l'univers aura plutôt un penchant vers l'ordre que vers le chaos."

Jonathan échangea un sourire avec Lois dans le dos de Martha.. Il taquinait souvent sa femme sur sa passion pour l'ésotérisme, mais c'était une partie d'elle tout comme son tendre soutien et son sens de l'humour.

Elle remarqua leurs regards mais les ignora et poursuivit, "Alors si vous vous débrouillez pour recréer l'accident qui a amené Clark ici, l'univers va essayer de se restaurer en le renvoyant d'où il est venu." Elle s'arrêta encore. "Je crois."

Lois se mit à rire et serra Martha dans ses bras. "Pas étonnant que Clark soit devenu ce qu'il est, Martha."

Les rires d'un enfant et les longs grognements d'un homme les interrompirent et Lois se retourna pour découvrir CJ propre et vêtu uniquement d'un slip, se précipiter dans la cuisine. Clark le suivait plus lentement, grondant férocement et menaçant le petit fuyard d'horribles châtiments. Sa chemise et son short étaient trempés sur le devant et il avait du savon plein les cheveux. Il cramponnait le pyjama bleu de son fils dans sa grande main. Lois pensa qu'il n'avait jamais eu l'air aussi sensationnel.

CJ trottina vers elle sur le carrelage de la cuisine, s'arrêtant pour jeter un coup d'œil derrière son épaule sur son poursuivant et rigolant encore plus fort quand Clark dit. "Et quand je vais t'attraper, je vais te coincer et te chatouiller." Clark plongea en avant et attrapa CJ juste avant qu'il n'atteigne Lois et fit tournoyer son fils, qui riait à gorge déployée.

Coincé sous le bras de son père comme un ballon de football, CJ pencha la tête et demanda. "Vole, Papa !"

Clark le regarda d'un air surpris-- puis se détendit quand il vit le petit garçon écarter les bras comme un avion. "Allez monte, CJ, " dit-il, levant l'enfant au-dessus de sa tête. Riant au bourdonnement que faisait CJ et que ce dernier considérait approprié pour un moteur d'avion, Clark regarda Lois et ses parents. "Recréer l'accident est logique, mais je ne sais pas comment je peux déclencher une explosion de ce type pour augmenter ma vitesse."

Il attendit un instant une réponse, mais sa famille se contenta de le regarder et il sourit du coin des lèvres. "Allez, champion, l'aéroport est par-là."

Lois les regarda partir, l'expression triste et songeuse. Jonathan posa gentiment sa main sur son épaule. "Tout va bien ?"

"Quoi ?" Lois sursauta et essaya d'ébaucher un sourire rassurant. "Tout va bien, Jonathan. Ça… va."

Lois déverrouilla la porte de la maison et l'ouvrit, allumant la lumière en entrant. Clark la suivait, CJ endormit dans ses bras et attendait tandis qu'elle accrochait son manteau. Elle se tourna vers le portemanteau et le vit effleurer le front de son fils d'un baiser et ses lèvres tremblèrent tandis qu'elle retenait ses larmes.

Il leva les yeux. "Lois ?"

Elle hocha la tête et s'essuya le coin des yeux. "Je voulais voir ça depuis si longtemps-- vous deux ensemble." Sourire était au-dessus de ses forces mais elle eut une expression plus réjouie et ajouta. "On devrait le mettre au lit."

Acquiesçant, Clark la guida dans la salle de séjour puis dans l'escalier vers la chambre de CJ.

Lois laissa la lumière de la chambre éteinte, la pièce n'étant éclairée que par un rai de lumière provenant du couloir. Dans la pénombre silencieuse, elle ouvrit les couvertures du lit de CJ et Clark le déposa sur les draps aux couleurs vives.

Avançant de quelques pas pendant qu'elle enlevait son manteau à CJ, Clark remarqua le dessin sur les draps. "Superman ?" demanda-t-il doucement.

"C'est son héritage. De plus--" Elle lui fit un sourire penaud par-dessus son épaule -- "J'ai toujours mon pyjama Superman."

Il lui caressa tendrement l'épaule, imaginant ce que sa vie avait été sans lui pendant toutes ses années. Sa main retomba tandis qu'elle remontait les couvertures sur les épaules de CJ et se penchait pour embrasser sa joue, s'arrêtant pour sentir son agréable odeur de bébé propre. "Bonne nuit, mon amour." lui murmura-t-elle en l'embrassant encore.

Clark poussa un profond soupir. Toute sa vie il avait rêvé de voir ça : la femme qu'il aimait, l'enfant de son propre sang… et maintenant… Il caressa la joue de son fils du revers de ses doigts. "Bonne nuit, CJ, murmura-t-il. "Bonne nuit, fiston." Il suivit Lois dans le couloir et ferma la porte derrière eux.

Dans la cuisine, il regardait Lois errer sans but. "Tu veux du café ?" demanda-t-elle, ouvrant un placard et regardant à l'intérieur.

"Non, merci," dit-il. "Lois--"

Elle se retourna. "Quoi ?"

Clark voyait son inquiétude derrière ses recherches impatientes, il s'approcha d'elle et posa les mains sur ses épaules. "Tu as fait du bon boulot avec CJ. Il est heureux, aimé et protégé…"

Lois écoutait silencieusement, les yeux remplis de larmes et quand il s'arrêta, elle se jeta dans ses bras en sanglotant. Clark referma ses bras autour d'elle, la tenant serrée contre lui tandis qu'elle commençait à pleurer. "Chérie, qu'est ce qui ne va pas ?" demanda-t-il. "Je ne voulais pas te faire pleurer."

"Oh, Clark, c'est pas ça. C'est-- si tu-- si tu arrives à réparer cette déchirure-- ou quoi que ce soit d'autre-- CJ va disparaître." dit-elle en pleurant. Elle sentit son calme soudain et essaya d'expliquer. "Quelle que ce soit la chose qui a fait sauter le réacteur sur la station spatiale, c'est arrivé pendant que nous… faisions l'amour. "Elle regarda dans ses yeux sombres. "Alors tu devras aller sur Prométhéus avant ça-- pour l'arrêter, ce que je veux dire-- c'est que ça signifie que CJ ne sera pas conçu." Elle avait le regard dans le vague en analysant ses sentiments. "Il n'existera jamais…"

Clark la serra plus fort, comme si sa présence était la seule chose qui le maintenait sur ses jambes et posa sa joue contre ses cheveux. "Je sais," dit-il doucement.

Lois s'écarta et regarda son visage sur lequel se mêlaient le chagrin et la détermination. "Tu--? Tu y avais déjà pensé," réalisa-t-elle. "Quand on l'a bordé, tu lui disais adieu."

"Pas toi ?"

Elle acquiesça, incapable de maîtriser sa voix, et il poursuivit. "Lois, si je ne fais pas ça--"

"--je sais," l'interrompit-elle. Le temps et l'espace vont se séparer."

"Et tout le monde mourra-- y compris toi et CJ. Aucune autre chance. Non, aucune." Prêt à tout pour qu'elle comprenne, il ajouta. "Je ne peux pas laisser ça se produire. Pas si je peux faire quelque chose pour l'arrêter."

S'écartant avec un petit rire triste, Lois dit, "Je ne sais pas pourquoi on se rend dingues avec ça. On ne sait même pas comment te renvoyer, de toute façon."

"Moi, je sais." dit-il doucement.

"Quoi ?"

"J'ai trouvé comment propulser suffisamment ma vitesse pour me renvoyer."

"Elle le fixa. "Comment ?"

"En me servant de la gravité du soleil pour me lancer à travers la déchirure."

"Comme dans Star Trek ?" demanda-t-elle incrédule.

Clark parut quelque peu embarrassé. "Eh bien, oui, mais EPRAD se sert aussi de la même façon de l'orbite de Jupiter pour augmenter la vitesse de propulsion pour un voyage vers Neptune.

Elle écarquilla les yeux. "Clark, non ! C'est trop dangereux." Trois années sans lui répondaient pour elle. Une mission dans l'espace l'avait éloigné d'elle une fois, elle ne pouvait pas le supporter encore . "Tu as failli mourir la dernière fois que tu étais dans l'espace."

"J'emporterai de l'oxygène cette fois ci." Il posa sa main sur sa nuque caressa sa joue de son pouce. "Chérie, peu importe le risque à prendre, je dois essayer. Le temps et l'espace se sont emmêlés à cause de quelque chose que j'ai fait et je suis le seul à pouvoir réparer cela. Je ne peux pas m'y soustraire."

Ses grands yeux noirs se brouillèrent de larmes alors que Lois levait la tête et croisait son regard. "Je sais," dit-elle simplement. Elle sanglota et se jeta dans ses bras, blottissant sa tête contre son épaule. "Oh, Clark ! Je t'aime."

Il la serra contre sa poitrine, la baignant de baisers. "Je t'aime, Lois," murmura-t-il tout près de sa tempe.

Elle leva son visage vers lui, cherchant ses lèvres, ses baisers étaient salés et mouillés de larmes. Ses bras étaient serrés autour de son cou, son corps pressé contre le sien. "Clark ?" demanda-t-elle tout contre sa bouche.

"Hmmm ?" Clark était trop occupé par ses baisers pour faire l'effort de parler. Tenant sa tête dans sa main, il l'embrassa avec passion. Elle était brûlante et cédait dans ses bras et il sentait son propre corps se tendre et s'offrir en réponse.

Lois parla à toute vitesse entre leurs baisers. "Est-ce qu'il nous reste un peu de temps pour faire l'amour ?"

Sa question le saisit. "Oui," dit-il près de ses lèvres, lui donnant un autre baiser à couper le souffle. Il la guida quelques pas en arrière et la souleva sur la table de la cuisine, ses mains glissant de sa taille à ses flancs.

Elle soupira, murmurant de plaisir. Ses mains glissaient le long de son dos et caressaient doucement ses muscles tendus. Elle avait presque oublié combien elle aimait le toucher et l'embrasser, combien elle aimait son corps si beau. Devant la peur d'une déroute personnelle et d'une destruction universelle, elle avait besoin d'affirmer sa vie dans ses bras et elle se blottit tout contre lui. "Bien."

Plus tard, chancelante mais satisfaite, Lois releva la tête de l'épaule de Clark. Les bruits de leurs étreintes semblaient encore résonner dans la cuisine. "Oh, mon Dieu," soupira-t-elle, "ça m'a tellement manqué."

Il s'appuya contre la table, glissant ses lèvres le long de sa joue et acquiesça dans un murmure

Elle poussa son épaule dénudée d'un geste taquin. "Qu'est ce que tu veux dire par 'Uh-huh' ? Pour toi, ça fait seulement un jour."

Clark lui caressa la joue, ses doigts glissaient dans ses cheveux de soie. "Chérie, la nuit dernière-- ne sachant pas si tu m'aimais encore ou pas -- a été assez longue. Je ne crois pas que je pourrais supporter cela pendant trois ans."

Lois posa un baiser sur ses lèvres et les essuya du bout de son doigt, souriant quand les lèvres de Clark se refermèrent pour y déposer un doux baiser. "Tu pourrais…si tu avais CJ pour t'aider à tenir."

"Oh, mon Dieu, Lois." Sa voix se cassa et il ferma un instant les yeux, ses bras se refermant autour d'elle. "On l'a vraiment fait, n'est ce pas ?"

"On la vraiment fait," répondit-elle, heureuse qu'il s'intéresse davantage à leur plaisir qu'à leur chagrin. Je suppose que même la biologie extra terrestre ne peut lutter contre autant d'amour."

"Chérie," Il entoura son visage de ses mains et posa de tendres baisers sur ses paupières, ses joues et ses lèvres.

Les larmes lui picotaient les yeux. Clark avait une manière de la faire se sentir aimée et chérie. Mais si elle pensait à cela maintenant-- au moment où il devait se lancer dans une mission aussi risquée-- elle allait encore se mettre à pleurer. "Bien sûr, dit-elle, essayant de se redresser--"Je pense que tu serais bien plus génial--" elle glissa ses bras autour de son cou, " si tu me relevais de cette table."

"Chérie, je suis désolé." s'excusa-t-il, la soulevant et l'emmenant hors de la cuisine.

Lois le regarda alors qu'il s'apprêtait à monter l'escalier. "Où vas-tu ?"

"Dans la chambre."

Elle caressa sa poitrine musclée et se pencha pour attraper le lobe de son oreille entre ses dents. Clark s'arrêta entre deux marches, les battements de son cœur s'accélérant. "Oui ?" demanda-t-il, penchant la tête pour la regarder.

"La salle de bain," murmura-t-elle'. "Je veux me tremper dans la baignoire."

"La baignoire ?" répéta-t-il, faisant taire le désir qui montait en lui. Il ne voulait pas la bousculer si elle était fatiguée, mais l'un de ses fantasmes favoris commençait par Lois plongée dans la baignoire dans un bain moussant.

Un petit sourire se dessina sur le coin de la bouche de Lois. "Il y a toujours de la place pour deux," dit-elle, sa main caressant sa poitrine. "Et, je pourrais bien me sentir un peu seule."

Il se mit à rire. "Donc je dois m'assurer que tu aies de la compagnie." Et il la porta dans la salle de bain et ferma la porte d'un coup de pied.

Quelques heures plus tard, Lois était couchée dans son lit, regardant la pénombre, berçant la tête de Clark contre sa poitrine. Elle pressait ses lèvres tremblantes contre ses noirs cheveux et sa main allait et venait sur son épaule musclée, écoutant le son de sa respiration. En y repensant, elle réalisa qu'il lui avait fait l'amour comme si c'était la dernière fois qu'il la voyait, la sentait et l'intensité de sa passion laissait transparaître un désespoir qui maintenant l'effrayait. Elle se demandait s'il y avait quelque chose dans cette manœuvre de propulsion gravitationnelle dont il ne lui avait pas parlé. Ou peut-être essayait-il seulement d'oublier ce qu'il devait faire-- et ce qu'il allait faire à son fils.

Elle poussa un profond soupir. Penser à CJ était une erreur. De chaudes larmes glissaient le long de ses joues jusqu'à ses cheveux et sa gorge se serra à plusieurs reprises, mais sa respiration devenait plus rapide et plus irrégulière et elle laissa échapper un sanglot.

Avant que le second sanglot ne la secoue, deux bras puissants la serraient très fort et elle appuya sa tête contre la poitrine de Clark. L'amour qui entendait et répondait à ses appels, même du plus profond de son sommeil, la submergea et elle se mit tout de suite à pleurer.

Clark n'essayait pas de la faire taire, il se contentait de la tenir et caressait ses longs cheveux bruns en l'assurant, dans un murmure, de tout son amour. Et quand ses sanglots devinrent des soupirs, des halètements tremblants, il lui tendit un mouchoir et caressa son front de ses lèvres attendant que ses larmes s'arrêtent de couler.

Une fois que Lois fut calmée, elle demanda, "Pourras-tu prendre la vitesse dont tu auras besoin ?".

Clark avala sa salive. Il pensait qu'elle pleurait à cause de CJ… et il ne voulait pas y penser. Il avait trouver l'oubli et un semblant de paix dans ses bras et il avait besoin de s'en convaincre. "Il le faudra. Je dois le faire." Sa voix se brisa et il partit dans des explications pour faire taire les pensées qu'il ne pouvait affronter. "Si j'accélère autour du soleil--"

"Je ne parle pas de cela," l'interrompit Lois. "Je veux dire-- est-ce que tu peux ? Tu n'es pas trop fatigué, n'est ce pas ?" lança-t-elle.

Surpris, Clark hésita, se mettant mentalement en condition tandis qu'il évaluait la force tranquille qui sommeillait en lui. Puis il se pencha et, trouvant sa bouche sans difficultés dans la pénombre, l'embrassa. "Ne t'inquiète pas," murmura-t-il contre ses lèvres." Ça ne m'affecte pas de cette façon."

"Oh, j'avais peur que--" Elle se pelotonna contre lui, sa joue appuyée sur sa poitrine et resta un moment silencieuse. Quand elle parla enfin, sa question le saisit et lui coupa le souffle. "Tu crois que ce sera comment ? Quand cet espace temps va s'arrêter, j' veux dire."

'Oh, mon Dieu' Il était si absorbé par son chagrin pour CJ qu'il n'avait pas pensé à sa peur à elle-- et elle devait seule y faire face. Il resserra ses bras autour d'elle et essaya d'avaler la petite boule dans sa gorge, mais elle ne voulait pas partir. "Oh, Lois." De chaudes larmes se formaient sur ses cils et Clark les chassa en fermant les yeux, cherchant à lui donner quelque peu de courage. "Je-- je pense que ce sera comme se réveiller d'un rêve. Une minute, tu es dans le rêve, avec les pensées de ce rêve. Puis tu es réveillée et le rêve s'est envolé.

Ses larmes étaient chaudes contre sa poitrine et elle se pressa tout contre lui. "Tiens-moi, Clark," murmura-t-elle et ils restèrent enlacés dans la pénombre tandis que les larmes de Clark se mêlaient aux siennes.

Dans l'orbite de Mercure, le soleil était une énorme boule de feu, une fournaise nucléaire répandant son énergie dans l'espace à une vitesse vertigineuse, son éclat était presque trop brillant, même pour des pupilles kryptoniennes. Mais à chaque kilomètre qu'il se rapprochait, Clark sentait sa force augmenter de plus en plus violemment à travers son corps, amplifiant ses pouvoirs tandis qu'il absorbait de plus en plus de radiation solaire. Il avait enlevé le réservoir d'oxygène dans l'ombre de Mercure et maintenant, tel une petite étoile brillant d'un apport d'énergie, il fonçait à travers le silence de l'espace comme un photon retournant à sa source.

Le soleil l'attirait, l'appelait de manière séduisante, le remplissant d'énergie et en promettant encore davantage. A l'intérieur du bouclier de sa photosphère, il se sentait comme un dieu, invincible, indestructible, canalisant un pouvoir encore plus illimité qu'il ne l'avait souhaité.

L'image retint un instant son esprit, puis l'homme qui avait grandi au Kansas se mit à rire et le rêve se dissipa comme une brume d'été. Que ferait-il d'un tel pouvoir ? Qui pourrait-il aider ? Enchaîné à l'étoile qui lui donnait ce pouvoir à des millions de kilomètres de ceux qu'il chérissait, il mourrait de solitude.

'Lois.' Pour lui, il n'y avait qu'une réponse à la solitude et il essaya d'augmenter encore davantage sa vitesse.

Lois se balançait dans la pénombre, tenant CJ serré, ses larmes coulant dans les cheveux doux et bruns de l'enfant. Elle avait en quelque sorte dit adieu à Clark sans pleurer, mais maintenant, elle ne pouvait plus s'arrêter.

Elle n'avait pas peur. Pas vraiment. Même si elle ne croyait pas réellement que ce serait comme de s'éveiller d'un rêve. Mais elle ne voulait pas être seule à la fin. Et elle ne voulait pas laisser s'en aller son bébé.

Oh, mon Dieu.

Mon Dieu.

Ce n'était pas juste. Deux ans, c'était trop court. Lois tenait le petit corps chaud et endormi de son petit garçon tout contre elle. "Je t'aime CJ," murmura-t-elle en embrassant sa petite joue.

Ça en valait la peine, se dit-elle, la gorge serrée par les sanglots. Quelque en soit le prix, l'amour en valait la peine.

Clark lui avait enseigné cela. Elle aurait juste souhaité ne pas avoir à payer si tôt la facture.

La force de la pesanteur augmentait comme il se rapprochait apportant à la fois une menace et une promesse de succès. Le soleil n'était plus une boule de feu mais une vaste lumière brûlante qui emplissait ses yeux. Ses flammes s'approchaient de lui comme les caresses d'une maîtresse, léchant son corps super chargé de chaleur, l'attirant dans son champ de gravité. Protégé par cette même énergie qui pouvait le tuer, Clark reconnut le point d'équilibre quand il l'atteignit. C'était là et pas ailleurs et il prépara son plongeon dans la photosphère, effleurant la surface du soleil, reprenant de l'énergie en tournant autour de l'astre immense. Attiré par la pesanteur et également repoussé par l'inertie, sa vitesse faisait augmenter, au cours de sa révolution, la face éruptive du soleil d'une masse or blanc au moment où il passait.

Sur le côté opposé à son approche, la vélocité de Clark augmenta la force de la poussée extérieure jusqu'à ce qu'il soit propulsé hors du soleil, filant à toute vitesse à travers le jour éternel dans une traînée de lumière rouge et bleue. Pendant un moment interminable, les étoiles ondulèrent, ressemblant à des traînées de lumière derrière l'aurore. Clark baissa la tête et continua de voler-- vers Lois. Encore rayonnant de l'énergie accumulée, il filait sur le chemin de retour, priant d'avoir été assez rapide, d'avoir voyagé en arrière plutôt qu'en avant, d'avoir le temps de changer ce qui s'était passé.

Lois ferma la porte derrière eux après qu'elle et Clark furent entrés dans la maison. Elle accrocha son manteau, se demandant comment amener la conversation sur son inhabituelle humeur maussade pendant la fête, quand les lumières vacillèrent et qu'elle trébucha, soudain étourdie. Elle se retourna. "Clark--?"

Il se tenait devant le canapé entouré d'un halo bleu et rouge, serrant sa tête entre ses mains en se couvrant les oreilles. Pendant un instant, son visage changea, baigné d'une lumière éblouissante et elle distinguait à peine les cheveux gominés et l'expression sérieuse de Superman. Il tomba à genoux et elle se précipita vers lui stupéfaite.

Le chatoyant rideau de couleur disparut entre deux battements de cœurs et Lois tomba à genoux à côté de Clark passant son bras autour de son épaule comme pour s'assurer de sa présence. "Clark ?"

Il releva la tête-- et c'était à nouveau son Clark, cette effrayante lueur avait quitté son visage, ses cheveux courts étaient ébouriffés par ce qui venait de se passer, ses yeux sombres cherchant les siens avec amour et interrogation. "Lois--" Il s'interrompit, redressant la tête comme s'il avait entendu un appel au secours. Ses yeux s'écarquillèrent et il s'exclama, "Prométhéus !"

"Quoi ?"

"C'est-- rien" Il éloigna Lois de lui, se releva et tourbillonna pour revêtir son costume rouge et bleu. Il se baissa pour l'aider à se relever. "Je dois y aller," dit-il doucement en l'embrassant. "La station spatiale a des problèmes."

Elle lui prit les mains. "Sois prudent." l'implora-t-elle. Superman ou pas, ce sauvetage de la station spatiale la terrifiait.

Un léger sourire se dessina sur le coin de ses lèvres. "Je le serai." promit-il et il se retourna, ouvrit la fenêtre et s'élança dans la nuit.

Lois soupira et balança ses chaussures puis se rendit dans la cuisine pour faire un peu de thé.

Dans le laboratoire nucléaire de Prométhéus, Dylan remontait la succession de codes pour vérifier les erreurs de frappe dans le programme. "D'accord…c'est bon, alors on est prêts à y aller."

Cliff se passa encore la main sur le crâne et s'essuya le front d'un revers de la main. Ce n'était pas un meneur, il ne voulait pas avoir de responsabilités si quelque chose tournait mal. "On peut--?"

Dylan se renfrogna en remarquant l'attitude de son partenaire qui lui laissait toute la responsabilité du projet. "Tu hésites, Cliff ?" Tu ne veux pas rentrer dans l'histoire comme un des hommes qui a mis au point le système de la fusion à froid ? Ou tu n'aimes plus l'idée de l'argent venant du brevet ?"

Cliff fixa le jeune programmeur. "Je n'ai jamais fait ça pour l'argent."

"Oh, j'oubliais. Tu apportes un pouvoir bon marché sans limites aux masses opprimées en dépit de l'aveuglement de tes supérieurs. Oui, c'est bien. Tu ne t'intéresses peut-être pas à la reconnaissance et à l'argent, mais moi si."

La porte s'ouvrit en grand, interrompant leur querelle et les deux hommes pivotèrent pour regarder l'intrus. Superman.

Il évalua la situation d'un regard-- le code sur l'écran, les mains de Dylan posées sur le clavier-- et réalisa qu'il était à peine arrivé à temps. Pas de temps pour les questions, pour déterminer la responsabilité ou le degré de culpabilité. S'il y avait un moment pour agir avec fermeté, c'était maintenant. En super vitesse, il se lança dans la pièce et arracha Dylan de son siège, devant l'ordinateur, puis attrapa Cliff et les tint tous les deux par les poignets tandis qu'il ouvrait l'interphone. "Salle de contrôle ? appela-t-il." Envoyez la sécurité--" Il repéra le signe sur le mur--"HR Labo 4."

Clark entra dans la maison en passant par la fenêtre ouverte. Lois était couchée en boule sur le coin du canapé, la tête tombant bizarrement sur le coté, l'image sans vie de son ordinateur portable se reflétant sur son visage. Elle ronflait doucement et Clark sentit son cœur se déchirer de l'avoir laissé passer, une fois encore, la soirée toute seule. Il tourbillonna pour revêtir un tee-shirt et short pour la nuit, puis avança sa main vers son épaule, ferma son portable et le posa sur la table basse.

Lois s'étira et, alors qu'il tournait autour du canapé, elle fronça les sourcils de sommeil et sa voix se perdit dans un sanglot. "Clar' ?"

Il se pencha, glissant un bras sous ses jambes et l'autre derrière ses épaules. "Ça va, chérie. Je suis là." Clark la souleva et se dirigea vers l'escalier.

Elle eut un autre sanglot et ses mains agrippèrent sa chemise. "l'est parti," murmura-t-elle dans son cou.

"Qui ?" demanda-t-il.

Elle ne répondit pas mais se cala contre son épaule et soupira tandis qu'il la portait dans leur chambre. Clark la posa sur le lit et caressa une mèche de cheveux sur son visage. Elle ouvrit ses yeux endormis qui se mirent à briller en voyant son visage. "Clark ? Tout va bien ?"

"Je suis arrivé à temps." Il posa un baiser sur ses lèvres.

"Mmmm. A temps pour quoi ?" Elle se débrouilla pour se lever et commença à déboutonner son chemisier, le regardant avec impatience.

"Pour arrêter deux chercheurs sur le point de mettre un réacteur en service qui aurait pu détruire Prométhéus-- de l'avis du responsable de la station." La fin de ses mots était étouffée car il enlevait son tee-shirt.

Lois fronça les sourcils "Tu as entendu un appel au secours de là-haut ?"

"Non. Ils n'ont pas--" Clark hocha la tête. "En réalité," poursuivit-il, " Je l'ai soudain…su."

Elle le fixa. "Il ne s'agit pas d'un pouvoir étrange que tu ignorais avoir, n'est ce pas ?"

"Non," dit-il calmement. "Je ne crois pas C'était un étrange sentiment de déjà vu. Comme si je savais déjà ce qui allait arriver…"

"Tu ressens toujours la même chose ?"

"Non, cette impression a disparu après que j'ai remis les chercheurs à la sécurité. C'était… étrange." Il hocha la tête, perturbé à cette seule idée. "Je suis désolé. Je ne pensais pas rentrer si tard."

Lois laissa tomber le reste de ses vêtements et mit sa chemise de nuit. "Ça va. Je n'essaye pas d'ordinaire d'attendre comme ça… mais avec toi dehors dans l'espace et tout ça…" elle haussa les épaules.

Il la prit dans ses bras. "Tu t'inquiètes pour moi ?"

"Parfois." admit-elle, se calant contre lui.

Clark passa doucement son doigt sur la petite larme qui se formait au coin de ses yeux. "Tu pleurais dans ton sommeil."

Fronçant les sourcils, Lois réfléchit. "Je ne m'en souviens pas. C'est juste que je perdais quelque chose… quelqu'un… et c'était une douleur insupportable." Elle le regarda, les yeux brillants de larmes. Elle cligna des paupières et essaya de rire en dépit du chagrin irraisonné qui lui serrait le cœur. "Un rêve idiot," dit-elle changeant très vite de sujet. "Pourquoi étais-tu si triste et si calme pendant la fête ?"

"Quoi ? Oh…" Il essaya de suivre la conversation, mais il lui semblait qu'il s'était passé une éternité depuis la fête. "Je nous imaginais jouant avec notre bébé-- et je me demandais si il-- ou elle-- serait normal…ou super."

"On ne va pas avoir à faire à des bébés qui volent, n'est-ce pas ?" laissa-t-elle échapper, puis elle se mordit la lèvre, embarrassée de révéler une peur aussi idiote.

Il cligna des yeux, surpris. "Des bébés qui volent ? J'espère que non. Ça rendrait les changements de couches…intéressants."

"On dirait un travail pour Superman."

Clark la serra contre lui. "Hé, pas de ça. On forme une équipe, tu te souviens ? Quoi qu'il en soit, Maman dit que je paraissais normal au début, alors je ne pense pas que nous devions nous inquiéter d'avoir des bébés qui volent."

Le soulagement se lut sur le visage de Lois. "Alors qu'est-ce qui t'inquiète ? Que quelque chose se passe à la garderie et que les gens devinent ?"

Un léger sourire se forma sur le coin de sa bouche, mais c'était un sourire forcé. "Oui. Les jeunes enfants ne sont pas très doués pour garder les secrets-- spécialement quelque chose de si gros."

"On pourrait peut-être télécharger les données et écrire de la maison." suggéra-t-elle.

Il réfléchit et son expression s'illumina. "Et si on fait tour à tour les interviews, on pourra peut-être éviter tous ces problèmes de garde."

"Sauf si tu es dehors à sauver le monde."

"Superman devra réduire un peu ses activités. Mais… J'ai pensé. Nous avons de bons amis. Peut-être avons-nous seulement besoin de leur faire confiance et leur donner une chance de nous aider."

Surprise, Lois examina son visage. "Je ne pensais pas que tu voulais que quelqu'un d'autre connaisse notre secret."

"Je ne veux pas," admit Clark, "mais peut-être qu'un jour on devra le dire. S'il se passe quelque chose, au moins ce sera aux yeux des gens qui s'intéressent à nous et sauront garder un secret"

"Bien, nous avons beaucoup de temps avant d'avoir à décider de tout ça. Spécialement d'autant que je ne suis pas enceinte."

Elle l'embrassa doucement, mais il prolongea leur baiser. Quand il se recula, ils avaient tous deux le souffle coupé. "Pas encore."

Elle dressa les sourcils. "Tu as eu d'autres nouvelles du Dr Klein ?"

"Je l'ai appelé quand j'étais à Helsinki." Clark caressa sa clavicule du bout de son doigt, puis descendit le long de son cou jusqu'à l'encolure de sa chemise de nuit. Après un profond soupir, il sourit légèrement. "Il a juste dit qu'il y a eu un pépin quand il a fait le dernier prélèvement et que son assistante allait préparer un autre examen."

"Alors…encore rien de sûr."

"Pas encore-- mais il semblerait qu'il y ait eu aussi un pépin avec le premier prélèvement."

Lois retint brusquement sa respiration. "Clark…"

"Je sais. Bref, cela ne doit pas nous arrêter d'essayer si on veut." Il se pencha, ses lèvres suivant le chemin qu'avait parcouru son doigt.

Lois ferma les yeux, frémissant sous la caresse de sa bouche sur sa peau. Son envie de dormir et son chagrin, également, étaient oubliés tandis que ses mains descendaient le long de ses puissantes épaules. "Oh ! Tu penses que Krypton et la Terre pourraient parvenir à un accord cette nuit ?"

Clark glissa sa main le long de sa jambe, ses doigts cherchant sa peau délicate sous sa chemise de nuit. "Peut-être. Après quelques… négociations en profondeur."

"Nous devrons nous assurer que les négociations couvriront complètement chaque angle." Sa voix s'estompa à ce dernier mot, évoquant une image qui lui coupait le souffle.

"Ça pourrait être une perte de temps." la prévint-il.

Une main glissa le long de sa poitrine musclée "Tu as quelque chose d'autre à faire ?"

Clark lui répondit par un baiser...

FIN



Les personnages de cet épisodes sont la propriété de DC Comics, December 3rd Production et Warner Brothers. Aucune violation des droits n'est délibérée de la part des auteurs du "Season 5 groupe", toutefois, les idées exprimées dans cet épisode sont la propriété des auteurs de la 5ème saison( copyrighted © 1997.